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CONSTELLATION: Un festival anarchiste à Montréal (du 24 au 26 mai 2024)

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Mar 182024
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Invitation à CONSTELLATION: Un festival anarchiste à Montréal (du 24 au 26 mai 2024). On vous donne rendez-vous pour un salon du livre, des ateliers et bien plus encore !

La dernière fin de semaine du mois de mai est importante pour plusieurs anarchistes qui vivent à Montréal. Depuis plusieurs années, c’est le moment où le Salon du livre anarchiste a lieu. Ces quelques jours nous donnaient la chance de voir de vieux.vieils ami.es, d’apprendre de nouvelles choses, de partager des idées, de planifier l’année à venir et parfois même de planifier quelques espiègleries.

Malheureusement, cette année, le Salon du livre a été annulé. Le Collectif évoque la pandémie, la crise du logement, la montée du fascisme et le génocide à Gaza comme raisons les ayant poussé à prendre cette décision. Nous reconnaissons la quantité de temps et d’efforts nécessaires pour organiser un tel événement, nous croyons toutefois que c’est exactement pour ces raisons qu’il est plus important que jamais pour les anarchistes de se retrouver.

Nous proposons donc une expérimentation, qui sera peut-être, qui sait, le début d’une nouvelle tradition. Nous en appelons à une communauté anarchiste large, en vue de nous aider à créer quelque chose qui ne relève pas d’une seule institution. CONSTELLATION est pensé comme une série d’événements décentralisée où se tiendront des kiosques au lieu habituel du Salon du livre (CÉDA et le bâtiment du CCGV), ainsi que des workshops, des jeux, des anti-conférences, une fête dansante, de nouvelles initiatives extravagantes, étranges, originales et amusantes, que vous serez inviter à venir découvrir.

Le succès de cette fin de semaine relève de nous toutxs. Parlez-en à vos ami.es et commencez à manigancer. Faites votre propre anarchie. Organisez une soirée de projection, un entraînement d’arts martiaux, un atelier de grafiti, un show punk; en quelques mots, faites ce que votre coeur vous dictes. Il y a maintenant beaucoup d’espaces anarchistes à Montréal : faisons en sorte que les gens se rencontrent! Nous nous engageons à compiler et à promouvoir un calendrier des différentes activités qui se dérouleront.

Davantage d’informations sont à venir pour les personnes qui tiendront des kiosques, qui organiseront des ateliers et qui sont intéressées à mettre sur pied des activités! Pour nous contacter, envoyez nous un courriel à constellationmtl@riseup.net.

Radio-Canada a du sang sur les mains : retour sur les vitrines détruites dans la nuit du 12 au 13 mars.

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Mar 152024
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Dans la nuit du 12 au 13 mars, les vitrines de la maison de Radio-Canada ont été détruites par des militant-es en réponse au choix de Radio-Canada d’utiliser sa large plateforme pour amplifier des discours transphobes proche de ceux de l’extrême-droite.

Le reportage TransExpress paru à l’émission Enquête le 29 février 2024 est une attaque intellectuellement et scientifiquement malhonnête envers les personnes trans et leur accès aux soins de santé. Ce reportage représente un glissement idéologique qui sert à légitimer les demandes transphobes de l’extrême droite, qui va attiser les violences envers les communautés trans, présentement de plus en plus ciblées. Radio-Canada et ses journalistes ont choisi d’entretenir une panique morale qui met la communauté trans, et en particulier les jeunes trans, en danger.

Ne nous laissons pas avoir par la prétention de neutralité journalistique et de “simple curiosité” : Pasquale Turbide et l’équipe de Radio-Canada ont choisi de laisser la parole à des pseudo-experts discrédités comme Lisa Littman et le SEGM. Leurs discours alarmistes sont déjà liés à une augmentation de la violence en Angleterre et aux États-Unis. La journaliste refuse de faire un réel effort de recherche et de compréhension de la réalité trans. Dans le reportage, elle utilise un langage transphobe et irrespectueux des communautés, mégenrant constamment les personnes trans. Même les passages qui se veulent reconnaître la réalité trans le font dans un cadre de psychiatrisation de la transidentité, invitant plus de contrôle médical de la part de l’état. Nous ne voulons pas du contrôle de l’état sur nos corps! Tout le monde devrait pouvoir expérimenter comme bon leur semble, quitte à faire des erreurs, sans avoir à demander la permission aux chiens de garde de l’état. Nous ferons de nos corps ce que bon nous semble, à tort ou a raison, n’en déplaise à l’état et à la petite bourgeoisie culturelle.

On voir clair dans l’agenda de Radio-Canada et son empressement à capitaliser sur cette panique morale pour augmenter ses cotes d’écoute. Comment expliquer autrement d’avoir fait venir Pasquale à Tout le monde en parle, sans lui opposer d’interlocuteur-ice informé-e pour opposer ses discours transphobes et sensationnalistes?

Comme toujours le capitalisme et l’état, face aux crises répétées et à la gronde populaire, cherchent à détourner l’attention des classes populaires. Plutôt que de parler de l’effondrement des services publics, de la crise du logement, de la crise climatique, de la montée du fascisme, de la violence policière ou du génocide en Palestine, il est plus facile de créer une menace imaginaire. La dérive fasciste de nos sociétés se sert de la communauté trans comme d’un bouc émissaire. L’état de plus en plus autoritaire et violent cherche a faire de nous un ennemi face auquel justifier son pouvoir et sa violence. Et ne vous attendez pas à ce qu’il s’arrête là tant qu’on ne les arrête pas.

Ces discours ont des conséquences réelles sur les décisions concernant l’accès aux soins de santé pour les personnes trans, mais aussi sur l’hostilité et la violence que les communautés trans vivent au quotidien, en particulier les jeunes trans. Ce n’est pas neutre que de répéter aux heures de grandes écoutes les discours poussés par l’alliance des forces d’extrême-droite. Quel honte de réentendre les propos de la droite religieuse, des néo-nazis, des masculinistes et du reste du camp de la haine sur une chaîne d’information publique! Ce reportage mensonger va encourager les mouvements haineux qui causent la mort des jeunes trans, par meurtre ou par suicide, comme c’est arrivé encore très récemment en Oklahoma. Quand un jeune trans tombera sous les coups de la transphobie, est-ce que l’équipe d’Enquête prendra ses responsabilités dans l’affaire? Feront ils une heure de reportage sur l’étendue des violence transphobes qui, contrairement à l’accès aux soins, tuent? Nous voyons clair dans leur jeu. Nous ne nous laisserons pas faire.

Il n’y a pas de “problème trans” mais il y a des trans qui ont un problème avec vous.
En choisissant de participer à une campagne de désinformation et de propagande haineuse envers nos communautés, derrière un vernis pseudo-scientifique d’autant plus dangereux, peut-être ces journalistes se sont-ils dit que la communauté trans est une cible facile, peu nombreuse, isolée et multi-marginalisée.

Mais comprenez bien que nous ne sommes pas seul-es : Nos alliées sont nombreux-es et notre rage est profonde. Nous sommes déterminé-es et solidaires.
Ce ne sera ni la première, ni la dernière fois que les queers bash back!

Nouveau sabotage contre Northvolt – Aucun capitaliste n’est à l’abri

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Mar 082024
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Cette semaine marquait le retour des oiseaux migrateurs en Montérégie et le début de la nidification pour plusieurs espèces. Le chantier Northvolt est désormais engagé dans une course contre la montre afin de remblayer un maximum de milieux humides d’ici le 10 mars avant d’être empêché par la réglementation fédérale protégeant les oiseaux migrateurs. Si les travaux de déboisement sont terminés du côté de Saint-Basile-le-Grand (8700 arbres abattus) des travaux similaires s’amorcent désormais dans la partie Est du terrain appartenant à McMasterville. C’est dans cette section que se trouve le dernier boisé encore intact, peut-être préservé de la coupe en raison des actions répétées de spiking qui y ont eu lieu.

Afin de freiner le saccage des milieux naturels, des militant·es se sont attaqués à la carrière Mont-St-Hilaire du groupe Michaudville, responsable jusqu’à maintenant du remblayage de plus d’une dizaine d’hectares de zones marécageuses essentielles à la survie d’espèces vulnérables comme le petit blongios, la tortue molle à épines et la chauve-souris rousse. En raison de l’artificialisation des sols et de l’étalement urbain, il ne reste plus, aujourd’hui, que 5% de milieux humides dans ce bassin versant. Non seulement ce projet industriel n’aidera en rien à la décarbonisation de notre économie (comme le prétendent nos ministres), mais il se fera, en plus, aux dépends de la biodiversité locale. Rappelons que la crise écologique n’est pas seulement une crise climatique, mais aussi une crise de la biodiversité toute aussi menaçante. C’est grâce à nos relations avec d’autres espèces si nous vivons, mangeons et respirons. Nous sommes entièrement dépendent·es de ces écosystèmes.

En début de semaine, une centaine d’engins cloutés ont été répandus sur le chemin menant à la carrière afin de cibler les camions transportant la terre et le gravier servant au remblayage. Dans les dernières semaines, ce sont au-delà de cent allers-retours qui s’y sont produits quotidiennement avec un passage de camion aux 3 minutes. Toute action qui perturbe la circulation et entrave l’unique voie d’accès à la carrière cause des pertes financières affectant la rentabilité du projet. Chaque heure de travail perdue est une victoire pour les opposants à Northvolt.

Le projet Northvolt ne sera jamais écologique. Avec la filière batterie, le gouvernement caquiste profite du dérèglement du climat pour faire des affaires. Tandis que l’État injecte aujourd’hui des milliards de dollars pour sauver l’industrie automobile, ces investissements nous obligent à assurer, pour les décennies à venir, la croissance d’un secteur économique tout aussi destructeur que l’économie fossile. L’électrification massive des transports et le tout-à-l’auto nécessitent la multiplication des mines dans les pays du Sud et sur le territoire des Premières Nations. Partout, les terres agricoles, les cours d’eau et les populations qui en dépendant seront empoisonnés par des rejets toxiques. Des forêts entières seront jetées à terre, des montagnes éventrées. La crise écologique est insoluble dans le capitalisme : notre unique voie de sortie passera par l’entraide, la création de communautés résilientes et la décroissance.

Aux entreprises qui collaborent avec Northvolt : personne n’est à l’abri!

Attaquons Northvolt, toujours, partout

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Fév 282024
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Des anarchistes ont encore attaqué la machine de destruction capitaliste sur le site de Northvolt. Des pics d’acier ont été mis en place sur les différents chemins utilisés par la machinerie. En plus, de nouveaux clous ont été mis dans des arbres, cette fois sans les identifier, pour maximiser le potentiel de destruction sur la machinerie écocidaire. Les personnes ayant fait l’action n’ont pas peur de se faire prendre. Même si c’était le cas, elles demanderaient d’être jugées par leurs pairs. Par les tortues molles à épines, les petits blongios et les chevaliers cuivrés. Par toutes les espèces qui meurent parce que la destruction de la planète, c’est payant en crisse.

En effet, pour maintenir la croissance économique capitaliste, ça prend des bungalows de banlieue pitoyables de plus en plus grands et des chars de plus en plus gros. Pendant ce temps, on se ferme les les yeux et on se laisse bercer par les comptines des capitalistes qui prétendent que les chars électriques réduisent les émissions de gaz à effet de serre. Sous le prétexte hypocrite de la protection de l’environnement, L’État et ses amis des industries tentent un sauvetage désespéré de l’industrie automobile. Pour qu’elle survive après 2035, le moment où le fédéral interdira la vente de chars au gaz, ils remplacent les chars au gaz par des chars électriques. Les gouvernements s’arrangent alors pour réduire le prix des chars électriques, par des subventions directes et indirectes, pour qu’ils restent accessibles à la classe moyenne. Bref, la filière batterie, c’est le pillage des fonds verts par les gouvernements pour financer la croissance économique, pour permettre à l’industrie automobile de survivre aux changements climatiques qu’elle a causés. Le développement de la filière batterie, c’est pour qu’on continue de vivre dans des villes bruyantes, désagréables, dangereuses, où les centres-villes ont été transformés en autoroutes et en stationnements. Les anarchistes ne veulent rien savoir de leur monde, et c’est pour ca qu’iels tenaient à crisser une pelletée de sable supplémentaire dans ses engrenages.

Et il faut se rappeller que le char électrique, ce n’est qu’en ville qu’il peut prétendre être vert. Tout autour, ce sont les mines, toujours sur des terres autochtones, partout dans le monde. C’est la raffinerie toxique de Rouyn-Noranda. Ce sont les extensions de ports le long du fleuve Saint-Laurent. De l’Afrique à l’Amérique du sud, ce sont les exécutions contre les syndicalistes et les défeuseur·euse·s de la nature effectués au nom des minières canadiennes. À défendre la nature ici, on ne risque pas la mort. Se servir de nos privilèges pour défendre les plus vulnérables, ça veut dire agir ici. C’est un problème causé par les blancs, et il est grand temps qu’on prenne nos responsabilités.

C’était un moment triste pour faire une action. Sur le site de Northvolt, il reste à peine quelques arbres, dont ceux qui étaient identifiés comme ayant été la cible de cloutage la dernière fois. C’est donc dire que l’action directe fonctionne. En effet, ces clous ont probablement fait plus pour la protection de la biodiversité que la COP15, et toute la ribambelle d’autres COP. On voit clairement en action les mécanismes de compensation ridicules pour la biodiversité: d’un côté, on déboise massivement, alors que dans 4-5-6 ans, ou quand on aura le temps, on plantera une monoculture d’épinette noire sur 20 hectares, une armée de petits arbres en rangées qui seront coupés – de quoi faire du papier toilette à peine assez solide pour qu’on puisse se torcher avec, ne vous demandez pas pourquoi vos doigts passent en travers. D’un côté on remblaie les milieux humides, alors que dans 4-5-6 ans, ou quand on aura le temps, on creusera un trou dans un spot de sable pour y mettre deux-trois poissons et algues, pour se donner une tape dans le dos. On créera un étang à un autre endroit pour les animaux déjà emportés. Des animaux morts dans une flaque d’eau, c’est au mieux une soupe, ça ne pourra jamais compenser un écosystème vivant. Et ça, c’est s’il y a effectivement compensation, parce que c’est la première chose qui sera coupée si la rentabilité est menacée.

La lutte contre Northvolt ne fait que commencer. Il reste encore 2 ans avant la mise en service de l’usine. Les marges de profits ne seront pas extravagantes. Les coûts en sécurité, en relations publiques, en gestion de crise commencent déjà à s’accumuler. Déjà, l’image de la compagnie est fortement entachée, et il y a fort à parier que les investisseur·euse·s déchantent. Il reste encore 2 ans pour lutter et l’ennemi est vulnérable. On entre encore sur le terrain comme dans une passoire: on ne peut pas protéger plus d’un kilomètre carré avec quelques clôtures rouillées ainsi qu’un garde de sécu immobile qui joue à 2048 et qui fait dodo dans son auto. Les sous-traitant·e·s risquent de reconsidérer leurs relations étant donné les dangers encourus. Il ne faut pas les laisser aller. Le site de Northvolt avait été saccagé pour l’usine de CIL, mais la nature a repris ses droits. Continuons le combat jusqu’à ce que la vie revienne.

Appel à l’action contre le comité de “sages”

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Fév 122024
 

De Nous ne serons pas sages!

La CAQ a cédé honteusement aux mobilisations transphobes et a décidé de nommer un “comité de sages”, qui décidera du futur des communautés trans et non-binaires. Nous exigeons la dissolution immédiate de ce comité car : 

Ce comité est composé exclusivement de personnes cis (non-trans), qui n’ont même aucune expertise académique ou d’intervention auprès des personnes trans. La majorité d’entre eux entretiennent par contre des affinités connues avec des groupes transphobes. Tout cela est fondé sur la présupposition selon laquelle les personnes trans et non binaires seraient incapables d’être “sages”, raisonnables et impartiales. Nous revendiquons la reconnaissance des savoirs expérientiels, universitaires et communautaires LGBTQ+; nous revendiquons notre auto-détermination! 

L’existence de ce comité a pour but de légitimer les demandes de la droite et de l’extrême droite transphobe. Se pliant à leur agitation, le gouvernement a choisi de mettre sur pause toutes les avancées sociales pour les communautés trans. Il le fait au mépris de ses propres institutions, ignorant l’existence du Bureau de lutte contre l’homophobie et la transphobie et de son plan d’action. Ce n’est pas la première fois que la CAQ s’attaque aux communautés trans: on se rappelle le Projet de Loi 2. Nous continuerons de nous défendre face à ce gouvernement transphobe!

Ce comité vise à questionner la légitimité des personnes trans et en faire des objets de débat dans l’espace public. Ce type de mise en scène médiatique a toujours eu comme conséquence d’augmenter les violences et les crimes haineux contre les personnes trans et non conformes dans le genre. Le “problème trans” n’existe pas : nos existences ne sont pas à débattre. Nous continuerons de lutter pour la sécurité et la dignité des personnes trans et non-binaires!

La création de ce comité fait partie du backlash international contre les communautés LGBTQ+. Les agitateurs conservateurs mobilisent leurs bases en présentant les personnes trans comme un danger pour les enfants. Ni les homosexuel.les, ni les drag-queens, ni les personnes trans ne constituent un danger pour la jeunesse. Ce sont plutôt les adultes autoritaires et intolérants qui mettent en danger le bien-être des enfants. Nous continuerons de lutter pour un monde dans lequel tous les enfants se sentent libres de s’exprimer et de s’épanouir sans crainte ni jugement!

Ce comité est influencé par un mouvement réactionnaire qui se dit féministe, prétendant que les femmes trans représenteraient un danger pour les femmes cis. Au contraire, la libération des femmes trans contribue à la libération de toutes les femmes. Combattre pour l’autonomie des individus sur leurs corps, c’est se battre autant pour l’accès aux hormones que pour l’accès à l’avortement. Nous continuerons de lutter pour un monde libéré du patriarcat!

Le gouvernement derrière ce comité est le même qui détruit les milieux de la santé et de l’éducation. C’est le même gouvernement qui s’attaque aux droits des locataires. C’est le même gouvernement qui s’attaque à la liberté religieuse des minorités et qui s’oppose à tout effort de paix en Palestine. Nous souhaitons inscrire cette lutte dans une perspective de solidarité et créer un front commun face aux dérives autoritaires et réactionnaires du pouvoir!

Nous revendiquons la libération trans. En ce sens, nous voulons bâtir un monde qui accueille les individus dans leur diversité et défend leur droit de disposer de leurs corps. Nous voulons aussi créer une société qui accompagne les gens dans leur exploration et affirmation de genre. Nous considérons que se libérer de l’imposition d’une stricte binarité de genre est bénéfique pour l’ensemble de la population. Nous continuerons de lutter pour un monde qui ne sème pas le mal-être, l’inconfort et la haine, mais qui nourrit la joie et l’euphorie. 

Nous appelons à un soulèvement contre la CAQ et son comité de soi-disant “sages”. Nous appelons à l’auto-organisation de toustes celleux qui veulent lutter contre la transphobie. Nous vous invitons à former des groupes affinitaires, à mobiliser vos organisations et à créer des comités. Par la diversité des tactiques, nous comptons faire reculer ce gouvernement et construire un futur pour toustes!

Face au comité de “sages”, NOUS NE SERONS PAS SAGES

Sabotage sur le terrain de Northvolt : donner des armes à la forêt

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Jan 222024
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Un des derniers milieux naturels de la Montéregie est mis en péril ! La construction planifiée de l’usine de batteries Northvolt à Saint-Basile-le-Grand est un affront écocidaire. Si ce projet a lieu, 1,4 kilomètres carrés de milieux humides et de zones boisées vont être rasés, servant la stratégie de greenwashing de nos gouvernements, et ce, en puisant à même les fonds publics.

La zone abrite une faune diversifiée (chauves-souris, oiseaux, amphibiens, tortues, serpents, etc.) parmi laquelle on compte plusieurs espèces classées comme « menacées » ou « en voie de disparition ». On dénombre même 142 espèces d’oiseaux qui fréquentent le site ! Alors qu’au même moment, les sociétés de transports en commun subissent une vague de compressions budgétaires, le gouvernement provincial et le gouvernement fédéral préfèrent donner 7,3 milliards de dollars au secteur privé pour perpétuer la « culture de l’automobile ». Plutôt que de miser sur des solutions collectives plus écologiques et solidaires (trains, bus, autopartage) en ville comme en région, les gouvernements perpétuent notre dépendance à la voiture main dans la main avec les industries polluantes et les plus fortunés.

Le projet d’usine à Saint-Basile-le-Grand fait partie intégrante du « Projet Saint-Laurent », une stratégie de développement économique défendue par François Legault qui vise à transformer les basses-terres du Saint-Laurent en une sorte de Silicon Valley québécoise misant sur des « zones d’innovations ». Northvolt s’inscrit donc dans une approche capitaliste de la transition écologique au même titre que d’autres projets dont celui du Littoral Est à Québec, le REM ou encore la plateforme de transbordement de Ray-Mont Logistiques contre laquelle se battent les citoyens de l’Est de Montréal. Sous le capitalisme, la transition énergétique, c’est-à-dire la sortie des hydrocarbures, signifie la multiplication des mines à ciel ouvert, notamment dans le Sud global, pour y extraire les métaux servant à fabriquer les batteries, la construction de nouveaux barrages hydroélectriques sur les terres de Premières Nations, l’implantation de méga-usines aux abords de nos cours d’eau sans compter l’ambition de nombreux pays d’accroître le nucléaire. Contre ces fausses solutions qui ravagent les écosystèmes, nous nous mobilisons. De plus, ce projet ne bénéficiera pas à la population et risque de produire un « effet boomtown ». L’arrivée soudaine de milliers de travailleurs en zone rurale va engendrer une pression sur le marché immobilier de même que sur les services de santé, d’éducation et d’aide sociale.

Nous avons pris l’initiative de nous opposer à ce déboisement en insérant des barres d’aciers et des clous dans les troncs des arbres qui sont menacés par la construction de l’usine. Tout en ayant un impact minimal sur la santé des arbres, ceux-ci posent un risque important pour la machinerie lourde. Les abatteuses actuellement employées sur le terrain seront sévèrement endommagées si leur tête entre en contact avec les objets métalliques au moment de la coupe*. Pour arrêter Northvolt, nous devons multiplier les tactiques et frapper là où ça fait mal : c’est-à-dire en causant un risque économique et de l’incertitude. Contrairement à ce qui prétend le ministre Fitzgibbon, nous n’avons pas croisé de « poissons à trois yeux », mais avons plutôt été accompagné·es du chant des oiseaux et avons pu marcher dans les innombrables chemins tracés par les bêtes qui habitent le boisé. ​​​​​Nous avons donné des armes à la forêt pour qu’elle puisse se défendre !

Le cloutage, ou « spiking », est une méthode d’action directe qui a fait ses preuves. Elle a été utilisée au début des années 1980 par Earth First ! pour empêcher l’abattage des séquoias dans le Pacific Northwest américain et a été popularisée par le livre « Ecodefense: A Field Guide to Monkeywrenching » écrit par Dave Foreman, l’un des fondateurs du groupe écologiste (l’ouvrage est disponible en ligne ici). La méthode a d’ailleurs été utilisée contre la coupe à blanc des forêts primaires de Clayoquot en Colombie-Britannique. Cette mobilisation a culminé à l’été 1993 avec l’acte de désobéissance civile le plus important de l’histoire du Canada avant les blocages de Fairy Creek en 2021 où la méthode a de nouveau été utilisée par les activistes. Au mois de mai de cette année, des activistes des Soulèvements de la Terre ont fait de même pour protéger les chênes de la forêt de Bord à l’est de Rouen en France.

Aujourd’hui, nous appelons à une mobilisation large contre le projet destructeur que constitue la méga-usine de Northvolt. Il faut s’en prendre à cette machine à broyer le vivant en visant ses points faibles. Sabotons l’équipement, bloquons les chantiers et harcelons les élus à la solde de l’industrie. Le mouvement écologiste doit redoubler d’ardeur.


*De même, lors de la coupe, si une tronçonneuse heurte un clou, celui-ci va abîmer ou briser la chaîne. Il faudra refaire l’affûtage, – perte de temps – voire changer toute la chaîne, puis reprendre l’abattage un peu plus haut pour ne pas heurter de nouveau le clou en espérant ne pas en rencontrer un second. La déforestation sera rendue d’autant plus pénible, coûteuse, et potentiellement dangereuse.

P. S : Nous ne sommes en aucun cas hostiles aux travailleur·euse·s : nous en avons contre ceux qui profitent de la destruction de nos milieux de vie et qui font passer le profit avant tout. En ce sens, la classe ouvrière est, au même titre que la terre, les animaux et les végétaux qui font prospérer le territoire, exploitée par notre système économique. Pour nous assurer que les personnes engagées pour raser la forêt soient bien conscientes des risques de l’opération, nous avons marqué les arbres cloutés d’un signe de S peinturé à l’aérosol en plus d’ajouter des affiches expliquant notre tactique. Nous espérons que les travailleur·euse·s sauront faire respecter leurs droits et se tiendront loin des arbres identifiés.

Solidarité contre la répression : Action contre Indigo

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Jan 142024
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Aux petites heures du matin du 13 janvier, nous avons posé une action en solidarité avec les personnes arrêtées à Toronto le 23 novembre 2023. La police de Toronto a dépensé des centaines de milliers de dollars afin de s’introduire dans des maisons, menotter des aînéEs, saccager des effets personnels et terroriser des familles. Des parents ont été menotté.es devant leurs enfants. À son retour à la maison, une personne a retrouvé sa porte brisée et une chaise de patio ayant été lancée dans la cour avant. Les membres d’une autre famille se sont fait ordonner de ne pas parler dans leur langue maternelle. Les arrêtéEs ont prétenduement poser l’action ordinaire de poser des affiches sur une librairie de la chaîne Indigo et d’éclabousser sa façade de peinture. Cette action visait la foundatrice et CEO de Indigo, Heather Reisman, qui redirige les profits de Indigo vers la fondation HESEG, laquelle offre des bourses d’éducation à des individus émigrant en Israël pour s’enroler dans l’IDF, soutenant et encourageant ainsi le recrutement à l’international pour l’armée israëlienne. Afin de punir plus durement les militantEs arrêtéEs, de terroriser les autres militantEs engagéEs auprès du mouvement en solidarité avec les Palestinien.nes et de légitimer les persécutions qu’elle commet, la police a encouragé un récit médiatique décrivant l’action comme des crimes motivés par une haine antisémite. La cruauté de ces arrestations et de ces fouilles illustre que si la police était vraiment intéressée à empêcher les attaques haineuses, ses membres ne seraient tout simplement pas allés travailler.

La police ne peut protéger les complices du génocide partout ou en tout temps. Nous avons utilisé un extincteur rempli de peinture rouge pour redécorer l’intérieur du magasin Indigo au centre-ville de Montréal, après avoir brisé les fenêtres. Il n’y a eu aucune arrestation.

Nous avons agi afin de montrer qu’il y a un mouvement qui ne tolérera aucune persécution politique éhontée. Nous voulons attirer l’attention sur les arrêté.es de Toronto afin qu’illes ne soient pas oubliéEs. La police, tout autant que les capitalistes comme Heather Reitman, ne doivent pas avoir la permission de librement terroriser celleux qui expriment leur résistance. Clairement, la loi n’apporte pas notre sécurité et nous devons être les agent.es de notre propre justice.

Nous sommes anarchistes. Nous refusons de supporter un quelconque gouvernement ou parti, qu’il soit ethno-nationaliste, islamiste, fasciste, colonial ou démocratique et libéral. Nous contestons que les problèmes du monde soient réductibles à des enjeux d’ethnicité ou de religion, qu’elles soient juive, arabe ou musulmane. Nous soutenons la liberté et le bonheur de tout le monde. Les gouvernements, les médias et les capitalistes d’Israël, du Canada et des É-U considèrent le siège de Gaza comme une occasion d’accroître leurs propres pouvoir, richesse et privilège. Leur manque de respect envers la valeur de la vie humaine, qui leur profite et qui indigne quiconque observe la situation, devient plus clair à chaque massacre à Gaza. Ceci est évident même pour les gens vivants en Israël qui ont perdu leur droits de manifester ou d’exprimer leur désaccord, et qui ont pu constater que les vies juives ne comptent pas non plus dans la campagne de punition collective et de capture de territoire que mène le gouvernement israélien. Cela est encore plus clair pour les familles des otages israélienEs (trois d’entre elles ont d’ailleurs perdu un être cher, abattus par les troupes israéliennes alors qu’iels agitaient un drapeau blanc). Nous sommes désenchantéEs et avons décidé d’ignorer les cycles médiatiques habituels et leurs attentes de manifestations obéissantes.

Nous avons agi parce que c’est tellement facile de causer des dégâts. Notre but est de miner tous les actes de répression politique ainsi que de bâtir une offensive contre les gouvernements et les capitalistes. Nous espérons que cette action soit populaire et inspire d’autres gens. Lorsque que des actions de ce genre se répandent, que nous soyons caché.es dans la nuit ou fondu.es dans la foule, notre habileté à changer le futur croît radicalement. Aucun sauveur ne prépare son entrée en scène. Nous n’attendrons pas en vain que quelque chose survienne. Personne ne nous a demandé d’accomplir cette action. Il s’agit du genre de résistance que nous voulons voir exister, et donc nous l’avons mise en oeuvre. Si vous lisez ceci, sauf si vous êtes unE flic ou unE capitaliste, nous vous encourageons à vous renseigner sur les idées anarchistes, comment vous habiller pour vous anonymiser et comment agir sans laisser de trace numérique.

Québec : Action contre PL31

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Déc 052023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

PL31 /// Dénis des droits fondamentaux

Le projet de loi de la CAQ et de sa ministre Duranceau est une attaque directe envers les classes les plus vulnérables de notre société.
La ministre, ses petits amis lobbyistes et sa partenaire d’affaire Annie Lemieux doivent être bien heureux de pouvoir exploiter librement les locataires pour se remplir les poches.
Pour lui envoyer un message, nous avons redécoré la porte de son ministère à Québec.

Le PL31 est un coup bas pour le droit au logement.

Pour qui la ministre travaille-t-elle vraiment?
Pour les promoteurs immobiliers ou pour la population?

Nous répliquerons sans relâche aux actes de ces rapaces.

Nous sommes partout.
Nous sommes anarchistes.

Pleins feux sur Shawn Beauvais MacDonald, le néonazi de NDG

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Nov 292023
 

De Montréal Antifasciste

Entre 2017 et aujourd’hui, Montréal Antifasciste a régulièrement mentionné dans ses publications un néonazi local répondant au nom de Shawn Beauvais MacDonald. Nous n’avions toutefois jamais pris le temps de lui consacrer un article complet. Sachant que le principal intéressé n’a jamais remis en question ses convictions sous l’effet de l’attention négative qui lui a été portée, et que le bonhomme continue de traîner sa carcasse – habituellement décorée d’emblèmes néonazis – dans les rues de Montréal, nous avons décidé de corriger cette lacune. Cela est d’autant plus important que nous avons pris connaissance de ses récentes tentatives d’infiltrer les manifestations de solidarité avec la Palestine et d’autres espaces qui devraient pourtant être sûrs, inclusifs et solidaires des groupes et des personnes dont cet individu souhaite la destruction. Car, qu’on le comprenne bien, Beauvais MacDonald est un personnage éminemment raciste, misogyne, homophobe, transphobe et, bien sûr, d’un antisémitisme grossier.

Voici donc un portrait d’un des néonazis les plus visibles et les plus impénitents de la région de Montréal, qui a collaboré d’une manière ou d’une autre à la plupart des projets suprémacistes blancs et néofascistes du Québec de ces dernières années. Cet article a pour objet de démontrer que Beauvais MacDonald n’a rien d’une brebis autrefois égarée, aujourd’hui rentrée dans le droit chemin, mais qu’il reste à ce jour un militant suprémaciste blanc, idéologiquement fanatisé, endurci et irréformable. Nous espérons que ce dossier sera relayé largement, de sorte que ce méprisable individu ne puisse se sentir nulle part à l’aise dans notre ville.

[Note : cet article reprend en partie des renseignements déjà publiés au cours des dernières années.]

Avertissement : cet article contient des éléments de contenu à caractère raciste, misogyne, homophobe, transphobe et antisémite.

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Shawn Beauvais MacDonald (SBM) est d’abord apparu sur notre radar en août 2017, dans la foulée des événements entourant le rassemblement suprémaciste blanc « Unite the Right », à Charlottesville, en Virginie, les 11 et 12 août 2017. Il a vite été identifié parmi les Québécois ayant fait le voyage jusqu’en Virginie pour participer à cette grand-messe de l’Alt-Right nord-américaine, aux côtés notamment de Gabriel Sohier Chaput, alias « Zeiger » (condamné en septembre 2023 à 15 mois de prison pour avoir fomenté la haine des Juifs) et Vincent Bélanger Mercure. On aperçoit d’ailleurs brièvement SBM dans le reportage qu’a consacré Vice News aux participants de « Unite the Right », où on le voit serrer la main du tristement célèbre « nazi pleurnichard », Christopher Cantwell. Rappelons que le 12 août, en après-midi, après plusieurs heures d’affrontements souvent violents entre suprémacistes (néonazis, KKK, etc.) et militant·es antiracistes/antifascistes, James Alex Fields, un néonazi associé au groupe Vanguard America, avait foncé avec sa voiture sur un cortège antiraciste, faisant plusieurs blessé·es graves et tuant la militante Heather Heyer.

Une analyse subséquente des images captées lors de ces événements nous a permis d’apercevoir SBM dans la marche aux flambeaux du 11 août, scandant le slogan antisémite « Jews Will Not Replace Us! » [les juifs ne nous remplaceront pas]. Il est également aperçu, coiffé d’un casque de baseball rouge distinctif, dans les accrochages du lendemain, lors desquels, explique-t-il dans un épisode du podcast Alt-Right américain « Late Night Alt-Right », il a subi une blessure au coude.

Shawn Beauvais MacDonald (à gauche) à Charlottesville, Virginie, le 11 août 2017, avec Gabriel Sohier Chaput (chandail gris), Vincent Bélanger Mercure (chandail Ensemble…) et Christopher Cantwell (à droite).
Shawn Beauvais MacDonald, lors de la marche aux flambeaux du rassemblement suprémaciste blanc « Unite the Right », le 11 août 2017, à Charlottesville, Virginie.
Shawn Beauvais MacDonald, lors de la marche aux flambeaux du rassemblement suprémaciste blanc « Unite the Right », le 11 août 2017, à Charlottesville, Virginie.
Shawn Beauvais MacDonald au rassemblement suprémaciste blanc « Unite the Right », le 12 août 2017, à Charlottesville, Virginie.
Shawn Beauvais MacDonald lors du rassemblement suprémaciste blanc « Unite the Right », le 12 août 2017, à Charlottesville, Virginie.

SBM de toutes les sorties…

Nous l’ignorions encore à ce moment, mais nous avions déjà croisé son chemin à plusieurs reprises au cours des mois précédents. Les enquêtes sur SBM menées après Charlottesville ont révélé qu’il avait été membre actif de La Meute, la formation populiste islamophobe formée quelque temps plus tôt par des vétérans des forces armées canadiennes. Il en avait été pour un temps, semble-t-il, le responsable des médias sociaux anglophones. Il avait notamment participé au baptême de feu de La Meute à Montréal, le 4 mars 2017 (la première d’une série de manifestations islamophobes), où il s’était rendu avec plusieurs autres membres du petit groupe Alt-Right local dont nous n’allions découvrir l’existence qu’un peu plus tard (voir ci-dessous). À cette occasion, s’étant momentanément retrouvé du côté des contre-manifestant·es antiracistes avec un camarade, les deux larrons s’étaient fait montrer le chemin de la sortie à coups de pied au cul après avoir cru pertinent de traiter ces dernier·es de « race traitors » [traîtres à sa race]. Il expliquera par ailleurs à ses congénères nazis que son implication dans La Meute visait principalement à y propager une vision ethnique (raciste) du nationalisme.

Shawn Beauvais MacDonald dans la manifestation de La Meute, à Montréal, le 4 mars 2017.

Dans le salon de discussion du groupe Alt-Right local, Shawn Beauvais MacDonald évoque son rôle au sein de La Meute, en août 2017.

Toujours en 2017, il se rapproche des Soldiers of Odin Québec (SOO), filiale régionale de ce réseau anti-immigration fondé par un néonazi, et de la formation néofasciste Atalante Québec, dont il s’est lié d’amitié avec le leader, Raphaël Lévesque. Il s’entraîne notamment avec les autres membres d’Atalante à leur club de boxe privé, « La Phalange ». Voici quelques exemples, parmi des dizaines, de son implication avec ces groupes au cours de cette période agitée :

  • Le 30 septembre 2017, il est à nouveau aperçu à une manifestation de l’organisation anti-immigration Storm Alliance près du poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle.
Shawn Beauvais MacDonald, avec le contingent Atalante/Soldiers of Odin, à Québec, le 25 novembre 2017.
Shawn Beauvais MacDonald, avec le contingent Atalante/Soldiers of Odin, à Québec, le 25 novembre 2017.

En 2018 et 2019, SBM participe à diverses actions de visibilité d’Atalante à Montréal, où la formation fasciste tente sans succès de s’implanter.

  • En décembre 2018, il est identifié dans notre article « Démasquer Atalante » comme étant membre de la section montréalaise de la formation fasciste.
  • Le 30 septembre 2019, il distribue des sandwichs dans le Quartier latin et le Village de Montréal. Quelques membres d’Atalante posent devant la station Berri et tentent d’intimider des clients du bar L’Escalier, sans grand succès.

Toujours en septembre 2019, SBM est nommé, parmi d’autres, dans notre nouvel article « Chasser Atalante  pour qui travaillent les fachos? », qui dévoile ses emplois et son lieu d’étude. Il semble par la suite prendre ses distances d’Atalante, possiblement pour épargner la réputation de Raphaël Lévesque, qui se prépare alors pour son procès dans l’affaire Vice Québec. Il fait néanmoins partie de la garde rapprochée qui accompagne Lévesque à ses comparutions au tribunal.

Shawn Beauvais MacDonald participe à la garde rapprochée de Raphaël Lévesque au Palais de justice de Montréal, à l’automne 2019.

On peut tout à fait imaginer que la présence de SBM ne faisait pas l’unanimité dans les rangs d’Atalante, puisque ce dernier est considéré dans son propre milieu comme un paquet de trouble dont la simple présence sulfureuse met ses camarades dans l’eau chaude. Quoi qu’il en soit, le procès de Lévesque ne se passe pas comme souhaité (l’affaire de l’agression au bar LvlOp de Québec venant assombrir le tableau), et le projet Atalante perd de la vitesse, jusqu’à s’immobiliser sans bruit quelque part durant la période pandémique.

Alt-Right Montréal

À l’hiver 2018, une fuite du salon de discussion « Montreal Storm » du groupe Alt-Right néonazi local (ARM) a mené à la révélation publique de l’identité de Gabriel Sohier Chaput, alias « Zeiger » et de plusieurs autres membres du groupe, dont SBM, qui y participait sous les pseudonymes « Bubonic » et plus tard « FriendlyFash ».

On déduit assez vite de l’analyse de ces discussions que SBM est au cœur du groupe et en est un des militants les plus actifs. Au cours de cette période, il a vraisemblablement participé à des campagnes d’affichage et de collage de matériel néonazi, notamment des affiches du designer graphique Patrick Gordon Macdonald, alias « Dark Foreigner », un prolifique propagandiste aujourd’hui accusé d’activité terroriste par la justice canadienne. La propagande de « Dark Foreigner » est notamment associée à la réédition du livre Siege, de James Mason, considéré comme la bible des mouvements néonazis contemporains, et à l’activité du réseau néonazi Atomwaffen Division, aujourd’hui reconnue comme organisation terroriste au Canada et dans de nombreuses autres juridictions.

L’un des collants d’inspiration néonazie qui sont apparus à Montréal au moment où les membres du groupe Alt-Right Montréal faisaient des sorties nocturnes. L’image est de « Dark Foreigner ».

SBM fait aussi la promotion du groupuscule identitaire ID Canada (issu des mêmes réseaux Alt-Right et modelé sur l’exemple européen de Génération identitaire et d’autres organisations similaires), qui est conçu par les militants racistes comme un véhicule plus « socialement acceptable » pour promouvoir le nationalisme blanc au Canada. Des collants ID Canada apparaissent notamment dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce, où SBM réside.

Sous le couvert de la fausse ironie qui caractérise les forums et babillards de l’Alt-Right extrémiste, SBM tient sur le serveur Discord « Montreal Storm » des propos agressivement racistes, antisémites et misogynes, de la manière la plus décomplexée. Comme pour confirmer sa participation à ce milieu, SBM était déjà sorti le 1er juillet 2017 dans le Vieux-Montréal avec d’autres membres du groupe Alt-Right Montréal, dont le leader présumé, Athanase Zafirov, alias « Date », pour haranguer une manifestation anticolonialiste.

Un échantillon des commentaires racistes et misogynes de Shawn Beauvais Macdonald dans le salon de discussion « Montreal Storm ».
Shawn Beauvais MacDonald avec ses camarades du groupe Alt-Right Montreal, dans le Vieux-Montréal, le 1er juillet 2017.

À la même époque, il est encore présent sur la plateforme Facebook, où il publie d’abord sous son propre nom, puis plus tard, sous le pseudonyme « Hans Grosse », une référence à un pilote renommé de la Lufftwaffe (et à un personnage du jeu vidéo Wolfenstein).

Un échantillon des publications édifiantes de Shawn Beauvais Macdonald sur Facebook en 2017.

Au printemps 2018, après la publication dans The Gazette d’une série d’articles sur Gabriel Sohier Chaput et le groupe Alt-Right Montreal (articles appuyés en grande partie sur le travail d’enquête de militant·es antifascistes), une campagne d’affichage sauvage est organisée dans le quartier NDG pour exposer SBM et son camarade Vincent Bélanger Mercure à la communauté. SBM est aperçu le lendemain en train d’arracher frénétiquement les affiches portant sa photo et ses coordonnées personnelles.

Lors des élections fédérales de 2019, SBM sert de garde du corps au candidat indépendant dans LaSalle-Émard-Verdun, Julien Côté Lussier, un employé d’Immigration Canada qui mène une double vie comme idéologue nationaliste blanc (il est notamment porte-parole d’ID Canada) et éminence grise du milieu Alt-Right local, où on le connaît sous le pseudonyme « Passport ».

Shawn Beauvais MacDonald sert de de garde du corps au candidat nationaliste blanc Julien Côté Lussier, à Verdun, le 19 octobre 2019.

Les années pandémiques

Durant la pandémie de COVID-19, on retrouve SBM sur la plateforme Telegram, où il sévit encore sous le pseudonyme « FriendlyFash ». Au moment d’écrire ces lignes, la « légende » de son profil est « Meine Ehre heißt Treue » [mon honneur s’appelle fidélité], soit la devise des SS. SBM est notamment actif dans le salon de discussion du groupuscule suprémaciste blanc local White Lives Matter Québec (WLM). On le retrouve ainsi avec d’autres membres de ce groupe dans une manifestation anti-mesures sanitaires à Montréal, le 22 janvier 2022.

Shawn Beauvais MacDonald dans la manifestations antisanitaire du 22 janvier 2022, avec d’autres membres du groupe White Lives Matter Québec.

En mars 2022, il discute dans le même clavardoir avec un autre indécrottable nazi, Sylvain Marcoux, au sujet du procès pour incitation à la haine de son ancien camarade Gabriel Sohier Chaput. Il fait aussi la promotion du réseau « Active Club » (AC), l’héritier direct du Rise Above Movement (RAM), affirmant explicitement la nécessité de développer une sorte de club de combat néonazi militant en vue de la guerre raciale à venir. SBM avait d’ailleurs déjà exprimé son soutien au fondateur du RAM et père spirituel des AC, Robert Rundo. Le Frontenac Active Club (section québécoise du réseau) voit d’ailleurs le jour à partir du groupe de discussion WLM Québec… Nous savons que le jeune Raphaël Dinucci, alias « Whitey », qui a sans doute subi l’influence directe de SBM, est aujourd’hui l’administrateur de la chaîne Telegram WLM Québec et un militant principal du Frontenac Active Club.

Shawn Beauvais MacDonald débat avec le néonazi Sylvain Marcoux au sujet de son « ancien chum », Gabriel Sohier Chaput.

Nous n’avons pas la preuve directe de l’implication de SBM dans le projet Frontenac AC, mais il est raisonnable de l’inférer, ne serait-ce que par ses publications passées. Il en est certainement une espèce de « parrain ». Un autre indice de sa participation est survenu le 21 avril 2023, lorsque des autocollants Frontenac AC sont apparus dans le Village de Montréal à la veille d’un événement antifasciste organisé juste à côté. Le soir même de l’événement, SBM a eu l’idée saugrenue de se pointer seul au bar Yer Mad, un établissement bien affiché à l’extrême gauche et proche du milieu antifasciste, sans doute dans le but d’en intimider la clientèle. Au lieu de cela, il en a été sorti sans ménagement par des antifascistes arrivés sur place peu après.

Des collants du Frontenac Active Club ont été collés dans le Village de Montréal en avril 2023, à la veille d’un événement antifasciste organisé à deux rues de là. Nous soupçonnons Shawn Beauvais MacDonald d’avoir participé à cette action.

Récemment…

SBM a régulièrement été croisé dans les rues de Montréal dans les derniers mois, systématiquement affublés de symboles néonazis, dont une épinglette de totenkopf qu’il porte au revers du col de son manteau. Quand il est reconnu, il réagit habituellement par la provocation, profitant de son physique imposant, en faisant des yeux méchants et en roulant des mécaniques comme un décérébré.

Shawn Beauvais MacDonald a fait l’objet de cette publication sur la page Facebook de Montréal Antifasciste en février 2021.
Cette photo de Shawn Beauvais MacDonald nous a été envoyée par un sympathisant le 15 novembre 2023, soit moins de deux semaines avant la publication du présent article.

Récemment, SBM a été aperçu dans des manifestations organisées en solidarité avec la population de Gaza visée par la dernière opération de nettoyage ethnique menée par l’État d’Israël. Il importe de noter qu’il semble s’y présenter seul et marche dans la foule sans interagir avec quiconque, ce qui laisse croire qu’il n’a aucun contact réel avec le mouvement pro-Palestine. C’est dans ce contexte qu’il a notamment publié sur Instagram une longue diatribe antisémite après la manifestation du 13 octobre au centre-ville de Montréal… qu’il a modifié plus tard pour en ôter le passage explicitement raciste à l’égard des arabes. Il a d’ailleurs aussi changé son nom de compte Instagram de « FriendlyFash88 » à « Awakened_amalekite » (référence biblique aux ennemis du peuple israélite), dans la semaine du 20 novembre, c’est-à-dire tout récemment. (Il conserve toutefois le pseudo « FriendlyFash » sur Telegram, auquel il a acollé un icône nazi dans les derniers jours.)

Shawn Beauvais MacDonald a publié une diatribe antisémite sur son compte Instagram le 14 octobre 2023, au lendemain d’une manifestation de solidarité avec la Palestine. Notons qu’il a pris le temps d’éditer son commentaire pour en retirer un passage raciste et arabophobe.
Shawn Beauvais MacDonald a changé le nom de son compte Instagram dans la semaine du 20 novembre, soit environ une semaine avant la publication du présent article.
Shawn Beauvais MacDonald conserve le pseudo « FriendlyFash » sur Telegram, qu’il agrémenté d’un logo nazi dans les jours précédant la publication du présent article.

Il a été vu à nouveau dans la manifestation du 4 novembre, et cette fois-ci le service d’ordre de la manifestation l’en a expulsé à l’instigation de camarades antiracistes. Il a été vu et confronté à nouveau le 11 novembre, puis perdu de vue dans la foule. C’est en partie pour cette raison que nous avons voulu produire le présent article : pour communiquer à la communauté élargie et aux forces vives du  mouvement de solidarité avec la Palestine l’intention de ce néonazi d’infiltrer leurs rangs. Il est hors de question que l’on permette aux adversaires du mouvement d’exploiter la présence de ce bozo isolé pour diaboliser le mouvement en entier. Il doit être expulsé sur-le-champ, et systématiquement, à chaque tentative d’infiltration des espaces de solidarité avec la Palestine.

Soyons parfaitement clairs : Shawn Beauvais-Macdonald est un suprémaciste blanc et un néonazi, jusqu’à ce jour. Il se fait encore voir en public orné de symboles néonazis; il n’est donc absolument pas raisonnable de croire qu’il est réformé, et toute prétention en ce sens devrait se heurter à une fin de non-recevoir. Il ne peut et ne doit être toléré dans aucun espace inclusif.

Multiplions les tracasseries…

Depuis qu’il est apparu sur le radar de la communauté antifasciste montréalaise, SBM a connu une série de revers et de désagréments. Il a d’abord perdu des emplois quand sa participation aux manifestations de Charlottesville a été révélée. Des affiches exposant ses activités ont été posées dans son quartier, il a reçu la visite d’antifascistes à son domicile (2045 rue Elmhurst, Notre-Dame-de-Grâce), puis des tracts le dénonçant ont été distribués au Centre intégré de mécanique, de métallurgie et d’électricité (CIMME), où il a été brièvement inscrit en 2019.

Shawn Beauvais MacDonald a reçu la visite d’antifascistes à son domicile en 2018; le drapeau nazi qui lui servait de rideau de salle de bain lui a été confisqué.
Ces tracts présentant Shawn Beauvais MacDonald ont été distribué au Centre intégré de mécanique, de métallurgie et d’électricité (CIMME), où il a été brièvement inscrit en 2019.

Actuellement, nous savons que SBM s’entraîne régulièrement au Nautilus Plus de LaSalle (il fréquentait auparavant le Nautilus Plus du centre-ville). Des sympathisant·es nous communiquent régulièrement des renseignements à son sujet, notamment sur les lignes de bus où il est régulièrement aperçu. Nous n’avons bien sûr pas l’intention de le laisser tranquille. Si vous avez d’autres renseignements utiles à nous communiquer, notamment sur l’emploi actuel de Shawn Beauvais MacDonald, n’hésitez pas à nous joindre à alerta-mtl@riseup.net.

Pas de fachos dans nos quartiers, pas de quartiers pour les fachos!

Compte-rendu de la contre-manifestation du 21 octobre à la défense de la jeunesse trans

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Nov 272023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Samedi le 21 octobre à Montréal, un face-à-face entre une coalition de conservateurs religieux transphobes et une contre-manifestation en défense des jeunes trans prenait place. TL;DR: la défense trans a gagné. 

Cet événement présenté comme une journée d’action pan-canadienne par « 1 Million March for Children », avec le groupe « Ensemble pour protéger nos enfants » (qu’on appellera EPPNE dans la suite du texte) en tête d’affiche du rassemblement à Montréal, se voulait la suite des affrontements du 20 septembre devant l’Université McGill. Cette journée là, une foule surprenamment impressionnante surtout composée de familles musulmanes avec des enfants tenant des pancartes disant « J’appartient à mes parents » en criant des slogans transphobes et des insultes homophobes, avait confronté une contre-manifestation mal préparée et avait réussi à marcher dans le centre-ville de Montréal. Ceci laissant les defenders trans et leur camarades queers et anti-fascistes secoué-es.

EPPNE avait cette fois appelé à une manifestation devant le 600 Fullum, l’adresse du Ministère de l’éducation du Québec, à qui ils adressaient une liste de demandes concernant les curriculums scolaires – ce qui était en fait un prétexte d’exposer leur transphobie sans bornes. On recommande de voir Montréal Antifasciste et P!nk bloc pour des perspectives plus détaillées sur le contexte politique émergeant, incluant l’impact de la guerre au Moyen-Orient (apparemment ceux qui appellent à un génocide peuvent être divisées en ce qui en concerne un autre). Ce compte-rendu met l’accent sur la dimension tactique de ce qu’on a observé le 21.

La manifestation de EPPNE était appelée pour 11h, et la contre-manifestation pour 10h, avec l’intention d’occuper l’endroit en premier. Comme on aurait pu le prédire, un petit groupe dédié a dû arriver vers à peine 8h pour nous permettre d’occuper la rue devant le 600 Fullum et de laisser aux organisateurs d’EPPNE, arrivés à 8h15, seulement un petit bout de gazon entre le côté sud du building et la piste cyclable qui longe l’autoroute. Une douzaine de policiers étaient déjà sur place et avaient délimité un périmètre dans le cul-de-sac à la fin de Fullum avec du ruban, pour créer une zone tampon entre les deux groupes. Ils ont informé les contre-manifestant-es que de traverser le ruban serait considéré un acte criminel. 

Si on s’était réuni-es devant les bureaux du Ministère de l’éducation, ce n’était par pour défende ce système d’éducation qui, en règle générale, veut faire des enfants, de tous les genres et orientations sexuelles, des sujets dociles pour le projet colonialiste capitaliste, et des citoyen-nes obéissant-es face à l’autorité, des travailleurs et des consommateurs ayant le droit de poser quelques questions mais pas trop. Au contraire, on visait à occuper l’espace où les transphobes voulaient s’installer pour leur refuser la visibilité qu’ils veulent et démontrer que nous serons sur leur chemin peu importe où ils tentent s’organiser publiquement. 

Les deux côtés sont arrivés à une scène qui avait été couverte de graffitis antifascistes, pro-trans et pro-Palestine la nuit précédente, avec l’édifice du Ministère, la machinerie lourde et les murs à côté couverts de tags tels que « YOUTH LIBER(A)TION [&] TRANS LIBER(A)TION NOW!”, “Dykes for Palestine” et “Fuck transphobes”. Avec l’installation rapide de cinq tentes à auvent directement devant le 600 Fullum, servant de point de réunion logistique et d’abris de la pluie pour les contre-manifestant-es, il ne pouvait être plus clair qui était en contrôle de l’espace que les transphobes voulaient occuper, et que notre lutte dépasse la défense libérale d’un ordre social tolérant.

Nos nombres ont augmenté graduellement, puis rapidement à l’approche de 10h. L’arrivée d’un camion de son (quelques speakers puissants attachés à un pickup) ont aidé à créer une atmosphère festive. Les camarades arrivant étaient assigné-es à une ou l’autre des unités mobiles, chacune ayant un code de couleur ; rose et noir (les personnes à mobilité réduite ou qui le souhaitaient pouvaient aussi rester au point de réunion). 

En ce qui concerne les caméras des médias de masse: un cameraman de CTV News a été aperçu se promenant à travers la foule devant le 600 Fullum, filmant des contre-manifestant-es de très près. Les guidelines publiées avant le 21 encourageaient les participant-es à porter des masques et à surveiller les médias de masse et les livestreamers, mais nous n’avions pas planifié de nous assurer que les journalistes ne puissent pas explorer nos infrastructures, dans des lieux où certain-es pourraient avoir des conversations privées ou enlever leur masque pour manger ou boire. Des camarades ont pris l’initiative de confronter l’équipe de CTV et de physiquement les escorter hors de notre foule après qu’ils aient refusé nos demandes verbales de quitter. Bien que des bannières et des parapluies peuvent fonctionner contre des médias approchant une ligne solide, nous devons aussi pouvoir repousser ceux qui font leur chemin à travers notre foule, notamment dans les lieux où nous accueillons les nouvelles personnes arrivant. Nous pensons qu’une équipe dédiée à ce travail serait la meilleur approche dans le futur.

Autour de 9h30, l’unité rose s’était déplacée vers le nord sur Fullum pour bloquer la rue en haut du bloc, juste au sud de Sainte-Catherine. Iels allaient maintenir cette position en laissant les nouvelles personnes se joindre à la contre-manifestation et en bloquant l’accès aux transphobes, et ce pour le restant de l’action. Puisque cette intersection était le principal point d’accès pour toute personne arrivant du métro Papineau ou des stationnements sur rue un peu plus haut, le blocage de l’unité rose a permis avec succès de détourner un bon nombre de manifestants anti-trans, qui ont quitté en pensant que la manifestation de EPPNE avait été annulée ou complètement submergée par la contre-manifestation.

Un peu après 11h, l’unité noire a tenté de contourner les lignes policières qui protégeaient les anti-trans au bas de Fullum. Après avoir tourné à gauche sur Sainte-Catherine, il y a eu une altercation avec un fasciste solitaire portant un t-shirt « Kill All Pedophiles », qui a fini par terre. L’unité noire, d’une centaine de personnes protégées par plusieurs bannières de côté, s’est déplacée à l’ouest sur deux blocs, puis a tourné vers le sud sur De Lorimier, avant d’être empêchée de tourner à l’est sur René-Lévesque en direction des EPPNE par une ligne de policiers anti-émeute. Durant 45 minutes, iels ont occupé l’intersection de De Lorimier et René-Lévesque, sans pouvoir s’approcher davantage des transphobes, mais du moins en bloquant un autre accès à partir du métro vers leur point de rencontre, et en bloquant leur possibilité de marcher vers le Village gai et le centre-ville (les organisateurs d’1MM4C avaient appelé à marcher à 13h).

En infériorité numérique d’environ 10 pour 1, sous une pluie constante, étant graduellement encerclés de contre-manifestant-es et voyant leur route de marche vers le centre-ville bloquée, la foule de EPPNE était visiblement démoralisée. Certains ont exprimé leur frustrations sur leur Facebook Lives, disant (et montrant) à leurs spectateurs que notre côté était bien mieux organisé et en leur reprochant de n’être pas venus. Un d’eux a remarqué sur Whatsapp que leur adversaires sont « seulement 0,33% de la population, mais très intelligents et malveillants ». Et on ne peut que le prendre comme un compliment.

À l’approche de midi, l’unité noire a rencontré un groupe de renforts au coin de Sainte-Catherine et De Lorimier, et a commencé à se déplacer encore une fois vers le sud, avec un plan en tête. Rendu à René-Lévesque, un contingent s’est arrêté et a fait face à la ligne de policiers anti-émeute comme plus tôt, les forçant à rester en place, pendant que le reste du groupe, environ 100 personnes, continuait vers le sud avant de couper à l’est entre deux bâtiments. Malgré que ces mouvements soient ralentis par une certaine confusion générale, le SPVM a semblé désemparé pour la première fois de la journée, puisque leur plan de protection des manifestants anti-trans risquait de tomber à l’eau. Des camionnettes de police ont accéléré au coin de rue et une demi-douzaine de policiers anti-émeute se sont approchés, criant au contingent de rebrousser chemin. L’un deux a fait un spectacle de charger son fusil de balles de caoutchouc alors que d’autres brandissaient du poivre de cayenne. Cette intimidation leur a permis de bloquer la foule juste assez longtemps pour que d’autres policiers arrivent et les aident à former une meilleure ligne. Espérons que ces expériences de coordination en rue vont nourrir notre imaginaire tactique et nous aider à être encore mieux préparé-es la prochaine fois.

La carte suivante montre la position finale des transphobes, des contre-manifestant-es et de la police:

Peu après, quand l’unité noire s’est regroupée sur De Lorimier, la nouvelle s’est repandue que le EPPNE avait appelé à la dispersion de leur manifestation, confirmant ainsi leur défaite en ne tentant même pas de marcher et en ayant à expliquer à leur supporteurs comment quitter la zone en sécurité.

Il y avait tellement d’activité des contre-manifestant-es en différents points couvrant plusieurs blocs du quartier, le 21, qu’il serait impossible d’en faire un résumé complet, mais nous voulons remercier spécifiquement celleux qui ont assuré la livraison de nourriture et qui l’ont servie, et tou-tes celleux qui ont tenu des bannières pendant des heures.

Bien que la logique des contre-manifestations nous positionne sur la défensive, notre intuition nous laisse croire que nous pouvons dépasser une position purement réactive – qu’on a quelque chose à gagner – quand on s’organise sur une base de solidarité et qu’on compte sur nous-mêmes, plutôt que sur les médias, la loi ou la police.

À une prochaine fois,
– des anarchistes

Nuit du démon contre les proprios

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Nov 172023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

La nuit du démon est traditionnellement un moment de malice et d’activité subversive, saisissant de peur l’ordre des choses et leurs protecteur·ices. Cette nuit là, durant la fin de semaine précédant Halloween, nous avons pris la forme de créatures maléfiques et avons décidé de hanter le manoir du haut Westmount appartenant au patron de l’immobilier Stephen Shiller. Stephen représente la moitié de la compagnie Shiller Lavy et son fils Brandon Shiller dirige Hillpark Capital. Ces firmes sont responsables de la rénoviction et de l’augmentation abusive des loyers pour de nombreux·ses locataires à Montréal ces dernières années, mettant à la rue des centaines de personnes.

L’action était simple, n’importe quel petit fourbe pourrait le faire : nous avons inséré un boyau d’arrosage laissé dehors dans la fente à courrier de la porte avant puis allumé l’eau, avant de disparaître dans la nuit.

Nous invoquons d’autres dans la lutte contre le projet de loi 31 à joindre les incantations des paroles anti-proprios à des rituels nocturnes d’actions contre elleux.

Bien que nous ayons visé Stephen Shiller pour être un proprio particulièrement horrifiant, nous reconnaissons que l’autorité doit être lavée à grande eau partout où elle apparaît.

Des goules anarchistes

Affichage d’urgence dans les métros

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Nov 152023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Ce matin, une vingtaine de stations de métros ont été tapissées à travers la Ville.

Norman Laforce (1952-2023)

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Nov 042023
 

De Archives révolutionnaires

Le 5 octobre 2023, c’est avec une profonde tristesse que nous avons appris le décès de notre ami et camarade, le militant Norman Laforce (1952-2023). Norman était un ami fidèle, sensible, bienveillant, un camarade dévoué, combatif, prêt à tout donner. C’est en sa mémoire que nous présentons cet article biographique à son sujet : pour que ses engagements ne soient pas oubliés et qu’ils servent d’inspiration aux jeunes générations.

Norman est né dans le quartier populaire de Jacques-Cartier à Longueuil le 25 mars 1952. Mis au monde par le médecin militant Jacques Ferron, il fréquente la même école que Paul et Jacques Rose, futurs membres du Front de libération du Québec (FLQ). Au début des années 1960, la famille de Norman déménage dans l’État New York, d’abord dans un quartier populaire de la métropole puis dans la ville de Corning où il fréquente la Corning Painted Post West High School qu’il délaisse pour travailler. Norman a rapidement été conscient de l’injustice qui fonde notre monde. À l’adolescence, sa réflexion se consolide par la lecture du Rat Subterranean News, un journal contre-culturel adoptant des positions anti-capitalistes, pacifistes et écologistes.

De retour à Montréal, Norman structure de plus en plus sa pensée au contact des mouvements marxistes en pleine ascension. En tant que plombier (et plus tard déménageur), il constate quotidiennement la pauvreté dans les appartements dont il doit s’occuper. D’ailleurs, il fait régulièrement des travaux gratuitement pour ses voisin·e·s pauvres ayant des propriétaires négligents. Norman acquiert ainsi une conviction durable comme quoi le système capitaliste entraîne une lutte des classes qui oppose la bourgeoisie au prolétariat. Dans le but de faire avancer la cause du peuple, Norman s’investit dans les années 1970 au sein du Rassemblement des citoyens de Montréal (RCM), étant même candidat au poste de conseiller municipal à l’élection de 1978.

Au tournant des années 1980, Norman s’intègre de plus en plus à la scène punk et skinhead émergente de Montréal. Il participe à l’organisation de concerts locaux (Genetic Control, SCUM) et de groupes internationaux (dont Angelic Upstarts et Dead Kennedys), assure la sécurité dans les spectacles et compose quelques chansons. En plus de son implication musicale, Norman assume le leadership d’une bande de skinheads d’extrême gauche – les East End Skins – afin de combattre manu militari les groupes fascistes qui apparaissent dans la métropole. C’est ainsi qu’à la fin des années 1980 et au début des années 1990, Norman devient un des piliers de la lutte anti-fasciste à Montréal. Il mène ce combat avec succès, notamment contre l’éphémère section montréalaise du KKK dirigée par Michel Larocque. Grâce à ses nombreuses contributions à la scène musicale et au combat anti-fasciste, Norman continuera d’entretenir de forts liens de camaraderie avec les Red and Anarchist Skinheads (RASH) de Montréal et d’ailleurs. Il est salué personnellement par Roddy Moreno, chanteur de The Oppressed, lors du passage du groupe à Montréal en décembre 2021.

De gauche à droite : Norman Laforce en 2019, vers 1982 et en 2022.

Norman contribue aussi grandement aux luttes des locataires des années 1990 jusqu’à son décès en 2023. Il est membre du Comité logement Ville-Marie où il intègre le conseil d’administration de 2012 à 2014, et participe au POPIR Comité Logement dont il est vice-président en 2016, tout en écrivant pour son journal Le Canal. Il s’implique en sus au Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), au Comité logement du Plateau Mont-Royal, au Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) dont il est président aussi en 2016 et, enfin, au Regroupement information logement (RIL). Installé dans Pointe-Saint-Charles depuis 2013, Norman participe aux mobilisations pour que la communauté récupère les terrains et la bâtisse qui deviendront le Bâtiment 7 (B7). Lorsque nous obtenons gain de cause en 2017, Norman poursuit son implication dans les différents cercles du B7, à l’épicerie communautaire Le Détour et au regroupement Action-Gardien. Ces dernières années, il était au cœur du grand projet communautaire qu’est le B7.

Au fil du temps, Norman évolue du marxisme à l’anarchisme « lutte de classes » qu’il découvre dans les années 1980 grâce au livre L’anarchisme (Daniel Guérin, 1965). Norman s’investit beaucoup dans le mouvement montréalais, faisant régulièrement des permanences à la librairie L’Insoumise puis à la Bibliothèque DIRA (toutes deux situées sur la rue Saint-Laurent). Il assume deux mandats comme membre du conseil d’administration de l’Association des espèces d’espaces libres et imaginaires (AEELI) qui gère le bâtiment abritant ces deux « institutions ». Norman donne des ateliers lors de plusieurs Salons du livre anarchiste de Montréal et aide diverses initiatives militantes révolutionnaires. Il mène plusieurs actions conjointement avec la branche montréalaise du Industrial Workers of the World (IWW), dont il devient officiellement membre en 2014.  Pour souligner sa longue implication dans la défense de la classe ouvrière, la branche le nomme « membre à vie » en 2019 ; Norman est la première et seule personne ayant obtenu ce statut honorifique à ce jour.

De gauche à droite : le Bâtiment 7 en deuil, 6 octobre 2023 ; Norman en 2022 ; graffiti-hommage, octobre 2023.

Norman participe aussi à l’Association pour la liberté d’expression (ALE), dont il sera président, qui met sur pied la Commission populaire sur la répression politique (CPRP) en 2014-2015. L’objectif est de documenter et dénoncer les abus policiers, et le projet débouche sur la publication de l’ouvrage collectif Étouffer la dissidence. Vingt-cinq ans de répression politique au Québec (Lux, 2016). En 2017, il cofonde le Collectif d’éducation et de diffusion anarcho-syndicaliste (CÉDAS) qu’il anime jusqu’en 2021, traduisant la brochure La libération queer est une lutte de classe. Dans les dernières années, Norman a consacré beaucoup de temps et d’énergie aux luttes LGBTQ+, notamment à la défense des droits des personnes trans. Peu avant son décès, il a joint le Comité queer de Pointe-Saint-Charles à titre d’homme bisexuel pro-transidentités. Il cherchait toujours une manière de lier les luttes afin qu’ensemble, nous puissions détruire le capitalisme et instaurer une société égalitaire. Enfin, que ce soit contre l’extrême droite, au sujet du logement, pour le 1er Mai (Journée internationale des travailleuses et des travailleurs), pour des actions de désobéissance civile ou contre la répression, Norman a participé à des centaines de manifestations partout au Québec : il était littéralement de tous les combats.

Depuis 2018, Norman a contribué au collectif Archives Révolutionnaires, en achetant des ouvrages pour le collectif, en numérisant des archives et en éclairant nos lanternes sur les luttes passées. Il était plus qu’un compagnon de route pour nous : c’était un véritable ami. La collaboration devait se poursuivre puisque Norman voulait faire des permanences à notre local, mais la mort en aura décidé autrement. Atteint de la maladie de Forestier et d’un cancer, Norman Laforce est décédé le 5 octobre 2023 à Pointe-Saint-Charles. Qu’importe, son esprit revendicateur continuera d’habiter notre projet et nous poursuivrons notre mission de documenter les luttes passées pour dynamiser les luttes actuelles. Longue vie cher ami, c’est maintenant à nous de continuer le combat pour l’égalité.

Intifada partout : Action directe au bureau de Mélanie Joly

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Nov 012023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Une bannière a été accrochée devant l’immeuble où se trouve le bureau de Mélanie Joly (225 Chabanel O., Montréal). De la peinture rouge a été versée, et la liste des noms des Palestinien.ne.s tué.e.s par le génocide israélien en cours à Gaza (produite par le ministère de la Santé de Palestine) a été laissée devant la porte de l’immeuble.

La déclaration suit.


Le Canada, à nouveau coupable de génocide

Certains disent que Gaza est la plus grande prison du monde. Nous sommes tout à fait d’accord avec cette description, bien qu’il s’agisse désormais d’un euphémisme, puisque Gaza est devenu un camp d’extermination. Bloquer l’eau, la nourriture, les médicaments, l’électricité, le carburant et l’internet à une population entièrement dépendante des importations et de l’aide internationale, tout en la bombardant, ne peut produire qu’un seul résultat. Vous pouvez éviter le mot autant que vous voulez, mais la réalité est la suivante : le gouvernement israélien commet un génocide, au vu et au su de tous, Mélanie Joly, Justin Trudeau et le reste des invertébrés parasites qui sont censés représenter notre volonté et nos intérêts.

Le réseau international de complicité

Au moment où cette déclaration sera publiée, la dernière phase du génocide aura tué plus de 10 000 Palestiniens. Ce chiffre inclut des familles entières, des enseignant.e.s, des médecins, des journalistes, des étudiant.e.s, des chauffeurs, des infirmières, des vendeurs de rue, des artistes, etc. L’État colonial israélien teste chaque jour le seuil mondial des crimes contre l’humanité. Le Canada n’est peut-être pas celui qui largue un millier de bombes par jour à Gaza, ou qui distribue des fusils d’assaut à des colons déterminés à annexer et à abattre des familles. Cependant, Israël ne serait pas en mesure de le faire sans le soutien indéfectible des États impérialistes du “Nord global”. Israël n’existerait même pas aujourd’hui s’il n’était pas continuellement armé, financé et légitimé par les puissances impérialistes d’Europe, certaines de leurs anciennes colonies comme le Canada et l’Australie, et l’empire hégémonique des États-Unis.

Liée militairement par l’OTAN et économiquement par des accords commerciaux et des forums tels que le G7, cette coalition impériale entretient son alliance avec l’État fasciste d’Israël afin de conserver une forteresse militaire dans cette région historiquement stratégique. Cette alliance est cruciale pour la stratégie de déstabilisation mise en avant par les États-Unis, qui cherche à empêcher les peuples et les États de la région hostiles à l’hégémonie américaine de s’unir dans une lutte anti-impérialiste. Israël est essentiel à l’empire américain, qui est essentiel à la puissance canadienne. Les médias dominants, détenus par des conglomérats capitalistes ou des États, travaillent main dans la main avec cette coalition pour légitimer le nettoyage ethnique des Palestiniens en diffusant le discours fasciste déshumanisant du gouvernement israélien.

Solidarité internationale : Agir ici et maintenant !

Nous saluons celleux qui ont défilé dans les rues, bloqué les bureaux gouvernementaux et les fabricants d’armes, et exprimé leur solidarité sur les murs et les fenêtres de cette triste, triste, triste putain de ville construite sur des terres volées. Cependant, nous sommes convaincu.e.s que nous ne sommes pas les seul.e.s à être déçu.e.s et frustré.e.s par la passivité et le retard de nos camarades d’extrême gauche à prendre des mesures transformatrices contre le génocide en cours. Nous déplorons également les déclarations publiées par des organisations de gauche telles que [caviardé] qui ont mis sur un pied d’égalité la violence des colonisé.e.s et celle des colonisateurs.

Tout en comprenant la menace de violence à laquelle les militants sont confrontés de la part des puissantes forces sionistes internationales, nous puisons notre courage auprès de nos camarades en Palestine qui sont en première ligne de cette violence génocidaire et coloniale. Ils nous appellent à la solidarité. Le moment est venu de répondre à leurs appels à l’action sans hésitation. La solidarité n’est pas un slogan ni un hashtag. La solidarité se matérialise par l’action. S’abstenir de répondre rapidement et avec force aux appels à la grève, à la protestation, au sabotage et au boycott venant de Palestine, c’est donner un laissez-passer à “nos” gouvernements dans leur soutien inconditionnel à Israël.

Paix coloniale ou lutte de libération ?

La paix n’est pas l’absence de conflit ; la paix est la présence de la justice. La justice en Palestine, tout comme au Canada, signifie la décolonisation. Ce processus matériel implique que les colonisé.e.s récupèrent leurs terres, qu’iels puissent jouir du droit au retour et qu’iels obtiennent des réparations, ce qui, malheureusement pour nos alliés libéraux autoproclamés, signifie que la violence fera inévitablement partie du processus. Certes, abattre des “non-combattants” israéliens peut être critiqué d’un point de vue humaniste et stratégique. Néanmoins, nous devons garder à l’esprit qu’Israël est un État colonial de settlers dans lequel chaque citoyen.ne doit suivre une formation et un service militaires. Les “civils” d’Israël sont littéralement né.e.s pour servir un projet de nettoyage ethnique. Une population soumise quotidiennement à l’humiliation, à la répression de l’État et des colons, à la pauvreté artificielle, à l’apartheid et à la dépossession des terres, ne peut être tenue à un niveau moral plus élevé que celui de l’État fasciste israélien. Un cessez-le-feu, bien que nécessaire dans l’immédiat, n’est pas en soi une solution à long terme pour la population de Gaza ou de la Palestine.

Nous défendons une Palestine libérée, de la rivière à la mer.

En tant que citoyens de l’État colonial colonisateur du Canada, notre tâche immédiate n’est pas de délibérer sur la légitimité de l’opération Al-Aqsa Flood, mais plutôt d’aider la lutte palestinienne pour l’autodétermination en frappant le réseau international de complicité d’Israël. Cela implique de renverser nos propres États impérialistes, d’attaquer nos gouvernements et de bloquer la production capitaliste et l’exportation de marchandises vers Israël. Les fabricants d’armes qui alimentent le génocide du peuple palestinien par Israël doivent être bloqués, détruits et couverts de honte. Vous pouvez trouver les fabricants les plus proches de chez vous sur Worldbeyondwar.org (voir leur campagne “Canada : Stop Arming Israel”).

Demander l’application du droit international ou humanitaire est une entreprise sans espoir. Tant que les États-Unis et leurs laquais comme le “Canada” resteront les puissances dominantes d’un ordre international fondé sur le capitalisme et l’impérialisme, le nettoyage ethnique des Palestinien.ne.s se poursuivra, quels que soient les millions de personnes qui le dénoncent. Il ne s’agit pas d’une opinion, mais d’une simple description de la situation actuelle. Seul un soulèvement populaire et international, utilisant des moyens militants et des méthodes conflictuelles, a le potentiel de renverser le réseau international de complicité. Telle est notre solidarité.

Solidarité pour toujours, intifada partout.

Des voitures qui sont aussi des caméras : un bref aperçu des fonctions de surveillance des Tesla, et des conseils pour l’attaque

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Oct 152023
 

Du No Trace Project

La plupart des gens s’attendent à être filmé·e·s lorsqu’iels se promènent dans les rues du centre-ville, qui sont souvent truffées de caméras de surveillance classiques, telles que les caméras dômes, les caméras cylindriques ou les nouvelles caméras PTZ (Point, Tilt, Zoom) télécommandées. Auparavant on s’attendait moins à ce type de caméras dans les quartiers résidentiels, où l’on trouve désormais de plus en plus de systèmes de surveillance domestique comme les sonnettes connectées Ring d’Amazon ou les caméras Nest de Google. Les services de police ont profité de la popularité croissante de ces dispositifs pour conclure des accords avec les entreprises qui les gèrent afin de les intégrer directement dans les réseaux de surveillance existants et d’accéder aux données à l’insu ou sans l’autorisation du propriétaire de la caméra. Certaines sonnettes connectées permettent également une surveillance audio : les sonnettes Ring d’Amazon, facilement reconnaissables à leur cercle lumineux menaçant, peuvent apparemment capter le son d’une conversation à une distance maximale de 7 ou 8 mètres. Ring s’est associé à plus d’un millier de services de police à travers les États-Unis. Certains services de police ont même mis en place des programmes expérimentaux leur permettant de visionner en direct et en continu les images des sonnettes connectées des habitants.

Si le développement rapide des systèmes de surveillance domestique, comme les sonnettes connectées, a été largement constaté et attaqué par des anarchistes, le développement tout aussi rapide des systèmes de surveillance embarqués à bord de véhicules a été moins abordé.

Depuis longtemps, les voitures sont au centre de nombreuses arrestations marquantes d’anarchistes. La plupart des grandes villes ont investi dans des lecteurs automatiques de plaques d’immatriculation (LAPI) en bord de route, et de nombreux véhicules de police sont équipés de LAPI sur leur tableau de bord, qui lisent, enregistrent et recherchent chaque plaque d’immatriculation dans diverses bases de données. Le No Trace Project a minutieusement documenté les nombreux types de balises et de dispositifs d’écoute que les polices du monde entier ont installés dans des véhicules d’anarchistes. Même sans être surveillées de cette manière, presque toutes les voitures modernes sont équipées de systèmes qui enregistrent les déplacements (et bien d’autres choses encore) et qui peuvent être facilement consultés par les forces de l’ordre. Aux États-Unis, la plupart des constructeurs automobiles fournissent régulièrement des informations sur les véhicules aux forces de l’ordre sans citation à comparaître ni mandat. La grande majorité des voitures vendues aux États-Unis ces dernières années sont équipées de modules télématiques qui transmettent des informations, y compris des informations de localisation, directement aux serveurs du fabricant pour un stockage à distance. D’autres informations peuvent être extraites en accédant physiquement au véhicule cible : un outil vendu par la société américaine Berla peut récupérer l’historique complet de la localisation d’un véhicule, ainsi que les listes de contacts, l’historique des appels, les SMS, etc. de tout téléphone connecté au système d’infotainment (“infodivertissement”) de la voiture.

Les voitures, en particulier les véhicules récents dotés de systèmes informatiques intégrés, savent tout sur leurs utilisateur·ice·s et, par conséquent, sur les personnes qui les entourent. Tesla va encore plus loin en transformant les voitures en systèmes mobiles de vidéo-surveillance haute définition.

Chaque véhicule Tesla est équipé de caméras qui assurent une surveillance vidéo à 360 degrés autour du véhicule quand celui-ci se déplace. Il y a neuf caméras au total : huit orientées vers l’extérieur (trois orientées vers l’avant, deux sur les ailes, une caméra de recul et deux caméras latérales entre les vitres avant et arrière) et une orientée vers l’intérieur de l’habitacle. Les images enregistrées par ces caméras sont stockées localement sur une clé USB ou un autre dispositif de stockage connecté au système informatique central du véhicule, mais elles sont également envoyées aux serveurs de Tesla. Ainsi, Tesla propose une sauvegarde de (minimum) 72 heures de toutes les images enregistrées en cas de vol de la clé USB installée par le conducteur. Certains pays ont interdit aux Tesla de rouler à proximité de zones gouvernementales sensibles, comme la Chine et l’Allemagne, qui a interdit aux Tesla de rouler sur certains sites de la police berlinoise.

Les neuf caméras des Tesla enregistrent activement lorsque la voiture est en mouvement. Cependant, même lorsque la voiture est stationnée et éteinte, les caméras continuent souvent d’enregistrer. Tesla propose une fonction appelée “mode sentinelle” qui transforme la voiture stationnée en un système de surveillance capable de filmer dans toutes les directions. Ce mode doit être activé manuellement par le ou la propriétaire. Il utilise quatre des neuf caméras (une de chaque côté du véhicule), et le flux vidéo est accessible en temps réel via une application pour smartphone. Les caméras sont activées et une notification d'”alerte” est envoyée à l’application chaque fois que quelqu’un touche le véhicule ou que celui-ci bouge, mais elles s’activent aussi quand quelqu’un marche près du véhicule ou qu’un autre mouvement est détecté à proximité. Les vidéos sont envoyées sur les serveurs centralisés de Tesla en guise de sauvegarde. Même si les caméras ne se sont pas activées ou n’ont pas déclenché d'”événement sentinelle”, il est toujours possible de récupérer les images de tout ce qui s’est passé à portée de caméra dans un délai d’une heure (minimum) avant qu’elles ne soient effacées. Toutefois, les propriétaires de Tesla peuvent utiliser un programme accessible au public pour modifier leur système informatique et stocker tous les enregistrements indéfiniment.

Une Tesla endommagée lors d’une manif à Portland dans l’Oregon, aux États-Unis, en juin 2022.

Les caméras utilisées dans les Tesla sont fabriquées par Samsung, acteur majeur dans les secteurs de la technologie et de l’armement. Jusqu’à présent, la plupart ont une résolution de 1,2 mégapixel, mais à partir de 2023, certaines voitures seront équipées de caméras de 5 mégapixels qui sont nettement plus détaillées et plus précises en terme de couleurs. Les caméras frontales ont une portée de 250 mètres. Il est possible de mettre à jour les anciens modèles de Tesla en les équipant de matériel plus récent et de caméras plus performantes.

Il est déjà possible de récupérer les enregistrements vidéo des Tesla et de les soumettre à des programmes d’intelligence artificielle (IA) qui traitent automatiquement les visages et les plaques d’immatriculation. En 2019, lors d’une convention hacker, un intervenant a montré comment il pouvait utiliser sa Tesla, un mini-ordinateur relativement bon marché et des programmes accessibles au public pour créer un système permettant de repérer et de stocker tous les visages et plaques d’immatriculation à la ronde. Combiner des caméras de surveillance de haute qualité qui capturent des images à des programmes d’intelligence artificielle qui analysent automatiquement ces images n’est pas une chose du futur, c’est déjà là. Le système de sécurité domestique de Google, Google Nest, est équipé d’une fonction qui permet de repérer automatiquement les “visages familiers”, et de nombreux autres systèmes de sécurité grand public sont dotés de fonctions similaires. Bientôt, l’agent de sécurité qui surveille des dizaines d’écrans de télévision depuis une pièce sans fenêtre pourrait être complété, voire remplacé, par des systèmes de sécurité dotés d’intelligence artificielle qui apprennent à repérer automatiquement certains visages et comportements “suspects” et à alerter la sécurité. Le développement récent des réseaux 5G permet la connectivité sans fil et la vitesse de transfert de données nécessaires pour transmettre des vidéos en direct suffisamment détaillées des caméras de surveillance aux systèmes d’IA dans les data centers et les fusion centers[1] des forces de l’ordre.

Tout comme les sonnettes connectées sont devenues un atout majeur pour la police, les caméras des Tesla se sont déjà révélées être une source importante et de plus en plus recherchée d’éléments de preuve lors des enquêtes. Des images des Tesla, y compris de voitures Tesla stationnées en “mode sentinelle” (qui n’a été introduit par l’entreprise qu’en 2019), sont déjà apparues dans un certain nombre d’affaires aux États-Unis et ailleurs :

  • 2019 à Berkeley, en Californie : La vidéo d’une Tesla permet à la police d’identifier et d’arrêter une personne qui s’était introduite par effraction dans une voiture. Elle portait un bracelet électronique GPS au moment de l’effraction.
  • 2019 à San Fransisco, en Californie : Une Tesla est cambriolée et ses caméras capturent le visage et la plaque d’immatriculation du suspect, ce qui entraîne son arrestation.
  • 2020 à Springfield, dans le Massachusetts : L’enquête du FBI sur l’incendie raciste d’une église et sur d’autres crimes s’appuie sur les enregistrements d’une Tesla stationnée, qui montrent clairement le visage du suspect alors qu’il vole l’une des roues de la voiture.
  • 2020 à Stamford, dans le Connecticut : Deux personnes ont été arrêtées pour vol à main armée après que la police a récupéré des images d’une Tesla stationnée qui montrent la plaque d’immatriculation de la voiture qu’elles ont utilisée pour s’enfuir.
  • 2021 à Berlin, en Allemagne : Un engin explosif est placé et activé près d’un chantier de construction. La police berlinoise a utilisé la vidéo d’une Tesla garée à proximité pour identifier et arrêter un suspect qualifié d'”extrémiste de gauche”.
  • 2021 à Memphis, dans le Tennessee : Une Tesla stationnée enregistre des personnes en train de voler la roue d’une voiture voisine, et la vidéo est rendue publique par la police pour tenter d’identifier les suspects.
  • 2021 au Royaume-Uni : La police utilise la vidéo d’une Tesla pour retrouver et arrêter une personne ayant volontairement rayé sa carrosserie. La vidéo montre le visage et la plaque d’immatriculation du suspect.
  • 2021 à Riverside, en Californie : Une Tesla qui roulait sur l’autoroute a vu sa vitre brisée par un pistolet à billes. La police a utilisé les images de ses caméras pour identifier la voiture du suspect et procéder à une arrestation.
  • 2023 à San Jose, en Californie : Des transformateurs de PG&E[2] ont explosé lors de deux attaques distinctes, privant des milliers de personnes d’électricité. Une enquête menée par plusieurs agences aboutit à une arrestation, l’un des principaux éléments de preuve étant la vidéo d’une Tesla stationnée qui montre le suspect à proximité de la scène. Des données téléphoniques (sans doute obtenues grâce à un mandat geo-fence[3]) sont également utilisées pour identifier et arrêter un suspect.
  • 2023 à Bend, en Oregon : Dans le cadre d’une enquête sur un meurtre, la police lance un appel public aux propriétaires de Tesla pour qu’iels vérifient leurs vidéos de la journée et qu’iels recherchent une voiture en particulier.

Dans ces affaires et dans d’autres, les forces de l’ordre ont clairement souligné l’importance des vidéos des Tesla au cours de l’enquête :

“Si les gens n’avaient pas accepté de partager leurs vidéos de surveillance avec nous, nous n’aurions probablement pas pu progresser dans cette affaire, donc c’était essentiel.”

Chef adjoint de la police de San Jose, en Californie

“C’est celle-là qui l’a coincé et c’est pour ça qu’il a été arrêté.”

Officier de police montrant une caméra d’une Tesla

“C’est rare, mais on voie de plus en plus de ces caméras de surveillance [de Tesla] un peu partout maintenant et on est heureux de voir ça parce que c’est un outil de lutte contre la criminalité vraiment efficace.”

Porte-parole de la police de San Francisco, en Californie

“La technologie actuelle permet aux constructeurs automobiles comme Tesla de produire des enregistrements, qui ont bien sûr une énorme utilité pour la police lorsqu’il s’agit de faire la lumière sur des crimes ou des accidents de la route. Il serait négligent de ne pas profiter de cette opportunité.”

Président du Gewerkschaft der Polizei, un syndicat de la police allemande

Plus il y a de voitures Tesla sur les routes, plus le réseau de surveillance de l’État s’étend ; la prétendue ligne de démarcation entre “citoyen” et “flic” s’efface. La technologie de surveillance mise au point par Tesla est reprise par d’autres constructeurs automobiles et fabricants de pièces détachées. Une nouvelle fonction de BMW permet aux utilisateurs de générer un rendu 3D en direct des abords de leur voiture grâce à une application pour smartphone. D’autres entreprises ne sont pas en reste et annoncent des fonctions similaires au “mode sentinelle” de Tesla.

