Montréal Contre-information
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Août 162017
 

Vidéo de Ni Québec, Ni Canada, transcription et traduction de l’anglais par MTL Contre-info

Appel d’appui par Gary Metallic ici

Gary Metallic : Mon nom est Gary Metallic, je suis le Chef de District des Surveillants du Conseil Tribal de Gespegawagi.

Frank Sorby : Et je suis Frank Sorby, sous-chef du Conseil Tribal de Gespegawagi.

Ni Québec Ni Canada : Nous sommes ici pour parler de ce qui se passe autour de la compagnie Junex, des projects Galt et du blocage. Que pensez-vous de ce qui se passe présentement?

GM : Qu’est-ce qu’on en pense? D’après ce que nous avons entendu, nous appuyons le blocage, et nous pensons que beaucoup de nos gens l’appuient. Nous ne voulons pas de pétrole ni d’exploration visant la fracturation ni d’extraction sur notre territoire parce que ça va détruire l’environnement, l’eau, la vie sauvage et tout ça.

FS : Voilà, tu as tout dit.

NQNC : Que pensez-vous de ces personnes qui veulent être en relation avec le peuple Mi’gmaq et qui veulent se battre côte à côte contre ce projet qui va dévaster la terre?

GM : Je pense que nous devons former ces alliances, parce que comme nous l’avons dit plus tôt, c’est correct de faire des manifestations et des blocages, mais seul.es nous n’arriverons pas à bloquer ce que les gouvernements et les compagnies minières, gazières, pétrolières et de fracturation essayent de faire. Les cours de justice sont à leur service et ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils ne soient démantelés. Mais si nous arrivons à former l’alliance dont nous avons parlé, où notre défense légale entourant la revendication territoriale autochtone est en combinaison avec ce que vos gens essayent de faire là-bas. Lorsque nous posons les deux ensemble, ça pourrait être, je pense, très difficile pour Québec de contester la revendication territoriale autochtone.

NQNC : Que pensez-vous de cette résurgence de colons qui veulent construire des liens de solidarité et de lutte avec les peuples autochtones, dans ce cas avec les personnes Mi’gmaq, de différentes manières et sur différents fronts?

GM : Eh bien, notre position a toujours été, en tant que Conseil Tribal du 7e District, que nous devons co-exister. Personne ne va aller nulle part. Nous avons vécu ensemble plusieurs centaines d’années. Peut-être cela n’a pas été la plus paisible des relations, mais dorénavant, vu la manière dont les choses se passent, avec les gouvernements et les corporations prédatrices qui détruisent nos terres et nos ressources et l’environnement. Et il est temps pour les gens de les arrêter. Et la seule manière de le faire est de former ces alliances, que ça soit Mi’gmaq, français, acadiens, anglais, c’est la seule manière dont nos voix pourront être entendues.

NQNC : Que pensez-vous de la réaction de Manon Jeannotte, la chef du conseil de bande de Gespeg?

GM : C’est une réaction typique de conseil de bande, spécialement s’ils font affaire avec les gouvernements et les compagnies pétrolières et gazières. Je pense que c’est la relation qui existe ici dans le district, que c’est la relation qui a existé depuis 2005, je crois. Et uniquement à partir de sa déclaration, quand elle dit que si on s’opposait à ce qui se passe par rapport à l’extraction e pétrole ou e gaz par Junex ou Squatex, ils se rencontreraient en personne. Mais ça fait déjà près d’une décennie qu’ils se rencontrent en personne. Et si je me base sur leur déclaration, je ne pense pas qu’ils aient une quelconque intention de s’opposer à ce qui se passe.

NQNC : Qu’est-ce qui devrait se faire maintenant?

GM : Maintenant, comme je l’ai mentionné plus tôt, des alliances doivent être formées, ensemble avec les gens qui sont sur le site, et nos gouvernement traditionnels tribaux du District. Nous avons les moyens de fournir les arguments légaux et constitutionnels pour prouver que cette terre nous appartient toujours. Le Québec n’a pas d’affaire et n’a pas de précédent pour donner une quelconque autorisation à quiconque sans notre consentement, et ce qu’on fait c’est contester qu’il le fasse. Et je pense qu’en amenant cette revendication d’un titre de propriété autochtone, avec les arguments constitutionnels qui viennent avec, que ce sont toujours des territoires Mi’gmaq non cédés, nous allons certainement obtenir leur attention.

NQNC : Pourquoi pensez-vous que beaucoup de groupes environnementalistes, principalement constitués de colons, ne comprennent pas la relation entre le capitalisme et les conseils de bande? Qu’ils ne prennent pas ça en considération lorsqu’ils parlent des relations avec les peuples autochtones? Ça amène beaucoup de confusion et de surprise pour des gens lorsque les conseils de bande signent des accords avec les compagnies, ou leur apporte leur support ou ne s’y opposent pas ou quoi que ce soit…

GM : Eh bien c’est un gros problème, parce que même nous avons ça aussi entre nous. Nos propres gens ne le comprennent pas. Parce que dans les coulisses, dans les négociations à huis-clos avec les gouvernements et les compagnies de pétrole et de gaz, nous ne savons pas ce qui se passe. Mais nous savons, en tant que gouvernement traditionnel du district, que cette relation n’est pas légitime. Parce qu’il y a une définition des conseils de bande et des systèmes des gouvernement traditionnels. Et ça veut dire que les systèmes ancestraux traditionnels étaient là longtemps avant que les conseils de bande n’aient été créés en 1876. Et ainsi, les conseils de bande ne sont qu’une entité fédérale, en fait une entité qui négocie pour elle-même les revendications de territoires et de droits. Et voilà la clé. Notre défense devant le tribunal en témoigne spécifiquement. Et pour ajouter à cela, nous avons aussi cette clause de co-existence avec les colons non-autochtones, que ça peut être fait aisément. Comme je l’ai dit, nous avons vécu ensemble pour plus d’un siècle.

NQNC : En dehors de cette situation, et plus largement, que pensez vous que nous puissions construire comme relation plus concrètement, pour construire des meilleures relations entre les personnes autochtones et les personnes non-autochtones?

GM : De meilleures relations… Je pense qu’il y a un facteur commun qui nous lie tous ensemble : la Terre Mère et les ressources qui doivent être protégées. Parce que si vous regardez autour de la planète et ce qui est en train de se passer, avec les changements climatiques et tout ça, l’eau contaminée comme au Dakota du Nord. Si l’eau est contaminée, l’eau offre la vie à tous les humains et toutes les espèces. Maintenant si on ne les protège pas, si on ne peut pas faire ça en tant qu’êtres humains, eh bien qu’est-ce qui va se passer?

Et l’autre raison pour laquelle nous devons former ces alliances et co-exister est que nos gouvernements, qu’il soient fédéraux ou provinciaux, ont fait un terrible travail de gestion de nos terres et de nos ressources, comme on peut le voir aujourd’hui. Le résultat, c’est le réchauffement climatique. Nous avons des scientifiques qui disent que l’utilisation des énergies fossiles ne cesse pas, l’humanité va simplement disparaître, presque comme les dinosaures. Mais personne n’écoute. Alors des alliances entre nos peuples doivent naître, pour reprendre cette autorité à ces gouvernements, qui ont abusé de l’autorité qui leur a été donnée. Ça ne se fera pas par votre système, le système électoral. Nos peuples doivent dorénavant affirmer ce titre autochtone, et reprendre ça aussi. Et c’est là que la co-existence pourra arriver.