Montréal Contre-information
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Mai 122014
 

Chèr.e.s camarades,

Pourquoi insistez-vous sur l’organisation à l’intérieure ou en parallèle de plus grandes manifestations, ou de dates symboliques établies ? Des moments où non seulement vous savez que les attaques de la police viendront, car tout l’appareil répressif sera organisé, coordonné, déployé et habilité par leurs lois et leurs technologies, mais où vous vous ferez également rappeler de surveiller vos arrières des masses hostiles dans la rue (n’avez-vous pas encore vu, les masses prêtes à vous piétiner sous leur peur?), toute l’amalgame de la gauche qui veut maintenir et gérer la domination alternativement, les stools et les paciflics comme nous les appelons à Montréal, déjà piégé.e.s à l’avance dans une souricière entre flics et citoyens, encore plus que lors d’une journée normale.

Et n’est-ce pas exactement cela, la confrontation dont vous parlez ? Confronter et rompre avec la normalité, la normalité de se réveiller, travailler, chier, dormir, entrecoupé de quelques jours fétichisés de protestation ? Ne serait-ce-t-il pas de transcender le calendrier militant, régularisateur de nos moments d’action rendus prévisibles ? Camarades, l’élément de surprise est encore un allié farouche.

Ou est-ce plutôt une thérapie de groupe que vous recherchez ? D’être avec d’autres, vous consolant de n’être pas seul.e.s, en recherchant davantage “l’entraide, le soutien, l’ouverture d’esprit”. Si oui, alors vous pouvez vous complaire dans la manif car elle n’est rien de plus que cela, une thérapie de groupe au sein de cette aliénation de masse que nous appelons la société.

Nous espérons que vous vous entraidez, souciez et soutenez les un.e.s les autres tous les jours. Nous espérons que tous les jours vous devenez plus fort.e.s dans votre étreinte avec vos proches, celleux dont les mains vous saisissez, alors que vous remettez votre vie entre leurs mains. La manif est autant un lieu pour trouver des gens qui se préoccupent de vous qu’une boîte de nuit.

Camarades, nous aimerions penser que vous avez autant que nous le désir ardent, de ne pas reprendre la rue, mais de la rendre inutilisable. Les rues ne sont pas les nôtres, elles ne l’ont jamais été et ne le seront jamais et nous ne voulons pas qu’elles le soient. Elles font partie de ce monde de béton et de ciment qui nous tient enfermé.e.s, nous empêche d’avoir les pieds dans la terre, et de voir au-delà. Tous les jours, partout où il y a des rues, quelques proches suffisent pour y trouver les fissures, pour en arracher les morceaux à renvoyer à ceux à qui elles appartiennent.

Camarades, nous souhaitons nous étreindre, empoigner les rues incendiées de désirs, n’importe quel jour pourri de misère que la domination force sur nous.

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ChèrEs camarades dans la rue

On s’est organiséEs en contingent autonome pour la manif du COBP ce 15 mars. On était plus de 40 à se rencontrer près du point de départ de la manif et on a crée notre propre petite manif qui a durée environ une demi-heure. La police ne s’attendait pas à nous et n’a pas pu nous attaquer ou nous prendre en souricières avant notre décision de se disperser. On avait préparé un texte expliquant nos motivations et pour encourager d’autres à s’organiser en contingent pour la manif du 1er mai anticapitaliste. Le but était de distribuer ce texte au participants dans la manif plus large, mais les souricières étaient déjà en place avant notre arrivée. On espère que les évènements puissent se dérouler différemment la prochaine fois. Pas de justice, pas de paix, à bientôt dans la rue!

Le tract:

ChèrEs camarades dans la rue,

Cette année pour le 15 mars on s’est organisÉes en contingent autonome pour se rendre et participer dans la manif contre la brutalité policière. On aimerait vous expliquer pourquoi on a décidé de s’organiser de telle façon et vous encourager à faire de même pour le 1er mai.

Nous avons initié ce contingent car on souhaite trouver des méthodes plus collectives et mieux organisées de se rassembler et de participer dans les manifestations. On veut plus de communication avant, pendant et après nos manifs. On souhaite se donner la capacité de mieux prendre soin les unEs des autres, et de pouvoir se protéger ensemble contre les attaques de la police auxquelles on s’attend déjà.

Si nous voulons nous engager dans des manifs qui peuvent mener à la confrontation, il est important de s’organiser de façon qui adresse la peur et les traumatismes qui existent à cause de la répression policière. On doit trouver des tactiques qui, quand on passe à l’action, prennent en compte et reflètent: l’entraide, le soutien, l’ouverture d’esprit, et de la réflexivité. Et cela dans toutes nos mobilisation et dans notre participation dans toutes manifs combatives. On pense que les contingents pourraient être un début envers ces pratiques!

En s’organisant en contingent, qui peut exister hors du point de rendez-vous de la manif plus large, comme par exemple un contingent de quartier, la manif devient décentralisée et donc rend la tâche de la police (celle de nous arrêter avant même qu’on commence) plus difficile. En décentralisant les modes de communications et prises de décisions dans une manif grâce au contingent, on rend la tactique policière de dispersion plus compliquée.

Finalement et peut être la chose la plus importante, en s’organisant de manière solidaire on espère redonner une base pour que plus de personnes puissent se sentir en sécurité pendant ce genre de manif. Donc de la confiance collective pour pouvoir être combatif de toutes les manières que nous jugerons nécessaires.

Ce contingent est née lorsqu’on on a appelé nos amiEs avec qui on voulait se rendre à la manif. On s’est regroupé et puis on a beaucoup parlé. Ça te paraît simple? Alors trouves toutes et tous tes amiEs, voisinEs, camaradeset organisez-vous un contingent pour le 1er mai!