Station de recharge de véhicules électriques dont les câbles ont été sectionnés.

Que devraient retenir les anarchistes de tout ça ? Comment continuer à attaquer cet enfer panoptique sans se faire attraper ?

Lorsqu’on se préoccupe du risque de vidéo-surveillance, il faut désormais penser à vérifier la présence de véhicules Tesla en plus des sonnettes connectées et des systèmes de sécurité plus classiques. Il peut être possible d’éviter d’activer les caméras des Tesla stationnées en marchant de l’autre côté de la rue. Contrairement à tous les autres types de caméras de surveillance, les voitures stationnées ne se trouvent pas toujours au même endroit : une rue dépourvue de toute caméra visible un soir peut accueillir une Tesla le lendemain. Les caméras sur les voitures représentent donc un défi particulier lorsqu’il s’agit de planifier des itinéraires pour éviter la surveillance. Pour l’instant, aucun autre grand constructeur automobile ne semble intégrer des caméras de surveillance de manière systématique. La forme unique des Tesla permet donc de les identifier à distance et de les éviter (ou de les cibler !) plus facilement.

Malheureusement, il est souvent impossible d’éviter complètement le regard des caméras. Voici quelques techniques générales pour éviter d’être identifié par les caméras de surveillance : se couvrir entièrement de vêtements amples. Si les circonstances ne permettent pas de se couvrir les yeux avec des lunettes de soleil ou autres, il faut s’assurer que tout ce qui entoure les yeux reste caché. Les sourcils ont notamment tendance à apparaître au niveau du trou pour les yeux des masques, et peuvent être très révélateurs. Les vêtements utilisés, y compris les chaussures, ne doivent être portés qu’une seule fois et doivent être acquis d’une manière qui ne puisse pas remonter jusqu’à vous (attention aux caméras du magasin, à l’historique des transactions, etc.). Idéalement, les vêtements ne doivent pas comporter de logos ou de motifs uniques. Les vêtements doivent être jetés ou détruits immédiatement après, là encore par des méthodes non traçables et dans un lieu sans lien avec vous. L’analyse de la démarche, technique de criminalistique permettant d’identifier les caractéristiques uniques d’une manière de se mouvoir, pourrait être de plus en plus facilitée par l’intelligence artificielle ; envisagez de modifier votre façon de marcher lorsque vous êtes filmé·e. Des enregistrements vidéo montrant que des individus étaient gauchers ont également été utilisés par des enquêteurs pour identifier des suspects.

Il est préférable de s’éloigner le plus possible des caméras et d’éviter de se tourner directement vers elles. Le simple fait de détourner la tête du véhicule lorsque vous passez à côté peut aider à dissimuler votre visage. Même si vous portez un masque, les images en haute définition peuvent révéler des caractéristiques distinctives. Contrairement à la plupart des caméras de surveillance classiques, les caméras des Tesla sont placées sous la hauteur de la tête plutôt qu’au-dessus de la tête. Les parapluies, bords de chapeaux et capuches qui pourraient vous dissimuler efficacement face à une caméra installée en hauteur peuvent s’avérer inefficaces face aux angles bas d’une caméra de voiture.

Dans la plupart des arrestations impliquant des enregistrements de voitures Tesla, la personne a été identifiée à cause de sa voiture, et souvent à cause de la plaque d’immatriculation. L’existence de LAPI, d’autres caméras et de bases de données centralisées rend très difficile, et souvent impossible, de se déplacer en voiture sans laisser de traces. En revanche, les vélos n’ont pas de plaque d’immatriculation, sont beaucoup plus faciles à inspecter pour y chercher d’éventuels mouchards, sont faciles à voler ou à acheter pour pas cher puis à abandonner, et se sont révélés beaucoup plus difficiles à pister dans le cadre d’enquêtes policières.

Lors d’attaques contre des voitures Tesla ou des choses se trouvant à proximité, soyez conscient que vous êtes filmé et préparez-vous en conséquence. Avec un peu d’entraînement, les lance-pierres (ou autres projectiles) peuvent être utilisés efficacement à distance. Un poinçon planté dans le flanc d’un pneu peut facilement le dégonfler, et est plus silencieux qu’un couteau, mais les dommages sont plus faciles à réparer. Ce n’est pas très difficile de repérer les caméras des Tesla une fois que l’on s’est familiarisé avec leurs emplacements, et c’est facile de les recouvrir avec une bombe de peinture.

Certaines des techniques généralement conseillées pour les attaques incendiaires contre les voitures sont obsolètes ou inadaptées dans le cas des véhicules électriques. Les conseils sur l’emplacement d’un dispositif incendiaire supposent souvent l’existence d’un réservoir d’essence et d’un moteur à carburant inflammable. Dans le cas des véhicules électriques, et des Tesla en particulier, les principales parties inflammables de la voiture sont les pneus et la batterie lithium-ion, qui occupe le gros de la partie inférieure de la voiture, dans le châssis. Les pneus s’enflamment plus facilement, et certains allume-feu chimiques ou fusées éclairantes chauffant directement le pneu peuvent suffire. Pour cibler les batteries, le dessous de la voiture doit être suffisamment chauffé pour créer un effet d’emballement thermique dans les cellules de la batterie, ce qui peut être très difficile à éteindre et garantit presque la destruction totale de la voiture. De l’essence ou un accélérateur similaire concentré en un point sous la voiture est le moyen le plus efficace de générer rapidement suffisamment de chaleur pour enflammer la batterie. Il est déconseillé de briser les vitres de la voiture pour placer un engin incendiaire à l’intérieur, car cela augmente le risque d’être repéré (briser une vitre est bruyant !) et de laisser des traces d’ADN.

Extrait d’un communiqué de revendication d’un incendie à Francfort, en Allemagne, en 2023 : “Nous avons incendié quelques nouvelles Tesla à Francfort ce soir. En hommage aux manifestations de Munich. Une attaque parmi d’autres contre l’industrie automobile destructrice… Tesla est l’un de nos principaux ennemis. L’entreprise représente comme aucune autre l’idéologie du capitalisme vert et la destruction globale et coloniale en cours”.

La “révolution de la voiture électrique” continue de piller la terre par l’extraction des ressources, les voitures continuent de tuer et de mutiler massivement les animaux humains et non-humains, et les systèmes de surveillance et de contrôle continuent de se perfectionner et de s’étendre. Tesla, ainsi que d’autres fabricants de véhicules électriques, peut et doit être attaqué par les anarchistes. L’attaque peut avoir lieu à plusieurs niveaux : le réseau de stations de recharge est vulnérable au sabotage, les parcs de véhicules et les bâtiments peuvent être attaqués, et les voitures elles-mêmes peuvent facilement être endommagées ou détruites.

Six câbles à haute tension alimentant le site d’une “gigafactory” de Tesla ont été incendiés près de Berlin, en Allemagne, en mai 2021. Extrait traduit du communiqué : “Notre feu s’oppose au mensonge de la voiture écologique”.

Fuck Tesla. Fuck toutes les voitures et toutes les caméras. Mort à l’État. Rien que de l’amour pour tou·te·s les fauteuses de troubles anarchistes, les vandales et les créatures de la nuit. Frappez sagement et ne vous faites pas prendre !

Autres lectures et ressources pour les audacieuses :

Certains de ces liens contiennent des guides détaillés concernant des actions destructrices. Il est préférable de les consulter à l’aide de Tails ou de Whonix. Un guide d’installation et un lien pour télécharger Tails sont disponibles ici.


1. Note du No Trace Project (NTP): aux États-Unis, les fusion centers sont des centres de partage d’informations entre différentes agences fédérales et les agences de maintien de l’ordre locales.

2. Note du NTP : Pacific Gas & Electric Company (PG&E) est une entreprise de distribution d’électricité et de gaz en Californie, aux États-Unis.

3. Note du NTP : aux États-Unis, un mandat geo-fence (geo-fence warrant) est une autorisation délivrée par un tribunal permettant aux forces de l’ordre d’obtenir la liste des téléphones actifs dans une zone géographique donnée.

Une autre fin de ce monde est possible : La solidarité avec les peuples autochtones et le blocage des infrastructures extractives au Canada

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Sep 292023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Traduction de Infokiosques, première parution décembre 2019

Sommaire

Une autre fin de ce monde est possible
Annexe 1 : Infrastructures de transport au Canada
Annexe 2 : Goulets d’étranglement des infrastructures vulnérables
Annexe 3 : Blocage Wildfire pendant la crise d’Oka
Annexe 4 : Blocages pendant la journée d’action Idle No More
Annexe 5 : Actions anarchistes de solidarité dans le sud de l’Ontario
Annexe 6 : Une sélection de communiqués repris de warriorup.noblogs.org
Annexe 7 : Les 20 pires goulets d’étranglements du trafic

Pour lire les 7 annexes télécharger le pdf de la brochure (page par page, livret).

« Les blocages peuvent non seulement « mettre le monde à l’arrêt », mais aussi ouvrir l’espace pour en construire un nouveau ou, dans le cas des peuples colonisés, un monde retrouvé. Nous pouvons nous référer à de nombreux blocages ou occupations autochtones des dernières décennies pour en trouver des exemples de pratiques cérémonielles, culinaires et d’autres pratiques de reproduction sociale qui incarnent de nouvelles façons de vivre, elles-mêmes issues de la résistance. De même, nous voyons dans la revitalisation de la culture guerrière qui s’exprime à Standing Rock et à d’autres moments de révolte autochtone une possibilité plus large d’une vie sans l’État ni capitalisme […] Nous le trouvons évident que les blocages sont une tactique cruciale dans notre guerre contre l’annihilation planétaire. [ ] Avec cet impératif tactique, nous appelons toutes les guerrières et révolutionnaires du monde entier à s’orienter immédiatement sur le blocage des infrastructures. Les collectifs doivent étudier le fonctionnement des infrastructures pour trouver les points d’étranglement les plus vulnérables et s’organiser en conséquence pour les bloquer de façon efficace. Ceux qui n’ont pas de camarades de combat peuvent encore contribuer au combat par des actes de sabotage en loup solitaire.

Disrupt the Flows : War Against DAPL and Planetary Annihilation

Une autre fin de ce monde est possible

Nous sommes plusieurs anarchistes colons [« settler anarchists »] dans le territoire dominé par le gouvernement canadien. Notre objectif en écrivant ce texte est de mettre en avant certaines considérations stratégiques pour des anarchistes qui voudraient contribuer à la défense des terres, ainsi que de rendre publique quelques recherches sur les vulnérabilités des infrastructures extractives canadiennes à cette fin. Nous espérons également que les communautés autochtones pourront utiliser ces recherches à leurs propres fins.

Nous comprenons que la tâche à accomplir dans notre coin du monde n’est rien de moins que la décolonisation du territoire dominé par le gouvernement canadien et l’économie capitaliste. Décoloniser ce territoire signifie nécessairement détruire sa gouvernance coloniale – un gouvernement qui dépend du génocide continu des peuples autochtones pour préserver sa souveraineté sur les terres qu’il a volées. Son système et le mode de vie qu’il apporte sont fondamentalement construits sur l’exploitation de la terre et de ceux qui l’habitent.

Ce n’est un secret pour personne que l’économie canadienne dépend fortement de l’exploitation des « ressources naturelles ». L’infrastructure de transport sur laquelle cette économie s’appuie pour acheminer ces ressources vers le marché, et leur donner de la valeur, est pratiquement indéfendable et ses goulots d’étranglement sont souvent proches des communautés autochtones – ce qui, comme nous le verrons, fait paniquer la contre-insurrection. Malheureusement, les anarchistes se sont rarement engagés avec le potentiel d’action et de solidarité que suppose cette situation de dépendance et de vulnérabilité. Nous pensons que nous ne pouvons pas limiter la défense de la terre à des parcelles de territoire à conserver, ou à des incursions de colons dans des territoires qui tombent sous un traité, car l’économie coloniale empoisonne le bassin versant et propage la dévastation au-delà de ces frontières coloniales. Renverser l’ensemble de l’économie coloniale est une tâche de très longue haleine, mais à moyen terme, nous voulons développer une capacité à bloquer et à détruire les infrastructures et les développements industriels, de la construction de pipelines aux opérations d’exploitation minière et de construction de barrages, en passant par tous les projets d’extraction auxquels les populations autochtones résistent. Lorsqu’il y a une capacité du mouvement, nos blocages peuvent devenir des communes ; des espaces qui mêlent défense et soins collectifs, débarrassés des lois et des logiques du capitalisme et du gouvernement.

Nous pensons qu’il est essentiel que les contributions anarchistes à la défense des terres évoluent vers des formes de résistance plus collectives qui bloquent les infrastructures, ainsi que vers l’établissement de relations face à face entre les communautés anarchistes et autochtones, mais ce texte se concentrera sur la plus petite échelle des groupes affinitaires dont les contributions peuvent se réaliser à court terme (tout en ayant un impact sur le moyen et le long terme), et ces contributions peuvent se réaliser même lorsqu’il n’y a pas de communauté en lutte contre un projet d’extraction particulier.

Il est important pour nous de réfléchir à la manière dont nous pouvons contribuer à court terme, car la plupart du temps, il n’y a pas d’escalade des tensions autour des luttes pour la défense des terres, et nous voulons agir dans le présent et nous préparer de manière adéquate pour le cas où cela se produirait. Tout d’abord, les contributions à court terme aideront à construire un imaginaire sur la façon dont l’économie extractive peut être combattue dans les moments où il n’y a pas de capacité du mouvement pour maintenir des occupations prolongées, dans le but que ces tactiques soient reprises plus largement dans les futures agitations sociales autour de l’extraction des ressources. De plus, des actions comme celles-ci peuvent avoir des impacts matériels significatifs sur les projets d’extraction dans le présent et avoir des conséquences réelles pour le projet génocidaire en cours du Canada. Enfin, elles peuvent démontrer aux communautés autochtones que les anarchistes prennent des risques contre des ennemis communs dans notre propre lutte. Nous pensons qu’il s’agit là d’une condition préalable à une puissante solidarité.

Alors que le Canada accélère la dévastation écologique, et que le réchauffement climatique rend les latitudes au nord de l’île de la Tortue stratégiquement et économiquement plus précieuses pour les gouvernements, les conflits entre le gouvernement canadien et les autochtones qui défendent le territoire deviendront encore plus fréquents. Les anarchistes doivent être prêts à contribuer à ces moments de manière significative et efficace, au-delà du symbolisme limité d’actions telles que la pose de banderoles et le bris de fenêtres, qui ont peu d’impact. Pour pouvoir intensifier notre solidarité, nous devons développer des pratiques dans le présent, ainsi que des relations de lutte entre les anarchistes et les communautés autochtones engagées dans la défense des terres. De telles relations seront essentielles pour aller au-delà de la solidarité en grande partie limitée qui s’exprime à travers les communiqués, ainsi que pour évaluer comment différentes formes de solidarité seront reçues par différentes communautés hétérogènes en lutte.

En 1990, pendant la crise d’Oka, lorsqu’un projet capitaliste sur un cimetière mohawk a provoqué un conflit armé avec le gouvernement canadien, le sabotage des pylônes à haute tension et les blocages durs des autoroutes et des chemins de fer se sont répandus comme une traînée de poudre. Cette menace d’insurrection autochtone est une considération primordiale dans le maintien de l’ordre contre toute action autochtone, car le gouvernement a vu comment de telles étincelles peuvent s’enflammer s’il n’avance pas prudemment, surtout lorsqu’il s’agit de revendications territoriales et de traités. Au cours d’une occupation de défense des terres à Caledonia en 2006, le commissaire de la Police Provinciale de l’Ontario (OPP) a expliqué qu’il avait agi en supposant qu’un faux pas de ses agents contre l’occupation aurait conduit à « une flambée [autochtone] dans tout le pays ». Pour désamorcer cette plus grande menace, l’OPP n’a pris aucune mesure directe contre elle (pour en savoir plus sur la façon dont la stratégie de contre-insurrection a évolué depuis Oka, voir From Oka to Caledonia : Assessing the Learning Curve in Intergovernmental Cooperation).

Ceux qui sabotent des infrastructures critiques, le développement capitaliste et la police qui les défend seront malheureusement toujours une minorité, mais si cette minorité dispose d’une base de soutien social, elle est beaucoup plus difficile à isoler ou à éradiquer. Les contributions de cette minorité peuvent avoir un impact contagieux lorsqu’elles inspirent les autres. Être une minorité active comporte le risque d’instrumentaliser les communautés avec lesquelles nous sommes solidaires, c’est pourquoi nous prenons soin de distinguer cette voie de celle de l’avant-garde :

« La différence essentielle entre une minorité influente et insurrectionnelle et une avant-garde ou un groupe populiste est que la première valorise ses principes et ses relations horizontales avec la société et tente de diffuser ses principes et modèles sans les posséder, alors qu’une avant-garde tente de les contrôler – que ce soit par la force, le charisme ou la dissimulation de ses véritables objectifs… La minorité influente travaille à travers la résonance, pas à travers le contrôle. Elle prend des risques pour créer des modèles inspirants et de nouvelles possibilités, et pour critiquer les mensonges opportuns. Elle ne jouit d’aucune supériorité intrinsèque et le fait de se replier sur cette hypothèse la conduira à l’isolement et à l’insignifiance. Si ses créations ou ses critiques n’inspirent pas les gens, elle n’aura aucune influence. Son but n’est pas de gagner des adeptes, mais de créer des dons sociaux que d’autres personnes peuvent utiliser librement.  »

 The Rose of Fire has Returned

Et dans le cas des infrastructures critiques dont la perturbation a un effet en cascade, les forces contre-insurrectionnelles l’ont bien compris : « …les dures leçons sur l’efficacité dévastatrice qu’une petite bande de rebelles déterminés et bien dirigés [sic] peut avoir.

 Douglas Bland

Il peut être utile d’examiner de plus près la façon dont ces ennemis pensent à l’insurrection autochtone au Canada. L’analyste militaire conservateur Douglas Bland prévient depuis longtemps que la vulnérabilité économique du Canada repose sur « l’infrastructure critique qui transporte les ressources naturelles et les produits manufacturés des mines, des champs pétrolifères, des installations hydroélectriques et des usines vers les marchés internationaux. » Sans ces systèmes critiques, prévient-il, « l’économie du Canada s’effondrerait ». Ses écrits mettent en garde les décideurs politiques contre la menace d’une insurrection autochtone au Canada, fondée sur la « théorie de la faisabilité »

[Feasibility Theory]. Dans la littérature contre-insurrectionnelle, la prévision de la probabilité d’une insurrection passe d’un modèle centré sur les motivations des insurgés à un modèle centré sur la faisabilité d’une insurrection dans un contexte donné. Les griefs qui motivent l’insurrection sont une constante qui ne peut être désamorcée dans un contexte de génocide colonial, ou de capitalisme d’ailleurs. C’est pourquoi les contre-insurgés étudient ce qui rend une insurrection faisable pour commencer, et proposent ensuite des politiques visant à éliminer ces conditions dans la mesure du possible.

« La théorie de la faisabilité » énumère cinq facteurs de la faisabilité d’une insurrection, qui, selon Bland, sont tous présents dans le contexte canadien, et dont le gouvernement canadien n’a qu’un certain degré de contrôle et seulement sur les trois premiers. Ces facteurs sont les suivants :

1) Fractionnement social – jargon pour l’oppression de classe et coloniale et la menace de la souveraineté autochtone. Le gouvernement cherche à y remédier par l’assimilation, le rachat des communautés qui résistent aux projets d’extraction, et l’instauration des structures telles que les conseils de bande [band councils] qui maintiennent le contrôle du gouvernement sur la population par le biais de visages autochtones travaillant pour les intérêts coloniaux.

2) Cohorte de guerriers – hommes jeunes et d’âge moyen susceptibles de devenir des guerriers. Bland néglige complètement la façon dont les femmes et les personnes bi-spirituelles contribuent à la résistance autochtone. Le gouvernement tente de réduire le « recrutement » de ces populations dans les mouvements de résistance par des programmes d’éducation et de formation visant à l’assimilation.

3) Garantie de sécurité – la perception de la capacité du gouvernement à réprimer et à sécuriser les infrastructures. Le gouvernement tente de minimiser la menace d’une garantie de sécurité inadéquate en finançant la formation de services de police dans les réserves. Comme nous l’avons vu avec les émeutes des colons de Chateauguay pendant l’affrontement d’Oka, cette fonction répressive peut également être exercée par la société des colons.

4 et 5) Exportations des ressources et topographie – « Le contrôle juridictionnel du territoire reste largement indéterminé et en question. L’infrastructure de transport et d’énergie du Canada – l’épine dorsale du commerce des ressources du pays – chevauche ou borde bon nombre de ces terres autochtones et contestées. Le développement, l’extraction et le commerce des ressources naturelles représentant 25 % du PIB canadien, la sécurité des infrastructures de transport et d’énergie est essentielle. Les infrastructures de transport et d’énergie du Canada sont très vulnérables : elles couvrent de vastes distances, ont une redondance limitée et de multiples points d’étranglement, et sont susceptibles d’avoir des effets en cascade si les perturbations sont durables ou généralisées. Sa vulnérabilité et le risque qui en résulte pour l’économie canadienne sont importants, et une perturbation soutenue aurait des effets catastrophiques en l’espace de quelques semaines. » La topographie et la dépendance à l’égard des exportations sont les deux facteurs déterminants impossibles à modifier. En fait, le Canada va probablement devenir encore plus dépendant de son économie d’exportation dans les années à venir.

Cela dit, nous n’avons pas besoin de la preuve de la faisabilité d’une insurrection autochtone par un universitaire blanc. Nous le voyons dans l’histoire consistante de la résistance autochtone au génocide depuis le premier contact, et récemment dans les révoltes à Oka, Ipperwash, Ts’Peten, Caledonia, Six Nations, Elsipogtog et à travers le territoire pendant Idle No More.

Les annexes qui suivent examinent plus en détail la vulnérabilité des infrastructures extractives. Nous espérons qu’elles seront utiles aux groupes affinitaires et aux communautés qui luttent contre l’économie extractive sur tout le territoire.

Pour lire les 7 annexes télécharger le pdf de la brochure (page par page, livret).

Compte-rendu du campement d’autodéfense populaire à Rouyn-Noranda

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Sep 042023
 

Du Campement d’autodéfense populaire à Rouyn-Noranda (Page Facebook)

Dimanche matin (le 27 août) nous avons mis fin à la première édition du campement d’autodéfense populaire à Rouyn-Noranda. Ça aura été une expérience enrichissante et épanouissante humainement et politiquement! On a créé de nouveaux liens en se mettant en action pour le bien-être collectif. Le combat continue, faisons fleurir la révolte! Cette lutte continuera jusqu à l’atteinte de nos objectifs de justice, d’égalité, de liberté. Nous levons le camp, mais nous sommes indéracinables et nous résistons à la destruction.

Les raisons de venir lutter à Rouyn-Noranda sont personnelles et diverses, mais le collectif qu’ensemble nous avons formé aura été impressionnant! Ça a été un immense privilège de converger vers un endroit pour exiger fermement de Glencore et des gouvernements la transparence et des mesures radicales afin de réduire les émissions toxiques qui nous empoisonnent à mort et déséquilibrent l’écosystème. Notre gratitude envers vous toutes et tous est immense! Nous nous reverrons!

Il y a eu beaucoup d’actions symboliques fortes, la grande manifestation aura entre autres été époustouflante, l’accueil du bus, décidé le matin en Assemblée Populaire aura allumé une certaine flamme collective sous la pluie, autant que le fût le fameux quiz contre Glencore. En soit, tout ça a été riche de sens. Un millier de personnes dans les rues de notre ville avec toute cette énergie nous a stimulé comme un nouveau grand souffle sur les braises de notre révolte, et toutes ces belles personnes qui ont fait cette longue route par solidarité ajoutent du combustible à notre colère que nous sauront mettre à bon escient!

Nous savons que nous avons formé des alliances nouvelles et que nous pouvons compter sur les forces et l’intelligence de nos camarades campeurs et campeuses pour continuer la lutte et agir avec force quand le moment sera venu.

Seuls deux événements ont assombri la fin de semaine: Les klaxons des pro-fonderie qui ont dérangé tout le quartier chaque nuit et un vol: deux policiers ont pris la bannière ACAB sur laquelle avaient œuvré trois filles de 13 ans avec tout leur cœur. Heureusement, nous avons l’acte sur film (que nous avons publié sur fb.) Les adolescentes se préparent à porter plainte.

La fin de semaine qu’on vient de partager s’insère dans une séquence d’escalade des moyens de pressions. Nous venons d’affirmer notre position. On refuse toute cette violence capitaliste. Nous continuons à construire notre rapport de force!

Pour terminer, on veut remercier encore toutes les personnes qui ont organisé le campement et la marche, les personnes qui ont accepté des tentes chez elles et tous les organismes et individu.e.s qui auront pris la peine de se déplacer, de Rouyn-Noranda, Montréal et ailleurs dans la province, merci infiniment à toutes et tous!

Grève des loyers 2023 à Montréal : Pourquoi et comment

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Août 162023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Pour s’engager à participer à la grève, remplissez ce formulaire rapide. 5 000 engagements sont nécessaires. De plus amples informations, y compris des lettres types, des graphiques, des fichiers PDF et des événements, seront publiées ici. Pour soutenir la grève, accroche une bannière sur ton balcon. Un événement à venir, un BBQ au Parc Lafontaine (coin Panet/Sherbrooke), à 12h, ce samedi (19 août) abordera les points suivants en détail. Pour toute question sur la grève, envoyez un courriel à slam.matu@protonmail.com.

Le 2 août, le Syndicat des locataires autonomes de Montréal (SLAM) a lancé un appel à une grève des loyers à l’échelle de la ville. La grève est contre le nouveau projet de loi 31 du gouvernement, contre les hausses de loyer et pour le logement pour toustes. L’appel comprenait un formulaire d’engagement qui exigeait que 5 000 locataires à travers l’île s’engagent à se joindre à la grève avant que celle-ci ne puisse officiellement commencer.

Pour plusieurs, l’appel à une grève des loyers de 5 000 locataires montréalais.es peut sembler ambitieux et risqué. L’objectif de ce texte est de répondre aux préoccupations de nature juridique et politique. Nous espérons que ce texte aidera les sympathisant.e.s à mieux comprendre la grève. Une liste de moyens pour soutenir la grève est fournie à la fin du texte. Vous pouvez aussi communiquer avec nous immédiatement si vous êtes intéressé.e.s.

Des centaines de locataires sont actuellement en grève des loyers à travers l’Ontario. Au cours des six dernières années, les grèves de loyers se sont répandues de Los Angeles à Parkdale, ainsi qu’à New York, et, pendant la pandémie de COVID-19, dans toute l’Amérique du Nord. Ces grèves ont prouvé que le refus de payer le loyer est notre arme la plus efficace en tant que locataires. Une grève générale des loyers à Montréal ne ferait pas exception à la règle en contribuant à déclencher un mouvement social et en menaçant les intérêts des gouvernements et des entreprises.

Par conséquent, nous pensons qu’il faudrait mettre de l’avant le large consensus sur le fait que si nous pouvons organiser une grève de cette ampleur et la gagner, ce serait une bonne chose. Nous pensons que la plupart des désaccords portent sur la question de savoir si une telle grève est possible ou sans risque pour les locataires.

Le texte qui suit est long. Il se veut le plus complet possible à l’heure actuelle. Vous pouvez le parcourir en vous arrêtant aux sujets qui vous intéressent particulièrement. Il est probable qu’il manque des réponses à certaines questions ou que certaines parties manquent de clarté. N’hésitez pas à nous faire part de vos réflexions et de vos recommandations pour la suite de nos travaux. Pour trouver un résumé beaucoup plus court, nous vous recommandons de consulter notre guide sur la grève, disponible sur Instagram.

Ce qui détermine si une telle grève des loyers est possible ou sûre, c’est essentiellement l’intégrité et le sérieux de nos plans de grève, les précédents historiques de ce type de grève, et le risque d’expulsion auxquels les locataires pourraient être exposés. 

Résumé du plan de grève des loyers

Notre plan décrit comment plus de 5 000 personnes pourraient faire la grève des loyers à Montréal sans qu’aucune ne soit expulsée. Une grève des loyers de cette ampleur permettrait d’accroître considérablement le pouvoir des locataires, jetterait les bases de futures grèves des loyers dans la ville et serait notre meilleure chance de contrer le projet de loi 31 et la hausse rapide des loyers.

Principaux éléments : La grève des loyers que nous projetons a quatre composantes principales : 1) un engagement en ligne à se joindre à la grève des loyers; 2) des bannières sur les balcons contre le PL 31 et en faveur d’une grève des loyers; 3) des assemblées de grève régulières des signataires de l’engagement et l’élection de capitaines de grève pour chaque quartier de Montréal; 4) des activités régulières d’éducation populaire, des brochures et des affiches sur la manière de faire la grève en toute sécurité et sur les précédents historiques; 5) un fonds de grève pour soutenir les locataires en grève.

L’engagement en ligne est un formulaire (comme un formulaire Google mais sur cryptpad) que les gens signent pour s’engager à faire la grève des loyers si 5 000 autres personnes signent l’engagement. Si moins de 5 000 personnes signent, il n’y aura pas de grève des loyers. Le formulaire recueille des coordonnées, notamment le numéro de téléphone et l’adresse électronique, ainsi que le quartier de résidence. Une fois qu’une personne s’est engagée, nous la contactons pour l’inviter à participer à des activités préparatoires à la grève.

Les bannières sur les balcons (ou les pancartes sur les fenêtres) : Une activité est organisée pour encourager et aider les gens à accrocher sur leurs balcons des bannières “Contre le projet de loi 31 / Pour une grève générale des loyers”. C’est une bonne tactique de mobilisation générale contre le projet de loi et cela encouragerait les gens à s’informer sur la grève des loyers. La distribution de tracts à l’extérieur des stations de métro, la tenue de tables d’information, les médias sociaux et les activités de fabrication de bannières servent à encourager les gens à accrocher des banderoles à leur balcon ou à placer des pancartes à leurs fenêtres.  

Les assemblées de grève rassembleront les signataires du formulaire d’engagement. Nous comptons annoncer bientôt notre première assemblée de grève pour les signataires. Ces assemblées se tiendront régulièrement à partir de septembre, et une assemblée de grève majeure aura lieu lorsque 1 000 promesses auront été reçues, et une autre assemblée majeure lorsque le chiffre de 4 000 aura été atteint. Les assemblées de grève serviront à coordonner 1) la distribution de tracts, 2) l’installation de bannières; 3) le partage sur les médias sociaux; 4) les ateliers sur la grève des loyers; 5) l’affichage; 6) l’organisation dans les quartiers, les rues et les immeubles pour discuter du projet de loi 31 et de l’augmentation du coût des loyers; 7) à l’approche de la grève, une campagne d’appels téléphoniques pour reconfirmer auprès des personnes qui ont rempli le formulaire d’engagement qu’elles souhaitent toujours participer à la grève des loyers. Des mandats de “capitaine de grève” et des comités pour chaque quartier de Montréal seront organisés dans le cadre de ces assemblées. Une fois la grève commencée, les assemblées de grève auront la responsabilité de coordonner l’entraide entre grévistes, la collecte de  fonds pour la grève (pour payer les intérêts et les frais de justice) et de cibler les propriétaires et les tribunaux qui essayent d’expulser les locataires.    

L’éducation populaire sera régulièrement encouragée pour donner aux gens plus de détails sur la grève, répondre aux questions les plus fréquentes et échanger des informations sur les activités et événements à venir.

Un fonds de grève, que nous comptons établir et rendre fonctionnel sous peu, servira à soutenir les locataires en grève qui font face à des procédures d’expulsion. Il servira également à aider les locataires confrontés au harcèlement ou à l’attitude conflictuelle de leur propriétaire parce qu’iels soutiennent la grève avant et pendant celle-ci. 

Mais que se passe-t-il si je suis le ou la seule locataire de mon propriétaire en grève des loyers? Même avec 5 000 personnes en grève des loyers, il y aura toujours des locataires dont les voisins du même propriétaire ne sont pas en grève. L’un des objectifs des réunions de grève serait de coordonner l’organisation des immeubles et l’organisation de la rue dans le cas des duplex et des triplex, afin que les gens puissent attirer leurs voisin.e.s. Il est beaucoup plus facile de convaincre le voisinage de suspendre le paiement du loyer si le mouvement est visible à l’échelle de la ville et si des centaines de personnes ont des bannières contre le PL31 sur leurs balcons. Même si vous êtes seul.e, dans les grèves des loyers, y compris pendant la pandémie, on a souvent vu des locataires individuel.le.s se joindre à des milliers d’autres en grève sans que leurs voisin.e.s ne soient nécessairement engagé.e.s dans le mouvement. Les protections légales restent les mêmes (tant que vous payez votre loyer avant qu’un juge ne rende une décision, il est beaucoup plus difficile de vous expulser, surtout le premier mois). Avec 5 000 personnes ou plus en grève des loyers, le système des tribunaux serait considérablement encombré. Il pourrait s’écouler plusieurs mois avant la tenue d’une audience. Les propriétaires auraient également peur de demander l’éviction. S’ils le faisaient, le comité de grève en entendrait parler et organiserait des actions contre tout propriétaire qui tenterait d’évincer des locataires durant la grève des loyers. Des actions pourraient également être organisées au TAL pour condamner la procédure d’éviction. Si le pire se produisait, ce dont nous doutons, le comité de grève aurait des fonds pour couvrir les frais de déménagement et les frais juridiques et subventionner une partie du loyer. 

Que se passe-t-il si des gens ne font pas la grève des loyers mais s’engagent à la faire? Cette question est sujette à discussion, mais une campagne d’appels jouerait un rôle important. Si le chiffre de 5 000 promesses est atteint, nous convoquerons une assemblée générale. Nous coordonnerons alors une campagne d’appels pour confirmer auprès des gens s’ils sont toujours intéressés par une grève des loyers à présent que cette possibilité se concrétise. Si 5 000 personnes sont toujours prêtes à participer, la grève des loyers aura lieu le 1er jour du mois suivant (à condition qu’il y ait suffisamment de temps pour se préparer). On peut s’attendre à ce qu’un bien plus grand nombre de personnes se joignent à la grève des loyers si la grève se poursuit pendant un deuxième mois.

L’histoire des grèves des loyers et lutter “seul-e” contre le pouvoir 

La victoire de la grève des loyers de 2017 à Toronto, menée par 300 locataires contre MetCap Living, est un exemple important de la manière dont les grèves des loyers peuvent permettre d’obtenir bien plus que ce que nous concède le système judiciaire. Les grèves des loyers se poursuivent à Toronto, avec 300 autres locataires en grève des loyers recensés au mois de mai de cette année. D’autres exemples récents dans des villes comme Los Angeles montrent indéniablement que les grèves des loyers sont notre meilleure chance d’obtenir collectivement des concessions majeures.

Le problème est que la grève des loyers que nous proposons couvrirait un grand nombre de propriétaires différents. Selon notre modèle, même si nous encourageons et aidons les locataires d’immeubles à s’organiser, il est possible que certain.e.s locataires soient les seul.e.s à faire grève contre leur propriétaire. Toutefois, une telle situation n’est pas rare dans l’histoire des grèves des loyers réussies. 

En fait, l’histoire de grèves des loyers importantes semble montrer qu’une masse de locataires en grève contre un propriétaire commun, comme à Parkdale, est une exception. Les grèves des loyers ont souvent été des mouvements sociaux généralisés contre divers propriétaires. Un bref rappel historique des grèves des loyers est disponible ici

Des exemples liés à la pandémie de COVID-19 illustrent bien ce qui précède, puisque des milliers de locataires de différentes villes se sont mis.es spontanément en grève des loyers. Nous avons plusieurs exemples de locataires montréalais.es ayant mené des grèves des loyers et ont réussi en solitaire pendant la pandémie (et, en fait, des locataires ont fait la grève des loyers en solitaire après xxle pic de la pandémiexx, sans un contexte plus large d’organisation, et ont gagné). Aux États-Unis, par exemple, une association de propriétaires a estimé que 31 % des locataires ont fait la grève des loyers au mois de mars 2020. Parkdale Organize, qui a organisé la grève de 2017 à Toronto, a également organisé des grèves analogues contre plusieurs propriétaires. Selon Keep Your Rent Toronto, 100 000 personnes ont utilisé leurs formulaires pour informer leur propriétaire de leur intention de retenir le loyer, c’est-à-dire de garder l’argent du loyer de côté. Ces grèves ont permis d’éviter aux locataires d’avoir à payer leur loyer au pic de la pandémie, même dans les villes où il n’y avait pas de moratoire sur les expulsions. Les grévistes ont eu recours à des systèmes d’entraide et ont occupé les audiences des tribunaux pour les locataires provenant de différents immeubles. Ces grèves ont été marquées par l’unité des grévistes, bien qu’iels n’aient pas le même propriétaire. C’est à cela qu’il faut s’attendre lorsque des milliers de personnes se retrouvent dans le même bateau de la grève des loyers. 

Autres exemples : la grève des loyers de Harlem en 1963, le mouvement italien d’autoréduction dans les années 1970, la grève des loyers de Barcelone en 1931 et la guerre agraire (Land Wars) en Irlande. À Harlem, par exemple, les locataires de plus de 50 immeubles de logements délabrés ont lancé une grève des loyers. Une grande victoire a été remportée par de nombreux locataires, dont le loyer a été temporairement fixé à 1 dollar par mois. Pendant la grève des loyers à  Barcelone, les locataires bloquaient les rues pour empêcher les expulsions et réintégraient les locataires dans leur logement, en faisant appel aux comités de quartier et aux comités de travailleur.euse.s.

À New York, la défense contre les expulsions est actuellement un outil populaire qui a été utilisé pour empêcher l’expulsion de locataires. Les exemples les plus connus sont ceux de locataires qui ont résisté par des blocages physiques à l’extérieur de leur appartement. Ces blocages sont défendus par des réseaux de défense contre les expulsions (et généralement pas par d’autres locataires du même propriétaire). Bien qu’elle repousse bien plus loin les frontières imposées par le cadre légal et se situe dans une zone plus grise sur le plan juridique, cette stratégie de défense contre les expulsions a connu un énorme succès à New York et ailleurs.

Dans le monde du travail et dans celui des locataires, les grèves sauvages, les boycotts, la désobéissance civile, le refus de travailler dans des conditions dangereuses, les débrayages et les grèves comme la grève générale d’Oakland en 2011, ont permis à des travailleur.euse.s spontané.e.s, voire isolé.e.s, d’entrer en grève contre leur employeur.euse ou leur école, avec la protection d’un syndicat ou d’un mouvement de masse plus large, malgré la diversité des employeur.euse.s visé.e.s. À Montréal, vous pouvez vous adresser à l’IWW si votre employeur vous vole votre salaire. L’IWW peut alors mobiliser ses membres pour communiquer avec votre employeur.euse. Le syndicat s’appuie sur le soutien collectif de travailleur.euse.s provenant de différents lieux de travail pour aider des gens qui, autrement, seraient seuls face à leur patron. 

Dans la situation actuelle, l’avantage est que, contrairement à ce qui s’est passé au moment de la pandémie, nous avons quelques mois supplémentaires pour préparer la grève des loyers. Nous pouvons organiser des comités de quartier pour coordonner l’entraide et la défense contre les expulsions. Nous pouvons proposer d’autres actions pour intensifier la lutte. Nous pouvons également nous réunir en personne et nous sommes plus souples dans notre capacité à mener des actions de rue. Cette fois-ci, les réunions de masse et de quartier de celleux qui participent à la grève des loyers seraient possibles. 

Protections juridiques 

Ce n’est pas comme si nous étions dépourvus de protections juridiques pendant la grève des loyers. L’une des protections qui existe au Québec, Article 1883 du Code Civil, est analogue à celle sur laquelle se sont appuyé.e.s les locataires qui ont fait grève à Toronto en 2017. Si un.e locataire avait un dossier ouvert contre lui, il ou elle ne pourrait pas être expulsé.e pourvu qu’il ou elle rembourse son loyer avant qu’un juge soit en mesure de rendre une décision. Une tactique consiste à rembourser tous les loyers impayés à la date du procès. Une autre façon de faire consiste à demander à une association sans but lucratif ou à un avocat de garder l’argent en fiducie et de le payer à cette date. 

Cette stratégie juridique a ses limites. Nous comprenons que des retards fréquents, s’ils causent un préjudice sérieux au propriétaire, peuvent constituer un motif légal justifiant l’expulsion d’un.e locataire. C’est pourquoi il peut être idéal de ne faire une grève des loyers que pendant un mois. Cette décision sera prise par l’assemblée de grève. Nous nous assurons que les locataires et nos membres connaissent le fonctionnement du TAL en matière d’éviction.

Des juristes, notamment Seema Shafei, ont également soutenu que le droit de grève des loyers est incorporé dans notre droit constitutionnel à la grève ou dans des protections associatives analogues. La grève au travail, par exemple, est reconnue comme étant protégée par la Constitution.

Protections pratiques

Au-delà des protections juridiques, il y a les questions pratiques auxquelles un propriétaire devra faire face s’il tente d’évincer un.e locataire en grève des loyers. Si 5 000 personnes sont en grève des loyers, et capables de se coordonner et de s’organiser entre elles, il pourrait s’avérer … difficile de tenter d’évincer un.e locataire. Si les capitaines de grève de quartier et le comité de grève principal sont suffisamment organisés, le public saurait qui sont les propriétaires essayant d’expulser un.e locataire en grève des loyers. Nous pourrions tirer parti de la puissance du nombre pour faire comprendre à chaque propriétaire qu’iel devrait attendre la fin de la grève au lieu de demander l’expulsion. Le SLAM a utilisé avec grand succès un ensemble d’actions de rue et d’actions collectives pour faire pression sur les propriétaires et ce, avec des groupes beaucoup plus petits. 

Une autre protection concrète est l’engorgement des tribunaux. En effet, il serait difficile, voire impossible, pour les tribunaux de traiter 5 000 demandes d’expulsion. Les audiences prendraient beaucoup plus de temps que prévu. 

Comme dans le contexte de la pandémie de COVID-19, les propriétaires sauront que les grévistes ont l’intention de payer les loyers dus éventuellement. Iels connaissent leurs locataires qui, en temps normal, paient leur loyer. Contrairement au contexte habituel d’une éviction, les défauts de paiement n’ont pas une cause financière, mais sont un geste politique. Bien que plusieurs propriétaires aimeraient trouver n’importe qu’elle raison pour évincer un.e locataire, plusieurs autres propriétaires préféreraient garder un.e locataire qui va recommencer à payer son loyer régulièrement une fois que la grève des loyers est terminée. 

Enfin, même si nous avons mis l’accent sur le cas d’un locataire qui ferait la grève des loyers sans ses voisin.e.s, l’un de nos principaux efforts consistera à étendre les grèves des loyers dans les immeubles où se trouvent des locataires désirant entrer en grève. Une fois qu’un locataire d’un immeuble s’est engagé à faire la grève des loyers, il est beaucoup plus facile de convaincre les autres. C’est possible grâce à la stratégie habituelle du syndicat des locataires de Montréal, qui consiste à organiser les immeubles et des actions dans la rue (réunions communes, porte à porte, rencontres individuelles), et parce que les gens seront plus optimistes à propos de la grève des loyers s’ils savent que 5 000 autres personnes et au moins un voisin sont en grève des loyers. Les bannières sur les balcons, les manifestations de rue et la couverture médiatique inspireraient également une plus grande confiance. Si plusieurs locataires d’un immeuble font la grève des loyers, la réaction “Mais je ne peux pas tous les évincer en même temps!” est la plus prévisible parmi les propriétaires (pour citer un propriétaire pendant les grèves menées durant la pandémie de COVID-19).

Faible participation

Il est possible que la participation à la grève des loyers soit faible. Ce problème ne concerne que les organisateur.ice.s de la grève, plutôt que les sympathisant.e.s. Si 5 000 locataires ne s’engagent pas à faire grève, il n’y aura tout simplement pas de grève. Nous mènerons une campagne d’appels téléphoniques et de SMS si le chiffre de 5 000 est atteint pour confirmer que l’intérêt se maintient et que les 5 000 promesses ne sont pas un chiffre fantôme. Toutefois, même si le nombre de 5 000 grévistes n’est pas atteint, l’éducation populaire, la distribution de tracts, le partage d’informations, la menace d’une éventuelle grève pour le gouvernement ne disparaîtront pas. En fait, si le chiffre de 5 000 grévistes n’est pas atteint, nous aurons tout de même réussi à faire connaître les tactiques de résistance et à donner de l’assurance aux locataires. Si l’échec d’un vote de grève peut être démoralisant, cela peut également être une excellente occasion de faire de l’éducation populaire et de former de nouvelleaux organisateur.ice.s. Bien que la représentation sous sa forme actuelle ne nous inspire aucune confiance, permettons-nous de rappeler que la stratégie des partis politiques de lancer des campagnes qui risquent fortement de ne pas leur permettre de remporter une élection est utilisée avec succès par eux pour se constituer progressivement une base. Mais là encore, le succès ou l’échec des 5 000 promesses de grève est l’affaire des organisateur.ice.s, non des autres locataires. 

Une fois que 5 000 personnes se sont engagées et ont confirmé leur intérêt pour une grève des loyers, si la grève dure plus d’un mois (une décision qui revient aux comités de quartier et à l’assemblée des grévistes), on peut certainement s’attendre à ce que d’autres locataires se joignent à la grève. Dans toutes les grèves dont nous connaissons l’histoire, le nombre de locataires en grève a augmenté de manière important au deuxième mois de grève.

Mais la grève des loyers est-elle risquée ?

Faire la grève des loyers présente certainement des risques. Les tactiques décrites ci-dessus pourraient ne pas fonctionner, la répression gouvernementale pourrait être trop forte contre la grève, les protections juridiques en place pourraient tomber à l’eau et un certain nombre de personnes, voire plusieurs dizaines, pourraient être évincées. Les relations entre locataires et propriétaires pourraient prendre une tournure négative, ou les propriétaires pourraient sortir des limites de la légalité ou exploiter leurs privilèges juridiques en représailles contre les grévistes. Ce sont des possibilités. Nous avons décrit ci-dessus les nombreuses raisons pour lesquelles nous pensons que ces risques peuvent être atténués. Cependant, ce qui est probable, c’est que sans un mouvement organisé de locataires qui acceptent de prendre certains risques en utilisant des tactiques plus audacieuses, Montréal sera le prochain Toronto ou le prochain Vancouver. Nos loyers dépasseront nos revenus, les personnes âgées et les pauvres seront toujours plus nombreux à être harcelés et expulsés de leur logement. L’itinérance continuera d’augmenter. Dans dix ans, nos loyers actuels sembleront une chimère. Tout cela pour dire que nous sommes devant des risques contradictoires : le risque d’une action audacieuse contre le risque de l’inaction. L’un et l’autre pourraient être synonymes d’éviction, de pauvreté, de déplacement forcé et d’embourgeoisement des quartiers. Pour les raisons que nous avons évoquées plus haut, nous pensons qu’il peut être extrêmement payant de prendre le risque d’être audacieux.se. Nous pouvons vraiment atténuer les risques. Il est tout à fait possible, et cela s’est déjà produit, que 5 000 personnes fassent la grève des loyers et qu’il n’y ait aucune éviction. Nous prenons des risques pour nous rapprocher d’un monde meilleur et pour éviter les risques de nous retrouver dans un monde pire que celui-ci. 

Nous ne sommes pas des professionnel.le.s. Cela devrait être clair. Nous avons des organisateur.ice.s expérimenté.e.s issu.e.s de différents milieux. Cependant, nous n’acceptons pas la responsabilité des professionnel.le.s. Notre objectif est de fournir une stratégie au mouvement des locataires : la grève des loyers. Si elle est acceptée par les locataires de la ville, nous ferons de notre mieux en utilisant certains des objectifs et tactiques décrits ci-dessus. Mais tout ce qui se fera dépendra des locataires .e.s. Nous aiderons à organiser les assemblées, les activités d’éducation populaire et les actions. Comme dans n’importe quel soulèvement, nous ne serons responsables ni de toutes les victoires obtenues ni de toutes les erreurs commises en cours de route. Lors du soulèvement étudiant de 2012 au Québec, plus de 3 000 personnes ont été arrêtées, des personnes ont été soumises à des mesures disciplinaires par leur université, des personnes ont subi des blessures graves et plus de 400 ont fait l’objet d’accusations criminelles. Mais les organisateur.ice.s de la grève de 2012 ne sont en rien responsables de cette répression. Nous ne pouvons même pas dire que “cela en valait la peine”. Tout ce que nous pouvons dire, c’est que parfois les gens se lèvent, acceptent les risques ou décident de les ignorer. Ce sont des décisions prises en toute connaissance de cause, par des adultes. Ce sont des risques nécessaires au progrès social, que tout mouvement social prend. En d’autres termes, nous ne pouvons pas éviter les risques et il est sain pour un mouvement social de prendre des risques; par contre, nous sommes responsable de les atténuer autant que possible.

Conclusion

Nous vous remercions d’avoir lu notre proposition de grève générale des loyers à Montréal en 2023. Voici les moyens proposés par le syndicat des locataires pour soutenir leur travail:

Si t’es dans un organisation, il peut se joindre à notre syndicat de locataires dans l’appel à la grève et ajouter leur nom aux organisations favorables à la grève des loyers à Montréal. Pour ce faire, envoyez-nous un courriel à : slam.matu@protonmail.com

Le plus simple : Vous pouvez partager nos événements Facebook, en particulier l’événement à venir sur le thème “Pourquoi et comment” faire la grève des loyers contre le projet de loi 31 (samedi 19 août, de 12 h à 14 h). En ce moment, notre jeu sur Facebook a besoin d’un coup de pouce.  

Tu peux te joindre à nous lors de notre prochain événement sur le thème “Pourquoi et comment” faire la grève des loyers contre le projet de loi 31. Il aura lieu au Parc Lafontaine, le samedi 19 août, de 12h à 14h, coin Sherbrooke/Panet. Il y aura un BBQ!

Tu peux personnellement signer l’engagement.

Tu peux accrocher une bannière à ton balcon contre le projet de loi 31 et en solidarité avec la grève des loyers. Nous avons des bannières supplémentaires, envoyez un courriel à slam.matu@protonmail.com pour en obtenir une.

Le texte ci-dessus n’est pas une publication officielle du SLAM. Il s’agit d’une lettre rééditée, reçue par de nombreuses organisations radicales, expliquant la grève.

Action contre une agence immobilière de luxe montréalaise

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Juil 122023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

À Montréal, le 1er juillet est le jour du déménagement. Ca a toujours été chaotique, mais les menaces posées par les réformes sur le logement du projet de loi 31 risquent d’empirer excessivement la situation.

On nous dit qu’il y a une crise du logement, mais ce terme est utilisé pour éviter de nommer les responsables. Pourquoi les logements sont-ils rares, insalubres, dispendieux et précaires à Montréal?

  • Des propriétaires verreux qui rénovincent, demandent des dépôts de garantie et des frais d’intermédiation
  • La conversion des logements en locations court-terme (AirBnB) pour éviter les lois sur le logement et augmenter les profits, allant jusqu’à causer plusieurs morts au printemps.
  • La construction de nouveaux logements pour les investisseurs, pas les résidents. Des dizaines de tours de luxes sont construites et vendues à des investisseurs pour rester vides et prendre en valeur pendant que les logements abordables sont dits “impossibles”.

Plus de 500 personnes sont nouvellement sans-abris depuis le jour du déménagement. L’éviction des personnes qui habitent en tente sous l’autoroute Ville-Marie est imminente. Ils construisent des grattes-ciels pour de riches investisseurs urbains pendant que le monde dort dur. La loi 31 fait partie de ce plan. Le lobby des propriétaires, développeurs immobiliers, gestionnaires immobiliers et agences immobilières fait du profit sur un Montréal où il faut désormais payer ou se pousser. Les pouvoirs en place veulent une ville faite pour les riches – loyers élevés, bouffe inabordable, gentrification yuppie – les riches s’enrichissent.

On dit fuck la crise du logement, y’a du logement partout. Luxury MTL, aussi connu sous le nom de Immeubles Montria, fait partie du problème. Le développement immobilier de luxe crée un monde pour les riches. On va l’attaquer. Leurs fenêtres ne sont que le début.

Solidarité avec celles et ceux en grèves des loyers À Toronto. Squattons le monde!

État des lieux : l’extrême droite au Québec en 2023 

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Juil 032023
 

De Montréal Antifasciste

Ce texte a été produit par le collectif Montréal Antifasciste et imprimé sous format zine pour distribution gratuite au Salon du livre anarchiste de Montréal, les 27 et 28 mai 2023.

À la faveur des crises émergentes (économique, climatique, migratoire, sanitaire, etc.) et en l’absence d’une alternative structurée sur la gauche de l’échiquier politique, il souffle actuellement sur le monde un vent de droite que rien ne semble ralentir. Suivant naturellement ce courant, l’extrême droite est en situation de regain dans plusieurs régions du monde, autant dans ses formes réactionnaires et institutionnelles (loyales aux systèmes en place) que soi-disant révolutionnaires (hostiles aux systèmes en place), notamment aux États-Unis et dans certains pays d’Europe occidentale, dont l’Italie et la France, mais aussi en Russie et ailleurs en Europe de l’Est, au Moyen-Orient et en Inde, pour ne nommer que quelques exemples. Avec quelques mois et années de retard, le Canada et le Québec ne sont pas épargnés par ce courant de fond, autant sur le plan de la politique institutionnelle (le tournant populiste du Parti conservateur du Canada, la percée médiatique du Parti conservateur du Québec) que sur celui du soft power (par exemple, au Québec, l’influence dominante des médias de l’empire Québecor sur la « mise à l’ordre du jour ») et des mouvements populaires ou pseudo-populaires (comme l’opposition aux mesures sanitaires).

Le soi-disant « convoi de la liberté », qui a paralysé la capitale canadienne pendant plusieurs semaines à l’hiver 2022, est venu confirmer la convergence de plusieurs phénomènes a priori distincts, mais participant tous de cette réémergence de l’extrême droite : un leadership partiellement issu de mouvements et groupuscules suprémacistes influencés par l’alt-right et la logique « accélérationniste » (mais surtout enraciné dans le ressentiment anti-Trudeau qui caractérise le populisme/séparatisme de l’Ouest canadien), un complotisme antisanitaire (dont une composante « conspirituelle » issue des mouvances new-age et de santé alternative) ancré dans le confusionnisme et la désinformation propagée par des acteurs d’extrême droite, et un courant de fond populiste profitant de l’hostilité grandissante (et largement légitime) à l’égard des élites politiques et économiques.

Au Québec, Montréal Antifasciste a documenté l’émergence et l’essor parallèles de mouvements et groupements nationaux-populistes et néofascistes dans la période 2016-2020, correspondant grosso modo avec la présidence de Donald Trump et l’âge d’or de l’alt-right aux États-Unis. Des groupes populistes islamophobes et anti-immigration comme La Meute et Storm Alliance ont côtoyé durant cette période des organisations militantes et idéologiques ouvertement néofascistes et suprémacistes, comme Atalante, la Fédération des Québécois de souche, Soldiers of Odin et des incarnations locales du courant alt-right.

Les mobilisations antiracistes/antifascistes, dans un premier temps, puis les tensions et dissensions internes, l’institutionnalisation d’une partie de leurs revendications, et enfin la pandémie mondiale de COVID-19, ont fortement déstabilisé (voire, dans certains cas, neutralisé et éliminé) ces organisations. En revanche, la pandémie a donné à certains acteurs – connus et nouveaux venus – l’occasion de faire rebondir la droite populiste et l’extrême droite dans des directions inédites, et la période actuelle est marquée par l’apparition d’un certain nombre de nouveaux projets fortement marqués à droite de la droite conservatrice traditionnelle. De plus, et peut-être de manière plus significative encore, le paysage politique et culturel mainstream et institutionnel continue d’opérer un glissement vers la droite, lequel pourrait avoir de graves conséquences dans le court et le moyen terme. Nous proposons donc ce tour d’horizon – sans doute incomplet – de la situation actuelle au Québec.

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Définitions pratiques

Nous sommes cruellement conscient·es de la difficulté de définir de manière concise et précise un phénomène aussi complexe que le fascisme, mais aux fins de cette brochure et des orientations du collectif Montréal Antifasciste, nous proposons les définitions suivantes :

Le fascisme est une idéologie ultranationaliste antilibérale centrée sur le projet de refondation d’une version fantasmée de la nation primordiale*, qui aurait été perdue sous l’effet de la « décadence moderne », des valeurs libérales et des groupes en quête d’égalité, et qui doit être restaurée par la consolidation forcée de hiérarchies et de discriminations structurantes entre différentes catégories d’humains (sur la base des genres, « races », rangs sociaux, identités sexuelles, cultures, religions, origines ethniques, etc.). L’extrême droite désigne les courants de pensée et d’action politique qui, à l’intérieur comme à l’extérieur du système, mais à un degré plus radical que la droite conservatrice traditionnelle, tendent à consolider ces hiérarchies structurantes, normaliser les rapports d’oppression et de discrimination, et ainsi favoriser l’émergence de formations fascistes.

L’antifascisme désigne l’ensemble des personnes, des organisations, des mouvements sociaux et des courants de pensée et d’action qui s’opposent, non seulement au fascisme réalisé, mais aussi à l’ensemble des facteurs politiques, sociaux et culturels qui facilitent la réémergence d’un esprit fasciste et la réalisation de formes fascistes anciennes ou nouvelles. Cela comprend autant les programmes nationaux-populistes xénophobes et réactionnaires que les groupuscules néofascistes, « nationalistes révolutionnaires » et néonazis, et les courants complotistes qui alimentent le confusionnisme et recyclent des thèmes d’extrême droite. L’antifascisme libéral s’opère pour l’essentiel à l’intérieur des limites définies par le système capitaliste et l’ordre bourgeois. L’antifascisme radical tend vers une organisation de la société radicalement égalitaire, c’est-à-dire débarrassée des hiérarchies et des discriminations systémiques, dont le capitalisme, la suprématie blanche, le colonialisme et l’hétéropatriarcat. Le diminutif « antifa », initialement employé en Allemagne dans les années 1970 et 1980, fait généralement référence à l’antifascisme radical.

*Cette définition s’inspire des travaux de l’historien et politologue britannique Roger Griffin.

De la Meute à la CAQ : l’intégration institutionnelle des revendications islamophobes et anti-immigration

Rappelons que Montréal Antifasciste s’est formé peu après les rassemblements islamophobes organisés par La Meute à Montréal et à Québec, le 4 mars 2017. Ces manifestations coordonnées, qui survenaient quelques semaines seulement après la tuerie de masse au Centre culturel islamique de Québec ayant fait six morts et de nombreux blessés graves, avaient pour objet de protester contre la motion M-103, une résolution non contraignante (adoptée le 23 mars 2017) visant principalement à faire reconnaître par le gouvernement fédéral l’importance de « condamner l’islamophobie et toutes les formes de racisme et de discrimination religieuse systémiques ». Au cours des années suivantes, La Meute et d’autres projets du même tonneau, comme Storm Alliance, le Front patriotique du Québec, Soldiers of Odin Québec, et plus tard les soi-disant Gilets jaunes du Québec et la Vague bleue, ont multiplié les manifestations et actions à caractère islamophobe et anti-immigration à Montréal, Québec, Trois-Rivières et Ottawa, ainsi qu’au poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle et aux abords du Chemin Roxham. Ces dernières mobilisations visaient à réclamer la fermeture du passage « irrégulier » emprunté par un nombre relativement important de demandeurs du statut de réfugié en vertu des dispositions de l’Accord sur les tiers pays sûrs conclu entre le Canada et les États-Unis. Dès le départ, ces diverses manifestations étaient en outre flanquées de milices de pacotille (inspirées notamment des III% et des groupes de combat de rue de l’alt-right étasunienne, comme les Proud Boys), telles que le Groupe Sécurité Patriotique et les Gardiens du Québec, ainsi que de diverses figures connues de l’extrême droite locale cherchant à en découdre avec les antifascistes.

Bien que ces formations et ces mobilisations aient pu alors sembler marginales, elles s’inscrivaient en fait dans un contexte beaucoup plus large de droitisation du champ politique institutionnel au Québec, laquelle s’opérait déjà depuis la prétendue crise des « accommodements raisonnables », en 2006-2007[1]. L’arrivée au pouvoir de la CAQ en 2018 n’a fait qu’accélérer ce processus, comme l’a vite confirmé le projet de loi 21, qui sous le prétexte de protéger la « laïcité de l’État » prenait clairement pour cible les femmes musulmanes et d’autres minorités religieuses. L’obsession de la CAQ pour les seuils d’immigration durant la campagne électorale (aujourd’hui récupérée par le PQ) trahissait également une volonté populiste de satisfaire aux exigences d’une base électorale chez qui les sentiments islamophobes et xénophobes exprimés par La Meute trouvaient un fort écho. En entrevue à Radio-Canada en 2019, et malgré les démentis officiels, François Legault avouait d’ailleurs à demi-mot que la loi 21 était une sorte de « compromis » avec les mouvements islamophobes :

« Pour éviter les extrêmes, il faut en donner un peu à la majorité. […] Je pense que c’est la meilleure façon d’éviter les dérapages. » […] On délimite le terrain, parce qu’il y a des gens un peu racistes qui souhaiteraient qu’il n’y ait pas de signes religieux nulle part, même pas sur la place publique. »

Personne ne s’y trompait d’ailleurs, et surtout pas les dirigeants de La Meute, comme Sylvain Brouillette, qui affirmait déjà lors des élections de 2018 que la CAQ véhiculait les idées de La Meute, et vice-versa :

« Si La Meute est sur le bord du racisme, cela veut dire que vous l’êtes aussi, M. Legault. […] c’est ceux qui pensent comme vous que vous traitez de racistes. »

Et encore en 2019, lors du dépôt du projet de loi 21 :

« Quand ils disent qu’ils n’ont rien à voir avec La Meute, c’est assez risible. Les revendications de La Meute, c’est exactement le programme de la CAQ et c’est là-dessus qu’il a été élu »

Ainsi, l’institutionnalisation des revendications xénophobes et islamophobes des formations comme La Meute ont peut-être autant – sinon plus – contribué à précipiter leur désuétude et leur déclin que l’opposition antifasciste et les nombreuses crises internes qui les ont traversées (luttes de pouvoir, détournement de fonds, accusations d’agressions sexuelles, etc.). Rien n’aura illustré ce phénomène de manière aussi grotesque que le mouvement de la Vague bleue (2019), qui en définitive ne revendiquait rien d’autre que ce que le gouvernement de la CAQ était déjà en train de mettre en place, tout en protestant puérilement contre le groupe de presse (dont le réseau TVA) qui est en grande partie responsables de la droitisation dont cette mouvance nationale-populiste était en quelque sorte l’aboutissement.

Bien sûr, le recadrage sur la droite du paysage politique se poursuit aujourd’hui sans l’apport de ces regroupements. L’empire médiatique Québecor, notamment par l’entremise d’une petite armée de chroniqueurs réactionnaires, poursuit quotidiennement une entreprise de formatage idéologique de masse dont les éléments de discours se retrouvent souvent dans la bouche des élu·es de la CAQ. À preuve, la résistance fanatique à reconnaître l’existence du racisme systémique ainsi que la récupération de l’épouvantail « woke » par François Legault jusque dans les débats de l’Assemblée nationale. Mathieu Bock-Côté, dont Legault a vanté l’essai L’empire du politiquement correct en 2020 et dont il a tout récemment relayé une chronique intitulée « Éloge de notre vieux fond catholique », et qui colporte quotidiennement ses élucubrations sur la chute imminente de la civilisation occidentale dans les pages du Journal de Montréal et sur les ondes de TVA/LCN, est sans doute l’un des plus importants passeurs des idées d’extrême droite dans le mainstream, ici comme en France (où il a servi de faire valoir à Éric Zemmour durant la dernière présidentielle et où il sévit toujours en tant que chroniqueur et intervenant régulier sur différentes plateformes d’extrême droite, dont CNews, Causeur, Valeurs actuelles, etc.). Il est pourtant encore dépeint ici comme un conservateur modéré, et toute tentative de l’associer à l’extrême droite est accueillie comme le fait d’un délire « woke ».

Autant qu’un coup payant pour la CAQ, la récente fermeture du chemin Roxham est une autre victoire triomphale pour les mouvements xénophobes qui la réclamaient à grands cris depuis des années.

Et finalement, l’instabilité relative de la CAQ sur différents dossiers, dont celui des seuils d’immigration et, plus récemment, sa volte-face dans le dossier du troisième lien, ouvre un espace sur sa droite, qu’Éric Duhaime et son Parti conservateur du Québec sont ravis d’occuper avec un mélange toxique de libertarianisme et de populisme qui plaît énormément à la frange déçue de la base caquiste et charrie dans le mainstream les obsessions actuelles de l’extrême droite (dont l’hystérie « anti-drag », sur laquelle nous reviendrons ci-dessous).

Dans ce contexte où l’économie de l’information de masse et la politique institutionnelle sont dominées par la droite, et compte tenu de l’air du temps complotiste qui ne donne aucun signe d’essoufflement (au contraire, l’émergence de l’intelligence artificielle laisse deviner une explosion imminente de la désinformation et de la confusion), et compte tenu des contextes étasuniens et européens, il n’est pas exclu que se reforment au Québec, dans un avenir plus ou moins rapproché, des organisations nationales-populistes encore plus agressives et encore plus marquées à l’extrême droite. Raison de plus, comme nous ne cessons de le répéter, pour articuler des alternatives fortes, structurées et attrayantes à la gauche de la gauche institutionnelle.

Quoi qu’il en soit du contexte institutionnel, en 2023, La Meute ne survit qu’en ligne et n’est plus que l’ombre de ce qu’elle a été (c’est-à-dire, déjà pas grand-chose…), et Storm Alliance a complètement disparu de la carte. Il en va de même pour le Front patriotique du Québec, qui a organisé des marches nationalistes le 1er juillet pendant plusieurs années consécutives, le Groupe sécurité patriotique, les Gardiens du Québec, les « Gilets jaunes » du Québec et tous les groupuscules plus ou moins conséquents qui s’étaient formés dans cette période. Certains des militants de premier plan de ces organisations, dont Steeve Charland (La Meute) et Mario Roy (Storm Alliance), se sont toutefois recyclés dans le mouvement d’opposition aux mesures sanitaires qui a pris de l’essor durant la pandémie de COVID-19, comme nous le verrons plus loin. Le Parti patriote de Donald Proulx, et d’autres formations marginales du même genre continuent d’exister, mais sans exercer d’influence significative.

Où sont passé·es les fascistes pur jus?

L’une des principales occupations de Montréal Antifasciste dans la période entre 2017 et 2020 a été de traquer et de documenter la progression et les activités du groupe Atalante, qui était en quelque sorte à la fois une itération contemporaine du mouvement white power québécois, dont les origines remontent aux groupuscules de boneheads des années 1990, et une sorte d’avant-garde du mouvement identitaire/néofasciste (spécifiquement, nationaliste révolutionnaire) d’inspiration européenne au Québec. On peut dire sans aucun doute qu’Atalante a été le groupe le plus structuré et le plus déterminé auquel Montréal Antifasciste s’est opposé jusqu’à maintenant.

Quand Atalante s’est créée en 2016, l’organisation pouvait déjà compter sur un certain nombre de militants issus du Québec Stomper Crew et, plus généralement, du milieu néonazi québécois. Ses membres étaient déjà formés idéologiquement et politiquement, notamment grâce aux activités de la Fédération des Québécois de souche et de ses propres précurseurs, comme la Bannière noire, contrairement à la plupart des autres groupes dont il est question dans ce texte et que nous avons vus naître et mourir dans les dernières années. De plus, l’organisation qui a clairement inspiré Atalante, depuis sa fondation et jusque dans la moindre de ses actions (au point de reprendre le même lettrage sur ses banderoles), n’avait rien pour nous rassurer : CasaPound est une organisation néofasciste italienne, fondée en 2003, qui revendique plusieurs milliers d’adhérent·es, a pignon sur rue dans plusieurs villes italiennes et mène la vie dure aux immigrant·es et aux antifascistes.

Atalante est essentiellement basé dans la ville de Québec, malgré les quelques tentatives infructueuses pour créer une cellule fonctionnelle à Montréal et la présence de quelques militant·es éparpillé·es à travers la province (notamment au Saguenay). Notre collectif est quant à lui, comme son nom l’indique, basé à Montréal, et cette distance a constitué un frein à une pleine et entière mobilisation contre la formation néofasciste de Québec. Saluons au passage les militant·es antifascistes de Québec, qui d’abord peu nombreux·euses, ont inlassablement lutté sur le terrain contre Atalante, ses membres et ses idées.

Ce contexte, dans un climat politique favorable (islamophobie, regain du nationalisme identitaire) sera d’abord une recette gagnante, puisqu’Atalante comptera jusqu’à 60 membres et sympathisant·es à son point fort, en 2018-2019, en plus de disposer d’une audience bienveillante au sein du mouvement national-populiste. Avec l’inauguration de son club de boxe en 2017, nous craignions que l’étape suivante soit l’ouverture d’un local d’activités politiques, ce qui aurait marqué un tournant. Suivant l’adage « mieux vaut prévenir que guérir », nous avons décidé de mettre l’énergie nécessaire pour empêcher un groupe comme Atalante de s’épanouir et de s’implanter. Entre 2017 et 2022, le collectif Montréal Antifasciste a ainsi produit une série d’articles visant à combattre les idées toxiques et exposer publiquement les membres d’Atalante.

Les activités d’Atalante se sont dramatiquement résorbées, à partir de fin 2019, sous l’effet combiné de la constante attention négative des antifascistes et du bannissement de l’organisation des principales plateformes de médias sociaux, qui leur servaient à la fois de vitrine politique et de guichet de recrutement. Les déboires judiciaires de Raphaël Lévesque et Louis Fernandez n’ont certainement pas aidé : l’agression au bar Lvlop en décembre 2018 à jeté un froid sur l’organisation, et le procès de Lévesque dans l’affaire Vice n’a pas eu l’effet de vitrine politique escompté. Il appert également qu’un certain nombre de conflits interpersonnels ont pu diminuer la cohésion au sein du groupe et mener à la création de sous-cliques. Enfin, les membres d’Atalante, tout « antisystèmes » qu’ils disent être, semblent avoir été rattrapé par le système en passant la trentaine ou la quarantaine : des emplois plus confortables, des familles et des maisons en banlieue ne facilitent pas le militantisme nationaliste-révolutionnaire.

Depuis 2020, les sorties du groupe s’espacent et les militant·es sont moins nombreux·euses sur les photos. La pression s’est presque entièrement relâchée sur les antifascistes de la région. Le podcast L’armée des ondes, lancé en octobre 2020 et principalement diffusé sur la chaîne Telegram du groupe pour relancer ses activités, sort d’abord tous les mois, mais s’étiole lentement depuis 2022. À l’hiver 2021-2022, le groupe a bien tenté de s’implanter dans le mouvement d’opposition aux mesures sanitaires, mais sans grand succès. Le 24 juin 2022, on nous a signalé la participation du band Légitime Violence à l’événement « La Saint-Jean de la race » organisé par Nomos.tv et Alexandre Cormier-Denis.

Depuis, des membres clés d’Atalante semblent s’être recyclés dans des projets contre-culturels ou professionnels. Cerbère Studios est inscrit au registraire des entreprises au nom de Félix-Olivier Beauchamp, et donne probablement des contrats de graphisme au couple Étienne Mailhot-Bruneau et Laurence Fiset-Grenier. Louis Fernandez était pour un temps enregistré comme dirigeant de l’entreprise Saisis la foudre/Éditions Tardivel, avec Gabriel Drouin, mais l’entreprise a été radiée en 2021. Jonathan Payeur s’est pour sa part associé au musicien néonazi Steve Labrecque pour animer une distribution de vêtements identitaires/nazies sous la bannière Pagan Heritage (à l’heure d’écrire ces lignes, cependant, le site de la distro semble vide et inactif). Celui qu’on soupçonne d’être le principal idéologue du groupe, Antoine Mailhot-Bruneau, garde un profil bas et continue de travailler comme ambulancier à Lévis. Raphaël Lévesque, désormais papa, semble maintenant bien seul lorsqu’il tente d’intimider des militant·es antifascistes… Il n’est toutefois pas possible d’annoncer la fin officielle d’Atalante et rien n’empêche une future résurgence du groupe sous une forme ou une autre. Une poignée de militants, dont Jo Payeur, sont d’ailleurs ressortis récemment des égouts pour rendre hommage à leur maître à penser suicidé, Dominique Venner. On peut néanmoins affirmer que l’activité du groupe est pratiquement au point mort à ce stade-ci.

Les autres…

Pour sa part, le groupe islamophobe d’inspiration néonazie Soldiers of Odin Québec, qui avait attiré l’attention sur lui avec une série de sorties publiques et d’actions provocatrice en 2017 et 2018, n’a pas fait long feu après s’être heurté à des antifascistes en chair et en os. Malgré un changement de leadership, le groupe ne s’est jamais rétabli et semble aujourd’hui avoir complètement disparu.

La Fédération des Québécois de souche (FQS), avec son site Internet et son journal, Le Harfang, a longtemps été l’une des plus importantes plateformes d’information et de formation idéologique par et pour l’extrême droite québécoise. Fondée en 2007 par des néonazis, la FQS déployait depuis plus d’une décennie un grand parapluie où se côtoyaient – probablement pas sans difficulté – les familles d’extrême droite réactionnaires et « révolutionnaires ». Au moment d’écrire ces lignes, le nom de domaine quebecoisdesouche.info semble avoir été détourné ou non renouvelé, et les dernières publications sur le compte Twitter de la FQS datent de 2020. La chaîne Telegram du Harfang, qui compte 288 abonnés au moment d’écrire ceci, est toutefois encore très active et semble être la principale plateforme du groupe. La publication du Harfang, dont le plus récent numéro (printemps 2023) porte sur la théorie du « grand remplacement », se poursuit également. Aux dernières nouvelles, la direction du journal était assurée par le pseudonyme auteur de la FQS, Rémi Tremblay, ainsi que par Roch Tousignant et François Dumas, les dinosaures du Cercle Jeune nation, qui tentaient déjà d’unifier les différentes tendances de l’extrême droite dans les années 1990. (Lire à ce sujet la brochure Notre maître le passé?!? Extrême droite au Québec 1930-1998.)

Dans la même famille, le Front canadien-français, qui s’inspirait des précurseurs catholiques intégristes du Cercle Tardivel et du Mouvement Tradition Québec (proches de la FQS), ainsi que des projets d’Alexandre Cormier-Denis, s’est avéré une étoile filante en 2020, ses militants clés ne s’étant jamais tout à fait rétablis de l’article les exposant à la lumière du soleil. Quelques-uns de ses militants ont toutefois rebondi en 2022 en créant un nouveau projet nationaliste, la Nouvelle Alliance (NA). Il est pour l’instant exagéré de qualifier ce groupuscule de fasciste à proprement parler, mais il est aussi plutôt difficile de cerner avec précision son programme politique, sinon qu’il s’inscrit dans la tradition indépendantiste conservatrice et tend vers le confusionnisme. Ce qu’on peut affirmer avec certitude, cependant, est que son activisme reprend directement les méthodes d’Atalante (affichage, collages, accrochages de bannières, rassemblements commémoratifs, le tout s’appuyant lourdement sur la représentation ostentatoire dans les médias sociaux), lesquelles méthodes sont dérivées, comme nous l’avons vu, des mouvements néofascistes européens. Dernièrement, les militants de la NA se sont fait voir au stade de football lors des matchs du CF Montréal (formulant des menaces explicites et réussissant ainsi à se mettre à dos l’ensemble des groupes de partisans…), ce qui signale une intention de s’inscrire dans des espaces « culturels » historiquement contestés par les fachos. On nous rapporte également que des militants de la NA se livrent à de l’intimidation d’étudiant·es écologistes, ce qui indique là aussi une volonté claire d’antagoniser la gauche et les antifascistes. Sans même insister sur la filiation déjà évoquée avec le FCF et la participation d’individus déjà identifiés à l’extrême droite, il est assez évident que derrière l’image d’un nationalisme BCBG plus ou moins débarrassé du bagage sulfureux des groupes explicitement fascistes, ce sont les mêmes arrière-pensées et les mêmes motifs qui sous-tendent l’activité de ce nouveau projet. Leur autocollant reprenant le fameux slogan « Le Québec aux Québécois », même s’il joue d’ambiguïté, ne devrait laisser aucun doute à cet égard dans le contexte. Quoi qu’il en soit, s’ils cherchaient l’attention des antifascistes, ils l’ont trouvée.

Un autre fasciste notoire qui insiste lourdement pour démentir qu’il l’est (car le fascisme, c’est bien connu, a complètement disparu de la surface de la Terre en 1945…) est Alexandre Cormier-Denis, qui anime avec ses acolytes la webtélé, Nomos-tv. Depuis sa création, Nomos véhicule un ultranationalisme explicitement raciste et xénophobe, généralement réactionnaire, mais pas forcément hostile au « nationalisme révolutionnaire » (Cormier-Denis a déroulé le tapis rouge à Raphaël Lévesque d’Atalante en juin 2020). En plus de sa base d’appui au Québec, ce projet à caractère ethnonationaliste a trouvé dans les dernières années un écho particulièrement favorable dans les réseaux identitaires français, comme le confirme la forte activité sur la chaîne Telegram publique de Nomos et l’accent ridicule qu’a adopté Cormier-Denis dans ses capsules depuis quelque temps. Cormier-Denis a d’ailleurs chaudement soutenu la candidature d’Éric Zemmour (qu’il appelle facétieusement le « sépharade magique ») aux dernières élections présidentielles françaises, ce qui lui a en outre attiré les foudres des antisémites enragés, comme Sylvain Marcoux (voir ci-dessous). Cormier-Denis et Nomos adhèrent à la stratégie métapolitique théorisée par l’extrême droite française à partir des années 1980 (dans le giron du Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne – GRECE), qui consiste à miser sur la transformation graduelle, sur le temps long, du paysage culturel et idéologique jusqu’à ce que le contexte général soit jugé favorable à la prise du pouvoir politique par l’extrême droite. Cette stratégie est d’ailleurs à l’œuvre en France depuis plus d’une génération et explique (entre autres facteurs) pourquoi le Rassemblement National de Marine Le Pen s’approche de plus en plus du pouvoir à chaque cycle électoral.

La chaîne Nomos a été déplatformée de YouTube en octobre 2021, en réponse à une plainte du Réseau canadien anti-haine, et ses animateurs ont choisi de transférer ses activités sur la plateforme Odyssée, en se repliant sur un modèle payant. Malgré cela, il est raisonnable d’affirmer que Nomos.tv est à l’heure actuelle une plateforme de premier plan pour l’extrême droite idéologique au Québec.

Et les nazis…

L’activité des charognes nazies a subi une suite de revers au Québec dans les dernières années, mais n’est jamais complètement disparue.

Montréal Antifasciste a suivi attentivement le procès pour incitation à la haine de Gabriel Sohier Chaput, alias Zeiger, qui s’est soldé par un verdict de culpabilité en janvier 2023. En dépit de ce verdict (que le principal intéressé souhaite porter en appel), le procès a été bâclé et a révélé l’incompétence de l’enquête policière et l’impréparation de la poursuite, à commencer par l’insuffisance des accusations portées contre cet idéologue et militant nazi extrêmement prolifique et influent entre 2014 et 2018. Rappelons que Sohier Chaput était un auteur et proche collaborateur du site The Daily Stormer, en plus de co-administrer le forum de discussion Iron March et de produire une chiée de propagande nazie et suprémaciste blanche pendant de nombreuses années. Il avait été identifié par des antifascistes en 2018 et fait l’objet d’une série d’articles dans la Montreal Gazette en mai de la même année. Sohier Chaput vit actuellement dans la petite localité de Marsoui, en Gaspésie, vraisemblablement chez un membre de sa famille.

Un de ceux qui avaient une opinion forte sur le procès de Zeiger était Sylvain Marcoux, dont le Parti nationaliste chrétien (PNC) n’a pas connu une très bonne année non plus. Après avoir été arrêté en août 2020 pour harcèlement criminel et intimidation à l’endroit du directeur de la Santé publique, Horacio Arruda, et avoir dû présenter des excuses en septembre 2021 pour s’en tirer avec une absolution, Marcoux n’a pas été en mesure de faire reconnaître son parti d’inspiration nazie par le directeur général des élections au scrutin provincial d’automne 2022. Qu’à cela ne tienne, Marcoux et ses acolytes du PNC, dont une certaine Andréanne Chabot, sévissent sur Telegram et sur Twitter, où ils créent de nouveaux comptes au fur et à mesure que la plateforme les supprime.

Dernièrement, Sylvain Marcoux a fait une apparition en marge d’une manifestation anti-drag à Sainte-Catherine, sur la rive sud de Montréal, où il a été accueilli avec une volée de bois vert par les antifascistes réuni·es sur place pour bloquer les homophobes.

D’autres bozos ont aussi décidé de faire une apparition lors de cet événement, soit les militants de White Lives Matter (WLM), qui avaient fait l’objet d’un article de Montréal Antifasciste en mars 2022. Deux d’entre eux, Raphaël Dinucci St-Hilaire (de Laval) et David Barrette (de Saint-Jean-sur-Richelieu), ont eux aussi vite appris que les trans et les queers savent se défendre, et doivent désormais composer avec le fait d’être identifiés à cette organisation suprémaciste blanche, avec les conséquences que cela implique.

Il en va de même pour Shawn Beauvais MacDonald, un autre nazi bien connu de nos services, habitué du chat WLM, dont nous soupçonnons fortement qu’il est lié à la création d’un nouveau projet activiste local, analogue à WLM, le Frontenac Active Club. Selon l’Anti-Defamation League :

« Les Active Clubs forment un réseau [inter]national de bandes localisées de suprémacistes blancs en grande partie inspirés du Rise Above Movement (R.A.M.) de Robert Rondo. Les membres des AC se voient comme des guerriers s’entraînant pour la guerre en cours contre un système qui, selon eux, conspire délibérément contre la race blanche. »

Le 21 avril 2023, des autocollants du Frontenac AC sont apparus sur la rue Atateken, dans le Village de Montréal, et le jour même, une publication a été affichée sur la chaîne Telegram @FrontenacAC revendiquant les collants, avec la légende « J’débarque en drift à la pride, mon capot inclusif ». Ce message fait explicitement référence aux attentats à la voiture-bélier comme celui qui a coûté la vie à Heather Heyer, le 12 août 2017, à Charlottesville, en Virginie, en marge du rassemblement suprémaciste « Unite the Right » (auquel a d’ailleurs participé Shawn Beauvais MacDonald). Or, le lendemain, après une activité de lancement de livre coorganisé par Montréal Antifasciste au Comité social Centre-Sud, qui se trouve à deux pas de là où les autocollants Frontenac AC ont été posés la veille, ce même Beauvais MacDonald a eu l’idée fort saugrenue de se présenter seul au bar Yer’Mad, un lieu de rencontre bien connu de l’extrême gauche montréalaise, dans le but évident d’en intimider la clientèle. Ayant été informé·es de sa présence, des antifascistes se sont rapidement présenté·es sur place et l’en ont expulsé manu militari. Cette séquence d’événements nous porte à croire que Shawn Beauvais MacDonald est un acteur clé de cette nouvelle initiative. Des autocollants Frontenac Active Club sont aussi apparus dans les derniers temps à Saint-Jean-sur-Richelieu et à Bromont.

Dans la région de Québec, la quasi-disparition d’Atalante a laissé un vide, mais les nazis ne sont jamais bien loin. Au printemps 2019, le groupe phare de la formation néofasciste, Légitime Violence, a tenté d’organiser un spectacle avec le groupe français de black métal néonazi Baise ma hache dans un centre communautaire de Québec, mais la vigilance de la communauté les a forcés à se réfugier plutôt au bar Le Duck. Cet établissement semble d’ailleurs cultiver une certaine sympathie pour les nazis, puisqu’il a accueilli des membres de l’entourage de Légitime Violence, des militants de WLM et des sympathisant·es de Nomos, en juin 2022, à l’occasion d’un événement appelé la « Saint-Jean de la race ».

Il convient aussi d’attirer l’attention sur un curieux phénomène qui a agité la scène hardcore de Québec en 2023. En février dernier, un nouveau groupe, du nom de R.A.W, commence à faire parler de lui. En creusant un peu, on apprend que ce sigle signifie Rock Against Wokism (une référence pas très subtile au mouvement néonazi Rock Against Communism), le fameux « wokisme » étant personnifié sur leur matériel visuel par Justin Trudeau mangeant un coup de poing sur la gueule. Il y a bien sûr d’innombrables raisons d’en vouloir à Justin Trudeau et à son gouvernement, comme le fait qu’il sert les intérêts capitalistes, mais nous ne croyons pas que sa défense des minorités en fasse partie… (Soulignons au passage que le visuel du groupe est librement inspiré de celui du groupe métal Pantera, dont le chanteur aime bien lui aussi tendre le bras à l’occasion…)

Comme si ce n’était pas suffisant, le groupe a comme batteur Philippe Dionne, un ancien membre de Légitime Violence, ce qui ne semble pas déranger outre mesure les autres membres du groupe. Le chanteur, Martin Cloutier, pour sa part, a confusément tenté d’expliquer la démarche du groupe, mais a fini par s’enfarger très publiquement dans son jupon transphobe, lui qui est un adepte de Tucker Carlson, Breitbart News et autres pourritures de l’extrême droite américaine.

Le groupe avait prévu un concert le 4 mars, mais la scène hardcore antiraciste de la province s’est rapidement mobilisée et les groupes qui devaient partager l’affiche avec eux se sont mis à annuler les uns après les autres. La soirée a fini par se tenir au Studio Sonum, connu pour employer des fascistes, avec un seul autre groupe, Corruption 86, dont le chanteur, Laurent Brient, est connu pour avoir été également membre de la formation white power Bootprint, sans oublier son adhésion à une tentative de formation d’un chapitre du groupe néonazi Volksfront au début des années 2010. Qui se ressemble s’assemble…

D’autres nazis de la région dont nous avons déjà parlé continuent aussi à y sévir à divers degrés : Gabriel Marcon Drapeau continue à vendre ses camelotes nazies sous la bannière Vinland Stiker, notamment au marché aux puces Jean-Talon, à Charlesbourg (dont l’administration semble tolérer qu’un nazi y vende régulièrement de la marchandise nazie depuis des mois…). Et toujours dans le département de la guénille, nous avons déjà mentionné le projet Pagan Heritage de Steve Labrecque et Jonahtan Payeur.

La spirale antisanitaire, les fantasmes de complot et la « réinfosphère »

Montréal Antifasciste a plus d’une fois abordé, durant et après la pandémie de COVID-19, la convergence observée de certains courants d’extrême droite avec la mouvance complotiste et la « conspiritualité », un phénomène antisanitaire dérivé des milieux hippies/New Age. Malgré les liens de plus en plus flagrants et répandus entre ces trois tendances, qui, au Canada, ont abouti au grotesque « convoi de la liberté », certaines voix à gauche se sont élevées (et le font encore!) pour défendre cette convergence comme l’expression d’une révolte populaire légitime contre les élites, qu’il faudrait soutenir et accompagner (les plus cyniques diraient exploiter…) plutôt que dénoncer et combattre au vu de ses dimensions réactionnaires, égoïstes et antiscientifiques.

Nous persistons à croire qu’il s’agit là d’une grossière faute d’analyse, comme le confirment les plus récentes orientations de la complosphère, et que la spirale antisanitaire observée au cours des dernières années est à la fois une manifestation de l’extrême droite et une occasion pour elle de faire rayonner ses thèmes et ses obsessions. Ce faisant, elle parvient à ouvrir considérablement sur la droite la fenêtre d’Overton, soit le spectre des idées acceptables au sein de la population générale. Comme pour élargir à un plus large public les chambres d’écho antisanitaires qui s’étaient formées sur les médias sociaux durant la pandémie (lesquelles s’appuyaient déjà largement sur les chambres d’écho xénophobes/islamophobes de la période précédente), la complosphère s’est dotée dans les dernières années de plateformes de diffusion s’inspirant, parfois explicitement, du concept de « réinformation » développée par l’extrême droite française depuis une vingtaine d’années.

C’est le cas notamment du projet Lux Média (anciennement le Stu Dio), animé par André « Stu Pit » Pitre, qui se réclame ouvertement de ce concept. Pitre et ses collaborateurs répandent non seulement tous les fantasmes du complot en vogue (innombrables variations sur le thème des vaccins mortifères, climatoscepticisme, grooming panic et pédosatanisme, le « Big Lie » de Trump et autres motifs de la fantasmagorie QAnon, etc.), mais aussi un nombre incalculable de menteries grossières (il est d’ailleurs permis de douter de la sincérité et de l’intégrité morale de Pitre, qui semble avant tout préoccupé par le maintien de ses sources de revenus) ainsi que de nombreux sujets appartenant historiquement à l’extrême droite, comme le « grand remplacement » et autres prétendues machinations des « mondialistes » (un euphémisme/dogwhistle antisémite) pour faire disparaître la civilisation occidentale. Il y a quelques années à peine, ces thèmes n’étaient vraiment abordés que dans les sphères de l’extrême droite idéologique, comme la Fédération des Québécois de souche, mais l’influence combinée des milieux nationaux-populistes de la période 2016-2019 et de la complosphère antisanitaire plus récente ont eu pour effet d’élargir considérablement le bassin des personnes qui y sont exposées. Le confusionnisme, c’est-à-dire le brouillage délibéré du sens des mots et des concepts politiques et leur détournement à des fins malveillantes, est un autre moyen employé par ces acteurs pour manipuler les esprits et favoriser l’adhésion à cet assemblage toxique de propos mensongers, de fantasmes du complot et de clichés d’extrême droite. (Mise à jour : Le 24 juin 2023, à l’occasion de la Saint-Jean-Baptiste, Lux Média a prêté ses locaux à Nomos-tv pour lui permettre de faire d’enregister devant public la deuxième édition de son événement spécial appelé « Saint-Jean de la race », ce qui signale un rapprochement clair entre les deux projets et confirme encore une fois la pollénisation croisée de l’extrême droite et de la complosphère.)

En quête perpétuelle de clics (que ce soit pour maintenir leur flux de revenus ou leur statut nouvellement acquis de petite vedette), une petite armée de leaders et d’influenceurs complotistes exploite l’anxiété générée par les crises du monde actuel, la peur du changement et la grande crédulité d’une partie de la population – qui est favorisée par la structure même des médias sociaux et la méfiance légitime à l’égard des les médias de masse – pour détourner et fanatiser une base déjà susceptible aux fantasmes de complot. Cette mécanique insidieuse fait en sorte que « l’agenda » complotiste est de plus en plus influencé, voire déterminé, par l’extrême droite, et que l’arrimage des deux est de plus en plus étroit.

Le prétendu « convoi de la liberté » en 2022, qui était dès le départ organisé par des militant·es identifié·es à l’extrême droite, a marqué à cet égard une accélération. L’opposition aux obligations vaccinales s’est vite transformée en opposition à la vaccination tout court, puis assez vite les délires complotistes QAnon et autres éléments de discours en rupture avec la réalité sont venus prendre de plus en plus de place dans la rhétorique des sympathisant·es lambda du convoi. Rappelons d’ailleurs ici que les Farfadaas, dirigé par Steve « l’Artiss » Charland, ex-lieutenant de La Meute, se sont impliqués à fond dans le convoi et le mouvement d’opposition aux mesures sanitaires, tout comme Mario Roy, une figure de premier plan de Storm Alliance et autres groupuscules islamophobes de la période 2016-2019.

En février dernier, soit un an après le démantèlement du convoi, Christine Anderson, une députée européenne de la formation allemande d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD), a été invitée à effectuer une tournée canadienne en surfant sur son soutien au convoi. Cette tournée était sponsorisée au Québec par la Fondation pour la protection des droits et libertés du peuple, dont le principal porte-parole, Stéphane Blais, s’est fait connaître pour les démarches judiciaires farfelues qu’il a entreprises contre le gouvernement du Québec. (Notons que les organisateurs de la conférence d’Anderson à Montréal ont dû déplacer l’événement à l’extérieur de la ville en raison des pressions antifascistes.) Récemment, un autre influenceur et pompe à fric complotiste, Samuel Grenier, a annoncé qu’il organisait à l’été 2023 une série d’événements suivant la même formule, cette fois-ci avec une députée du Rassemblement national (RN), le parti d’extrême droite français.

Mais sans doute le développement récent le plus significatif de la complosphère québécoise, du point de vue antifasciste, est la rapide fanatisation des discours anti-LGBTQ+, qui sont à la fois un élément central des fantasmes de complot contemporains et un thème récurrent de l’alt-right et de l’extrême droite religieuse. Au Québec, l’hystérie « anti-drag », qui a déjà fait des dégâts importants aux États-Unis sur le plan politique institutionnel, est principalement portée par le militant anti-vaccin François Amalega Bitondo. Celui-ci est proche des courants évangélistes qui ont fait leur beurre durant la pandémie, comme Carlos Norbal, le pasteur-entrepreneur (sic) à la tête de l’Église Nouvelle création, et les animateurs de la chaîne ThéoVox.tv, dont Jean-François Denis. Il est aussi un invité récurrent de Lux Media et exerce une forte influence sur la complosphère par ses interventions régulières sur les médias sociaux. Il se consacre désormais entièrement à la croisade anti-LGBTQ+, ayant notamment organisé (ou tenté d’organiser…) une série de manifestations contre les heures du conte en drag de l’artiste et pédagogue Barbada. Pour l’instant, ces rassemblements (le 2 avril à Sainte-Catherine et le 16 mai à Mercier-Est) ont été mis en déroute par la communauté trans et queer antifasciste, mais au moment d’écrire ces lignes, Amalega ne montre aucun signe de vouloir ralentir ses ardeurs homophobes/transphobes et a lancé un appel à manifester à Jonquière, le 26 mai. Appel auquel ses suiveux·ses de la région semblent vouloir donner suite.

La vive opposition antifasciste à l’offensive haineuse des conspis en a surpris plus d’un·e – dont Amalega lui-même –, puisqu’iels découvrent une forme de résistance qui leur avait largement échappé jusque-là. Citons à ce propos le compte-rendu de la contre-manifestation du 2 avril produit par Montréal Antifasciste :

« Il convient de dire ici que le milieu complotiste a largement été épargné par les antifascistes au cours des trois années marquées par la pandémie. Malgré la proximité maintes fois explicitée entre l’extrême droite et les fantasmes de complot, les enjeux d’ordre sanitaire relèvent pour l’essentiel de choix personnels, et il est compliqué et délicat d’intervenir contre des personnes et des regroupements sans contours clairs dont le principal défaut est d’adhérer à des balivernes antiscientifiques. Une ligne est toutefois franchie lorsque ces fantasmes de complot visent directement nos communautés et compromettent notre sécurité à court, moyen et long terme. C’est cette ligne que franchissent actuellement les anti-drag et les transphobes avec leur panique bidon, et il est absolument nécessaire de leur envoyer le message que les communautés queers et trans ne se laisseront pas intimider sans se défendre. Qu’il ne subsiste aucun doute à cet égard : si les queerphobes/transphobes persistent dans leur démarche de diabolisation de nos communautés, iels nous trouveront toujours sur leur chemin. Queers bash back, darling… »

La galaxie des « réinformateurs »

Outre les plateformes déjà mentionnées, comme Nomos.tv et Lux Media, un certain nombre d’autres projets médiatiques participent activement à cette convergence des sphères complotistes et de l’extrême droite.

Le plus influent durant la pandémie était sans doute Radio-Québec, animé par Alexis Cossette-Trudel. Radio-Canada a démontré en 2020 que Cossette-Trudel était l’un des principaux passeurs des délires QAnon dans le monde. Celui-ci a d’ailleurs été déplateformé (de Facebook en octobre 2020, et de Twitter en janvier 2021), mais la nouvelle administration de Twitter, qui s’avère un grand allié de l’extrême droite et de la désinformation, a tout récemment jugé bon de lui redonner l’accès à son compte. Radio-Québec reste sans aucun doute l’une des plus importantes plateformes complotistes au Québec à l’heure actuelle.

Un autre projet qui a vu le jour dans la foulée de la pandémie, sur une plateforme quasi complotiste fortement marquée à droite, est Libre-Média. Son rédacteur en chef est Jérôme Blanchet-Gravel, une espèce de Mathieu Bock-Côté de pacotille qui a fait de la misogynie un véritable mode de vie. Disant se porter à la défense de la « liberté de presse et d’expression », Libre-Media reprend en fait tous les thèmes de la complosphère antisanitaire et relaie plusieurs fantasmes de complot en vogue, sur une ligne éditoriale agressivement « anti-woke ».

Rebel News Québec, une section locale du média « alt-light » d’Ezra Levant qualifié par Radio-Canada de « site de fausses nouvelles », a vu le jour en 2022. C’est essentiellement le one-woman-show de la très cringe Alexandra (Alexa) Lavoie, secondée dans sa démarche par un certain Guillaume Roy. Le style de la maison est brouillon et incompétent (tout en revendiquant un statut de journalisme professionnel), mais ça n’a aucune importance, car le but de l’entreprise est de provoquer et d’alimenter la colère de la base complotiste. Il suffit de voir pour s’en convaincre le particulièrement pathétique reportage sur l’action de défense communautaire contre les anti-drag du 16 mai.

Nous avons déjà mentionné la plateforme évangéliste ThéoVox.tv, un studio de web télé doublé d’un « ministère », qui relaie et alimente les obsessions du complotisme antisanitaire en les enrobant d’un discours moralisant hyperconservateur. ThéoVox accueille régulièrement François Amalega sur son plateau, où il répand librement sa hantise des LGBTQ+. Amalega est aussi un favori du pasteur Carlos Norbal, qui l’invite même à l’occasion à prêcher lors de ses services dominicaux!

Il existe en outre toute une galaxie de vlogueurs·euses complotistes plus ou moins influent·es, qui ensemble forment un écosystème fermé où les fantasmes de complot aux accents fascisants circulent librement. Nommons Stéphane Blais, Dan Pilon, Amélie Paul, Samuel Grenier, Carl Giroux, Jonathan « Joe l’Indigo » Blanchette, Mel Goyer, Maxime « le policier du peuple » Ouimet et une pléthore d’autres coucous de la même portée.

Fermons ce tour d’horizon en mentionnant la chaîne Odyssée (une alternative à YouTube extrêmement accueillante pour l’extrême droite, où s’est notamment réfugié Nomos.tv) de Jean-François Gariépy, un ethnonationaliste québécois jouissant d’une notoriété et d’une influence considérables dans ce qu’il reste du milieu alt-right à l’échelle internationale.

Prendre la mesure du problème et agir en conséquence…

Bien entendu, il n’y aura pas de solution simple à la montée de l’extrême droite, ni au problème endémique des fantasmes de complot qui intoxiquent une partie considérable de la population par le truchement des médias sociaux. Il est toutefois important de connaître les sources de la toxicité et ses principaux facteurs si l’on espère l’endiguer un tant soit peu. Il importe également de comprendre la mécanique par laquelle ces fantasmes favorisent la fanatisation de la base complotiste et l’essor de l’extrême droite, dont les thèmes sont de plus en plus exploités par ces mêmes « réinformateurs » malveillants.

La question se pose ensuite de la marche à suivre pour renverser la vapeur… Comme nous l’avons déjà écrit, ces développements sont avant tout conditionnés par des facteurs systémiques : crise de confiance à l’égard des institutions de pouvoir, multiples crises imbriquées (dont celle du capitalisme en tant que tel), pertes des repères et érosion des privilèges de la classe moyenne blanche hétéronormative, intégration des éléments de programmes de la droite populiste dans le mainstream culturel et politique, etc. La logique élémentaire voudrait donc que toute proposition de solution durable tienne compte de ces facteurs et revête également un caractère systémique.

Il importe par ailleurs de prendre en considération l’attitude du système face à ces phénomènes et d’anticiper ses conséquences sur nos propres mouvements. Il convient par exemple de mentionner la manière dont l’État et les différents centres du pouvoir capitaliste utilisent la peur du fascisme pour consolider de nouveaux outils de répression. On l’a bien vu, par exemple, dans le contexte du « convoi de la liberté », avec la législation d’urgence, la démonétisation des organisateurs·trices et les différentes manières dont la peur du fascisme a été invoquée par les commentateurs de droite et libéraux pour justifier les mesures extraordinaires de répression. Non seulement l’antifascisme libéral ne remet pas en cause le système, il peut aussi facilement devenir un moyen pratique de consolider un système politique répressif et de réaffirmer la légitimité de l’État à écraser toustes ses opposant·es, quel que soit leur positionnement idéologique. Comme nous l’écrivions quelques mois après le convoi :

« Plusieurs ont aussi accueilli favorablement la loi d’exception invoquée par le gouvernement pour mater quelques centaines d’hurluberlus frustrés. Un tel enthousiasme à l’égard de la répression trahit une mauvaise compréhension des rapports entre l’État bourgeois et les mouvements sociaux. La principale utilité du recours à cette mesure pour le gouvernement, au-delà des pouvoirs immédiats qu’elle lui conférait pour saboter l’organisation des anti-vaxx, a été de créer un précédent pour les prochaines occasions de réprimer les mouvements de dissidence ou de désobéissance populaires, qu’ils soient progressistes ou réactionnaires. Ce précédent devrait donc fortement inquiéter quiconque sympathise avec les mouvements pour la justice sociale et économique, la décolonisation ou la protection de l’environnement qui pourraient être portés à mener des actions de désobéissance à l’avenir. On peut sans difficulté anticiper les éventuelles réactions de l’État, par exemple, quand des communautés autochtones reprendront des moyens extralégaux pour défendre leurs territoires ou quand la nouvelle génération recourra inévitablement aux actions directes pour réclamer des transformations radicales de la société et de la gouvernance au regard des changements climatiques qui se précipitent. Si la mesure législative exceptionnelle est employée cette fois-ci contre un groupe dont les pulsions réactionnaires nous répugnent, rien ne garantit qu’elle ne sera pas invoquée plus tard pour réprimer des revendications qui nous tiennent à cœur. En fait, l’histoire nous enseigne que la répression s’est presque toujours abattue avec plus de zèle et de force sur les mouvements progressistes que sur les mouvements réactionnaires… »

///

Quelles sont donc nos perspectives, en 2023, pour contrer efficacement la normalisation des thèmes d’extrême droite et la dangereuse convergence réactionnaire décrite ci-dessus, mais aussi la reproduction des systèmes de domination qui en sont la cause? Nous croyons qu’une partie du défi qui se pose à nous est d’arrimer la multitude des résistances particulières dans un mouvement social antifasciste large et unitaire. C’est-à-dire multiplier les solidarités de sorte que, par exemple, les dimensions antiraciste, anticolonialiste et anti-hétéropatriarcale de la lutte antifasciste (et toute autre dimension) progressent simultanément et s’arriment en même temps aux mouvements écologistes et anticapitalistes. Pour citer à nouveau notre texte de mai 2022 :

« En tant qu’antifascistes et anticapitalistes, nous croyons qu’il faut impérativement penser et actualiser la résistance, non seulement à l’extrême droite et à la menace fasciste, mais aussi à l’État bourgeois et aux institutions de pouvoir connexes qui renforcent l’hégémonie néolibérale et l’ordre social colonial. L’État bourgeois ne veut pas notre bien, et les tensions entre les intérêts des différentes classes sociales sont aussi irréconciliables aujourd’hui qu’elles l’ont toujours été. (…) Face à l’extrême droite et à la menace fasciste, d’une part, et à l’hégémonie néolibérale, d’autre part, notre souhait le plus cher est de voir le camp de l’émancipation se rallier autour d’un projet à la fois antiraciste/antifasciste, féministe, anticapitaliste et anticolonialiste. »

Il faut aussi, bien sûr, s’atteler concrètement à la pénible tâche de déconstruire les discours complotistes et d’exposer leur ancrage dans l’extrême droite, et ce, sans s’y perdre. Ce qui est plus facile à dire qu’à faire, au vu de la loi de Brandolini, qui énonce que « la quantité d’énergie nécessaire pour réfuter des sottises est est d’un ordre de grandeur supérieur à celle nécessaire pour les produire ». Mais il faut bien que la raison triomphe, alors il nous faudra trouver collectivement les moyens de résoudre cette problématique.

Dans le même ordre d’esprit, en guise de tâche concrète, il nous semble essentiel de déconstruire au quotidien, dans nos milieux de vie et de travail, l’hystérie anti-woke qui a empoisonné l’espace public ces dernières années. Par définition, la personne qui se dit anti-woke affirme essentiellement être anti-antiraciste, anti-antisexiste, anti-égalité, anti-justice sociale et, ultimement, anti-empathie! En d’autres termes, être anti-woke, c’est avouer son désarroi devant un monde qui change et évolue vers une plus grande acceptation de la différence et de la diversité, vers une décomposition de la suprématie blanche et hétéropatriarcale, et vers une situation de justice et d’égalité plus généralisée. C’est la définition même d’un état d’esprit réactionnaire, et il nous emble nécessaire de combattre cette tendance de plus en plus présente dans l’espace public et la culture générale. Sans nécessairement accepter sans broncher l’étiquette « woke » qu’on cherche bêtement à leur accoler (qui a ce stade-ci, de toute façon, ne désigne plus qu’une caricature vidée de toute substance), nos mouvements doivent reconnaître et continuer à faire valoir l’importance de « rester woke », au sens original du terme, c’est-à-dire de demeurer sensible aux injustices et aux inégalités d’ordre systémique et de s’engager au mieux de notre possible pour les démanteler.

Et finalement, comme toujours, « nous invitons nos sympathisant·e·s à renouveler leur engagement dans la pratique antifasciste, c’est-à-dire dans l’autodéfense populaire/communautaire, et ce, sans jamais perdre de vue l’horizon révolutionnaire. Car une véritable émancipation ne s’obtiendra jamais par la pétition. »

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¡No pasarán!

[1]               La crise des « accommodements raisonnables » est une séquence de controverses largement fabriquées et montées en épingle, entre 2006 et 2008, par les médias populistes de l’empire Québecor et des formations politiques opportunistes, dont l’Action démocratique du Québec de Mario Dumont (précurseur direct de la Coalition avenir Québec, formée en 2011) et le Parti québécois, dont le projet de « charte des valeurs » (2013) était porté par Bernard Drainville, lequel est aujourd’hui… au service de la CAQ!

Conspis et néonazis : qui sont les organisateurs de la manifestation anti-LGBTQ du 8 juillet à Québec?

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Juin 262023
 

De Montréal Antifasciste

Attention : cet article contient des éléments de contenu explicitement homophobes, racistes et antisémites.

Le 8 juillet prochain doit avoir lieu à Québec une manifestation « contre la propagande LGBTQ dans les écoles et les institutions ». Cette manifestation s’inscrit en fait dans une série d’événements organisés depuis quelque temps au Québec dans l’intention apparente de diaboliser les communautés LGBTQ et leurs allié·es. Le prétexte pour tenir ce rassemblement devant le Musée de la civilisation de Québec est une exposition en cours examinant « les multiples réalités liées aux identités de genre ».

François Amalega Bitondo, dont nous avons parlé à plusieurs reprises au cours des derniers mois, est à nouveau impliqué dans cette mobilisation, mais il n’en est pas l’instigateur. Peut-être pour renforcer une crédibilité quelque peu ébranlée, il s’est cette fois-ci associé sur Facebook à de mystérieux « jeunes » qui disent être à l’origine de la démarche.

Mais qui sont ces fameux jeunes? Et d’où exactement provient cet appel à manifester? Cet article vise à démontrer que les initiateurs de la manifestation anti-LGBTQ du 8 juillet sont en fait un petit groupe de jeunes néonazis du clavier (dont un personnage que nous suivions déjà depuis quelques années) et que la base d’appui de cette mobilisation est fermement ancrée dans les réseaux d’extrême droite et néonazis québécois, dont l’entourage du Parti nationaliste chrétien de Sylvain Marcoux, qui exerce manifestement un ascendant considérable sur ces jeunes esprits.

À la lumière des renseignements exposés dans cet article, il est plus évident que jamais que les communautés concernées et leurs allié·es doivent se mobiliser et résister par tous les moyens nécessaires à la montée de la haine anti-LGBTQ, qui remplit clairement aujourd’hui une fonction de fanatisation des sphères conservatrices et complotistes.

Une contre-manifestation aura d’ailleurs lieu à Québec le 8 juillet; restez à l’affût pour plus de renseignements.

///

Qui est « Lucas Ali Boucher Thériault »?

Pendant plusieurs semaines suivant la création de l’événement Facebook par un certain Lucas Ali Boucher Thériault, le 8 juin 2023, les deux seuls organisateurs listés publiquement étaient celui-ci et le militant complotiste François Amalega.

Plus récemment, d’autres coorganisateurs ont été listés, dont Carl Giroux, un influenceur antisanitaire, et deux autres individus qui semblent être connectés (du moins par les médias sociaux) au jeune Boucher Thériault : Justin Crépeau, de Québec, et le compte « Chose Mat ».

Lucas Boucher Thériault est un résident de la région de Lanaudière (Joliette, Saint-Jean-de-Matha) qui n’a pas plus de 15 ou 16 ans aujourd’hui, mais qui était déjà sur notre radar depuis quelques années en raison de ses activités douteuses sur les médias sociaux. Nous l’avons notamment suivi sur Instagram et Twitter ainsi que sur la plateforme Discord, où il a créé une chaîne à saveur « identitaire » alors qu’il n’avait que 13 ans.

À l’été 2021, son activité trahissait déjà un ancrage à l’extrême droite, et manifestement, le jeune Lucas n’a fait que se fanatiser depuis. En plus de reprendre tous les motifs antisémites bien connus (il recommandait récemment sur Twitter un documentaire de propagande néonazie extrêmement populaire dans ces réseaux), son discours s’est porté avec insistance sur les communautés LGBTQ, qu’il associe intégralement au « grooming », soit le conditionnement des personnes mineures à des fins d’exploitation sexuelle. Cette vieille obsession de l’extrême droite – qui se conjugue au vieux fond d’homophobie tout droit hérité de la morale religieuse – agite particulièrement les milieux complotistes depuis quelque temps, comme en fait foi le langage halluciné (et explicitement transphobe) entourant les récentes tentatives de mobilisation contre les heures du conte en drag.

En juin 2021, Lucas Boucher Thériault crée le compte « lucas_le_patriote » sur Instagram; de l’été à l’hiver 2021, plusieurs autres comptes sont aussi créés sous différents pseudonymes, et de nombreux indices (photos, vêtements et accessoires, références croisées et redondances, etc.) permettent facilement d’établir le lien avec Lucas Boucher Thériault; dans les captures d’écran ci-dessous, tout indique que les comptes « Metalbuzz268 », « Vector_the_boss », « Blair_insta_ », « Tomate_kasher88 » et « Lucasbackup14 » sont tous administrés par lui. Notez l’utilisation des chiffres 14 et 88, deux codes néonazis notoires, et les nombreux autres référents d’extrême droite. Même en l’absence d’indices probants, nous croyons que le compte « Tabarnak38tabarnak » s’inscrit dans le même petit système. Il pourrait toutefois aussi appartenir à un comparse. Nous laisserons nos lecteurs·rices tirer leurs propres conclusions à cet égard.

De juin à août 2021, Lucas Boucher Thériault déploie également son activité sur la plateforme Discord, sous les pseudos « Commander Lucas » (Christian Power) et, plus tard, « Loyalty ». Après avoir créé la chaîne « Québec identitaire » (d’abord baptisée « Xero’s Anti-Governement », puis « Nam Deus »), il y évoque avec d’autres la création d’une milice patriotique, à laquelle il consacre un salon de discussion. Il y publie même un « manifeste » (en réalité, une fort mauvaise dissertation d’anglais), dont les métadonnées révèlent son identité en propre. C’est au moins en partie dans ce bouillon toxique que s’est opérée sa fanatisation.

Il « arrive sur Twitter » en octobre 2021 avec le compte @knowyourenemyt_ (créé en juillet 2018). Il y adopte le pseudo « Bad Goy » (goy signifie non-Juif). En guise d’exemples de son activité, il y fait la promotion de la plateforme de diffusion web antisémite Goyim.tv et de la Goyim Defense League, décrite par l’Anti-Defamation League comme un réseau informel d’individus dont l’objectif général est « de jeter l’opprobre sur les Juifs et de répande des mythes et des théories du complot antisémites »; le 15 juin dernier, il a relayé un tweet du groupe néonazi Active Club de Californie; le 17 juin, suite à la disparition en mer de centaines de réfugiés au large des côtes grecques, Lucas Boucher Thériault relaie un tweet se désolant que 12 personnes d’origine pakistanaise aient survécu au naufrage…

Il est tout à fait légitime de penser que Lucas Boucher Thériault n’est qu’un enfant en mal d’attention qui a fait une série de choix déplorables sous l’influence d’idéologues malveillants; c’est rigoureusement vrai. Toutefois, du moment que les mauvais choix de cette jeune personne le mènent à s’afficher comme nazi – pendant plusieurs années et sans aucun signe de vouloir ralentir son dérapage – pour finalement organiser publiquement une manifestation anti-LGBTQ, une ligne rouge est dépassée. Nous croyons qu’il devient alors nécessaire de le dénoncer tout aussi publiquement. Le même raisonnement s’applique aux autres jeunes nommés dans cet article.

Nous ne prenons aucun plaisir à exposer ce jeune homme et ses acolytes aux conséquences de leurs actes, mais certaines leçons importantes doivent être apprises à la dure quand le bon sens élémentaire ou l’encadrement parental ne suffisent pas à rectifier la mauvaise trajectoire. Le niaisage nazi derrière un clavier, c’est une chose; l’organisation in real life, c’en est une autre. Et il n’est jamais trop tôt pour comprendre qu’à ce jeu, les conséquences sont proportionnelles au niveau d’engagement.

L’amplification du signal de la manif du 8 juillet

Le rôle de Lucas Boucher Thériault ne fait donc aucun doute, mais nous croyons également utile de retracer l’origine de cet appel à manifester ainsi que la chronologie de son amplification, qui révèle le rôle des autres nazillons dans ce plan foireux.

Sur Telegram

  • Le 2 juin est créé le canal Telegram « Comité Anti-Grooming », qui se décrit comme un « groupe de dissidents opposés à la propagande lgbt sur les jeunes ». L’appel à manifester y est publié. Il est également relayé sur Instagram le 14 juin par un compte du même nom (rebaptisé récemment anti_grooming_quebec), dont une autre utilisatrice d’Instagram affirme publiquement qu’il est administré par Justin Crépeau. Première coïncidence…
  • Le 7 juin 2023, le compte Telegram « FierCF » (@Skullmaskowner1488) relaie l’appel sur la chaîne publique « Clavardage Nomos-TV ».

À noter que l’avatar du compte « FierCF », au moment de cette publication, était un totenkopf (insigne des SS) et que son nom d’utilisateur était @Skullmaskowner1488 (le masque de tête de mort et le chiffre 1488 sont deux motifs de référence néonazis). L’utilisateur en question a plus tard changé son pseudo pour @fuckni****rs1488 (le mot raciste est ici caviardé), et plus récemment pour @jeanpatriote14. Au moment de rédiger ceci, son avatar est un Carillon Sacré-Cœur. On remarque ici la transposition des symboles du nationalisme canadien-français sur ceux du nazisme.

Il n’est pas possible d’affirmer avec certitude que ce compte Telegram est lié aux jeunes coorganisateurs nommés ici, mais des indices forts permettent de le croire (comme nous le démontrons ci-dessous) et les efforts de cet utilisateur pour promouvoir la manifestation du 8 juillet sur la chaîne de Nomos coïncident parfaitement avec l’activité des autres comptes de médias sociaux cités ici au cours du mois de juin.

  • Le 8 juin, Lucas Boucher Thériault crée l’événement Facebook pour la manifestation; il est relayé le même jour par le Parti nationaliste chrétien, le groupuscule d’inspiration néonazie de Sylvain Marcoux.
  • Le 22 juin, « FierCF » confirme dans le salon de clavardage de Nomos que la manifestation aura bel et bien lieu.

Sur Twitter

Tout porte à croire que le compte @AntiwokeL73304 (créé en juin 2023) est aussi administré par l’un ou l’autre des coorganisateurs de la manifestation du 8 juillet. Même si le nom et l’habillage du compte ont été modifiés depuis, pendant quelques jours le pseudo public était « Anti-f****t Army » (le terme homophobe est ici caviardé) et son avatar était un totenkopf. La description du profil comportait la mention « Également un fier NS », soit national-socialiste, c’est-à-dire, nazi. Le nom actuel du compte @AntiwokeL73304 est « Vieux rat grincheux ».

  • Le 13 juin, après avoir relayé la publication d’Amalega sur la manifestation, « Vieux rat grincheux » révèle dans un commentaire qu’il fait partie des organisateurs; deux jours plus tard, il s’étonne que les antifascistes n’aient pas encore parlé de sa manif de merde. (Voilà qui est fait.) On confirme rapidement en consultant les abonnés et les abonnements du compte que cet utilisateur est dans la sphère d’influence de Nomos-tv et du Parti nationaliste chrétien de Sylvain Marcoux.

Sur Facebook

À peu près au même moment, Justin Crépeau (« el_grand_zouf » sur Instagram), qui est listé sur Facebook comme coorganisateur de la manifestation du 8 juillet, en fait aussi une promotion active sur différentes pages.

Quant au coorganisateur « Chose Mat », nous n’avions extrait aucune information concluante à son sujet, à part qu’il dit avoir étudié au CÉGEP de Lévis et qu’il suit sur Facebook François Amalega, Le Harfang (Fédération des Québécois de souche), Nouvelle Alliance (une Nouvelle Amanchure nationaliste cryptofasciste), le Parti nationaliste chrétien de Sylvain Marcoux (encore lui, tiens tiens), les Éditions Tardivel (rattachées à des militants d’Atalante) et une page vide dont l’avatar est le logo du défunt forum néonazi Iron March…

Or, il se trouve qu’en novembre dernier, un certain Justin Crépeau (oui oui!) avait contacté Montréal Antifasciste par Messenger pour nous demander si nous avions vraiment l’intention de « faire un article sur lui ». De toute évidence, quelqu’un (pas nous) a dû brandir cette menace pour l’intimider. Avant même que nous répondions quoi que ce soit à ce premier message, il s’est empressé de dénoncer « un autre fasciste d’extrême droite neo nazi (notez ici la formulation “un autre”…) qui appelle à la mort des juifs et des noirs c’est **** **** il a 19 ans et vit à st-jean chrysostome lévis (sic) ».

Mise à jour : Le lendemain de la publication de l’article, le jeune **** **** a communiqué avec nous sur le conseil d’une amie. Il jure avoir été ajouté comme coorganisateur sans son consentement par Lucas Boucher Thériault. Il nous assure n’avoir aucune affinité politique avec les deux autres organisateurs et n’avoir jamais eu l’intention d’organiser, ni même de participer à cette manifestation. Il dit avoir suivi les pages fascistes dans le seul but de s’informer afin de « troller ». Il affirme également que la dénonciation le visant est un coup monté par Justin Crépeau. Selon lui, Justin Crépeau est le véritable maître d’œuvre de la manifestation du 8 juillet, et Lucas Boucher Thériault en est le seul autre véritable coorganisateur, avec le soutien de François Amalega. Nous lui accordons le bénéfice du doute et avons choisi de modifier l’article en conséquence.

Carl Giroux, pour sa part, est un coucou à calotte qui fait des vidéos de frustré dans son char, comme la pandémie en a généré des hordes. Il anime la page Facebook LibreChoix, qui a épousé la cause anti-LGBTQ sous l’effet de mode des derniers temps. On n’a pas grand-chose à dire sur ce douchebag du peuple, sinon qu’il était présent à la manif anti-drag de Mercier-Est le 16 mai dernier et que l’hostilité qu’il y a rencontrée l’a apparemment pris par surprise. Giroux ignore possiblement tout du pedigree néonazi de ses petits camarades, mais il n’aura plus le bénéfice du doute à la lecture de cet article. Gageons qu’il dira que les antifas ont tout inventé sous la direction de George Soros et les globalistes.

Et qui se profile en fait derrière ces nazillons?

Au-delà des détails sordides, qu’est-ce que notre démonstration révèle de ces adultes qui s’associent à de jeunes personnes dont ils ignorent tout dans le seul but de booster la crédibilité de leur croisade haineuse contre les drag queens, les personnes trans et la « théorie du genre »? Et que penser en revanche de ces jeunes néonazis racistes qui profitent de l’influence d’un coucou d’origine camerounaise pour s’introduire dans le mouvement populiste anti-LGBTQ? Dans les circonstances, on serait bien embêté de dire qui est l’idiot utile de qui…

Mais s’il faut parler de grooming, au-delà de la panique morale qui vise injustement les communautés LGBTQ, il serait sans doute plus pertinent de s’interroger sur l’influence extrêmement toxique qu’exercent des faux prophètes et idéologues fascistes comme Sylvain Marcoux et son parti néonazi, ou Alexandre Cormier-Denis et Nomos-tv, sur une partie de la nouvelle génération peut être trop susceptible à leurs bêtises et leur propagande haineuse. Ce sont eux, les véritables responsables de ce gâchis, tout comme ceux qui, sous un langage plus châtié, attisent les mêmes anxiétés dans les médias et l’arène politique.

Il faut peut-être aussi se livrer à un constat d’échec collectif, si nous avons effectivement permis que la mémoire de l’Holocauste se soit à ce point perdue et que l’épouvantable héritage du nazisme puisse aujourd’hui exercer un tel attrait sur une partie de la nouvelle génération.

C’est bien davantage là que réside le danger imminent pour la société québécoise, en 2023, que dans une exposition muséale sur la diversité de genre, les heures du conte en drag ou les allées et venues de membres des communautés LGBTQ qui ne demandent rien d’autre que de vivre leur vie dans la paix et la dignité.

Ne laissons pas ce fléau se répandre. Combattons farouchement l’influence des empoisonneurs.

Restons toujours antifascistes.

Qu’y a-t-il dans les contrats? À la recherche de plus d’information sur le projet de prison pour femmes à Montréal.

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Juin 152023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Pour en apprendre plus, consultez ce texte au sujet de qui a été accordé les nouveaux contrats et qui touche également sur le projet de construire une nouvelle prison pour femmes sur l’île de Montréal.

Pour lutter contre de nouveaux projets de construction, il faut d’abord apprendre le plus possible sur le projet. Cette recherche peut prendre de nombreuses formes; comme les premiers contrats ont déjà été accordés dans le cadre de la nouvelle prison pour femmes à Ahuntsic-Cartierville, nous voulions les voir. Pour faire court, c’était assez compliqué. Le gouvernement provincial a mis en place d’embêtantes mesures de sécurité sur les contrats qui les rendent plutôt faciles à télécharger de manière anonyme, mais très difficiles à ouvrir et à partager. Pourtant, nous les avons consultés, mais ils ne contiennent pas grand-chose. Nous partageons ici les parties pertinentes pour les personnes qui veulent lutter contre la nouvelle prison.

Tout d’abord, le gouvernement n’a pas fait preuve d’honnêteté relativement à la taille véritable de la nouvelle prison. Selon les médias, la nouvelle prison sera capable de stocker 237 personnes. En fait, le contrat indique qu’il faut qu’il soit possible d’élargir les bâtiments pour finalement accommoder 405 personnes. C’est vrai que l’échéancier de cette phase du projet s’arrête lorsqu’il n’y a toujours que 237 cellules, mais il y a un plan clair pour l’élargir davantage à l’avenir, bien qu’il n’y ait aucun calendrier proposé. Cela représente plus de personnes que la Maison Tanguay n’avait au départ, mais moins que la capacité actuelle de Leclerc (qui est, on le rappelle, une ancienne prison fédérale avec une capacité importante, mais qui s’effondre et laisse entrer la pluie et le vent).

Deuxièmement, la Société Elizabeth Fry du Québec est fortement impliquée dans ce projet. Pour celles et ceux qui ne les connaissent pas, les sociétés Elizabeth Fry existent dans la plupart des provinces. Il existe également un organisme national du même nom. Elles semblent fonctionner de manière autonome, l’organisme national étant le plus ouvert à des idées radicales. Leur mandat commun est d’aider les femmes qui ont des démêlés avec la justice ou qui risquent d’en avoir. Le document indique que la Société Elizabeth Fry du Québec contribue à l’élaboration d’un plan pour un nouveau modèle d’incarcération à long terme des femmes au Québec, y compris en tant qu’expert-conseil pour la nouvelle prison. (Citation directe: «Afin de répondre à ces inquiétudes, le MSP signe une entente de partenariat avec la Société Elizabeth Fry du Québec (SEFQ) pour contribuer à l’amélioration des conditions des détenues dans l’établissement actuel, mais également pour proposer un modèle novateur à long terme pour l’incarcération de la clientèle féminine».) Évidemment, le système carcéral a une aile à but non lucratif et la Société Elizabeth Fry du Québec en fait partie. Cela ne représente pas forcément un changement par rapport au statu quo, mais il s’agit d’un exemple concret de la collaboration.

Troisièmement, le document comprend cinq éléments clés qui doivent figurer dans la nouvelle prison. 1. La prison sera aménagée en pavillons. 2. Il y aura des niveaux de sécurité adaptés pour les différentes populations carcérales. 3. L’architecture extérieure visera à désinstitutionnaliser les bâtiments. 4. L’aspect intérieur de la prison doit préserver la dignité des prisonnières en leur offrant un environnement sécuritaire et apaisant. 5. Une acoustique qui favorise l’intelligibilité des conversations.

Que signifient-ils chacun? Le premier élément veut sans doute dire que la prison sera conçue en modules. Leur apparence peut varier, mais selon le collectif Escaping Tomorrow’s Cages, «les origines des prisons en modules remontent à la lutte contre la criminalité des années 90, quand le système se préparait à incarcérer plus de monde pendant plus longtemps. Elles sont conçues avec deux grandes priorités: couper les prisonniers et prisonnières de la communauté et économiser de l’argent.» Il nous rappelle également que «les infrastructures sont plus importants que l’usage qu’on en fait», donc on peut anticiper que la trajectoire de cette nouvelle prison sera semblable à celle des«bungalows» qui ont été construits dans les nouvelles prisons fédérales régionales pour femmes après la fermeture de la prison pour femmes à Kingston au milieu des années 90. Ils étaient mieux au départ, mais au fil du temps ils ont été réduits à leur potentiel pour la surveillance et la sécurité.1

D’autre part, le fait d’avoir des niveaux de sécurité adaptés aux différentes populations carcérales n’a besoin d’aucune explication. Cette tendance dans la construction de prisons se dessine depuis au moins trente ans et figure déjà dans de nombreuses prisons partout au pays. D’évidence, la nouvelle Tanguay aura une unité d’isolement et une aile à sécurité maximale. En raison des siècles de colonisation et de suprématie blanche, les femmes autochtones sont incarcérées au Canada et au Québec à un taux élevé. Le taux d’incarcération des femmes autochtones dans des unités d’isolement et de sécurité maximale est particulièrement élevé.2 Il n’y a donc aucune surprise que le gouvernement veut créer une unité d’isolement et une unité de sécurité maximale dans cette nouvelle prison.

La troisième exigence pour ce projet fait également partie d’une tendance dans la construction des prisons au cours de la dernière décennie. En donnant à la prison une apparence approchable et accueillante, le gouvernement espère que tout le monde sera convaincu qu’elle est autre chose qu’un lieu où on enferme les pauvres et les personnes racisées pour les punir. Il en va de même pour l’environnement intérieur, qui est censé être calme et apaisant. En gros, il faut mettre des rideaux aux fenêtres et décorer les murs de jolis dessins dans l’unité de sécurité maximale. Dernièrement, une acoustique propice à la conversation. Cela en dit long sur l’acoustique de la plupart des prisons. Les prisons sont très bruyantes. On veut que celle-ci le soit un peu moins. Qu’on les félicite. Il se peut qu’il s’agit d’une question de sécurité. Si les conversations sont audibles, on peut plus facilement les enregistrer. On ne sait pas forcément le pourquoi de tout ça, mais ce n’est rien de bon.

Prenons maintenant un moment pour prêcher à la chorale. La réforme du système pénitentiaire est une impasse. Comme l’a dit Ann Hansen dans Taking the Rap: «Les nouvelles prisons arrivent dans un emballage progressiste, décoré avec des images de réhabilitation et de programmation, mais une fois la prison flambant neuve ouverte, on trouve qu’elle est remplie de toutes sortes de gadgets technologiques censés améliorer la surveillance et la sécurité qui coûtent tellement cher que l’administration pénitentiaire déclare qu’elle ne peut plus payer la programmation progressiste promise sur l’emballage.»3

Qu’y a-t-il d’autre dans les documents? On y trouve un échéancier pour le projet. Jusqu’en 2024, il n’y aura que la planification et la démolition. En mai 2025, ils comptent lancer l’appel d’offres. La construction est censée avoir lieu entre juillet 2025 et avril 2029. Voici une capture d’écran.

La cinquième et dernière chose dans les documents est une liste des noms et des responsabilités des personnes impliquées dans le projet. Si vous cherchez des personnes en particulier à tenir responsables pour ce projet, en voici quelques-unes pour commencer: Chef de projet (direction de la gestion de projet, SQI): Amélie Viau; représentant du ministre: Bruno Gosselin; responsable d’entente (direction de l’expertise, SQI): Nathalie Duchesneau; CGPI (conseiller en gestion des pratiques intégrées) participe au premier comité de pilotage et demeure disponible en appui à l’équipe du projet pour tout le mandat de facilitation: Sébastien Parent; responsable BIM: Zakia Kemmar.

Nous laisserons le dernier mot à Ann Hansen: «La réforme du système pénitentiaire est vouée à l’échec, mais ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas utiliser la lutte pour la réforme dans un contexte révolutionnaire comme moyen de sensibilisation. De vraies personnes souffrent dans les prisons aujourd’hui. Si l’un d’entre nous se trouvait en isolement pendant des années, voudrions-nous attendre la révolution pour que quelqu’un essaie de nous aider? La réponse se trouve dans la zone floue entre la lutte pour la réforme et la lutte pour le changement révolutionnaire. Ces luttes sont une fausse dichotomie alors qu’on peut combler cette zone floue. Tant que les campagnes concrètes de réforme se déroulent dans un contexte révolutionnaire et sont guidées par des principes révolutionnaires, elles peuvent jouer un rôle dans la campagne pour abolir à la fois le capitalisme et son mécanisme de contrôle social, la prison4


1. Comme l’explique Ann Hansen dans son livre Taking the Rap : « J’ai été à Grand Valley Institution dans le sud de l’Ontario à deux reprises, en 2006 et en 2012, et lors de ces deux brefs passages, j’ai témoigné d’un retour en arrière dans la prison qui a changé d’un enclos carcéral où les femmes cuisinaient et vivaient ensemble dans des bungalows soigneusement installés dans des cours herbeuses bordées d’arbres, où on faisait pousser des légumes dans des potagers et où les femmes circulaient librement de 8h à 22h dans l’enclos … en un complexe carcéral à niveaux de sécurité multiples avec peu d’emplois ou de programmation et où deux personnes partagaient chaque cellule, y compris dans les unités de sécurité maximale et d’isolement. Ce retour en arrière a eu lieu dans les six prisons régionales pour femmes au cours des quinze années après la fermeture de la prison pour femmes à Kingston en 2000. Cet accomplissement n’est surpassé que par le fait que le nombre de femmes incarcérées a augmenté de 40 % dans les dix ans après la fermeture pour atteindre 550 femmes. Ceci dans un pays où le taux de criminalité ne cesse de diminuer depuis vingt ans. » p. 336-7

2. Le Québec ne tient pas des statistiques sur cette question précise à notre connaissance, mais en 2019 et 2020, les femmes inuites et des Premières Nations représentaient 9,6 % de la population carcérale féminine au Québec. “Les Inuites, les femmes sans diplôme, les célibataires, les femmes vivant seules, présentent des taux, d’incarcération nettement, plus élevés.Selon un rapport récent, 96 % des femmes détenues dans les nouvelles unités d’isolement UIS dans le système fédéral sont autochtones.

3. Taking the Rap p. 339

4. Taking the Rap p. 343

Graffiti en solidarité avec G. Mihailidis

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Juin 142023
 

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Un graffiti a été peint sur un mur du quartier Parc-Extension, en solidarité avec G.Mihailidis.

‘Solidarity with G.Mihailidis, we want you alive and free, death to the autoritarian world’

(‘Solidarité avec G.Mihailidis, nous te voulons en vie et libre, mort au monde autoritaire’)

Giannis est en greve de la faim depuis le 12 mai. Il demande sa libération apres avoir fait un parti de sa sentence qui devrait lui permettre d’etre libéré sous certaines conditions. Il a entamé une greve de la soif depuis le 10 juin.

Liberté pour Giannis. Feu aux prisons.

Campement d’autodéfense populaire à Rouyn-Noranda

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Juin 142023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le campement d’autodéfense populaire à Rouyn-Noranda est une initiative communautaire née du refus de l’entente entre Glencore et le Gouvernement (15 ng dans 5 ans). La zone tampon, solution proposée par Glencore et différentes instances n’empêchera pas la diffusion de la fumée toxique sur l’ensemble du territoire.

Nous lançons un appel de solidarité et d’unité à toutes les personnes et tous les groupes, de tous les horizons, qui luttent pour protéger l’écosystème contre la machine capitaliste. Conjuguons nos luttes et notre révolte! Joignez les premières lignes du combat, au pied des cheminées de la Fonderie Horne Glencore, dont cinq de ses filiales québécoises sont parmi les 100 plus grands pollueurs de la province.

Vous pouvez visiter notre site et vous inscrire.

Appel à la solidarité : La lutte du syndicat des locataires de Montréal contre l’État et les gros propriétaires du Mile End, les Cucurulls

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Juin 142023
 

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Ceci est un appel à la solidarité et au soutien du Syndicat des locataires autonomes de Montréal (SLAM). Le syndicat des locataires a organisé un piquetage pour ce vendredi 16 juin à 16h00 devant les bureaux du propriétaire au 5301 Parc. Cet appel explique la situation actuelle de répression de l’État et des propriétaires, et pourquoi il est important que nous, en tant que mouvement, aidions la lutte des locataires.

Si cette nouvelle mobilisation ressemble au dernier piquetage – avant l’injonction – du SLAM, des piquetages hebdomadaires suivront aux bureaux des Cucurulls. Il est probable que d’autres actions seront organisées pour augmenter la pression.

Nous avons copié un extrait du GoFundMe – donnez si vous le pouvez – écrit par le SLAM, expliquant leur situation actuelle dans leur mobilisation contre la famille immobilière Cucurull :

Après une victoire contre une injonction, notre syndicat lance un nouvel appel de solidarité entre locataires contre la famille Cucurull, un groupe de propriétaires à Montréal. Notre syndicat de locataires avait initallement fait appel à la communauté après que la livraison d’une pétition ait mal tourné. Les Cucurulls ont dépensé des dizaines de milliers de dollars pour nous empêchant de partager publiquement des informations sur leurs actions. Toute information publique au sujet de la compagnie a due être enlevée des réseaux sociaux, le piquetage ne pouvait plus avoir lieu, et notre campagne de financement pour notre défense légale a due être enlevée de nos médias sociaux.

Une victoire récente partielle en réponse à l’injonction nous permet à nouveau de parler publiquement de la compagnie. Non seulement les Cucurulls n’ont toujours pas établi un plan d’action pour répondre aux demandes des locataires listées dans leur pétition, mais une poursuite de 380,000$ cible le syndicat. Les locataires demandent une compensation pour les actions des Cucurulls lors de la livraison de la pétition à leurs bureaux, ainsi qu’un plan d’action pour les réparations, du respect, et de plus petites augmentations de loyer.

Les Cucurulls gèrent 29 bâtiments et 446 apartments. La famille immobilière a été impliquée dans plusieurs centaines de cas au tribunal du logement dans les deux dernières décennies. En 2019, leurs bureaux ont été occupés par des locataires qui ont décrié des évictions de résidents de longue date pour augmenter les loyers. Les Cucurulls ont tenté d’utilisé une injonction pour évincer de facto une locataire actuelle qui a participé à la dernière livraison de pétition, mais ont échoué.

Ce fond légal de solidarité a été mis en place pour aider les membres du syndicat devant faire face à des procès légaux.

Joignez-vous à nos piquetages réguliers du vendredi devant leurs bureaux situés au 5301 Parc, faites un don, et organisez-vous entre locataires dans votre bâtiment pour construire votre pouvoir collectif dans vos quartiers! La solidarité et la communauté feront fleurir une ville meilleure! Solidarité avec toutes les luttes contre les propriétaires!

Faites un don ! Partagez ! Syndiquez votre immeuble !

Une lettre ouverte a été signée par une vingtaine d’organisations locales, nationales et internationales. Elle a été publiée par le collectif Premiere Ligne, sous le titre “La justice fait taire les locataires ! – Communiqué.” La lettre explore les actions répréhensibles des propriétaires, Ian Cucurull et Martha Cucurull, contre des membres du SLAM qui remettaient une pétition innocente. Des cheveux ont été tirés, un membre du SLAM a été étranglé, un locataire du propriétaire a été piégé dans le bureau du propriétaire alors que ce dernier, sur vidéo, souriait par la fenêtre en brandissant un couteau.

La police, au lieu d’inculper les propriétaires, a choisi de cibler les locataires impliqués dans la remise de la pétition en les accusant d’extorsion (pour avoir organisé des revendications), de harcèlement (pour avoir généré une pression publique continue contre le propriétaire) et d’entrée par effraction (pour avoir visité collectivement le bureau du propriétaire). D’autres détails sur l’injonction ultérieure du tribunal, qui comprenait une tentative ratée d’expulsion “de facto” d’un locataire, sont explorés ci-dessus dans le texte de Gofundme.

Voici quelques réflexions sur la nécessité d’une réponse du mouvement et d’une solidarité continue avec le syndicat des locataires de Montréal :

1) Les syndicats de locataires sont nouveaux à Montréal. La réponse actuelle de l’État et des propriétaires aux locataires qui s’organisent sur la base d’une action collective déterminera leurs réponses futures. Si les locataires qui s’organisent et agissent ensemble en utilisant des tactiques plutôt traditionnelles sont considérés comme des criminels ou comme méritant des injonctions de la part des tribunaux, et que nous permettons que cela ne soit pas contesté, nous perdons l’une de nos stratégies les plus utiles pour faire face à la crise du logement. Pour l’essentiel, le droit des locataires à s’organiser publiquement est remis en cause ici. Cette contestation aboutira-t-elle ?

2) Dans le même ordre d’idées, nous ne pouvons que supposer que des organisations de propriétaires comme la CORPIQ et d’autres propriétaires observent ces situations et en tirent des leçons. Cette répression intensive – y compris un procès de 380 000 $, des injonctions, des milliers de dollars de frais juridiques, des accusations criminelles et une enquête policière – mènera-t-elle à la défaite ou à la victoire ?

3) L’occasion s’est présentée de s’organiser contre un important propriétaire local. Il s’agit d’une campagne publique à un moment où l’opinion publique se préoccupe de plus en plus des relations en matière de logement et des rapports de force entre locataires et propriétaires. En tant que mouvement populaire, organisons-nous là où les tensions et les antagonismes de classe sont les plus clairs pour les personnes extérieures à notre mouvement. N’importe qui sait, en apprenant cette situation, qu’une grave injustice est commise.

4) Enfin, ces stratégies de répression ne devraient jamais être tolérées par notre mouvement, contre aucun de nos membres. La solidarité, aujourd’hui, est un appel à l’action contre les Cucurulls, et leurs entreprises : Immopolis et Topo Immobilier.

[Note : Ce texte a été écrit en solidarité et sans l’autorisation ou la connaissance du SLAM.]

Repenser l’identité, la sécurité et l’appropriation – Ou : pourquoi le tarot est-il interdit au Salon du livre ?

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Mai 302023
 

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Cette année, le collectif du Salon du livre anarchiste a demandé à deux groupes – dont la librairie noire Racines – de ne pas vendre de cartes de tarot à leur kiosque, car cela constituerait une appropriation culturelle. Cette décision s’appuie sur l’affirmation selon laquelle le tarot a été développé par les Roms. J’ai été surpris.e d’entendre cela. Je ne suis en aucun cas expert.e en tarot, mais j’ai toujours pensé qu’il avait été créé par des Européens blancs.

Depuis, j’ai fait pas mal de recherches sur ce sujet. Il y a certainement des Roms qui pensent que les Occidentaux se sont approprié le tarot et qu’il devrait rester une pratique fermée (c’est-à-dire non utilisée par les non-Roms). En même temps, certaines personnes roms réfutent cette notion et encouragent les autres à s’engager dans cette pratique ou nient qu’elle ait quoi que ce soit à voir avec leur culture. J’ai glané une grande partie de ce sentiment sur l’internet, par le biais de forums, de blogs et de médias sociaux. Je n’ai aucun moyen de savoir si les discussions que j’ai rencontrées sont authentiques, mais je n’ai aucune raison de croire le contraire. Il ne semble pas y avoir de consensus parmi les Roms sur la question de savoir si la pratique est d’origine rom et, si c’est le cas, si elle doit rester fermée.

Le tarot a plus de 600 ans. Les historien.ne.s (et pas seulement celleux de l’Europe blanche) s’accordent généralement à dire qu’il a été développé en Italie. Les premiers jeux de tarot documentés ont été enregistrés entre 1440 et 1450 à Milan, Ferrare, Florence et Bologne. Les plus anciennes cartes conservées ont été peintes au milieu du XVe siècle pour les souverains du duché de Milan. Le tarot a d’abord été utilisé pour divers jeux. L’exemple le plus ancien d’utilisation pour la cartomancie (c’est-à-dire la divination, ce que nous connaissons le plus souvent aujourd’hui) provient d’un manuscrit italien anonyme datant de 1750. L’occultiste français Jean-Baptiste Alliette (1738-1791), sous le pseudonyme d’Etteilla, a été le premier à développer un concept d’interprétation pour le tarot. Au cours des 18e et 19e siècles, le tarot a été largement utilisé pour la cartomancie en Europe occidentale, en particulier en Italie et en France.

Alors, pourquoi certaines personnes associent-elles le tarot à la culture rom, alors que tout indique qu’il a été développé par les Européens ? L’explication la plus probable est que le tarot a été faussement présenté comme originaire du Moyen-Orient par deux intellectuels français.

Le pasteur français Antoine Court de Gébelin (1725-1784) affirmait que le tarot était le dépositaire d’une « sagesse obscure ». Dans un essai tiré de son livre Le Monde primitif, analysé et comparé avec le monde moderne, de Gébelin note que la première fois qu’il a vu un jeu de tarot, il a perçu qu’il contenait les « secrets des Égyptiens ». Sans en apporter la preuve, il affirme que des prêtres égyptiens ont distillé l’ancien Livre de Thot dans les images du tarot.

Jean Alexandre Vaillant (1804-1886) était un enseignant français, un activiste politique et un fervent étudiant des traditions roms qui a poussé les affirmations de Gébelin un peu plus loin. Il affirma que les travailleurs itinérants roms avaient apporté le tarot en Europe. À l’époque, on pensait que les Roms étaient originaires d’Égypte (des recherches génétiques ont depuis montré qu’ils venaient de l’actuel Rajasthan, en Inde). Compte tenu de leur longue histoire de nomadisme, Vaillant en conclut qu’ils ont dû apporter le tarot en Europe. Comme Gébelin, il ne fournit aucune preuve de ce qu’il avance.

L’association du tarot à la culture rom pourrait elle-même provenir de la convention européenne raciste qui associe l’occultisme, la sorcellerie et d’autres formes de spiritualité non chrétienne à l’« Orient ». Il est tout à fait possible que de Gébelin et Vaillant aient cherché à donner un sens à l’évolution du tarot, qui est passé de cartes à jouer inoffensives à des instruments de connaissance ésotérique, en l’associant aux Égyptiens de l’Antiquité et, à leur tour, aux Roms.

Outre les allégations d’appropriation culturelle, j’ai également vu des arguments fondés sur la prémisse que les Occidentaux qui pratiquent le tarot rendent plus difficile pour les Roms – qui connaissent encore une pauvreté et une privation de droits généralisées – de gagner de l’argent en lisant le tarot. Bien entendu, si vous envisagez de lire le tarot à proximité d’une personne rom qui le fait également, vous pouvez envisager d’aller ailleurs pour ne pas empiéter sur ses moyens de subsistance. Toutefois, cet argument ne tient pas dans le contexte du Salon du livre, où les gens vendraient simplement leurs propres versions réinterprétées des jeux de tarot. La plupart des articles que j’ai trouvés sur le tarot et l’appropriation culturelle soulèvent également ce point.

Les groupes ethniques et raciaux défavorisés offrent depuis longtemps des services de cartomancie, de chiromancie et d’autres services de divination pour gagner leur vie. Si les Roms sont certainement de fervents praticiens du tarot depuis des centaines d’années, il n’existe aucun lien entre eux et les origines de ce dernier. Il est sans aucun doute important d’être conscient de la manière dont nos actions affectent les personnes socialement désavantagées, mais je ne pense pas qu’il soit judicieux pour le collectif du Salon du livre d’interdire à quiconque de pratiquer le tarot sur la base d’allégations selon lesquelles il représente une appropriation.

Je suis conscient.e qu’il y a eu et qu’il y a encore des désaccords internes au sein du collectif concernant la question du tarot et la politique d’appropriation culturelle dans son ensemble. Ce texte n’est pas une dénonciation du collectif du Salon du livre ou de ses membres. J’apprécie tout ce que vous faites et je continuerai à participer au Salon du livre tant qu’il existera. En publiant ce texte, j’espère ouvrir le dialogue sur la politique d’appropriation culturelle et mettre en lumière ses lacunes.

*****

Pour être honnête, je n’aime pas beaucoup le tarot. J’ai eu droit à quelques lectures de tarot et je ne les ai trouvées que peu intéressantes. En fin de compte, la question de savoir si le tarot est autorisé au Salon du livre ne me préoccupe pas vraiment. Cependant, cette question peut servir de point de départ à une discussion plus large sur l’identité, la sécurité et l’appropriation. Ce sont des sujets dont je parle avec des camarades racisé.e.s depuis de nombreuses années, dans le contexte du Salon du livre et en général. J’aurais aimé avoir plus de temps pour écrire ce texte, mais j’ai aussi pensé qu’il serait important de le terminer avant le Salon du livre.

En tant que personne d’origine autochtone américaine, j’ai réfléchi à l’identité pendant la majeure partie de ma vie. En tant qu’anarchiste, je me suis débattu.e avec des idées sur qui peut parler au nom des groupes minoritaires. Lorsque la police assassine une personne racisée, les soi-disant leaders communautaires sortent souvent du bois pour dire à tout le monde de rester calme et de faire confiance au système judiciaire pour trouver la justice. Qu’en est-il de ceux qui veulent tout brûler ? Lorsque quelques personnes affirment qu’une pratique particulière est inappropriée ou nuisible, il est facile de présenter leur opinion comme un fait irréfutable. Devrions-nous ignorer tous celleux qui ne sont pas d’accord avec elleux ?

Je suis sûr.e que l’on pourrait avancer un argument convaincant pour expliquer pourquoi boire de la yerba mate – une boisson traditionnelle qui fait partie intégrante des pratiques spirituelles et des histoires traditionnelles de mes ancêtres – est un acte d’appropriation. Cela signifie-t-il que vous devriez considérer ce point de vue comme représentatif de tous celleux qui viennent de la même partie du monde que moi ? Honnêtement, je suis heureux.se de voir d’autres personnes apprécier quelque chose qui a été si important pour moi et les personnes avec lesquelles je partage une lignée culturelle. Beaucoup sont d’accord avec moi et beaucoup ne le sont pas. Il y a quelques mois, un article intitulé « Les boissons énergisantes Yerba Mate sont-elles racistes ? » a été publié dans le journal étudiant de l’Université Concordia, The Concordian. Cependant, comme pour de nombreuses conversations sur l’appropriation culturelle, il n’y a pas de réponses définitives à cette question.

Ce que je sais, c’est que j’en ai assez que des individus parlent au nom de groupes qu’ils prétendent représenter, et encore plus que des personnes qui n’appartiennent pas à ces groupes prennent leur parole pour parole d’évangile. Nous sommes libres de faire des déclarations personnelles, mais parler au nom des autres nécessite un consentement. Affirmer que la communauté noire, autochtone, rom ou autre adhère à une position particulière est non seulement invérifiable, mais peut nuire à ceux qui ne sont pas d’accord. J’ai trop souvent vu des camarades racisé.e.s être maltraité.e.s par la communauté à laquelle iels appartiennent et par leurs soi-disant alliés pour avoir critiqué des idées populaires ou remis en question des personnes qui prétendent parler en leur nom.

En cherchant bien, on peut trouver des arguments en faveur de l’appropriation de pratiquement n’importe quoi. Certains articles affirment qu’il est raciste pour les personnes qui ne sont pas indiennes de faire du yoga ou pour les personnes qui ne sont pas chinoises de pratiquer l’acupuncture. La plupart de ces affirmations n’ont jamais vraiment pris de l’ampleur, même si certaines d’entre elles sont tout aussi logiques, sinon plus, que le raisonnement utilisé pour dire que le tarot est approprié. Des personnes non chinoises ont donné des traitements d’acupuncture gratuits au Salon du livre l’année dernière, ce qui illustre la nature arbitraire de l’application d’une politique d’appropriation culturelle. Pourquoi le tarot a-t-il franchi le seuil de l’appropriation culturelle alors que l’acupuncture ne l’a pas fait ?

La féministe noire Kimberlé Crenshaw avait raison de dire que, malgré son pouvoir de transformation pour rassembler les personnes marginalisées, la politique identitaire « confond ou ignore souvent les différences intragroupes ». La pratique consistant à faire des déclarations générales sur les personnes racisées s’inscrit dans une longue histoire de réduction des groupes minoritaires à quelques caractéristiques identifiables. Ceux qui ont le pouvoir et les ressources nécessaires pour diffuser leurs idées au public sont plus susceptibles de parler au nom d’un groupe donné. Il semble que les affirmations d’appropriation culturelle doivent gagner un certain élan social avant d’être prises au sérieux, ce qui est probablement influencé par le niveau de prestige des personnes qui font ces affirmations.

À tout le moins, si le collectif du Salon du livre prévoit de maintenir une politique d’appropriation culturelle, il est essentiel qu’elle ne soit pas appliquée sur la base d’informations erronées. Les décisions ne devraient pas être prises sur la base des affirmations erronées de quelques personnes sur Internet. Il y a déjà suffisamment de réactions négatives contre la « gauche woke », la « culture de l’annulation » et d’autres concepts de ce genre, et pas seulement de la part de la droite. Les politiques déraisonnables risquent d’aliéner des personnes d’origines politiques, ethniques et socio-économiques diverses. J’ai connu plusieurs camarades racisé.e.s issu.e.s de la classe ouvrière qui se sont éloignés des milieux gauchistes et anarchistes en raison d’un discours identitaire qu’ils jugeaient sans fondement, incohérent et pédant. Au lieu de nous rassembler, les politiques identitaires nous divisent souvent en fonction des classes sociales.

*****

La déclaration sur l’appropriation culturelle stipule : « Nous ne sommes pas intéressés à contrôler le corps des gens, d’autant plus que ce n’est ni réalisable du point de vue logistique – ni souhaitable – de surveiller chaque personne qui sera au salon ». Bien que le collectif du Salon du livre n’empêche personne de participer à l’événement en raison de son mode de vie, il prend des décisions sur l’accès aux tables en fonction de l’appropriation culturelle qu’il estime être le fait des candidats. Il cite également « des choix esthétiques tels que des personnes non-noires portant des dreadlocks et des personnes non-autochtones de l’île de la Tortue portant des coiffures Mohawks. » comme des exemples courants d’appropriation culturelle, tout en déclarant que l’on devrait envisager de rester chez soi s’il est « plus important pour vous de porter vos cheveux ou votre habillement comme vous le souhaitez ».

De nombreuses cultures à travers le monde, y compris en Europe, ont eu des coiffures qui ne se distinguent pas des dreadlocks et des mohawks d’aujourd’hui. La déclaration du Salon du livre implique qu’une personne hindoue portant une coiffure traditionnelle jaṭā, un type de dreadlocks, serait en train de s’approprier la culture. Il en va de même pour un autochtone colombien avec un mohawk, parce que les frontières coloniales modernes signifient qu’ils n’ont pas été retenus pour être originaires de ce qui est considéré comme l’île de la Tortue. J’espère qu’aucune de ces personnes ne se verra refuser une table sur la base d’un ensemble de critères étroits et répréhensibles, mais c’est ce que le collectif du Salon du livre a explicitement établi par écrit. Je ne serais pas surprise que quelqu’un choisisse de ne pas participer au Salon du livre ou de ne pas demander une table parce qu’il craint d’être accusé de ne pas répondre à ces paramètres, sans parler des innombrables personnes racisées pouvant être perçues comme blanches qui sont déjà confrontées au traumatisme de l’effacement et qui tentent de retrouver leurs racines.

Les sentiments d’anxiété peuvent être exacerbés par des incidents survenus lors de salons du livre précédents. En 2016, Midnight Kitchen, un collectif de McGill qui s’était porté volontaire pour fournir de la nourriture cette année-là, a décidé de ne pas servir des personnes perçues comme blanches avec des dreadlocks. Je pense que cet incident a joué un rôle important dans la formation de l’image publique du Salon du livre au Canada et au-delà. Je vivais sur la côte ouest à l’époque et je me souviens d’avoir entendu dire que les Blancs portant des dreadlocks n’étaient pas du tout autorisés à participer au Salon du livre. J’ai rapidement appris que ce n’était pas vrai, mais que cela était néanmoins alimenté par des dynamiques réelles qui avaient eu lieu. Je suis sûre que je n’étais pas la seule à avoir entendu cette rumeur, et il y a probablement des gens qui y ont cru bien plus longtemps que moi.

L’une des sources citées dans la déclaration du Salon du livre sur l’appropriation culturelle est un zine intitulé « Answers for white people on appropriation, hair and anti-racist struggle » par Colin Kennedy Donovan et Qwo-Li Driskill.

Les auteurs affirment qu’« en portant des ‘Mohawks’ et des dreadlocks, les Blancs montrent qu’ils ne sont pas conscients des luttes antiracistes et détériorent la confiance entre les Blancs et les personnes de couleur/non blanches ». C’est l’une des nombreuses affirmations du texte qui homogénéisent les gens. Je connais beaucoup de Blancs qui ont ces coiffures et qui sont de solides camarades antiracistes. Leurs choix de vie n’ont jamais eu d’incidence sur notre confiance mutuelle. Je suis tout à fait d’accord pour que les auteurs expriment ces pensées comme des opinions, mais ici ils les présentent comme des déclarations objectives.

Le texte affirme également que « la coiffure appelée « mohawk » est enracinée dans des traditions iroquoises distinctes et d’autres traditions des Premières nations/autochtones ». Les Haudenosaunee (Iroquois est un nom colonial que certains considèrent comme péjoratif) ne portaient pas ce que nous appelons communément le mohawk. Cette coiffure leur a été faussement attribuée par des films hollywoodiens du XXe siècle. La coiffure habituelle des Haudenosaunee se composait de cheveux épilés et d’un carré de trois pouces de cheveux sur la couronne arrière de la tête, avec trois courtes tresses. Les Pawnee, qui vivaient historiquement dans ce que nous appelons aujourd’hui le Kansas et le Nebraska, avaient une coiffure qui ressemble au mohawk actuel. Les auteurs n’y font pas référence, et il semble donc qu’ils entrent simplement dans la catégorie des « autres Premières nations ». Il s’agit là d’une forme d’invisibilisation qui aurait pu être évitée avec un peu de recherche.

Dans l’ensemble, le zine a un ton assez moralisateur et ne se lit pas comme quelque chose destiné à éduquer les gens en toute bonne foi. Je comprends qu’une grande partie du discours sur l’identité s’est développée à partir d’un sentiment de colère, mais il existe des moyens plus respectueux de parler d’un sujet aussi sensible. Je ne pense pas que ce texte ait sa place dans une discussion raisonnable sur l’appropriation culturelle. Si l’objectif est d’obtenir des résultats productifs dans la promotion de l’équité pour les personnes racisées, ce n’est pas une bonne source à mettre en avant.

Il est évident qu’une culture particulière basée sur un discours identitaire existe dans ce Salon du livre. Je ne sais pas si cela est alimenté par la déclaration sur l’appropriation culturelle. Néanmoins, je ne veux pas que quiconque se détourne du Salon du livre à cause de cette politique ou des incidents qui s’y sont produits au fil des ans. Je veux que plus de gens soient exposé.e.s aux idées anarchistes, afin que nous ayons une meilleure chance de combattre celleux qui contribuent réellement au maintien de la suprématie blanche. Il est peut-être temps d’examiner les avantages de cette politique et de les mettre en balance avec les dommages qu’elle pourrait causer par inadvertance.

*****

Selon le collectif, l’appropriation culturelle « a signifié que de nombreuses personnes qui subissent le fardeau de l’oppression racialisée se sont senties inconfortable au salon, au point de ne pas assister à l’événement ». Ceci est particulièrement significatif à Montréal, où la scène anarchiste est principalement blanche. Bien que je ne nie pas que certaines personnes voient une grande valeur dans la politique d’appropriation culturelle, je n’en ai encore rencontré aucune. La plupart des anarchistes racisé.e.s à qui j’ai parlé de ces sujets ont fait remarquer qu’iels se sentent encore plus étranger.ère.s lorsque les autres essaient de les accommoder en fonction de leurs identités, surtout lorsque ces personnes sont blanches. Il peut sembler condescendant de se voir accorder des privilèges ou d’être traité avec une attention particulière. Certain.e.s d’entre nous ne veulent pas que les politiques les protègent contre le mal. Nous préférons de loin être en mesure d’exercer notre force individuelle et collective pour relever et surmonter les défis.

Je vais faire une analogie peut-être grossière et comparer la politique d’appropriation culturelle aux services d’ordre lors des manifestations. Je pense que la plupart des personnes qui assument un rôle dans un service d’ordre ont de bonnes intentions. Ils bloquent la circulation de manière préventive afin que personne ne soit renversé par une voiture. Ils maintiennent la cohésion pour que tout le monde reste ensemble. Ils interviennent en cas de conflit interne pour que les différends soient rapidement résolus. Tout cela au nom de la sécurité collective. Ceci étant dit, je ne peux pas dire que j’ai jamais assisté à une manifestation encadrée par un service d’ordre que j’ai vraiment appréciée. Le fait qu’un groupe coordonné de personnes impose à tou.te.s les autres ce qu’il croit être le résultat le plus souhaitable n’a rien de libérateur. Il a toujours été plus gratifiant de faire face à des situations difficiles selon nos propres termes, car c’est ainsi que nous devenons plus fort.e.s ensemble. S’il s’avère que quelqu’un a fait quelque chose de nuisible au Salon du livre, j’espère que nous aurons la capacité collective de gérer cette situation en conséquence. Si nous n’y parvenons pas, je ne crois pas beaucoup en notre capacité à réaliser le changement transformationnel auquel nous aspirons en tant qu’anarchistes.

Après le meurtre de George Floyd en 2020, un groupe d’étudiant.e.s noir.e.s au secondaire qui n’avaient jamais fait de l’action politique ont organisé un rassemblement anti-police dans la ville où je vivais. Leur manifestation a rapidement attiré l’attention de certain.e.s gauchistes et anarchistes locaux racisé.e.s, qui les ont dénoncé.e.s pour avoir négligé la « sécurité de la communauté BIPOC » . L’un de leurs griefs était que les organisateur.trice.s avaient prévu un micro ouvert au cours duquel des personnes de toutes origines auraient pu exprimer leurs opinions sur le racisme et la brutalité policière. Iels partaient du principe que le fait de ne pas contrôler les intervenant.e.s mettait en danger la sécurité des participant.e.s parce qu’une personne blanche pouvait prendre le micro et dire quelque chose de préjudiciable. Ils n’ont eu de cesse de forcer les organisateur.trice.s à annuler le rassemblement, et les critiques se sont rapidement transformées en harcèlement. Les organisateur.trice.s ont reçu une multitude de commentaires haineux et menaçants. Lorsque je les ai contacté.e.s pour leur offrir mon soutien, l’un.e d’entre elleux m’a dit que c’était la première et la dernière fois qu’iel essayait d’organiser un événement politique à cause de la façon dont iel avait été traité.e. Les retombées ont été si graves que je ne serais pas étonné.e que la participation ait finalement été réduite de moitié, les gens ne sachant plus de quel côté du conflit se situer.

Finalement, les organisateur.trice.s ont quand même organisé le rassemblement. Une foule nombreuse et diversifiée s’est présentée. Tout le monde a été autorisé à prendre le micro, quelle que soit son apparence. À un moment donné, un homme blanc d’un certain âge s’est levé et a dit quelque chose de légèrement offensant. La foule l’a chahuté et quelques personnes l’ont pris à part pour lui expliquer pourquoi son commentaire était problématique. Néanmoins, tout s’est bien passé. L’homme est resté jusqu’à la fin du rassemblement, et je suis certain.e qu’il n’est pas le seul à avoir appris quelque chose de précieux de cette interaction. Plusieurs autres Blancs ont eu l’occasion de s’exprimer, et je suis heureux qu’ils l’aient fait, car leurs propos étaient réfléchis et inspirants.

Quelques semaines plus tard, le groupe qui avait boycotté le rassemblement a organisé son propre événement. Le principe était le même, mais cette fois-ci, seules les personnes racisées ayant contacté les organisateur.trice.s à l’avance ont été autorisées à prendre la parole. L’ambiance était morose. Le micro était dominé par des étudiant.e.s universitaires qui énuméraient leurs qualifications professionnelles avant de se lancer dans des monologues académiques qui ressemblaient plus à des dissertations qu’à des mots venant du cœur. En fin de compte, les barrières d’accès créées au nom de la sécurité ont abouti à un événement ennuyeux et banal. La foule était moins nombreuse et moins diversifiée que lors du précédent rassemblement.

Attendez, qu’est-ce que cette étrange tangente a à voir avec le Salon du livre ? Ce que je veux dire, c’est qu’essayer trop fort d’atteindre un certain niveau de sécurité peut être étouffant. Cela ne veut pas dire que nous ne devrions pas être attentif.ve.s à notre organisation et prévoir des situations défavorables. Cependant, la sécurité semble être devenue moins une question de protection mutuelle qu’une obsession de s’assurer que personne ne se sente jamais mal à l’aise, ce qui est une attente irréaliste. J’ai trop souvent vu des personnes racisées se battre entre elles pour la notion de sécurité au lieu de se concentrer sur les principales forces qui nous maintiennent dans l’insécurité : l’État, la police et les personnes qui soutiennent ces institutions.

Une grande partie du discours populaire basé sur l’identité a pénétré les cercles anarchistes il y a 10-15 ans. Beaucoup de choses ont changé depuis, et je pense qu’il est temps de réfléchir à l’utilité de ces idées dans notre vie quotidienne. Au cours de la dernière décennie, nous avons assisté à l’émergence rapide de groupes fascistes armés et organisés en Amérique du Nord. Nous avons également assisté à une augmentation de 66 % du nombre de meurtres commis par la police au Canada, avec un nombre disproportionné de victimes noires et autochtones. Pouvons-nous donc cesser d’essayer de réduire en cendres les projets des uns et des autres en raison de désaccords ? Pouvons-nous cesser de nous concentrer sur la question de savoir si les choix de vie des gens sont acceptables ou non ? Parce que lorsque les choses tourneront mal, vous avez bien raison de dire que j’aurai besoin de l’oogle blanc avec des dreads à mes côtés. Je prendrai toute l’aide que je pourrai avoir.

*****

L’appropriation culturelle peut sans aucun doute être un concept utile. La capacité de conserver des pratiques traditionnelles et de veiller à ce qu’elles ne soient pas modifiées par des personnes qui n’ont aucun lien historique avec elles est cruciale pour la continuité culturelle des minorités ethniques et raciales. De nombreuses pratiques culturelles uniques et distinctives doivent être protégées. Je pense également que l’appropriation culturelle est particulièrement flagrante dans le contexte des entreprises capitalistes (par exemple, les mascottes sportives offensantes, les costumes d’Halloween dégradants, les spas New Age proposant des cérémonies de la suerie, etc.) Je souhaite que tous les participants au Salon du livre se sentent relativement en sécurité et bienvenu.e.s. Cependant, je me demande dans quelle mesure cet objectif est atteint lorsque je pense à l’éventail de personnes qui pourraient être rebutées par la vision limitée de la déclaration sur l’appropriation culturelle.

Je propose que le collectif du Salon du livre ouvre ce sujet à la discussion. Je crains que la question du tarot ne soit qu’un début et que, sans l’avis du public, la politique d’appropriation culturelle continue d’être mise en œuvre de manière déraisonnable. Je suis fermement convaincu.e que la version actuelle de la déclaration sur l’appropriation culturelle pourrait aliéner les personnes mêmes qu’elle tente de soutenir. Il est temps que la communauté anarchiste plus large façonne l’avenir de cette politique.

L’Anarchie expliquée aux enfants : Publication d’un nouveau livre par le Collectif Emma Goldman

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Mai 212023
 

Du Collectif Emma Goldman

Tandis que les bourgeons de mai laissent entrevoir de nouvelles feuilles, nous sortons des presses l’Anarchie expliquée aux enfants à temps pour les jours plus doux. Pour la toute première fois mondiale, ce petit livre de José Antonio Emmanuel, datant de 1931, est publié en français. Nous nous sommes occupé-e-s de la traduction et de la présentation. Nous le diffusons par nos propres moyens (D.I.Y.) à partir de Saguenay sur le Nitassinan.

L’Anarchie expliquée aux enfants est un curieux objet historique écrit par un pédagogue anarchiste espagnol. Elle est le produit de l’agitation culturelle populaire impulsée par les mouvements ouvriers et sociaux qui ont marqué la seconde république espagnole et qui ont largement diffusé les nouveaux discours émancipateurs. Le bouquin a connu une attention renouvellée au cours des dernières années avec des rééditions dans plusieurs pays d’Amérique du Sud. La version (52 pages) que nous vous proposons est agrémentée des illustrations magnifiques d’artistes militants et militantes.

Comme pour le Dictionnaire anarchiste des enfants (dont nous avions produit une adaptation et traduction en 2022), l’intérêt principal du livre est de se pencher sur une épineuse question qui demeure entière : « comme anarchistes, comment va-t-on éduquer nos enfants? ». L’Anarchie expliquée aux enfants est composée de trois parties. Les deux premières ont un vocabulaire plus soutenu et des paragraphes plus longs alors que la dernière, « Comment devient-on anarchiste? », présente de manière simple, succincte et imagée quelques principes importants. Comme chaque enfant a sa propre individualité et ses propres capacités, il est difficile d’établir un âge auquel recommander un tel ouvrage anarchiste, qui revêt en plus un caractère historique. L’accompagnement de l’enfant qui lit demeure précieux pour questionner et faire jaillir le sens d’un livre. Sans lui enlever le contrôle de sa pensée, l’adulte peut aiguiser sa pensée critique en lui présentant les rapports sociaux qui traversent son monde et en lui expliquant les idéologies qui façonnent les discours sur celui-ci. Autour de ses 11 ans, ou plus tôt avec un bon accompagnement, ce livre pourrait les intéresser. Notons que cette idée de recommander un âge demeure assez normative, chaque parent devrait en définitive juger elle-même ou lui-même. Enfin, même si selon son titre l’opuscule serait destiné « aux enfants », les adolescents et adolescentes et les adultes savoureront certainement cette lecture.

Ce livre ne se retrouve pas dans les réseaux commerciaux de distribution – et c’est voulu. Alors que les livres meurent comme marchandises sur les tablettes des magasins et des distributeurs, nous souhaitons que nos pages vivent en créant des occasions de se rassembler, en étant partagées comme outil éducatif et en soutenant les réseaux militants. Nous diffusons le livre par nos propres moyens lors d’événements militants et au sein de nos réseaux.

Les bibliothèques, milieux éducatifs et autres endroits alternatifs et ouverts aux enfants/adolescents, ainsi que les camarades qui souhaiteraient en obtenir une ou des copies peuvent manifester leur intérêt par courriel (cegsaglac@riseup.net). Aussi, contactez-nous si vous aimeriez organiser un lancement (une occasion de se rassembler) dans votre localité. L’automne dernier, nous nous sommes déplacé-e-s à Saint-Fulgence, Percé, Sherbrooke, Chicoutimi, Saint-Valérien-de-Rimouski, Québec, et Gaspé pour lancer le Dictionnaire anarchiste des enfants ; c’est bien la preuve que dans les villages et les petites villes aussi, il est possible d’organiser des événements anarchistes!

Appel international à la solidarité avec les anarchistes à Atlanta

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Mai 202023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

La lutte contre la cop city et pour la forêt de Weelaunee a été explosive, expérimentale et sauvage pendant presque trois ans maintenant. Au cours de ce processus, nos ennemis nous ont brutalisés, ont accusé des personnes de terrorisme intérieur, les menaçant de 5 à 35 ans de prison, ont assassiné notre ami et camarade Tortuguita, ont tenté de réprimer notre lutte, et pourtant nous sommes toujours là à nous battre.

Alors que les forêts que nous avons juré de protéger sont coupées à blanc et que des personnes sont condamnées à de lourdes peines par les tribunaux, alors que nous envisageons la possibilité de raids, de répression, d’enquêtes et d’inconnu, nous voulons faire le grand saut. Nous ferons payer à nos ennemis chaque pouce de terrain. Nous ne leur laisserons pas un seul instant de répit.

Nous appelons à ce que les mécanismes du système capitaliste américain, le gouvernement et l’infrastructure qui le soutient soient attaqués afin de faire payer cette civilisation misérable et les responsables qui ont pris notre ami et qui lèvent la puissance de leurs tribunaux et de leur police contre nous.

Récupération de terres paysannes en Colombie

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Mai 202023
 

Du Projet accompagnement solidarité Colombie (PASC)

Depuis deux ans, des paysan•nes qui habitent sur les rives du marais de la Zapatosa en Colombie participent à la récupération de 8000 hectares de terre. Leur but est de protéger les zones humides, d’améliorer leur vie et de construire une souveraineté alimentaire. Ce faisant, les paysan•nes s’opposent à des puissants intérêts qui ont accaparé ces terres pour l’agroindustrie d’huile de palme et l’élevage bovin et de bisons…

Activer les sous-titres en français en cliquant sur CC en bas à droite.

Communiqué de la contre-manif de drag defense du 16 mai

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Mai 172023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le mardi 16 mai à 17h, un groupe proche de l’extrême droite mené par le complotiste François Amalega a lancé l’appel à manifester devant la Maison des familles de Mercier-Est (700 rue Georges-Bizet) dans le but de s’opposer à la tenue d’une heure du conte pour enfants avec la drag-queen Barbada. Les homophobes/transphobes ont été attendu·es de pied ferme par des antifascistes et des militant·es queer et trans, car où qu’ils aillent pour propager leur haine, nous sommes présent·es pour leur barrer la route et défendre nos communautés.

Aujourd’hui, 300 manifestants fabuleux·ses et déterminé·es ont fait face à une toute petite poignée de militants d’extrême-droite, tout au plus étaient-iels 5. On est loin des chiffres qu’Amalega était capable de rassembler pendant les confinements ou même à Sainte-Catherine le 2 avril. On voit que quand nos communautés s’organisent et se défendent, on est capable de mettre en déroute leur mouvement! C’est une excellente nouvelle et démonstration de force des milieux Queer/Trans et antifasciste, pourtant on ne baisse pas notre garde. On sait qu’il planifie d’autres manifestations similaires et nous sommes prêt·es à défendre nos communautés.

Le contexte : Depuis quelques mois, l’extrême droite canadienne – notamment sous l’influence des mouvements complotistes et évangélistes – a importé des États-Unis l’obsession anti-trans et anti-drag (puisqu’ils confondent les deux, et utilise les seconds pour s’en prendre au premier) et repris l’idée de manifester contre les « heures du conte en drag ». Ces manifestations réactionnaires font partie d’une montée grandissante de la violence envers les vies trans et LGBTQ+.

L’action anti-drag du 16 mai fait suite à une action semblable à Sainte-Catherine, le 2 avril dernier, qui était l’un des premiers événements de ce genre organisé au Québec. Cette journée-là, des néonazis du groupe « White Lives Matter » se sont mêlés aux anti-drag pour intimider les contre-manifestant·es antifascistes, mais celleux-ci se sont défendu et les ont repoussés avec succès.

Pourquoi ne pas laisser la police s’en occuper? Parce que la police n’a jamais été un allié des communautés LGBTQ+; au contraire, la police nous a activement réprimé, souvent dans la violence et, encore aujourd’hui, malgré sa rhétorique inclusive le SPVM perpétue la marginalisation des personnes queers, des travailleur·euses du sexe, des Autochtones et des personnes noires et racisées dans notre ville. Dans les dernières années, le SPVM a même régulièrement protégé les manifestations d’extrême droite! C’est pourquoi nous scandons que « la police est au service des riches et des fascistes ». Devant ce constat, nous avons décidé de prendre en charge nous-mêmes, en tant que communauté, la défense de nos espaces.

Amour et rage!

Pour des communautés vraiment solidaires et inclusives, veillons activement à notre propre sécurité!

Pour rester au fait des prochaines mobilisations de défense communautaire —

defense_communautaire@riseup.net
@pink_bloc_mtl
@MontrealAntifa
MontrealAntifasciste

Appel à la solidarité du mouvement Ekoni Aci ! Blocage au km 16 !

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Mai 132023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Afin de faire respecter le moratoire des coupes forestières sur leur territoire, le Nitaskinan, des Atikamekw de Manawan installent présentement un nouveau blocage. Il est situé au km 16 sur le chemin de la Manawan, au nord de St-Michel-des-Saints. Les compagnies forestières ont été mises au courant qu’elles ne pourront pas revenir avec leur machinerie au dégel le 19 mai. Nous devrons être nombreux nombreuses pour s’assurer qu’elles respectent cette consigne. 

Il est possible de venir dès maintenant pour aider à installer le camp. Ceux et celles qui pourront se libérer, les moments les plus sensibles risquent d’être du 19 au 26 mai. Le barrage restera en place par la suite et la solidarité toujours nécessaire. 

Les Atikamekw de Wemontaci ont également besoin d’appui présentement, dans le coin de Renard au rat. La tension monte et les propos se font menaçant. 

Il est aussi possible d’envoyer des sous pour le matériel, la nourriture et les déplacements ici: https://gofund.me/5820583c

L’air, la terre et les rivières ont besoin de révolutionnaires!

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Avr 232023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Dans la nuit de vendredi à samedi, une bannière a été déployée juste au dessus de l’autoroute 20 dans le secteur de Saint-Pascal/Saint-Germain-de-Kamouraska.

Nous avons choisi d’afficher cette bannière car nous estimons que la protection et la défense de l’environnement et de la multiplicité des écosystèmes qui le constitue nous incombe à tous et toutes. En tant qu’humain.e.s, nous estimons avoir la responsabilité de remédier aux erreurs de nos semblables.

Nous reconnaissons toutefois que l’anthropocène n’est pas un phénomène auquel tous.te.s contribuent dans la même mesure. Nous n’hésitons pas à pointer du doigt les coupables : les capitalistes de tout acabit, et les élu.e.s qui choisissent d’en être les complices.

Nous reconnaissons par ailleurs que les changements climatiques et la destruction de la biodiversité affectent de manière disproportionnée les communautés marginalisées, que ce soit à l’échelle mondiale, ou ici-même, en soi-disant Amérique du Nord (Île de la Tortue), territoire où les Premiers peuples continuent de subir les assauts répétés des États coloniaux et de leurs polices.

Au-delà de la rime un peu facile, le slogan de notre bannière vise à mettre en lumière l’importance d’un rapport entier et intègre à la nature et à ses éléments les plus essentiels. Nous sommes des personnes ordinaires, d’âges, de genre et d’horizons divers. Malgré nos expériences variées, nous sommes liées par la volonté d’en finir avec les compromis qui nous sont imposés à répétition.

Nous ne voulons plus de la demi-mesure perpétuelle dans laquelle tentent de nous coincer les tenants de la transition énergétique et de l’économie verte. Nous en avons assez d’applaudir avec complaisance des réformes don’t le seul mérite, s’il en existait, serait d’apaiser momentanément nos consciences éco-anxieuses en nous faisant miroiter le mythe du progrès infini et du salut par la technologie.

Nous refusons catégoriquement d’abandonner le sort de la terre et des êtres qui y vivent aux réformistes. À ceux qui saccagent la terre en toute impunité depuis trop longtemps : Nous choisissons aujourd’hui de prendre responsabilité face à votre irresponsabilité. À l’inaction nous répondons par l’action.

Solidarité avec toutes celles et ceux qui refusent de fermer les yeux sur la destruction de la terre, et qui, par leurs actions, honorent et favorisent la résurgence constante de la vie !

Quelques notes et explications sur la situation du 2 avril

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Avr 012023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le 2 avril (c’est-à-dire, ce dimanche) un groupe d’extrême droite proche des mouvements évangélistes et conspirationnistes a appelé à aller manifester contre « l’heure du conte en drag » de Barbada, à la bibliothèque municipale de Ville Sainte-Catherine. Ce groupe est ouvertement transphobe et homophobe et a explicitement indiqué que ce nouvel effort ciblant les performances de drags devant des enfants était le début d’une campagne contre notre communauté.

Face à cette réalité, un réseau de personnes et de groupes trans et allié-es ont décidé de lancer un appel à la contre-manifestation pour bloquer l’extrême droite et protéger l’événement et les familles venues assister à l’heure du compte. Parallèlement, d’autres personnes/groupes on fait appel à des réponses similaires.

Il s’est avéré dans les derniers jours que Barbada s’oppose à ces réactions et préconise une sorte de stratégie non-interventionniste : ignorer l’extrême droite dans la perspective qu’en les ignorant, on limite leur visibilité et leur potentiel de croissance. Certaines initiatives ont d’ailleurs été annulées pour se plier à la volonté de Barbada.

Nous avons choisi de maintenir notre appel et de maintenir notre présence sur place. Bien que nous respections les choix stratégiques et politiques des autres groupes, nous considérons que notre démarche est préférable, et voici pourquoi.

D’abord, il faut comprendre que cette campagne naissante au Québec ne s’inscrit pas dans le vide et reflète l’importation d’un mouvement présent en Amérique du Nord anglo-saxonne. Ce mouvement s’organise contre les spectacles de Drag offerts aux enfants, en particulier les « heures du conte », dans le but de créer un narratif de prédation (« grooming panic ») autour du « travestissement ». Cet effort a d’ores et déjà mené à l’adoption de lois anti-drag aux États-Unis, écrites de manière à criminaliser les personnes trans (https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1966780/interdiction-spectacle-drag-show-etats-unis-enfants). Ces développements récents s’inscrivent dans un mouvement plus large favorisant la répression – et éventuellement l’éradication – des personnes trans. En ayant ça en tête, nous ne pouvons tolérer l’apparition de ce mouvement sur le territoire où nous vivons.

Il en va, à long terme, de notre sécurité, voire de notre survie. (Ces mouvements s’étant accompagnés de vagues d’assassinats de personnes trans, surtout de femmes trans.)

Ensuite, ça nous apparaît une mauvaise analyse de croire que la situation de dimanche concerne uniquement la personne de Barbada. Effectivement, c’est sa performance qui est ciblée et il y a possibilité que l’évolution de la situation ait des répercussions sur sa carrière. Cela dit, il ne s’agit pas d’un groupe anti-Barbada préparant une manifestation anti-Barbada. Nous sommes toustes concerné-es par leurs actions et leurs discours. Ne rien faire serait peut-être optimal pour les activités de Barbada, mais ça enverrait le signal que nous laissons ces groupes manifester sans opposition. C’est malheureux que Barbada se retrouve au milieu de tout cela, et nous sympathisons avec sa situation. Toutefois, nous considérons nécessaire de nous opposer à ce groupe protofasciste et à tous les groupes qui voudraient effacer nos existences, et ce, chaque fois qu’ils sortent leurs têtes hideuses, partout, tout le temps. Nous n’avons aucune confiance que la police ou les politiques nous protégeront.

Nous exprimons tout cela dans un esprit d’honnêteté et de dialogue. Nous invitons toustes les défenseur-es des drags/trans à faire usage de leur conscience pour choisir comment iels veulent agir pour la suite des choses. Nous ne chercherons pas à dénoncer qui que ce soit pour leur choix de stratégies ou de modes d’action, et espérons la même chose de notre communauté.

Avec amour et solidarité.

Nitassinan: blocage d’un chemin de fer contre le traité Petapan

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Avr 012023
 

Du Collectif Emma Goldman

Jeudi dernier, 30 mars, une action de blocage d’un chemin de fer appartenant à Rio Tinto a eu lieu afin de protester contre le traité Petapan. Pendant plus de deux heures, les manifestants et manifestantes autochtones ont maintenu ce blocage dans le but de bien faire comprendre que l’opposition au traité colonial Petapan est bien vivante. Voici leur communiqué. 

Le Collectif Mashk Assi, Nitassinan non-cédé. 

Le Traité Petapan : Les chefs.fes héréditaires Innuat demandent l’arrêt des négociations territoriales

Plus de 30 chefs de territoire Innuat exigent par signatures l’arrêt immédiat des négociations ainsi que l’arrêt immédiat des coupes forestières dans le secteur de la forêt Cyriac et l’arrêt de la mine de first phosphate corp  !!! Le communiquer d’opposition au traité Petapan des cheffes héréditaires Innuat à été envoyer à  tous les paliers gouvernementaux hier avant la signature illégale prévu aujourd’hui de ce traité le 31 Mars 2023 !!! 

Un traité illégal en droit innu 

Les négociations territoriales ont pour objectif de morceler ce territoire en petits territoires et d’éteindre le droit à disposer de soi-même du peuple innu. La colonisation, l’amnésie culturelle et surtout, la réclusion dans les réserves ont fait en sorte que plusieurs personnes et certains chefs ne voient plus ce qu’ils laissent aller, un vaste territoire, mais s’imaginent ce qu’ils pensent gagner, une réserve un peu plus grande. Le complexe du colonisé est d’en venir à se définir à travers le regard du colonisateur. Il devient d’autant plus problématique que ceux qui ne voient pas clairs soient responsables exclusivement de négocier l’avenir de tout notre peuple. 

En vertu de la Loi sur les Indiens, il importe de rappeler que les conseils de bande ont des juridictions sur la gestion des terres de réserve seulement. En ce sens, ils n’ont pas juridiction sur les terres situées hors réserve. Ce sont les chefs.fes de territoire, les gardiens.nes de territoire et les cercles des kukum (grands-mères) qui possèdent l’obligation de protéger le territoire ancestral. En droit innu, la terre est inalienable et constitue un leg pour les générations futures qui doit être protégée et respectée. En ce sens et au terme du droit innu, ces négociations sont illégitimes et illégales. En ce sens, les chefs.fes héréditaires demandent l’arrêt immédiat du processus des négociations territoriales globales. 

D’ailleurs, dans une lettre soumise en 2005, au Premier Ministre du Canada, Paul Martin, La coalition Ukauimau aimu « paroles de mères de famille » constituée de plus de 270 membres de différentes communautés, y dénonçait le manque de transparence, de consultation dans le processus des négociations territorial et la session illégale du territoire ancestral. 

À l’heure d’un écocide mondial, le temps n’est plus au morcèlement du territoire, à son aliénation ou à son exploitation, il est impératif de continuer l’exercice de notre obligation juridique innu de protéger Tshikauinu Assi, notre Terre-Mère. Aujourd’hui plus que jamais, cette obligation est devenue un impératif planétaire. Jouer le jeu de la division coloniale n’a bénéficié financièrement et politiquement qu’à une seule petite élite et cette dernière, ne peut discuter et décider unilatéralement, à huit clos et secrètement de l’extinction de tout un peuple. 

La clause d’extinction, également appelée « clause de certitude » est un énoncé qui a pour objectif de transférer la souveraineté des Premiers Peuples à la Couronne fédérale et provinciale, qui à son tour la modifie, afin de transformer le statut des terres autochtones inaliénables, en terres provinciales et fédérales commercialisables. En ce sens, le Canada et les provinces deviennent les propriétaires ultimes de ces territoires. Cette clause apporte de la certitude aux gouvernements fédéral et provinciaux, ce sont eux qui ont intérêt dans ces traités modernes et non pas les Premiers Peuples qui sont, de facto, souverains. Cette souveraineté est notamment reconnue dans le Traité international Oswegatchie de 1760. 

À ce discours sur la certitude, les trois conseils déclarent que les droits ancestraux ne seront pas éteints mais que leur exercice sera « suspendu », tel que stipulé à l’article 3.3.4 de l’Entente de principe. Or, la suspension de l’exercice des droits et leur extinction est ont tout deux le même effet, celui d’empêcher la mise en œuvre du droit à l’autodétermination et l’exercice de l’innu tipenitamun. Ce leurre juridique entraine graduellement le renoncement à la souveraineté innu. Comme le stipulait le Professeur Michael Asch, professeur émérite à l’Université de Victoria : « les traités devraient être basés sur la reconnaissance des droits plutôt que sur leur extinction ou leur abandon ». 

MAMU PIMUTETAU TSHETSHI SHUTSHIEK !!!! MAUAT TRAITÉ PETAPAN !!!!

Déploiement de bannière pour les défenseurs de la forêt de Welaunee

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Mar 142023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

La militarisation et l’expansion du pouvoir policier est une menace mondiale. La lutte contre le projet de développement Cop City à Atlanta reflète d’autres luttes locales partout dans le monde. Cette lutte de première ligne, solide et de longue durée, montre comment la destruction des habitats naturels est liée à la violence et à la répression de I’état.

A la lisière de la forêt de Welaunee, chaque policier repoussé avec des feux d’artifice et chaque pièce d’équipement de construction incendiée est accueilli avec joie par les compagnons de toute l’île de la tortue et au-delà.

Nous avons fabriqué et déployé cette banderole à Montréal en solidarité avec toutes les personnes arrêtées à Altanta, même les plus innocentes. Nous n’oublierons jamais Tortuguita.

Le verger au complet : La justice transformatrice – entretien avec harar v.a. hall

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Mar 132023
 

De la Convergence des luttes anticapitalistes

Télécharger l’épisode

La musique

Les références

Processus de justice transformative au Rojava: https://armsforrojava.wordpress.com/2014/10/21/consensus-is-key-new-justice-system-in-rojava/comment-page-1/

La transcription

Présentation

Dans cet épisode de Le Verger au complet / The Whole Orchard, nous parlons de justice transformatrice avec harar v.a. hall, un.e créateurice et penseureuse multidisciplinaire queer, noir.e, jamaïcain.ne-canadien.ne, élevé.e à Tkaronto/Toronto et vivant, organisant et rêvant actuellement à Tiohtià:ke/Montréal. En tant qu’animateurice et programmateurice d’événements, iel a cherché à créer des espaces pour l’expression artistique, l’apprentissage et la production de connaissances au sein des communautés dont iel font partie.

Leur travail est ancré dans un désir permanent de libération et de guérison à un niveau individuel et collectif. Ainsi, tout cela s’inspire d’abord de leurs propres expériences en matière d’identité, d’amour, de désir, d’appartenance, de traumatisme, de bonheur et de communauté. Iel s’efforcent de créer des œuvres et des espaces qui explorent honnêtement ces émotions et ces expériences, dans l’espoir de donner libre court à notre imagination radicale.

Q1 : En quoi la justice transformatrice diffère-t-elle de la justice punitive ? Et d’où vient-elle ?

Je pense que je les différencierais plus largement en fonction de leurs objectifs, et donc je pense que le résultat le plus important de la justice punitive est la punition. Je pense qu’il y a souvent des discussions sur les piliers de la justice et vous savez, nous avons des discussions sur la réhabilitation, nous avons des discussions sur la restitution et toutes les autres choses qui sont censées découler de l’emprisonnement des gens, des amendes même, car je pense que les amendes font également partie du système punitif. Je pense que tout ce qui fait partie de ce système de justice pénale que nous voyons largement dans les sociétés coloniales relève de la justice punitive, mais c’est pour punir les gens et je pense que cela a très peu à voir avec la sécurité. Je pourrais en parler davantage plus tard, mais par contraste, je pense que l’objectif de la justice transformatrice est la guérison. Je pense que c’est la guérison de la personne qui a été blessée. C’est aussi la guérison de l’auteur du crime, ce qui est quelque chose que nous ne mettons pas souvent en avant lorsque nous parlons de justice punitive, mais je pense qu’au sens large, c’est aussi la guérison de votre communauté et de votre société. Lorsqu’un individu est blessé, lorsque quelqu’un d’autre fait quelque chose qui a blessé une autre personne, une autre personne et ainsi de suite, je pense qu’il est vraiment important de penser aux effets d’entraînement que cela entraîne. Le traumatisme n’est pas seulement ressenti par une personne, il n’est pas seulement vécu par une personne, il est ressenti par les personnes qui la soutiennent, il est ressenti par leurs familles, il est ressenti par les personnes qu’elles ont blessées en réponse au mal qu’elles ont subi, et donc, la justice transformatrice est vraiment centrée sur la guérison de toutes les personnes qui ont été touchées par cet acte. Et je pense que c’est aussi vraiment incroyable parce que j’ai l’impression que la justice punitive transforme les gens en criminels. Et une fois que vous êtes un criminel, il est très difficile de ne pas le rester et donc vous devenez un acte unique que vous avez fait, ou peut-être un couple d’actes que vous connaissez. Et je pense que la justice transformatrice affirme toujours l’humanité d’une personne d’abord et j’apprécie vraiment cela parce que je ne pense pas que quelqu’un veuille être étiqueté par la pire chose qu’il a faite dans son pire jour ou les impacts ressentis par la pire chose qu’il a faite, mais c’est ce que fait la criminalisation. Elle vous transforme en la pire chose que vous avez faite et vous fait revivre cela, ressentir cela et être puni pour cela chaque jour de votre vie. Et si vous êtes dans une société qui non seulement vous criminalise mais aussi quand vous êtes relâché vous avez un casier judiciaire, vous savez quand vous postulez pour un emploi, quand vous postulez pour un logement, ce casier vous suit comme un criminel vraisemblablement jusqu’au jour de votre mort, à cause d’une chose que vous avez faite et donc il n’y a pas de place pour la guérison, il n’y a pas de place pour la croissance, il n’y a pas de place pour l’évolution et c’est comme si vous pouviez guérir de ça, comment les gens autour de vous peuvent guérir de ça aussi. Donc oui, je dirais qu’ils sont vraiment diamétralement opposés sur la façon dont ils voient les gens et quels sont leurs objectifs. Et puis je pense que les origines de la justice transformatrice viennent vraiment des mouvements abolitionnistes. Mais pour parler des mouvements abolitionnistes, je pense qu’il est vraiment important de parler des origines des prisons, mais aussi des origines des prisons contemporaines en tant que système, parce que je pense qu’il est vrai que des gens ont été emprisonnés, ont fait l’expérience de l’emprisonnement pendant, genre, toute l’histoire, mais je ne pense pas que la punition, de la manière dont elle existe en tant que mode vraiment central du système carcéral, existe depuis aussi longtemps et je pense qu’il est vraiment important de se rappeler qu’elle n’est pas si ancienne parce qu’elle peut très facilement être retirée de la manière dont nous pensons à la justice et à la manière dont nous pensons à répondre au mal. Ainsi, le mouvement pénal et pénitentiaire actuel trouve son origine spécifiquement aux États-Unis, dans les années 1700, et l’on voit cette large intégration d’une doctrine très profondément religieuse dans la création des institutions. Malheureusement, c’était aussi le cas dans les bibliothèques, mais ce n’est pas aussi important. Je pense qu’en réfléchissant à la façon dont les gens pensaient alors aux longues peines de prison et à la suppression de la liberté des gens, et en pensant continuellement, même après être sorti de prison, à une sorte de punition prolongée, à une façon de faire réfléchir le prisonnier sur ce qu’il a fait. Et c’était cette idée que non seulement il fallait garder les prisonniers à l’abri de la société, mais que les prisonniers eux-mêmes avaient besoin d’être punis, de réfléchir et de penser, et qu’une sorte de pénitence les rendait meilleurs. Et donc, que vous soyez une personne religieuse ou non, je pense que ce n’est pas la question, je pense qu’il est vraiment important de se rappeler que cette partie sur la punition est très profondément détachée de la justice. Il est très profondément détaché de la sécurité et donc si nous croyons que nos objectifs pour le système de justice que nous choisissons sont la sécurité, la justice, alors nous n’avons pas besoin que la punition en fasse partie, elle n’est pas nécessaire, elle est assez nouvelle et elle peut être supprimée. Et donc je pense que la justice transformative et le mouvement abolitionniste des prisons sont comme des meilleurs amis, je pense que la justice transformative vient vraiment comme, je pense que le mouvement abolitionniste est une destruction de ce que nous voyons, comme le mouvement abolitionniste des prisons comme une distraction du système que nous voyons qui est si nuisible à nos communautés, et je pense spécifiquement aux communautés noires, aux communautés latino-américaines, aux communautés indigènes, mais je pense à la société plus largement parce que je pense que la carcéralité a malheureusement infecté une grande partie de la façon dont nous pensons aux interactions entre les gens. Mais je pense que ce qui est vraiment beau et intéressant dans la justice transformative, c’est qu’il n’y a pas de point d’origine distinct, ce n’est pas une seule personne qui l’a créée, mais elle est née de théories de personnes qui se disaient : nous n’avons pas besoin de prisons, mais nous avons besoin de quelque chose de mieux, nous avons besoin de quelque chose de plus brillant, nous avons besoin de quelque chose de grand. On peut donc remonter jusqu’aux psychologues, qui ont étudié l’impact des prisons sur le comportement humain et la façon dont ils traitent les autres et les prisonniers, on peut donc remonter jusqu’aux abolitionnistes, on peut même remonter jusqu’aux quakers canadiens qui ont répondu aux mouvements quakers américains en devenant abolitionnistes et en devenant des défenseurs de la justice transformatrice, donc des défenseurs de la justice transformatrice, donc évidemment, vous connaissez des noms comme Angela Davis ou vous connaissez des noms comme Ruth Wilson Gilmore, mais je pense qu’il y a tellement de penseurs modernes de la justice transformatrice. Personnellement, j’aime beaucoup Adrienne Maree Brown, parce que je pense qu’elle centre vraiment le rêve et l’imagination dans les mouvements de justice transformatrice, ce qui est, je pense, vraiment intégral, c’est de penser au-delà de ce qu’on nous a dit être possible et d’imaginer à quoi la justice peut ressembler, à quoi notre guérison peut ressembler si nous brisons complètement les boîtes que la société nous a en quelque sorte imposées à travers la carcéralité.

Q2 : La justice transformatrice et la justice réparatrice sont parfois utilisées de manière interchangeable. Pensez-vous qu’il est important de faire la distinction ?

J’aime cette question parce que je pense que le chevauchement entre la justice transformatrice et la justice réparatrice a en fait rendu un très mauvais service à la mise en œuvre de la justice transformatrice, en particulier dans les processus communautaires, et je pense donc que je vais dire que je suis un grand défenseur de la justice transformatrice, je ne suis pas un défenseur de la justice réparatrice. Je pense que la justice réparatrice a beaucoup d’avantages, mais ce n’est pas ce que je défends idéologiquement. Je pense qu’il est important de le dire parce qu’évidemment, je pense que tout le monde fonctionne avec des préjugés et c’est le mien, mais la justice réparatrice est vraiment belle et ses origines se trouvent souvent dans l’enseignement autochtone, les guérisons autochtones et la justice autochtone, en particulier sur l’île de la Tortue, et je pense que c’est pourquoi nous voyons beaucoup d’intégration, en particulier au Canada, de la justice réparatrice dans le système de justice pénale.

Mais la préoccupation majeure de la justice réparatrice se situe entre la personne qui a été lésée et celle qui a fait le mal. Je pense que c’est vraiment important et que cela permet de dépasser l’emprisonnement carcéral et de ne pas se concentrer simplement sur la punition d’une personne, mais en fin de compte, cela permet toujours à la personne qui a été lésée d’être le seul arbitre de ce qui est juste et d’évaluer le degré de préjudice causé par une autre personne. Et je sais que beaucoup de gens entendent cela et se disent : c’est génial, c’est incroyable, l’individu qui a été lésé devrait être celui qui décide de ce qui est juste et de ce dont il a besoin, mais je pense en fait que c’est le pire moment pour décider de ce qu’est votre idée de la justice, lorsque vous avez été lésé. Mais je pense aussi que la question plus large est que personne n’arrive à un cas de préjudice en étant parfaitement guéri, sans traumatisme, nous portons toutes nos expériences avec nous, et je ne pense pas que, je ne fais pas une sorte de point pour une pratique standardisée en termes de justice transformative, comme si chaque processus devait se ressembler, mais je pense que c’est vraiment mauvais si nous supposons qu’une victime ou un survivant, une personne qui a été blessée est dans la meilleure position à ce moment-là pour s’occuper de la personne qui l’a blessée et je ne pense pas qu’ils devraient avoir à le faire. Je ne pense pas qu’elle doive être une personne qui pense à la guérison de la personne qui lui a fait du mal, mais dans un processus de justice réparatrice où nous centrons ces deux personnes sur ce qu’une personne peut faire pour l’autre personne afin qu’elle sente qu’elle peut guérir et passer à autre chose, il y a en fait très peu de possibilités pour la personne qui a causé le mal d’accéder également à la guérison. Mais je pense qu’au-delà de cela, et je ne pense pas que cela soit vrai pour tous les processus de justice réparatrice, je pense qu’il y a un certain niveau de guérison communautaire qui y est intégré, mais je pense que la différence est que la guérison communautaire n’est pas centrale. Le changement structurel social n’est pas central et je dirais que c’est vraiment énorme dans la justice transformative, donc il y a une responsabilité et un accent sur la façon dont la communauté a été touchée par ce préjudice, et je pense que la grande chose à ce sujet, au-delà du fait que tout le monde qui a existé dans ce cas de préjudice reçoit ensuite le soutien pour grandir, aller de l’avant, et guérir de cela, est aussi qu’il y a maintenant une responsabilité prise par la communauté pour ce qui a permis à cela d’exister en premier lieu. Je ne pense pas qu’il soit raisonnable ou juste d’attribuer une chose que quelqu’un a faite uniquement à lui, alors qu’il est un sous-produit de son environnement, un sous-produit de sa communauté. Et donc je pense que la justice transformatrice permet, et je pense que je dirais même qu’elle force une communauté à regarder constamment à l’intérieur d’elle-même comment elle peut s’assurer que cela ne se reproduise pas, parce que nous savons que cette action n’est pas due au fait que cette personne est une mauvaise personne qui fait du mal aux gens, mais plutôt au fait qu’elle a été mise dans une position qui lui a permis de faire du mal à quelqu’un. Et ouais, et donc je pense qu’à bien des égards, la justice transformative fonctionne aussi pour réagir ou je dirais pour empêcher le mal de se produire à l’avenir de la même manière, parce que nous assumons tous la responsabilité du mal et nous assumons tous la responsabilité de la guérison. Alors que je pense que la justice réparatrice isole vraiment cela aux personnes qui ont existé dans ce cas de préjudice.

Q3 : Quelles attitudes et perspectives sont nécessaires avant d’intégrer la justice transformatrice dans nos pratiques habituelles ?

Je pense que la première chose que nous devons faire, et je pense que c’est un processus vraiment personnel que chacun doit entreprendre, c’est de comprendre que nous allons tous causer du tort à un moment donné dans notre vie et que cela ne nous rend pas mauvais, mais que ce n’est pas non plus une chose que nous devons fuir et que nous ne devons pas nier. Je pense que si vous entendez que vous pourriez faire du mal à un moment de votre vie et que vous vous dites : ” pas moi, je suis quelqu’un de bien “, alors je pense que vous allez probablement vous engager dans la justice transformative avec l’idée que certaines personnes sont des auteurs, certaines personnes sont des victimes, certaines personnes sont blessées, certaines personnes sont des auteurs, certaines personnes sont des survivants. Et le fait est que nous serons probablement tous ces choses dans de nombreux cas différents, et dans de nombreuses configurations différentes tout au long de notre vie. Et nous ne pouvons pas être coincés dans les rôles que nous existons dans un cas de préjudice. Et donc je pense que cela demande beaucoup de réflexion personnelle et aussi une vérification constante de soi pour se rappeler que c’est quelque chose que vous tenez toujours comme une croyance et la raison pour laquelle je pense que c’est un premier pas qui est vraiment important parce que je pense que cela va informer la façon dont vous traitez les autres personnes quand elles ont été blessées ou quand elles ont fait du mal à quelqu’un. Et je pense que pour s’engager dans la justice transformatrice, je pense que beaucoup d’entre nous sont très à l’aise pour agir en tant que partisans, en tant que confiants, en tant que défenseurs des survivants, en tant que personnes qui sont dans une position où elles sont blessées. Je pense qu’il est beaucoup plus difficile d’agir en tant que défenseur, en tant que confiant, en tant que défenseur d’une personne qui a fait quelque chose que nous considérons comme mauvais, parce que nous avons été élevés dans une société qui nous a laissé croire que ces personnes sont mauvaises et que les mauvaises personnes ne méritent pas de soutien, les mauvaises personnes ne méritent pas de défense. Et donc je pense que si nous pouvons vraiment nous mettre dans la position que cela pourrait être nous, et que ce sera probablement nous à un moment de notre vie, je pense que cela nous permet d’employer une empathie beaucoup plus radicale dans le travail que nous faisons. Et donc oui, je pense que c’est vraiment intégral. Je pense que nous devons aussi… C’est difficile parce que je dis ça et je peux aussi penser à beaucoup de fois où je n’ai pas fait preuve de compassion pour les autres et pour moi-même, mais je pense que nous devons avoir beaucoup de compassion pour le fait que nous avons grandi et été socialisés dans une société qui nous a appris la punition dès le plus jeune âge, la plupart d’entre nous, qui nous a enseigné les prisons dès notre plus jeune âge, dans les jeux auxquels nous jouions, dans les livres que nous lisions étant enfant, dans les émissions que nous regardions, la carcéralité et la punition sont partout et nous les apprenons à un si jeune âge, avant même d’apprendre à parler. Ces choses sont profondément ancrées en nous et je ne pense pas que nous devions haïr cela en nous-mêmes, mais je pense que nous devons constamment vérifier cela et réfléchir au moment et à la manière dont nous allons intégrer cette socialisation dans le travail que nous faisons. Et je ne pense pas que cela signifie que nous ne devons pas essayer et que cela ne marchera jamais, mais je pense que cela signifie que tout le travail que nous faisons sera imparfait et c’est bien ainsi. Je pense que c’est bien parce que faire cela de manière imparfaite suffisamment de fois sera toujours bien mieux que la carcéralité. Je choisirai toujours un processus de justice tranformative imparfait plutôt que d’emprisonner quelqu’un. Mais plus que cela, je pense que nous devons penser à cela comme à un travail générationnel et intergénérationnel. Et donc si je peux travailler très dur pour interroger constamment les façons dont j’ai intégré la punition, dans toutes mes interactions de la manière dont j’ai été socialisé à le faire et que j’ai pensé à ces dichotomies avec le mal et le bien et que cela a également un impact sur la façon dont je pense aux gens, peut-être que je ne me débarrasserai jamais complètement de cela en moi, mais je peux m’assurer que je ne transmets pas cela aux personnes plus jeunes que moi. Je peux m’assurer que je ne le transmettrai pas au processus que je crée, aux communautés dont je fais partie, aux choses que nous construisons. Nous ne sommes peut-être pas parfaits, mais nous pouvons travailler très dur pour nous assurer que nous ne transmettons pas littéralement ce traumatisme, ou cette socialisation, aux choses qui vont vivre après nous. Et je pense que c’est le travail que nous devons faire.

Q4 : Pouvez-vous nous expliquer à quoi pourrait ressembler un processus de justice transformatrice dans le cas d’un meurtre ?

Ok, je pense que souvent les gens parlent de processus de justice transformative, et ils pensent que cette personne a volé une autre personne, mais qu’il s’agit d’une personne à faible revenu, et que nous savons tous que le vol est généralement basé sur des facteurs socio-économiques, et que nous fonctionnons déjà avec beaucoup, je pense, beaucoup plus de compassion pour la personne qui a fait la chose que nous considérons comme mauvaise. Je vais donc commencer par un exemple de meurtre, parce que je pense que c’est quelque chose qui est assez irréversible, je dirais, et qui a certainement causé du tort et nous pensons souvent que c’est un acte vraiment impardonnable. Et je pense que le pardon est vraiment important pour la justice transformatrice, mais je ne pense pas qu’il soit nécessaire pour chaque personne de pardonner à une personne qui a fait du mal. Je pense que la différence entre le pardon et le fait d’empêcher activement une personne de vivre sa vie et de se développer est en fait un écart énorme. C’est la différence entre l’inaction et l’opposition active, et je pense que nous devons parfois assumer notre inaction, comme le fait de blesser, mais nous n’avons pas à nous opposer à la liberté d’une autre personne. Et donc, si je parle de meurtre, c’est parce que je pense que cela arrive souvent, évidemment, mais je pense aussi que les cas de violence se produisent aussi souvent au sein des communautés marginalisées et je pense que nous voyons des incarcérations disproportionnées pour ces choses, pour ces crimes, et aussi, juste d’énormes quantités de dommages qui se produisent pour toutes les personnes impliquées. Je pense donc que dans les cas de meurtre dans un système carcéral, c’est assez simple. Vous appelez les flics. Cette personne est généralement retenue et détenue jusqu’à la date de son procès. Cela arrive souvent très, très, très loin dans le temps, et les gens sont donc souvent retenus et détenus, qu’ils aient été prouvés coupables ou non. Mais disons, pour les besoins de l’exemple, que cette personne l’a fait, nous savons qu’elle l’a fait, et donc elle est finalement incarcérée et reçoit sa sentence, et évidemment la sentence n’est pas objective et est basée sur beaucoup de choses qui n’ont rien à voir avec la culpabilité ou non de la personne, mais souvent sa race, son statut socio-économique, son niveau d’accès. Donc, pour une raison quelconque, cette personne va en prison et attend la fin de sa peine jusqu’à ce qu’elle soit libérée.

Et quand elle est libérée, elle a un casier judiciaire, et comme le meurtre est un crime violent, c’est quelque chose qui ne disparaîtra jamais de son casier. Ils peuvent parfois faire une demande de grâce, mais les grâces coûtent vraiment très cher et s’ils ne sont pas riches, ils seront étiquetés comme meurtriers et ne pourront donc probablement pas trouver d’emploi, ni de logement. Et donc la plupart des gens qui ont des crimes violents dans leur dossier finissent par commettre beaucoup d’autres crimes. Je prends, je pense qu’il est vraiment important de passer par le processus carcéral, parce que j’ai l’impression que c’est juste la chose la plus dévastatrice à penser au fait que les actions uniques ont littéralement un impact sur la vie des gens et de tout le monde autour d’eux pour 60, 70, 80 ans et puis des générations plus tard parce que cela a un impact sur leurs enfants, cela a un impact sur leurs familles. Et donc oui, s’ils ont des enfants, leurs enfants grandissent sans parent, leur parent grandit, vous savez, peut-être décède, vit sans son enfant, sa communauté perd une personne. Je pense que beaucoup de gens vont aussi consacrer beaucoup de ressources pour essayer de rendre la vie aussi confortable que possible pour les personnes incarcérées, donc vous voyez aussi un argent direct qui est retiré à la famille qui a déjà perdu un soutien de famille pour être utilisé pour essayer de soutenir quelqu’un qui a été incarcéré. Je pense donc que cela a des effets vraiment dévastateurs. Mais je pense que du côté de la personne, de la famille et de la communauté qui a également perdu quelqu’un, une fois que la personne va en prison, elle ne reçoit rien.

Ils ne reçoivent pas de soutien de l’État, en termes de guérison. Ils doivent payer pour leur propre thérapie. Ils doivent, vous savez, payer leurs propres funérailles. Ils doivent gérer leur propre deuil. Je pense que l’État et le monde leur disent qu’ils devraient diriger toute cette tristesse et cette haine vers la personne qui leur a enlevé cette personne, et que toute cette douleur qu’ils ressentent est la responsabilité de cette personne. Et donc, je dis que tout ce mal s’est produit à partir d’une seule instance qui peut vraiment être traitée de manière plus approfondie dans un processus de justice transformative.

Pour en revenir au cas initial du meurtre, une personne a disparu et une autre personne l’a fait. Je pense que, je pense que tout d’abord vous devez vraiment parler à cette personne et je pense que vous devez lui demander pourquoi elle l’a fait. Parce que très très très peu de gens se mettent à tuer d’autres personnes sans raison. Et je ne dis pas que si oui ou non… le raisonnement n’a pas d’importance en termes d’application d’un processus de justice transformative, mais je pense que le raisonnement peut en fait nous aider à trouver beaucoup de solutions pour tous ces autres impacts nuisibles que nous voyons se propager, donc je pense que si cette personne est engagée dans d’autres activités criminelles par le biais d’organisations comme des gangs ou d’autres organisations criminelles et que c’est la raison pour laquelle elle l’a fait, je pense qu’il y a en fait beaucoup de travail à faire pour savoir pourquoi cette personne a ressenti le besoin de tuer une autre personne au sein de son organisation de gang. Je ne suis pas personnellement contre ou pour les gangs, je pense que les gangs peuvent apporter beaucoup de soutien aux personnes qui n’en ont pas ailleurs. Et je pense que c’est aussi l’échec d’une communauté, que les gens n’ont pas accès à leur famille, ils n’ont pas accès à un soutien financier, ils n’ont pas accès à une communauté ou à des personnes qui les voient ou les reconnaissent comme des êtres humains, alors ils se tournent vers les gangs.

Mais dites que ce n’est pas un gang, dites que c’était un accident. Souvent, les gens vont encore en prison pour des accusations d’homicide involontaire. Je pense que si c’est un accident, alors cette personne n’a pas besoin d’être emprisonnée pendant plusieurs années. Elle a probablement besoin de beaucoup de thérapie. Elle a besoin d’un grand soutien pour guérir, car la plupart des gens ne veulent pas avoir tué quelqu’un et la plupart des gens ne considèrent pas cela comme un accident banal. Je pense donc que le traumatisme lié au fait de savoir que l’on a tué quelqu’un doit être pris en compte. Et la pire façon de le faire, ou le pire endroit possible, c’est dans un endroit où vous subissez davantage de violence et où vous serez probablement contraint de refaire quelque chose comme ça. Disons que c’est dû à une maladie mentale, disons que c’est dû à des choses incontrôlées qui échappent au contrôle de la personne. Je pense qu’elles ont également besoin de soutien et de guérison et, encore une fois, la prison sera la pire façon de traiter cela. Mais je pense au-delà de ce cas et de ce qu’il faut faire avec cette personne, car je pense qu’il s’agit aussi de s’occuper de toutes les autres personnes qui ont été touchées. Je pense donc que l’approche de la justice transformatrice ne se contente pas de se demander comment punir cette personne ou comment traiter cette personne qui a fait quelque chose de mal. Il s’agit plutôt de se dire que le préjudice n’est pas seulement la mort d’une personne, mais aussi le fait qu’une autre famille va exister sans ressources ni soutien communautaire. Donc, au lieu d’investir de l’argent et du temps dans des avocats et dans, je ne sais pas, l’emprisonnement de quelqu’un, investissons cet argent, ce temps et ce soutien pour permettre à cette famille de guérir du fait qu’elle a perdu quelqu’un, pour soulager la douleur et la pression financière de devoir enterrer quelqu’un, de, vous savez, faire face au fait que souvent les gens perdent quelqu’un et doivent retourner au travail immédiatement, qu’ils doivent restructurer toute leur vie. Un processus de justice transformatrice autour du meurtre réfléchirait à toutes les façons dont nous pouvons soutenir les personnes qui ont perdu quelqu’un, sans se concentrer sur la punition. Et je pense que l’avantage de cette approche est que les gens ne retiennent pas leur colère et leur tristesse de la même manière, ou ne ressentent pas constamment les effets de cette perte au fil du temps. Je ne dis pas qu’ils doivent pardonner à la personne qui a fait ça. Mais je ne pense pas qu’ils recherchent activement la vengeance de la même manière, parce que la vengeance, ils ne la ressentent pas, ils ne ressentent pas toutes les autres choses qu’ils doivent gérer autour de leur tristesse. Et c’est vraiment la seule chose que nous devrions aborder à ce moment-là, parce que c’est si difficile, n’est-ce pas ?

Q5 : Les processus de TJ nécessitent beaucoup de temps, de compétences et d’énergie émotionnelle et mentale. Comment pouvons-nous œuvrer pour en assurer la durabilité et les rendre largement accessibles (et veiller à ce qu’ils ne soient pas laissés aux non-hommes et aux survivants ou aux victimes potentielles de préjudices similaires) ?

Je pense que le fait d’accompagner et de soutenir les gens dans les processus de TJ est une compétence, et une compétence que nous devrions tous être intéressés à développer. Je pense que la raison pour laquelle ce travail est souvent confié à des non-hommes, à des survivants, à des personnes qui ont subi des préjudices, c’est parce qu’ils savent déjà ce que c’est que d’être abandonné par le processus carcéral et parce qu’ils ont un intérêt direct dans une alternative, et donc je pense que la façon dont nous avons cette durabilité est d’avoir autant de personnes que possible avec cet ensemble de compétences. Je pense que la raison pour laquelle, souvent, c’est vraiment épuisant, ça peut être vraiment coûteux, c’est parce qu’il n’y a pas beaucoup de praticiens dans nos communautés qui ont beaucoup d’expérience dans ce travail. Je pense que c’est une chose pour laquelle il faut faire beaucoup d’efforts pour s’améliorer, je pense que c’est une de ces choses qui est le seul moyen parce que vous apprenez de l’expérience, vous apprenez des exemples. Si nous pensons à l’énergie mentale et émotionnelle, je pense que c’est plus facile lorsque nous avons le soutien d’une grande équipe, et je pense que la plupart des processus de justice transformatrice qui sont efficaces et fonctionnent bien sont soutenus par de grandes équipes, donc ils sont soutenus par des pods pour l’auteur et le survivant – la personne qui a été blessée. Ils ont plusieurs facilitateurs et plusieurs personnes qui peuvent en quelque sorte échanger le travail émotionnel. Ils tiennent compte du fait que ces processus peuvent durer des années et qu’une seule personne ne peut pas faire cela pendant plusieurs années sans aucune pause ni aucun soutien. Nous devons renforcer les capacités de nos communautés pour que ce travail ne soit pas épuisant mentalement et émotionnellement, et que le plus grand nombre possible de personnes soient en mesure de le faire. Je pense également que cela permet à davantage de personnes de s’approprier la TJ et de la développer. Je pense qu’il est dommageable qu’une sorte de processus communautaire basé sur la guérison de chacun soit laissé à certaines personnes, et qu’elles soient les seules à pouvoir être considérées comme des experts en la matière. Je pense que nous devons tous être investis de manière égale et je pense que cela signifie aussi que les hommes et les personnes qui peuvent parfois dire “Oh, je suis plus intéressé par les actions, ou par la destruction du système” et je dis “Eh bien, si nous détruisons le système, voici ce qui va le remplacer, et vous ne pouvez pas seulement être intéressé par la destruction, vous devez être intéressé par la construction”. Et donc je pense que faire de cette pratique une compétence pour tout le monde est la façon dont nous traitons ces questions de durabilité.

Q6 : Dans quelle mesure la JT dépend-elle de la participation volontaire de la personne qui a causé le préjudice ? Que se passe-t-il lorsqu’elle refuse d’être tenue responsable ou ne veut pas participer au processus ?

J’aime beaucoup cette question, elle m’a fait réfléchir un peu parce que je pense que c’est un élément central du processus, mais je ne pense pas que ce soit nécessaire. Et si je dis cela, c’est parce que je pense qu’il peut être un peu facile pour les gens de se dire “la personne qui a fait du mal ne veut pas s’asseoir, donc je suppose qu’il n’y a pas de justice transformative et qu’elle est un agresseur maintenant et que nous allons l’écarter”. Je pense que c’est en fait très facile et que cela penche toujours vers une pensée punitive. Je pense que nous devons créer des processus de TJ qui existent en l’absence d’une personne qui a fait du mal et qui contemple de faire partie de ce processus. Il ne s’agit pas de les forcer à participer au processus, mais de savoir à quoi ressemblent notre guérison et nos soins lorsqu’une personne qui fait partie du puzzle ne veut pas en faire partie. Comment pouvons-nous encore nous tourner vers l’intérieur et réfléchir à notre communauté en disant “ok, mais comment avons-nous permis que cela se produise ?” ou “décidons-nous que cette personne est un abuseur et que les abuseurs vont juste être abusifs et que si nous nous débarrassons de tous les abuseurs soudainement, notre communauté ne subira pas de préjudice”. Allons-nous continuer à offrir le même soutien à une personne qui ne s’articule pas uniquement autour de sa vengeance contre l’autre personne, ou allons-nous lui offrir une guérison en dehors du mal qui s’est produit, allons-nous maintenir un espace pour sa guérison si cela ne se concentre pas sur le blâme de l’autre personne, si cela ne fait pas de cette personne le centre de toutes les autres expériences. Je pense qu’il est formidable d’avoir cette personne et j’aime l’idée que les gens assument la responsabilité de leurs actes, mais je pense aussi que nous devons faire preuve de compassion et de réalisme face au fait qu’il est difficile d’entendre que l’on a blessé des gens d’une manière que l’on n’aurait jamais imaginée. Je pense que si nous voulons que les gens courent vers la responsabilité, nous devons créer un processus permettant aux gens de revenir et de faire partie de ce processus de TJ même après leur refus. Est-ce que nous permettons aux gens de fuir la responsabilité puis d’y revenir ? Allons-nous dire non, “vous avez manqué votre chance et maintenant personne ne veut vous offrir la guérison, vous avez manqué votre chance et maintenant vous êtes un abuseur pour toujours”. Je pense que c’est comme je l’ai dit, c’est une dérobade et je pense que nous devons être plus imaginatifs et créer des processus plus robustes pour le soutien et la guérison qui vont au-delà d’une personne parce que je ne pense pas qu’une personne qui ne s’engage pas devrait suffire à faire exploser tout un processus, et si c’est le cas, alors il n’était pas assez fort au départ.

Q7 : Y a-t-il des façons dont la justice transformatrice peut être utilisée à tort pour punir (par exemple, en appliquant des méthodes et des principes de responsabilisation en matière de violence sexuelle à des situations qui ne le sont pas, en exigeant l’exclusion d’espaces par vengeance plutôt que par sécurité, etc.

Je pense que cela arrive souvent, il arrive que les gens appliquent la pensée carcérale dans une sorte de mesures punitives aux processus de TJ. Mais je vais aussi dire que je ne pense pas qu’ils le fassent intentionnellement. Je pense que cela nous ramène à ce que je disais plus tôt, à savoir que nous avons été socialisés par ce processus et que nous ne nous rendons même pas compte de sa profondeur jusqu’à ce que nous pervertissions ou ruinions cette belle chose que nous imaginons avec ces mêmes idées que nous n’avons pas encore interrogées. Je pense que cela se produit souvent dans les cas de violence sexuelle parce que nous voulons soutenir les survivants, nous voulons que les gens se sentent en sécurité, nous voulons que les gens se sentent soutenus et nous pensons que cela va à l’encontre de la guérison d’une autre personne qui a fait ce mal. Donc je pense qu’en termes d’évitement, je pense que c’est effrayant parce que ça arrive souvent, mais je pense que ça signifie aussi que nous devons l’appeler, d’une manière vraiment gentille. Je pense qu’il est si difficile de le dénoncer, et les gens font du call-in et du call-out, je pense que nous devons le dénoncer avec gentillesse. Je pense que nous devons être vraiment forts sur le fait que nous voyons quelque chose qui se passe qui est vraiment mal, mais aussi être comme : “Je ne pense pas que vous faites ça parce que vous êtes mauvais, je ne pense pas que vous faites ça parce que vous êtes un faux praticien TJ, je ne pense pas que vous faites ça parce que vous essayez de ruiner cette chose, je pense que vous faites ça parce que peut-être vous ne le réalisez pas ou je pense que vous faites ça parce que vous souffrez et vous n’avez pas assez de soutien et vous n’avez pas assez de ressources, et tu dois aussi payer ton loyer et faire ton travail”, et toutes ces choses sont vraiment très difficiles tout en essayant de soutenir une personne que tu n’aimes pas parce qu’elle vient d’agresser sexuellement ton amie. C’est normal que vous luttiez contre cela, mais nous devons trouver un meilleur moyen.

Cela signifie que nous devons dénoncer ces choses. Je pense que le fait de demander l’exclusion des espaces est vraiment intéressant. Je trouve que c’est un peu là où la justice réparatrice et la TJ deviennent un peu piquantes, et sont utilisées de manière interchangeable. Et je vois souvent des principes de justice réparatrice où nous donnons la priorité à la victime ou au survivant (ou à la personne lésée) avant tout, et je pense que cela ne peut pas être réellement durable dans la JT. Je pense que bannir quelqu’un, ou exclure quelqu’un d’un espace, a du sens dans le cadre de la justice réparatrice. C’est ce que signifie le sentiment de justice pour un survivant, une victime ou une personne qui a subi un préjudice ; c’est ce dont ils ont besoin pour que la justice soit rétablie. Je pense que le problème est que lorsque nous excluons des personnes de l’espace, en particulier des communautés, nous oublions la raison pour laquelle nous avons des communautés en premier lieu, c’est-à-dire pour assurer la sécurité des personnes, pour permettre aux personnes de se développer, pour fournir aux personnes la guérison et le soutien, souvent la communauté prend également la place de la famille pour les personnes qui n’ont pas de famille biologique ou qui sont éloignées des familles biologiques ou qui ne sont pas tenues ou vues par leur famille biologique. Et donc, couper quelqu’un de la communauté va reproduire ce mal à d’autres personnes qui n’ont pas de communauté, à d’autres personnes qui font partie d’autres communautés. Je pense que si nous voulons créer des pratiques solides, nous devons toujours réfléchir au but de notre action. Il ne suffit pas de donner à quelqu’un ce dont il dit avoir besoin parce qu’il a été lésé, il faut se demander quel est l’objectif, quel est l’impact. Il faut se demander si cette personne n’a pas besoin de se trouver dans cet espace ou si elle a besoin de se sentir soutenue et aidée au sein de sa communauté. D’accord, vous avez proposé une solution consistant à ne pas avoir cette personne dans les parages, nous ne pensons pas pouvoir faire cela, mais comment pouvons-nous vous soutenir et vous accompagner pour que la présence de cette personne ne vous dérange pas. Peut-être que vous pouvez tous les deux avoir accès à l’espace, mais vous serez séparés le même jour pour ne pas avoir à courir l’un contre l’autre et être à nouveau traumatisés. Peut-être que cette personne va jouer un rôle différent dans cet espace. Je pense que nous devons être plus innovants dans notre façon de répondre aux besoins des gens, au-delà de leur donner ce qu’ils pensent vouloir, mais aussi au-delà de la facilité, car je pense que lorsque nous revenons aux mesures punitives, à la carcéralité, c’est souvent la chose la plus facile à faire, c’est ce qui est câblé dans notre cerveau, c’est la solution rapide, et je ne pense pas que la TJ soit construite sur des solutions rapides. Il s’agit généralement de processus longs et exhaustifs et d’essayer un tas de choses jusqu’à ce que cela fonctionne, jusqu’à ce que nous ayons tous ce dont nous avons besoin.

Q8 : Quand la justice transformatrice n’est-elle pas nécessaire ?

Je pense que dans les cas de préjudice, la JT est probablement toujours nécessaire. Je pense que parfois, nous n’avons pas toujours les ressources ou le temps nécessaires pour créer un processus efficace ou honnête. Mais je ne pense pas que cela signifie que nous n’en avons pas besoin, je pense que cela signifie qu’il nous manque quelque chose pour en faire la meilleure chose possible. Je pense cependant que dans les cas de blessures, la TJ n’est pas nécessaire et je pense qu’il peut être très difficile de regarder vers l’intérieur et de dire “est-ce que cette personne m’a fait du mal ou est-ce que cette personne m’a fait du mal ?”. Et parfois le mal et la blessure se chevauchent, je ne pense pas que ce soit simple, mais je pense que nous devons tous faire ce travail de ne pas rendre justice ou de demander justice ou de demander des comptes pour des interactions vraiment humaines, comme si quelqu’un vous avait brisé le cœur ou que votre ami n’était pas un bon ami pour vous ou que quelqu’un était méchant d’une manière qui vous a fait perdre confiance en lui. Je pense que cela fait partie des relations avec les gens, cela fait partie de l’intimité, cela fait partie de la proximité. Je pense qu’il est vraiment impossible d’être proche des gens, d’avoir des relations intimes avec eux et de ne pas être blessé. Je pense que cela fait partie de l’expérience humaine, et lorsque nous essayons de rectifier la blessure avec la TJ, je pense que nous faisons en sorte que les gens se ferment aux autres parce qu’ils ont tellement peur que chaque cas de blessure fasse l’objet d’un processus de responsabilisation ou d’un appel public, qu’ils ne s’ouvrent pas aux autres. Je pense que nos communautés sont construites sur nos relations et que nos relations sont construites sur la confiance et sur la croissance émotionnelle. Et donc si nous ne nous permettons pas d’être blessés, si nous ne nous permettons pas de grandir émotionnellement et de faire la différence entre ces deux choses qui se produisent, je pense que nous courons le risque de ruiner la très belle chose que la TJ peut être pour notre communauté.

Q9 : Quelles sont les possibilités et les limites de la justice transformative dans le cadre du capitalisme carcéral ?

Je pense qu’il est vraiment important de se rappeler que la justice transformatrice n’a pas été conçue pour exister sous le capitalisme et que notre forme idéalisée de TJ se situera toujours dans un monde sans capitalisme, sans colonialisme et sans pouvoirs impériaux, parce que je pense que c’est la seule façon pour nous de vraiment prospérer. En gardant cela à l’esprit, j’ai l’impression qu’il est très important d’intégrer cela dans nos mouvements de libération, dans le travail que nous faisons maintenant, parce qu’il est en fait très difficile, dans toutes les sortes de révolutions qui ont eu lieu au cours de l’histoire, d’inverser soudainement la tendance. C’est vraiment difficile de dire “nous avons tout brûlé et maintenant nous allons créer quelque chose de nouveau”, si personne ne s’est jamais entraîné à travailler sur les choses. Et donc je pense que nous devrions toujours penser à l’intégration de la JT dans nos communautés, dans nos organisations comme une pratique vers l’application dans un monde meilleur. La seule façon de savoir comment cela fonctionne, et je ne veux pas dire parfaitement, je ne crois pas vraiment à la perfection, mais mieux ou sous une forme idéalisée, c’est en trébuchant, en nous voyant échouer, en nous voyant faire des erreurs, en nous voyant peut-être confondre le mal et la douleur, en nous voyant courir vers la sincérité lorsque nous voyons une forme extrême de mal, puis revenir vers la TJ. Tout ce travail est vraiment nécessaire parce qu’aucun bon système qui fonctionne pour tout le monde (et je pense que la TJ doit fonctionner pour tout le monde) n’a été construit exclusivement dans les livres, on ne peut pas simplement en parler, ce ne peut pas être une chose que nous gardons dans nos cœurs jusqu’au moment où nous serons libérés du capitalisme. Je pense que nous devons constamment la mettre en pratique, nous devons constamment la travailler pour qu’elle soit meilleure. Donc oui, je pense que c’est pourquoi c’est à la fois un outil de libération mais c’est aussi quelque chose qui va grandir avec notre processus de libération, si cela a un sens. Je pense que c’est difficile parce que, et je ressens ça tout le temps quand je pense au fait que les personnes spécifiques qui pratiquent la TJ, une grande partie du travail consiste à convaincre les gens que quelque chose d’autre est possible. Une grande partie du travail consiste à rappeler constamment aux gens qu’il faut penser au-delà de ce que l’on nous a dit être possible, de ce qui existe actuellement, des circonstances du monde dans lequel nous existons aujourd’hui, et ensuite nous devons appliquer cette chose qui ne devrait jamais vraiment exister dans le système, à l’intérieur du système, pour pouvoir y arriver. Mais je pense que ce genre de travail est vraiment nécessaire parce que je ne crois pas que nous puissions simplement continuer à avancer dans le système et faire ce que nous devons faire jusqu’à ce qu’un jour nous en soyons libérés et que nous puissions fonctionner dans ce monde parfaitement ou que nous puissions fonctionner dans ce monde sans apporter toutes les choses que nous portons actuellement dans ce monde. Je pense qu’il est important pour notre avenir et pour les personnes qui viendront après nous de faire ce travail maintenant. De sorte que lorsque nous arriverons à un point de libération, ils n’auront pas à faire ce travail pour nous. Je pense que c’est vraiment itératif.

Conclusion

Bien que la justice transformatrice ne puisse pas être pleinement ou largement fonctionnelle sous le capitalisme, il est important de la mettre en œuvre au mieux de nos capacités alors que nous construisons vers une révolution, dans la lutte pour la libération et contre les systèmes et institutions oppressifs. Nous voulons que les communautés et les mouvements soient résilients et ne s’effondrent pas lorsque des dommages internes se produisent et ne sont pas traités correctement. Les ennemis et l’État peuvent également utiliser les cas de préjudice au sein des mouvements ou des communautés pour les discréditer ou justifier leur propre violence à leur encontre. En mettant en place des mécanismes pour faire face à ces situations dès le début, nous faisons des communautés de résistance de meilleurs endroits et nous montrons que nos solutions sont efficaces pour créer des communautés meilleures et plus justes, contrairement à la police d’État.

Un mouvement social fort n’est pas seulement une question de mobilisation, mais aussi une question de gestion du désordre que nous laissons parfois. Grandissons en tant que mouvement social et prenons soin de nous.

Ce que nous savons jusqu’à présent sur le projet de nouvelle prison pour femmes à Montréal

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Mar 032023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le Québec a récemment annoncé la construction d’une nouvelle prison provinciale pour femmes à Montréal, dont les travaux devraient commencer cet automne (2023). La nouvelle prison est destinée à remplacer la Maison Tanguay, qui a été fermée en 2016. Depuis, les femmes sont emprisonnées à Leclerc, qui était initialement un établissement mixte, à Laval. Le plan du gouvernement provincial est de démolir Tanguay en 2024, et de construire la nouvelle prison entre l’ancien site de Tanguay et la prison de Bordeaux, toujours en activité, à Ahuntsic-Cartierville. L’ensemble du projet est facturé 400 millions de dollars.

Nous souhaitons partager quelques recherches sommaires sur les plans de construction, dans l’espoir qu’elles seront utiles à tou.tes celleux qui envisagent de s’organiser contre la construction de cette prison dans les mois et années à venir.

Dans l’état actuel des choses, la construction commencera à l’automne 2023, et la nouvelle prison ouvrira à l’été 2029.

La prison aura 237 lits.

L’emplacement approximatif de la prison est indiqué sur la carte ci-dessous :

Les quatre contrats suivants ont déjà été attribués par la Société québécoise des infrastructures pour les travaux du projet. Pour chaque contrat, nous avons inclus un lien vers les détails du contrat. Cependant, le téléchargement des documents associés nécessite un compte.

1. Services professionnels en génie mécanique et génie électrique

Ce contrat a été attribué à Groupe TT / BPA / ÉDFM, pour un total de 7 285 762$. Leur mandat a débuté le 15 janvier et se terminera probablement en avril 2029.

Groupe TT – https://facebook.com/people/Groupe-TT-construction/100065212462242
BPA (bouthillette parizeau) – bpa.ca
ÉDFM – https://b2bhint.com/en/company/ca-qc/gestion-edfm-inc–1170270806

https://www.seao.ca/OpportunityPublication/avisconsultes.aspx?ItemId=0eae49b7-e977-4ed8-aa8c-30cf4954af56

https://www.seao.ca/OpportunityPublication/avisconsultes.aspx?ItemId=4a1afcfc-33f5-44a6-96f4-a2aa678f5a55

2. Services professionnels en génie civil et génie structure

Ce contrat a été attribué à Consortium SDK/CIMA+ pour un total de 2 943 780$. Leur mandat a débuté le 15 janvier, et se terminera probablement en avril 2029.

SDK – sdklbb.com
CIMA+ – cima.ca

https://www.seao.ca/OpportunityPublication/avisconsultes.aspx?ItemId=8bcbe444-afc0-4ad6-839e-150ce5edf66c

https://www.seao.ca/OpportunityPublication/avisconsultes.aspx?ItemId=6839222e-60e3-4da0-93d8-5c19161790fc

3. Services professionnels en architecture

Ce contrat a été attribué à Parizeau Pawulski + Pelletier de Fontenay + NEUF architectes en consortium pour un montant total de 13 393 780$. Leur mandat a débuté le 15 janvier dernier et se terminera vraisemblablement en avril 2029.

Parizeau Pawulski Architects – https://www.facebook.com/people/Parizeau-Pawulski-Architectes/100083382480717/
Pelletier de fontenay – https://www.pelletierdefontenay.com/

https://www.seao.ca/OpportunityPublication/avisconsultes.aspx?ItemId=d437cf87-4db6-4e43-a79a-b2fbe06de735

https://www.seao.ca/OpportunityPublication/avisconsultes.aspx?ItemId=1b5d0bc4-110f-4a73-aa4b-2cf093a7da0c

4. Facilitateur en processus de conception intégrée

Ce contrat a été attribué à Vertima Inc. pour un total de 33 750$.

Vertima Inc – vertima.ca

https://www.seao.ca/OpportunityPublication/avisconsultes.aspx?ItemId=3058152f-b650-46ca-a6ba-1b58da1f5c9d

Chasse au trésor pour Coastal Gaslink

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Fév 272023
 

Soumission anonyme à BC Counter-Info

Au cours des derniers mois, plusieurs sections du pipeline Coastal Gaslink ont été vandalisées. Financièrement, les conséquences de chaque acte étaient mineures : quelques trous dans le gazoduc ici, quelques soudures corrodées là, du béton endommagé ici. Notre objectif était de contribuer aux petits retards d’un projet dont le budget était déjà largement dépassé.

  1. Nous avons percé des trous de moins d’un centimètre de large dans une section de tuyau qui n’avait pas encore été abaissée dans la tranchée. Nous avons recouvert les trous d’un film en fibre de verre, qui empêche temporairement les fuites des tuyaux, mais ce bandage ne durera que quelques mois. Nous savons que les sections soudées des tuyaux enterrés sont évaluées avant d’être abaissés dans la tranchée. Une fois la tranchée remblayée, ils sont testés sous pression. Les trous ont été scellés dans l’espoir qu’ils passent le premier test de pression, mais ils devront être excavés et réparés avant que la canalisation ne soit achevée. Cela s’est produit durant  la dernière semaine d’octobre sur la section 8 du pipeline, entre les kilomètres 610 et 613.
  2. Entre les kilomètres 585 et 588 du pipeline, nous avons trouvé une section du tuyau qui avait été creusée. Nous avons donc endommagé le revêtement au niveau des joints en l’écaillant et en le ponçant à des endroits moins visibles. Ce revêtement est nécessaire pour protéger la canalisation contre la corrosion et la rouille. Nous avons effectué cette opération au début du mois de novembre. Cette approche nous a plu car les dommages ne sont pas visibles, mais ils peuvent tout de même avoir un impact structurel important à long terme si la corrosion et la rouille apparaissent, et il faudra donc les réparer.
  3. Nous avons percé de très petits trous et les avons remplis cette fois avec un mastic époxy, quelque part entre les kilomètres 605 et 608 du tracé du pipeline (c’est dans la section 8.) Nous avons fait cela dans la deuxième semaine de novembre. Nous n’étions pas certain.es que le mastic résisterait au test de pression, mais nous avons décidé que cela valait la peine d’essayer puisque ce mastic est plus facile à trouver et à utiliser que le revêtement en fibre de verre.
  4. Fin novembre, nous avons percé et rempli des trous dans le pipeline avant qu’il ne soit descendu dans la section 6 entre les kilomètres 486 et 489.
  5. Début décembre, nous avons ébréché et cassé les soudures d’une section de conduit qui n’avait pas encore été descendue dans la tranchée entre les kilomètres 606 et 609.
  6. Nous avons endommagé le revêtement protecteur d’une section de tuyau en le meulant et nous avons ébréché des joints de soudure sur plusieurs sections de conduit avant qu’ils ne soient enterrés entre les kilomètres 377 et 380 de la section 5 du pipeline. Ces travaux ont été effectués au début du mois de janvier.
  7. Près du kilomètre 27 du chemin forestier de North Hirsch, nous avons endommagé les soudures et le revêtement d’une section de conduit à la mi-janvier.
  8. Nous avons versé de l’acide chlorhydrique sur les tuyaux en béton que nous savions être destinés au tunnel sous la Wedzin Kwa et avons utilisé une foreuse à béton à l’intérieur du tuyau pour les affaiblir encore plus. Les tuyaux en béton sont conçus pour protéger le tuyau lui-même de la pression du sol environnant. Étant donné la sécurité et la surveillance accrues du stockage des tuyaux en béton, nous ne pouvons pas dire quand cela s’est produit.
  9. Début décembre, nous avons meulé et écaillé le revêtement des joints soudés des sections de tuyaux entre les kilomètres 598 et 601.
  10. À la mi-février, nous avons gratté et écaillé de grandes parties du revêtement du conduit entre les kilomètres 626 et 629. 

Ou est-ce ce qui s’est vraiment passé ? Seules certaines de ces activités ont réellement eu lieu. Nous avons attendu avant de partager ces informations pour les partager toutes en même temps, en les accompagnant de quelques faux rapports supplémentaires. La seule façon de localiser les endroits où les réparations sont réellement nécessaires est de creuser et de réexaminer toutes les canalisations susmentionnées. Du béton fissuré ou des tuyaux rouillés et troués avec des bandages peuvent entraîner de petites fuites et des déversements à grande échelle, c’est pourquoi chaque action, qu’elle soit authentique ou falsifiée, est portée à l’attention du public bien avant que le pipeline ne soit opérationnel.

Bien que nous préférerions n’écrire que des rapports totalement honnêtes, nous pensons également que nous devons faire preuve d’ingéniosité et utiliser tous les moyens à notre disposition pour retarder la construction du mieux que nous pouvons. Nous présentons nos excuses aux personnes impliquées dans la lutte pour ne pas être en mesure de vous donner une image précise de ce que nous avons réellement accompli. CGL, nous vous souhaitons bonne chance dans votre chasse au trésor.

Manifestation du Syndicat des locataires dans les bureaux de Transport Québec

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Fév 242023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Lundi 20 février, des membres du Syndicat autonome des locataires de Montréal (SLAM-MATU) ont pris d’assaut les bureaux de Transport Québec. Tout projet d’éviction future du campement Ville-Marie doit être annulé, et les membres du campement doivent recevoir des logements qui correspondent à leurs besoins. Nous avons marché sur les bureaux de TQ, tout comme nous marchons sur les bureaux des propriétaires, parce que l’action directe donne des résultats.

Nous appelons les membres du public, les sympathisants et les camarades non logés à descendre dans la rue lundi prochain, le 27 février, à 17h30, au métro Atwater (Cabot Square) pour aider à mettre fin à ces évictions.

Ces évictions ne sont pas des solutions à l’itinérance et n’améliorent pas la vie des personnes sans abri. L’itinérance est causée par notre système d’hébergement défaillant, les loyers prédateurs et les évictions des proprios, et la politique d’austérité moderne des gouvernements capitalistes qui sous-financent et gèrent mal les services de santé mentale, sociaux et de logement. La crise du logement nous affecte tous ! Défendez vos voisins !

La musique est encore une fois celle d’Action Sédition. Allez les voir.

Nous le répétons, les frontières tuent, la négligence de l’ASFC tue

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Jan 072023
 

De Solidarité sans frontières

Nous dénonçons la mort de migrants au centre de détention de Surrey, en Colombie-Britannique, et au chemin Roxham.

Nous sommes une fois de plus enragée-s et attristé-e-s d’apprendre la mort de deux migrants en l’espace de deux semaines.

Le 27 décembre, l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) a annoncé qu’un détenu avait été déclaré mort le 25 décembre au centre de détention de l’ASFC de Surrey, en Colombie-Britannique. Le 5 janvier, la Sûreté du Québec a confirmé avoir trouvé le corps sans vie d’un homme près de du chemin Roxham, un passage irrégulier entre les États-Unis et le Canada.

Nous déplorons la mort de l’homme migrant près du chemin Roxham et tenons le gouvernement canadien pour responsable et redevable de cette mort. Bien que nous ne connaissions pas la cause du décès, nous pouvons affirmer avec certitude que personne ne devrait avoir à mourir seul-e en essayant de traverser la frontière au prix d’un grand stress personnel, de dangers et de dépenses importantes. Toute personne a le droit de migrer, le droit de résister aux déplacements forcés et le droit de retourner dans son pays d’origine si elle le souhaite.

Rappelons-nous que c’est l’Entente sur les tiers pays sûrs qui oblige les gens à choisir des moyens plus risqués pour traverser la frontière. Cette entente est un accord entre le Canada et les États-Unis qui est en vigueur depuis 2004 et qui stipule que les États-Unis et le Canada désignent l’autre pays comme un pays sûr pour les réfugié-e-s et ferment la porte à la plupart des demandeur-se-s d’asile à la frontière canado-américaine. Cet accord a été largement critiqué par de nombreuses organisations et par les migrant-e-s et les réfugié-e-s elleux-mêmes, notamment parce qu’il porte atteinte au droit de toute personne fuyant les persécutions de demander l’asile. En vertu de cet accord, les migrant-e-s et les réfugié-e-s qui présentent une demande d’asile aux postes frontaliers officiels du Canada et qui ne répondent pas aux critères sont automatiquement renvoyé-e-s aux États-Unis sans procédure régulière. En conséquence, de nombreux-ses migrant-e-s et réfugié-e-s se résignent à traverser la frontière canado-américaine par des points d’entrée dits « irréguliers », dont le chemin Roxham, parfois au péril de leur vie, comme ce qui vient de se produire.

Quant au décès de la personne détenue par l’ASFC, il est mentionné dans leur communiqué que les proches du migrant décédé ont été contacté-e-s, mais on n’y trouve aucune information concernant le nom de la personne, son âge, son sexe, son pays d’origine, et encore moins la raison ou la durée de sa détention. De plus, aucune information sur les circonstances dans lesquelles la personne est décédée au centre de détention (à savoir pourquoi ils n’ont pas pu amener la personne à l’hôpital à temps pour lui sauver la vie) n’a été divulguée. Comme d’habitude, l’ASFC prétend agir ainsi « pour des raisons de confidentialité » (source : déclaration de l’ASFC).

Le décès de ce migrant dans la prison de Surrey (Colombie-Britannique) fait écho à celui d’une autre personne détenue à Laval (Québec) en janvier 2022. L’ASFC n’a pas non plus partagé de détails, notamment sur les circonstances du décès de cette personne, et a insisté sur le fait qu’aucune information ne serait divulguée car une « enquête est en cours ». Près d’un an plus tard, il n’y a toujours pas eu de mise à jour. Il devient de plus en plus clair que l’ASFC ne cherche qu’à masquer la violence de son régime de détention et à s’assurer qu’elle ne sera jamais tenue responsable des décès survenus sous sa garde, tout en tentant d’échapper à l’examen public.

La personne qui est décédée à Surrey, en Colombie-Britannique, est morte dans le centre de détention pour migrant-e-s nouvellement construit. Ironiquement, à Montréal, des groupes ont protesté contre la nouvelle prison pour migrant-e-s, ce soi-disant centre de détention, qui est présenté comme un endroit plus confortable pour les personnes détenues. Une prison reste une prison, qu’il y ait une cour à l’intérieur ou non. Ces installations sont inhumaines et le traitement des personnes qui y sont détenues reste brutal et, comme nous l’avons vu, parfois mortel. Les millions de dollars dépensés dans de nouvelles installations ne remplacent pas la liberté. Aucun emprisonnement n’apporte justice ou dignité.

Nous le répétons : les frontières tuent, la négligence de l’ASFC tue. Aucun-e migrant-e, aucun être humain, ne devrait avoir à subir un traitement aussi cruel. Nous continuerons de nous battre jusqu’à ce que chaque personne soit libre.

La façon dont l’ASFC gère la détention et les soins médicaux des personnes détenues montre clairement comment elle déshumanise les gens pendant leur détention et aussi lorsqu’elles décèdent. Il ne suffit que d’observer le nombre de décès pour comprendre l’ampleur du phénomène ; au cours des vingt dernières années, au moins 17 personnes sont mortes en détention :

Bolante Idowu Alo
Abdurahman Ibrahim Hassan
Fransisco Javier Roméro Astorga
Melkioro Gahung
Jan Szamko
Lucia Vega Jimenez
Joseph Fernandes
Kevon O’Brien Phillip
Homme non-identifié
Shawn Dwight Cole
Homme non-identifié
Joseph Dunn
Personne non-identifiée
Sheik Kudrath
Prince Maxamillion Akamai
Personne non-identifiée
Personne non-identifiée

« Aussi longtemps que l’ASFC continuera de détenir des migrant-e-s, les décès en détention se poursuivront », est-il écrit dans une déclaration conjointe publiée par des organisations pour la justice migratoire basées en Colombie-Britannique.

Nous, les groupes soussignés, sommes solidaires de la famille de la personne tuée et des groupes en soit-disant Colombie-Britannique qui sont en première ligne pour combattre cette injustice.

Rappelons-nous que la détention fait partie intégrante de la matrice répressive du système d’immigration canadien. C’est un outil que l’État canadien impérialiste utilise pour se dégager de toute responsabilité envers les personnes qui migrent pour une vie meilleure, qui cherchent à quitter des situations de pauvreté, d’exploitation et de violence, où l’État et les entreprises canadiennes sont souvent complices de la création de ces mêmes conditions.

L’objectif de l’appareil de détention de l’État est de dissuader les gens d’entrer dans la forteresse du Canada. Cela opprime les migrant-e-s et les oblige à vivre en marge, isolé-e-s et dans la clandestinité, craignant constamment d’être arrêté-e-s et emprisonné-e-s. La pratique de l’emprisonnement des migrant-e-s favorise en fait l’exploitation des personnes vulnérables qui doivent travailler et vivre dans des conditions abusives et dangereuses, sans recours ni protection.

Nous dénonçons la mort de ces deux migrants sur le chemin Roxham et dans le centre de détention de Surrey, en soit-disant Colombie-Britannique, et exigeons que cette violence et l’impunité de l’ASFC cessent. Pas une mort de plus.

Nous exigeons des frontières ouvertes, la fin de l’Entente sur les tiers pays sûrs, et la libre circulation des personnes en quête de justice et de dignité, c’est-à-dire la liberté de se déplacer, la liberté de revenir et la liberté de rester.

Arrêtons les détentions, arrêtons les déportations ! Nous exigeons un programme de régularisation complet et continu, sans exceptions ni discriminations !

Endossé par :

Butterfly (Asian and Migrant Sex Workers Support Network)
Carranza LLP
Migrant Workers Alliance for Change
Migrante Canada
Migrante BC
No One Is Illegal Toronto
Parkdale Community Legal Services
RAMA Okanagan
RAMA Isla
Sanctuary Health
Sanctuary Students Solidarity & Support Collective
Solidarity Across Borders
Vancouver Committee for Domestic Workers and Caregivers Rights
Workers’ Action Centre

Feu de joie solidaire

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Déc 212022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Avec une bonne préparation et des camarades de confiances, braver la peur de la répression est beaucoup plus facile qu’il parait au premier allure…

Ce vendredi 16 décembre vers 7h, une colonne de fumée noire monte dans le ciel enneigé de par la première tempête de l’hiver. Un tas de pneus est en feu sur les voies ferrées de la ligne 2 du réseau de train Exo. Le feu a été allumé a une centaine de metres au Sud de la gare de Bois-de-Boulogne de facon à forcer le traffic ferroviere à s’interrompre en pleine heure de pointe. En perturbant le début de cette nouvelle journée de commerce, nous avons voulu viser l’économie canadienne et contribuer à venger la Wedzin Kwa sous laquelle Coastal GasLink a entrepris de forer.

Solidarité avec les défenseur.euses de la terre et l’eau partout!
Solidarité avec Atlanta Forest!
Solidarité avec les Wet’suwet’en et Gitxsan en lutte!
Fuck CGL, fuck RCMP, Shutdown Canada!

Lettre à la mairesse

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Déc 212022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Valérie, vos petits discours à deux cennes à la mauvaise sauce gaucho ne convainc meme plus les citoyens les plus acharnés. Votre obstination à gonfler encore et encore le budget du SPVM nous a motivé à nous attaquer un peu aux équipements de la ville de Montréal. Ce jeudi soir dernier, dans Rosemont, les pneus de 15 véhicules de la ville, voiture, van, et petit camion, ont été crevés à l’aide de couteau et clou. Attention à vos véhicules personnels. Bonne journée!

Le Syndicat des Locataires Autonomes de Montréal résiste à la rénoviction de Cromwell: la solidarité anarchiste est essentielle

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Déc 202022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Les opinions exprimées dans ce texte [initialement paru en anglais le 23 octobre ; NdMtlCI] ne sont pas celles du Syndicat Autonome des Locataires de Montréal (SLAM). Ce qui suit est le compte rendu et l’analyse d’un membre du syndicat. SLAM est construit sur des principes anarcho-syndicalistes mais n’est pas une organisation explicitement anarchiste et contient de nombreux (sinon la plupart) militants non-anarchistes. Travailler ensemble ne consiste pas à compromettre nos principes, mais à accroître notre force sur la base d’un accord tactique.

Un court documentaire, basé sur une visite communautaire du 3605 st-urbain dont il est question plus loin dans ce texte, explore les conditions des locataires de Cromwell.

Les résidents du 3605 St-Urbain se défendent contre une rénoviction effectuée par Cromwell Management. Leur propriétaire, l’un des hommes les plus riches du Québec, est George Gantcheff.

Le projet de rénovation de Gantcheff et Cromwell, implacable, imprévisible et initialement illégal, a atteint un point d’ébullition.

Depuis janvier, plus de 100 locataires ont été rénovincés d’une tour de 130 logements. Ces travaux ont nécessité l’arrêt du chauffage de l’immeuble. Les locataires s’apprêtent à passer un hiver glacial. Leur seule source de chaleur sera les chauffages d’appoint fournis par Cromwell. Tous les locataires de l’immeuble de 130 logements, sauf 14, sont partis.

De nombreux locataires ont accepté l’offre du propriétaire de mettre fin à leur bail de manière anticipée et d’abandonner leur logement plutôt que de subir des rénovations intrusives. De nombreux locataires âgés vivaient dans l’immeuble depuis des années.

Cromwell a l’habitude d’effectuer des rénovictions et d’augmenter les loyers dans les unités de Montréal et de Toronto. Les rénovictions fournissent une excuse au propriétaire pour augmenter drastiquement le loyer.

Cela contribue de manière significative à l’embourgeoisement/gentrification et à l’accélération de la hausse des loyers. La conséquence est l’enrichissement des propriétaires au détriment de l’appauvrissement continu de la classe ouvrière.

Le propriétaire du 3605 a d’abord justifié les travaux de construction par la nécessité de réparer le système de chauffage du bâtiment. Cromwell en a ensuite profité pour effectuer des rénovations massives. La construction a encore été retardée et étendue.

Depuis, les locataires sont confrontés à un manque d’eau chaude, à de l’eau rouillée, à de la poussière et de la saleté partout, à un bruit constant insupportable et à des coupures de courant. Cromwell a transformé l’immeuble en une zone de construction insupportable et a utilisé ces conditions pour faire pression sur les locataires afin qu’ils quittent leur logement.

Un par un, les locataires ont déménagé. Une fois qu’une unité était libérée, l’appartement était éviscéré, permettant à la construction de s’étendre continuellement.

La majorité des locataires restants du 3605 ont formé un conseil de locataires qui s’est réuni régulièrement au cours des deux derniers mois.

Un membre du Syndicat Autonome des Locataires de Montréal, qui a participé activement à l’organisation de conseils de locataires dans des immeubles voisins, assiste à leurs réunions et assure la coordination entre leur conseil et le syndicat général.

Des centaines de dépliants et d’affiches ont depuis été distribués dans le quartier du Plateau, alertant les voisins des locataires de la situation et appelant à la solidarité. Les locataires actuels du 3605 refusent d’être déplacés au nom du profit des entreprises.

Le Syndicalisme Révolutionnaire des Locataires : s’organiser sur le terrain

Le Syndicat Autonome des Locataires de Montréal, qui s’organise avec les locataires de l’immeuble, est un syndicat fondé sur la non-hiérarchie interne, la solidarité, le recours à l’action directe et le leadership des locataires. L’objectif général est de créer un mouvement de masse capable de supprimer radicalement les relations de pouvoir entre les gens, pas seulement pour les locataires, mais pour tout le monde.

SLAM se consacre à la construction de conseils de locataires dans les immeubles et les blocs appartements. Des membres de SLAM assistent aux réunions de ces conseils autonomes. Leur rôle est d’encourager et d’éduquer à l’action directe, de fournir des conseils lorsqu’on leur demande, et d’aider à coordonner les actions ou le soutien avec l’appareil syndical plus large sans dominer la discussion.

Au moment d’écrire ces lignes, SLAM, qui a moins d’un an, a aidé à organiser des conseils de locataires dans près d’une douzaine d’immeubles à travers Montréal.

Les locataires actifs comprennent plus de 40 syndicalistes ou participants aux conseils. Il existe un réseau de soutien plus large de quelque 100 à 150 personnes qui ont signé des pétitions ou participé à des événements.

Les deux mois et demi d’organisation au 3605 St-Urbain (l’immeuble en rénoviction) ont été un défi enrichissant pour les organisateurs. Les locataires restants ont tous plus de 40 ans. Ils viennent d’une pléthore de milieux. Les réunions ne sont pas conventionnelles.

Les discussions de groupe ne durent pas plus de 30 secondes avant que les interruptions ne donnent lieu à des conversations secondaires improvisées. L’attention et la “parole” sont très difficiles à retenir.

À cela s’ajoute le fait que, en raison des horaires disjoints de ce groupe constitué de travailleurs, les réunions se tiennent tard le soir. Elles peuvent parfois s’éterniser au-delà de 23 heures.

Lorsque le Syndicat a entendu parler pour la première fois d’un locataire du 3605, il a été contacté par une figure de proue aimable et respectée de l’immeuble. Cette personne avait déjà organisé une première réunion entre locataires. Avec seulement un petit encouragement du Syndicat, ces réunions du conseil ont continué.

Lorsque l’organisateur du SLAM est entré dans le groupe, les locataires étaient principalement axés sur le recours aux tribunaux du logement pour résoudre leurs problèmes avec Cromwell. C’était dommage.

Sans trop entrer dans les détails, il est juste de dire qu’un mouvement de masse et combatif capable de remplacer le contrôle des entreprises par le contrôle des locataires ne viendra pas du lancement de procès. S’engager dans les tribunaux, c’est individualiser les problèmes sociaux à son meilleur.  

Lors des premières réunions du Conseil du 3605, l’organisateur du SLAM a apporté plusieurs échantillons de lettres collectives que d’autres conseils de locataires avaient écrites à leur propriétaire, a discuté des avantages de l’action collective et a même fait passer des vidéos d’action directe et montré des coupures de presse.

Ces vidéos comprenaient la marche du SLAM sur le siège social de Cogir en juin. Cette marche a permis aux locataires d’obtenir des milliers de dollars en réparations, des économies de loyer et des travaux de construction sans que les locataires n’aient ouvert un seul dossier au Tribunal.

Grâce à des discussions continues, certaines propositions d’actions collectives hors-sol ont finalement été proposées et acceptées par les locataires du 3605. Ces résolutions étaient adaptées à la situation spécifique et aux zones de confort des locataires.

Une fois certaines actions décidées, le SLAM a aidé à convoquer une assemblée générale de ses organisateurs et sympathisants locataires. Environ 16 locataires se sont entassés dans l’espace de réunion habituel du Syndicat, dont plusieurs locataires plus âgés de la classe ouvrière.

Ces locataires plus âgés s’étaient impliqués dans le Syndicat par nécessité, étaient devenus des leaders dans leurs conseils et étaient maintenant prêts à en faire plus. Lors de cette réunion, deux sessions de peintures de bannières ont été planifiées, une liaison avec les médias, une stratégie de médias sociaux et une visite guidée du 3605.

Les bannières sont magnifiques et plusieurs d’entre elles ont été accrochées samedi dans le hall et à l’extérieur du 3605. Plus de 30 voisins, membres du Syndicat et sympathisants ont participé à la visite de l’immeuble délabré. Certains voisins qui avaient été contactés lors du porte-à-porte des appartements de la même rue se sont présentés. Iels étaient absolument enragéEs et engagéEs. Iels avaient leurs propres analyses et expériences et voulaient les soutenir de toutes les manières possibles. Une femme a demandé à rejoindre le SLAM.

Les locataires ont été encouragés par ces premières actions (l’entreprise, en revanche, avait répondu au projet de visite par une réponse ferme et agressive, en affichant des avis semi-légaux menaçants et en se présentant aux portes des locataires en réponse).

Au fur et à mesure que la campagne progresse, le Syndicat continuera à faire pression en faveur d’autres actions directes et d’une escalade. Les locataires sont de plus en plus ouverts à ces tactiques car ils ressentent le pouvoir de la solidarité des locataires à l’extérieur de leur immeuble.

Conclusion

Le but de cette courte anecdote sur l’organisation des débuts de cette campagne contre Cromwell est de souligner l’importance pour les anarchistes de créer et de s’insérer dans des groupes où l’antagonisme de classe est le plus clair.

Nous voulons aider à créer des conseils, des lieux de rencontre qui renforcent le pouvoir collectif et l’autonomie de chacun. Nous avons également pour objectif de pousser la lutte plus loin et de la renforcer. Peut-être que notre idéologie de non-hiérarchie et d’esprit révolutionnaire combatif n’a pas de sens pour tout le monde, mais nos tactiques, lorsqu’elles sont proposées aux situations spécifiques des gens, devraient toujours en avoir.

Cette stratégie syndicaliste nous permet de construire le respect et la popularité de nos méthodes parmi les non-anarchistes et de devenir des “robin des bois” locaux (selon les mots d’un locataire du 3605).

L’avantage de cette forme de syndicalisme continue de faire ses preuves pour le SLAM. Le Syndicat ne se résume pas à la foule habituelle d’organisateurs monolithiques, idéologiquement orientés, plus jeunes et consciemment engagés (bien que ce groupe démographique soit important, et majoritaire aux réunions bihebdomadaires). Il a la capacité d’organiser dans les divers cercles qui constituent le véritable noyau de nos classes opprimées.

Le soutien et l’activisme continus des camarades anarchistes à travers Tio’Tia:Ke («Montréal») restent plus importants que jamais.

La solidarité est essentielle!

Notre objectif n’est pas seulement l’amélioration des conditions. Comme l’écrit Lorenzo Kom-Boa Ervin dans Anarchism and the Black Revolution,

«nous devrions jeter les riches clochards dehors et prendre le pouvoir! Bien sûr, nous devrons nous battre contre les flics et les gardes de sécurité pour les propriétaires véreux, mais nous pouvons le faire aussi! Nous pouvons… construire un mouvement indépendant de locataires qui autogéreront toutes les installations, non pas pour le gouvernement… mais pour eux-mêmes !»

Vous souhaitez apporter votre soutien ? Prenez contact avec le Syndicat : slam.matu@protonmail.com ou tenez-vous au courant sur notre instagram @slam.matu.

Consultez le compte Kolektiva du Syndicat pour notre documentaire et les futures vidéos du SLAM.

Blocage du port de Montréal en solidarité avec Wet’suwet’en

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Déc 172022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Alors même que la COP15 se tient dans les rues de notre ville et que le gouvernement canadien danse la danse du greenwashing, l’oléoduc Coastal Gaslink continue d’être construit en territoire Wet’suwet’en et ce, contre la volonté de cette nation. Les gardien-ne-s de ce territoire s’opposent depuis des années aux percés des pétrolières. Ce projet écocidaire menace la rivière Wedzin Kwa ainsi que la faune et la flore du Yintah; pendant que le Canada prétend se soucier de la biodiversité à la COP15, CGL fait sauter de la dynamite et pose des tuyaux dans les eaux des Wet’suwet’en*, mettant ainsi en danger le saumon, l’anguille et d’autres formes de vie non humaines déjà menacées.

Face à la résistance des Premières Nations, le pétro-État canadien a déployé et déploie encore des millions de dollars** de force policière militarisée pour forcer le passage de ce monstrueux projet. Partout ailleurs dans les terres occupées par l’État canadien, des projets similaires de transport ou d’extraction de matières premières mettent en péril les fragiles écosystèmes et les habitants qui en dépendent, des sables bitumineux au projet de Ray-Mont Logistiques qui menacent le Terrain Vague faisant face au port de Montréal.

À l’hiver 2020, des militant-e-s autochtones et allié-e-s se sont mobilisé-e-s d’un océan à l’autre pour s’attaquer à l’infrastructure marchande canadienne en solidarité avec les Wet’suwet’en. Aujourd’hui encore, nous sommes prêt-e-s à faire face à la machine extractiviste et écocidaire qu’est l’État canadien, à ses chiens armés, ses équipes de communication spécialisées en greenwashing et son appareil économique. Nous sommes du côté du vivant, du côté des premiers peuples luttant pour leurs souverainetés. Nous savons qu’un autre monde est possible loin de leurs projets écocidaires dégueulasses qui ne profitent qu’à une poignée de milliardaire et leurs larbins parlementaires.

Le port de Montréal voit chaque jour des produits du monde entier circuler dans des quantités toujours plus grandes. Pourtant, nos conditions de vie diminuent, les écosystèmes s’effondrent et les premiers peuples sont encore la cible de politiques répressives et génocidaires. Le système économique qui fait fonctionner le port de Montréal nous mène à notre perte collective. Il demande toujours plus de pétrole, plus de matières premières, plus de mégainfrastructures et plus de terres pour y creuser ses mines, y construire ses pipelines et y entreposer ses conteneurs. Aujourd’hui, nous l’avons fermé !

Après un blocage réussi du port de Montréal et d’une partie de Notre-Dame Est, malgré une imposante et agressive présence policière, les militant-e-s se sont dirigé-e-s vers les bureaux de la RBC au centre-ville de Montréal pour aller y joindre le rassemblement appelé par Sleydo et d’autres militant-e-s Wet’suwet’en.

Fuck CGL, Fuck la police, Fuck les banques, Fuck le Port de Montréal, Fuck la COP15, Fuck le Canada!
Vive les Wet’suwet’en, Vive les peuples qui résistent, Vive la résistance !
Par ce que l’air, la terre et les rivières ont besoin de révolutionnaire !

* https://thenarwhal.ca/coastal-gaslink-wetsuweten-blasting/
** https://thetyee.ca/News/2021/08/16/RCMP-Spent-Almost-20-Million-Policing-Wetsuweten-

Sabotage au terrain vague

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Nov 302022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

L’excavatrice arrivée au boisé steinberg a été sabotée. Tous les cables possibles ont été coupés.

Nous continuerons de lutter contre l’expansion du port et de ses infrastructures. Les personnes qui planifient les routes, les conteneurs, la stratégie maritime avantage saint laurent et les zones d’innovations qui se mettent en place le long du fleuve travaillent pour les projets mortifères. Nous luttons pour le vivant.

La destruction planifiée du terrain vague ne se fera pas sans lutte! Nous luttons depuis longtemps et nous lutterons encore.

Revendication de responsabilité de l’incendie de véhicules du C-IRG sur le territorie Wet’suwet’en

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Nov 302022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le 26 octobre, aux petites heures du matin, plusieurs véhicules de la GRC C-IRG ont été incendiés dans le stationnement du Smithers Sunshine Inn.

Au moment où vous lisez ces lignes, Coastal GasLink fore sous les sources sacrées de la Wedzin Kwa. Le sol tremble dans les territoires Wet’suwet’en. Pour chaque tremblement de la terre, alors qu’ils enfoncent leur tête de forage et font sauter leurs explosifs à travers le lit de la rivière et la roche, juste sous les bancs de saumons en train de se frayer un chemin, des tremblements de douleur et de rage se répercutent dans le cœur de ceux.ses qui ont encore de l’espace pour les ressentir.

La mort nous entoure. Les saumons meurent en masse alors que les ruisseaux s’assèchent. De vastes zones de forêts tropicales autrefois florissantes, brûlent. Un milliard de crabes des neiges disparaissent et meurent en Alaska. Le chaos climatique se déchaîne tandis que les méga-projets transforment le monde vivant en un véritable cauchemar. Tant de gens quittent ce monde trop tôt. On pourrait appeler ça un suicide. Ou une overdose. Ou un arrêt cardiaque. Peut-être que c’est une balle de la police qui transperce la chair et les organes. Tout cela est la manifestation de la douleur, de la souffrance et de la violence insupportable engendrées par le colonialisme et l’État.

En “colombie britannique”, c’est la GRC qui défend et applique cette violence. Quand les industries extractives rencontrent de la résistance autochtone, la GRC emploie une division spécialisée appelée Community-Industry Response Group. Ce sont les policiers du C-IRG qui se portent volontaires pour faire des descentes, surveiller, harceler et brutaliser les défenseur.ses des terres au nom de leurs maîtres corporatifs.

Tôt le 26 octobre, quatre véhicules du C-IRG à Smithers ont été incendiés alors que les agents du C-IRG dormaient à quelques mètres de là. Les incendies ont endommagé ou détruit les quatre camions et se sont propagés à plusieurs véhicules industriels et à une ambulance dans le parking. Les camions de CGL et de BC Hydro incendiés sont à peine regrettables. L’ambulance endommagée est malheureuse et involontaire. Personne n’a été blessé dans cette action parce que des mesures ont été prises pour s’assurer que personne ne le serait. Les véhicules ont été allumés que lorsqu’il était certain que le feu ne se propagerait pas aux structures ou ne mettrait pas des vies en danger.

La violence exercée par l’industrie et appliquée par la police condamne une planète entière à un avenir désertifié et brûlant. Reconnaître le fait que chacun d’entre nous a un intérêt dans cette lutte signifie reconnaître l’importance d’agir avec notre propre agentivité, autonomie et urgence. Nous devons tous et toutes nous servir de cette douleur pour en retirer la détermination nécessaire pour agir contre ceux qui sont responsables de notre souffrance.

Il n’y a pas de mots à partager avec le gouvernement ou l’industrie qui puissent changer le cœur de leur nature. Ces institutions ne sont pas des personnes. Elles n’ont pas d’âme, pas d’éthique et pas de conscience. Leur force motrice est le profit à tout prix, et elles ne peuvent être négociées ou raisonnées.

Les libéraux et les centristes veulent que la politique soit claire et nette, dans les limites de la respectabilité. Le fait de qualifier les actions qui sortent de ces limites d’opérations de false flag nuit sérieusement à notre capacité à élargir le champ de la lutte et à défier directement la violence de l’État. Les mouvements qui réussissent utilisent un large éventail de tactiques pour atteindre leurs objectifs. Les accusations de false flag ne servent qu’à isoler ceux.ses qui choisissent de s’engager dans des actions plus conflictuelles d’un soutien plus large, ce qui est dangereux et limitatif. S’il y a une conspiration ici, c’est la collusion ouverte entre les entreprises et les forces de l’État pour poursuivre l’héritage de la violence génocidaire sur les terres et les peuples autochtones.

Brûler des voitures de police c’est facile. Prendre les mesures nécessaires pour empêcher les arrestations l’est moins. Recherchez des méthodes qui fonctionnent ; warriorup.noblogs.org est un bon point de départ. Pour faire cela, utilisez des outils technologiques axés sur la sécurité et qui sont open source tout en étant sur un WiFi public, ou mieux encore, allez-y à l’ancienne et procurez-vous des livres. Testez vos méthodes. Réfléchissez bien à la façon dont le feu peut se propager pour vous assurer que vous ne mettrez pas involontairement le feu à un bâtiment ou ne causerez pas de blessures. Sachez comment éviter de laisser des preuves. Réfléchissez de manière critique aux conséquences de l’action comme de l’inaction. Faites confiance à vos instincts rebelles et agissez avec courage.

Il a toujours été temps de se battre. Ce l’est toujours.

Matinée venteuse chez les vendeur.euses de condos

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Nov 222022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Ce lundi 14 novembre, les courants d’airs seront les seuls visiteurs des bureaux de vente des condos Le Moden, métro Frontenac.

La ville est déja fucking laite mais les nouveaux condos nous font quand meme chier. La yopisation de la place Frontenac et du quartier Centre-Sud est imminente. La domination du capitalisme avance a grands pas. N’attends pas une seconde de plus pour pratiquer ton lancer fracassant avec tes chum.e.s!

CLOU DE CHEMIN DE FER:
-accessibilité 9/10
-impacte 9/10
-discretion 7/10 (moins bruillant qu’on pensait)
-maniabilité 10/10
-fun 10/10

Formation du CRAB et drop de bannière en préparation de la COP15

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Nov 172022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Du 7 au 19 décembre 22, se tiendra au palais des congrès de Montréal la 15e COP sur la biodiversité. Ce rassemblement des puissances étatiques et corporatives mondiales discutant de la biodiversité ne devrait conforter personne. Ces agents du capital et du colonialisme n’ont, en 14 conférences similaires sur 3 décennies, proposés aucune solution réelle à l’effondrement de la biodiversité. Alors même que les États capitalistes et leurs maîtres corporatifs sont responsables de cet effondrement, il est inquiétant de les voir se réunir pour signer un traité sur la biodiversité. Loin de chercher à trouver des solutions réelles, les parties de la COP cherchent deux choses: impliquer de plus en plus les intérêts privés dans la gestion de la biodiversité et maximiser les profits issus du brevetage de matière génétique. Ce dernier point régi par le protocole de Nagoya dépossède la majorité de l’humanité de son droit fondamental au savoir issu du vivant (savoirs développés avant tout par les premiers peuples de la terre) en cherchant à placer le contrôle des savoirs sous l’égide corporatif et étatique. Ce protocole pourrait mener à l’emprisonnement de scientifiques cherchant à rendre accessible des médecines et autres savoirs issus de la nature. Comment justifier de restreindre la recherche et le développement de médecines dans un contexte de pandémie mondiale qui prouve une fois de plus la nécessité de partager les savoirs par delà les frontières?

Les exploiteurs, pollueurs, impérialistes et autres escrocs ont le culot de se réunir au centre-ville de Montréal pour se voiler de vert dans ce qui n’est au final qu’une répétition des sommets néolibéraux du tournant du millénaire. Comme à Québec en 2001 et à Seattle avant, il nous revient à toustes de montrer notre opposition à ce regroupement des pouvoirs. Le capitalisme ne nous sauvera pas de la crise qu’il a causée. La solution ne viendra pas de la poursuite du profit. Pour se sauver, tournons-nous les un-es vers les autres et luttons pour se défaire du contrôle des puissants. Les grandes manifestations et les concertations environnementalistes qui se sont multipliées dans les dernières années n’ont pas suffi. Il est venu le temps de confronter directement le pouvoir!

Face à l’appel à se mobiliser contre ce sommet, nous sommes un groupe de militant-es anticapitaliste et anti-colonialiste, pour la plupart vétéran-tes des luttes écologiques des dernières années, réuni-es indépendamment pour créer le Comité Révolutionnaire d’Action pour la Biodiversité pour contribuer à la lutte. Nous partageons l’appel à tous les autres groupes, réseaux, comité, ligue de se joindre à nous et à la Coalition Anticapitaliste et Écologique Contre la COP15 dans la lutte, de commencer à dresser les terrains et préparer la résistance face à la COP15.

L’air, la terre et les rivières ont besoins de révolutionnaires!

– Comité Révolutionnaire d’Action pour la Biodiversité (CRAB)

Sabotage ferroviaire solidaire dans l’est de l’Ontario

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Nov 132022
 

Soumission anonyme à North Shore Counter-Info

Aux petites heures du 5 novembre, des groupes d’anarchistes ont agi en solidarité avec l’appel à l’action lancé par Sleydo pour soutenir la bataille que mènent actuellement les Wet’suwet’en pour protéger le yintah et « kill the drill ». Les lignes de chemin de fer ont été sabotées à plusieurs endroits, ce qui a perturbé le cours normal des choses le long des principales artères du système de transport de marchandises. Elles continueront d’être sabotées au hasard encore longtemps, à chaque coin de chemin de fer à travers le dos de la tortue.

Les autres sont encouragé.e.s à emprunter cette voie de n’importe quelle manière, n’importe où et à n’importe quel moment. Procurez-vous des coupe-boulons ou du fil de cuivre. Prenez un.e ami.e ou allez-y seul. Appréciez les oiseaux, le vent, le silence.

Le ciel nocturne baille et les étoiles et la lune nous regardent, travaillant dans la nuit. Elles nous regardent de près et de loin, comme elles le font aussi sur les eaux miroitantes de la Wedzin Kwa. Le forage commence, et tandis que nous pleurons l’eau, le saumon et nos morts bien-aimés, notre rage commence à brûler, comme une mèche allumée.

CGL, RBC, Kkkanada, vous n’êtes pas en sécurité et vous avez allumé quelque chose qui ne mourra jamais.

Appel de textes : Vers la création d’une organisation anarchiste

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Nov 052022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le 1er octobre dernier s’est tenue une assemblée du milieu révolutionnaire montréalais. Cette réunion faisait suite aux discussions initiées lors des rassemblements stratégiques. De nombreuses personnes y avaient souligné les limites de nos formes d’organisations actuelles. Les rencontres n’ayant pas permis de creuser suffisamment la question, un comité a été chargé d’organiser un nouveau moment de discussion.

Cette nouvelle assemblée est tombée d’accord sur plusieurs choses. Tout d’abord, il est nécessaire de créer une organisation anarchiste ouverte, publique et visible œuvrant à l’abolition de l’État, à la destruction du capitalisme, de l’impérialisme, du racisme, du colonialisme, du cishétéropatriarcat et du capacitisme, ainsi qu’au respect des écosystèmes.

Cette organisation aura notamment pour fonction de recruter et de former de nouveaux et nouvelles militant·es, de produire des stratégies et des analyses théoriques, de faire de l’éducation populaire, d’avoir une présence culturelle sur la place publique, d’appuyer les autres organisations et amplifier les luttes, d’avoir des espaces physiques et/ou virtuels, et d’établir un réseau.

Bien que ces points d’accord clarifient certaines questions politiques, l’assemblée n’a pas eu le temps de se prononcer sur la structure la plus à même de remplir ces objectifs. Une deuxième assemblée se consacrera donc aux discussions autour des questions de structure. De plus, ces objectifs ne sont que des grandes lignes et mériteraient d’être mieux définis. Afin que nos débats soient fructueux, nous appelons donc tous·tes les camarades intéressé·es par le projet à nous faire parvenir par écrit le fruit de leurs réflexions et de leurs débats, incluant des questions ou des propositions à adresser à l’assemblée. À titre d’illustration, les textes peuvent traiter des sujets suivants :

  • la question de l’adhésion/ membrariat (qui peut adhérer, qu’est-ce qu’implique une adhésion, y-a-t-il différents statuts de membrariat);
  • la prise de décision (quelles sont les instances de prise de décision, comment procède-t-on pour prendre des décisions, sur quels sujets veut-on prendre des décisions, quelle est la force contraignante des décisions);
  • comment les positions politiques de l’organisation (anarchisme, antiracisme, anticapacitisme et autres) devraient se manifester autant au niveau externe qu’à l’interne;
  • le code de conduite (doit-on se doter d’un, comment peut-on améliorer la bienveillance et le respect dans les discussions et les prises de décision).

Le site web recensera également les suggestions de textes produits par d’autres groupes ou organisations sur le sujet. La prochaine assemblée aura lieu avant les fêtes. Prenez contact avec nous pour obtenir toutes les informations nécessaires. Envoyez vos textes et vos suggestions à orga-revolutionnaire@riseup.net

Par ailleurs, des réflexions découlant de la première assemblée, mais aussi des rassemblements stratégiques et de différents milieux militants ont souligné la nécessité et le désir de lieux d’organisation et de discussions politiques en mixité choisie de genre, sans hommes cis. Le comité de suivi appelle donc à une assemblée féministe révolutionnaire en mixité choisie de genre au début de l’année 2023. Cette rencontre pourra notamment traiter des enjeux pratiques d’organisation, des réflexions autour du cishétéropatriarcat, des processus de justice réparatrice et de redevabilité, mais également plus largement aux problèmes du capitalisme et du colonialisme, à l’exclusion, au racisme et au capacitisme qui profitent à ces systèmes. Les camarades intéressées à se joindre à l’organisation d’une telle rencontre nous contacteront à orga-revolutionnaire@riseup.net. Les textes, les questionnements et les esquisses de propositions sur les formes d’organisation s’intéressant spécifiquement aux enjeux de genre et d’inclusion sont aussi les bienvenues.

Considérant que cette assemblée aura lieu après l’assemblée de l’organisation anarchiste en décembre, nous proposons provisoirement deux choses : 1) des groupes de discussion en mixité choisie de genre se tiendront au matin de la deuxième assemblée et 2) lors de l’assemblée, les enjeux et les modes d’organisation en lien avec les dynamiques de genre et d’inclusion qui feront débat ou qui nécessiteront une réflexion plus soutenue seront mis en dépôt et ne seront pas traités avant que les rencontres en mixité choisie le jugent opportun.

En résumé :

– Il y aura une deuxième assemblée sur l’établissement d’une organisation révolutionnaire anarchiste en décembre 2022 et portera sur la question de la structure.

– Une assemblée en mixité choisie de genre, sans hommes cis, aura lieu au début de l’année 2023. Contactez-nous pour être du groupe organisateur de l’événement.

– L’appel de textes et de propositions vise spécifiquement la question de la structure, y compris par rapport aux enjeux de genre et d’inclusion.

– Pour toute question, information, désir d’implication, précision, une seule adresse : orga-revolutionnaire@riseup.net

Entre les tempêtes : Réflexions anarchistes sur la solidarité avec la résistance Wet’suwet’en

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Oct 312022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Nous avons réalisé cette publication en solidarité avec la résistance actuelle des Wet’suwet’en à l’expansion industrielle. Cette lutte pour l’autodétermination des autochtones et la défense de leurs terres est devenue un moment historique de rupture à travers la nation coloniale du Canada et au-delà. Nous avons ressenti le besoin de compiler ce zine afin de prendre du recul et de témoigner de l’ampleur et de la férocité de ces dernières années – avec un accent particulier sur l’année qui vient de s’écouler depuis le début du “Coyote Camp” et la bataille spécifique contre la tentative de forage sous la Wedzin Kwa. Il ne s’agit pas de produire une collection périmée pour les étagères de l’histoire, mais d’inspirer et d’apprendre de ces événements au fur et à mesure qu’ils se déroulent. Au moment où nous imprimons, CGL vient de commencer le forage sous la rivière que beaucoup ont combattu si durement pour empêcher. C’est un triste jour et cette partie de leur destruction aura des effets dévastateurs. Mais cela ne signifie pas que ce combat a été vain, le projet n’est pas terminé et les possibilités d’intervention abondent.

Vous trouverez à l’intérieur un aperçu de la résistance Wet’suwet’en depuis l’émergence du camp Unistot’en jusqu’aux plus récents efforts sur le yintah Gidumt’en, ainsi que les actions Lihkts’amisyu et les blocages ferroviaires Gitxsan qui y sont étroitement liés. Nous avons inclus une carte centrale décrivant l’étendue des actions de solidarité menées d’un océan à l’autre de l’automne 2021 à l’été 2022, ainsi que des communiqués trouvés en ligne qui offrent des réflexions et des analyses des personnes à l’origine de certaines de ces actions. Le sujet de l’anti-répression et du renversement des tentatives de l’État de nous isoler et de nous criminaliser est également exploré. « Un piège bien huilé » présente l’histoire de la common law britannique, en la retraçant comme fondement de l’État canadien, de son système judiciaire et de ses projets coloniaux, en soulignant leur incompatibilité avec nos rêves. Enfin, nous abordons une autre lutte antipipeline qui se prépare sur le territoire des Gitxsan (voisins et anciens alliés des Wet’suwet’en) ; une analyse des projets connexes est présentée dans l’article « Face to Face with the Enemy : An Introduction to WCCGT line, PRGT line and Ksi Lisims LNG Terminal ».

Cette publication est destinée à être imprimée sur du papier de format 11×17. Si elle est imprimée sur du papier de format normal, elle risque de devenir difficile à lire.

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Commémoration des tombes non marquées, ce que McGill ne fait pas

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Oct 222022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Nous sommes des colons anarchistes agissant de manière autonome, en solidarité avec les Kanien’kehà:ka Kahnistensera. Nous soutenons la forte opposition des Mères Mohawk au projet de rénovation du New Vic. Notre action est une intervention artistique qui vise à amplifier les conséquences désastreuses de l’approche actuelle de McGill dans la région, c’est-à-dire la dissimulation de preuves de possibles tombes non marquées et de sites ancestraux du peuple Rotino’shonni.

Nous avons décidé d’agir parce que nous nous opposons à l’État colonial et à la société grotesque qui existe dans ce contexte colonial. Nous tenons à préciser que nous avons planifié et mené cette action de manière totalement indépendante des Kahnistensera et que nous n’avons communiqué avec elles à ce propos d’aucune manière.

Les Kanien’kehà:ka Kahnistensera (connues en anglais sous le nom de Mohawk Mothers), un groupe de femmes des communautés mohawks de Kahnawake et de Kanehsatake, sont considérées comme les génitrices de la nation Kanienke’hà:ka et les gardiennes souveraines de la terre et du sol, y compris Tiohtiá:ke (soi disant Montréal). Elles résistent au projet New Vic depuis plus d’un an. Elles sont actuellement engagés dans un procès contre McGill et la SQI (Société québécoise des infrastructures), qui sont derrière le projet de rénovation. Leur prochaine date d’audience, qui aura lieu le 26 octobre, approche à grands pas.

Il est très probable que ce site spécifique, le terrain entourant l’institut Allen memorial et le Royal Victoria, contienne des tombes non marquées de victimes des expériences de torture psychiatrique MK-Ultra qui ont eu lieu à l’hôpital, dont de nombreux enfants autochtones. Ces expériences ont été menées par la CIA et ont été financées par le gouvernement canadien. Au cours de la dernière année et partout à travers le soi-disant Canada, de divers Peuples autochtones ont exigé d’enquêter sur les tombes non marquées des institutions coloniales, comme les pensionnats. Malgré cela, McGill refuse de respecter ce contexte politique plus large dans le cadre de son projet de rénovation du New Vic.

Pour toutes ces raisons, nous avons opté pour une intervention artistique sur le site des potentielles tombes non marquées. Nous avons déposé des chaussures et des vêtements d’enfants, assemblé des pierres tombales étiquetées “inconnu” avec des fleurs, et tapissé l’endroit de ruban “scène de crime” parce que McGill et Arkéos vont activement à l’encontre de la kaia’nereh’ko:wa (Grande Loi) en déterrant des tombes potentielles non marquées à l’encontre de la volonté des Kahnistensera. Ce site devrait être considéré comme la scène de crime qu’il est.

Ces enfants auraient dû avoir la chance de grandir au delà de ces chaussures, et à rester dans les communautés auxquelles iels appartiennent. Nous voulons que ces objets matériels évoquent les relations perdues et les blessures ouvertes qui subsistent lorsqu’un.e membre de la famille disparaît. Nous voulons honorer la possibilité qu’il y ait des corps enterrés qui ont besoin de soins et d’attention pour pouvoir reposer en paix. Nous voulons que les communautés plus larges de Kahnawake et de Kanesatake aient l’opportunité de prendre soin de ces corps selon leurs diverses volontés respectives. Nous avons choisi cette intervention pour rappeler à McGill, Arkéos et au public en général qu’il y a tellement de facteurs inconnus en jeu et qu’une fouille intrusive qui doit être complétée en 5 jours est complètement négligente et scandaleuse.

Les Kahnistensera ont explicitement demandé ce qui suit : 1) L’Université McGill doit arrêter les rénovations du New Vic, 2) les Kahnistensera doivent être en charge des recherches sur le site, y compris une enquête médico-légale sur les terrains du Allen Memorial et du Royal Victoria afin de localiser les tombes non marquées des victimes de MK-Ultra de manière non invasive, ainsi que 3) une enquête appropriée sur les sites archéologiques Rotino’shonni connus dans cette région. Il n’y a aucune excuse pour que McGill refuse d’entendre et de se conformer aux demandes des Kahnistensera.

La possibilité de découvrir des tombes non marquées d’enfants et d’adultes autochtones est une épreuve déchirante. McGill et Arkéos (la firme engagée par McGill pour mener l’enquête) ont fait preuve de mépris et d’indifférence à l’égard des demandes des Kahnistensera. L’excavation qui a lieu en ce moment même va complètement à l’encontre de ces demandes et risque de détruire les preuves mentionnées ci-haut. McGill et Arkéos doivent être tenus responsables de cette situation, ainsi que du reste de leurs odieuses histoires.

Arkéos, la compagnie qui effectue les travaux, n’est même pas équipée pour effectuer ce type d’enquête médico-légale. Iels n’ont pas discuté avec les Kahnistensera avant de planifier ou de commencer à creuser. Cela n’est pas particulièrement surprenant si l’on considère les précédentes collaborations qu’Arkéos a eues avec d’autres projets violents et coloniaux, provenant d’entreprises extractives ainsi que de l’État. De son côté, McGill, une institution centrale de la supprémacie blanche, dont les fondations reposent sur les profits tirés de la traite des esclaves et sur l’argent volé du Fonds fiduciaire Rotino’shonni, continue d’aller de l’avant avec ce projet, tout en sachant que des corps d’enfants arraché.e.s aux bras de leurs mères reposent sous terre. Ces travaux doivent être arrêtés immédiatement.

Nous voulons également souligner que la souveraineté des Kanien’kehà:ka sur ce territoire va bien au-delà de la campagne actuelle. Les reconnaissances territoriales dans les communications officielles de McGill ne sont pas suffisantes. Nous soutenons la vision plus large des Kahnistensera d’une université qui aurait été renommée pour ne pas rendre hommage à James McGill, un esclavagiste et colonisateur. Nous sommes également d’accord avec elles lorsqu’elles affirment que McGill devrait au moins rembourser ses dettes financières aux peuples Rotino’shonni, et arrêter toute recherche militaire, en accord avec le Kaia’nereh’ko:wa.
Nous espérons que cette action, qui n’est qu’une humble contribution à cette lutte en cours, rappellera à McGill, à Arkéos et à ceux qui collaborent avec eux dans cette inacceptable profanation coloniale qu’ils doivent cesser immédiatement de creuser et doivent coopérer pleinement avec les demandes des Kahnistensera. Il reste très peu de temps afin d’empêcher Arkéos d’achever ces actes de violence insensés, il est donc urgent que des groupes autonomes utilisent une diversité de tactiques pour les décourager, tout en respectant les principes de la  Kaianereh’kowa (la Grande Loi de la Paix).

Chicoutimi : Déploiement de bannière en soutien au blocage de pipeline à Montréal-Est

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Oct 222022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Nous soulignons l’urgence d’agir quant aux changements climatiques qui sont réels et qui menacent directement la biodiversité ainsi que la santé de millions d’habitant.es du territoire québécois.

Cette action est menée en soutien au blocage actuel, à Montréal-Est, de l’approvisionnement des pétroliers en bitume dilué provenant du plus gros pipeline du Québec : le pipeline 9B de la compagnie Enbridge.

Arkéos, abandonnez le contrat avec McGill maintenant !

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Oct 162022
 
« Respectez la souveraineté autochtone »

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Mise à jour importante: Lundi 17 octobre 2022

Il est venu à notre attention que certaines tournures de phrases dans notre communiqué précédent requièrent des corrections et clarifications immédiates. Nous respectons et honorons le travail ardu que les kahnistensera font, et dans le but d’adresser certaines craintes, nous voulons communiquer ce qui suit.

Compte tenu que les institutions coloniales derrière le projet de Nouveau Vic de McGill ont apparamment essayer d’utiliser cette action contre Arkéos pour menacer les kahnistensera et leur poursuite en justice, les organisateurices de cette action veulent ajouter cette mise à jour à notre communiqué ci-dessous: nous avons planifié et mise en oeuvre cette action de façon complétement indépendante des kahnistensera et n’avons pas communiqué avec elles à propos de l’action. Notre utilisation du terme ”complices” dans le communiqué original était influencée par la discussion anti-coloniale et anarchiste plus large entourant l’utilisation de ce mot dans d’autres contextes, et notre définition était donc ”le travail d’un.e complice dans la lutte anti-coloniale est d’attaquer les structures et idées coloniales” (voir ici). Nous souhaitons aussi vous rediriger vers ce texte pertinent sur des sujets similaires, intitulé ”On the question of allies”. Nous ne voulons pas débattre l’utilisation du terme, mais plutôt de donner du contexte derrière notre utilisation. En rétrospective, nous réalisons que ce terme n’était pas approprié compte tenu de la présente poursuite judiciaire séparée et indépendante des kahnistensera.

Encore une fois, nous allons réitérer, dans aucune circonstances travaillons nous pour ou au nom des kahnistensera. En tant que colons anarchistes, nous avons décidé de notre propre initiative d’attaquer Arkéos, sans la participation des kahnistensera. Ceci était une action autonome, nous seul.e.s la réclamons. Nous voyons Arkéos comme un autre obstacle mis dans le chemin des kahnistensera par McGill, afin d’empêcher les kahnistensera de faire une enquête médico-légale non-instrusive et adéquate. Arkéos commencera avec une enquête intrusive, ce qui est contre les demandes publiques des kahnistensera. 

Dans le contexte de la poursuite judiciaire qui sera à nouveau au tribunal le 26 octobre, McGill, et jusqu’à un certain degré Arkéos, utilisent cette action pour essayer stratégiquement de miner et semer le doute sur la bonne volonté et l’honorable façon que les kahnistensera ont mener cette poursuite. Le passé a démontré la collaboration entre l’état, la police et/ou des corporations pour créer avec les médias des narratifs de doute, de conspiration et de méfiance entre toutes les parties agissant en solidarité avec une campagne menée par des Autochtones. Cette tactique est souvent connue sous le nom de contreinsurgence.

Nous allons rediriger encore une fois l’attention envers les vraies coupables: McGill et Arkéos collaborant sur des actes de violence coloniale pour du profit. Avec si peu de temps pour stopper Arkéos, il est impératif pour les groupes indépendants d’utiliser la diversité des tactiques tout en respectant la Kaianereh’kowa (la Grande Loi de la Paix). L’organisation autonome n’est pas un principe nouveau, c’est un mode d’action utilisé par plusieurs anarchistes dans le cadre de luttes anticoloniales.


Vendredi 14 octobre 2022

Depuis l’expulsion du camp sur le site du Royal Vic mardi matin par la police, les entrepreneurs de McGill ont commencé leur excavation sur le site. Des clôtures ont été installées et un garde de sécurité, qui ne semble pas savoir lui-même pour qui il travaille, a été engagé. Ils ont terminé d’enlever l’asphalte et les inforrmations disponibles indiquent que la firme d’archéologie Arkéos prévoit commencer à creuser le sol dès lundi.

Les Kanienkeha Kahnistensera (connues en anglais sous le nom de Mohawk Mothers) se sont opposées à plusieurs reprises au cours des derniers mois au projet New Vic. En avril dernier, elles ont intenté une action en justice contre McGill et la SQI (Société québécoise des infrastructures) qui sont à l’origine du projet de rénovation. Les Kahnistensera attendent actuellement leur prochaine date de procès contre McGill, qui aura lieu le 26 octobre, bien après qu’Arkéos ait dépouillé la terre autour de leur village historique.

En tant que colons anarchistes et complices, nous avons décidé d’attaquer Arkéos aujourd’hui, car nous voulons leur faire savoir qu’ils portent également une responsabilité dans le projet colonial initié par McGill. Cette université, fondée grâce aux profits tirés de la vente des produits issus de la traite des esclaves et de l’argent volé aux fonds fiduciaire Haudenausaunee, a une fois de plus agi au mépris total de la souveraineté autochtone en ignorant les demandes formulées par les Kahnistensera, les gardiennes du territoire en vertu de la Grande Loi de la Paix.

Nous exigeons qu’Arkéos assume la responsabilité face au travail qu’ils font pour McGill. Après l’annulation de sa consultation avec les Mohawk Mothers par McGill et la SQI, Arkéos n’a toujours pas rencontré les Mères pour répondre à leurs préoccupations concernant l’excavation. Malgré une avalanche d’appels et de courriels adressés à la firme pour lui demander d’annuler sa participation au projet, Arkéos a refusé d’attendre une consultation avec les Kahnistensera avant de procéder à l’excavation. Arkéos n’est pas un acteur apolitique dans cette lutte avec ses barrières et ses gardes autour d’eux pendant qu’ils profanent un site culturel autochtone historique.

Cela ne devrait peut-être pas être une surprise, compte tenu du passé de cette même entreprise. En effet, Arkéos a été fondée par des ingénieurs qui avaient besoin d’archéologues et d’anthopologues pour légitimer leurs projets de construction. Ce n’est certainement pas la première fois qu’Arkéos se tient main dans la main avec l’État colonial québécois : ils ont été impliqués dans des projets d’Hydro-Québec à Eeyou Istchee, des projets miniers sur le Nitassinan, des projets de pipeline dans le sud du soi-disant Québec ainsi que divers projets de gentrification dans les soi-disant villes de Montréal et de Québec.

À Arkéos, nous aimerions dire ceci : la prochaine fois, si vous ne voulez pas pleurer à cause de quelques boîtes renversées et de la saleté sur vos luxueux canapés, la meilleure solution serait probablement de ne pas accepter de fucking contrats coloniaux.

Sincèrement, quelques anarchistes.

Arrêtez les rénovations Nouveau Vic !

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Oct 112022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Mise à jour – 11 octobre : Prochaines étapes pour les actions directes anti-coloniales contre le projet New Vic de McGill

Le campement installé le 10 octobre contre les travaux d’excavation à venir de McGill a été évincé par la police ce matin. Il y a actuellement de l’équipement d’excavation sur le site, des clôtures sont en train d’être érigées, et le travail devrait commencer le 12 octobre par la firme d’archéologie Arkéos, engagée par McGill. Bien qu’elle soit censée étudier les vestiges archéologiques autochtones, la société Arkéos n’a eu aucune discussion avec les Mères Mohawk et n’est pas équipée pour mener une enquête médico-légale sur des tombes non marquées. Veuillez leur envoyer autant d’appels téléphoniques, de courriels et de télécopies que possible dans les prochaines 48 heures pour leur faire savoir que ces travaux ne devraient pas avoir lieu sans la participation directe des Mères Mohawk et qu’Arkéos devrait se retirer du projet.

Téléphone : 514-387-7757
Télécopieur : 514-382-5659
Courriel : info@arkeos.ca


Respectez la souveraineté des Kanien’kehà:ka, soutenez la recherche pour les tombes non-marquées.

Suivez notre Twitter @stopthenewvic pour savoir comment donner du soutien sur place.

Nous sommes des colons et des anarchistes qui avons débuté une action de solidarité anticoloniale pour bloquer les rénovations de l’ancien hôpital Royal Victoria, que l’Université McGill déclare vouloir commencer au début d’octobre dans le cadre de son projet d’expansion du campus. Nous sommes troubléEs, mais pas surprisEs, que McGill insiste pour aller de l’avant avec ces travaux malgré les craintes que les tombes non marquées à proximité soient détruites. McGill a déjà investi énormément dans ce projet d’expansion du campus. La découverte éventuelle de tombes non marquées engendrerait une perte financière et ternirait son image publique pro-réconciliation. Nous menons cette action directe pour arrêter leurs travaux de rénovation avant qu’ils n’enterrent la vérité de leur propre histoire violente.

Nous avons commencé cette action le 10 octobre, jour de la soi-disant Action de grâce au Canada et de la Columbus Day aux États-Unis. Ces fêtes représentent la violence coloniale permanente de l’État colonisateur. Nous croyons qu’il ne peut y avoir de paix sur ces terres tant que les États coloniaux du Canada et des États-Unis ne sont pas abolis. Nous remercions le peuple Kanien’kehà:ka qui, après des siècles de résistance à la colonisation, continue à se battre pour défendre ces terres. Nous remercions les femmes Kanien’kehà:ka qui ont effectué des recherches approfondies, rendu ces informations publiques et pris des mesures pour adresser les problèmes liés au projet de rénovation de New Vic.

Les Kanien’kehà:ka kahnistensera (Mères Mohawk) sont un groupe de femmes des communautés Mohawk de Kahnawake et de Kanehsatake. Selon la kaia’nereh’ko:wa (la grande loi de la paix de la confédération Haudenosaunee), les kahnistensera sont considérées comme les génitrices de la nation Kanienke’hà:ka, elles possèdent et sont les gardiennes de la terre et du sol, y compris Tiohtiá:ke (appelée Montréal). Elles déclarent que McGill doit mettre fin aux rénovations prévues de l’ancien hôpital Royal Victoria, qu’une enquête doit être menée sur les tombes non marquées et que les sites archéologiques autochtones connus à proximité doivent faire l’objet d’une étude plus approfondie. L’enquête viserait à trouver les corps des victimes des expériences de torture psychiatrique MK-Ultra financées par la CIA et le gouvernement canadien, qui ont eu lieu dans les années 1950 et 1960 à l’Allan Memorial Institute qui est directement adjacent au Royal Victoria.

Les kahnistensera font référence aux témoignages des survivants des expériences MK-Ultra, qui affirment que des enfants autochtones ont également été amenés à l’Institut et soumis à des expériences à cette époque. Ces dernières années, des milliers de tombes non marquées ont été découvertes à l’aide d’un géoradar sur les terrains des anciens pensionnats pour enfants autochtones. Une enquête médico-légale sur les terrains du Allen Memorial et du Royal Victoria, supervisée par les kahnistensera, pourrait déterminer la vérité sur certaines choses terribles qui s’y sont produites. Les rénovations prévues risqueraient de détruire ces preuves et doivent être arrêtées avant qu’une enquête puisse avoir lieu.

En avril 2022, les kahnistensera ont déposé une plainte auprès de la Cour supérieure du Québec pour empêcher McGill et la Société Québécoise des Infrastructures (SQI) de procéder aux rénovations. La prochaine date dans ce processus est le 26 octobre. Comme d’habitude, il est très peu probable que les tribunaux coloniaux prennent au sérieux les demandes des kahnistensera et fassent quoi que ce soit pour empêcher l’université et l’État coloniaux d’aller de l’avant avec leurs plans. C’est pourquoi il est important pour nous tous qui soutenons la souveraineté des Kanien’kehà:ka sur cette terre de nous organiser en solidarité avec les appels publics des kahnistensera contre les rénovations.

En tant que colons et anarchistes, nous tentons de devenir des complices des luttes menées par les divers Peuples autochtones pour abolir l’État colonialiste, impérialiste et capitaliste et ses institutions, comme McGill. Nous reconnaissons également que la souveraineté des Kanien’kehà:ka dans ce lieu va au-delà de cette campagne actuelle. Nous soutenons la vision plus large des kahnistensera d’une université dont le nom ne rend plus hommage à un esclavagiste colonial, qui a remboursé ses dettes financières aux peuples Haudenosaunee, qui a cessé toute recherche militaire et qui est gouvernée par les kahnistensera en accord avec le kaia’nereh’ko:wa.

Blocage ferroviaire Nitassinan non cédé (Saguenay)

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Sep 082022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Mercredi soir, un collectif de militants et militantes autochtones et allochtones ont bloqué le chemin de fer Roberval-Saguenay appartenant à la multinationale Rio Tinto en solidarité avec le Comité National des Droits des Premiers Peuples qui paralyse pour une troisième journée consécutive la voie ferrée située aux limites du Labrador et de Schefferville et qui est utilisée par la minière Tatta Steel. Le blocage a duré 1 heure. Ces actions ont pour objectif de rappeler aux gouvernements que les membres des communautés autochtones au pays n’accepteront plus aucun compromis sur des agissements d’actes criminels produits à leur endroit.

Les conseils de bande de Uashat mak Mani-utenam (ITUM) et de Matimekush-Lac John sont suspectés d’avoir obtenus la majorité des votes électoraux par la corruption, la fraude, l’extorsion et l’abus de confiance. Les faits qui sont allégués se seraient produits entre 2019 et 2022 et impliqueraient un montant de près de 1,8M$ en pots-de-vin et faveurs de toutes sortes. Dans la plainte officielle formulée à la Sûreté du Québec par le Comité des Droits des Premiers Peuples, une preuve de liste provenant directement du système comptable d’ITUM démontre qu’il y eut, à l’insu des membres, environ 325 paiements de facturation d’enregistrés pour un montant approximatif de 1 780 000$. Cette somme serait le fruit d’un contrat signé avec la minière IOC Rio-Tinto en 2020, dans lequel l’équipe du chef Mike McKenzie aurait caché le sens juridique des nombreuses clauses de cette entente à l’endroit des membres, ce qui aurait eu pour effet de donner de manière exclusive et sans délai d’extinction à cette entente, tous les droits décisionnels futurs d’exploitation des ressources naturelles étant sur le grand Nitassinan non cédé, territoire auquel appartient le peuple Innuat!

L’action d’aujourd’hui réalisée par le collectif à Saguenay est pour rappeler que la compagnie Iron Ore Company of Canada (IOC) ainsi que les conseils de bande, qui ne sont rien d’autre qu’un organe d’assimilation colonial mis en place par le gouvernement fédéral, ne sont pas maîtres sur le Nitassinan non cédé. Des ententes signées de manière illégale, par extorsion, sans le consentement du grand peuple Innuat, ne seront plus jamais tolérés. Les minières détruisent et polluent depuis plusieurs décennies le territoire des Innuat. Notre action est un acte direct de souveraineté ancestrale des Premiers Peuples. Nous perpétuons depuis des milliers d’années cette gouvernance ancestrale. Nous agissons aussi pour les générations futures afin de leur léguer une terre saine et de perpétuer nos droits ancestraux, notre relation sacrée avec Assi (la Terre) et tous les êtres vivants. Assez c’est assez! Aujourd’hui nous agissons au nom d’un mouvement par le peuple autochtone et ses alliés et pour le peuple afin de dénoncer ces actes criminels cautionnés par les cours de justice canadienne et québécoise. Nous appelons à la multiplication des actions de solidarité en lien avec cette lutte.

Votre cancer, gracieuseté du capitalisme

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Août 312022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Plusieurs villes du Québec abritent une ou des industries qui détruisent l’environnement et rendent malades ses habitants.

À Rouyn-Noranda, Glencore bénéficie d’un droit de polluer qui lui permet d’empocher des milliards depuis des décénies. La flore, la faune, tout le vivant est touché. Les personnes vulnérables, les femmes enceintes, les bébés, les enfants, sont particulièrement affectés, et ce, indirectementement avec la permission du ministère de l’Environnement. L’attestation d’assainissement permet de dépasser les normes pour les émissions d’un cocktail de métaux lourds : arsenic, plomb, nickel, chrome, cadmium, etc. Ces passes-droits, quant au respect des normes provinciales, permettent de générer des profits faciles pour les actionnaires.

Nous sommes un groupe affinitaire de Rouyn-Noranda. Aujourd’hui, nous commençons une série d’actions symboliques et d’actions directes contre Glencore. Nous n’accepterons plus de mourir pour enrichir ce type de multinationales sans scrupules! Nous avons ‘dropé’ cette bannière sur le centre de cancérologie qui tarde à commencer ses opérations pour cause de difficultés d’embauche et on comprend! Les gens qui travaillent dans le domaine de la santé n’ont pas envie de venir se faire empoisonner à Rouyn-Noranda.

Schrobenhausen (Allemagne) : Incendie au dépôt de Bauer, complice de la construction de Coastal GasLink

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Août 162022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le 3 août, quelques semaines après que l’implication de la société allemande Bauer dans le processus de construction du gazoduc Coastal GasLink par la fabrication d’équipements pour le processus de forage ait été connue, les médias locaux rapportent un incendie nocturne dans la cour du bureau principal de la société à Schrobenhausen, en Allemagne.

Selon les médias, trois véhicules très coûteux ont été incendiés par des malfaiteurs inconnus. Au moins un d’entre eux est une de ces machines de forage en forme de phallus, utilisées pour violer la terre lors de la construction de pipelines dans le monde entier. Alors que les photos des médias montrent cette machine complètement brûlée, on rapporte que les incendies de deux autres machines ont pu être éteints, mais ont néanmoins causé d’énormes dégâts. Il est certain qu’aucune de ces machines ne sera utilisée de sitôt pour la construction d’infrastructures extractivistes, que ce soit sur le site de forage près de Wedzin Kwa ou ailleurs dans le monde.

Annuler la Fierté ? Nous avons préféré ne pas le faire.

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Août 142022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Vers 9 heures le dimanche 7 août, Fierté Montréal a informé le public via Twitter qu’elle annulait le défilé de la fierté. Alors qu’iels ont d’abord prétendu qu’il y avait eu une impasse entre les organisateurs et le SPVM après des négociations tôt le matin sur des questions de « sécurité » , Fierté s’est ensuite rétracté, assurant le public que le SPVM n’avait rien à voir avec la décision. La ligne médiatique actuelle en provenance de Fierté semble être que la personne responsable de s’assurer qu’il y avait suffisamment de bénévoles sur le terrain pour bloquer les rues a simplement « oublié » de le faire.

Il y a quelque chose de surréaliste dans la vitesse à laquelle ces histoires changent. Le fait que Fierté ne puisse pas nous donner une réponse franche et honnête devrait nous mettre en colère. Iels ont rencontré ou non les flics dimanche matin ? Que s’est-il passé entre le moment où iels ont annoncé publiquement que les négociations avec les flics avaient abouti à une impasse et le moment où iels se sont rétractés pour assurer au public que la décision était, en fait, la leur et uniquement la leur ? Pourquoi Gamache a-t-il par la suite ressenti un tel besoin de souligner, publiquement, à quel point le SPVM a été formidable ? Moins on en dira sur le récit selon lequel quelqu’un.e à Fierté a simplement « oublié » de trouver 80 bénévoles, mieux ce sera. Pourquoi ne peuvent-ils pas nous parler franchement ?

En colère après la décision d’annuler le défilé, des queers ont appelé la communauté sur les médias sociaux à se réunir à la place Émilie-Gamelin. Une manifestation spontanée, menée par des queers et des anarchistes sur place, a quitté la place, se dirigeant d’abord vers l’ouest sur la rue Sainte-Catherine. Il n’y avait pas de personnel rémunéré ni de bénévoles formé.e.s, mais il y avait une bannière de carton, affichant au marqueur noir « Queer liberation without authorisation » (Libération queer sans autorisation) et une autre affichant « Fuck le cis-tème ». Plutôt qu’un service de sécurité privée, des politicien.ne.s et des commanditaires, nous avions des slogans anti-police. Nous aimerions penser que ces slogans ont dégagé la bonne énergie, car lorsque nous avons fait demi-tour pour repasser devant la place Émilie-Gamelin, la rue s’est rapidement remplie de monde.

La marche a continué à travers le Village, augmentant sa taille au fur et à mesure, remontant ensuite jusqu’à la rue Sherbrooke, où elle s’est ensuite dirigée vers l’ouest. La manifestation était si grande que nous ne pouvions pas en voir l’arrière depuis l’avant ; un.e participant.e estime que nous étions au moins 40 000 personnes. Des flics à vélo surveillant la marche ont été entendus dire aux participants : « Vous ne savez vraiment pas où vous allez, n’est-ce pas ? ». C’était vrai, mais comme toujours, les flics n’ont tout simplement pas compris. Les gens ne savaient peut-être pas vers où iels se dirigeaint, mais iels savaient crissement bien qu’est-ce qu’iels faisaient. Refusant la présence de la police au défilé et s’opposant à la logique anti-queer de la police et de la sécurité qui a conduit à l’annulation du défilé, les gens ont scandé « La fierté, sans sécurité ». Après que le cortège ait tourné vers le nord sur Saint-Laurent, les gens ont commencé à chanter « Tou.te.s, uni.e.s, contre l’homophobie », puis ont observé une minute de silence pour les victimes du VIH/SIDA. La marche est ensuite retournée vers le sud et, de loin, les marcheur.e.s pouvaient voir l’escouade anti-émeute du SPVM se préparer à protéger … le quartier général de la police. La marche s’est terminée au Quartier des Spectacles, où les gens ont profité des jeux d’eau pour se fondre dans la foule. Alors que la marche touchait à sa fin, un twunk portant un jock-strap s’est écrié : « You see, this what happens when you say no to the gays! » (Vous voyez, c’est ce qui arrive quand on dit non aux gays). En effet.

Plus tôt dans la journée, le SPVM avait pris la parole sur Twitter pour nous faire savoir que « comme chaque année, nous étions prêts à encadrer l’événement et nous serons là pour chaque édition ». Il semblerait cependant que très peu de policiers étaient présents pour l’édition de cette année. Alors que le SPVM avait quelques policiers à vélo présents pour la marche, ils n’ont pas été en mesure de bloquer les rues de manière adéquate, dépassés par la spontanéité de la marche. Mais peu importe, car les marcheur.e.s s’occupaient les un.e.s des autres plutôt que de compter sur la police pour assurer leur sécurité. C’est précisément le genre de scénario que craignait Gamache lorsqu’il a fait une déclaration décourageant les participant.e.s aux festivités de la Fierté de se joindre aux marches « désorganisées » ayant lieu un peu partout en ville. Cette année, cependant, ni Gamache ni le SPVM n’ont eu leur mot à dire sur ce qui s’est passé. Faisons en sorte qu’il en soit toujours ainsi.

Photo : André Querry

Vancouver : Plusieurs succursales de la RBC ciblées #AllOutForWedzinKwa

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Août 092022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Tôt lundi matin, plusieurs petits groupes ont ciblé 7 succursales de la RBC réparties dans le soi-disant Vancouver. Nous avons endommagé des serrures, brisé des fenêtres et laissé des messages.

La RBC continue de financer le projet de gazoduc Coastal Gaslink qui traverse le territoire des Wet’suwet’en. Elle viole la loi Wet’suwet’en et se fait complice de la criminalisation des défenseur.e.s des terres sur leur propre territoire.

Nous n’avons pas oublié la RBC. Le manque d’attention des médias ne diminuera jamais notre haine pour CGL et leurs financiers. La répression de l’État n’enlèvera pas la joie de détruire leur propriété.

Puissions-nous trouver l’amour et la solidarité dans la lutte contre les projets extractifs.

Fuck la RBC. Fuck la GRC. Pas de pipelines sur le Yintah Wet’suwet’en.

Contre vos demandes : Leçons de Occupons McGill

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Août 092022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

En 2022, j’étais un-e militant-e anarchiste actif-ve durant les deux semaines d’occupation de l’université McGill. Dans les mois précédant l’occupation, j’ai fait partie des rencontres qui discutaient de l’idée de monter des tentes dans le Pavillon des Arts. À l’époque, nous étions uniquement 6 personnes autour de la table de pique-nique. J’ai été témoin des succès et des échecs de l’occupation (et de ses ramififactions à Concordia et à l’UdM), mais jusqu’ici je n’avais rien écrit sur le sujet.

Plus tôt ce mois-ci, un appel international a été lancé: “Fin aux énergies fossiles – Occupons“. Dans un texte d’opinion dans le journal Guardian, des étudiants pressaient à “occuper nos campus afin de demander la fin de l’économie fossile”. Cet appel semble suivre l’exemple de McGill, qui a connu un intérêt général. Toutefois,  il échoue à prendre en compte des leçons clefs de l’expérience de McGill. En expliquant ces leçons, je souhaite influencer les personnes qui pensent organiser une occupation (ce que j’encourage fortement) et à remettre en question les idées dominances sur ce que devrait être un mouvement. Avant tout et surtout, nous n’en sommes plus à effectuer des demandes pour mettre fin aux énergies fossiles.

Purement et simplement, le succès de l’occupation de McGill prend racine dans deux principes fondateurs: 1) le refus d’être uniquement à propos du climat et 2) le refus de faire des demandes. Sans aucun doute, l’occupation a été une réussite. Plus de 25 personnes par nuit ont dormi dans le lobby du Pavillon des Arts. Nos assemblées publiques ont dépassé les 100 participant-es. Plusieurs dizaines de personnes ont participé aux projections de films, aux ateliers, aux cercles de lectures et aux discussions qui avaient lieu quotidiennement.* Il était possible à quiconque de se joindre aux événements tous les jours, peu importe son origine ou son identité, et de profiter d’un déjeuner, d’un dîner et d’un souper. Quelques jours après le début de l’occupation, plusieurs équipes ont mené de petites émeutes avec de la peinture aérosol au travers de McGill, marquant les camions de sécurité et les murs de slogans comme “Occupons tout” et “Étudiant-es, souvenez-vous de votre pouvoir”.

Beaucoup de gens se sont présentés, non seulement en raison des causes spécifiques dont faisait l’objet l’occupation, mais parce qu’une énergie insurectionnelle avait été créée. Nous avons imprimé et distribué des centaines de zines au sujet d’à peu près tout sauf du climat. Les séances d’éducation populaire étaient également assez peu relatives au climat. Les visions du monde des participant-es n’étaient pas juste soulignées à nouveau (comme elles le sont quand il s’agit d’écouter encore un autre discours environnemental rad-libéral), elles étaient plutôt remises en question ou développées.

Comme mouvement étudiant, il est important que nous ne fassions pas de demandes ou que nous nous centrions sur un seul enjeu spécifique. Nous sommes un lieu où réunir des gens qui portent une variété de préoccupations. Plusieurs des participant-es les plus loyaux à l’occupation n’étaient pas là en raison de leurs anxiétés relatives au climat. Les participant-es aux assemblées discutaient souvent d’enjeux qui concernaient tout sauf le climat. Nous avons lancé un appel large et créé une base tout aussi large. Ce focus élargi nous a permis d’apporter ensuite une critique radicale de toute hierarchie, de toutes les formes de domination et de proposer la révolution, non pas la réforme (peu importe qu’elle soit verte ou non).

Je serai honnête ici. Si je voyais une autre occupation purement environnementaliste, je passerais mon tour. La plupart des personnes issues de la classe ouvrière ne font pas confiance à ce type de message. De Occupy, à Shut Down Canada, aux émeutes suite au meurtre de Georges Floyd, il est clair que les gens veulent l’insurrection. Vous désirez encore des réformes? Très bien. Mais ne demandez pas pour des réformes. Construisons un mouvement révolutionnaire et laissons les politiciens paniquer et essayer énergétiquement de nous ralentir avec des concessions. Pour cela, ne soyons pas inefficacement ennuyeux.

Je ne veux pas prétendre que chaque participant à l’occupation de McGill est un born-again anarchiste. En fait, plusieurs occupant-es se sont plaints que nous intentions étaient explicitement vagues. Certain-es ont émis des inquiétudes comme quoi des gens ne participaient pas parce que, selon ielles, sans demandes il est possible de comprendre ce qui se passait à l’occupation. Premièrement, il est important de dire que pratiquemment tout le monde ayant dit ne pas comprendre ce que nous faisions étaient des étudiant-es conservateurs-trices ou libéraux-les qui n’auraient pas participé dans tous les cas. Mais le plus important est que nous n’avons pas échoué à attirer davantage de gens dans notre mouvement parce que nous n’avions pas assez de demandes, nous avons plutôt échoué parce que nous n’avons pas été assez efficaces à illustrer aux autres en quoi joindre nos projets pouvait changer le monde. C’est le plus difficile à faire, ça prend des discussions, des actions amusantes, des assemblées efficaces, des stratégies claires, des zines forts et de l’organisation. Mais c’est possible.

Il est certain que certain-es des organisateurs-trices du camp n’avaient pas une prise assez forte sur les politiques radicales afin d’expliquer de façon convainquante pourquoi nous ne faisions pas de demandes mais luttions pour l’insurrection. Toutefois, ceci n’est pas une barricade; c’est un petit obstacle qu’une ou deux conversations de groupe intentionnelles auraient pu régler. 

L’expérience de la courte occupation de Concordia a été complètement différente. L’occupation de Concordia a été rapidement cooptée par l’association étudiante. Le pouvoir et les responsabilités sont devenues de plus en plus concentrées entre les mains d’un petit groupe d’étudiant-es élu-es qui, déjà surchargé-es par leurs responsabilités au sein de l’association, pouvaient difficilement effectuer les tâches qu’illes prenaient en charge. D’autres étudiant-es ont quitté d’eux et d’elles mêmes, tannées de l’association ou pas du tout enchantés. Quelconque énergie insurrectionnelle initiale a été sapée par des politiques syndicales étroites. J’ai participé brièvement à l’occupation de l’Université de Montréal. De ce que j’ai pu observer (même si plus plaisante), le focus unique sur les investissements dans les énergies fossiles par l’université est devenu hégémonique et l’occupation s’est concentrée au sein d’une ramification de Greenpeace.

Il y avait bien sûr une limitation centrale à la stratégie de Occupons McGill. L’occupation n’était puissante que comme symbole attractif / communal de résistance et comme point de ralliement pour des idées radicales. Pour aller au-delà de ce point, il faudrait avoir poursuivi jusqu’à fermer réellement l’université, à se diffuser dans une grève, à créer de nouvelles organisations étudiantes combatives, à pratiquer de nouvelles tactiques comme la destruction de la propriété, ou à se répandre dans les communautés environnantes. Il y a aussi la formation, la coordination et les tactiques de mobilisation pour l’action révolutionnaire. Elle va plus loin et rallie davantage de personnes. Nous continuons jusqu’à atteindre un moment où nous nous révoltons finalement et commençons à gagner.

Nous avons un monde à gagner. Non pas juste la fin de l’économie pétrolière, mais toute une société qui pourrait être créée à partir de la solidarité. Les propriétaires, la police, les capitalistes, les politiciens, les machos et toute personne s’appelant eux et elles même des “figures d’autorité” seront abandonnés et remplacés par la coopération. L’université ne sera pas seulement verte mais elle sera transformée au-delà de l’aliénation, de l’éthique du travail jusqu’à la mort et du carriérisme qui l’infecte aujourd’hui. Si nous ne prenons pas le contrôle direct, nous serons trompé-s, exploité-s et souvent utilisé-es pour d’autres fins politiques. Nous n’avons pas la patience des réformes à la miette qui nous ont échoué depuis des centaines d’années. Il y a tant à faire et si peu de temps pour le faire. Il est temps de porter des coups.

Il s’agit de notre seule demande, non pas aux autorités, mais de l’un-e à l’autre d’entre nous.


* Les films projetés incluent Street Politics 101 (par Submedia) et deux documentaires sur la révolution au Rojava. Des cercles de lecture ont lu une sélection d’écrits d’éducation révolutionnaire de “Democratic Autonomy in North Kurdistan” à “Autonomous Education in the Zapatista Communities: Schools to Cure Ignorance”. Les discussions ont inclut des échanges sur la pédagogie anarchiste et sur l’anarchisme. Un atelier sur un plan de transition juste, un autre sur l’accessibilité, puis une causerie avec un-e militante Mohawk de longue date. Parmi les zines, on pouvait trouver: “Education for Liberation not Corporation” (par Divest McGill) “Anarchism: Towards a Revolution in Montreal,” “Blockade, Occupy, Strike Back,” and “A Recipe for Nocturnal Direct Action.”

Appel pour « Art et Anarchie » à distance

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Juil 202022
 

Du Salon du livre anarchiste de Montréal

Pour célébrer le retour en présentiel du Salon du livre anarchiste de Montréal, la fin de semaine du 6 et 7 août 2022, nous lançons un appel  pour créer et partager de l’art anarchiste et des bannières dans les rues de leurs villes et communautés à travers le monde. C’est une manière d’incarner l’amour et la solidarité qui nous unit, et aussi de démontrer concrètement que nous sommes toujours là, que l’anarchie est toujours bien vivante. De plus, c’est une façon de créer une exposition d’art et d’anarchie n’importe où et partout, puis d’afficher les photos de votre art de rue au salon du livre de cette année.

Aussi, durant le salon, nous encourageons les individus, les collectifs, les groupes et les éditeurs à apporter des bannières et à les accrocher le long de la clôture à l’extérieur du salon!

En ce qui concerne « Art et anarchie », l’idée est simple. Le 1er août ou avant :

  • Installez de l’art de rue dans les espaces publics – vos propres créations ou celles d’autres personnes (points en prime pour l’art de la rue sur les terres volées de Tio’tia:ke/Montréal)
  • Prenez des photos ou demander à unE amiE de le faire
  • Publiez la/les photos sur les réseaux sociaux, ou demandez à des amiEs de le faire, avec le hashtag #ArtAndAnarchy et #MTLAnarchistBookfair. Incluez l’emplacement, de manière aussi évasive ou spécifique que souhaitée
  • Envoyez-nous vos photos à (info [à] anarchistbookfair [point] ca) afin que nous puissions ensuite imprimer des copies et les afficher au Salon

Aidez-nous à passer le mot! Ce serait tellement beau de voir l’art et l’anarchie se propager à travers les frontières et les murs du monde entier,  et ça permettrait de nous rapprocher les unEs des autres

Pas de nazis dans nos quartiers; pas de quartier pour les nazis!

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Juil 092022
 

De Montréal Antifasciste

Manifestation antifasciste à l’occasion du procès du néonazi Gabriel Sohier Chaput

À l’occasion de la dernière journée du procès pour incitation à la haine du propagandiste et idéologue néonazi Gabriel Sohier Chaput, le collectif Montréal Antifasciste a invité ses sympathisant·e·s à se réunir à l’extérieur du Palais de justice de Montréal pour rappeler que la lutte contre l’extrême droite, le suprémacisme blanc, les néonazis et toute autre variété d’idéologie fasciste et haineuse est avant tout un enjeu d’autodéfense communautaire, et non de répression policière ou de procédures judiciaires.

Rappelons que Sohier Chaput qui, sous le pseudonyme « Zeiger », s’est impliqué entre 2012 et 2018 dans plusieurs projets de propagande et de coordination du réseau néonazi international, dont le site The Daily Stormer et le forum Iron March, répond actuellement d’une accusation d’incitation à la haine pour un seul et unique article qu’il a écrit, parmi des centaines. Lire l’article de fond produit par Montréal Antifasciste sur l’affaire Zeiger : https://montreal-antifasciste.info/gabriel-sohier-chaput-aka-zeiger/

Les trois premières journées de son procès, en février et mars derniers, ont révélé une enquête policière bâclée et une poursuite mal préparée au regard de la somme de preuves accablantes déjà exposées par des journalistes de The Gazette dans une série d’articles publiés au printemps 2018 à l’issue d’une enquête menée par des militant·e·s antifascistes. Lire le bilan provisoire des trois premières journées du procès : https://bit.ly/3nDhzHn

Montréal Antifasciste écrivait à cette occasion : « Il est évident que les policiers et la Couronne ont complètement ignoré le travail réalisé par nos soins et par les journalistes de The Gazette qui ont exposé Zeiger au public (…). Cette ahurissante impréparation confirme deux choses que nous avons toujours soutenues : 1) la police ne prend pas du tout au sérieux la menace que représente l’extrême droite et les courants néofascistes; et 2) ça n’est pas dans les tribunaux que la véritable justice s’obtient, mais dans la solidarité et l’autodéfense communautaire. »

À titre d’exemple, Sohier Chaput n’a pas eu à répondre de sa participation centrale dans le projet Iron March, un point de rencontre névralgique pour les militants néonazis du monde entier désireux de recourir à la violence contre leurs ennemis. C’est notamment sur ce forum que s’est constituée l’organisation Atomwaffen Division, dont les médias québécois ont récemment parlé suite à une opération de la GRC à Plessisville et Saint-Ferdinand. Il est avéré que Sohier Chaput agissait à titre d’administrateur d’Iron March, en plus d’y avoir publié de nombreux essais et d’encourager la formation d’un réseau néonazi mondial comportant un volet terroriste clandestin. Il a également organisé une immense archive numérique d’œuvres fascistes à l’intention de ce réseau et réédité le livre Siege, de James Mason, le principal guide idéologique d’Atomwaffen Division et du courant soi-disant « accélérationniste » du mouvement néonazi international. Sohier Chaput a aussi participé avec d’autres suprémacistes blancs au tristement célèbre rassemblement « Unite the Right », à Charlottesville, en Virginie, en août 2017, où une militante antiraciste a été tuée par un néonazi.

Le rôle central de Sohier Chaput dans l’écosystème néonazi de la période 2012 à 2018, marqué par la présidence de Donald Trump et l’essor du mouvement alt-right, ne fait absolument aucun doute, pas plus que sa prolifique contribution en tant que propagandiste et idéologue, puisqu’il a lui-même avoué avoir publié des centaines d’articles dont il est évident qu’ils incitaient à la haine et au harcèlement des personnes juives, musulmanes, racisées, homosexuelles, féministes, progressistes, etc. Pourtant, ce propagandiste clé de la haine raciale risque aujourd’hui de sortir parfaitement indemne de son procès parce que la police et la Couronne n’ont pas cru utile de se servir des abondantes preuves accumulées contre lui par les antifascistes. Dans le meilleur des cas, il écopera d’une peine symbolique et sera libre de retourner à ses activités toxiques.

Dans un tract distribué lors du rassemblement, le collectif Montréal Antifasciste explique : « En tant qu’antifascistes et qu’antiracistes, nous croyons que la responsabilité de combattre les discours haineux portés par les suprémacistes blancs ne doit pas être abandonnée à la police ou aux tribunaux, car elle revient à la communauté tout entière, en solidarité avec celles et ceux que ces groupes et individus cherchent à victimiser. Il nous incombe à tous et à toutes de débusquer et d’identifier les nazis et autres fachos dans nos communautés, de les désigner à la vindicte, de les isoler et de les neutraliser par tous les moyens nécessaires. Il nous appartient de faire passer à quiconque l’envie de les suivre ou de les imiter. (…) Quel que soit le verdict rendu contre Sohier Chaput, la punition qu’il recevra ne sera absolument pas proportionnée au tort qu’il a causé. En dernière analyse, au-delà des portes du Palais de justice, nos communautés ont la responsabilité de garantir leur propre sécurité : nous devons nous organiser nous-mêmes contre le mal que causent les racistes/sexistes/homophobes/transphobes comme Sohier Chaput. Ne laissons aux nazis, suprémacistes blancs et autres fascistes aucun espace pour se développer. Continuons à combattre l’extrême droite et la menace fasciste, au quotidien, dans nos lieux de travail, dans nos quartiers, dans nos espaces culturels, partout, et tant qu’il le faudra! »

Nous ne vous avons pas oublié RBC

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Juil 012022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Nous ne sommes pas en vacances! Toujours prêts pour une petite visite chez RBC.

Mais pourquoi tu cours ?

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Juil 012022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le premier mai anticapitaliste 2022 a montré de façon criante les limites de nos manifestations offensives. C’est une bonne chose que des camarades aient pu frapper certaines cibles symboliques mais c’est un vrai problème que ces attaques sifflent la fin de la manifestation au lieu d’en relancer l’élan. Il faut donc se poser la question de nos moyens, de nos choix tactiques et de nos capacités collectives.

Soulignons d’abord que ce n’est pas la casse qui provoque la dissolution de la manifestation. Certaines personnes quitteront toujours un évènement devenant plus offensif mais ce n’est pas tellement le cas ici ou très marginalement. On peut considérer que l’essentiel des camarades présents savent ou iels mettent les pieds et donc à quoi s’attendre. De même, la présence policière massive, collant parfois de très près le cortège, n’empêche pas la tenue de l’évènement (cf. la dernière manif du COBP). Le moment fatidique arrive avec l’usage des lacrymos.

Pour une raison difficile à comprendre, la fumée qui pique semble instiller une terreur sans nom au milieu montréalais. Le gaz est certes très incommodant et peut devenir un vrai problème pour certaines personnes qui y sont plus sensibles mais ce n’est vraisemblablement pas le cas de tout le monde et leur utilisation dans d’autres pays ne provoque les mêmes réactions. Le gaz y est d’ailleurs souvent plus concentré et utilisé plus généreusement. Le problème vient donc vraisemblablement d’un manque d’entraînement et de solidarité collective. Je pense qu’on peut identifier plusieurs facteurs imbriqués ; la peur du gaz et de ses effets, la peur de l’arrestation, la panique collective/mouvement de foule et la culture locale.

Je cours parce que tu cours…

La peur du gaz et de ses effets semble de prime abord tout à fait rationnelle. Il est normal de chercher à s’extraire d’une situation douloureuse ou inconfortable. Cependant cette peur de la douleur ou de l’inconfort est largement disproportionnée. Le problème de ce phénomène c’est qu’il agit comme une prophétie auto-réalisatrice. Chacun.e. sait que les effets des gaz ont tendance à s’aggraver avec la peur ou le stress, notamment pour les personnes qui n’y sont pas habituées. Le fait de chercher à s’extraire à tout prix du gaz renforce paradoxalement ses effets en contribuant à des phénomènes de panique collectives. Par ailleurs en cherchant à sortir par tous les moyens de la zone on en vient à faire de mauvais choix tactiques individuellement ou collectivement. Certain.e.s choisissent de quitter la manifestation en petits groupes, en s’illusionnant sur le fait qu’iels pourront la retrouver un peu plus loin. Dans les faits le comportement se propage et les appels lancés aux hasard à se rassembler ailleurs ne servent qu’à camoufler la débandade. Il me semble nécessaire de changer radicalement cet état de fait.

Tout d’abord c’est une bonne chose d’attirer l’attention de la manifestation sur ce que font les policiers, mais crier qu’« ils gazent » semble avoir l’effet inverse de ce qui est souhaité. Avant même de voir les palets rebondir sur le sol un vent de panique parcours le groupe et les moins aguerris commencent déjà à courir. Il faudrait trouver une solution pour ne pas renforcer indirectement l’efficacité des attaques policières. Peut-être serait-il bon de ponctuer ces appels d’encouragement à ne pas paniquer, à rester grouper et à ne pas courir.

Lorsque les capsules sont au sol, plutôt que de chercher à s’en éloigner, il devrait être une pratique commune de les éloigner de la manifestation, voir de les retourner à l’envoyeur (les flics à vélo n’avaient pas de masques au 1er mai et semblent avoir été pas mal incommodés par les gaz). Actuellement si certaines personnes ont bien tenté de les éloigner, la plupart des tentatives observées revenaient souvent à éloigner les capsules à coups de pieds vers d’autres endroits de la manifestation, même si ce n’était pas l’objectif. L’intention de ces camarades est bonne mais leur initiative est rendue très compliquée par le fait que la manifestation commence déjà à se disloquer, que l’endroit à protéger devient flou et qu’iels risquent de se retrouver isolé.e.s.

Une fois que le gaz commence à se répandre, invitons les plus paniqués d’entre nous à prendre une seconde pour analyser la situation. Est-ce que le gaz est vraiment si incommodant que ça ? Est-ce que les policiers se rapprochent vraiment trop près ? Ont-ils l’air de cibler des personnes ou de se préparer à faire des arrestations ? Ont-ils l’air de chercher à mettre en place une nasse ? Si aucune de ces conditions n’est remplie, se mettre à courir ne peut qu’aggraver la situation. Alors on s’accroche à son binôme, on reste groupé, on suit la bannière de tête et on essaye de rester calme pour ne pas aggraver les effets du gaz. La fuite par petits groupes est une solution individualiste à un problème de sécurité collective.

Il est bien sûr parfois nécessaire de courir, mais là encore, pas besoin de se lancer dans un sprint paniqué si les flics ne nous collent pas aux basques. Dans la plupart des cas, il suffit de trottiner quelques dizaines de mètres pour sortir d’un nuage trop dense ou pour se mettre hors de portée de l’anti-émeute. Ne pas courir trop vite contribue aussi à conserver la cohérence de la manifestation, à ne pas isoler les camarades moins rapides et à éviter le ciblage des gens isolés.

Mais… moi je cours parce que TU cours…

Les risques d’arrestation ont été évoqués plus haut mais il semble important d’y revenir plus précisément. Cette peur est bien plus légitime que la simple crainte du gaz. Se faire attraper peut avoir des conséquences graves pour la vie des camarades, spécialement si iels ont mené des actions offensives ou judiciairement condamnables. Ici encore il semble que la solution choisie par toutes et tous est de chercher à s’en sortir tout seul, ou avec son petit groupe.

Il faut rappeler que les flics cherchent actuellement à cibler certaines personnes mais plus rarement le groupe dans son ensemble. Or, en se mettant à courir de façon déraisonné on facilite leur travail; des personnes et des petits groupes se retrouvent isolés, se changent comme iels le peuvent, sans aucune protection, avec le risque omniprésent de se faire arrêter pour les moins rapide ou les moins discrets. Ceci offre des opportunités pour les policiers, que la personne ait fait quelque chose ou non. La plupart du temps les charges de l’anti-émeute ne servent justement qu’à nous faire courir ou reculer. Étant donné leur équipement il ne tenteront pas de nous suivre longtemps; leur tactique consiste essentiellement à nous faire peur en criant « Bouh! ».

La solution est cependant plus complexe pour résoudre cette question de la peur de la police et de l’absence de confiance entre camarades. Il s’agit d’apprendre à travailler ensemble pour développer cette solidarité qui manque cruellement. Il est aussi nécessaire de se former collectivement à agir en groupe pour qu’une masse critique de personnes se connaissant et ayant l’habitude, empêche nos manifestations de devenir une course au « chacun pour soi ».

On devrait arrêter de courir alors ?

Il faut donc ici parler de la question de la panique collective et des mouvements de foules. On a vu que ces manifestations étaient l’occasion de comportements irrationnels (peur du gaz, des arrestations etc.) qui provoquent par la suite une forme de panique collective. Selon moi il s’agit ici du danger principal dans nos manifestations, avant la police et ses armes. Nous ne devrions pas être surpris par la brutalité policière, par les arrestations et les procès. Tou.t.e.s les militant.e.s révolutionnaires connaissent ces risques ou les ont vécus. Néanmoins la plupart d’entre nous avons commencé à nous impliquer avec l’idée que la force collective était le moyen de faire changer les choses. Or ces moments de délitements individualistes viennent frapper de plein fouet le beau mythe de la solidarité dans nos mouvements; quand ça pète c’est chacun pour soi et on verra après. Pour de nouvelles personnes ce constat peut les dégoûter définitivement de s’organiser avec nous. Ce problème devrait en soi nous encourager à trouver des solutions mais il n’est malheureusement pas le seul.

Un mouvement de foule provoqué par la panique peut être particulièrement dangereux et difficile à arrêter. La taille de la manifestation fait que le danger reste limité dans notre cas et ne devrait pas provoquer de morts. Néanmoins il n’est pas difficile d’imaginer que de graves blessures soient occasionnés par ces mouvements de personnes cherchant à fuir les gaz et/ou la police; bousculade faisant chuter les gens, piétinement des personnes tombées au sol, sans compter les danger inhérents à la circulation.

Il est très difficile d’arrêter ces mouvements de panique une fois que le phénomène se répand dans le groupe. Chacun en a fait l’expérience, ça commence par quelques personnes qui courent ou crient et bientôt la panique se répand comme une vague à travers le groupe au point que même les personnes ayant la tête froide sont obligées de courir ou de se retrouver isolées (participant par là-même à la reproduction du phénomène). Il est essentiel de chercher à stopper cette panique dans l’œuf. Il faut rattraper ou rappeler au calme nos camarades qui paniquent et les faire revenir à la raison. Il faut s’abstenir de courir le plus longtemps possible et appeler régulièrement le monde à rester calme, groupé et solidaire.

…Moi j’ai pas confiance…

Il faut ici pointer le problème sous-jacent à tout ce qui a déjà été soulevé; le manque d’une culture de résistance collective qui encourage des comportements solidaires. Il est tout de même incroyable que, dans une ville qui compte autant de militant.e.s révolutionnaires, une meilleure coordination ne soit pas possible. Le manque de pratique y est sans doute pour quelque chose, les manifestations offensives ne sont pas si fréquente au cours de l’année, mais le problème demeure. Le travail mené par certains groupes pour organiser ces moments est démesuré par rapport à la durée et à l’impact de l’évènement. Il est de la responsabilités de tou.t.e.s de faire le meilleur usage de ces dates que nous imposons au calendrier de nos ennemis; 20 minutes de casse dans le centre-ville ne devraient suffire à nous satisfaire, pas plus que la facilité déconcertante pour la police de faire cesser le problème. Loin d’en sortir galvanisé je suis plutôt assailli par le sentiment d’une grande faiblesse collective. Les camarades excuseront cette conclusion qui tranche avec l’habitude d’auto-congratulation post-manif, mais ce texte ne cherche pas à jouer le rôle d’un communiqué de presse. Il y a des problèmes et il serait important de s’attaquer au problème collectivement.

Calgary : sabotage d’un fournisseur du gazoduc Coastal GasLink

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Juin 272022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info, traduction de Sans nom

Nous sommes des anarchistes engagés dans les luttes anticolonialistes et anti-extractivistes à travers l’île de la Tortue. Nous avons suivi la lutte des défenseurs des terres Wet’suwet’en contre le gazoduc Coastal Gaslink et la répression subséquente de la GRC [gendarmerie du Canada] sur leur territoire. Nous voulons faire savoir aux entrepreneurs et aux bienfaiteurs de ce projet que nous les tenons pour complices de la violence colonisatrice de ce projet de pipeline. Ils ne sont pas à l’abri de nous, que ce soit sur le territoire ou en dehors.

Au cours du mois dernier, nous avons visité le dépôt de la société Bothar à Calgary. Après quelques recherches, nous avons découvert que Bothar est l’entreprise chargée d’exécuter le processus de microtunnelage (alias forage) sous la rivière Wedzin Kwa, la dernière des neuf traversées de rivières majeures à réaliser dans le cadre du gazoduc Coastal GasLink.

D’après notre reconnaissance, nous savions que cette entreprise possédait dans sa cour de Calgary au moins 3 têtes de forage, 2 mélangeurs de boue (pour le processus de bentonite), 2 ensembles de propulseurs de tuyaux et 2 stations de contrôle pour diriger le forage pendant le microtunnelage.

Avec un peu de pratique et quelques recherches sur Internet, nous avons facilement appris à utiliser un chalumeau oxy-acétylène portable. Nous avons pénétré par effraction dans le terrain où est stocké leur équipement. Malgré des patrouilles de police plus nombreuses et un terrain voisin très fréquenté, nous avons pu saboter plusieurs pièces d’équipement, notamment les pousse-tubes utilisés pour placer les canalisations sous le lit des rivières. L’opération a duré moins d’une heure, et nous avons laissé des dégâts importants dans notre sillage. Maintenant, ils savent que nous pouvons les atteindre partout et à tout moment.

Une grande partie des équipements clés de Bothar est fournie par les sociétés allemandes Herrenkencht + Bauer. Si vous vous trouvez en Allemagne, n’hésitez pas à leur rendre visite. Ils sont complices de la violation de la souveraineté indigène et de la destruction des territoires héréditaires des peuples Wet’suwet’en.

La tactique utilisée ici est l’une des nombreuses tactiques utilisées contre Coastal GasLink (CGL).
Nous avons choisi de cibler directement Bothar pour plusieurs raisons. Tout d’abord, parce qu’attaquer l’équipement des entreprises impliquées dans ces projets les empêche de mener à bien leur travail.

De plus, attaquer des entreprises loin du site de forage répartit les coûts financiers et défensifs. Le coût des équipements endommagés et des retards qui en résultent décourage financièrement la participation au projet CGL, qui dépasse déjà largement le budget. La perte d’équipement et les retards peuvent contribuer à faire pencher la balance en notre faveur. Si tout ce qu’ils défendent, ce sont leurs investissements sur une seule plateforme de forage, ils peuvent s’appuyer sur les essaims de porcs et de gorilles de sécurité qui s’abattent actuellement sur les Wet’suwet’en Yintah. Mais défendre leurs investissements sur toute l’île de la Tortue ? Bonne chance à eux.

Enfin, frapper les entreprises à leur base démontre que ce combat n’est pas localisé au territoire Wet’suwet’en. Plus il y a d’entreprises visées, plus notre message est clair. Les Wet’suwet’en ont appelé à des actions de solidarité et ceci est une réponse.

Que ceci soit un avertissement à toute entreprise qui cherche à causer davantage de dommages à la planète dans le but de faire du profit, et à tous ceux qui violeraient la souveraineté indigène pour favoriser les intérêts capitalistes. Peu importe la surveillance, la sécurité et les patrouilles de police avec lesquelles ils essaient de se protéger, nous trouverons toujours des failles dans leurs systèmes. Nous pouvons les atteindre. Nous entrerons dans leurs cours, nous détruirons leurs équipements, nous pourrons utiliser leurs « avancées » contre eux. Si vous et vos compagnons vous sentez inspirés pour cibler les joueurs industriels sur ce plateau de jeu impérialiste foireux, c’est le moment d’y aller.

Quelques anarchistes

P.S. Vous voulez vous lancer mais ne savez pas comment faire ? Consultez ces guides pour trouver des idées

xxx://warriorup.noblogs.org/post/2017/12/03/a-recipe-for-nocturnal-direct-actions/
xxx://mtlcontreinfo.org/wp-content/uploads/2017/01/recon_skills-read.pdf
xxx://itsgoingdown.org/confidence-courage-robust-security/

Solidarité avec Giannis Mihailidis, en grève de la faim depuis le 23 mai!

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Juin 042022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Lundi le 23 mai, l’anarchiste Giannis Mihailidis détenu à la prison de Malandrinos en Grèce, entame une grève de la faim pour obtenir sa libération conditionnelle. Dans une lettre qui annonce sa grève de la faim, il souligne, entre autres, que cette lutte pour sa liberté s’inscrit dans la lutte élargie contre l’État et le Capital, de laquelle son long emprisonnement l’a coupé.

Afin de soutenir cette initiative dans les rues, de nombreuses actions variées sont organisées sur tout le territoire grec. Pour que cet énième épisode de la lutte de notre camarade ne soit pas tenue sous silence, un appel à la solidarité internationale est lancé. Bien que nous sommes convaincus que la meilleure solidarité sera toujours de poursuivre et d’approfondir nos combats, nous pensons qu’il est utile d’observer de plus près l’histoire de la lutte de Giannis, l’hostilité avec laquelle il voit l’existant et les idées de liberté qu’il a toujours porté en lui des deux côtés des murs de la prison. Nous nous reconnaissons dans les réflexions de son parcours turbulent de révolte. C’est l’occasion d’accompagner notre camarade de manière plus franche pour un fragment de son combat, en utilisant les moyens que chacun choisit pour soi-même.

Vous trouverez ci-dessous un bref résumé de l’histoire de Giannis avec les autorités, ainsi qu’un lien vers sa lettre initiale annonçant sa grève de la faim, traduite vers l’anglais, l’allemand, l’italien, le français et l’espagnol. Nous encourageons la diffusion de cet appel à la solidarité auprès d’autres camarades et espaces.

En février 2011, Giannis Mihailidis est arrêté lors d’une grande manifestation à Athènes et accusé de tentative de meurtre pour avoir attaqué les flics anti-émeute avec une arc et une flèche. Il est ensuite libéré avec des conditions. Un mois plus tard, suite à l’arrestation de 5 membres du CCF dans une maison à Volos, un mandat d’arrêt est signé pour Giannis pour appartenance au CCF, basé sur la découverte de ses empreintes digitales dans la maison en question. Suite à l’issu de ce mandat, il décide de prendre la fuite.

En avril 2011, lors d’une fusillade entre Theofilos Mavropoulos et des flics dans le quartier de Pevki à Athènes, Giannis est soupçonné être la deuxième personne au côté de Mavropoulos, qui a fuit la scène en volant la voiture des flics. Il est accusé de tentative de meurtre pour avoir blessé un flic qui tentait d’empêcher sa fuite, pour laquelle il est condamné des années plus tard quand il est de nouveau en prison.

Environs deux ans plus tard, en février 2013, dans la ville de Veria, il est arrêté et envoyé en prison avec trois autres anarchistes, suite à un double braquage d’une banque et d’un bureau de poste à Velventos, dans le nord de la Grèce.

En juin 2019, après six ans de prison, il s’enfuit de la prison rurale de Tyrintha, dans la région du Péloponnèse. Sept mois plus tard, il est arrêté de nouveau dans une banlieue d’Athènes, armé et dans une voiture volée, en compagnie de deux autres camarades. Accusé une nouvelle fois d’un vol de banque qui date d’août 2019 à Erymanthia, il est envoyé encore une fois en prison.

Le 29 décembre 2021, il atteint les trois cinquièmes de sa peine totale combinée et pourrait demander la libération conditionnelle. Le 23 mai, suite à une première réponse négative et à la demande d’une deuxième réponse négative de la part du procureur, il commence une grève de la faim dans le but d’obtenir sa libération.

La lettre de Giannis annonçant la grève de la faim en anglais, allemand, italien, français, et espagnol

11 juin 2022 : Journée internationale de solidarité avec Marius Mason et tou.te.s les prisonnièr.e.s anarchistes de longues peines

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Juin 012022
 

Ci-dessous, nous publions la traduction en français d’une déclaration publiée initialement sur june11.noblogs.org. Les notes de traduction, précédées par « NdT », sont de l’Anarchist Bure Cross.

Alors que le temps passe et que les saisons changent, nous approchons une fois de plus de la Journée internationale de solidarité avec Marius Mason et tou.te.s les prisonnièr.e.s anarchistes de longues peines. Une autre année s’est écoulée, et beaucoup de nos chèr.e.s camarades restent captives de l’État, soumis.es à son emprise quotidienne, à l’isolement et à la brutalité. Le 11 juin est le moment d’arrêter la course effrénée de nos vies et de nous souvenir.

Nous souvenir de nos camarades emprisonné.e.s. Nous souvenir de nos propres histoires de révolte. Nous souvenir de la flamme – parfois vacillante, parfois ardente – de l’anarchisme.

NOUS SOMMES TOUTES DES PRISONNIÈR.E.S POTENTIEL.LE.S

Avec le 11 juin, nous souhaitons approfondir une critique de la prison qui remet en question la distinction entre prisonnier et soutien. Pour nous, ces différences sont conditionnelles : en tant qu’anarchistes, nous nous considérons comme des prisonnièr.e.s potentiel.le.s. Certain.e.s d’entre nous l’ont été, certain.e.s d’entre nous le seront. C’est la base de notre solidarité – nous nous reconnaissons dans le sort de celleux qui sont en prison.

Le continuum entre prisonnier et soutien est clair si l’on se réfère aux exemples de camarades emprisonné.e.s ou anciennement emprisonné.e.s : l’activité de Marius Mason au sein de l’Anarchist Black Cross, la libération d’un prisonnier anarchiste par Bill Dunne, la tentative de Pola Roupa de faire s’évader des prisonniers anarchistes par hélicoptère, les actions de Claudio Lavazza pour libérer des prisonniers. Les liens s’approfondissent quand on sait que de nombreu.se.x prisonnièr.e.s anarchistes sont enfermé.e.s pour avoir attaqué les institutions carcérales, judiciaires et policières ; et que d’autres liens existent avec les soulèvements de prisonnièr.e.s, de la Californie et de l’Alabama à la Grèce et à l’Italie.

LA SOLIDARITÉ SIGNIFIE…

Nous avons toujours dit que « la solidarité c’est l’attaque », mais nous devons reconnaître que les slogans ne permettent pas d’avancer dans nos luttes. Si l’ « attaque » se limite à un ensemble restrictif d’activités, nous nous coupons d’une vision plus large de la lutte anarchiste. Si nous allons au-delà de la simple répétition d’actions fétichisées, quelles possibilités s’ouvrent à nous ? La solidarité c’est l’attaque, oui, mais qu’est-ce que c’est d’autre ?

Dans cette optique, nous aimerions faire une suggestion : au lieu de faire ce que vous faites d’habitude pour le 11 juin, essayez quelque chose de nouveau. Si vous avez l’habitude d’offrir une aide matérielle aux prisonnièr.e.s, lancez-vous dans une action contre un tentacule du système carcéral dans votre ville. Si vous avez l’habitude de sortir dans la nuit pour attaquer, essayez de faire quelque chose pour soutenir directement un.e prisonnièr.e anarchiste. Le but n’est pas de renforcer la fausse dichotomie entre l’action directe et le travail de soin, mais de remettre en question nos rôles figés. En essayant de nouvelles choses, nous remarquerons peut-être que les murs qui séparent le soutien dévoué.e de la saboteureuse dévoué.e ont toujours été illusoires, que notre imagination est plus vaste que nous le pensions, et que nous sommes individuellement et collectivement capables de plus que ce que nous croyons.

Au cœur de notre vision de la solidarité se trouve le maintien des liens qui nous relient à nos compagnon.ne.s derrière les barreaux. Nous devons maintenir en vie les projets, les combats et les mouvements auxquels iels ont sacrifié tant d’elleux-mêmes. Nos liens avec les prisonnièr.e.s anarchistes partent d’un point commun : nous partageons le désir de transformer directement le monde dans une direction libératoire et égalitaire. Ainsi, notre solidarité devrait prendre racine dans l’intégration des prisonnièr.e.s dans nos projets et dans notre investissement dans les leurs. Nous voulons que les anarchistes libéré.e.s sortent dans un monde de débats, de collaborations et d’actions vibrantes ; et nous voulons favoriser cela autant que possible derrière les murs de la prison également. Cela peut être aussi simple que d’envoyer des nouvelles des luttes locales à un.e prisonnièr.e ou d’imprimer des déclarations de prisonnièr.e.s à partager lors d’événements. Comme pour tout aspect de la solidarité, nous ne sommes limité.e.s que par notre imagination et notre engagement.

Si nous devons soutenir les luttes en prison lorsqu’elles ont lieu, nous devons veiller à ne pas faire peser sur les seul.e.s prisonnièr.e.s la charge de la lutte contre le système carcéral. Celleux qui sont en prison – dans des conditions de contrôle, de surveillance et de restriction extrêmes – sont à bien des égards les moins à même de mener activement des batailles gagnables contre les institutions carcérales. Celleux d’entre nous qui vivent dans une liberté relative ont la possibilité de réfléchir stratégiquement aux actions et aux points de lutte qui auraient l’impact le plus positif sur la vie des personnes en prison et qui contribueraient le plus à démanteler le système carcéral. Comme la prison est inexorablement liée à de nombreuses entreprises et institutions d’État, les ennemis sont partout : où pouvons-nous gagner ?

Soutenir les prisonnièr.e.s est également un moyen de faire converger différentes luttes, comme nous l’ont appris les dernières décennies. De la Black Liberation Army à l’Earth Liberation Front, en passant par les résistant.e.s aux grand juries [NdT: le grand jury est une institution judiciaire États-Unienne qui peut notamment forcer des personnes à témoigner, sous peine d’emprisonnement en cas de refus], les inculpé.e.s des révoltes anti-police et les défenseur.euse.s de la terre et de l’eau [NdT: en anglais water and land protectors, activistes issu.e.s de communautés autochtones d’Amérique du Nord], toutes les luttes de libération mèneront nécessairement à la répression et à l’emprisonnement par l’État. En construisant une infrastructure et une culture de soutien, en faisant de la prison un isolement et un éloignement moins complets, nous renforçons tous les aspects de la contestation de cette société. Et aussi nous nous retrouvons, nous apprenons les un.e.s des autres, nous nous enrichissons mutuellement.

MISES À JOUR SUR LES PRISONNIÈR.E.S

Marius Mason a obtenu son transfert, longtemps réclamé, dans une prison pour hommes, devenant ainsi sans doute le premier homme trans à obtenir un tel transfert dans le système pénitentiaire fédéral.

Les administrateurs des prisons italiennes ont commencé à censurer les correspondances d’Alfredo Cospito en octobre. Les autorités l’ont accusé d’incitation à commettre des crimes, citant ses écrits dans le journal anarchiste Vetriolo. Cette répression s’inscrit dans le cadre de l’opération Sibilla, au cours de laquelle la police italienne a effectué des descentes dans de nombreux espaces anarchistes et fermé des sites Internet en lien avec Vetriolo pour empêcher la publication et la diffusion de ses idées subversives.

Claudio Lavazza a reçu un rallongement de cinq ans à sa peine de vingt-cinq ans. Ses avocats tentent d’obtenir une libération conditionnelle anticipée.

Eric King est passé devant un tribunal fédéral pour des accusations liées à une situation dans laquelle il a été attaqué et torturé par le personnel de la prison en 2018. Le jury l’a déclaré non coupable et son équipe juridique dépose maintenant une plainte contre l’administration pénitentiaire. À l’heure où nous écrivons ces lignes, Eric est en cours de transfert et reste la cible d’un système pénitentiaire rancunier.

Michael Kimble a été agressé par un agent pénitentiaire en juin, puis placé à l’isolement avant d’être transféré. La libération conditionnelle lui a de nouveau été refusée, les raisons invoquées étant des avertissements disciplinaires pour refus de travailler et une altercation avec un agent pénitentiaire.

Sean Swain s’est également vu refuser la libération conditionnelle, ce qui, selon lui, constitue des représailles de la part du personnel pénitentiaire en raison des commentaires qu’il a faits et des poursuites civiles qu’il a engagées contre eux. Il a depuis été transféré de Virginie à l’Ohio State Penitentiary à Youngstown, dans l’Ohio. Ses soutiens pensent qu’il sera bientôt à nouveau transféré.

De plus en plus d’inculpé.e.s des révoltes de 2020 [NdT: aux États-Unis] sont condamné.e.s, certain.e.s ont été libéré.e.s et d’autres vont purger leur peine. Certain.e.s sont toujours en attente de jugement et risquent de longues peines. Les effets de cette répression se feront encore sentir pendant de nombreuses années. Puisse la qualité de notre soutien à ces inculpé.e.s nous rendre plus fort.e.s que nous ne l’étions auparavant.

Au Chili, l’anarchiste Joaquín García a été transféré avec plusieurs prisonniers subversifs à la prison de haute sécurité de Rancagua en juin dernier. En octobre, il a été attaqué avec 20 autres prisonniers par une cinquantaine de gardiens, après quoi il a été placé en isolement pendant 24 heures. Cette agression faisait suite à leur déclaration de solidarité avec Pablo « Oso » Bahamondes Ortiz, qui était accusé de transport d’armes et d’explosifs et a été condamné à 15 ans de prison. Francisco Solar, un autre anarchiste enfermé à Rancagua, a été hospitalisé l’automne dernier en raison de la progression d’un diabète non diagnostiqué. Accusé de multiples attentats à la bombe avec Mónica Cabellero, après que son ADN ait été subrepticement prélevé lors d’une arrestation pour graffitis, il est en détention préventive depuis juillet 2020. En décembre 2021, il a reconnu sa responsabilité dans des explosions visant des bâtiments de l’institution policière, en solidarité avec les révoltes qui ont commencé en 2019 et les personnes blessées et assassinées par la police, car « personne ni rien n’est oublié ». Quelques jours plus tard, Mónica s’est battue avec un autre prisonnier, ce que sa famille a qualifié de provocation montée par la prison. Au moment où nous écrivons ces lignes, aucune information n’est encore disponible sur la condamnation ou la date de libération de ces deux anarchistes.

Sergey Romanov, Igor Olinevich, Dzmitry Rezanovich et Dzmitry Dubovski ont été condamnés au début de l’année à 18-20 ans chacun pour des actions directes contre des cibles du gouvernement biélorusse après une incarcération préventive depuis 2019. Après la condamnation, il a été révélé qu’ils ont été torturés par des gardes, ce qui a entraîné des aveux. L’anarchisme étant criminalisé sous la dictature en cours, au moins deux autres groupes risquent plusieurs années chacun pour leur dissidence.

Les autorités russes ont condamné l’anarchiste Nikita Uvarov, un adolescent, à cinq ans de prison pour avoir conspiré en vue de faire sauter une représentation virtuelle d’un bâtiment du Service fédéral de sécurité de la fédération de Russie dans Minecraft (oui, le jeu vidéo) et avoir fabriqué de petits feux d’artifice. Deux de ses camarades ont reçu des peines avec sursis pour leurs crimes présumés à l’âge de 14 ans. L’ABC de Moscou a signalé que la répression a augmenté (bien qu’il n’y ait pas de nouvelles procédures contre les anarchistes et les antifascistes là-bas) et iels ont commencé à réorienter des ressources vers des efforts humanitaires alors que la Russie poursuit son invasion meurtrière de l’Ukraine.

L’Anarchist Black Cross de Dresde s’est également réorientée vers le soutien aux personnes qui se battent en Ukraine ou qui fuient ce pays. Cette réorientation de leur soutien signifie qu’iels aident à financer des forces de solidarité comme « The Black Headquarter » qui a rassemblé des volontaires pour s’opposer aux forces russes et aussi pour tenter de créer un espace autonome en opposition à l’État ukrainien. Sous la bannière du drapeau noir, les anarchistes et les anti-autoritaires d’Europe de l’Est s’unissent contre les concepts de guerre et de paix des États-Nations. Il convient de noter que des sections de l’Anarchist Black Cross ont été créées en Ukraine en 1918 en tant qu’auxiliaires de la Black Army [NdT: aussi appelée Makhnovchtchina] qui combattait autant les forces soviétiques que tsaristes envahissant depuis la Russie.

En Angleterre, Toby Shone a été condamné à près de quatre ans d’emprisonnement pour détention de stupéfiants (lors de perquisitions coordonnées contre des espaces anarchistes collectifs) après que les accusations de terrorisme qui pesaient contre lui n’aient pas été retenues – il était accusé d’assurer la gestion du site de contre-information 325. Bien que le gouvernement n’ait pas réussi à lui reprocher ni l’appartenance au collectif 325, à la Fédération Anarchiste Informelle/Front Révolutionnaire International, à l’Earth et à l’Animal Liberation Front, ni la participation à des incendies criminels ou à des écrits en lien avec ces organisations, il doit quand même encore se battre contre un Serious Organised Crime Prevention Order qui le soumettrait à une assignation à résidence de cinq ans sous haute surveillance, illustrant l’évolution des pratiques d’incarcération par un appareil d’État de plus en plus numérisé.

EN AVANT

L’expansion de la détention et de la surveillance à domicile n’est pas nouvelle, mais elle continue de croître, à mesure que la société carcérale envahit davantage le quotidien grâce aux avancées technologiques. La guerre, elle aussi, devient de plus en plus numérique, des frappes de drones au piratage informatique, tandis que les meurtres approuvés par les gouvernements se poursuivent. Nous manquons peut-être de détails sur les anarchistes frappé.e.s ou emprisonné.e.s dans leur quête de liberté dans les luttes en cours au Soudan, en Afghanistan et en Syrie, mais iels font vibrer nos pensées et nos actions. Tandis que l’État persiste dans sa perfidie punitive, tuant et emprisonnant, nous trouvons un terrain d’entente avec celleux qui luttent dans un effort pour accroître notre pouvoir et déstabiliser ceux qui cherchent à nous contrôler – portant les mort.e.s et les emprisonné.e.s avec nous dans nos relations avec elleux et à travers un conflit permanent avec l’existant.

Pour des idées d’activités potentielles, consultez notre blog qui contient des années d’archives de communiqués. Celleux qui cherchent des documents à imprimer et à partager les trouveront sur la page Ressources. Et, le plus important : une liste de prisonnièr.e.s anarchistes à qui écrire.

Nous attendons avec impatience les événements, actions, déclarations et autres contributions au 11 juin de cette année.

Pour l’anarchie

Bon lundi matin RBC !

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Mai 312022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Un petit rappel à RBC que nous ne les avons pas oublié ce lundi matin. Bon début de semaine!

Jeudi pour la justice et la vérité

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Mai 202022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

La RBC est une sale banque qui finance la crise climatique et l’injustice globale.

Nous avons rendu visite à cette branche de RBC de Westmount comme petit rappel, et en solidarité.

Une semaine mouvementée : trois actions contre RAY-MONT

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Mai 152022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Salut Charles,

Je me demande comment tu te sens après cette semaine haute en émotions. Je suis allé prendre une marche au terrain vague et je me suis aperçu que quelqu’un avait scié le poteau avec la caméra! Ça a dû pas mal affecter ton moral de voir ça. Tu avais mis tant d’efforts à installer cette caméra dans l’espoir vain de surveiller ceux qui habitent et défendent le lieu que tu veux détruire.

Et puis, la facade de ton bâtiment sur Wellington qui a été barbouillée et tagguée avec l’inscription “Ray-Mont, tu détruis nos vies”… Quel dommage !

Sans parler de la maison de ton bras droit, le vice-président de Ray-Mont Logistics, Luke Mireault, qui a été ciblée par des vandales ! D’ailleurs, une petite pensée pour toi, Luke, ça doit être assez inquiétant de savoir que les gens qui luttent contre votre compagnie connaissent maintenant ton adresse à St-Bruno.

Charles, tu sais déjà depuis longtemps que les personnes qui défendent le terrain vague sont nombreuses et déterminées. Tu dois commencer à comprendre que ces dernières n’arrêteront jamais de te mettre des bâtons dans les roues et que leurs actions ne feront que gagner en intensité. Ça doit être stressant de s’apercevoir que la police ne peut pas te protéger.

J’espère vraiment qu’ils vont te laisser tranquille désormais, mais si j’étais toi, je ne compterais pas trop là-dessus. Si je peux te donner un conseil d’ami, tu devrais vraiment abandonner ce projet voué à l’échec, alors qu’il en est encore temps.

À bientôt,
Bises

Un ami qui te veut du bien

Vendredi malchanceux pour RBC

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Mai 142022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

À “Montréal” ce vendredi 13 mai. Nous avons décoré la succursale de la RBC du centre-ville, en solidarité avec les défenseur.e.s de la terre des Wet’suwet’en. Nous avons utilisé de la peinture rouge, comme le sang qui tache les mains de cette banque.

Visite nocturne chez un haut dirigeant de la RBC

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Mai 052022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Tard dans la nuit, le 4 mai, des revenchards sont passé chez Michael Fortier, avenue Chester. M. Fortier était membre du cabinet fédéral sous le premier ministre Stephen Harper. Aujourd’hui, il est le vice-président du conseil des marchés des capitaux chez la Banque Royale du Canada. Retiré dans sa luxueuse demeure de Mont-Royal (un quartier huppé de Montréal séparé des pauvres et des exploités par un long mur), il n’y a aucun doute que M. Fortier se sente bien à l’aise avec la décision de son patron de poursuivre le financement du gazoduc Coastal GasLink (ou de tout autre projet dégueulasse financé par RBC).

Pendant que fondent les glaciers, que la sécheresse, le feu et la famine se propagent, M. Fortier pense peut-être que son argent et ses contacts l’épargneront, lui, ses enfants et ses petits enfants. Mais les enragé.e.s connaitront les noms des grands responsables. Il doit comprendre que personne n’est à l’abri dans ce merdier.

Cette nuit là, les flammes d’un engin incendiaire se propageaient vers le bloc moteur de son Jaguar stationné devant chez lui.

Cet acte est en solidarité avec les défenseur.e.s de la terre Wet’suwet’en et avec tou.te.s les combattant.e.s de l’industrie extractive.

Colonial et écocidaire : le capitalisme c’est la guerre!

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Mai 022022
 

De la Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC)

Le 1er mai 2022, suite à l’appel de la Convergence des lutte anticapitalistes (CLAC), plus d’un demi-millier de personnes ont pris la rue pour la journée des travailleuses et des travailleurs. Le thème mis de l’avant cette année était : “Colonial et écocidaire, le capitalisme c’est la guerre !”. La manifestation a débuté à 17h30 à la Place du Canada, dans le centre-ville, après plusieurs discours de militantes autochtones Anishnabées/Ojibwe et Kanyen’kehà:ka.

Sans surprise, le Service de police de la ville de Montréal (SPVM) a déployé sa pourriture pour venir réprimer, battre et empêcher les militant-e-s d’exprimer leur haine envers un système colonial nous menant tout droit vers le précipice écologique. Le dispositif policier inutilement disproportionné nous a empêchés de terminer notre trajet, générant colère et indignation. Des symboles du capitalisme et du colonialisme ont été légitimement pris pour cibles par des manifestant-e-s, comme Google, le Palais des congrès et plusieurs banques. Ensemble, nous leur avons prouvé que la peur doit changer de camp. Nous on se bat pour l’avenir, pour mettre fin aux systèmes d’exploitation qui plongent toujours les mêmes dans la misère et on se butte à des poivres, des gaz et des coups de matraques. C’est vraiment signe que le système est pourri et qu’il le sait.

Les bureaux de Google

Cette année, les militant-e-s anticapitalistes ont envoyé un message clair : il n’y aura jamais assez de flics, assez de lois crasses ni assez de prisons pour cacher les crimes commis au nom de l’économie capitaliste suprémaciste blanche. Nous continuerons de nous battre et de solidifier notre solidarité avec les communautés autochtones des environs. Comme le disait plus tôt cette année Sleydo, militante wet’suwet’en luttant pour la protection du Yintah contre le forage du pipeline de Coastal GasLink : “There is a huge opportunity here, this relationship & allyship between indigenous warriors and anarchists. Combining those two groups particularly is a really powerful move against the State and a really powerful voice that we can have together”.

Fuck le capitalisme, fuck le Canada, land back osti !!!

Le Palais des congrès

Promenade à Westmount

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Avr 252022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Depuis environ 2 mois, les personnes qui font vivre la lutte contre CGL sur le Yintah et au camp du km 44 en territoire du Clan Gidimt’en subissent l’harcelement et l’intimidation continue de la GRC. Dans les derniers jours les flics ont décidé d’arreter quelqu’un au camp sous le prétexte minable de « mauvaise identification ».

On pense que la solidarité active est toujours nécessaire et encore plus quand la répression frappe nos camarades. Cette solidarité peut entre autre s’exprimer par des attaques faciles a pratiquer, de façon a briser l’isolement et la peur dans lesquels l’état cherche a nous enfermer. Ce n’est pas toujours simple, mais on pense que certains de nos ennemi.e.s sont bien identifiables. Généralement ils et elles ont des grandes maisons et une petite paix qu’ils et elles cherchent à garder à l’abri de la guerre sociale qui les implique.

C’est avec ça en tête et avec notre rage qu’on a décidé de faire une sortie dans les rues de Westmount dans la nuit de mercredi dernier. A l’aide d’un extincteur plein de peinture, on s’est amusé.e à vandaliser la façade de la maison (situé au 734 avenue Upper Lansdowne) da la présidente de RBC Québec, Nadine Renaud-Tinker.

Solidarité avec les Wet’suwet’en et avec toutes celleux qui défendent le Yintah contre CGL.
Solidarité avec les camarades au KM 44!
FUCK la GRC, RBC et CGL!!

Des anarchistes

RBC : Désinvestissez de CGL

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Avr 122022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Lundi le 11 avril
Tiohtià:ke/Montréal

En début d’après-midi, un petit groupe d’anarchistes s’est faufilé à l’intèrieur des bureaux de la RBC a la Place Ville-Marie. Armé.es de tracts, de collants et de cannes de peinture, iels ont laissé un message à la banque: DÉSINVESTISSEZ DE CGL. Depuis l’automne 2021, les Wet’suwet’en mènent campagne pour que RBC cesse de financier la destruction de leur territoire, mais RBC continuer d’ignorer leurs demandes.

Tant et aussi longtemps que RBC financera des projets extractifs, elle nous trouvera sur sa route.

– des anarchistes en criss

Réflexions sur la solidarité anticoloniale actuelle

Menace imminente: Coastal Gaslink (CGL) est décidé à forer sous le Wedzin Kwa ce printemps 2022. Tout du peuple Wet’suwet’en: les personnes, la langue, la culture et la terre ainsi que les animaux vivant sur ce territoire sont confrontés à l’anéantissement de leur mode de vie. Si vous avez entendu l’appel à l’action, cette année à venir sera cruciale pour l’autodétermination et la souveraineté des Wet’Suwet’en.

Les actions de solidarité visibilisent le combat des Gidimt’en et protègent les personnes en première ligne de la repression policière et du harcelement de CGL. (https://twitter.com/Gidimten/status/1450808498833473549) Rien qu’au cours du dernier mois, la GRC a effectué 54 visites au point de contrôle de Gidimt’en, réveillant les aînés à toute heure de la nuit et les menaçant d’arrestation. Ces actes continus d’intimidation et de répression policière font partie d’une stratégie plus large de l’État canadien visant à utiliser les resources légales et les systèmes juridiques pour continuer à nier la souveraineté des Wet’suwet’en, malgré le fait que le système judiciaire canadien a reconnu la souveraineté des Wet’suwet’en dans la décision Delgamuukw c. Colombie-Britannique.

Lutte à long terme: L’engagement est un souffle long constamment menacé d’épuisement. Cette lutte contre la CGL comprend plusieurs dimensions : décoloniale, environnementale, anticapitaliste et féministe. Les nombreux « camps d’hommes » qui envahissent le Yintah intensifient et facilitent la capacité des hommes d’enlever, de violer et d’assassiner des femmes, des filles et des personnes bispirituelles autochtones (voir le rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, p. 593). Tant que CGL et la GRC demeurent sur le territoire, il en va de même pour les niveaux accrus de violence sexiste coloniale.

Nous continuons d’appuyer la position des Gidimt’en au point de controle face à Coastal GasLink et les entreprises extractives parce que la lutte pour l’autodétermination autochtone est une lutte longue et ardue. L’organisation solidaire est plus efficace lorsqu’elle est cohérente et stratégique. Nos efforts continus contribuent à la force et à la visibilité de leur lutte pour l’autodétermination, la souveraineté et la liberté.

Imaginez la force et la capacité du travail de solidarité si les personnes qui s’engagent dans ce type d’organisation avaient des enjeux personnels et collectifs dans le conflit? Par exemple, de nombreux Autochtones se battent à travers l’île de la Tortue pour se libérer de l’État colonisateur et pour être libres de se gouverner eux-mêmes comme ils le jugent selon leurs propres méthodes. Il y a aussi beaucoup de non-Autochtones qui se battent pour être aussi libres que possible de l’institutionnalisation et de la reglémentation de leur corps, de leurs relations et de leurs communautés. Ces expériences et histoires de lutte variées fournissent une base pour des points de connexion profonds.

L’imagination est un atout si elle permet de visiliser ce combat de différentes façons. Adaptez les tactiques et les stratégies d’organisation à vos capacités et à vos ressources. Plus important encore, agissez. Il est temps.

Hamilton : Des filiales de RBC attaquées

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Avr 122022
 

Soumission anonyme à North Shore Counter-Info, traduction de Attaque

Nous avons perdu le compte des filiales de la Royal Bank of Canada qui ont été la cible d’attaques et de perturbations, cette semaine, dans le sud de l’Ontario et du Québec (nous pensons qu’elle sont plus d’une dizaine). Dans les villes auto-nommées Toronto, Hamilton, Montréal… des ami.e.s aussi dans des endroits si petits qu’Orillia [ville de 33000 habitant.e.s, à quelques 130 km au nord de Toronto ; NdAtt.] et si éloignés que Nanaimo [ville de l’île de Vancouver, en Colombie-Britannique, sur la côte pacifique ; NdAtt.]. Ces actions répondent au besoin de prendre pour cible les investisseurs du projet de gazoduc Coastal Gaslink – qui est actuellement en retard grâce à l’attaque directe qui a eu lieu en février et aux campagnes, couronnées de succès, qui ont été menées jusqu’à présent par le clan Gidimt’en pour bloquer le projet – mais qui est toujours en cours de construction à un rythme rapide sur le territoire non cédé de la population Wet’suwet’en.

La RBC est l’un de ses plus importants partenaires financières et, pendant la semaine dernière et les mois précédents, elle a fait l’objet de tactiques de pression allant de l’action directe contre ses filiales, à la pression exercée sur les élites/ses clients pour qu’ils retirent leur argent des comptes de la RBC, à la perturbation de l’assemblée générale annuelle de la RBC, à Toronto. Le message est clair : la Royal Bank of Canada doit se retirer immédiatement des investissements dans le CGL.

A Hamilton, d’où nous écrivons, des filiales de la banque ont été vandalisées, ont eu leurs serrures collées et les distributeurs automatiques de billets endommagés. Nous avons choisi ces méthodes pour interférer directement avec les opérations de la banque, lui faire du tort financièrement et au niveau de son image auprès du grand public, ainsi que pour contribuer à la propagation d’actions anonymes facilement reproductibles.

RBC était la cible centrale cette semaine, mais elle n’est pas la seule à être complice de ce perojet. Nous pouvons également porter notre attention sur d’autres grandes banques, sur TC Energy, sur de nombreux entrepreneurs et promoteurs liés au projet, sur la Gendarmerie Royale du Canada et l’État qui s’auto-nomme Canada.

Cela ne fera qu’empirer. CGL et ses alliés financiers, comme la RBC, prolongent la situation en poursuivant leurs projets d’exploitation et leurs attaques violentes sur le territoire Wet’suwet’en. Le Wedzin Kwa [un des territoires habités par la population Wet’suwet’ene, dans la province canadienne de Colombie-Britannique ; NdAtt.] reste sous la menace imminente d’être détruit pour effectuer des forages. Les anciens, les matriarches, les soutiens, les camarades et les défenseur.euse.s de la terre font face à des agressions quotidiennes. Nous devons tou.te.s nous préparer à plus, à répondre avec plus d’audace, à faire plus de dégâts. S’ils insistent, alors nous insisterons en retour, mais plus fort. Avec seulement un peu de planification et de courage, nous pouvons agir de manière à nourrir nos esprits et à maintenir en vie la lutte. Restez en sécurité – et nous avons hâte de voir votre travail, quelque part, dans les jours à venir.

White Lives Matter : un nouveau projet néonazi fait des petits au Québec

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Mar 192022
 

De Montréal Antifasciste

Avertissement : Cet article reproduit des bribes de conversation et des éléments visuels à caractère antisémite et raciste

« White Lives Matter » (WLM — la vie des Blancs compte) est un projet de mobilisation/actualisation néonazie qui s’est répandu au cours de la dernière année dans plusieurs régions des États-Unis et du Canada ainsi qu’en Nouvelle-Zélande, en Australie, aux Pays-Bas, en Angleterre et ailleurs dans le monde. La première action documentée du réseau a été une série de manifestations décentralisées organisée le 8 mai 2021. La faible participation à ces événements a mené certains observateurs à conclure que l’entreprise était un échec, mais ce constat optimiste fut prématuré, puisque le réseau a continué à grandir et a multiplié les actions au cours de la dernière année.

WLM signale une volonté de reconsolidation du milieu néonazi par la multiplication de chaînes et de salons de discussion décentralisés et réseautés sur l’application Telegram. Cette initiative relève en partie d’une volonté d’échapper à diverses formes d’opposition, dont la censure des grandes entreprises de médias sociaux, le doxxing et d’autres formes de résistance du camp antifasciste ainsi que d’éventuelles poursuites criminelles. Elle correspond également à une tendance de la nébuleuse néonazie internationale à progresser vers des formes d’activisme plus clandestines, décentralisées et « sans leaders », une tendance dont on peut retracer l’origine aux années 1970 et qui au fil des années a donné lieu à l’émergence du courant « accélérationniste » et à la multiplication de tueurs de masse de type « loup solitaire ».

Le projet WLM reflète par ailleurs une grande frustration avec le statut marginal de l’extrême droite et une volonté de dépasser la sous-culture néonazie et les querelles idéologiques entre différentes tendances pour former un réseau militant exerçant une réelle influence.

Si WLM est sans l’ombre d’un doute un phénomène néonazi, l’intention initiale des organisateurs américains était d’adoucir l’image du mouvement. Cela se traduit concrètement par une inhibition superficielle à revendiquer l’héritage historique du nazisme et à afficher le swastika ou d’autres symboles nazis dans les discussions publiques ou sur les autocollants que les militants posent dans le domaine public. Les participants ont aussi la consigne (très souvent ignorée), de ne pas parler de la « question juive » ou d’inciter à la violence sur les chaînes publiques. En revanche, les salons de clavardage (chat rooms) sont complètement saturés de mèmes d’Hitler, de références explicites au nazisme historique et d’expressions débridées du racisme le plus grossier – des blagues sur le lynchage des Noir·e·s, des vidéos « prouvant » que la Shoah n’a jamais eu lieu, des discussions sur le fait que les Juifs ne sont pas humains et doivent être exterminés, etc.

Le monde à l’envers que s’imaginent les participants au groupe White Lives Matter.

WLM n’est pas une organisation formelle; chaque groupe local ou régional anime sa propre chaîne Telegram, chacune modérée par son propre administrateur ou groupe d’administrateurs. Le projet est toutefois bien coordonné, car toutes les chaînes ont été créées en 2021 par un petit groupe original, qui est ensuite allé chercher des militants dans chaque région pour en assurer la gestion. Il y a une unité de but et d’action également sur le plan de la propagande; le choix des dates de certaines actions concertées et les décisions relatives au messaging semblent centralisés.

En générale, les chaînes Telegram peuvent être strictement unidirectionnelles (un peu comme une infolettre dont tout le contenu est publié par un admin) ou peuvent prendre la forme d’un salon de clavardage ouvert, un peu comme un groupe Facebook public. Dans bien des cas, les chaînes unidirectionnelles comportent un salon de clavardage parallèle. C’est de cette manière que sont structurés les maillons régionaux du réseau WLM. Depuis ces espaces virtuels, les participants sont encouragés à imprimer des affichettes et autocollants WLM (essentiellement, diverses variations sur le thème raciste central du « remplacement » et de l’oppression des Blancs par d’autres groupes), à coordonner des sorties de visibilité/propagande, à prendre des photos de leurs coups et à relayer ces photos sur Telegram pour motiver les autres à les imiter.

Certaines de ces sorties ont déjà fait l’objet de reportages dans les médias canadiens (par exemple : à Kitchener-Waterloo, Ontario, à New Battleford, Saskatchewan, à Toronto lors de manifestations contre les mesures sanitaires, et ailleurs au pays; voir aussi le reportage récent sur les activités WLM à Montréal par la revue Pivot), mais la plupart sont passées inaperçues. Dans certains cas, les groupes locaux décident par la suite de se rencontrer en personne et de coordonner des actions plus ambitieuses, comme l’accrochage de bannières WLM dans le domaine public.

Cette structure et cette approche n’ont rien d’unique au projet WLM, et il existe de nombreux parallèles au sein de l’extrême droite actuellement. Telegram offre une plateforme pratique où les individus peuvent s’impliquer selon leur niveau de confort personnel, sans être obligés de se rencontrer en personne ou de parler à qui que ce soit, sont intégrés à une sorte de communauté et sont encouragés à y développer leurs propres activités.

Au moment d’écrire ces lignes, si plusieurs chaînes WLM sont essentiellement inactives, avec moins d’une douzaine de membres, d’autres aux États-Unis ont vu leurs activités passer de l’Internet à la rue, sous la forme d’accrochages de bannières, de randonnées organisées, de distributions de tracts, etc. Dans ces régions où l’activité est plus vive, WLM s’entremêle à d’autres projets néonazis, comme le Folkish Resistance Movement (dont la propagande a été distribuée en Saskatchewan et en Alberta)[1], le groupuscule Canada First, en Ontario, qui a reçu une certaine visibilité lors des actions du soi-disant « convoi de la liberté » à Ottawa et ailleurs au pays, et la tentative d’organisation « Nationalist 13 » (« 13 » pour anti-communiste) dans le sud de l’Ontario.

En étudiant les journaux internes des organisateurs de WLM que nous ont relayé des camarades de Cornwallis Antifa, on a pu apprendre qu’au Canada, l’utilisateur « McLeafin » a été recruté par les organisateurs américains en avril 2021 et a par la suite créé de nombreuses chaînes pour les différentes provinces et régions. Il a ensuite cherché des recrues locales pour les administrer.

Poursuivre la lecture sur le site de Montréal Antifasciste

15 mars 2022 – 26e manifestation annuelle pour la Journée internationale contre la brutalité policière

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Mar 172022
 

Du Collectif opposé à la brutalité policière

Le soir du 15 mars se tenait la 26e édition de la manifestation annuelle contre la brutalité policière. 26 ans de marche, 26 ans de répression systématique à son endroit, comme une tradition annuelle de mauvais goût. Les manifestant-e-s ont décidés de garder le contrôle des trottoirs plutôt que de se faire chasser de la voie publique par des policiers violents et méprisant, et ont attaqué des entreprises nuisibles du quartier: Dollarama et la Banque Nationale. Rappelons que si Dollarama est une épicerie de dernier recours pour les pauvres, ça reste qu’ils vendent de l’ostie de marde pas bonne pour la santé et que l’entreprise est une des pires entreprises au Québec pour les abus envers ses travailleur-euse-s. Et de son côté, la Banque Nationale investit à coup de milliards dans plusieurs projets pétroliers importants. Face à cette autodéfense des pauvres face à leurs oppresseurs, les policiers se sont attaqués violemment à la manifestation: matraques, gaz et coups étaient au rendez-vous.

Nous avons manifesté dans St-Henri, un quartier pauvre, ouvrier, et massacré de plus en plus par la gentrification, comme plusieurs autres à travers la ville. L’arrivée de nouveau commerces de bobos a chassé les vieux espaces abordables, et les loyers montent maintenant en flèche. Mais St-Henri, c’est aussi ce haut lieu du colonialisme, à proximité des voies de chemin de fer, du canal Lachine … bref de tout ce qui sert à piller le territoire autochtone. Les ouvrièr-e-s de St-Henri le savent bien, elleux qui ont travaillé très longtemps dans les “sweatshops” du secteur pour transformer ce pillage en cochonneries trop chères pour elleux. Et si la plupart des “sweatshops” sont parties, le pillage a toujours lieu, que ce soit à travers la construction de condos en territoire Kanien’kehá:ka ou, la construction d’un pipeline en territoire Wet’suwet’en, où la coupe de bois en territoire Pacheedaht.

La police c’est colon en crisse, effectivement. C’est colon, parce que c’est à ça que la police sert, défendre les colons. C’est le bras armé de l’état israélien qui défend les colons en Palestine. C’est le bras armé de l’arabie saoudite qui envahi le yémen. Et c’est le bras armé de la russie qui a envahi l’ukraine. Et si le canada supporte l’ukraine — et c’est tant mieux — il n’hésite pas en même temps à armer le bras de la répression, autant en israël qu’en arabie saoudite. Et le canada arme sa GRC, sa police coloniale, pour intervenir en territoire autochtone, que ce soit chez les Wet’suwet’en ou chez les Pacheedaht.

Nous n’avons rien à perdre que nos chaînes. Toutes les attaques envers l’État et le Capital sont justifiés.

Pour terminer, nous faisons un appel à témoins : si vous avez été arrêté·e, brutalisé·e ou si vous avez été témoin d’une arrestation ou d’un cas de brutalité policière, svp communiquez avec le COBP à : cobp@riseup.net
Nous vous rappelons également de faire attention à ce que vous publierez comme photos et vidéos sur les médias sociaux.

* Nous remercions André Querry pour les photos

LE COBP

La covid, les conspis et nous

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Mar 062022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Ce texte se veut une réaction à une tendance visible dans certains milieux d’extrême gauche ces derniers temps, c’est-à-dire un soutien aux mouvements contre les mesures sanitaire, fortement ancrées dans les discours conspirationnistes. Cette tendance est notamment visible dans quelques textes récemment publiés sur la plateforme Contrepoints.média, qui a entre autres publié un texte du Cercle de lecture camarade reprenant un chapitre complet du « Manifeste conspirationniste », publié anonymement en France, et partagé sur des plateformes d’extrême droite, dont une plateforme proche d’Alain Soral. On pense également au récent texte « Le pass n’était qu’un exercice », qui soulève des enjeux très importants, mais qui joue le jeu de la droite en invisibilisant complètement la composition du soi-disant Convoi de la liberté. Ce qui surprend encore plus de la part de Contrepoints média, une plateforme se présentant comme « une invitation à investir l’hétérogénéité et la diversité des inclinaisons actuelles dans la lutte », c’est que l’article soit précédé d’une prise de position dans un commentaire éditorial, qualifiant le soi-disant convoi de la liberté de « mouvement qui se bat contre le contrôle numérique des identités, et plus largement contre le contrôle des comportements », une interprétation qui est très loin de faire l’unanimité au sein de nos milieux. Qu’une plateforme qui se veut rassembleuse et diversifiée prenne position de manière aussi claire sur un enjeu aussi polarisant que le « convoi de la liberté » nous dérange énormément. En publiant ce texte ici, on espère ainsi arriver à contre-balancer une tendance à l’homogénéisation des positions diffusées sur Contrepoints depuis un certain moment.

Ce texte s’inscrit finalement dans une réflexion née des nombreux débats et discussions qu’a suscité le « convoi de la liberté » dans nos milieux, et de la difficulté à se forger une compréhension commune de ce que représente ce mouvement pour nous, en tant que gauche radicale. Si des tensions émergeaient déjà de nos différentes attitudes face à la pandémie, le convoi semble les avoir cristallisées. Nous espérons que ce texte contribuera à pallier à ces difficultés, et nous aidera à dépasser la polarisation qui entoure actuellement ces enjeux dans nos milieux. On aurait aimé ouvrir un espace de discussion sur ces questions là plus tôt dans la pandémie, mais bref, nous voilà.

Tout d’abord, mettons certaines choses au clair: la formulation d’une critique de l’État par rapport à ses agissements sécuritaires et ses dérives de plus en plus autoritaires depuis le début de la pandémie est un point qui doit être mis de l’avant. La surveillance de plus en plus sévère et insidieuse de plus en plus de personnes par des moyens nouveaux est dangereuse et problématique en soi. La création du pass sanitaire et de son régime de droit différent, créant une nouvelle catégorie de personnes auxquelles des droits sont retirés est aussi une aberration qui mérite d’être dénoncée. Rajoutons à ça l’amplification du discours sur les non-vaccinés comme étant le problème numéro 1 en contexte de covid et on a une recette d’hypocrisie assez monumentale considérant la gestion purement capitaliste de cette pandémie par notre gouvernement. Nous encourageons la critique de cette gestion économique dans un objectif de rendement, peu importent les coûts humains, les coûts sur la santé physique et mentale, la priorisation des milieux de travail et la volonté de développement d’une société encore plus néolibérale et surveillée.

Ces textes et discours nous semblent aussi chercher à créer des ponts avec des groupes sociaux qui ne seraient pas habituellement des groupes avec lesquels on s’organise, et on a envie de nommer qu’on trouve ça important de diversifier la base militante et de chercher de nouvelles alliances. C’est malheureusement trop vrai que la gauche (et l’extrême gauche) battent de l’aile et qu’on a un besoin flagrant d’aller recruter dans de nouvelles sphères de la société, considérant l’intensification des discours de droite et d’extrême droite ici et ailleurs. Élargir la gauche n’est pas un luxe dans le climat politique actuel, il s’agit d’une nécessité. Il faut que nous devenions une force sociale d’envergure pour faire barrage à la droite et proposer un monde dont nous pourrons être fier.es.

Sur « Le pass sanitaire n’était qu’un exercice »

Nous avons cru comprendre, à la lecture du pamphlet distribué à Québec, que son objectif était d’éveiller les manifestant.es du convoi à la menace que représentent les projets de zones d’innovations un peu partout sur le territoire soi-disant québécois. Bien que nous partageons ces critiques concernant l’avancement d’un capitalisme de surveillance, nous considérons que c’est un choix stratégique au mieux naïf, au pire dangereux. En effet, n’importe qui s’intéresse au convoi peut constater que les revendications visaient principalement à un retour à la vie normale, la vie d’avant la covid. Ce constat à lui seul témoigne du fossé qui nous sépare de ce mouvement. Est-ce qu’on n’a pas passé toute la pandémie à crier « pas de retour à la normale » ? Le monde allait déjà très mal avant la Covid pour beaucoup de monde. En outre, les personnes itinérantes, racisées, les travailleuses du sexe, les personnes migrantes et les militant·es autochtones étaient déjà soumises à une surveillance et à un contrôle inhumain, et ce, bien avant l’apparition du passeport sanitaire.

Bien que nous soyons conscient·es que les personnes ayant participé à la manifestation de Québec sont toutes différentes, et qu’elles n’appartiennent certainement pas toutes à l’extrême droite, il demeure intéressant de noter que le pamphlet joue sur les mêmes codes que la droite, probablement dans l’espoir de mieux résonner dans une crowd qui ne se reconnait pas dans nos habituels discours. C’est ainsi qu’on voit apparaître dans un texte publié sur une plateforme d’extrême gauche des phrases telles que « Ni de gauche ni de droite » ou encore « rejoignant les réfugiés, les non-vaccinés deviennent des ennemis publics », une phrase qui résonne très bien avec les discours victimisant de la droite comparant les mesures sanitaires aux politiques de l’Allemagne nazie. On s’entend, être obligé de se faire vacciner, bien que ce soit critiquable, ne peut en aucun cas être comparé aux chambres à gaz, ou encore aux prisons pour migrant·es qui enferment chaque année des personnes pas assez blanches, ou avec pas assez de documents officiels pour satisfaire notre État colonial. Nous croyons qu’une opposition aux mesures sanitaires autoritaires est nécessaire, mais celle-ci ne peut faire l’économie d’une analyse antiraciste, anticapitaliste et féministe.

Nous savons que nos milieux sont très homogènes, très blancs, très scolarisés, et souvent encore très empreints de nombreuses dynamiques de pouvoir, et nous croyons sincèrement que ce n’est pas en allant faire des alliances avec des personnes en très grande majorité blanches et nationalistes (en témoigne le nombre de drapeaux canadiens qui étaient visibles dans les rassemblements) que nous arriverons à rendre nos milieux plus accessibles pour les personnes les plus marginalisées de notre société. Nous pensons au contraire que nous aurions intérêt à redoubler d’efforts pour nous solidariser avec les luttes pour l’abolition de la police, les luttes pour l’autodétermination des peuples autochtones, les luttes des communautés LGBTQ et spécifiquement des femmes trans, avant d’aller chercher dans les bastions de la droite pour recruter. Malheureusement, en tant que personnes issues de groupes privilégiés, c’est beaucoup plus difficile de se solidariser avec des communautés marginalisées que de profiter de l’opportunité d’un soulèvement financé par l’extrême droite pour faire avancer nos propres agendas. Il nous semble que certaines personnes plus proches de nos idéaux fondamentaux auraient davantage de potentiel de solidarisation avec nos luttes, comme les travailleur·euses du communautaire, les travailleur·euses de la santé, les étudiant·es cassé·es, les écolos désabusé·es.

Ce qui nous inquiète de cette stratégie, c’est qu’elle tend à dépolitiser les enjeux. Nous craignons que de prôner la révolte en soi sans se demander ce que les gens vont en faire et quel sera leur état d’esprit, leurs désirs et leurs idéaux, ça manque de vision long-terme. Participer à intensifier un mouvement dirigé par l’extrême droite, c’est potentiellement contribuer à un monde bien pire que le nôtre. Au contraire du Rojava pendant le Printemps arabe, où il y avait des bases militantes de gauche larges et fortes et où un nouveau système a pu voir le jour, nous risquons de nous retrouver avec une extrême droite boostée aux stéroïdes. Chercher une révolte sans organisation en arrière pour la soutenir vers une société révolutionnaire, c’est encourager un vide de pouvoir qui sera comblé par les gens avec les plus gros guns et/ou le plus de soutien populaire. Nous ne sommes pas ces gens-là en ce moment.

Il nous semble aussi important de rappeler comment la droite grossit ses rangs en maniant particulièrement l’outil de la peur. Ils nous rabâchent constamment que les immigrants viennent voler des jobs, que les musulmans sont tous des terroristes, que les femmes trans cherchent à violer d’autres femmes dans les toilettes, etc. C’est une stratégie de mobilisation efficace pour des mouvements qui veulent promouvoir la haine contre certains groupes sociaux, mais il est bon de se demander s’il s’agit vraiment d’une voie que nous souhaitons prendre. Est-ce bien utile d’aller jouer dans cette émotion-là pour mobiliser, de dire qu’on devrait avoir peur de la ZILE, du contrôle, de la surveillance ? Alors que la droite peut brandir la peur de choses qui sont soit irréelles, soit déformées au point de n’être plus reconnaissables, les choses que nous dénonçons sont, elles, déjà effrayantes et ont des impacts réels sur nos vies. Dans un contexte où les grands médias capitalistes nous donnent déjà suffisamment de raisons d’avoir peur — et c’est encore pire lorsque l’on appartient à un groupe social qui fait l’objet de violences systémiques — il nous semble important d’essayer d’invoquer d’autres sentiments pour nous aider à nous mobiliser, et d’essayer plutôt de bâtir un monde basé sur l’entraide, la compassion, la solidarité, la responsabilité et la rage légitime.

Sur le « Manifeste conspirationniste »

Aller jouer sur les plantes-bandes conspirationnistes est une stratégie particulièrement dangereuse. Et malgré ce que ce manifeste voudrait nous faire croire, le conspirationnisme est une nébuleuse résolument située à droite. On pourrait revenir sur les origines ouvertement antisémites des théories du complot, leur glorification de figures comme Donald Trump, le choix récurrent de « la gauche » comme bouc émissaire, ou leur rôle dans la création de fantasmes néfastes comme celui du Grand Remplacement, mais d’autres le font mieux que nous (Conspiracy Watch, Mtl Antifasciste). Ce qu’il faut retenir, c’est que les théories conspirationnistes sont traversées de patterns antisémites, xénophobes, sexistes et ouvertement anti-gauche. Ce n’est pas pour rien que la défense du complotisme est un enjeu cher à des personnalités comme Maxime Bernier (qui soutient le convoi) ou Éric Zemmour, qui écrit « complotisme : ce mot des “élites” pour disqualifier toute critique ». Voir de telles personnalités propager des théories du complot et défendre le complotisme devrait suffire à nous convaincre de refuser tout engagement avec cette sphère.

Pourtant, on voit certaines personnes de gauche radicale qui persistent à fricoter avec cette tendance, ou qui semblent suggérer que l’on pourrait se réapproprier une identité complotiste. On reste perplexes devant cette idée : pourquoi vouloir réhabiliter un concept si marqué à droite, si ancré dans des positions oppressives ? On partage avec les libertariens une haine du gouvernement, mais on a jamais pensé qu’il serait utile de reprendre leur terminologie, alors pourquoi le faire avec le mot complotiste ? Le seul effet est de brouiller les pistes et paver la voie pour l’expansion d’idéologies fascisantes. Car vouloir détourner un terme qui recouvre une réalité d’extrême-droite, c’est participer à la diffusion de discours confusionnistes. Le confusionnisme, « c’est le développement d’interférences, d’analogies et d’hybridations entre des discours d’extrême droite, de droite, de gauche modérée et de gauche radicale » (Philippe Corcuff). C’est ce qu’il se passe quand certaines personnalités reprennent des critiques sociales avec un vernis antisystème, pour ensuite guider les gens qui les écoutent vers des réponses toutes faites formulées par l’extrême droite. Car c’est l’extrême droite qui est en ce moment en mesure de récupérer des individus en criss contre la société en validant leur colère et en désignant des responsables individuels (une poignée d’élites), flous (le « lobby féministe ») ou carrément inventés (la « gauche » qui serait pour certain·es derrière le coronavirus1). En effet, l’avantage des théories du complot pour la droite, c’est qu’au lieu de cibler des structures sociales et d’offrir des possibilités d’émancipation collective, on propose une poignée de responsables qui tirent les ficelles derrières les rideaux : débarassons-nous de ces quelques individus, et le problème est réglé. Pas besoin de changer quoi que ce soit à nos vies ou de nous remettre en question, pas besoin de s’organiser collectivement sur du long terme, pas besoin de lutter.

Il est impensable, dans une perspective d’extrême gauche, de nier la réalité de la pandémie, et des vies qui ont été perdues à cause de la négligence criminelle de l’État. Rappellons le, les morts sont en grande majorité des personnes âgées, des personnes immunodéprimées, des personnes racisées, des personnes autochtones, des personnes pauvres, des personnes incarcéré.es qui n’ont eu d’autre choix que de s’exposer depuis deux ans au virus, alors que la classe moyenne et ses dirigeants étaient confortablement à l’abri et continuaient de travailler du confort de leurs maisons de banlieue. Nier la réalité de la pandémie, c’est défendre un monde eugéniste, où les plus forts (lire les mieux nantis) s’en sortent, alors que la plèbe en crève, passeport sanitaire ou pas, couvre-feu ou pas. À nos yeux, nos milieux devraient, plutôt que de chercher à mobiliser dans les rangs de la droite, chercher à consolider des initiatives d’aide mutuelle afin de contribuer à la mise en place de stratégies de prise en charge collectives de notre santé, et de manières d’assurer notre sécurité qui ne dépendent pas de l’intervention de l’État et de ses mesures autoritaires.

Pour une autodéfense sanitaire collective

On ne peut s’empêcher de déceler dans l’intérêt que suscite le convoi chez certain·es camarades de gauche des relents mascu de glorification de la révolte et d’invisibilisation de formes de luttes traditionnellement prises en charge par les femmes. Aller aider des vieux à faire leur épicerie ou des mères monoparentales à se tenir face à leur proprio, c’est moins sexy et badass que de soutenir des gens qui bloquent des routes. On entend l’argument « au moins des gens se lèvent et font quelque chose, même si c’est pas parfait il faut se saisir de cette opportunité ! », comme si le convoi était la seule réaction indépendante de l’État qui avait eu lieu depuis le début de la pandémie. Pourtant, de l’organisation collective autonome en réaction à la covid-19 il y en a eu dans les deux dernières années, mais elle s’est plutôt située sur le terrain du care. Et bien que plusieurs anarchistes se soient mobilisé·es dans des mouvements d’entraide, on n’a pas vu fuser les articles qui nous invitaient à investir ces espaces-là dans une lutte combinée pour s’entraider, mobiliser les communautés et se protéger de la covid. On se demande si ce n’est pas aussi parce que beaucoup de gens dans nos communautés ont eu le luxe de ne pas se soucier de la covid-19 dans les deux dernières années. On a été tellement outré·es par la gestion autoritaire du gouvernement qu’on en est venu·es à oublier que derrière ces mesures en grande partie inutiles et répressives, il y a un vrai virus qui tue des vraies personnes. Et dans une réaction tristement binaire, certain·es ont préféré chercher des alliances avec des gens en criss contre le gouvernement quitte à minimiser ou ignorer leurs politiques réactionnaires, plutôt que de développer des positions capables de critiquer l’état d’une part, et de créer des stratégies d’autodéfense sanitaires de l’autre.

On trouve pourtant à travers l’histoire et le monde des exemples d’organisation solidaire indépendante de l’État en contexte de crise sanitaire. C’était le cas des cliniques médicales gratuites des Black Panthers, de la mobilisation des lesbiennes pendant la crise du VIH/sida, ou plus récemment des multiples initiatives d’entraide qui ont vu le jour dans les deux dernières années. Privilégiant une posture de prévention, on a vu des groupes tels que le Common Humanity Collective en Californie se mettre à fabriquer leurs propres masques et purificateurs d’air (aussi utilisés pour faire face aux feux de forêt) et profiter de la distribution pour créer des liens avec les habitant·es et les mobiliser autour d’enjeux sociaux à travers de l’éducation populaire. Des membres du collectif décrivent dans un podcast comment des rencontres sur zoom ont pu mettre en contact des gens d’horizons politiques différents, et créer un sentiment de communauté. À Paris, un bar lesbien a mis en place des mesures sanitaires de prévention début 2020 avant le gouvernement, et est devenu un lieu de ressource pour les personnes isolées et précarisées par la pandémie.

Jouer le jeu des conspirationnistes et de celleux qui manifestent pour un retour à la normale est une erreur politique, éthique et stratégique. ​​​​​La libération collective doit primer sur les libertés individuelles à la sauce libertarienne. Nous croyons qu’il est possible d’élargir nos réseaux et de développer de nouvelles alliances politiques en maintenant des pratiques plus sécuritaires et en restant solidaires avec les personnes à risque. Faire de l’éducation populaire, des ateliers d’autodéfense sanitaire (fabrication de masques et de purificateurs d’air), maintenir les gestes barrière, réclamer la levée des brevets sur les vaccins, lutter pour le droit au logement aux côtés de celles et ceux qui ont été précarisé·es par la pandémie, sont autant de pistes d’organisation politique pour reprendre en main une situation négligée et aggravée par un État criminel, en continuant à faire communauté.

– des gouines anar blanches un peu en criss


1 : c’est la théorie de Eric Trump​​​​​​​, mais aussi celle du « Great Reset », à l’origine un énième sommet économique de merde, devenu rapidement une théorie conspirationniste qui voudrait entre autres que des socialistes aient inventé le coronavirus pour imposer des restrictions économiques, et en profiter pour prendre le pouvoir et instaurer un ordre socialiste mondial.

Pour aller plus loin

Sur le covidonégationnisme et l’autodéfense sanitaire : https://www.jefklak.org/face-a-la-pandemie-le-camp-des-luttes-doit-sortir-du-deni/

Sur la nécessité de dénoncer les mesures autoritaires, sans pour autant nier la réalité de la pandémie et ses impacts (voir la publication épinglée) : https://www.facebook.com/feministesraciseEs.

Sur l’autodéfense sanitaire : https://acta.zone/seul-le-peuple-sauve-le-peuple/

Sur le validisme et la solidarité avec les personnes handicapées : https://leavingevidence.wordpress.com/2022/01/16/you-are-not-entitled-to-our-deaths-covid-abled-supremacy-interdependence/

Sur le confusionnisme et le rôle de la gauche radicale (on peut se créer un compte gratuitement pour lire l’article) : https://aoc.media/opinion/2021/10/06/prendre-au-serieux-le-confusionnisme-politique/

Visite en soirée à la maison de la présidente de RBC Québec [vidéo]

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Mar 012022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le soir du 23 février, une vingtaine de militant.e.s ont fait une visite surprise à la maison de la présidente de RBC Québec, Nadine Renaud-Tinker, au 734 avenue Upper Lansdowne dans Westmount. Pendant que les défendeur.eresses.s autochtones et leurs complices résistent aux vagues d’assauts coloniaux pour défendre le Yintah Wet’suwet’en et la rivière Wedzin Kwa, des investisseur.e.s tels que la RBC profitent confortablement des présents génocides des Premiers Peuples et de la destructions des territoires non-cédés pour des projects capitalistes extractivistes. Rappelons-nous que la Banque Royale du KKKanada est à la tête d’un groupe de 27 banques qui avancent les 6,8 milliards de dollars nécessaires à la réalisation du Coastal GasLink Pipeline et a généreusement contribué, depuis 2016, plus de 200 milliards de dollars à l’industrie des énergies fossiles.

Bien qu’il ne soit ni possible ni souhaitable de recréer la cruauté financée par la présidente Renaud-Tinker en territoire Wet’suwet’en, les militant.e.s ont souhaité lui donner une idée du sentiment qu’engendre une visite impromptue à son domicile. Iels sont resté.e.s plus d’une heure sur place, scandant des slogans et dansant sur la musique. L’ambiance fut festive et les camarades n’ont pas mâché leur mots pour démontrer leur indignation, puis ont quitté les lieux sécuritairement.

Suite au récent sabotage d’un site de forage de Coastal GasLink, une répression et surveillance accrue de la GRC en territoire Wet’suwet’en est en branle et notre solidarité est plus nécessaire que jamais! Restons à l’affût, la lutte continue! #AllOutForWedzinKwa

En défense de l’attaque du site de forage de CGL

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Fév 252022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le 17 février, le site de forage de Coastal GasLink sur les rives de la Wedzin Kwa (rivière Morice) a été sérieusement endommagé par un groupe inconnu d’individus courageux. En tant qu’individus anarchistes vivant dans le Nord et soutenant les luttes pour la défense de la terre et contre la colonisation en cours par le Canada et ses intérêts corporatifs, nous déclarons notre soutien à cette action et encourageons les autres à faire de même.

Bien que nous ne sachions pas exactement ce qui s’est passé cette nuit-là, nous pouvons étudier les déclarations de CGL et de la GRC afin d’y voir plus clair et de nous faire une idée. Il semble indéniable, d’après les photos, que d’énormes dégâts matériels ont été causés : les véhicules utilisés par le mercenaire ex-flic ex-militaire Forsythe Security ont été endommagés (les soi-disant pauvres “travailleurs de CGL” traumatisés) et des machines et des remorques ont été détruites, presque certainement au moyen de machinerie lourde réquisitionnée. D’autres affirmations de CGL et des porcs ne sont pas étayées par les faits et sont presque certainement des conneries : les “travailleurs” eux-mêmes n’ont manifestement pas fait l’objet d’attaques puisque tous les dommages se sont limités aux véhicules et aux bâtiments et ont cessé dès que la sécurité a quitté le site. La tentative supposée de mettre le feu à un véhicule avec un agent de sécurité à l’intérieur n’est rien d’autre qu’une conjecture et un non-sens. Dans une entrevue vidéo publiée par CGL avec le mercenaire impliqué, celui-ci a fait cette affirmation en se basant sur le fait qu’une fusée de détresse a atterri à l’arrière de son camion alors qu’il tentait de se frayer un chemin à travers les défenseur.e.s des terres pour revenir à la plateforme de forage après avoir été expulsé. Cela ne ressemble guère à une tentative d’incendie d’un véhicule et, dans le contexte, était clairement un acte défensif. Tout au long de l’incident, il semble clair que la force n’a été utilisée que si nécessaire pour effrayer la sécurité de CGL et la faire partir, afin que le véritable travail de démolition de l’infrastructure violente de CGL puisse commencer. Le récit du meurtrier à la hache ne résiste guère à leurs propres faits !

Parlons un instant de l’affirmation de la GRC selon laquelle les agents ont été conduits dans un piège et blessés. Ils ont affirmé qu’ils ont été accueillis par des projectiles alors qu’ils tentaient de démanteler un barrage et qu’ils ont ensuite chargé dans l’obscurité à travers le barrage routier, et que l’un d’entre eux a marché sur une planche à pointes. Les planches à pointes sont des instruments défensifs utilisés pour empêcher les véhicules d’enfoncer les barrages routiers. Plutôt que de se laisser bercer par l’idée d’un piège, on a l’impression qu’il s’agit d’une action défensive au cours de laquelle les gens ont essayé de retarder une réponse policière probablement violente, n’ont utilisé des projectiles que lorsque cela s’est avéré nécessaire pour défendre le barrage et où la seule blessure policière a été auto-infligée par un agent courant dans le noir dans une situation inconnue. Compte tenu de l’historique de la violence policière de la GRC dans la région et du déploiement de fusils d’assaut, de chiens d’attaque et du recours à la torture contre les défenseur.e.s des terres, il semble évident que cette “violence” était de nature défensive et protégeait les gens de la violence bien plus grave que la GRC aurait raisonnablement pu leur infliger s’ils avaient atteint la plateforme de forage.

Voici ce qu’il nous reste comme portrait : après des années d’intrusion et de violation du consentement, après trois raids militarisés de la GRC au service de CGL, après des années de harcèlement et d’intimidation des défenseur.e.s de la terre par la sécurité Forsythe et après que des méthodes plus pacifiques n’aient pas réussi à mettre fin à la violence continue de CGL contre la terre et les relations et lois autochtones, certains individus inconnus ont riposté par un acte impressionnant de sabotage et de destruction de la propriété de l’entreprise. Il y a une très grande différence entre la violence contre les biens et la violence contre les personnes et la vie et, comparée à la violence que CGL et la GRC ont déchaînée, cette action sur la plateforme de forage semble mesurée, proportionnelle et louable.

Nous considérons que cette action est un développement naturel de la résistance en cours contre CGL et qu’elle n’est en aucun cas non provoquée ou inattendue. Bien que nous ne voulions pas faire de suppositions sur les responsables, nous pensons qu’il est raisonnable de croire que cette action a été entreprise par des personnes agissant pour la défense de la terre et de la rivière. C’est pourquoi nous les avons appelés les défenseur.e.s de la terre. Puissent d’autres personnes poursuivre ce combat, agir contre CGL, le Canada et la colonisation en cours là où ils se trouvent et tirer de cette action inspiration et courage comme nous le faisons.

Solidarité pour toujours !
Un petit groupe de camarades

APPEL à un 1er mai anticapitaliste : colonial et écocidaire, le capitalisme c’est la guerre !

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Fév 212022
 

De la Convergence des luttes anticapitalistes

Le 1er mai 2022, la Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC) appelle à une 15e manifestation anticapitaliste pour la journée des travailleuses et des travailleurs. L’État colonial a démontré cette année encore qu’il priorise la croissance du capital aux détriment de nos vies. Faisant preuve d’hyprocrisie totale, nos gouvernements prononcent les mots réconcilliation et environnement tout en ignorant les droits souverains des peuples autochtones et en détruisant la terre avec des politiques extractivistes et discriminatoires. Il est temps de se révolter.

Plus le temps avance, plus notre système capitaliste dopé aux stéroïdes contribue à la dégradation des conditions climatiques et écologiques qui assurent notre survie. On fonce tout droit vers le mur alors que nos gouvernements se liguent avec des pétrolières, l’industrie forestière et les minières pour continuer de faire passer des projets écocidaires, comme le gazoduc de Coastal GasLink en terre Wet’suwet’en, les coupes à Fairy Creek et les dernières annonces permettant aux minières d’émettre encore plus de particules de zinc et de nickel au soi-disant Québec. Pour défendre leur droit de nous amener à la fin du monde, ils achètent des guns, des flics et des prisons, parce qu’ils savent que les gens résistent, ont toujours résisté et continueront de le faire. L’extractivisme va main dans la main avec le colonialisme et l’oppression des peuples autochtones et ces logiques font tourner le système capitaliste qui nous maintient dans une misère qui va de mal en pis.

On a arrêté de compter sur les hypocrites qui nous gouvernent depuis un bon moment, mais Trudeau et Legault s’efforcent à battre des osties de records. Nos gouvernements continuent de s’acharner sur les personnes non-vaccinées pour ne pas adresser la faute de tous les gouvernements paternalistes des dernières décennies qui sont responsables des conditions de travail insupportables en enseignement et en santé, des milieux majoritairement féminins. Comme d’habitude, l’argent, il y en manque toujours pour les écoles et les hôpitaux, mais jamais pour les flics et pour les prisons pour migrant-e-s. En plus, nos gouvernements se lavent les mains des violences qu’ils font subir en s’attaquant aux “wokes”, en disant que “les Québécois, on n’est pas si pire.” En autres, Legault met de l’avant des projets de loi transphobes et interphobes (PL-2) et xénophobes (PL-21) en plus de refuser d’appliquer le principe de Joyce et de considérer la crise du logement comme telle. Alors que la catastrophe écologique continue de sévir sur le globe, nos gouvernements nous vendent un monde de chars électriques de marde insoutenable qui garde la population dans l’asservissement et contribue à l’étalement urbain. Ils envoient une escouade militaire de la GRC détruire un camp autochtone afin de pouvoir construire un autre ostie de pipeline financé par l’État et les banques, et ce, au moment même où la province est aux prises avec des inondations majeures.

Il faut se rendre à l’évidence que la situation est accablante, mais que le monde commence à se réveiller et, de plus en plus, on se serre les coudes, on se tient en solidarité avec d’autres communautés et on crée des ponts qui n’existaient pas auparavant. On parle de plus en plus de racisme environnemental, par exemple du dépotoir illégal à Kanesatake qui met en danger la santé du peuple et des terres. On voit apparaître des bannières en Palestine occupée en solidarité avec les défenseurs du territoire Wet’suwet’en. Nos mouvements visant l’abolition du capitalisme et de tous les systèmes d’oppression ne cessent de multiplier leurs éclats. On est sur la bonne voie. Nous n’avons plus d’autres choix que de refuser ce système de mort basé sur un travail dont l’intérêt premier est l’enrichissement des bourgeois au coût de la destruction de notre santé physique, mentale et des écosystèmes millénaires infiniment complexes desquels nous sommes dépendants.

Le 1er mai, exprimons notre rage contre le capitalisme. Levons-nous contre ces oppressions, levons-nous contre la destruction et construisons un futur radicalement différent. Prenons la rue, ensemble.

Heure et lieu de rassemblement à venir.

Sur l’attaque du chantier de Coastal GasLink sur le chemin forestier Marten

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Fév 192022
 

De Gord Hill

Ce qui semble être un acte de sabotage très efficace de la part des défenseur.e.s des terres autochtones, et les complotistes se déchaînent…

Et certains ne font même pas des théories, ils l’affirment comme un fait : c’était les flics, c’était CGL… Voici une théorie : l’attaque a été perpétrée par des autochtones qui, dans le froid de la nuit, se sont donnés pour mission de saboter le pipeline de CGL.

Ils ont mené une attaque audacieuse et complexe qui, j’imagine, a commencé par éloigner les agents de sécurité des véhicules et des bâtiments. À un moment donné, après la fuite des agents de sécurité, des barrages et des dispositifs anti-véhicules ont été mis en place sur la seule route menant au site, retardant probablement de plusieurs heures l’intervention de la police. Pendant ce temps, les warriors ont réalisé des millions de dollars de sabotage.

Compte tenu de tout cela, je pense qu’il est important de reconnaître que ce n’est peut-être que ce qu’il semble être : une attaque menée par des warriors autochtones.

J’ai vu des gens parler d’un attentat à la bombe perpétré par la GRC en Alberta dans les années 1990 comme preuve que les policiers commettent de faux attentats. Cet attentat à la bombe faisait partie de l’enquête policière sur Wiebo Ludwig et sa campagne contre l’industrie pétrolière et gazière. L’action était destinée à piéger Ludwig. Avec la coopération de l’entreprise pétrolière, la police a fait exploser un hangar abandonné et inutilisé. Il ne s’agissait en aucun cas d’un acte de sabotage majeur, contrairement à ce que l’on rapporte aujourd’hui sur le territoire Wet’suwet’en. C’était insignifiant comparé au sabotage réel qui se produisait et pour lequel Ludwig était largement soupçonné… et pour lequel il y avait quasiment un black-out médiatique de la part des pétrolières et de la GRC qui ne voulaient pas que la pratique du sabotage se répande.

L’un des problèmes de ce type de complotisme est qu’il sape l’efficacité de cette action. Plus il se répand et s’envenime, plus les gens se demandent s’il s’agissait d’un véritable acte de résistance ou non. Qui cela inspire-t-il ? Dans l’intérêt de qui les actes de résistance autochtone sont-ils diminués plutôt que promus ? Je pense également que ce complotisme démoralise celleux qui ont mené l’action (et qui sont maintenant poursuivi.e.s par la police).

Les affirmations extraordinaires exigent des preuves extraordinaires…

Bref, c’est ma théorie…

Nous vivons sous la Loi sur les mesures d’urgence

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Fév 172022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le 15 février 2022, le gouvernement de Trudeau annonce la mise en vigueur de la Loi sur les mesures d’urgence (ancienne loi sur les mesures de guerre dont le nom a changé en 1988). Pendant 30 jours, de nombreux privilèges seront accordés aux corps policiers et de nombreuses restrictions sur notre liberté sont désormais applicables. Que nous soyons d’accord ou non avec les mesures sanitaires, les convois de la liberté ou l’occupation à Ottawa, l’usage de cette loi est inacceptable et extrêmement dangereux.

Bien que son application vise, selon le gouvernement, à accorder de nouveaux privilèges à la GRC afin de contrecarrer le mouvement des camionneurs, la loi sur les mesures d’urgence accorde des privilèges partout au pays et n’empêche aucunement les corps policiers d’utiliser leurs nouveaux privilèges dans d’autres dossiers que ceux liés aux « convois de la liberté ». L’histoire démontre bien qu’accorder de nouveaux privilèges à la police mène nécessairement à des dérives aux conséquences catastrophiques.

Désormais, et pour un minimum de trente jours, « il est spécifiquement interdit d’organiser des rassemblements publics, qui prévoient nuire à la circulation des personnes et des biens, de perturber le commerce ou d’entraver les infrastructures essentielles ». Participer à de tels rassemblements peut se valoir une amende de 5000$ et une peine allant jusqu’à 5 ans de prison. Les personnes avec des statuts permanents pourraient aussi voir leur statut révoqué.

Il est nécessaire de réfléchir sur les motifs ayant mené à cet exercice de force. La police n’a pas eu besoin de l’usage de cette loi pour réprimer violemment toute mobilisation sociale de gauche depuis sa création, en 1988. La police n’a pas eu besoin d’une telle loi pour intervenir en escouades militaires dans les communautés autochtones résistant contre le colonialisme. Pourquoi maintenant? D’autant plus que les occupations à Ottawa ne semblent pas favoriser des tactiques de destruction de bien privés.

Il semble capital ici de souligner que le Canada est actuellement aux prises avec de nombreuses résistances face à son colonialisme, et que cette loi pourrait permettre une répression supplémentaire.

L’usage de cette loi crée un précédent que nous ne pouvons pas nous permettre de sous-estimer. L’occupation à Ottawa pourrait être faite par des écolos. Énormément de raisons nous permettent d’espérer un jour voir Ottawa et le parlement ravagés par les flammes. Nous ne pouvons ni accepter ni nous permettre que cette loi soit appliquée sans conséquence. Organisons-nous.

2012. La plus grande grève de l’histoire du Québec

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Fév 142022
 

De Archives révolutionnaires

Le 13 février 2012 marque le début de la plus grande grève de l’histoire du Québec, une grève étudiante qui a vu débrayer jusqu’à 310 000 personnes et donné lieu à certaines des plus importantes manifestations de la province. Ce conflit entre étudiant.es et gouvernement libéral, étalé sur plus de six mois, a fait une quarantaine de blessé.es et a provoqué l’arrestation de plus de 3 500 personnes. Il s’est par ailleurs transformé en conflit social, voyant s’opposer un mouvement populaire portant des valeurs sociales-démocrates et l’intransigeant gouvernement de Jean Charest, défenseur du néolibéralisme. Cet évènement, devenu l’un des plus importants de la mémoire collective du XXIe siècle au Québec, a soulevé de nombreux autres enjeux que ceux liés à la condition étudiante. Le mouvement a remis en cause le libéralisme, et pour certain.es le capitalisme, et a donné lieu à une guerre de communication et d’images, à l’invention de pratiques offensives novatrices, à des alliances inusitées et surtout à une expérience inédite d’occupation de l’espace urbain. Afin d’explorer différents aspects marginalisés dans l’historiographie de la grève de 2012, notre collectif se propose d’offrir, dans les prochains mois, une série d’articles partisans ayant pour objectif de complexifier les récits communs et d’offrir des réflexions révolutionnaires sur le mouvement et sa postérité.

Ce premier texte présente le contexte mondial de révoltes dans lequel s’est inscrite la grève étudiante québécoise. Il sera suivi de différents textes abordant la grève dans les cégeps en région, la violence et les rapports de force, les enjeux de genre, la question des images, des représentations et des médias sociaux comme champs de bataille idéologique, et enfin les faiblesses internes du mouvement. Ces textes se focaliseront sur les tendances plus radicales du mouvement, afin de réfléchir ensemble aux forces et aux faiblesses de nos pratiques durant la grève de 2012 et de chercher des manières d’être plus efficaces dans nos actions à venir. Cette série d’articles s’accompagnera aussi au printemps d’une exposition d’archives de la grève.

Deux décennies de luttes : contexte mondial d’émergence de la grève de 2012

Depuis la chute de l’Union soviétique (1991) et le triomphe autoproclamé du capitalisme libéral, le monde occidental a connu deux séquences de révoltes, en écho à divers mouvements internationaux. Dans les années 1990, une première série d’actions conteste l’ordre hégémonique, en s’opposant notamment au nouvel impérialisme cristallisé dans les traités de libre-échange et dans diverses politiques austéritaires. Afin de s’opposer à l’Accord de libre-échange Nord-américain (ALENA), l’armée insurrectionnelle zapatiste (EZLN) se soulève le 1er janvier 1994 dans le sud du Mexique, avec des conséquences pour le monde entier. Cette remise en cause directe de l’impérialisme libre-échangiste inspire rapidement les mouvements de gauche occidentaux et du Sud global. Dans un même mouvement de défiance envers l’impérialisme, principalement américain, on retiendra notamment l’élection d’un gouvernement socialiste au Venezuela (1998) et le renversement de la dictature de Soeharto aux Philippines (appuyée par les États-Unis). Pour la gauche occidentale, ces actions de révolte sont une source d’inspiration majeure pour les luttes d’émancipation à cette époque.

L’idée d’un plan d’action collectif prend forme dans l’Action mondiale des peuples (AMP) créée en 1998, qui conteste l’ordre capitaliste et promeut l’action directe afin de redonner leur souveraineté aux peuples et groupes opprimés. Cette séquence d’opposition au néolibéralisme, associée à l’altermondialisme, aboutit aux spectaculaires contre-sommets du tournant de l’an 2000 : Seattle (1999), Québec (2001) ou Gênes (2001). L’altermondialisme, surtout dans sa forme radicale, marque trois avancées importantes pour la gauche : le développement d’un discours cohérent d’opposition au néolibéralisme, la capacité de mobiliser très largement contre la gouvernance capitaliste et l’arrimage d’un mouvement large à des pratiques radicales, acceptées sous le principe de la « diversité des tactiques ». Par contre, au courant des années 2000, l’aporie de la réactivité comme stratégie mène l’altermondialisme à s’essouffler, sans pour autant que ses acquis ne disparaissent.

À la suite de la crise économique de 2008, qui mène plusieurs banques et États au bord de la faillite, les grandes institutions capitalistes réagissent en déportant le coût de la crise sur les populations, par des mesures austéritaires brutales imposées à des nations déjà fragilisées par le système économique mondial et l’impérialisme. Des pays comme l’Espagne et la Grèce sont durement touchés et leurs populations écrasées par les privatisations imposées de l’extérieur. C’est aussi le cas de nombreux pays d’Amérique latine ou d’Afrique du Nord. Ce contexte, souvent associé à des régimes autoritaires et cleptocrates incapables d’offrir une existence digne pour le peuple, mène bientôt à des ruptures de ban. Déjà en Grèce, en décembre 2008, les émeutes mettent à mal le gouvernement de Kóstas Karamanlís. À partir de décembre 2010, le « printemps arabe » remet profondément en cause le système économique mondial et les régimes politiques autoritaires qu’il protège dans une majorité de pays du Sud global. À terme, les régimes tunisien, libyen (par une intervention impérialiste d’un opportunisme criminel) et égyptien (avant le retour de la dictature en 2013) sont renversés, et des manifestations de très longue haleine remettent en cause plusieurs gouvernements, de l’Algérie au Liban.

Dans ce même contexte de contestation de l’ordre capitaliste et de remise en cause des régimes autoritaires, les étudiant.es du Chili manifestent durant pratiquement toute l’année 2011 pour dénoncer l’augmentation des coûts du transport public et la gestion néolibérale de leur pays, héritière du pinochisme. À compter de mai 2011, le Mouvement des indigné.es remet en cause l’économie de marché en Espagne, avant d’être récupéré dans les urnes par le parti Podemos. De plus, les occupations dénonçant la finance mondiale se multiplient dans le monde en 2011 et 2012, au sein du mouvement décentralisé « Occupy », né à New York. À la jonction de l’altermondialisme et de la séquence de luttes post-2008, le contre-sommet de Toronto (2010) sera aussi marquant pour bien des militant.es québécois.es, qui affrontent alors la violence de l’État (financée au coût de près d’un milliard de dollars), qui se traduit par plus d’un millier d’arrestations et de nombreux emprisonnements dans des conditions arbitraires. Ce contre-sommet est aussi l’occasion de préparer un discours radical qui sera repris en 2012. La grève étudiante québécoise s’inscrit très clairement dans cette seconde séquence de luttes, alors que le mouvement dénonce d’abord l’augmentation des frais de scolarité et la « marchandisation de l’enseignement », deux mesures néolibérales, avant d’élargir son horizon à une contestation du gouvernement, des politiques d’austérité et même du régime capitaliste. Ce récapitulatif en deux temps des mouvements de révolte mondiaux et occidentaux est important afin de comprendre tant les racines idéologiques de la grève étudiante de 2012 que son inscription dans un mouvement mondial d’opposition à l’ordre néolibéral. Il sera aussi intéressant de noter la convergence entre différentes pratiques internationales et québécoises, telle la pratique de la mobilisation horizontale arrimée aux réseaux sociaux, permettant une action rapide et étendue, mais qui implique souvent un mouvement plus décousu, poreux à la division ou incapable de proposer des projets clairs.

Le mouvement étudiant québécois : vers la grève générale

Au Québec, les années 1990 donnent lieu à une reconfiguration du mouvement syndical étudiant. La disparition en 1994 de l’Association des étudiants et étudiantes du Québec (ANEEQ), un syndicat revendicatif aux horizons politiques de gauche, laisse le champ libre à des organisations nettement plus corporatistes. Ainsi, la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ, 1989-2015) et la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ, créée en 1990) deviennent les principaux acteurs du mouvement étudiant. La FEUQ obtient par exemple la reconnaissance officielle du gouvernement en 1993, alors que l’organisation rassemble 125 000 membres dès l’année scolaire 1994-1995. Les éléments combatifs du mouvement ne sont pourtant pas disparus ; dans le contexte de remise en cause du néolibéralisme naît une nouvelle organisation radicale, le Mouvement pour le droit à l’éducation (MDE, 1995-2000). Se réclamant directement de l’influence zapatiste, cette organisation compte animer un mouvement d’opposition au néolibéralisme et au capitalisme. Déchirée entre ses obligations syndicales et sa volonté de mener une lutte politique, l’organisation se dissout à l’automne 2000, tout en ayant mis la table pour la création d’une organisation étudiante large et radicale, que sera l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ, 2001-2019).

Cette nouvelle association désire poursuivre les objectifs du MDE, mais cherche d’abord à se concentrer sur le milieu étudiant. On veut ainsi former une organisation étudiante large, capable de mobiliser et de lutter dans les cégeps et les universités, mais aussi porteuse d’un discours s’opposant au libéralisme et au capitalisme. En somme, l’ASSÉ assume son assise étudiante tout en gardant la porte ouverte à une lutte élargie, consciente que les problèmes en éducation découlent des problèmes sociaux. Par contre, l’ASSÉ n’est pas aux prises, comme l’a été le MDE, avec la tentation de se substituer aux organisations politiques. Dans la mouvance de l’altermondialisme qui se poursuit et des luttes post-2008, se distinguant des deux fédérations corporatives, l’ASSÉ se fortifie tout au long des années 2000. Seule à occuper une position nettement à gauche dans le mouvement étudiant, elle joue un rôle important durant les grèves de 2005 et 2007-2008. Durant la grève de 2005, c’est d’ailleurs elle qui met le plus clairement la pression sur le gouvernement, avant d’être exclue des négociations (sous prétexte de son radicalisme), ce qui mène à une entente au rabais entre les libéraux de Jean Charest et les deux fédérations étudiantes. À partir de 2010, l’ASSÉ est aussi l’organisation qui menace le plus directement le gouvernement libéral d’une grève générale et d’autres actions si celui-ci s’entête à vouloir augmenter les frais de scolarité de 1625 $ sur 5 ans. En 2011 est créée une Coalition large de l’ASSÉ (CLASSE) qui rallie de nombreuses associations étudiantes désireuses de lutter plus ardemment contre la hausse annoncée et qui se joignent momentanément à l’ASSÉ en vue du conflit.

L’ASSÉ, inspirée par le « syndicalisme de combat » ainsi que par les idées anticapitalistes du MDE, se montre à la fois combative et très démocratique, ce qui séduit un grand nombre d’étudiant.es de gauche. Après son exclusion des négociations en 2005, l’ASSÉ réussit le tour de force de devenir l’élément moteur de la grève de 2012 et ce sont ses membres qui instaurent un réel rapport de force avec le gouvernement, menant celui-ci à plier à divers moments. La FEUQ et la FECQ, bien qu’actives en 2012, ne sont plus capables de jouer le rôle de leadership qu’elles voudraient s’attribuer. L’ASSÉ mène le bal, quoiqu’elle soit elle-même souvent dépassée par des éléments d’extrême gauche (notamment anarchistes) qui, par des actions nombreuses et variées, maintiennent la pression sur le gouvernement durant toutes les négociations en vue de l’annulation de la hausse des frais de scolarité et d’une réforme du système d’éducation. L’ASSÉ sera le théâtre de tensions quant aux actions « acceptables » ou non et quant à l’élargissement de la grève à la société. Au final, l’ASSÉ, assumant son ancrage étudiant, s’en tiendra surtout à négocier de meilleures conditions d’études supérieures, sans pourtant dénoncer les différentes tactiques offensives employées par certains groupes, tout en arrimant ses demandes réformistes à un horizon post-capitaliste.

2012 : une lutte étudiante pour changer la société

En février 2010, le gouvernement libéral de Jean Charest, qui dirige le Québec depuis 2003, décide d’imposer une augmentation des frais de scolarité, qu’il chiffre subséquemment à 1625 $ sur cinq ans pour l’université, afin de porter ces frais à 3 793 $ par année en 2017. Cette annonce mobilise rapidement les milieux post-secondaires puisqu’elle attaque directement les étudiant.es, et vise à ancrer l’éducation supérieure dans un modèle néolibéral où les étudiant.es paient pour obtenir un diplôme, selon un modèle de la dette et de la rentabilité en contradiction avec un modèle d’éducation « universel et désintéressé ». En réponse, des actions ont lieu dès le mois de mars 2011 afin de contester la hausse annoncée et une manifestation rassemblant environ 30 000 personnes a lieu le 10 novembre suivant à Montréal. Afin d’organiser la riposte, la CLASSE est créée en décembre et rassemblera plus de 100 000 étudiant.es le temps de la grève. En janvier, c’est justement un débrayage illimité qui est proposé par la CLASSE et considéré par la FEUQ et la FECQ. Au début de février 2012, les votes de grève dans les cégeps et les universités se multiplient et le conflit commence officiellement[1]. Intransigeant, le gouvernement demande dès le 17 février aux administrations de ne pas respecter les votes de grève. Afin de nier le droit de grève acquis des étudiant.es au Québec depuis les années 1960, le gouvernement troque le terme de « grève » pour celui de « boycottage » afin de décrédibiliser le mouvement : une véritable guerre sémantique se met en marche entre le gouvernement et les grévistes, qui continuera tout au long du conflit. Les votes et les débrayages se poursuivent malgré tout, portant le nombre de grévistes à plus de 310 000 le 22 mars 2012, sur un total d’environ 450 000 personnes inscrites aux études supérieures.

À cette même date, une première manifestation d’envergure – qui doit être le point d’orgue du mouvement pour l’ASSÉ, subséquemment dépassée par sa propre base – rassemble plus de 150 000 personnes à Montréal. Cet élan est souligné dans les médias internationaux, créant le sentiment chez les étudiant.es québécois.es de participer à un mouvement mondial de dénonciation de l’idéologie et des pratiques néolibérales. De très nombreuses associations étudiantes, en grève limitée, tombent alors en grève générale illimitée. Le gouvernement cherche encore à nier l’ampleur du mouvement et privilégie la répression au dialogue alors que la contestation s’élargit, notamment grâce à un mouvement d’enseignant.es appuyant les étudiant.es dès la fin du mois de mars. Les actions directes commencent aussi à se multiplier, organisées par la CLASSE ou par des groupes autonomes, dont des blocages de routes, de ponts, du métro et d’immeubles gouvernementaux – Loto-Québec[2], la SAQ, des bureaux de ministres, etc. – ainsi que des manifestations parfois violentes, comme celle du 15 mars (jour de la manifestation annuelle contre la brutalité policière)[3]. C’est aussi une période marquée par la répression juridique, notamment en raison de l’octroi par les tribunaux d’injonctions forçant le maintien des cours, ce qui entraîne des affrontements entre grévistes et policiers tentant de faire respecter « la loi »[4].

Le 20 avril, au Palais des congrès de Montréal, a lieu une rencontre entre businessmans visant à amplifier l’exploitation du territoire, dans le cadre du projet de Plan Nord du gouvernement Charest. Face à cette rencontre du gouvernement avec les capitalistes de toute la province, une grande manifestation est appelée. Le matin même, le Palais des congrès est entouré par des milliers de militant.es, dont une partie pénètre dans le lieu et perturbe l’évènement. Repoussé.es par la police anti-émeute, les contestataires assiègent l’endroit de l’extérieur durant toute la journée, donnant lieu à des affrontements avec la police. Rebelote le lendemain alors que l’évènement se poursuit : nouveaux affrontements et nouvelles perturbations, nouvelles violences policières et arrestations. Suivant les votes de grève massifs et le mépris du gouvernement, la tension commence à monter sérieusement en avril 2012. À ce moment, le gouvernement décide d’entamer des négociations avec les associations étudiantes, tout en voulant exclure la CLASSE sous prétexte qu’elle n’a pas suffisamment condamné les violences des 20 et 21 avril. Cette décision vise clairement à diviser le mouvement étudiant : heureusement, les deux associations corporatives (FEUQ et FECQ), poussées par leur base, comprennent la manœuvre et refusent de s’asseoir à la table des négociations sans la présence de l’organisation de gauche, comme cela avait été le cas en 2005. L’action du gouvernement n’empêche pas la tenue, le 22 avril, de l’une des plus grandes manifestations de l’histoire du Québec, qui rassemble à Montréal environ 250 000 personnes, ni l’organisation de trois grandes manifestations nocturnes (24, 25 et 26 avril) appelées par des étudiant.es autonomes des grandes associations[5].

Le lendemain, Jean Charest fait une offre aux étudiant.es, soit d’étaler la hausse prévue sur sept ans plutôt que cinq ans. Cette proposition est perçue comme une insulte par le mouvement, qui intensifie dorénavant ses actions directes, ses manifestations de jour organisées par les centrales syndicales étudiantes et ses manifestations nocturnes, qui rassemblent des milliers de personnes chaque soir à Montréal (puis à Québec notamment) et qui sont l’occasion récurrente d’affrontements avec la police. Les étudiant.es plus radicaux répondent aussi au gouvernement par milliers lors du 1er mai anticapitaliste (organisé par la Convergence des luttes anticapitalistes, CLAC) où les échauffourées sont nombreuses. Le gouvernement, après plusieurs mois de conflit, maintient son attitude intransigeante et sa politique de répression. Dans ce contexte, le Parti libéral du Québec décide de tenir son congrès général à Victoriaville, pour s’éviter une rencontre houleuse avec les manifestant.es, comme cela fut le cas au Palais des congrès de Montréal. Les étudiant.es se présentent pourtant nombreuses et nombreux à Victoriaville le 4 mai et affrontent dès le début de la journée les escouades anti-émeutes de la Sûreté du Québec (SQ), qui protègent le rassemblement libéral. Des scènes de confrontation ont lieu toute la journée alors que la violence policière atteint son comble et que plusieurs manifestant.es sont grièvement blessé.es. En parallèle, le gouvernement appelle les représentant.es des organisations syndicales étudiantes à négocier à Québec. Une entente de principe est signée le 5 mai, mais elle sera rejetée par toutes les associations étudiantes en grève, alors même que les directions syndicales reconnaissent plus ou moins s’être fait mener en bateau. Cette entente maintenait en effet la hausse des frais de scolarité. Suite au rejet unanime par la base de cette entente inacceptable, la ministre de l’Éducation, Line Beauchamp, démissionne de la vie politique le 14 mai 2012.

Face à un mouvement étudiant très vigoureux, la ville de Montréal se met aussi à la répression, interdisant le port du masque en manifestation à compter du 18 mai. La même journée, l’inique loi 12 du gouvernement Charest entre en vigueur, visant à forcer la tenue des cours et à interdire les rassemblements publics de plus de 50 personnes sans en avertir la police. En somme, le gouvernement Charest cherche à mettre fin au mouvement par cette loi spéciale, puisqu’elle interdit de facto la grève étudiante et les manifestations impromptues, les deux moyens d’action qui permettent aux étudiant.es d’établir un rapport de force avec le gouvernement. C’est dans ce même contexte que le futur premier ministre François Legault, qui vient de créer la Coalition avenir Québec (CAQ), déclare que « la prochaine étape va être de le faire avec des policiers, d’une façon un peu forcée »[6]. Une grande manifestation de soir a lieu la journée même pour dénoncer le règlement de la ville et la loi provinciale. Le 20 mai, il y aura plus de 300 arrestations lors de la manifestation nocturne, laissant présager un durcissement de la répression et de la judiciarisation du conflit. Le 22 mai 2012, le mouvement réplique en ce 100e jour de grève : des manifestations sont organisées partout au Québec, sans respecter la loi 12, alors que le cortège montréalais rassemble 250 000 personnes. La manifestation de soir est quant à elle violemment réprimée, en guise de punition pour les succès de la journée. La fin du mois de mai voit se multiplier les arrestations de masse[7], souvent de plusieurs centaines de personnes, à Montréal comme à Québec. Ces arrestations aveugles ainsi que la « loi spéciale » sont dénoncées par une partie grandissante de la population, qui commence à faire entendre des bruits de casserole quotidiennement, et seront à terme dénoncées par la Ligue des droits et libertés et par Amnistie Internationale.

En juin et juillet, le mouvement se poursuit, notamment sous la forme des manifestations nocturnes à Montréal, Québec et ailleurs, et dénonce de plus en plus clairement le gouvernement libéral dans son ensemble, les politiques austéritaires et même le capitalisme. Le mouvement étudiant devient peu à peu un mouvement social opposé au gouvernement Charest et à la gestion néolibérale, en écho aux mouvements mondiaux de contestation post-2008. C’est aussi le moment choisi par la CLASSE pour diffuser son message auprès de la population et pour essayer d’élargir la lutte en faveur d’une démocratie directe et d’une société équitable dans le cadre d’une tournée estivale de mobilisation. Une nouvelle grande manifestation a lieu le 22 juillet, rassemblant possiblement 80 000 personnes. Le conflit, toujours bloqué, trouve un nouveau développement le 1er août[8] : le premier ministre annonce la tenue d’élections anticipées pour le 4 septembre 2012. Peu importe les camps et les tendances, tout le monde comprend que le conflit est maintenant pleinement politique. Les fédérations corporatistes ainsi que la CLASSE savent que le conflit est devenu social, qu’elles veuillent le régler dans les urnes ou dans la rue. C’est aussi le cas des factions radicales et anticapitalistes, qui rejettent les élections, mais assument pleinement le caractère politique de la situation. Dans ce contexte électoral, la FECQ, la plus aplaventriste des organisations étudiantes, met fin à sa grève. La CLASSE, quant à elle, poursuit le combat, avec notamment une énième grande manifestation le 22 août. L’été est aussi marqué par un mouvement populaire, avec des organisations de travailleur.euses appuyant les étudiant.es, de l’organisation de quartier et des manifestations locales, ainsi que le fameux mouvement des casseroles[9]. En effet, depuis mai et jusqu’en août, des bruits de casseroles se font entendre tous les soirs dans les quartiers de Montréal et d’ailleurs pour dénoncer la loi 12 et le gouvernement, et en appui aux étudiant.es.

En vue des élections, la FEUQ et la FECQ encouragent les étudiant.es à aller voter pour faire entendre leur voix, appuyant officieusement le Parti québécois (PQ), l’opposition officielle. Ce parti est pourtant celui qui avait le premier remis en cause le gel des frais de scolarité à l’époque du gouvernement de Lucien Bouchard (1996-2001), alors que Pauline Marois, la cheffe du PQ en 2012, était… ministre de l’Éducation (1996-1998). Ne semblant guère se soucier des contradictions, les manigances de la FEUQ et de la FECQ participent à l’élection du PQ à la tête du Québec en 2012[10]. La CLASSE ne se mêle pas de la campagne électorale, attendant de voir quel sera son prochain adversaire. Dès son élection en tant que gouvernement minoritaire, le Parti québécois, en guise de remerciement pour l’appui des fédérations, et pour s’éviter un nouveau conflit social qui vient de coûter le gouvernement au PLQ, annule par décret la hausse des frais de scolarité à l’origine du mouvement de 2012 ainsi que la « loi spéciale » (loi 12). La grève étudiante prend fin de facto, au grand bonheur des deux fédérations et d’une partie de la CLASSE, mais au dam du noyau traditionnel et des radicaux de l’ASSÉ, ainsi que des groupes anticapitalistes qui souhaitaient voir s’approfondir le conflit entre militant.es et néolibéralisme. Ces derniers ont bien raison d’être amers : le gouvernement Marois agit de 2012 à 2014 comme n’importe quel gouvernement néolibéral et impose une hausse des frais de scolarité lors du Sommet sur l’éducation post-secondaire (février 2013), d’ailleurs boycotté par l’ASSÉ pour cette raison.

2012 et après ?

Entre l’épuisement des troupes, l’élection surprise déclenchée par Jean Charest, la servilité de la FEUQ et de la FECQ à l’endroit du PQ et la récupération politique opérée par ce parti, le « printemps érable », nom fameux donné à la grève étudiante de 2012 en référence au « printemps arabe », se termine abruptement. C’est par ailleurs la fin d’un front commun historique entre fédérations étudiantes, syndicat étudiant de gauche (ASSÉ) et différents groupes politiques et sociaux radicaux. Le rêve d’un élargissement du mouvement à l’ensemble de la société, afin de voir émerger une remise en cause globale du système, est aussi enterré. L’ASSÉ sort par contre assez triomphante du printemps 2012 : elle est passée du rôle d’une organisation de taille moyenne, méprisée par les fédérations étudiantes, les grandes centrales syndicales et le gouvernement, à celui de premier acteur du mouvement étudiant. C’est désormais le syndicat le plus connu et le plus populaire dans les milieux post-secondaires. Cette aura perdure dans les années suivantes, jusqu’en 2015 environ. À ce moment, en effet, des militant.es de la gauche radicale se proposent d’organiser un nouveau mouvement de grève, plus ouvertement politique et social. Des comités de grève sont formés dans les milieux étudiants et dans divers milieux de travail, réussissant effectivement à lancer un mouvement de débrayage de mars à mai 2015. L’ASSÉ, supportant mal cette initiative de la base, non centrée sur le mouvement étudiant, tolère pour un temps les votes de ses membres. Mais après six semaines de grève, sans prévenir les militant.es des différents comités, le syndicat étudiant appelle avec succès à mettre fin à la grève. Cette action non coordonnée et en contradiction avec un mouvement de grève étudiant et social dérange grandement les militant.es de gauche et d’extrême gauche qui forment la base traditionnelle de l’ASSÉ. Après cette trahison, la glorieuse organisation périclite jusqu’à sa disparition en 2019.

La grève de 2012 laisse certainement d’autres traces, dont la capacité de mobiliser très largement, la possibilité de créer une jonction entre mouvement étudiant et mouvement social, l’élargissement du discours anti-néolibéral et anticapitaliste (qui peut expliquer en partie la montée continuelle du vote pour le parti de gauche Québec solidaire depuis 2012), le respect chez plus de personnes de la « diversité des tactiques », une suspicion accrue envers les corps policiers et le gouvernement, la diffusion de tactiques diverses de lutte, etc. Une génération a été formée aux idées et pratiques radicales, qui animent encore différents groupes réformistes ou révolutionnaires. Le mouvement présente aussi plusieurs apories. Alors qu’il contestait la gouvernance néolibérale et l’exploitation des ressources naturelles (notamment lors des émeutes contre le Plan Nord), il n’a pas su se lier aux luttes des peuples autochtones contre l’État et l’extractivisme. Le mouvement de 2012 a oscillé entre le dirigisme des fédérations étudiantes, qui nivelaient vers le bas les demandes et pratiques du mouvement, et l’horizontalisme extra-associatif, qui se montrait combatif, mais disparate, n’arrivant pas à offrir un horizon révolutionnaire viable. Entre les deux, l’ASSÉ est finalement restée trop réformiste et trop centrée sur le monde étudiant, deux tares qui ont contribué à l’échec du mouvement de 2015. Le mouvement n’a pas su non plus rendre pérenne l’élargissement du mouvement à la contestation politique ni radicaliser plus largement la population. Enfin, les liens organiques entre une partie du mouvement, surtout les corporatistes, et le mouvement nationaliste québécois, ont entraîné diverses confusions et problématiques, détournant souvent le mouvement des enjeux économiques et de classes sociales[11]. Si nous visons à revisiter plusieurs aspects intéressants de la grève de 2012 dans des articles à venir, dont la grève en région, la présence queer dans le mouvement, la question de la violence ou celle de l’image, nous reviendrons aussi sur les apories de ce conflit étudiant. Non tant pour critiquer, mais bien pour réfléchir à des manières révolutionnaires de composer avec ces contradictions et ces écueils lors de prochaines luttes. En tant que militant.es d’extrême gauche, nous aurons encore à intervenir dans des mouvements sociaux : à nous de réfléchir comment les radicaliser pour les porter plus loin, i.e. vers des fins révolutionnaires.

Pour en connaître plus sur les origines et le déroulement de la grève étudiante de 2012 au Québec, la meilleure référence reste l’ouvrage « engagé » Printemps de force (Arnaud Theurillat-Cloutier, Lux, 2017). Si le livre étudie le mouvement étudiant de 1958 à 2013, il offre une place de choix à la grève de 2012 dans la perspective d’un « asséiste pragmatique ». Pour une lecture de la grève dans une perspective anarchiste, on lira On s’en câlisse (Collectif de Débrayage, Sabotard / Entremonde, 2013). Pour un portrait documentaire de la grève dans son ensemble, favorable aux étudiant.es et à l’ASSÉ, on écoutera Carré rouge sur fond noir (Santiago Bertolino, 2013, 110 minutes). Enfin, pour une expérience immersive au cœur des manifestations et des émeutes, là où le conflit s’est joué, on regardera Insurgence (Collectif Épopée, 2013, 136 minutes).


[1] L’Association étudiante du cégep de Valleyfield (AGÉCoV) est la première à se donner un mandat de grève illimitée le 7 février ; la grève commence officiellement le 13 février.

[2] La tour de Loto-Québec a notamment été bloquée le 7 mars, entraînant une violente répression policière et le premier blessé grave du conflit, un étudiant ayant perdu son œil.

[3] Cette manifestation, à laquelle la CLASSE a appelé ses membres à participer, a rassemblé environ 5000 personnes et s’est soldée par une émeute.

[4] Les affrontements durent du 16 au 19 avril à l’Université du Québec en Outaouais (UQO) et entraînent plus de 330 arrestations… mais les grévistes tiennent bon et les cours restent suspendus.

[5] La manifestation du 25 avril rassemble au moins 10 000 personnes, tourne à l’émeute en soirée et se poursuit durant la nuit.

[6] Cité par Michel David, « Place aux muscles », Le Devoir, 15 mai 2012.

[7] Plus de 270 arrestations le 20 mai, plus d’une centaine le 22 et plus de 500 le 23, seulement à Montréal.

[8] Qui est aussi la date de la 100e manifestation nocturne à Montréal, évènement qui rassemble plusieurs milliers de militant.es.

[9] Le parti progressiste Québec solidaire (QS) participait à l’effort d’élargissement social du mouvement, alors que les grandes centrales syndicales (CSN et FTQ) se sont contentées d’appuyer les étudiant.es en évitant soigneusement d’elles-mêmes se mettre en jeu ou de profiter du contexte pour menacer le gouvernement néolibéral, par essence opposé aux intérêts des travailleuses et des travailleurs.

[10] Les liens organiques entre les centrales corporatistes (FEUQ et FECQ) et le PQ sont patents ; la présidente de la FEUQ de 2011 à 2013, Martine Desjardins, est candidate aux élections de 2014 pour le PQ, alors que le président de la FECQ de 2010 à 2012, Léo Bureau-Blouin, n’attend pas et se présente pour le PQ dès 2012, devenant député pour le parti nationaliste de 2012 à 2014.

[11] Le mouvement de grève de 2012 a aussi été marqué par l’entrée en grève illimitée, pour la première fois, d’associations étudiantes des universités anglophones McGill et Concordia, qui ne vouaient certainement pas leurs actions à servir le mouvement nationaliste québécois.

Retour sur la contre-manifestation du 12 février 2022, opposée à la manifestation en support aux “convois de la liberté”

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Fév 142022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Nous étions plus de 150 samedi matin rassemblé-e-s au parc Jarry pour nous opposer à l’extrême droite qui surf actuellement sur la vague d’une écoeurantite des mesures sanitaires pour faire avancer son agenda politique. Parmi les manifestatant-e-s auxquel-le-s nous étions confronté-e-s, si les drapeaux les plus largements brandis étaient ceux du Canada, d’autres levaient bien haut des drapeaux du Front canadien-français, un collectif d’êxtrême droite ultra-nationaliste et d’héritage catholique [On nous avise que le drapeau en question, le Carillon-Sacré-Coeur, n’est pas le drapeau du Front canadien-français. L’origine du drapeau date du début du 20e siècle, dans les cercles ultramontains. Le FCF était un groupuscule créé et dissout dans les dernières années qui s’est approprié ce drapeau comme plusieurs militants nationalistes de droite ; NdMTLCI]. Le populiste d’extrême droite du Parti populaire du Canada, Maxime Bernier, était aussi présent.

L’énergie des contre-manifestant-e-s était très bonne, malgré la tristesse de l’événement. Nous avons scandé haut et fort pendant des heures les “A-Anti-Antifascistes” et “Ni Trudeau ni covidiot, la solution est pas facho”. Notre plus grande victoire a été de priver la manifestation de tous ses camions et automobiles vêtus de drapeaux en bloquant la sortie du stationnement. Même en petit groupe, bien motivé-e-s nous somme réellement capables de courcircuiter les mouvements menés par l’extrême droite.

Or, il ne faut pas se leurrer. Malgré la situation partout au Canada, le financement à coup de millions provenant de sources obscures et l’esprit du mouvement des convois de la liberté inspiré de l’assaut sur le Capitole de l’an dernier, le SPVM a déployé au moins autant de fascistes en habits de police qu’il y avait de contre-manifestant-e-s pour nous encercler et nous bloquer toute tentative de mouvement. En habit d’anti-émeute, ils étaient nombreux à se vêtir fièrement de patches “thin blue line”. Mélangé-e-s de rage et de tristesse, nous avons donc attendu longtemps encerclé-e-s d’antiémeutes une fois la manifestation ayant quittée leur lieu de départ. Il était pitoyable de voir autant d’antiémeutes nous mettre en cage sans s’intéresser aux facho qui se rassemblent dans nos quartiers.

La situation est extrêmement préoccupante. En tant qu’antifascistes, nous ne pouvons permettre la gaine actuellement semée de germer. Nous devons nous organiser et multiplier les contres-manifestations, soyons à l’affut de ce qui se prépare dans nos quartiers. Alors qu’une mobilisation fasciste extrêmement bien financée se concrétise et est protégée par des flics portant des symboles dotés d’un background plus qu’alarmant, mettre de l’avant des perspectives antifascistes dans nos luttes semble plus qu’impératif.

Photo : André Querry

Nouvelle action de perturbation, en solidarité avec les Wet’suwet’en, qui s’attaque aux franchises Banques Royale du Canada (encore)

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Fév 102022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le 6 février 2022, à Montréal (Tio’Tia:Ke), des allié.e.s allochtones ont fait des actions de perturbation en solidarité avec le clan Gidimt’en de la nation Wet’suwet’en sur plusieurs guichets automatiques de différentes succursales de la Banque Royale du Canada dans la région du soi-disant Montréal.

Nous avons utilisé-es différentes tactiques : briser des vitres, mettre de la colle dans des serrures, insérer des cartes dans les insertions des guichets et utiliser des «tags» #FuckRBC à l’intérieur. Maintenant, les clients de la RBC vont être conscient des raisons pour lesquelles leurs banques sont constamment ciblées depuis maintenant 5 mois. Les instigateurs.trices de cette action répondent en effet à l’appel des chefs traditionnels Wet’suwet’en à perturber le Canada (#ShutdownCanada) en réaction à l’invasion de leur territoire, le Yintah, pour la troisième année consécutive par la GRC.

Le peuple Wet’suwet’en s’oppose actuellement à la construction d’un oléoduc par Coastal GasLink, une compagnie de TransCanada Energy – qui est connue ici pour avoir tenté la construction de l’oléoduc Énergie Est -, sur leur territoire traditionnel. Entre autres choses, la construction de l’oléoduc met en danger la rivière Wedzin Kwa, source d’eau et de poisson, et lieu central aux pratiques ancestrales des Wet’suwet’en, sous laquelle il doit passer.

Ce sont des petites actions faciles à reproduire et nous vous encourageons à faire vos propres tests avec des ami.es de confiance afin de trouver différentes façons de lutter contre la RBC.

Plusieurs actions de solidarité ont en effet eu lieu à différents endroits, au Canada, dans les dernières semaines. L’appel à des actions de solidarité est toujours d’actualité: « le Clan Gidimt’en invite à l’organisation de manifestations et d’actions dans votre région. Il appelle également [à] mettre de la pression sur les gouvernements, les banques et les investisseurs […] et à venir au campement.»

Solidarité avec tous les peuples qui résistent! Non à Coastal GasLink! #Fuck RBC!

Compte-rendu de voyage : Le samedi 5 février à Ottawa

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Fév 102022
 

Soumission anonyme à North Shore Counter-Info

Nous avons pris le train en ville pour éviter d’être pris dans l’embouteillage de la manifestation elle-même. J’ai passé le trajet à me préparer pour ce que nous allons voir en passant mentalement en revue toutes les choses que je dois m’attendre à voir et à entendre dans les prochaines heures à la manifestation du convoi et à me distraire en me demandant si j’aime ou non le nouveau système de transport en commun d’Ottawa. Je n’ai pas été au centre-ville d’Ottawa depuis avant la pandémie. Je sais à quel arrêt nous nous rendons, mais il est de toute façon immanquable, une vague de personnes vêtues de capes du drapeau canadien, sans masque et portant des pancartes se prépare à descendre en même temps que nous. Je me souviens avoir utilisé une tactique similaire pour trouver le bon arrêt de métro afin de me rendre au parc Zucotti en 2011. Il y a tellement de similitudes superficielles entre ici et là que je ne peux m’empêcher de ressentir une pointe de jalousie et peut-être même d’empathie envers les manifestant-es que j’ai vécus toute la semaine, en regardant leur moment se dérouler et en me rappelant des moments où j’ai ressenti de la joie, de la camaraderie et de l’anticipation du genre de celles que j’imagine qu’iels ressentent cette semaine.

La première chose que je remarque lorsque nous sortons du train, c’est un grand homme blanc portant un chapeau “Make America Great Again” et agitant le drapeau “Fuck Trudeau” qui est un emblème important de la droite depuis quelques années. Évidemment, je déteste son chapeau Trump, mais cela me rappelle aussi à quel point je déteste que l’extrême droite m’ait enlevé un slogan aussi pur et bon que “Fuck Trudeau”, de sorte que je ne peux pas insulter l’homme qui est peut-être le premier ministre que je préfère le moins dans l’histoire du Canada sans d’abord déclarer que je ne soutiens pas l’extrême droite. La deuxième chose remarquable, ce sont deux jeunes familles qui se croisent, l’une se dirigeant vers le train et l’autre s’en éloignant, les enfants sautant de haut en bas en marchant et scandant “LIBERTÉ” si fort que leurs voix se brisent. Je peux dire qu’iels ont fait cela toute la journée et le mec MAGA se joint à eux avec un bruyant “FREEDOM ! FREEDOM !” et salue les enfants avec enthousiasme.

J’ai suivi cette manifestation en ligne toute la semaine et, bien que je sache que c’est en ligne que se déroule une grande partie du badinage des manifestant-es, je savais aussi que ce serait différent d’être parmi elleux au centre-ville d’Ottawa. Je voulais le voir de mes propres yeux et me faire une idée de l’ambiance, ainsi qu’évaluer à quel point la présence du mouvement d’extrême-droite qui, je le sais, est à l’origine de ces manifestations, est évidente. Je suis ici en tant qu’observateur, je n’essaie pas de me fondre dans la masse ou de les infiltrer de quelque manière que ce soit, mais je ne les provoque pas non plus. Il est évident que je ne peux pas tirer grand-chose de ma présence sur place pendant une journée, et je ne prétends pas ou n’espère pas être un expert des convois de la liberté, mais j’espérais que le fait de le voir en personne m’aiderait à me faire une opinion à ce sujet d’une manière que les médias sociaux seuls ne peuvent pas faire.

Il y a ici beaucoup de drapeaux et de pancartes représentant diverses causes wingnut, nationalistes et de droite, mais les deux symboles les plus largement partagés de ce mouvement sont clairement le drapeau canadien et l’absence de masque facial. Le rouge et le blanc sont partout et de nombreux manifestant-es ont pris l’habitude de s’en draper, paradant avec une cape en forme de feuille d’érable. Je ne comprends pas vraiment quand l’État canadien est supposément la chose qu’iels combattent, mais encore une fois, je n’ai jamais vraiment “compris” le nationalisme canadien et ce n’est pas nouveau – la même pléthore de drapeaux canadiens était le symbole le plus commun à deux importants prédécesseurs de ce mouvement, le “mouvement patriote” populiste et islamophobe qui a émergé en opposition au projet de loi M-103 et le mouvement des “Gilets jaunes du Canada” financé par le pétrole et le gaz.
L’absence de masque facial est un symbole frappant qu’iels partagent tous et beaucoup d’entre elleux l’ont porté au-delà de la manifestation, refusant avec défi de remettre leur masque lorsqu’iels montent dans les transports en commun ou entrent dans les quelques commerces qui restent ouverts au centre-ville. Je n’en porte pas non plus et c’est tout ce qu’il semble falloir pour se fondre dans cette foule. Dans le train, j’imagine qu’iels se retrouvent ainsi, partageant des regards conspirateurs avec d’autres membres de leur nouvelle communauté qui se sont également réveillés de la stupeur conformiste et pro-restrictions dans laquelle iels imaginent le reste d’entre nous. Dans les rues, j’ai entendu parler de nombreux passants et contre-manifestant-es qui se sont fait engueuler parce qu’iels portaient le leur, et je ne suis pas du tout surpris.

Je sais qu’il y a du racisme sous-jacent, car je sais que leurs organisateurs-trices sont enraciné-es dans les mouvements plus ouvertement racistes qui ont ouvert la voie à celui-ci, mais je ne pense pas qu’un passant naïf le remarquerait nécessairement, à moins qu’il ne se trouve au bon endroit au bon moment. J’ai entendu parler de personnes racisées harcelées par des membres du convoi, mais ce n’est certainement pas leur activité principale la plupart du temps, et je ne vois pas un seul signe concernant l’immigration, la race ou le colonialisme pendant tout le temps où je suis là. J’ai remarqué deux pancartes ouvertement antisémites, principalement du type “liste de complots” que j’ai déjà vu sur des complotistes lors de manifestations de gauche à grande échelle. Il y a un certain nombre de symboles de droite parsemés dans la foule, y compris un nombre surprenant de drapeaux “Don’t Tread On Me”, mais aucun signe d’organisations canadiennes connues d’extrême droite ou néo-nazies affichant leurs couleurs et leurs symboles. Plus tard, sur Twitter, j’ai remarqué que quelqu’un avait posté une photo de six membres de l’organisation patriote d’extrême droite “Canada First”, cagoulés, dans les rues le même jour, mais je ne les ai pas rencontrés en personne. Je m’attendais à voir plus de preuves des fascistes déclarés du Québec et du Canada qui recrutent, mais je n’en ai pas trouvé samedi. Peut-être qu’iels se cachent ou peut-être que la foule était simplement trop grande pour que je puisse les trouver. Il y a beaucoup de blancs ici mais ce n’est certainement pas une foule homogène, peut-être même pas beaucoup plus blanche que beaucoup de manifestations écologistes ou d’autres manifestations de gauche auxquelles j’ai assisté par le passé.

C’était énorme samedi. Vendredi, la police a fait état d'”environ 350″ manifestant-es dans le centre-ville et n’a rien dit sur le nombre de manifestant-es samedi, mais il y en avait certainement des milliers. Le succès des camions en tant que tactique de revendication d’espace pour ce groupe ne peut être sous-estimé. Toutes les rues autour du Parlement sont bloquées par de grands véhicules, ornés de pancartes et de drapeaux, avec des manifestant-es dans les cabines, klaxonnant, souriant et saluant la foule, dont beaucoup portent des pancartes “Merci aux camionneurs” et réservent leurs plus grandes expressions d’enthousiasme pour les rencontres avec les camions eux-mêmes. Même les jours où iels sont moins nombreux, il est difficile d’imaginer quelle tactique de la police ou des contre-manifestants pourrait réussir à saper leur contrôle sur les coins de rue entourant la colline du Parlement. Iels sont nombreux sur et devant la colline, où une sorte de “scène principale” a été installée à l’arrière d’un camion pour les orateurs et les annonces, mais iels ont tout le quartier. Plusieurs rues plus loin, un parc fait office de centre logistique, des gens y sont installés avec de la nourriture gratuite, du bois de chauffage et d’autres fournitures. Toutes les rues entre les deux et, en fait, une grande partie du centre-ville font activement partie de la zone de manifestation, remplie de gens qui crient et chantent et du son omniprésent des klaxons de camions qui a tant attiré l’attention des contre-manifestant-es locaux.

Je suis passé plusieurs fois devant la scène principale et chaque orateur que j’ai entendu était un militant anti-vaccins de quelque sorte. C’est en fait assez ennuyeux – bla bla ivermectine bla bla conspiration bla bla produits chimiques toxiques dans votre bras. Je ne peux pas dire si beaucoup d’entre elleux écoutent même les orateurs et dans les rues éloignées de la scène, le seul slogan que j’entends est “Liberté !”, il est donc très difficile de dire si les gens sont tous ou principalement des anti-vaccins, mais j’imagine que beaucoup le sont. En bas de la route, un autre haut-parleur diffuse du rock classique et un groupe tout aussi important a créé une fête dansante, agitant leurs pancartes de conspiration et leurs drapeaux canadiens et scandant “liberté” tout en dansant ensemble de manière extatique par -25 degrés. Je n’ai jamais vu notre camp se gonfler avec autant de succès en si grand nombre par un temps aussi pourri.

J’imagine que tous les complotistes que j’ai rencontrés dans la région sont ici, et bien d’autres encore. J’ai l’habitude de voir de telles personnes seules dans une foule, mais c’est un peu troublant de constater à quel point elles sont nombreuses maintenant qu’elles sont toutes réunies au même endroit. Il y a des panneaux et des brochures partout sur toutes les théories du complot d’extrémistes que j’ai entendues et même certaines que je n’ai pas entendues – les puces électroniques dans les vaccins, les juifs, les lézards, et j’en passe. Un panneau me dit qu’une triade de fouines travaillent ensemble pour contrôler la population avec la puce des vaccins : le gouvernement Trudeau, les médias grand public et l’Alliance de la fonction publique du Canada. J’espère que quelque part, un membre de l’AFPC est fier d’être élevé à un si haut statut. J’avais l’intention de parler à plus de gens, mais toutes les conversations que j’ai entendues portaient sur une théorie du complot connue – trois gars derrière moi qui parlaient de la 5G et de la Chine, une femme qui expliquait le “Great Reset” à ses enfants d’âge scolaire, un père francophone qui disait à ses enfants que les masques sont mauvais pour leurs poumons. À la fin de la journée, dans le bus du retour, je me prépare à demander à deux manifestant-es derrière moi de m’expliquer leur mouvement, mais j’abandonne quand je les entends chuchoter entre eux pour dire qu’il y a encore beaucoup à dire sur les chemtrails. Je suis frappé par une évidence à laquelle je n’avais pas vraiment réfléchi auparavant, à savoir que de nombreuses personnes d’apparence très normale, avec des familles, des emplois et de beaux sourires, sont en fait des adeptes de certaines des théories du complot que je considère comme les plus irrationnelles et impossibles à croire. Je suppose que ce phénomène a beaucoup augmenté depuis la pandémie, mais je ne peux pas le prouver.

Je soupçonne qu’une grande partie de la croissance de ce mouvement se produit parmi les personnes qui ne se sont pas manifestées et ne se seraient pas manifestées pour les mouvements de droite du passé, mais qui sont simplement véritablement fatiguées des restrictions du Covid. À un moment donné, j’ai vu un groupe d’enfants avec de jolies pancartes portant le contour d’un camion rempli de listes des choses qu’iels ont manquées depuis 2020 – le football, voir mes amis, sourire à ma grand-mère, la pratique de la chorale. Mon cœur se serre quand j’imagine les visions du monde que ces enfants rencontrent lors de ce qui pourrait bien être leur première manifestation. J’ai beaucoup d’empathie pour leur désir de s’engager dans des activités normales, ludiques et collectives après deux années à faire semblant de se satisfaire d’appels Zoom, de conversations masquées et de rencontres en plein air dans un froid glacial. Je déteste le fait qu’une grande partie de la gauche agisse comme si ces préoccupations n’existaient pas, en disant aux gens que s’iels se soucient un tant soit peu des personnes vulnérables, âgées et handicapées, iels doivent simplement faire avec et passer à autre chose. Une pancarte dit “C’est l’existence, je veux vivre”. Moi aussi, mec, à 100%. Si seulement c’était vrai ce que disent les complotistes de ce mouvement, qu’en fait le Covid n’est qu’un rhume, que le gouvernement a gonflé le nombre de morts et que tout ce que nous devons faire pour mettre fin à la pandémie, c’est prendre la pilule rouge, retirer nos masques et danser à nouveau dans les rues. Si je plisse les yeux, je peux presque voir ce qu’iels voient, iels sont enfermés à l’intérieur depuis si longtemps et les camionneurs sont les premiers à avoir le courage de s’exprimer et de dire “ça suffit”, nous devons sortir. S’il n’y avait pas les racistes de droite qui dirigent le mouvement, sans parler des millions de morts réelles dues au Covid-19 qu’aucune quantité de bonnes vibrations et de mensonges ne pourra empêcher, cela aurait beaucoup de sens.

Dans l’après-midi, nous nous rendons à une contre-manifestation organisée principalement, semble-t-il, par des résidents du centre-ville d’Ottawa qui en ont assez du bruit, de la circulation, des discours haineux, du harcèlement et de l’intimidation de la part de certains manifestant-es. Il est très, très important de contrer le mouvement des camionneurs avant qu’elle ne devienne un mouvement révolutionnaire néo-fasciste à part entière, mais honnêtement, je n’ai ressenti aucune affinité avec cette contre-manifestation en particulier. La plupart des pancartes demandaient plus de policiers, se plaignaient de désagréments comme le bruit et le trafic, ou se moquaient des manifestant-es parce qu’iels n’étaient pas vaccinés et/ou étaient stupides. “Honk if you failed civics”, “Self-driving trucks can’t spread covid”, “Ottawa police act now”, “Make Ottawa boring again”. Une dame avec une pancarte verbeuse sur la façon dont les vaccins obligatoires sauvent des vies me prend pour un membre du convoi et me réprimande parce que je suis apparemment analphabète : “Ça t’a pris quelques minutes pour lire ça, chérie ?”. J’ai un diplôme d’études supérieures et je n’ai pas à être aussi personnellement offensée, mais je ressens un élan de rage envers les élites libérales du centre-ville qui pensent que le problème est que ces gens ne sont tout simplement pas allés à l’école assez longtemps. Nous partons avant la fin de la manifestation, alors que certains manifestant-es sont engagés dans une impasse verbale – les antis scandent “Rentrez chez vous, bande d’idiots” tandis que les manifestant-es du convoi leur répondent “On vous aime toujours ! On vous aime ! Love !” et la police forme une ligne plus forte entre les deux foules.

Je pense que le convoi de camionneurs est une manifestation. Je ne suis pas d’accord avec celleux qui disent qu’il s’agit d’un siège, d’une insurrection ou de tout autre terme exagéré, et je pense que ces idées viennent principalement d’Ottaviens outrés que quelqu’un puisse être aussi bruyant et aussi agaçant pendant aussi longtemps. Je n’hésiterais pas à organiser et à participer à une manifestation aussi bruyante et ennuyeuse si elle était organisée par d’autres personnes pour une autre cause. Je ne vois donc pas le bien-fondé de ces préoccupations et je ne pense pas que le fait d’être très bruyant ou très ennuyeux fasse de cette manifestation autre chose qu’une manifestation. Il y a toujours eu des libéraux qui nous traitaient de terroristes lorsque nous occupions l’espace, ou qui prétendaient que nos cornes d’alarme étaient des armes et qu’iels étaient attaqués par notre refus de partir. Il s’agit d’une “occupation”, dans le sens où le mouvement Occupy était une occupation, c’est-à-dire qu’il cherche à occuper l’espace comme une tactique de protestation et cherche à créer un conteneur pour que les personnes partageant les mêmes idées puissent se rassembler, à la manière d’un campement. Comme beaucoup de mouvements sociaux, il y a des éléments révolutionnaires qui aimeraient le voir se transformer en quelque chose de beaucoup plus important. Cela pourrait arriver – c’est une manifestation très importante et réussie et beaucoup de personnes présentes semblent très inspirées et engagées. Mais cela ne s’est pas encore produit. Il faut l’arrêter avant que cela n’arrive, idéalement par la résistance de la base et non par la répression policière.

J’ai beaucoup de pensées décousues à ce sujet et je pourrais probablement écrire plusieurs longs essais sur le sujet si j’avais le temps et la foi en ma propre compréhension et autorité pour le faire. Pour aujourd’hui, je vais me contenter de partager mon expérience et quelques grands thèmes de questionnement que j’aimerais approfondir, sans ordre particulier :

(1) La liberté est un objectif très réel et très important, et les restrictions de Covid contraignent véritablement les gens, souvent de manière véritablement contraire à l’éthique. Je ne soutiens pas les mandats de vaccination, même si je suis favorable à l’idée d’encourager les gens à se faire vacciner par d’autres moyens moins coercitifs. Contrairement à la droite, nous savons que la vraie liberté ne peut être atteinte que collectivement, qu’il ne s’agit pas d’un simple choix individuel. Refuser de porter un masque lorsqu’un ami ou un voisin vous demande de le faire pour sa propre santé est une conception erronée de la liberté. Mais je pense que le monde est devenu encore moins libre depuis la pandémie, que les gouvernements ont acquis de nouveaux types de pouvoirs et de nouvelles formes de surveillance. Au Canada, je pense qu’ils bénéficient également d’un nouveau niveau de sourdisme, de pacification et d’obéissance de la part d’une grande partie de la population qui ne peut pas imaginer une solution au problème du Covid-19 qui soit plus complexe que de simplement faire ce que le gouvernement dit de faire et de faire honte à celleux qui ne le font pas.

(2) Les gens vont toujours croire des choses fausses. Les théories du complot sont très ennuyeuses, mais elles fournissent des réponses faciles et sont très convaincantes. Personne ne va se sentir obligé de se faire traiter d’idiot. Nous avons besoin de meilleurs moyens de contrer la désinformation que les brimades mesquines et les reproches exagérés.

(3) Je n’ai aucun doute que si cette manifestation devenait un mouvement révolutionnaire, elle serait absolument fasciste. Les éléments qui veulent déposer le Premier ministre installeraient quelqu’un de bien, bien pire. Il n’y a aucun espoir de faire cause commune avec cette chose, mais nous devons trouver des moyens créatifs, probablement nouveaux, de la contrer. Cela n’a pas de sens de traiter ces manifestant-es comme des camarades potentiels (du moins en tant que groupe), mais cela ne fonctionnera pas non plus de les traiter comme nous avons traité les néo-nazis connus et déclarés. Quels sont les moyens de contrer ce mouvement qui ne se limitent pas (mais qui pourraient tout de même inclure) à faire honte à ses recrues potentielles et à menacer leurs événements de violence physique ?

(4) Que se passe-t-il avec la police ici, en fait ? D’une part, il est vrai qu’ils n’ont pas beaucoup essayé d’éloigner les manifestant-es (bien qu’il semble que cela pourrait changer dans les prochains jours), et le succès et la bonne ambiance de la manifestation sont en partie le résultat d’une absence quasi-totale de répression, en partie due à la blancheur et à la politique des manifestant-es. D’autre part, la police d’Ottawa ne ment probablement pas quand elle dit qu’elle n’a pas la formation ou les ressources nécessaires pour déplacer cette manifestation. Ce n’est pas parce qu’il y a trop de manifestant-es, c’est à cause de leurs tactiques, notamment les camions. Comment est-il possible qu’il n’y ait aucun plan pour empêcher la police de perdre le contrôle de la COLLINE PARLEMENTAIRE aussi facilement ? Quelles sont les leçons que nous pouvons tirer de cet événement et quelles nouvelles compréhensions de l’État canadien cela devrait-il nous donner ?

(5) Que voulons-nous faire à propos de Covid maintenant qu’il est clair que les vaccins sont un outil et non une fin ? Comment allons-nous reprendre prudemment les activités plus risquées tout en faisant preuve d’attention, d’empathie et de protection envers les personnes vulnérables au virus ? Les anti-vaccins se trompent sur les vaccins, c’est certain, mais ils ne représentent pas la totalité (ni même le principal) du problème et nous ne pouvons pas échapper au fait que le virus est probablement là pour rester. Si le virus ne disparaît jamais, nous devrons de toute façon danser ensemble dans les rues un jour ou l’autre. Cela n’a pas de sens de dire à tout le monde de simplement endurer une vie de merde indéfiniment. La liberté dont parlent beaucoup de gens du convoi est une version ennuyeuse de la liberté parce que beaucoup d’entre eux ne se soucient pas du tout que des gens meurent du Covid, mais celleux d’entre nous qui s’en soucient devront quand même trouver des moyens de vivre.

Les frontières tuent. La négligence de l’ASFC tue: Décès au centre de surveillance de l’immigration de Laval – Rage et deuil collectif

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Fév 062022
 

De Solidarité sans frontières

Dimanche 30 janvier, nous avons appris avec rage et tristesse qu’un autre décès est survenu au centre de surveillance de l’immigration de Laval. Nous ne savons rien de l’identité de cette personne qui a perdu la vie sous la responsabilité de l’Agence des services frontaliers canadien. Tout ce que l’on sait c’est qu’elle était migrante et qu’elle était détenue à des fins administratives car elle n’avait pas les bons papiers. Elle en est décédée. Cette personne n’aurait jamais dû être détenue en premier lieu. Personne ne doit être détenu-e.

C’est une mort scandaleuse qui arrive à la suite d’une autre tragique nouvelle, celle d’une famille qui est morte de froid la semaine dernière en tentant de traverser la frontière au Manitoba. Les frontières tuent. La négligence de l’ASFC tue.

Ce décès n’est pas le premier dans les centres de détention gérés par l’ASFC et les compagnies contractantes (Corps des commissionnaires canadiens, Garda World) qui empochent les contrats pour s’occuper à tour de rôle « d’assurer la sécurité » des lieux. Depuis les vingt dernières années, c’est plus d’une quinzaine de personnes qui y ont perdu la vie, parfois par suicide mais aussi à la suite de mesures de contrôles corporels ou encore par manque flagrant de soin. L’ASFC laisse mourir les personnes qu’elle détient en ne leur portant pas assistance. Cette négligence se traduit par des décès évitables. Cette mort s’ajoute à la déjà très longue liste des personnes mortes aux mains de l’ASFC depuis les vingt dernières années.

Bolante Idowu Alo
Abdurahman Ibrahim Hassan
Fransisco Javier Roméro Astorga
Melkioro Gahung
Jan Szamko
Lucia Vega Jimenez
Joseph Fernandes
Kevon O’Brien Phillip
Homme non identifié
Shawn Dwight Cole
Homme non identité
Joseph Dunn
Personne non identifiée
Sheik Kudrath
Prince Maxamillion Akamai

Cela ne fait que quelques années que l’ASFC annonce publiquement lorsqu’un décès survient sous sa responsabilité. Cependant, les circonstances de ces décès demeurent souvent opaques et l’ASFC invoque la protection de la vie privée pour ne rien divulguer sur ses pratiques toxiques. Comme à l’habitude, ce sera un autre corps policier qui mènera l’enquête puisqu’il n’existe aucune entité d’enquête indépendante qui surveille l’ASFC. Sans surprise, des policiers enquêtent sur le travail de d’autres policiers. Pendant ce temps, le centre de détention demeure comme une boîte noire dont le public ne sait que très peu de chose et où la négligence, les abus et le manque de soin physique et psychique sont fréquents. Les dernières grèves de la faim entamées courageusement par des personnes détenues à Laval sont venues mettre en lumière les difficiles conditions de détention.

La construction d’une nouvelle prison et les investissements annoncés depuis 2018 pour “humaniser” le système de détention ne changeront rien. Que des arbres soient plantés dans le stationnement des visiteurs, qu’un cours de basketball et un module de jeux pour enfants soient ajoutés à la cour clôturée et cachée de l’œil du public n’y changent absolument rien; ces lieux sont des prisons où l’on enferme des personnes, des familles, des mineur-e-s. Nous les privons de liberté à des fins administratives. La détention n’est pas une mesure exceptionnelle mais bien une composante fondamentale de la matrice répressive qu’est le système d’immigration canadien.

Les conséquences de ces politiques migratoires répressives sont multiples et meurtrières. Aucune personne ne devrait être contrainte à vivre dans l’ombre en proie à l’exploitation, à la crainte d’une arrestation et d’un enfermement. La détention ne fait que favoriser l’exploitation de ces personnes en les cantonnant dans une économie informelle caractérisée par des abus et des violences et des conditions de travail médiocres.

Cette violence doit s’arrêter! Ça suffit! Pas un mort de plus!

Nous revendiquons l’ouverture des frontières et la libre circulation des personnes en quête de dignité et de justice. La libre circulation signifie avoir la liberté de pouvoir se déplacer, la liberté de pouvoir retourner et la liberté de pouvoir rester.

Arrêtons les détentions, les déportations et mettons en place un vrai programme de régularisation! Pas de prison, un statut pour tous et toutes!!

Invitation : 22.02.2022 – Vers la fin des mondes binaires – Réponse solidaire à la crise sanitaire

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Fév 042022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Actions partout au Québec

Nous ne voulons pas de retour à la normale, nous voulons un vrai changement social !

Considérant qu’après presque deux ans de pandémie, plusieurs solutions proposées par les gouvernements sont superficielles et autoritaires :

… Ils démonisent les personnes non-vaccinées;

… Ils considèrent les gens individuellement responsables de la pandémie et de ses conséquences;

… Ils mettent en place le passeport vaccinal qui contrôle nos corps et nos déplacements;

… Ils obligent le code QR qui nous habitue à la surveillance informatisée;

… Ils favorisent l’enrichissement des compagnies pharmaceutiques par la protection des brevets sur les vaccins;

… Ils s’accaparent des doses de vaccin plutôt que de proposer une distribution égalitaire dans le monde;

… Ils adoptent un couvre-feu qui vulnérabilise les personnes déjà marginalisées et qui accroît les pouvoirs policiers;

… Ils défendent le mode de vie des familles nucléaires hétéro, cis-centristes et aisées pour qui l’impact du couvre-feu est minime.

Considérant que les problèmes sociaux qui étaient déjà là ont été exacerbés par la crise sanitaire :

…changements et injustices climatiques

…crise du logement, inflation et augmentation des écarts entre les riches et pauvres

…violence conjugale et de genre

…anxiété généralisée et troubles chroniques de santé mentale

… racisme systémique et colonialisme

(À vous de compléter la liste…)

Considérant que les politiques néolibérales ont sérieusement fragilisé notre système de santé.

Considérant que l’extrême-droite profite de la situation pour faire avancer son agenda pro-pipeline, raciste et misogyne.

Considérant que la gestion de la crise sanitaire se base et encourage des binarités dont nous ne voulons plus : homme-femme bien-mal riche-pauvre malade-sain valide-invalide civilisé-primitif – (et bien d’autres)

Considérant qu’on cherche le trouble et le plaisir.

Mobilisons-nous pour :

• Abolir le capitalisme et le colonialisme

• Mettre fin aux binarités

• Transformer et se réapproprier le système de santé

• Refuser la société de surveillance

• Stopper l’écocide

• Solidariser nos communautés

Nous appelons à une multiplicité d’actions pour le 22 février 2022.

Notre objectif : reprendre la place publique de toutes les manières – soyons visibles!

Chant – Théâtre invisible – Memes – Vidéos – Murales – Bannières – Casseroles – Manifestation ET TOUTES LES ACTIONS AUXQUELLES VOUS PENSEZ!

S’initier à l’action non-pacifique vu depuis l’intérieur

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Jan 252022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Nous sommes un groupe de jeunes militant.es, nous ne militons que depuis quelques années. Ayant participé à différentes organisations écologistes, nous avons, de cette expérience, réalisé les limites de ces organisations dans l’efficacité de nos luttes. Dans les derniers mois, nous avons donc décidé vouloir chercher à affaiblir économiquement les entreprises fossiles par nos actions. Ceci a donc impliqué plus de questionnements, de préparation, de réflexions et d’idées. C’est de ces choses que nous aimerions parler dans ce texte.

Au départ, la plupart d’entre nous sommes arrivé.es à un constat. La lutte écologiste est dans une embûche. Nous répétons des actions d’une même intensité (que l’on soit 20 000 ou 500 000 dans les rues) pour une cause qui devient radicalement plus urgente. Nous nous plaignons du manque d’écoute du gouvernement, mais nous choissisons de rester dans une position passive, toujours dans une position de demande alors que nous avons déjà accumulé toutes les preuves pour déchanter. Souhaitant être lucides tant sur l’efficacité de nos méthodes que sur le peu de marge de manoeuvre qu’il nous reste, nous avons senti la nécessité d’en faire plus et de faire mieux. Ces réflexions ont également émergées à la suite de lectures telles que « Comment saboter un pipeline » d’Andreas Malm; de lectures sur l’historique du mouvement d’Earth First : « À bas l’empire vive le printemps ! » et de lectures sur les réflexions des ZAD ainsi que des groupes écologistes actuels.

Certain.es nous diront que cette réflexion aurait dû nous venir bien avant. Peut-être ont-iels raison. Il en reste qu’il est absurde de demander à un.e militant.e de passer de l’inaction à l’action la plus radicale. Chaque militant.e accumulera ses expériences qui lae mènera à une réflexion sur l’efficacité de ses actions. Chacun.e de nous pourra ensuite évaluer ce qu’iel peut faire en fonction de ses désirs et ses capacités.

Nous avons donc commencé à réfléchir sur ce qui serait à notre portée et aurait une certaine efficacité. La première barrière évidente qui se dresse est celle de la loi. Nous estimons qu’à l’heure actuelle, chacun.e doit réfléchir à sa capacité et à sa volonté à transgresser les lois en vue d’une action impactante. Accepter de prendre des risques légaux demande du temps, c’est un processus psychologique qui n’est pas à négliger, être à l’aise avec les actions qui s’en suivent d’autant plus. Cette prise de risques peut remettre en cause certaines de nos aspirations et nous remettre en face de nos privilèges et de ce que ceux-ci peuvent impliquer comme responsabilités. Nous invitons donc toute personne ayant une volonté d’intensifier son militantisme à réfléchir aux risques légaux qu’elle est prête à prendre. Ultimement, nous y voyons une nécessité afin d’avoir un plus grand impact. Il s’agit de faire un juste équilibre entre le risque pris et l’impact envisagé. Nous ne cherchons toutefois pas à nous faire arrêter « pour se faire arrêter » ou dans une optique de désobéissance civile devant public. Nous ne voulons plus être dans une position de demande aux dirigeant.es, mais dans une optique d’affaiblissement économique direct en vue du forçage d’une prohibition des énergies fossiles.

La deuxième barrière qui se dresse est celle de la préparation. Nous n’avons pas été préparé.es pour faire ce type d’action et l’information reste (avec raison) cachée. Nous avons dû creuser différentes sources par nous-mêmes afin d’apprendre certaines techniques, afin d’avoir une bonne protection légale, afin de communiquer entre nous de manière sécurisée. Toute cette préparation demande plus de temps. Toutefois, si nous souhaitons intensifier notre lutte, il nous faut sortir des sentiers battus et tenter d’apprendre du mieux que nous pouvons par nous-mêmes. Au travers de ce processus, il va y avoir des essais ainsi que des erreurs et nous ne serons pas tous.tes des militant.es parfait.es du jour au lendemain. Ce manque de préparation et de connaissances ne doit pas être un frein à l’intensification de nos actions, il nous demande seulement de nous libérer du temps afin d’apprendre par nous-mêmes et de partager nos connaissances.

La troisième barrière qui se dresse est celle de notre (in)expérience liée à notre âge et notre réseau de connaissances. Nous faisons partie d’une nouvelle génération de militant.es qui, essentiellement, n’a pas connu les grandes dates des luttes militantes du « Québec ». Cette inexpérience nous amène à avoir moins de pratique, mais aussi moins de connaissances sur les structures et les manières de faire militantes (le dit « savoir militant »). Cette inexpérience peut également susciter la méfiance de camarades militant.es plus âgé.es nous percevant comme naïf.ves ou inaptes à militer en vue d’une augmentation des moyens de pression. Cette méfiance a ses raisons d’être, mais il en reste que nous aurions plus à gagner en nous unissant autant que possible et en partageant des savoirs qui ont été effacés avec la dissolution de l’ASSÉ et l’épuisement militant. Nous ne mettons toutefois pas de côté la nécessité de s’organiser en groupe affinitaire pour bâtir la confiance et être plus sécuritaire.

Finalement, la quatrième barrière qui se dresse, que l’on sent à l’intérieur de nous peut-être sans se partager, est une barrière émotionnelle. Abaisser ses craintes face aux actions que l’on fait ; faire face aux confrontations avec la police et aux techniques d’intimidation de celle-ci (nous reconnaissons par le fait même que, pour certaines personnes, confronter la police n’est pas une question de choix); développer le courage nécessaire pour se faire confiance dans les nouveaux chemins que l’on emprunte au-delà de l’approbation sociale : toutes ces choses demandent un travail émotionnel qui prend du temps d’autant plus que l’on peut porter en nous l’image du parfait révolutionnaire qui n’a peur de rien, qui confronte la police sans gêne, peut-être même avec le sourire et que l’on croit que cela n’est qu’une question de nature. Alors que nous, dans nos vies, nous souhaitons prendre soin les uns des autres, favoriser la compréhension des points de vue et faire émerger la bienveillance, notre travail à l’extérieur nous demande de nous raffermir, de faire face à nos peurs, d’exprimer notre colère et de prendre notre place légitime même si cela demande de se confronter à l’ordre du monde. Ce travail sur notre nature et sur nos émotions doit être vu non comme une barrière, mais comme une invitation à développer des cercles de partage pour faire ce travail ensemble plutôt que seul.e. Il faut voir qu’ultimement, le développement de ses qualités va nous permettre de vivre une vie qui se rapproche de nos idéaux et nous permettre d’être plus heureux.ses.

En repoussant le plus possible ces barrières, nous avons donc préparé minutieusement notre action. Celle-ci visait à nuire à des stations à essence en vue de les rendre inopérables pour quelques jours. En cours de chemin, nous avons eu nos difficultés. Un endroit était finalement surveillé et un autre a été fermé quelques semaines avant notre action, rendant celle-ci inutile. Nous avons toutefois acquis une expérience de terrain par laquelle nous avons affronté nos peurs et retenu des leçons de nos erreurs. Il est donc nécessaire de se mettre à l’action, même si nous ne sommes pas des militant.es parfait.es, même si nous ne connaissons pas tout. L’important, c’est de s’organiser du mieux possible, mais surtout, de passer à l’action puisqu’essentiellement, ce qui finit par nous retenir, ce sont nos propres peurs ou notre manque de temps.

En conclusion, nous croyons en la nécessité de faire évoluer la lutte vers une pluralité d’actions directes. Nous voulons, par ce texte, témoigner qu’il n’est pas nécessaire de tout connaitre, qu’il est normal qu’il y ait plusieurs barrières qui se dressent sur ce chemin et que nous pouvons, tous.tes par nous mêmes, acquérir le savoir et les réflexions nécessaires à cette fin. Les luttes écologiques sont à l’agenda pour les prochaines années. Ce sont des luttes que nous n’avons pas le choix de gagner. Nous aimerions que les prochaines personnes qui vont s’organiser dans le contexte de la crise écologique ne prennent pas le cheminement pacifique type. Nous souhaitons également faire un appel aux militant.es de générations précédentes à nous partager leurs savoirs afin d’avancer ensemble. Nous ne mettons toutefois pas de côté l’impact qu’a eu la répression chez certain.es de nos ami.es. Nous reconnaissons le courage des personnes qui participent ou ont participé dans toutes les formes de tâches des luttes passées et présentes.

L’Histoire Nous Regarde

Contre le deuxième couvre-feu aussi

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Jan 212022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Ce que vous avez peut-être manqué

Depuis le début de la pandémie de COVID-19, le gouvernement du Québec a imposé deux couvre-feux à sa population. Le premier a été annoncé le 6 janvier 2021 et est entré en vigueur le 9 janvier ; il a duré, avec diverses modifications et assouplissements, jusqu’au 28 mai 2021. Le second couvre-feu a été annoncé le 30 décembre 2021 et est entré en vigueur le lendemain, à la veille du jour de l’an. Un peu plus d’une semaine plus tard, le 7 janvier 2022, une contribution anonyme intitulée “Le couvre-feu fait-il l’unanimité ?” dont l’intégralité figure ci-dessous, est apparue sur ce site :

Depuis le 31 décembre 2021, un couvre-feu est imposé entre 22h et 5h au Québec.

Je suis fermement en désaccord avec cette mesure oppressive et je suis certain.e que beaucoup d’entre vous le sont aussi. Cependant, il n’y a eu aucun article critiquant le couvre-feu depuis qu’il a été réinstauré. J’aimerais que nous soyons plus nombreux.ses à nous opposer à cette mesure.

Nous avons assisté à une augmentation importante des mesures autoritaires dans la province. La santé publique a été utilisée comme un prétexte pour accroître le pouvoir de l’État.

Unissons-nous et combattons l’État policier !

Depuis cet appel, il n’y a eu aucun autre message sur MTL Contre-info au sujet de ce second couvre-feu, ni aucune résistance anarchiste visible et organisée. La “résistance” qu’on a pu voir à Montréal – c’est-à-dire les dizaines de personnes qui ont défié le couvre-feu et se sont rassemblées devant les bureaux de Legault à Montréal le soir du 1er janvier, ainsi qu’une manifestation de jour bien plus importante le 8 janvier – n’est pas du ressort de MTL Contre-info. Ces événements (les organisateurs, les personnes qui se sont présentées, la signalisation, etc.) n’étaient ni anarchistes ni anti-autoritaires. Ils semblent plutôt s’inscrire dans les tendances politiques dominantes qui s’opposent non seulement au couvre-feu au Québec, mais aussi aux mesures de mitigation de la pandémie quelles qu’elles soient, dans toutes les provinces du Canada et ailleurs dans le monde (notamment aux États-Unis, en Australie et en Chine). En termes clairs, je veux dire que les personnes qui ont manifesté étaient en grande partie des anti-vax, des nationalistes et des timbrés. On y reviendra plus tard. 

Le jeudi 13 janvier 2022, le gouvernement a annoncé dans une énième conférence de presse que le couvre-feu prendrait fin le lundi 17 janvier. Je sais pertinemment qu’il y avait des initiatives de brassage pour s’opposer au couvre-feu de façon proprement anarchiste, mais elles ne seront évidemment pas mises à exécution, à présent. Il semble que ce deuxième couvre-feu se sera déroulé sans intervention anarchiste (publique). C’est un contraste avec la période du premier couvre-feu au début 2021, quand il y a eu au moins trois manifestations à Montréal – le 16 janvier, le 18 avril et le 22 avril 2021 – organisées sur le thème de l’opposition aux “solutions policières à la crise sanitaire”. De plus, au moins quelques anarchistes ont participé à la manifestation informelle, qui s’est transformée en une émeute montréalaise classique le soir du 11 avril 2021, date à laquelle le couvre-feu en “zones rouges” (qui avait été assoupli le 17 mars) a été renforcé. À part ça, quelques articles ont été publiés sur MTL Contre-info, dont l’essai très clair “Contre le couvre-feu” du 10 janvier 2021.

Le deuxième couvre-feu

J’ai tendance à penser qu’une des raisons pour lesquelles “il n’y a pas eu de messages critiquant le couvre-feu depuis qu’il a été rétabli”, c’est qu’il n’y a rien de nouveau à en dire.

Il y a le fait qu’il est moins odieux de deux heures par rapport à celui de janvier dernier. Ce détail a son utilité pour les défenseurs du gouvernement, mais pas pour nous.

Et puis nous avons été très peu avertis de l’imminence d’un couvre-feu – moins que l’année dernière, en fait. 

Dans “Les anarchistes de Barcelone à marée basse” (After the Crest pt. #3), il est écrit : 

le gauchisme et la vision rationaliste qui en découle nous entraînent à voir le monde de manière irréaliste. Cela génère de fausses attentes et de faux critères pour évaluer nos luttes. Le nœud du problème est que nous ne sommes pas la valeur abstraite que le capital et la gauche voient en nous : nous sommes des êtres vivants avec nos propres rythmes autonomes qui se heurtent constamment aux stratégies managériales et à la mécanique sociale.
    […]
    l’obligation gauchiste de produire du mouvement nous prive de l’hiver. Tous les gens en lutte ont besoin d’un temps pour affronter leur désespoir, panser leurs plaies et se replier sur les liens réconfortants de l’amitié. Ne se rendant pas compte de cette nécessité animale, bien des anarchistes s’épuisent à essayer de maintenir un rythme constant, ou alors ils confondent ralentissement et affaiblissement, et laissent aller leurs acquis. Mais l’hiver peut être un moment important pour se retrancher, poursuivre les projets qui nous soutiennent (et apprendre à les reconnaître), pour tester la force de nouvelles relations et sonder la profondeur de notre communauté de lutte.

Je cite ces extraits car on ne saurait trop insister sur le fait que c’est le mois de janvier à Montréal, c’est-à-dire que l’hiver n’est pas qu’une métaphore. Mais surtout, la critique implicite du billet initial sur MTL Contre-info me semble révélatrice de cette même “obligation gauchiste de produire du mouvement”, indépendamment de son utilité ou des circonstances plus larges. Il est évident que, dans une certaine mesure, le couvre-feu a diminué notre capacité à nous rabattre sur nos amis ou à tester de nouvelles relations car il devient plus difficile de se rencontrer. Mais ce couvre-feu, vraiment, n’est qu’une infime partie du plus grand ensemble de restrictions sur les rassemblements et la vie sociale normale.

Le couvre-feu s’est également avéré relativement facile à défier, pour ceux qui veulent bien essayer. Je connais personnellement beaucoup de personnes qui l’ont régulièrement bravé l’an dernier, et un peu aussi cette fois-ci, en traversant la ville en voiture ou en serpentant dans les ruelles de leur propre quartier, généralement pour aller et venir de chez des amis ou entre divers lieux de rencontre à l’extérieur – parce que bien sûr, il n’y a pas vraiment d’autre endroit où aller. Ce genre d’activité est loin d’être réservée aux anarchistes, mais nous avons beaucoup moins de chances d’être arrêté.e.s par la police en allant d’un point A à un point B après le couvre-feu que, disons, des adolescent.e.s de Montréal-Nord ou des juif.ve.s orthodoxes d’Outremont.

Il pourrait être intéressant d’organiser une contestation collective plus importante, mais bien sûr, comme dans le cas du 11 avril 2021 ou de la manifestation des anti-vax près du Stade olympique le 1er mai, il faudrait alors s’associer à des gens dont la vision de l’éthique et de la réalité de base se situe bien au-delà de ce que la plupart des anarchistes nord-américain.e.s jugeraient acceptable. Peut-être que si le gouvernement n’avait pas, de façon prévisible, annulé le couvre-feu relativement rapidement, nous en serions à nouveau là, et il y aurait des choses à dire sur le partage de l’espace avec de telles personnes. Mais de manière réaliste, cela n’arriverait qu’au printemps, comme l’an dernier. Il est peu probable que cela se produise maintenant – bien que tout soit possible, et il est clair que le gouvernement continuera (probablement) à imposer un couvre-feu à chaque nouvelle vague de covid.

On ne peut pas satisfaire tout le monde

Depuis le début de la pandémie, il existe un courant d’anarchistes qui rejettent en bloc toutes les mesures visant à atténuer la propagation du covid – pas juste celles qui donnent les coudées franches à la police, mais tout, y compris les vaccins. Le projet Nevermore est l’exemple le plus marquant de ce courant dans le contexte canadien. Personnellement, je suis d’accord avec les vaccins et beaucoup d’autres mesures qui me semblent sensées, et je ne vois pas de différence effective entre ces anarchistes (qui, dans de nombreux cas, sont des personnes impliquées dans nos scènes depuis des années) et le courant principal de la droite anti-vax. J’ai personnellement aidé à organiser une manifestation contre le couvre-feu le 18 avril 2021, parce que je sentais qu’il était nécessaire, à ce moment-là, de créer un nouveau pôle autour duquel rallier une résistance au couvre-feu autre que celle des anti-vax. Je ne pense pas que ça ait été une réussite spectaculaire, mais je ne regrette pas d’avoir essayé.

L’autre jour, j’ai pu avoir un accès privilégié à un groupe Signal composé de plus de 30 anarchistes et autres radicaux, où l’on discutait de certains événements du printemps 2021, notamment du 11 avril et de la manifestation du 18 avril. Une personne y affirmait :

De jeunes anarchistes et gauchistes ont organisé une deuxième manifestation contre le couvre-feu se distinguant de celle qui avait eu lieu plusieurs nuits auparavant et dont ils ont reconnu tardivement qu’il s’agissait des habituels bobards de droite sur la libre-entreprise et qu’elle n’avait vraisemblablement rien à voir avec les “jeunes Noir.e.s”. On a donc eu une “vraie” manifestation anarchiste contre le couvre-feu. Quelques jours plus tard [en fait, plus d’un mois plus tard], le gouvernement a de toute façon annulé le couvre-feu et les anarchistes et autres gauchistes sont retournés dormir, retrouver “leur” vie.

Ce commentaire (un peu épuré pour des raisons de lisibilité) n’a suscité aucune réaction de la part des autres participant.e.s.

C’est peut-être déplacé, mais je ressens le besoin de remettre un peu les pendules à l’heure. Personnellement, je suis toujours partant.e pour une bonne vieille émeute montréalaise – à peine cohérente politiquement et à laquelle participe un large éventail de la société. Et je déteste Rebel News, qui étaient présents le soir du 11 avril 2021, et ont un peu brassé à Montréal dans les jours précédant l’événement. L’un n’empêche pas l’autre. Il est possible d’avoir apprécié l’émeute du 11 avril (ou d’y avoir participé) tout en critiquant ses limites et son absence de but. Il n’est pas nécessaire d’embarquer à la suite des journalistes et des politiciens qui, pour les besoins de leurs propres agendas, ont déformé cet événement en le présentant comme une affaire d’hurluberlus anti-vax.

Il se trouve qu’on avait planifié la manifestation du 18 avril avant que le 11 avril ne se produise. Mais même si ça n’avait pas été le cas, je pense qu’il aurait été légitime – et tout à fait dans la lignée des efforts faits par les anarchistes au fil des ans pour maintenir une culture de combat de rue vivante et dynamique dans cette ville – d’organiser une opportunité collective pour affronter la police et/ou peut-être défier le couvre-feu (s’il durait jusque là) en cohérence avec nos idées et nos façons de faire. En d’autres termes, pas de Rebel News, pas de drapeaux nationaux, pas de prédicateurs chrétiens, et pas de dénonciations stupides et multiples des masques et des vaccins. Mais combattre la police ? Avec plaisir, merci !

Pour moi, il est tout à fait valable de critiquer les anarchistes d’ici de ne pas être parvenu.e.s à répondre à la pandémie de manière plus holistique, en développant notamment des pratiques plus approfondies de soutien mutuel – bien que je me demande où cette critique est censée aller et comment elle est peut être utile. Le vrai problème, c’est que nos mouvements ne sont juste pas aussi puissants qu’on voudrait, et nous n’avons pas réussi, tout au long de la pandémie, à développer des stratégies ou des pratiques qui pourraient nous aider à construire le type de pouvoir dont on a besoin pour réaliser nos objectifs à court ou long terme. Dans une large mesure, il s’agit d’un échec à surmonter l’isolement. La compréhension de base des faits, qu’il s’agisse des vaccins ou des caractéristiques démographiques des émeutiers, varie manifestement d’un silo d’information en ligne à l’autre. Il n’y a sans doute rien de bon dans tout ça. 

J’aimerais qu’on s’améliore, car il y a bien des chances que la pandémie et l’état d’exception qu’elle a engendré soient loin d’être terminés.

Manifestation du 15 mars 2022 : La police, c’est colon en crisse!

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Jan 122022
 

Du Collectif opposé à la brutalité policière (COBP)

Il est difficile de regarder ce qui se passe présentement dans la Yintah, le territoire Wet’suwet’en, sans réfléchir au rôle qu’exercice la GRC dans la colonie canadienne. Ce qui est éventuellement devenu la GRC a été fondé en 1873, notamment en réaction à la rébellion des Métis de la rivière Rouge de 1869-1870. L’objectif premier de la GRC, dès ses débuts, était donc de maintenir l’hégémonie impériale sur territoire afin de l’ouvrir à l’exploitation capitaliste.

La liste des crimes de la GRC est trop longue pour être entièrement énumérée ici. De la répression de la rébellion du Nord-Ouest de 1885, à l’interdiction des pratiques culturelles autochtones, au blocus des réserves et à la libre circulation des personnes autochtones, à l’assassinat des chiens de traîneaux, et bien sûr, la séparation des enfants de leurs familles pour les envoyer dans les écoles résidentielles. Nous vous invitons à lire l’article “A Condensed History of Canada’s Colonial Cops” dans le journal “The New Inquiry” pour un survol rapide de l’histoire de la GRC, telle que perçue par les autochtones.

Mais est-ce que le gazon est plus vert au Québec ? Le nord du Québec a été sous le contrôle de la GRC jusqu’en 1960. Les écoles résidentielles coloniales ont continué jusque dans les années 1970s, et les abus se sont perpétués durant cette période, avec le plein soutien de la SQ.

Ladite SQ a donc remplacé la GRC, et on peut dire qu’elle a bien rempli et remplit toujours bien son rôle de représentante de l’autorité coloniale auprès des autochtones. Que ce soit à Listuguj (Restigouche) en 1981, à Kitiganik (Barriere Lake) en 1988, à Kanehsatà:ke et Kahnawá:ke en 1990, la réponse de la SQ aux mobilisations autochtones a toujours eu le même mot d’ordre : écraser.

Le rapport final de la commission Viens, déposé le 30 septembre 2019, illustre la place que la police occupe dans l’état colonial canadien. Le rapport écrit explicitement :

“Ces manifestations [des autochtones] sont le produit du non-respect persistant des droits ancestraux des peuples autochtones et de la lenteur des tribunaux à régler les questions territoriales. […] Comparativement à d’autres manifestations, […] la police est utilisée pour intervenir du côté du gouvernement pour écraser ou démanteler la manifestation, en présupposant que les droits revendiqués sont erronés, avant que le tribunal ne se soit prononcé sur la validité inhérente des revendications.”

Dans le rapport de la commission Viens, les polices locales comme le SPVM sont blâmées de la même manière : “Dans la littérature, on relate que les communautés autochtones sont à la fois sur-policées pour les infractions mineures […] et sous-policées, au sens d’une sous-protection face aux violences dont elles sont l’objet.”

Le rôle de la police n’est donc pas de protéger qui que ce soit, mais bien toujours d’écraser tout effort de résistance à l’exploitation du territoire. Ce désir d’exploitation s’est manifesté en 2012 avec le projet de loi omnibus C-45 du gouvernement Harper. Ce projet de loi a changé beaucoup de lois canadiennes, avec le but de rendre plus facile l’accès du territoire aux compagnies extractives. Territoire qui est, évidemment, essentiellement peuplé par des autochtones. Le C-45 a donc mené à la naissance du mouvement “Idle No More”. La réaction du gouvernement canadien alors a été de renforcer l’appareil policier canadien, et la coordination entre les services de police coloniaux. Le résultat, on le connaît, c’est ce que nous voyons maintenant en territoire Wet’suwet’en.

En 150 ans, le rôle de la police au soi-disant Canada n’a donc pas du tout changé. Son rôle est toujours d’ouvrir le territoire à l’exploitation, ce qui implique de chasser les personnes qui y vivent, peu importe le prix.

La police en tant que force d’exploitation coloniale n’est cependant pas unique au Canada. Au Chili, par exemple, l’armée a été déployée pour soutenir la répression policière contre le peuple Mapuche qui revendique la restitution de leurs territoire ancestral des mains de propriétaires terriens et de multinationales forestières. La Colombie bat à chaque année de tristes records d’assassinats de militant·e·s environementaux et défendeur·e·s de la terre, une grande partie d’entre elleux étant autochtones, le tout sous le regard de la police, une situation dénoncée par Amnesty International. Au Mexique, ce sont les Zapatistes de l’EZLN, essentiellement autochtones, qui se font attaquer par des milices armées par l’État. Et au Brésil, c’est la cour suprême qui donne le droit à la police de chasser les autochtones de leur terre pour les donner aux compagnies minières, une situation dénoncée par les Nations Unies.

Face aux violences policières envers les peuples autochtones, que ce soit ici ou ailleurs, on n’arrive tou·te·s au même constat : La police, c’est colon en crisse !

On se voit le mardi 15 mars, 17h30, au métro Lionel-Groulx !

Photo : Amber Bracken

Prendre position : Deux actions de solidarité contre la RBC (Vancouver)

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Jan 072022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

La RBC sur Commercial drive et la 1ère avenue a subi une attaque au cocktail molotov dans la nuit du 15 novembre, 12 baies vitrées d’une autre succursale au coin de Nanaimo et Hastings ont été brisées en solidarité avec le peuple Wet’suwet’en et toutes les peuples autochtones qui résistent au colonialisme et à la suprématie blanche. Ils ignorent les manifestations pacifiques : prenons position.

Les protecteurs de l’eau Wet’suwet’en échappent à la GRC alors que la police se mobilise pour un raid

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Jan 072022
 

Du Point d’accès Gidimt’en

Avec des avions remplis de flics en route, le Coyote Camp a effectué une retraite stratégique pour éviter la violence policière et la criminalisation. Les flics se retrouvent avec un camp vide.

Nous continuerons à lutter contre Coastal GasLink, mais nous ne pouvons pas le faire si tou.tes nos guerrier.ères deviennent des prisonnier.ères politiques.

Nous appelons nos allié.es à continuer à venir à la Yintah et à agir là où iels se trouvent.. Visitez https://yintahaccess.com pour plus d’infos.

Pour plus d’informations sur la retraite stratégique, voir le communiqué de presse de lundi.

Prison de Bristol (UK) : Toby Shone explique son affaire

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Jan 052022
 

De Act for Freedom Now!, traduction de Attaque

Je m’appelle Toby Shone et je suis un anarchiste, emprisonné à la prison de Bristol, qui a été enlevé par la police anti-terroriste sous la menace des armes, dans le cadre de l’opération Adream, au Royaume-Uni. Cette opération répressive avait pour cible le collectif 325, un groupe anarchiste de critique et de pratique, ainsi que le site internet 325.nostate.net. L’opération Adream est une attaque de l’État britannique, en collaboration avec ses partenaires européens, contre des groupes d’action directe anarchistes, des projets de contre-information, des initiatives de solidarité avec les prisonnier.e.s et la nouvelle critique anarchiste de la singularité technologique et de la quatrième et cinquième révolutions industrielles. Lors de l’opération Adream, la législation antiterroriste a été utilisée contre le mouvement anarchiste pour la première fois au Royaume-Uni.

J’ai été pris en otage par le régime le 18 novembre 2020, après une course-poursuite avec des flics de l’unité d’intervention spéciale, au fin fond de la forêt de Dean, qui se trouve à la frontière avec le sud du Pays de Galles, à une heure de route au nord de Bristol. Au même moment, des descentes coordonnées ont eu lieu à cinq endroits différents dans la forêt de Dean, contre des projets de vie collective, des lieux de rencontre et un box de stockage. J’ai été emmené, sous surveillance armée, dans un poste de police du coin, où j’ai été détenu au secret et interrogé à de très nombreuses reprises. J’ai refusé de parler pendant les interrogatoires et je n’ai pas coopéré avec les assassins en uniforme.

J’ai été accusé de quatre chefs d’accusation en vertu de la loi antiterroriste. Une accusation selon la Section 2 de cette loi : diffusion de publications terroristes, en tant qu’administrateur présumé du site 325.nostate.net. Deux accusations selon la Section 58 : possession d’informations utiles à des fins de terrorisme. Il s’agit de deux vidéos. L’une d’elles montrait comment assembler une charge explosive artisanale. L’autre montrait comment incendier une antenne relais de téléphone mobile. J’ai été accusé selon la Section 15 : financement du terrorisme, en relation avec des portefeuilles de crypto-monnaie hébergés sur 325.nostate.net pour soutenir des prisonnier.e.s et des publications anarchistes. J’ai récusé toutes les accusations.

Pendant les interrogatoires, j’ai aussi été accusé d’être membre de la FAI/FRI, la Fédération anarchiste informelle/Front révolutionnaire international. J’ai été accusé d’avoir écrit cinq communiqués et d’avoir mené plusieurs actions dans le secteur de Bristol, revendiquées par des cellules de la FAI, de l’Earth Liberation Front ou de l’Animal Liberation Front. Ces actions comprenaient une attaque incendiaire contre un poste de police, l’incendie d’une antenne relais de téléphonie mobile et la libération d’animaux.

Bristol est un secteur du Royaume-Uni où, au cours des deux dernières décennies, il y a eu d’innombrables sabotages et actions directes anarchistes, des actions qui restent irrésolues pour la police, malgré des enquêtes qui ont coûté plusieurs millions de livres et des chasses aux sorcières médiatiques contre les anarchistes de la ville.

Dans les espaces collectifs et les lieux de rencontre perquisitionnés au cours de l’opération Adream, les flics ont saisi des centaines d’exemplaires du numéro 12 de la revue 325, des dizaines de brochures, de livres, d’autocollants, d’affiches et de tracts anarchistes, des ordinateurs portables, des téléphones mobiles, des imprimantes, des disques durs, des caméras, des brouilleurs de fréquences radio, des GPS, des fumigènes, des bombes sonores et lumineuses, des répliques d’armes à feu et de l’argent liquide. Parmi les preuves produites contre moi, il y avait de nombreuses publications anarchistes, dont le n° 12 de la revue 325, qui traite de la quatrième et cinquième révolution industrielle, la brochure Incendiary Dialogues, de Gustavo Rodríguez, Gabriel Pombo da Silva et Alfredo Cospito, publié par Black International Editions. Il y a aussi le texte « Qu’est-ce que l’anarchisme » d’Alfredo Bonnano, le bulletin Dark Nights, le petit livre « Anarchy, civil or subversive? », édité par 325 et Dark Matter publications, un tract en solidarité avec les prisonniers anarchistes Alfredo Cospito et Nicola Gai, un tract contre les confinements liés au Covid-19 intitulé « Affronter la peur – combattre le futur », ainsi que de nombreux autres textes et publications en solidarité avec des prisonniers anarchistes et des organisations révolutionnaires telles que la CCF, Conspiration des Cellules de Feu.

Après être passé devant la chambre d’instruction de Westminster, j’ai été placé en détention provisoire à la prison de Wandsworth, à Londres, sous un régime de détention antiterroriste. A la prison, pendant dix jours on ne m’a pas permis de passer des coups de fil et j’ai eu des restrictions similaires pour mon courrier. On m’a empêché de voir mes avocats pendant six semaines. Vingt-trois heures et demie par jour d’isolement, avec parfois jusqu’à 48 heures sans pouvoir quitter la cellule, à part pour aller chercher mes repas. Pas de promenade pendant les 3 premières semaines et ensuite j’ai été autorisé à sortir en promenade seulement une fois tous les quinze jours, pendant 35 minutes. Pas de salle de sport, pas de bibliothèque, pas d’activité éducatives, pas d’activités du tout. J’ai été gardé dans une cellule qui ressemble à un cachot, sans lumière naturelle, et soumis à des bruits de chantier assourdissants quand j’ai été placé, sur décision de l’unité antiterroriste, à côté d’une nouvelle section de la prison, en construction. Mes lettres, mes appels téléphoniques et mes liens ont tous été soumis à une surveillance et à une censure systématiques, avec des entraves constantes à la possibilité de communiquer avec mes avocats et d’avoir accès à mon courrier et à mes livres. Je n’ai pas reçu le dossier d’enquête dans sont intégralité avant des très nombreux mois.

L’opération Adream est un montage, qui met ensemble des éléments disparates et sans lien entre eux, quelque chose de typique des opérations répressives de l’Europe méridionale, qui s’est répandu sur tout le continent. Cette forme de répression est aujourd’hui utilisée par la police britannique. L’opération Adream essaye de présenter la Conspiration des Cellules de Feu comme une continuation de l’organisation révolutionnaire marxiste-léniniste, pratiquant la lutte armée, 17-Novembre. Il s’agit d’un fantasme important aux fins de la répression, dans cette opération, car au Royaume-Uni la 17-Novembre est sur la liste des groupes terroristes. Plus important encore, l’opération Adream a essayé de présenter les différents groupes, projets d’édition et initiatives anarchistes de soutien aux prisonnier.e.s comme une série de plaques tournantes organisationnelles ayant pour but la mise en œuvre et la glorification du terrorisme.

Cette opération a été autorisée par le directeur du parquet national [d’Angleterre et Pays de Galles ; NdAtt.] Max Hill. L’enquête a révélé la participation, au moins, de flics néerlandais et allemands, ainsi que la main cachée des services de renseignement et il était évident que cette opération avait une dimension internationale, fondée sur des précédentes vagues répressives en Espagne, en Italie et en Grèce. Au cours de mes interrogatoires, par exemple, on m’a posé une liste des questions écrite à l’avance et même les enquêteurs ne semblaient pas comprendre pourquoi on me les posait, car toute cette opération n’était rien d’autre qu’un théâtre de marionnettes guidé par d’autres personnes, pour atteindre un objectif politique. À ce propos, je ne peux que citer l’anarchiste assassiné Bartolomeo Vanzetti, qui a fait remarquer : « Plus ils sont en hauts, plus ils sont idiots ». Cela est bien sûr approprié, car le 6 octobre 2021, au tribunal de Bristol, j’ai été déclaré non coupable. Cependant, j’ai été condamné pour possession et vente de substances stupéfiantes de classe A et B : les médicaments psychédéliques LSD, DMT, psilocybine, MDMA et marijuana, toutes saisies dans des espaces collectifs. J’ai été condamné à 3 ans et 9 mois.

Je me me bat aussi contre une Ordonnance de prévention de la criminalité organisée [Serious Organised Crime Prevention Order, SCPO, une mesure de contrôle préventif ; NdAtt.], demandée par la police antiterroriste et le parquet. Cette ordonnance me placerait, à ma sortie de prison, sous une forme d’assignation à résidence pendant une période pouvant aller jusqu’à 5 ans, avec, si je ne la respecte pas, une peine pouvant aller jusqu’à 5 ans. L’ordonnance prévoit le contrôle et la surveillance de mes déplacements quotidiens, de mes contacts avec d’autres personnes, de ma résidence, de l’utilisation de mon argent et de mes appareils électroniques, de mes voyages à l’étranger, etc. Cela exige que je fournisse aux flics des informations précises sur tous mes ami.e.s, contacts et proches et ce n’est rien d’autre qu’un moyen de surveiller et de criminaliser mes amitiés et mon milieu de vie. Mon procès pour cette demande de surveillance est prévu pour le 15 janvier [les compas d’Act for freedom now! précisent que cette audience est prévue pour le 11 février ; NdAtt.], au plus tôt, et l’enquête à mon encontre continue, tout comme l’opération Adream visant le collectif 325.

Je tiens à remercier tou.te.s ceux/celles qui m’ont soutenu. Mon cœur est ouvert et fort et je suis déterminé. J’envoie à vous tou.te.s une énorme accolade et un sourire.

[Ce texte est la transcription d’un enregistrement audio fait avec Toby ; NdAtt.]

Pour lui écrire :

Toby Shone
prison number : A7645EP
HMP Bristol
19 Cambridge Road, Bishopston
Bristol
BS7 8PS (Royaume-Uni)

Ottawa : une succursale RBC redécorée à l’extincteur en solidarité avec les Wet’suwet’en

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Jan 042022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Un extincteur rempli de peinture blanche a été utilisé sur la façade de la succursale de la RBC située à Ottawa au cours de la semaine dernière.

L’action se voulait une réponse aux appels à la solidarité du clan Gidimt’en qui a repris possession du “Coyote Camp” avec leurs allié-es. Nous agissons en solidarité avec la nation Wet’suwet’en et contre le projet génocidaire du KKKanada.

Fuck CGL, Fuck la GRC, Fuck RBC, Shut down KKKanada et foutez le camp du Yintah.

Urgent: Invasion imminente de la GRC sur le territoire Wet’suwet’en

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Jan 032022
 

Du Point d’accès Gidimt’en

Pour la quatrième fois en quatre ans, nous avons été informés que des dizaines de policiers militarisés de la GRC sont en route vers le territoire Wet’suwet’en pour faciliter la construction du pipeline Coastal GasLink et pour voler nos terres non cédées sous la menace des armes. Nous continuons à tenir le site de la plateforme de forage, où Coastal GasLink prévoit creuser un tunnel sous nos eaux pures et sacrées.

Deux avions charter en provenance de Nanaimo ont atterri dans la ville de Smithers, sur le territoire non cédé de Cas Yikh. La GRC a réservé les hôtels locaux pour le mois prochain. Nous avons également été informés par l’Union des chefs autochtones de la Colombie-Britannique que l’unité C-IRG de la GRC – l’unité paramilitaire qui protège les industries privées qui cherchent à détruire les terres autochtones – est en train d’être déployée sur nos terres.

Nous avons besoin de forces sur le terrain et de tous les yeux tournés vers le territoire Wet’suwet’en alors que nous continuons à défendre nos terres, nos eaux et nos générations futures ! Si vous ne pouvez pas être ici, agissez là où vous êtes – aux bureaux des investisseurs, aux succursales de la RBC ou à votre poste de police local.

Nous ne nous arrêterons pas : Le siège social de la RBC attaqué à Montréal

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Déc 312021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

La Banque royale du Canada (RBC) finance Coastal GasLink (CGL), le pipeline auquel s’opposent les défenseur-es de la terre Wet’suwet’en depuis une décennie. Alors que nous entrons en 2022, malgré 3 raids de la GRC, les défenseur-es de la terre au Coyote Camp se dressent sur le chemin du forage de CGL sous les eaux sacrées de la rivière Wedzin Kwa. La RBC et tous les investisseurs de CGL doivent comprendre que ce pipeline ne sera pas achevé.

Dans la soirée du 30 décembre 2021, plus d’une douzaine de baies vitrées ont été brisées au siège social québécois de la RBC, au centre-ville de Montréal. Personne n’a été arrêté.

En tant qu’allochtones sur des terres volées, nous nous devons de porter dans la nouvelle année notre détermination à développer des pratiques de solidarité au travers d’actions concrètes qui ne pourront pas être ignorées. Continuons à mettre l’action et la solidarité anticoloniale au coeur de nos luttes.

Plus de vitrines brisées chez RBC

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Déc 302021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Nous avons remarqué que la RBC éprouve des difficultés à remplacer ses vitrines brisées. Nous allons mettre cette situation sur le compte des délais dans la chaîne d’approvisionnement puisque toutes les succursales qui ont vu leurs vitrines éclatées depuis deux mois ont toujours du papier collant et du contreplaqué pour couvrir leur façade. Alors que la RBC continue de financer Coastal Gaslink, nous leur avons offert pendant une nuit de la fin-décembre 4 nouvelles baies vitrées à remplacer à la succursale au coin de Monkland et Harvard à Notre-Dame-des-Grâces.

Solidarité avec le Coyote Camp et tous les défenseur.es de la terre.

Les opportunités du temps des fêtes : Sabotage ferroviaire

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Déc 292021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le soir du 25 à Montréal, nous avons saboté deux voies ferrées en solidarité avec les défenseur.es de la terre Wet’suwet’en. Nous étions inspiré.es par le communiqué « Sabotages ferroviaires en solidarité avec les Wet’suwet’en » et ses consignes sur comment perturber les infrastructures ferroviaires du CN et du CP facilement.

Si on peut le faire, vous aussi.

Actions artistiques contre le projet de loi 2

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Déc 252021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le 18 septembre dernier, une douzaine de personnes réparties en petites équipes ont pris artistiquement d’assaut les rues de Tiohtià:ke/Montréal en protestation contre l’abject projet de loi 2. Nous sommes des personnes trans, non-binaires et alliées et nous sommes déterminées à nous opposer à cette vile attaque envers nos communautés. Durant la nuit, des bannières ont été affichées un peu partout dans la ville, dont les murs sont depuis plusieurs mois déjà pleines d’affiches, de collants et de tags pour protester vigoureusement contre cette loi qui ne cesse de nous enrager.

Nous voyons dans ce projet de la CAQ son intention de surfer sur la vague des mesures réactionnaire anti-trans, anti-intersexe et anti-queer mises en place par les gouvernements de droite un peu partout dans le monde (des états du sud étasunien2 à la Pologne fasciste3 en passant par le Royaume-Unis4). Nous ne sommes pas les seul·es à nous révolter: dès l’annonce du projet de loi, les communautés trans, non-binaire et intersexe se sont mobilisées de toutes les manières possibles pour s’y opposer, forçant un recul au moins partiel de la part de Simon Jolin Barette, l’infâme ministre en arrière de ce projet.

Ceci dit, force est de constater que depuis l’annonce du recul du ministre, la mobilisation s’est calmée, ce qui est inquiétant puisque rien ne nous assure que la nouvelle mouture du projet ne sera pas tout aussi abjecte. Nous considérons qu’il faut absolument continuer la lutte et empêcher le passage de cette loi ou de toute autre qui lui ressemble. Nous voulons plus que le simple retrait de la loi; avec l’appel à l’action du 18 décembre dernier circulait cette liste de revendications:

“Plus loin que la simple modification du projet de Loi 2, face à la transphobie et l’interphobie institutionnalisée et face à une politique de reconnaissance qui ne sert que les plus privilégié·es d’entre nous, nous demandons :

  • L’abolition des marqueurs de sexe/genre,
  • L’accès simple, libre et gratuit aux changements de nom et aux soins d’affirmation de genre,
  • L’abolition de la police et des prisons, qui passe nécessairement par la décriminalisation complète du travail du sexe, de l’utilisation des drogues et du VIH,
  • L’ouverture des frontières qui bloquent et contrôlent notamment les corps des personnes trans et queer migrantes.”

Nous appuyons cette liste de demandes et espérons, avec nos actions, démontrer que malgré le prétendu recul du gouvernement, le temps des fêtes et l’explosion récente de la Covid, nous continuons et continuerons de lutter pour nos communautés et contre ce gouvernement qui ne cesse de nous oppresser.

L’appel du 18 décembre dernier est passé, mais voyez en ce texte un appel à continuer d’utiliser les espaces publics comme plateforme pour s’opposer aux dérives haineuses du gouvernement, à vous organisez avec celleux proches de vous (que vous soyez de nos communautés ou simplement des complices), et à être avec nous en janvier prochain quand nous ferons inévitablement face à la nouvelle version de ce projet de loi.

1: https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=114867354363740&id=100795785770897

2: https://www.cnn.com/2021/04/15/politics/anti-transgender-legislation-2021/index.html

3: https://brignews.com/2021/02/06/analysis-of-lgbt-free-zones-in-poland-how-did-it-happen/

4: https://www.pinknews.co.uk/2021/02/15/britain-transphobia-uk-transphobic-history-gender-recognition-act-what-the-trans/

Actions contre RBC à Repentigny et à Joliette

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Déc 252021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Des groupes d’allochtones se sont présentés aux portes des succursales de la Banque Royale du Canada (RBC) de Repentigny et de Joliette ainsi que du mouvement Desjardins à Repentigny. Ces visites ont eu lieu à deux reprises dans les deux dernières semaines.

Les groupes agissent en réponse à l’appel de solidarité avec la lutte pour l’autodétermination du peuple Wet’suwet’en. Iels dénoncent les investissements du secteur financier dans les projets pétroliers coloniaux. Iels exigent que toutes les institutions canadiennes, qui retirent du profit de l’exploitation des territoires et des peuples autochtones, mettent fin immédiatement à leur support de ces projets.

Les Wet’suwet’en exercent actuellement leur droit ancestral d’occupation et de protection des territoires, au nord de la Colombie-Britannique. Depuis 2019, ils sont attaqués par le gouvernement canadien et ses forces armées (GRC), qui tentent de forcer le passage du pipeline Coastal GasLink.

La RBC, principal investisseur du projet Coastal GasLink, pourrait mettre fin à la violation des droits autochtones ancestraux dès aujourd’hui, en retirant son financement du projet.

Le 15 décembre, le groupe d’allochtones s’est entretenu avec M. Dominic Moreau, directeur adjoint de la succursale de Joliette. Devant la violence des faits rapportés, celui-ci s’est rapidement désengagé des actions de son employeur par un simple « Moi, je ne décide rien ici ! ». Le directeur adjoint a tout de même pris l’engagement de « faire suivre la demande plus haut ».

Le 23 décembre, la RBC avait déjà envoyé des directives à ses employés, qui ont été formellement interdits de dialoguer avec les personnes qui se présentaient à leurs portes, inquiets par le financement des projets pétroliers. Pour leur part, les responsables rencontrés à Desjardins ont demandé aux manifestant.es de s’adresser directement au service des plaintes.

Job de peinture chez RBC

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Déc 232021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

La nuit dernière, nous sommes sortis faire une job de peinture à l’extincteur sur la façade de la succursale RBC située au coin de Mont-Royal et Papineau à soi-disant “Montréal”. Dans le contexte de l’appel du clan Gidimt’en à une semaine d’action internationale pour le définancement de Coastal GasLink, nous avons agi en solidarité avec les Wet’suwet’en qui continuent de défendre leur Yintah et qui ont récemment réétabli le Coyote Camp. Notre solidarité ne sera pas éteinte par le reconfinement en cours ici.

Solidarité avec les Wet’suwet’en, le Coyote Camp et les défenseur.e.s de la terre.

Fuck CGL, fuck RCMP, fuck RBC, à bas le Canada !

Tract #shutdowncanada pour les manifs

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Déc 182021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

8.5 x 11″ | PDF

Ce tract contient de l’information sur les infrastructures de transport au Canada, les infrastructures vulnérables aux engorgements par province, et les 20 endroits au plus haut taux d’engorgement. Nous avons préparé ce tract pour qu’il soit distribué lors de manifs, dans l’espoir de propager les actions au delà de ces événements.

Semaine d’action internationale le 20 décembre : Définancer Coastal GasLink

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Déc 112021
 

Du Point d’accès Gidimt’en

La semaine du 20 décembre, nous organisons une semaine d’action internationale pour le définancement de Coastal Gaslink. Les banques et les sociétés de capital-investissement financent les violations des droits des autochtones et détruisent notre climat commun.

Leur manque de redevabilité pour le financement de la violence coloniale et le vol des terres des peuples autochtones est inacceptable. Nous sommes tou.te.s dans le même bateau ! Nous avons tou.te.s la responsabilité de tenir tête aux grandes institutions financières qui investissent et maintiennent l’industrie des combustibles fossiles en pleine activité.

Sans transition écologique durable dans un avenir prévisible, toute l’humanité et nos proches courent un risque dangereux. Avec les incendies et les inondations qui se sont produits récemment au sud de la soi-disant Colombie-Britannique, nous ne pouvons pas laisser passer plus de temps pendant que les grandes banques alimentent notre disparition.

Organisez une action dans votre ville, nous savons que la fin de l’année approche et nous devons nous assurer que RBC ne passe pas à travers les mailles du filet !

Déposez une bannière, organisez un rassemblement ou une marche aux bureaux de RBC, faites un sit-in, bloquez les lignes téléphoniques, faites passer le message !

Voir ce Google Doc pour la boîte à outils de la Semaine d’action et pour vous joindre à un appel de mobilisation pour passer à l’action.

Ontario : Sabotages ferroviaires en solidarité avec les Wet’suwet’en

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Déc 102021
 

Soumission anonyme à North Shore Counter-Info

Il n’y a plus rien à dire.
Dehors la GRC.
Coastal GasLink hors de la Yintah.
Défendons la Wedzin Kwa.

C’est un acte de génocide. Un génocide actif.
Une invasion armée de la part de l’État colonial.
Il n’y a plus rien à dire : ils n’écoutent pas les mots.
Il faut donc agir, c’est ce que nous avons fait.

Un soir d’il n’y a pas longtemps, des allié.e.s/complices sont sorti.e.s la nuit pour reprendre là où d’autres se sont peut-être arrêté.e.s, au printemps 2020 : cibler les infrastructures ferroviaires.

En utilisant différentes méthodes (détaillées ci-dessous pour votre connaissance, votre éducation et votre plaisir !), nous avons perturbé la circulation ferroviaire dans tout le sud de l’ainsi-dit Ontario, pendant toute la nuit, en frappant presque une douzaine d’endroits différents sur les lignes des chemins de fer du CN et du CP.

Nous l’avons fait par solidarité, de tout notre cœur, avec les Wet’suwet’en qui défendent leur Yintah de la destruction et nous avons alimenté nos actions avec la rage justifiée que nous ressentons envers la Gendarmerie royale du Canada et l’État, qui envahissent une fois de plus leur territoire au nom d’une société privée.

Le chemin de fer a été le signe avant-coureur de la colonisation et du génocide des peuples indigènes à travers l’ainsi-dit Canada et il est aussi un moyen, difficile pour eux à défendre, pour s’en prendre à l’économie kkkanadienne, du coup nous trouvons que c’est une cible idéale pour des personnes qui ne peuvent pas être là-bas aux côtés des défenseur.euse.s des terres Wet’suwet’en.

Alors que certaines équipes ont opté pour la méthode du fil de cuivre, d’autres ont trouvé leur inspiration dans d’autres façon de cibler les circuits ferroviaires – y compris en sectionnant les circuits à basse tension des voies et en incendiant des guérites de signalisation ferroviaire.

Chacune des méthodes utilisées a déclenché le système de signalisation automatique de blocage, via son réglage de sécurité de « voie occupée » – ce qui signifie que tout le trafic ferroviaire sur la voie en question s’arrête jusqu’à ce qu’elle soit vérifiée et, dans certains cas, réparée. Cela signifie aussi que ces perturbations étaient moins dangereuses que n’importe lequel des trois raids injustifiés de la GRC militarisée contre le peuple Wet’suwet’en.

Nous encourageons d’autres personnes à se joindre à nous dans l’action. Utilisez vos mots pour inspirer d’autres personnes à l’action – non pas pour mendier un changement auprès d’organes gouvernementaux complices d’un génocide actif.

Arrêtons-le. C’est tout ce qu’il reste à faire.
Ne jamais céder.
Ne jamais se rendre.
Brûlons tout jusqu’au fondements, s’il le faut.

Comme promis, une note explicative

Depuis longtemps, les rebelles ciblent les infrastructures ferroviaires en utilisant la méthode du câble en cuivre. Cela consiste à relier solidement deux rails parallèles avec un câble en cuivre conducteur d’électricité. Cette méthode est censée simuler le court-circuit qui se produit lorsque les essieux d’un train entrent dans un tronçon de voie ferrée. Le câble peut être fixé aux champignons [la partie en haut, où courent les roues des trains ; NdAtt.] des rails ou aux éclisses, après qu’ils ont été nettoyés [de la rouille ; NdAtt.], mais mieux encore aux câble de jonction des éclisses. Cette dernière méthode nécessite un câble de cuivre de petit calibre et offre la connexion la plus sûre.

Mais il y a de nombreux éléments des voies ferrées et du protocole ferroviaire qui peuvent être pris pour cible.

Les câbles des éclisses

Sur les voies ferrées modernes, les rails sont soudés ensemble à leurs extrémités et assurés les uns aux autres par des éclisses et des boulons, pour former les blocs voulus. Ces blocs sont surveillés par différents capteurs, afin de détecter des interruptions des fréquences électriques, qui dans certains cas déclenchent des signaux. La soudure des extrémités interfère parfois avec leur conductivité électrique et on ajoute donc des câbles, dans le but d’améliorer le passage du courant. Si le courant est interrompu par une mauvaise conductivité, le bloc se met par défaut en position « occupé ».

On peut trouver les câbles à de nombreux joints des rails, sous la forme d’un seul câble reliant les rails à la partie supérieure de l’éclisse ou de deux câbles qui sortent de chaque côté de l’éclisse. Couper un ou plusieurs de ces câbles, à divers points de jonction, interfère avec le circuit et met le bloc de signalisation dans l’état « occupé ». Pour cela il n’y pas besoin de se procurer du câble en cuivre – il suffit d’avoir une bonne paire de ciseaux ou un petit coupe-boulons.

Guérites de signalisation

Les guérites de signalisation transmettent les informations recueillies par différents éléments du circuit de voie aux conducteurs des trains et aux centrales de contrôle du trafic. On les trouve souvent aux croisements de voies et parfois entre les sections, en fonction de l’équipement de détection installé sur ce tronçon particulier. Elles sont souvent grises ou couleur acier et ressemblent à de petites cabanes sur des piliers, avec des câbles électriques qui en sortent, dans des protections en plastique ou en métal.

Une interférence sur ces relais de signalisation est immédiatement détectée et déclenche l’arrêt des voies. La plupart des guérites ont des serrures sécurisées – n’essayez pas d’utiliser des coupe-boulons sur la tige de verrouillage, mais il est possible d’y accéder à l’aide d’une disqueuse, ou en utilisant des cutters pour cibler les languettes métalliques dans lesquelles les serrures sont enfilées, avec l’utilisation de barres-leviers. Certaines guérites sont connues pour être équipées de caméras extérieures – il faut donc faire preuve de prudence lors du répérage et de l’action.

Exploitation du protocole ferroviaire

En tant qu’alliés/complices/dissidents, l’une de nos plus grandes forces contre l’État est notre propre flexibilité et notre capacité d’adaptation – souvent une qualité que les systèmes hiérarchiques n’ont pas. Les protocoles de sécurité ferroviaire imposent des décisions aux ingénieurs des trains, et peuvent être exploités lorsqu’une situation spécifique peut être reproduite.

L’un de ces protocoles pour les chefs de train et les ingénieurs est le protocole obligatoire de signalisation d’urgence. Dans la journée, les signaux d’urgence peuvent être des drapeaux rouges placés le long des voies, qui indiquent aux conducteurs qu’ils doivent s’arrêter ou ralentir. Lors des blocages ferroviaires de 2020, nous avons vu ce protocole exploité afin de sécuriser des sections de voie pour un blocage. De même, la nuit, des fusées de détresse entre les voies ferrées concernées obligent le conducteur à réduire sa vitesse ou à s’arrêter, conformément à la loi sur la sécurité ferroviaire. L’agitation vigoureuse de tout objet le long de la voie oblige également le conducteur à s’arrêter immédiatement.

Même si ces perturbations ne sont pas permanentes, elles ralentissent, arrêtent et perturbent la circulation ferroviaires et constituent un moyen supplémentaire de mener des perturbations ferroviaires.

Retour sur un retour à Saint-Lambert

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Déc 082021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Samedi dernier, plus de soixante personnes ont bloqué pendant plus de six heures la principale ligne du CN à Saint-Lambert, au sud de Montréal, en solidarité avec les défenseur-es de la terre Wet’suwet’en. Il s’agissait du plus long blocage ferroviaire au Québec depuis l’hiver 2020, interrompant le service de Via Rail et immobilisant six trains de marchandises. Les notes suivantes réflètent l’expérience de certain-es participant-es au blocage de samedi. 

Nous ressentions de la nostalgie et de l’anticipation en arrivant sur les rails au croisement de la rue Saint-Georges avec des bannières prêtes à être suspendues au travers du chemin de fer et aucune police en vue. C’était un matin ensoleillé, avec une température juste en dessous de zéro et un sol sans neige, un contraste avec la première nuit en février 2020, alors que la température est descendue à -25 celsius et que la neige s’empilait en buttes sur les rails. 

Sur le territoire Wet’suwet’en, 4000km à l’ouest, les défenseur-eures de la terre continuent de combattre la construction de Coastal GasLink. Des semaines après que les raids de la GRC sur le Checkpoint Gidimt’en et le Coyote Camp ont mené à 30 arrestations, les appels à se rendre directement sur les lieux à l’Yintah ont été renouvelés et les supporters ont déjà refusé d’accepter la dernière invasion comme une défaite, mettant le feu à des routes et bloquant les travaux de CGL. Leurs actions nous ont inspiré-es.

Une police de concertation

Le Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL) compte 546 agents et a juridiction sur la cinquième ville la plus peuplée au Québec, de laquelle Saint-Lambert fait partie. Fady Dagher, chef du SPAL depuis 2017, a déjà fait les nouvelles pour « essayer de changer le visage de la police » dans la rive-sud de Montréal. Ses efforts ont été décrits comme « humanisant » et même « révolutionnisant » la police. Le SPAL a récemment reçu 3,6 millions de dollars du gouvernement du Québec pour développer une « police de concertation », au travers de programmes de formation axés sur la prévention, une meilleure compréhension des enjeux sociaux et le dialogue constructif.

Qu’est-ce que tout ça a à voir avec notre blocage de trains? Alors que sur l’île de Montréal, nous aurions fait face au SPVM armés de fusils lanceurs de gaz lacrymogènes et nous menaçant quelque part dans l’heure suivant notre arrivée, nous avons plutôt été abordés par des négociatrices non-armées disant respecter ce que nous faisions et que la police avait d’autant plus nolisé et apporté au blocage un autobus afin que nous puissions avoir un endroit pour nous réchauffer. Bien entendu, l’offre a été déclinée et il est devenu évident que la réelle mission des négociatrices était d’amasser de l’information, mais la faible présence policière (et la musique!) ont permis à l’ambiance de demeurer joyeuse, donnant le temps aux personnes présentes de mettre en place des dizaines de petites barricades au long de 500 mètres de rails avec des traverses de chemin de fer et des branches d’arbres. Les travailleurs-euses du CN ont ainsi dû passer un temps considérable à nettoyer ces barricades une fois que nous avons quitté. La mince ligne de police a même battu en retraite hors des rails pendant que la foule avançait en leur demandant de retourner sur le trottoir. 

Une désarrestation

Les masques sont tombés sur l’heure du dîner. Deux gentil-les camarades sont arrivé-es avec une boîte de samosas, mais la police leur a refusé l’entrée sur les rails, les coupant du groupe de personnes qui les bloquaient. Nos demandes répétées n’ont pas fait bouger la douzaine de policiers présents, alors une équipe est sortie des rails afin d’escorter les camarades et la caisse de nourriture dans le blocage. C’est alors qu’un agent du SPAL s’est jeté violemment sur une personne, se jetant avec elle au sol, l’étranglant et lui donnant des coups à la tête. Les manifestant-es ont rapidement encerclé le policier, desarrêté le camarade et repoussé l’agent. Même si certains samosas sont tombés sur la chaussée pendant l’échaffourrée, nous avons tout récupéré et la boîte a pu être ramenée sur les rails, où tous les camarades se sont regroupés en sécurité pour continuer le blocage. Ces samosas ont sans doute été parmi les meilleurs que nous avons mangé.

Arrêter les trains

Le ciel s’est ennuagé et la neige a commencé à tomber en début d’après-midi. Une poignée de renforts du SPAL sont arrivés. Des journalistes ont monté sur la bute d’un côté des rails afin de prendre des photos d’un nouvel angle. Plus ou moins une demi-heure après le dîner, les policières de liaison sont à nouveau entrées dans le périmètre pour nous informer que nous commettions un crime et que nous brisions la loi fédérale de sécurité ferroviaire. Elles nous ont dit que la Sûreté du Québec (SQ), la police provinciale, étaient en chemin. Les slogans « Shut Down Canada » ont enterré certaines de leurs paroles et des cris de joie ont retenti lorsqu’elles nous ont informé que six trains de marchandises étaient bloqués. Nous avons observé les trains s’arrêter et se retirer dans l’échangeur au sud de notre emplacement au travers de la journée, mais nous ne comptions pas. Le blocage a continué.

Essayer de quitter Saint-Lambert

Autour de 15h, il était clair que notre nombre allait bientôt diminuer, alors que la police allait bientôt avoir des renforts mieux équipés. Alors que les rails étaient toujours barricadés et allaient demander une inspection de sécurité détaillée, nous sommes partis en manifestation dans Saint-Lambert. Des voitures du SPAL nous ont suivi de près, tentant de traverser la foule au moins à deux reprises. Nous avons atteint l’avenue Victoria, une rue commerciale de Saint-Lambert, où nous nous sommes dispersés.

La violence policière nous prenant pour cible ne se compare pas à la violence d’être expulsé à la pointe de fusils d’assaut de son territoire par la GRC, mais nous pensons qu’il est important de documenter ce qui s’est produit samedi dernier. Peu après que la manifestation soit terminée et que nous ne puissions plus être un groupe occupant la rue, des policiers ont commencé à poursuivre plusieurs personnes qu’ils suspectaient d’avoir pris part à la manifestation. Quatre violentes arrestations ont été observées dans la zone de dispersion, dans chaque cas la personne visée devait faire face à un nombre important de policiers. Un agent du SPAL a déchargé son taser sur une personne avant de l’arrêter.

Jusqu’à la prochaine fois

Dans le futur, nous espérons être inventi-ves et imprévisibles dans nos dispersions en arrivant à des actions avec différents plans de départ possibles qui prennent en compte différents niveaux d’escalade. Récemment dans la ville de Québec, un blocage de trains a quitté en manifestation le long des rails, sortant au travers d’un trou dans la clôture près d’un campus universitaire, étant immédiatement capable de se mêler à la foule d’étudiant-es.

Malgré les arrestations, nous avons quitté avec une confiance renouvelée dans notre capacité à tenir un blocage pendant plus d’une heure ou deux et motivés pour les prochaines actions de solidarité. Nous sommes impressionnées par la façon dont nous avons collectivement géré différentes formes de pression policière et refusé d’entrer dans le jeu de concertation que nous proposaient les flics. 

Continuons de #ShutDownCanada!

#ShutDownCanada : Perturbations ferroviaires nocturnes

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Nov 302021
 

De Seeds of Resistance

Ce guide est une version améliorée de la section pratique du texte Un appel d’allochtones à allochtones à perturber les voies ferrées en solidarité avec les Wet’suwet’en que nous avons récemment re-publié. Merci à qui l’a porté à notre attention.


L’objectif des informations présentées ici est de perturber les flux ferroviaires, et non de provoquer un déraillement ou un accident qui risquerait de blesser encore plus de personnes ou de souiller davantage la terre.

Comme toujours, nous vous encourageons à penser à vos cœurs, ainsi qu’à la pérennité de ces actions et de la lutte en général ; un simple rappel de faire attention à vous, à vos empreintes digitales et à votre ADN – pour la sécurité de toutes et de tous – et que la répression suit souvent l’action.

Empreintes

Les empreintes digitales peuvent être effacées des surfaces dures avec de l’alcool isopropylique. Essuyez soigneusement chaque objet au cas où quelque chose serait accidentellement oublié ou découvert – mais visez à ne rien laisser derrière vous. Dans la mesure du possible, il peut être utile de confier à une seule personne le soin de retrouver et d’enlever tout le matériel et les débris. Rangez et emballez votre équipement dans un sac neuf et propre et ne le retirez que si vous portez des gants. Certaines personnes portent deux paires de gants pour s’assurer que la paire extérieure n’a aucune chance de laisser des résidus d’empreinte, tandis que d’autres se lavent à l’isopropyle.

ADN

L’ADN peut être transféré de plusieurs façons. Soyez vigilant.e ; ne vous touchez pas le visage et ne toussez pas entre vos mains en portant des gants. Vous devriez de toute façon porter un masque, mais envisagez de porter un masque médical pour réduire la transmission des gouttelettes. Brossez vos cheveux (pour éliminer ceux qui sont tombés) et attachez-les bien serrés en arrière, voire même couvrez-les. Ne fumez pas, ne crachez pas et ne jetez pas de déchets à proximité de votre zone cible le jour de l’action ou pendant le repérage. Ne laissez rien derrière vous. Veillez à ne pas vous blesser sur les clôtures ou les angles pointus. Débarrassez-vous correctement des masques, chapeaux, équipements ou vêtements en les brûlant loin du site.  Les jours pluvieux peuvent être pénibles mais pratiques ; la pluie contribue à effacer, déplacer et contaminer tous les éléments de preuve, y compris les fibres et l’ADN. Si vous brûlez vos vêtements ou les éléments de preuve après coup, ne comptez pas sur le fait que les matériaux servant à allumer le feu seront brûlés si complètement qu’il sera impossible d’obtenir de l’ADN. En d’autres termes, n’utilisez pas un vieux chiffon ou un t-shirt qui traîne chez vous en guise d’allume-feu en pensant qu’il sera brûlé et ne laissera donc pas de traces d’ADN. Vous ne savez jamais si le feu finira de brûler le matériau. Plusieurs personnes se sont fait prendre à cause de cette erreur. L’hydroxyde de sodium (soude caustique), que l’on trouve dans certains nettoyeurs de canalisations ou qui est utilisé dans la fabrication du savon, dissout les protéines cellulaires et détruit les preuves génétiques. Cependant, la meilleure défense consiste à éviter toute contamination en se préparant comme il faut.

Une remarque sur l’eau de Javel : L’eau de Javel commerciale peut détruire suffisamment l’ADN pour l’empêcher d’être répliqué et testé en laboratoire pour analyse, mais elle est plus fiable sur les surfaces dures et ce n’est pas toujours une valeur sûre. Elle n’empêche pas de détecter l’hémoglobine. L’eau de Javel oxydée (comme l’eau de Javel au peroxyde d’hydrogène) peut empêcher l’hémoglobine d’être détectée et donc testée, mais elle ne détruit pas non plus l’ADN de manière fiable dans un délai approprié.

En résumé : en cas de doute, faites deux fois plus attention.

Méthode du fil de cuivre

– N’ESSAYEZ PAS DE LE FAIRE SUR LES LIGNES DE DE MÉTRO ; elles sont électrifiées.- Vous pouvez utiliser cette méthode lors d’une action de désobéissance civile en groupe pour envoyer immédiatement un signal d’arrêt de la circulation des trains.

Les rails en acier des voies ferrées font partie du circuit d’un dispositif nommé “système de bloc automatique” (ABS). Un faible voltage traverse les rails entre des capteurs pour créer des cercles divisés en blocs géographiques. Lorsqu’un train traverse un bloc, les essieux du train interrompent ou raccourcissent le circuit, les capteurs remarquent que le bloc est occupé et arrêtent de manière automatique la circulation des trains dans cette zone.

Avec un fil en cuivre qu’on passe autour et puis entre les rails, il est possible de tromper les capteurs et de les déclencher. 

1) Pour une conductivité maximale, utilisez un fil de cuivre de gros calibre et enroulez-le autour d’un rail, puis de l’autre. Vous pouvez l’attacher aux rails en enlevant un peu de roches près d’une traverse en bois, ou à des boulons sur les rails si vous utilisez une brosse métallique pour enlever la rouille. Les câbles de démarrage fonctionnent pour une action rapide – assurez-vous simplement qu’ils sont assez longs. Mais ça coûte plus cher qu’un rouleau de fil de cuivre.

une éclisse de chemin de fer

2) Raccordez deux éclisses opposées. Ce sont les panneaux plats en acier boulonnés sur le côté des rails, à l’endroit où chaque section de rail en rejoint une autre. Les éclisses sont munies d’un fil recouvert de plastique/caoutchouc qui sort d’un côté. Vous pouvez dénuder ou enlever une partie de ce plastique et attacher un fil de cuivre directement à celui-ci, puis attacher l’autre extrémité au rail opposé, au boulon du rail ou à un autre fil d’éclisse (pour une meilleure connexion). L’avantage de cette méthode est qu’un fil de cuivre de petit calibre sera suffisamment conducteur pour déclencher le signal, et que les petits fils coûtent moins chers. L’inconvénient est que les éclisses ne sont pas toujours placées l’une en face de l’autre – il faut donc bien repérer l’emplacement pour s’assurer que ça fonctionnera.

CONSEILS : il faut que le fil en cuivre soit en contact avec des sections des deux rails SANS rouille ni oxydation et qui sont toujours conductrices. Un fil de cuivre de gros calibre est nécessaire si vos seuls points de connexion sont légèrement rouillés/oxydés. Soyez attentif aux trains et aux patrouilles de sécurité. Ayez un plan avant de commencer à passer le fil ou de déclencher potentiellement des capteurs. Vous aurez peut-être besoin d’un petit outil pour dégager un peu de roche concassée sous les rails avant d’enrouler le fil. Trouvez un bon endroit, creusez sous les deux rails et enroulez d’abord un rail. N’oubliez pas que dès que vous attachez le fil au deuxième rail, l’ABS se déclenche, indiquant que quelque chose ne va pas sur la voie. Disparaissez dès que possible. Si vous enterrez le câble avec de la roche concassée, de la neige ou de la terre, il sera plus difficile de le trouver ou de le repérer dans le bloc.

Destruction des postes d’aiguillage

Les postes d’aiguillage font partie des circuits ferroviaires. Si vous vous baladez le long des voies ferrées, vous les avez probablement vus : ce sont de grandes structures grises ressemblant à des hangars, ou de petites boîtes grises fixées à des poteaux. Ces boîtes reçoivent et interprètent les signaux du circuit ABS, des aiguillages, etc. Les boîtiers sont en métal et généralement scellés. Les petits boîtiers sur les poteaux ont des câbles qui en sortent, vont jusqu’au sol et jusqu’aux voies. Étant donné que ces câbles ont des composants électriques, nous vous déconseillons de simplement les couper, à moins que vous n’ayez une bonne connaissance de l’électricité et de la mise à la terre.

On peut aussi se servir d’un feu brûlant pour abîmer les cordes et les circuits électriques. Il ne faut pas se contenter de les tremper d’essence et s’en aller — il faut partir un feu plus chaud et le faire durer longtemps. La bonne technique pour allonger le temps de combustion d’un liant fibreux (nous, on aime bien les balles de tissu ou de coton), c’est d’ajouter de la vaseline et de bien imbiber le tissu. Vous pourrez juste l’allumer, ça fonctionnera comme une mèche. Pour augmenter la chaleur, on peut ajouter du caoutchouc de pneu ou de chambre à air de vélo. Avec un petit feu comme ça dans les boîtes du circuit ou bien à l’endroit où le câble entre dans le sol, on devrait endommager le circuit et empêcher la circulation ferroviaire en activant durablement le système de blocage automatique.

Remarques : pratiquez-vous à faire ce type de feu pour voir ce qui est possible. La combustion du caoutchouc crée des fumées toxiques. N’oubliez pas qu’il s’agit d’un incendie criminel – les autorités enquêteront plus sérieusement qu’avec la méthode du fil de cuivre. Soyez prudent : trouvez un bon endroit, ayez des guetteur.eus.es en place et un plan d’arrivée et de fuite où vous ne croiserez pas du monde, faites attention aux empreintes digitales et à l’ADN, éliminez correctement tout équipement utilisé, ayez une EXCELLENTE culture de sécurité avec votre bande et des pratiques cohérentes.

Destruction des rails d’acier

Comment détruire des rails en acier sur lesquels passent des milliers de tonnes tous les jours? De la même manière qu’ils ont été assemblés : grâce à la soudure.

Si vous ne disposez pas d’un équipement de plusieurs centaines de dollars et d’une torche oxyacétylénique, vous pouvez toujours détruire efficacement l’acier avec de la thermite.

La thermite est un mélange de carburant et d’oxydant dont on peut modifier les proportions pour qu’il dégage une chaleur suffisante pour brûler le bloc moteur d’une voiture. Ce n’est pas dangereux à produire, mais ça dégage énormément de chaleur et de luminosité en brûlant, alors faites attention. Cette méthode exige très peu de temps sur place, juste un moment pour l’allumer et partir. Cela produit un maximum de dégâts matériels, car il faudra remplacer le rail ou le poste d’aiguillage.

Le combustible le plus simple à utiliser est la poudre d’aluminium. On peut en trouver dans des vieux etch-a-sketch ou la produire à base de (vrai) papier d’aluminium dans un moulin à café ou un mixeur que vous ne voudrez plus jamais utiliser pour ce à quoi il est destiné. C’est aussi un composant de certains feux d’artifice (généralement les argentés) et de la plupart des cibles de fusils explosifs (le petit paquet de papier d’aluminium ou la poussière grise que vous êtes censé mélanger). Plus le combustible sera fin, plus l’allumage sera facile et la combustion rapide. Il vous faudra une poudre assez fine.

Attention : la poussière d’aluminium très fine est explosive. Cependant, il est peu probable que vous puissiez l’obtenir avec un mixeur ménager ordinaire. Au cas où, n’ouvrez pas le mixeur à proximité d’une flamme nue. La poudre d’aluminium très fine est également difficile à éliminer des vêtements, des équipements, des plans de travail, de la peau, etc. Soyez prêt à passer un certain temps à nettoyer. Portez un masque pour éviter toute inhalation.

L’oxydant le plus simple, avec la poudre d’aluminium, c’est l’oxyde ferrique : la rouille rouge sur le fer. Là encore, vous pouvez en récupérer des morceaux sur de vieux objets et le réduire en poudre fine, ou bien en fabriquer facilement à base de laine d’acier à grain 0000 trempée dans un mélange 1:1 d’eau de Javel et de vinaigre dans un endroit EXTÉRIEUR. Laissez reposer pendant une journée pour créer une pâte, qu’on peut faire sécher et utiliser ainsi.

Attention : le mélange de l’eau de Javel et du vinaigre produit un gaz qu’il ne faut pas inhaler. Bien que cette méthode soit la plus rapide pour produire de la rouille, vous devez pouvoir le faire dans un endroit extérieur et ventilé. Sinon, utilisez un seul liquide et donnez-lui plus de temps.

Vous aurez également besoin d’une mèche d’allumage. Pour mettre feu à un carburant métallique, il faut une flamme vraiment chaude, alors un briquet ou même la mèche d’un feu d’artifice ne marchera pas. Utilisez un cierge magique, ou bien une mèche faite maison avec des têtes d’allumettes enroulées dans du papier d’aluminium. Nous avons eu plus de chance avec cette dernière méthode.  

Attention : le cierge magique risque d’allumer la thermite avec ses étincelles si elles la touchent avant le moment voulu.

Thermite en poudre : 
Mélanger trois parts (en poids) d’oxyde ferrique à deux parts (en poids) de poudre d’aluminium. Découpez ou percez un petit trou dans un récipient (une boîte de conserve, par exemple). Insérez quelques pouces de votre mèche dans le trou pour qu’elle soit en contact avec le mélange dans la boîte, puis remplissez le récipient de poudre. Placez-le et allumez-le à l’endroit voulu.

CONSEILS : si le mélange de poudre n’est pas fin et compacté, la combustion sera moins efficace et produira moins de chaleur !

Thermite dure :
Trois parts (en poids) d’oxyde ferrique, deux parts (en poids) de poudre d’aluminium, deux parts (en poids) de plâtre de Paris. Versez le mélange dans un moule (boîte de conserve, etc…), insérez quelques pouces de mèche en biais. Laissez sécher puis démoulez.

Thermite moulable :
Huit parts de poudre d’aluminium (en poids), trois parts d’oxyde de fer (en poids), quatre parts d’argile (en poids). Mélangez bien les poudres puis ajoutez-les à l’argile. Insérez la mèche à quelques pouces. Placez le mélange à l’endroit souhaité et allumez-le.

Dernières mises en garde : comme la méthode de la thermite s’attaque directement aux rails, elle comporte un risque de déraillement. Pour éviter ça, vous pouvez déclencher le circuit ABS en attachant également un fil de cuivre sur les rails (méthode 1). Là encore, il s’agit d’une méthode que la police est susceptible d’investiguer de manière approfondie. Assurez-vous que tous les items que vous laissez sur place sont exempts d’empreintes digitales et d’ADN. Prévoyez des guetteur.euse.s et choisissez des chemins d’approche prudente hors caméra.  Débarrassez-vous des vêtements et des bottes ou détruisez-les. La thermite brûle à très haute température en produisant une lumière vive – ne fixez pas la flamme des yeux après l’allumage. La poudre d’aluminium très fine est réactive à l’oxygène et peut s’enflammer facilement. Si de l’eau (pluie, neige, flaques d’eau) touche la thermite en feu, l’explosion résultante va projeter du fer fondu dans tous les sens. N’essayez PAS d’éteindre un feu de thermite avec de l’eau.

Manifestation en solidarité avec les Wet’suwet’en : les manifestant·e·s déjouent la police

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Nov 282021
 

De la Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC)

Ce 27 novembre 2021, la Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC) a appelé à une manifestation devant les bureaux de la GRC près du métro Atwater en solidarité avec le peuple Wet’suwet’en. Cet appel a été appuyée par plus de vingt organisations montréalaises. Ainsi, malgré le froid et l’énorme présence policière, où plus de 750 manifestant·e·s ont répondu à l’appel avec une énergie époustouflante, permettant de défendre le droit de manifester face à un appareil policier hors de proportion.

Marlene Hale et Eve Saint, deux militantes Wet’suwet’en ont tenu des discours en début de manifestation, soulignant toutes les deux la violence des interventions de la GRC dont elles ont été témoins depuis des années sur leur Yintah. Le frère de Marlene Hale ainsi que la conjointe de celui-ci, deux ainé·e·s Wet’suwet’en, ont été arrêtés le 18 novembre dernier lors d’un raid de la GRC au Yintah. Les deux ainé·e·s ont dû être envoyé·e·s à l’hopital parce que la GRC avait confisqué leurs médicaments. Eve Saint, qui avait pour sa part été arrêtée en 2020 lors du raid policier qui avait déclenché le blocage de l’économie canadienne pendant plusieurs semaines, a vu plus tôt cette semaine sa soeur être victime des mêmes violences policières et être elle aussi criminalisée pour avoir défendu son territoire. La criminalisation des personnes autochtones revendiquant leur souveraineté territoriale doit cesser. On ne peut s’attendre à rien d’autre d’un état colonial qui ne vit que de l’extraction minière, ici comme ailleurs.

Comme d’habitude, la CLAC déplore la brutalité du SPVM qui, une fois de plus, a battu des manifestant·e·s, fait usage de poivre de cayenne et mené des arrestations sans fondement. Le SPVM a aussi bloqué systématiquement les rues menant au quartier ultra-riche de Westmount, nous forçant à modifier plusieurs fois notre itinéraire. Le slogan “La police, au service des riches et des fascistes”, scandé à multiple reprises, prenait tout son sens. Le message du SPVM est clair : si on veut défendre la terre et en finir avec les pipelines coloniaux, la police fera tout pour nous en empêcher. Une raison de plus pour en finir avec la police ! À bas le SPVM ! Heureusement, malgré toute les tentatives de la police de nous empêcher d’aller au nord, puis au sud, puis à l’est, les manifestant·e·s ont déjoué l’encadrement policier à plusieurs reprises. Comme d’habitude sans les efforts de chacun·e·s d’entre vous, la police aurait pu garder un contrôle politique sur les manifestations autorisées, et nous vous en remercions chaleureusement.

L’appel à prendre la rue le 27 novembre lancé par la CLAC répondait aux nombreux appels en provenance des différents clans Wet’suwet’en—notamment le clan Gidimt’en—, demandant à toute personne ne pouvant venir appuyer localement les Wet’suwet’en à organiser des actions de solidarité d’un océan à l’autre.

Depuis les arrestations violentes ayant eu lieu au Yintah, de nombreuses communautés autochtones et allochtones ont organisé des manifestations, des blocages de chemins de fer, de ponts et de ports pour revendiquer le retrait de la GRC et de Coastal GasLink du territoire des Wet’suwet’en. Aujourd’hui, la CLAC ainsi que toutes les organisations endossant la manifestation avons joint nos voix à la leur. Des actions de solidarité continueront d’avoir lieu tant et aussi longtemps que la GRC et CGL continueront d’occuper illégalement le territoire des Wet’suwet’en.

Solidarité avec les peuples qui résistent ! À bas l’État colonial ! La lutte ne fait que commencer! Les pipelines ne passeront pas!

PS: Un message qui nous été envoyé de @landbackskyler qui s’adresse à toutes les personnes qui s’organisent actuellement en solidarité avec les Wet’suwet’en. À écouter jusqu’à la fin!

La lutte continue

Vu les efforts que les médias mettent à ignorer les actions en solidarité avec la communauté Wet’suwet’en, il est important de rappeler que la résistance s’active partout au Québec contre Coastal GasLink depuis plusieurs mois!

2 octobre: Attaque contre une succursale RBC : https://mtlcontreinfo.org/rbc-prise-pour-cible-en-solidarite-avec-les-defenseur-e-s-de-la-terre-wetsuweten/

3 octobre : Drop de bannière en solidarité au clan Gidimt’en : https://mtlcontreinfo.org/deploiement-de-banniere-en-solidarite-avec-unistoten/

8 octobre : Appel aux actions provenant du campement des Gidimt’en : https://mtlcounterinfo.org/alloutforwedzinkwa-call-for-a-week-of-action-october-9th-15th/

9 octobre : Blocaque ferroviaire dans Pointe Saint-Charles : https://mtlcontreinfo.org/blocage-des-rails-en-solidarite-avec-la-semaine-daction-gidimten/

15 octobre : Blocage ferroviaire à St-Édouard-de-Maskinongé : https://ucl-saguenay.blogspot.com/2021/10/st-edouard-de-maskinonge-blocage-de.html

26 octobre : Attaque nocturne contre 5 succursales RBC : https://mtlcontreinfo.org/rbc-fucks-around-rbc-finds-out/

29 octobre : Action créative en solidarité avec la nation Wet’suwet’en : https://www.facebook.com/events/597222391408154/

29 octobre, 10AM : Rassemblement et manifestation à Rimouski : https://www.facebook.com/events/959337418324282/?ref=newsfeed

16 novembre : Blocage de la rue Notre-Dame à l’heure de pointe : https://mtlcontreinfo.org/blocage-sur-la-rue-notre-dame-a-montreal-en-solidarite-avec-gidimten-et-likhtsamisyu/

19 novembre : Feux allumés sur des chemins de fer dans Pointe Saint-Charles : https://mtlcounterinfo.org/shutdowncanada-tire-fires-on-tracks/

19 novembre : Blocages ferroviaires dans Lanaudière : https://ucl-saguenay.blogspot.com/2021/11/communique-dans-launaudiere-des.html

22 novembre : Blocage ferroviaire dans le Mile-End : https://mtlcontreinfo.org/blocage-des-voies-ferrees-en-solidarite-avec-les-defenseurs-des-terres-wetsuweten/

Nuit du 22 au 23 novembre : Sabotage ferroviaire au port de Matane : https://contrepoints.media/fr/posts/sabotage-ferroviaire-au-port-de-matane

24 novembre : Blocages durant l’après-midi à Kahnawake : https://beta.ctvnews.ca/local/montreal/2021/11/24/1_5680145.html

24 novembre, 11AM, Rimouski : Rassemblement en support aux Wetsuwet’en devant le bureau du député fédérale de Rimouski : https://www.facebook.com/events/429317545519501

27 novembre, midi, Gaspé : Rassemblement de solidarité – Des Wet’suwet’en jusqu’aux Kurdes, Berceau du Canada (179 Montée Wakeham) : https://www.facebook.com/events/440130890857892

27 novembre, 1PM, Rimouski: Manifestation en support aux Wetsuwet’en à Rimouski, Cégep de Rimouski : https://www.facebook.com/events/999156030631342

27 novembre, 1PM, La Pocatière : Rassemblement de solidarité avec Wet’suwet’en, Cégep de Lapocatière : https://www.facebook.com/events/233884522179279

1er décembre, midi, Québec : Rassemblement de solidarité avec la nation Wet’suwet’en, Place Limouloise, Limoilou, québec : https://www.facebook.com/events/260558849433179

#ShutDownCanada : Bannière sur la 720 direction ouest à Tiohtià:ke

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Nov 262021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Ce matin à Tiohtia:ke, une grande bannière sur laquelle on pouvait lire “ALL OUT FOR WET’SUWET’EN” a été installée sur la 720 en direction ouest. Il a été assuré que la bannière soit fixée avec une corde et qu’aucun panneau de signalisation ne soit bloqué afin de s’assurer que l’autoroute est sécuritaire pour les conducteurs.

Nous agissons en solidarité avec la nation Wet’suwet’en et le clan Gidimt’en. Le 19 novembre 2021, la GRC a fait une descente violente sur le territoire non cédé des Gidimt’en, expulsant sous la menace d’une arme des femmes autochtones non armées de leurs terres, au nom du projet de gazoduc Coastal GasLink de TC Energy. Parmi les autres défenseurs de la terre, la porte-parole Sleydo’, Corey Joyahcee Jocko et Jocey Alec (la fille du chef Woos) ont été illégalement expulsés de leur propre yintah Cas Yah, où ils protègent les eaux sacrées de la Wedzin Kwa. Ils ont été détenus illégalement et brutalement pendant quatre nuits et cinq jours, où l’accès à l’eau et à la nourriture leur a été refusé.

Ces actions illégales et brutales prouvent encore une fois que le C-IRG et la GRC doivent être abolis. L’injonction en vertu de laquelle ils agissent n’a aucune compétence sur les terres non cédées des Wet’suwet’en. Ce n’est rien d’autre qu’un texte de loi inadéquat qui a été utilisé pour violer les droits humains, les droits des autochtones et la loi Wet’suwet’en.

La réconciliation est morte. Time’s up, Canada.

#ShutDownCanada #AllOutforWedzinKwa #WetsuwetenStrong

Les points faibles de l’économie extractiviste canadienne

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Nov 242021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

“Les personnes attentives peuvent facilement identifier plusieurs de ces goulots d’étranglement critiques à travers le Canada. Ils ont plusieurs caractéristiques communes :

  • ils présentent une valeur immédiate et significative pour les entreprises et les gouvernements ;
  • ils concentrent des ressources précieuses ou des fonctions économiques essentielles ;
  • ils sont situés à l’intersection de systèmes de transport connexes, ce qui permet aux manifestants d’utiliser efficacement leurs maigres ressources ;
  • la plupart sont éloignés des principales ressources et forces de sécurité nationale, ce qui complique le déploiement et le maintien de ces forces ;
  • La plupart sont proches de communautés des Premières Nations qui seraient probablement neutres, sinon des partisans actifs des insurgés, et qui fourniraient des refuges et un soutien logistique aux principaux participants ;
  • tous sont des actifs de premier plan dont l’interruption attirerait (pour les gouvernements) une attention politique et médiatique nationale et internationale gênante ; et
  • tous sont vulnérables (c’est-à-dire que la valeur est multipliée par la facilité de perturbation).”
    Canada and the First Nations: Cooperation or Conflict?

Pour plus d’informations sur les points faibles, consultez :

L’infrastructure de transport au Canada

Goulots d’étranglement des infrastructures vulnérables par province

Les 20 pires bouchons de circulation au Canada

Un appel d’allochtones à allochtones à perturber les voies ferrées en solidarité avec les Wet’suwet’en

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Nov 222021
 

Ce texte a été initialement publié en janvier 2020. Nous le republions aujourd’hui car nous jugeons qu’il est toujours d’actualité.

Passer à la section pratique.


Soyons clair·e·s : ce texte est écrit par des allochtones. Nous n’avons pas le vécu de personnes autochtones, ni donc des Wet’suwet’en. Ces mots nous viennent du cœur et nous nous sentons en affinité avec cette lutte tant au niveau personnel que pour ce qui est des idées et des relations. Nous estimons qu’il est de notre responsabilité d’agir contre les systèmes et les corporations qui nuisent aux gens et à la terre. Nous reconnaissons notre responsabilité et notre complicité en tant qu’allochtones, et nous cherchons des opportunités et des stratégies en accord avec nos idées pour montrer notre solidarité. Pour autant, nous ne parlons pas à la place de personnes autochtones et nous sommes ouvert·e·s à la critique.


Tout d’abord, voyons les raisons pour lesquelles il y a pu avoir parfois un manque de clarté sur ce que veulent les gens dans l’Ouest.

Nous souhaitons simplement rappeler aux ami·e·s qui lisent ces lignes que certaines personnes ont l’interdiction de mettre en œuvre ou d’encourager des actions contre le projet — et même de le critiquer. Ce bâillon prend la forme d’ordonnances judiciaires qui les menacent financièrement, et fait courir le risque à la communauté de perdre un centre de guérison basé sur le territoire. Nous nous rappelons que les gens à qui on aurait pu donner le rôle de “chefs” n’ont pas forcément envie de se retrouver sur un piédestal, ni d’être fétichisés par des allochtones désireux·euses de réponses concrètes — ce qui entraîne des risques considérables pour plusieurs d’entre eux.

Au sein de cette lutte et ailleurs, on encourage souvent les allochtones à s’occuper de leurs semblables, du processus de colonisation en cours et de ses maux. En tant qu’allochtones, nous entendons par cela une exhortation à défier — avec une position offensive — l’État et les industries qui sont prêts à tuer pour le profit tout en prétendant agir dans notre intérêt.

Nous reconnaissons aussi le sentiment de désespoir que beaucoup d’entre nous ont ressenti lorsque, après une décennie de ligne dure, les chefs ont accepté que la barrière d’Unist’ot’en soit ouverte. Vous savez déjà qu’acquiescer sous peine de violences, ce n’est pas du consentement. Mais il y a aussi d’autres faits à considérer, comme la GRC qui venait chez les chefs la nuit pour les menacer de manière plus ou moins explicite. On peut se demander si le désespoir et la déception n’existaient pas dans les deux sens, et jusqu’où le faible nombre de sympathisant·e·s voulant ou pouvant se rendre sur la zone après une décennie de promesses n’a pas influencé l’issue de l’affaire et ses suites. Pour notre part, nous passons à l’action quand nous nous sentons à notre plus fort·e·s — bien reposé·e·s, centré·e·s, encouragé·e·s, appuyé·e·s. En quoi sommes-nous aussi responsables de la décision d’ouvrir cette barrière, nous les allochtones, allié·e·s ou sympathisant·e·s, qui n’avons pas été présent·e·s ou n’avons pas agi de notre côté ?

Malgré tout ça, les Wet’suwet’en n’ont jamais cessé de demander du soutien et des actions de solidarité, et ielles n’ont jamais cessé de défendre leur territoire. Et le 5 janvier, les Wet’suwet’en et leurs sympathisant·e·s ont de nouveau pris physiquement position pour protéger le Yintah et leur mode de vie, pour garantir la survie des générations futures. Contre la violence impérialiste et coloniale de l’État canadien menée au service d’entités privées, c’est leur simple existence qu’ielles défendent, et l’autorité et la juridiction du Canada et de CGL sur leur territoire non cédé qu’ielles rejettent.

Nous luttons à leurs côtés et nous sommes prèt·e·s à exprimer notre solidarité par des actes.

En plus, ami·e·s et camarades, nous voulons vous donner envie de passer à l’action, vous aussi!

Anarchistes, camarades, radicaux·ales, celleux en soi-disant Ontario qui pensent comme nous ont une longue histoire d’actions de solidarité avec, pour et inspirées par les blocages et les projets fonciers indigènes. Ces actions de soutien ont été des moments beaux et courageux, et de là sont nés des relations et des réseaux durables.

Rêvons en grand et faisons en sorte que cela se reproduise!

CGL a coupé à blanc de larges pans de forêt cette année, dispersé la faune, établi un camp pour travailleurs et déplacé ou détruit des lignes de trappe. La GRC est venue établir un “bureau pour la protection de l’industrie”, le tout sur des terres non cédées. Cette année, on a également appris que la GRC, au service des corporations, était prête à tuer des personnes autochtones.

En outre, s’inscrivant dans la lignée des génocides commis contre les peuples autochtones, la juge Marguerite Church vient d’octroyer une injonction interlocutoire contre les Wet’suwet’en, ce qui rend illégal, selon le droit colonial, la défense de leurs terres contre l’industrie ou contre le Canada en tant que nation envahisseuse. Dans cette injonction, il est écrit que “le droit autochtone n’a aucun effet sur le droit canadien”. Ceci permettra la destruction du camp Gidimt’en, ainsi que les cabanes éparpillées sur le territoire, et menace le centre de guérison.

On ne s’étonnera pas de ce ramassis de conneries impérialistes.

Pourquoi chercher d’autres raisons d’agir?

Seule nous reste la question de quoi faire.

En tant qu’allié·e·s lointain·e·s, il faut reconnaître qu’on n’obtiendra peut-être jamais de manière large et explicite la permission d’agir, ni une quelconque autorisation “officielle” (interrogeons-nous d’ailleurs sur notre désir d’obtenir une telle approbation). Mais quelques considérations peuvent nous donner une bonne idée de ce qui est nécessaire et souhaité.

1) L’intensité de la situation actuelle. À l’heure actuelle, les chefs héréditaires Wet’suwet’en se sont réuni·e·s pour une dernière confrontation, et pour chasser l’industrie de leurs territoires afin d’empêcher de nouveaux dommages à la terre et à l’eau, ce qui assure leur sécurité et leur mode de vie. Les actions en justice n’ont pas marché, alors le moment est peut-être venu — la dernière chance de protéger leur Yintah.

2) Ce développement entraînera de nouveaux appels à solidarité, plus intenses et plus enflammés.

3) Parmi les actions qui, par le passé, ont suscité appui et enthousiasme, on trouve des perturbations conflictuelles, telles des blocages de ports ou d’autoroutes, des occupations et tentatives de fermeture d’installations pétrolières et la fermeture d’un terminal Shell. Aucune action n’a encore été dénoncée.

4) Les demandes précédentes conseillaient de respecter les accords et les responsabilités du territoire où on se trouve, de respecter la terre, l’eau et la vie, et d’honorer et de mettre en avant les perspectives autochtones.

Il ne manque pas de possibilités, mais en réfléchissant à ce qu’on a déjà vu marcher par ici, ce qui serait pertinent et stratégique, ce qui peut incorporer différents tons et tactiques, nous sommes arrivé·e·s au sabotage ferroviaire.

La circulation ferroviaire offre une excellente opportunité de perturber l’État et l’économie : l’étalement des infrastructures est tel qu’elles sont quasiment indéfendables, surtout en dehors des villes. Partout sur l’Île de la Tortue, les particularités géographiques créent des milliers de goulots d’étranglement. Ce sont des cibles hyper efficaces et vulnérables à toute une gamme de méthodes. L’histoire nous montre que même des perturbations de courte durée — à cause d’actions ou de grèves — ont un impact économique démesuré. Récemment, après deux jours de grève dans le secteur ferroviaire, le gouvernement fédéral s’est mis à élaborer une législation d’urgence par souci pour l’économie. En 2012, une perturbation de neuf jours a fait chuter le PNB de 6,8%.

Imaginons que des allié.e.s perturbent et détruisent les infrastructures ferroviaires et les goulots d’étranglement au nord du Colombie-Britannique, entre Kitimat-Chetwynd-Houston-Stewart; les sections de d’oléoduc resteraient en rade aux ports, devant l’impossibilité de les cheminer aux chantiers.

Il n’est pas nécessaire de se mettre en première ligne, on peut lutter là où on est.

Le sabotage ferroviaire fonctionne à la fois comme tactique et stratégie, alors nous appelons à des perturbations ferroviaires continues en solidarité avec le peuple Wet’suwet’en qui défend son territoire non cédé contre l’industrie et une invasion policière.

Nous recommandons l’emploi de fil de cuivre pour activer les blocs signaux et détruire les postes d’aiguillage et les rails d’acier — mais même de grands groupes de désobéissance civile peuvent bloquer des voies ferrées essentielles, ce qui est beaucoup mieux que de ne rien faire. Continuez à lire pour avoir les détails, les mises en garde et les liens.

Comme à chaque fois, nous vous encourageons à penser à vos cœurs, ainsi qu’à la pérennité de ses actions et de la lutte de manière générale. Un petit rappel de prendre soin de vous, de vos empreintes digitales et de vos traces d’ADN — pour la sécurité de tous·tes — car la répression suit souvent l’action.

Empreintes digitales

On peut enlever les empreintes digitales d’une surface à l’aide d’isopropanol. Bien essuyer chaque objet au cas où quelque chose serait laissé sur les lieux ou se fasse découvrir. Gardez les items dans des sacs propres et neufs et enlevez-les en portant des gants.

ADN

Il y a de nombreuses façons de laisser son ADN. Soyez dilligent·e·s; ne vous touchez pas la figure et ne toussez pas dans vos mains lorsque vous portez des gants. Brossez bien vos cheveux pour enlever les cheveux morts et attachez-les. Ne fumez pas et ne crachez pas aux environs de la cible. Ne laissez derrière vous. Attention de ne pas vous blesser. Débarassez-vous des masques, chapeaux, matériaux ou vêtements comme il faut (eau de Javel, chaleur ou feu). Les jours de pluie sont salissants mais utiles : la pluie va laver, déplacer et contaminer les fibres et l’ADN. L’eau de Javel peut détruire l’ADN en empêchant sa reproduction en laboratoire et donc son analyse. La chaleur et le feu détruisent l’ADN aussi.

Si vous n’êtes pas sûr·e·s, assurez-vous.

Méthode fil en cuivre

– À NE JAMAIS ESSAYER SUR LES VOIES DE METRO, elles sont électrifiées.
– Cette méthode est utile pendant la désobéissance civile en groupe pour envoyer le signal d’arrêter la circulation des trains

Les rails en acier font partie du circuit d’un dispositif nommé le “système de bloc automatique|” (ABS). Un faible voltage traverse les rails entre des capteurs pour créer des cercles divisés en blocs géograhiques. Lorsqu’un train traverse un bloc, les essieux du train interrompent ou raccourcissent le circuit, les capteurs remarquent que le bloc est occupé et arrêtent de manière automatique la circulation des trains dans la zone.

Avec un fil en cuivre à jauge élevée (épaisse!) qu’on passe autour et puis entre les rails, il est possible de tromper les capteurs et de les déclencher. À retenir: il n’est pas nécessaire de trouver les capteurs de blocs eux-mêmes.

Astuce: il faut que le fil en cuivre soit en contact avec des sections des deux rails sans rouille ni oxydation. Du fil en cuivre de jauge élevée est nécessaire. Servez-vous d’un·e guetteur·euse pour vous assurer qu’il n’y ait pas de trains ni de patrouilles de sécurité. Faites un plan avant de commencer à passer le fil. Trouvez un bon endroit, creusez sous les deux rails pour passer le fil autour de l’un puis de l’autre. Souvenez-vous qu’au moment où vous attachez le fil au deuxième rail vous interrompez le circuit, et que les capteurs se déclencheront pour signaler le problème. Disparaissez le plus vite possible. Si vous enterrez la cable avec de la pierre concassée, de la neige ou de la terre, cela rendra sa localisation plus difficile dans le bloc.

Détruire les postes d’aiguillage

Les postes d’aiguillage font partie du circuit des rails. Si vous vous baladez le long des voies ferrées, vous les aurez sans doute vues : ce sont des structures grises, grosses comme un abri, ou de petites boîtes grises attachées à des poteaux. Ces boîtes reçoivent et interprètent les signaux du circuit. Leur revêtement est en métal et leurs portes sont scellées d’une manière ou d’une autre. Les petites boîtes sur les poteaux ont des câbles qui sortent et descendent au sol vers les rails. Comme ces câbles ont des composants électriques, on ne recommande pas de simplement les couper, à moins que vous ne maîtrisiez bien l’électricité. On peut aussi se servir d’un feu brûlant pour abîmer les cordes et les circuits électriques. Il ne faut pas se contenter de les tremper d’essence et s’en aller — il faut partir un feu plus chaud et le faire durer longtemps. La bonne technique pour allonger le temps de combustion d’un liant fibreux (nous, on aime bien les balles de tissu ou de coton), c’est d’ajouter de la gelée de pétrole et bien imbiber le tissu. Vous pourrez juste l’allumer, ça fonctionnera comme mèche. Pour augmenter la chaleur, on peut ajouter du caoutchouc de pneu ou de chambre à air de vélo. Avec un petit feu comme ça dans les boîtes du circuit ou bien à l’endroit où le câble entre dans le sol, on devrait endommager le circuit et empêcher la circulation ferroviaire en activant durablement le système de blocage automatique.

À noter: il faut se pratiquer à faire de tels feux pour voir ce qui est possible. Brûler du caoutchouc provoque des émanations toxiques. Il s’agit ici d’un incendie volontaire, ce que les autorités prendront plus au sérieux que la méthode du fil en cuivre. Faites attention : trouvez un bon endroit, ayez des guetteur.euse.s en place et un plan d’arrivée et de fuite où vous n’aurez pas à croiser du monde. Assurez-vous de ne pas laisser d’empreintes digitales ni d’ADN, débarrassez-vous des équipements comme il faut et mettez en place une excellente culture de sécurité avec votre bande.

Détruire les rails d’acier

Comment détruire des rails en acier sur lesquels passent des milliers de tonnes tous les jours? De la même manière qu’ils sont soudés, à la thermite.

La thermite est un mélange de carburant et d’oxydant dont on peut modifier les proportions pour qu’il dégage une chaleur suffisante pour brûler le bloc moteur d’une voiture. Ce n’est pas dangereux à produire, mais ça dégage énormément de chaleur et de luminosité en brûlant, alors faites attention. Cette méthode exige très peu de temps sur place, juste un moment pour l’allumer et partir. Cela produit un maximum de dégâts matériels, car il faudra remplacer le rail ou le poste d’aiguillage.

Le carburant le plus simple est la poudre d’aluminium. On peut le trouver dans des vieux etch-a-sketch ou le produire à base de (vrai) papier d’aluminium dans un moulin à café. Plus la poudre ou les flocons sont fins, plus rapidement ça brûlera.

L’oxydant le plus simple, avec la poudre d’aluminium, c’est l’oxyde ferrique : la rouille rouge sur le fer. Là encore, vous pouvez le récolter et le réduire en poudre fine, ou bien le fabriquer à base de laine d’acier à grain 0000 trempée dans de l’eau de Javel. Laissez-la reposer pendant une journée pour créer une pâte, qu’on peut laisser sécher et utiliser ainsi.

Vous aurez également besoin d’une mèche d’allumage. Pour mettre feu à un carburant métallique, il faut une flamme vraiment chaude, alors un briquet ou même la mèche d’un feu d’artifice ne marchera pas. Utilisez un cierge magique, ou bien une mèche faite maison avec des têtes d’allumettes enroulées dans du papier d’aluminium. Le cierge magique risque d’allumer la thermite avec ses étincelles avant le moment voulu.

La thermite en poudre

Mélanger trois doses d’oxyde ferrique à deux doses de poudre d’aluminium. Coupez ou percez un trou dans un réceptacle (une boîte de conserve, par exemple). Insérez quelques pouces de votre mèche dans le trou pour qu’elle soit en contact avec le mélange dans la boîte, puis remplissez-le de poudre. Placez-le et allumez-le à l’endroit voulu.

La thermite dure

Trois doses d’oxyde ferrique, deux doses de poudre d’aluminium, deux doses de plâtre de Paris. Versez le mélange dans un moule (boîte de conserve…), insérez quelques pouces de mèche en angle. Laissez sécher puis enlevez-le du moule.

La thermite moulable

Huit doses de poudre d’aluminium, trois doses d’oxyde ferrique, quatre doses d’argile. Mélangez bien les poudres et ajoutez-les à l’argile. Insérez la mèche de quelques pouces. Placez le mélange où vous voulez et allumez-le.

Notes: Comme ces méthodes s’attaquent directement aux rails, elles comportent un risque de déraillement. Pour éviter ça, vous voudrez peut-être activer le système de bloc automatique en attachant les rails avec du fil de cuivre, comme dans la première méthode. Encore une fois, les flics sont susceptibles de bien fouiller si vous employez de la thermite. Assurez-vous que tous les items que vous laissez sur place n’aient aucune trace d’empreintes digitales ni d’ADN. Employez des guetteur.euse.s et choisissez des chemins d’approche sans caméra. Débarrassez-vous des vêtements et des bottes. La thermite brûle rapidement et en dégageant beaucoup de lumière — ne fixez pas la flamme des yeux après l’allumage. La poudre en aluminium très fine est réactive à l’oxygène et risque de s’allumer facilement. Si de l’eau (pluie, neige, flaques) touche le mélange, l’explosion résultante va projeter du fer fondu dans tous les sens. N’essayez jamais d’éteindre un feu de thermite avec de l’eau.

COVID : les vrais complots

 Commentaires fermés sur COVID : les vrais complots
Nov 222021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Cette contribution anonyme est une analyse anarchiste radicale du mouvement international “antivax” et des théories du complot qu’il propage. Elle liste également quelques-unes des authentiques conspirations que la pandémie a favorisées.

Lire la version originale en anglais sur It’s Going Down


En préambule, il me faut préciser que je n’ai pas une confiance aveugle en “la science” telle qu’elle existe actuellement. Le discours scientifique a été utilisé de nombreuses fois dans l’histoire pour justifier et rationaliser l’existence de systèmes de domination allant jusqu’au génocide. Je ne suis pas non plus nécessairement en faveur des mesures d’obligation vaccinale concernant le coronavirus.

Cela étant dit : le seul argument que je puisse entendre concernant l’hésitation à se faire vacciner, c’est la peur de l’inconnu. Tout ce qui est nouveau est potentiellement effrayant, y compris la pandémie prise dans son ensemble. Je comprends parfaitement cette peur, que je partage ; ce que je veux critiquer ici, ce sont les théories du complot qui animent l’aile la plus réactionnaire du mouvement antivax international, ainsi que les utilisations opportunistes de cet affect de peur par des groupes réactionnaires et fascistes.

Cette pandémie a permis aux Etats et aux grandes entreprises de conduire de nombreuses actions qu’on pourrait qualifier de “complots”, partout dans le monde. J’en décrirais certaines dans cet article. Mais curieusement, au lieu de dénoncer ces actions (tragiquement prévisibles au vu les dynamiques de pouvoir déjà en place), nombre de militants réactionnaires préfèrent échafauder des théories absurdes pour défendre le capitalisme, nier le fait que certaines communautés sont plus durement touchées que d’autres par la pandémie, et répandre des thèses conspirationnistes qui promeuvent une idéologie raciste et/ou antisémite.

Lorsqu’on observe la réaction de ces militants aux mesures d’obligation (notamment vaccinales) prises pour contrer la pandémie, on peut analyser les ressorts de leur discours et en comprendre la popularité, en particulier chez les fondamentalistes religieux, la police et les personnes sensibles aux discours *New Age*.

Certaines théories évoquent Bill Gates et de mystérieuses “nano-puces”, d’autres parlent de testicules et de tétons, et de nombreuses autres de Georges Soros. Vous en connaissez certainement d’autres encore plus farfelues.

Le point commun de ces théories absurdes, c’est qu’elles jouent sur la peur de l’inconnu. Toutes, en outre, évitent soigneusement de mettre en cause les institutions et les systèmes qui sont responsables de l’irruption de cette pandémie dans notre système mondialisé, et qui l’ont utilisé pour consolider les domination de classe et (aussi impossible que cela puisse paraître) augmenter les fortunes déjà obscènes des plus riches.

Les fascistes, les fondamentalistes religieux et les amateurs de *New Age* se retrouvent autour de ces théories. Ce sont des groupes qui, au moins en Occident, ont en général des existences assez privilégiées, ou du moins la possibilité d’accéder à une forme de contentement personnel dans une société profondément injuste. Il est donc assez peu surprenant qu’ils tombent d’accord pour s’opposer à l’obligation vaccinale.

Le mouvement antivax se renforce partout dans le monde depuis maintenant plusieurs années, mais il est intéressant de constater qu’il a acquis une assise beaucoup plus large aux USA au moment où Trump a réalisé que le virus allait affecter plus particulièrement les pauvres et les personnes racisées, des populations pour qui l’accès aux soins est plus difficile et dont les conditions de vie rendent l’application des gestes barrières complexe, voire impossible. On peut à mon sens dater cette montée en puissance du mois d’avril 2020, lorsque Trump a demandé à Fauci si il n’était pas possible de “laisser faire le virus”.

Ce mouvement est en fait un avatar de l’absurde “guerre culturelle” qui fait rage aux USA et s’étends au reste du monde. Il a un côté très américain : revendicatif et violent, mais sans aucune épaisseur politique. Il s’inscrit dans une tradition historique très protestante, destinée à s’assurer que les citoyens se battent entre eux sans jamais lever la tête pour critiquer ceux qui profitent grassement de leur souffrance. Mais l’extrême droite antivax ne s’intéresse pas à ce genre de considérations, sauf quand il s’agit d’accuser les Juifs.

“attention mon pote, cet étranger veut ton cookie “

Ce qui est très clair, c’est que le mouvement antivax est sous-tendu par une vision du monde qui cherche à défendre le marché à tout prix, quel que soit le nombre de morts, et que ses principaux porte-paroles refusent catégoriquement de prendre en compte les notions d’oppression systémique ou ciblée. Ce qui est clair aussi, c’est que même si cela peut parfois nous faire ricaner, ce n’est pas une putain de blague.

Pour revenir aux théories du complot : avec un opportunisme évident, les gouvernements et les grandes entreprises utilisent cette pandémie pour consolider leur pouvoir et modifier les institutions à leur profit, provoquant des tragédies partout dans le monde. Plutôt que de faire ce constat, les antivax préfèrent échafauder des fictions absurdes. Pourquoi ?

Je pense tout simplement que ces personnes refusent d’admettre que le système qu’elles défendent voit la pandémie comme une opportunité pour préserver le *statu quo*, accroître encore la fortune des plus riches et consolider les structures de dominations existantes, au beau milieu d’une crise globale d’une rare intensité. C’est une lecture de la situation qui exige une forme d’introspection et une authentique critique sociale matérialiste, deux traits totalement étrangers à la pensée réactionnaire qui profite de la confusion actuelle pour recruter de nouveaux adeptes. Cette pensée est engagée dans la défense de cette société profondément injuste, considérée comme “le meilleur système possible”.

La version conservatrice de la “liberté de disposer de son corps” ne s’applique qu’à certaines personnes, et est truffée de contradiction obscènes. La majorité de ces pourritures n’a aucun problème avec l’idée qu’une femme meure des suites d’un avortement clandestin, par exemple. De la même manière, les flics qui refusent d’appliquer les amendes pour non-respect du confinement n’hésiteraient pas un instant à traquer, voire à tuer quelqu’un qui volerait de la nourriture pour ne pas crever de faim.

Qu’on ne se trompe pas : j’ai un vrai putain de problème avec l’idée que le gouvernement m’impose quoi que ce soit. C’est un élément majeur de ma vision du monde. Mais à chaque fois que je sors d’un magasin avec moins de fric dans ma poche que quand j’y suis entré, c’est parce que le gouvernement m’impose de le faire sous peine d’aller en taule. Même si je suis affamé, je suis contraint de respecter ce contrat non écrit : pas d’argent, pas de bouffe.

Le gouvernement m’interdit, sous peine de prison, de faire tout un tas de choses dont je pourrais avoir envie. S’opposer d’un coup à cet état de fait, mais uniquement sur quelque chose comme un vaccin (alors que presque tout le monde en a reçu plusieurs dans l’enfance), c’est tout de même se braquer sur un point extrêmement limité et superficiel.

Pour répondre aux soucis un peu *New Age* concernant le vaccin, on peut faire le parallèle avec le cancer (la maladie, pas le signe astrologique). Le cancer, tout comme le coronavirus, est un produit de notre société industrielle. Il tue bien plus que le COVID : c’est la maladie la plus meurtrière dans le monde après les pathologies cardiaques. L’un des seuls traitements efficaces est la chimiothérapie, produite par la même science et la même société qui a produit la maladie. De la même façon que nous sommes contraints d’utiliser des brosses à dent en plastique, produites à la chaîne par des ouvriers sous-payés (aux USA, souvent des personnes incarcérées), pour évacuer de nos bouches les débris de la nourriture merdique que nous sommes contraints d’avaler, nous devons comprendre que cette société est, dans certains cas, à la fois coupable de nos maux et la seule source possible des moyens d’y survivre.

Je l’ai dit, j’ai de l’empathie pour celles et ceux qui se battent contre la peur de l’inconnu. Les personnes souffrant de troubles anxieux, notamment, ont toute ma compréhension, y compris lorsqu’elles hésitent à se faire vacciner. Je n’étais moi-même pas très tranquille lorsque j’ai été faire ma première injection.

Mais si vous regardez les photos des manifestations, par exemple aux Pays-Bas ou en Italie, vous verrez des militants portant l’étoile jaune que les Nazis ont imposés aux Juifs pendant la Shoah.

Ils comparent directement la prétendue “souffrance des non-vaccinés” à celle des personnes visées par un génocide. Pour moi, c’est une ligne rouge. Cette comparaison est insupportable. C’est évidemment une grossière exagération, mais c’est surtout une approche qui permet aux réactionnaires de se poser en victimes opprimées sans avoir à reconnaître l’existence des oppressions bien réelles (racisme, sexisme, homophobie, etc.) inhérente à la société qu’ils et elles veulent défendre. Elle porte, à mon sens, une tentative de décrédibiliser les luttes de celles et ceux qui sont réellement opprimées, dans la lignée des révisionnistes qui nient l’existence de la Shoah ou l’importance de l’esclavage dans l’histoire américaine.

Tout ceci ne suffit pas à faire le tour de la question, et j’ai probablement oublié des éléments essentiels, mais je voudrais à présent lister quelques théories du complot qui ne sont pas des putains de théorie, mais de réelles conséquences de la pandémie.

J’ai trouvé deux définitions de “complot” sur Internet : “plan secret élaboré par un groupe de personnes dans le but de nuire ou de causer du dommage à d’autres”, et “fait de conspirer, d’élaborer secrètement des plans”. Les théories du complot, elles, sont “la croyance qu’une organisation secrète et très influente est responsable d’un événement donné”.

On pourrait discuter de ces définitions, mais je veux m’en servir pour illustrer quelques événements liés au COVID qui, pour des raisons que j’ignore, n’ont pas retenu l’attention des réactionnaires antivax. Je le fais à la fois pour attirer l’attention sur ces événements et pour montrer à quel point ce mouvement préfère inventer des complots imaginaires plutôt que de s’intéresser aux conséquences bien réelles de la pandémie. La question que je voudrais poser à travers ces exemples est la suivante : pourquoi le mouvement “antivax”, dans son ensemble, ne s’intéresse-t-il pas à ces conspirations bien réelles, plutôt qu’à des complots dont il n’existe pas la moindre preuve ?


Les milliardaires

La pandémie a suscité une crise économique sans précédent qui continue de prendre de l’ampleur et affecte à présent une bonne partie de la population mondiale. Partout, la précarité et la pauvreté se normalisent et s’aggravent, et le coût de la vie continue d’augmenter. Les banques centrales ont, à ce jour, injecté environ 7 000 milliards de dollars dans l’économie pour éviter le krach, promettant une inflation haute et de nouvelles mesures d’austérité dans les années à venir.

Dans le même temps, la fortune cumulée des milliardaires n’a fait qu’augmenter, passant en 2019 de 5 000 à 13 000 milliards de dollars, et 700 personnes supplémentaires ont rejoint leurs rangs. Ces deux chiffres sont inédits dans l’histoire économique globale, et ils s’inscrivent dans l’une des crises économiques les plus profondes que nous ayons vu de notre vivant. On peut donc se demander si ces banques ont injecté cet argent dans l’économie d’abord pour rassurer les super-riches sur leurs futurs hôtels de luxe dans l’espace, ou si c’est simplement que même en pleine crise, le système capitalisme fait tout son possible pour préserver le statu quo et enrichir ceux qui en bénéficient le plus.

La surveillance

D’Israël à la Corée du Sud, de la Grèce à la Chine, le *contact tracing*, les systèmes de pass sanitaires, et diverses autres méthodes innovantes de surveillance ont été normalisées dans le but de “gérer l’épidémie”. L’utilisation d’une crise pour faire passer ce qui serait vu en temps normal comme une ingérence insupportable de l’Etat dans la vie des gens, un classique en politique (souvenons-nous du *Patriot Act* en 2001), joue à plein dans de nombreux pays du monde. Pour quitter notre domicile, on peut nous imposer de dévoiler des informations médicales personnelles. Dans un pays comme la Grèce, ou les investissements en sécurité (police, armée, technologies de surveillance) dépassent de loin les dépenses de santé, on peut voir ces mesures comme une tentative d’installer un véritable appareil de surveillance à la Big Brother, camouflé en un protocole d’urgence à court terme.

Il est probable que certaines de ces techniques se normalisent, ouvrant ainsi la porte à de nouvelles formes de surveillance plus invasives qui étaient jusqu’ici mal vues (voir illégales) en Europe. Cette utilisation opportuniste de la pandémie pour augmenter et normaliser les techniques de surveillance peut être vue comme les prémisses d’un monde encore plus contrôlé.

Pourquoi le COVID, et pas le cancer ou les maladies cardiovasculaires ?

Au niveau mondial, le COVID n’est que la troisième maladie la plus meurtrière, loin derrière les pathologies cardiaques et le cancer. Comment se fait-il alors que les gouvernements ne subventionnent pas une alimentation plus saine ? Pourquoi laisse-t-on encore des entreprises minières et chimiques relâcher des toxines cancérigènes dans l’air et l’eau potable ? Si les gouvernements mondiaux sont capables de mettre en place des mesures aussi lourdes et coûteuses pour lutter contre le COVID, pourquoi ne pas le faire également contre ces maladies bien plus meurtrières ?

Une explication possible, c’est que le cancer et les cardiopathies provoquent des morts lentes et affectent majoritairement les pauvres, qui n’ont pas la possibilité d’accéder à une alimentation saine ni à des lieux de vie exempts de contaminants cancérigènes. Crucialement, ces pathologies insidieuses n’empêchent pas immédiatement leurs victimes de travailler, et dans la plupart des cas, ne les emportent que lorsqu’elles ont déjà un certain âge et ont donc donné l’essentiel de leurs capacités de travail. Les gouvernements ne seraient-ils pas plus préoccupés par une diminution de la main-d’oeuvre disponible, occasionnée par la mort rapide qui accompagne le COVID sévère, que par la santé et la sécurité de l’humanité ?

Le “nationalisme” vaccinal

La campagne globale de vaccination peut être elle-même considérée comme un complot visant à éliminer les pauvres et les habitants du “tiers-monde”. Le “nationalisme vaccinal”, c’est à dire en pratique la priorité donnée aux personnes et aux nations plus riches dans l’accès à la vaccination, constitue un véritable génocide passif. Les antivax occidentaux, aveuglés par leurs privilèges, sont incapables de percevoir cette réalité. Lorsqu’on examine la situation vaccinale en Inde, à Haïti ou sur la majorité du continent africain, on ne peut s’empêcher de se questionner : les obstacles bureaucratiques qui ont empêché tout transfert de connaissances concernant les vaccins sont-ils une conspiration visant à réduire drastiquement la population des pays “sous-développés” ? Peut-on parler ici de conspiration, ou est-ce simplement une description de la situation ?

Un exemple à plus petite échelle est celui du début de la vaccination en Israël. Alors que cet Etat affichait le plus haut taux de vaccination au monde, l’accès des Palestiniens au vaccin a été délibérément réduit. Ce déséquilibre dans l’accès à la vaccination constitue une agression ciblée, utilisant les outils de la médecine, de la part de l’Etat israélien sur la communauté palestinienne.

Le Brésil, sous la coupe du dirigeant fasciste Bolsonaro, est dans une situation analogue : de nombreuses communautés indigènes accusent l’Etat brésilien de génocide, et certains ont même porté ces accusations devant la justice. Dès l’arrivée au pouvoir de Bolsonaro, les barons de l’agriculture et de l’élevage ont immédiatement commencé à s’accaparer de larges pans de la forêt amazonienne, menant une véritable guerre contre les populations autochtones et les défenseurs de la nature. Cherchant à raser la forêt pour installer des pâtures, ils ont simultanément eu recours à la violence physique et à l’incendie criminel. L’arrivée du COVID a donc été une opportunité pour Bolsonaro, qui s’est très vite aperçu que les populations indigènes seraient plus vulnérables à cette maladie, d’autant qu’elles n’ont que rarement accès à la médecine conventionnelle.

Tout comme Trump, son frère en esprit, Bolsonaro a rapidement réalisé que le virus allait affecter beaucoup plus largement les communautés les plus exclues et marginalisées. Restreindre l’accès au vaccin et empêcher l’extension des infrastructures médicales en Amazonie est, jusqu’à aujourd’hui, l’une des armes de Bolsonaro dans sa guerre contre les communautés indigènes et la forêt amazonienne. La tactique est ancienne : les puissances coloniales européennes ont par exemple sciemment répandu leurs maladies parmi les peuples amérindiens lors de leur conquête des Amériques. Plutôt que de pleurer sur le vaccin lui-même, comme le font les antivax, on peut considérer que le défaut d’accès au vaccin est le véritable complot.

Maintenir l’ordre

La Thaïlande et la Grèce, parmi d’autres, ont utilisé la pandémie pour restreindre la liberté d’association et le droit à manifester. L’utilisation de la pandémie par l’Etat grec pour attaquer le mouvement social et maintenir l’ordre public est à présent bien documentée. La Thaïlande, quant à elle, est l’un des pays qui présente le plus de disparités entre pauvres et riches, et a connu ces dernières années des mouvements étudiants massifs contre le *statu quo* et la monarchie. Le gouvernement Thaï, comme d’autres un peu partout dans le monde, s’est empressé d’utiliser la pandémie pour restreindre et criminaliser les réunions publiques, arguant de l’urgence sanitaire. C’est une astuce connue et qui est utilisée par de nombreux régimes autoritaires. Les antivax tendent à se focaliser sur la fermeture des restaurants ou des salles de sport, mais il est tout à fait exact que de nombreux gouvernements ont sauté sur l’occasion d’utiliser le virus pour masquer la répression de leurs opposants politiques.

La quatrième révolution industrielle

Des milliards d’humains ont dû rester chez eux sans pouvoir travailler, et pourtant, nos sociétés industrielles automatisées ont pu continuer à nourrir leurs populations. Cela a-t-il pu montrer aux industriels, aux capitalistes et aux technocrates les possibilités d’une automatisation encore plus grande ? Ce processus sera-t-il accéléré par la crise sanitaire, déprimant encore un peu plus le marché du travail et ouvrant la voie à un future dystopique et féodal ?

Deux secteurs ont largement profité de la crise : la livraison de nourriture à domicile assistée par algorithme et les services de streaming vidéo qui recyclent les vieilles sitcoms. Le monde est devenu encore plus isolé, plus aliéné…mais il continue de tourner. Ceux qui en sont les maîtres ont-ils découverts de nouveaux seuils dans ce que les humains sont capables de supporter ? Le coronavirus a-t-il produit un abaissement des attentes collectives sur nos conditions de vie ? Historiquement, les épidémies globales ont été l’occasion de nouveaux développements dans l’industrialisation : qu’en est-il aujourd’hui ?


Cinq complots, donc, qui ne sont qu’une petite sélection des manipulations opérées avec la bénédiction des Etats capitalistes depuis le début de la pandémie. Et pourtant, les antivax (qu’ils soient du genre *new age*, intégristes religieux ou carrément fascistes) préfèrent se complaire dans la dénonciation des “Illuminati” qui n’existent que dans les mèmes plutôt que de mettre en cause l’élite bien réelle qui tient les rênes du pouvoir.

Nous avons cité plus haut une définition des théories du complot qui implique des “organisations secrètes et très influentes”. Plutôt que de cibler quelques individus, ou une hypothétique “cabale juive”, on pourrait appliquer ce descriptif à l’ensemble du système capitaliste (Etats et grandes entreprises), qui est institutionnalisé, en place et systémique. Les réactionnaires vont s’obnubiler sur un visage en particulier, ignorant le cœur pour préserver l’intégrité du corps tout entier. Leur mouvement antivax est aussi superficiel qu’il est raciste, et est tout simplement incapable d’intégrer le fait que les authentiques complots liés à la pandémie font en fait partie du fonctionnement normal du modèle de société qu’ils défendent. Ils vont utiliser l’origine chinoise du virus pour étaler leur racisme, tout en ignorant totalement des sujets comme la surexploitation humaine des terres ou l’élevage industriel, qui sont les causes premières de la présente crise.

Les réponses anarchistes à la pandémie ont été multiples : grèves des loyers, créations de groupes d’entraides mutuelle pour amortir les chocs liés à la crise économique, projets de santé mentale pour se soutenir mutuellement dans cette période angoissante et contrer la tendance globale à l’isolement social. Nous nous sommes également opposés à certaines mesures qui n’avaient aucun sens sanitaire, comme les diktats pris par les gouvernements grecs, israéliens ou hongrois.

Le mouvement anarchiste a dû se positionner politiquement en trouvant un équilibre entre la nécessaire protection des plus vulnérables et la critique des mesures sécuritaires prises par les Etats durant la pandémie.

Pendant ce temps, les réactionnaires s’en prennent physiquement à des médecins, des enseignants ou des hôtesses de l’air. L’establishment “de gauche” jette l’opprobre sur quiconque ose exprimer sa frustration devant les mesures sanitaires, sans prendre en compte une seule seconde la manière dont elles affectent différemment les gens selon leur classe sociale ou leur degré de privilège. Nous, anarchistes, rejetons tout autant cette abjecte soumission aux mesures autoritaires que son pendant d’extrême droite, véritable culte de la mort aux relents raciste. Trouver cet équilibre en tant que mouvement est essentiel, car ce “moment pandémique” risque de s’installer durablement.

La crise a mis à nu les conflits de classe, et la totale déconnexion entre revenu et utilité sociale. Elle a été l’occasion de soulèvements partout dans le monde, des Etats-Unis à la Thaïlande, révélant au plus grand nombre l’absurdité fondamentale de nos sociétés stratifiées. En tant qu’anarchistes, notre riposte doit se fonder d’abord sur le soutien et l’entraide, à la fois matérielle et émotionnelle. Les gouvernements du monde entier vont continuer d’utiliser la pandémie comme prétexte pour augmenter le niveau de contrôle social, tout en tentant de réécrire l’histoire pour passer leurs erreurs sous silence. Nous devons continuer d’identifier et de dénoncer ces tentatives, et empêcher les réactionnaires, les pseudo-hippies *new age* et les intégristes religieux de détourner la colère légitime du peuple vers d’autres cibles.

Nous devons rejeter tout ce théâtre politique, aussi bien le soutien aveugle à toute les mesures liberticides de la gauche libérale que l’abject opportunisme de la droite réactionnaire.

Blocage des voies ferrées en solidarité avec les défenseurs des terres Wet’suwet’en

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Nov 222021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Une centaine de supporters des Wet’suwet’en ont bloqué les voies ferrées du CP dans le Mile End à Montréal pendant presque deux heures. L’action fait suite à l’attaque de la GRC du camp Gidimt’en, criminalisant les Wet’suwet’en dans leur longue lutte contre le pipeline Coastal Gaslink. Alors que des inondations apocalyptiques ont dévasté le Lower Mainland, détruisant les autoroutes et les voies ferrées et isolant des villes entières, la GRC a pénétré sur le territoire des Wet’suwet’en, équipée d’unités K9, de bulldozers et de fusils d’assaut, arrêtant au passage des défenseurs du territoire, des aînés, des sympathisants et des journalistes.

Nous répondons à l’appel des défenseurs des terres Wet’suwet’en a faire des actions de solidarité. Nous soutenons leur lutte pour défendre leurs territoires contre les mégaprojets destructeurs de combustibles fossiles, et nous ne resterons pas sans rien faire alors que la GRC criminalise les autochtones qui affirment leur souveraineté territoriale.

Ce n’est qu’un des nombreux blocages solidaires qui ont eu lieu d’un océan à l’autre. La situation à l’ouest est urgente, CGL se prépare à forer sous Wedzin Kwa, la rivière qui fournit de l’eau douce à tout le territoire Wet’suwet’en et bien au-delà. La participation des allochtones aux perturbations économiques est une partie nécessaire de la résistance générale requise pour forcer le gouvernement et la compagnie à faire marche arrière.

Il y a quelques jours à peine, au camp de Gidimt’en, la GRC a arrêté au moins 30 personnes, dont le porte-parole Sleydo’, et a coupé les communications du camp. Sleydo’ a déclaré avant son arrestation : “Le peuple Wet’suwet’en, sous la gouvernance de ses chefs héréditaires, fait obstacle au plus grand projet de fracturation de l’histoire du Canada.”

#ShutDownCanada : Feux de pneus sur les rails

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Nov 192021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Ce matin, à Montréal, deux feux de pneus ont été allumés sur les voies ferrées du CN dans le quartier de Pointe-St-Charles, au goulot d’étranglement de la sortie de la gare de triage.

On a veillé à ce qu’il n’y ait aucun risque de déraillement. On a choisi un endroit où il y avait une longue ligne droite, et le moment a été choisi en fonction du premier train de passagers VIA de la matinée. À l’approche du train, un individu s’est avancé sur la voie en brandissant deux fusées de détresse. Lorsque le train s’est arrêté, des pneus qui avaient été préalablement remplis de serviettes en coton ont été placés sur les deux voies. Ils ont ensuite été imbibés d’essence, et les fusées de détresse ont été lancées à une distance sûre pour les allumer. Cette action, rapide et facile, n’a nécessité que peu de personnes et a permis au train de s’arrêter sans heurter les objets placés sur les voies. Le service ferroviaire a été interrompu pendant au moins deux heures.

Nous avons agi en solidarité avec le clan Gidimt’en, qui a fait face hier à un raid pour avoir défendu son territoire, son eau et sa souveraineté. Nous ne pouvons pas permettre que cette action de la GRC reste sans réponse. Pour chaque blocage d’autoroute, un poste de signalisation ferroviaire incendié. Pour chaque succursale de la RBC privée de ses fenêtres, un véhicule de la GRC part en fumée. Pour chaque blocage de voie ferrée, un site de vanne de pipeline saboté. Toute notre solidarité avec les défenseurs de la terre et de l’eau sur le yintah, répondons à leurs appels à shut shit down !

– des anarchistes

#AllOutForWedzinKwa #WetsuwetenStrong

Mise à jour urgente : Des dizaines d’agents de la GRC se sont déployés sur le territoire Wet’suwet’en

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Nov 182021
 

Du Point d’accès Gidimt’en

Un avion charter rempli d’agents de la GRC a atterri à l’aéroport de Smithers, avec entre 30 et 50 agents équipés de sacs de sport de camouflage.

La police a embarqué dans deux bus et des camionnettes de location banalisées et s’est dirigée vers le yintah. Un hélicoptère de la GRC se dirigerait vers la région. Tout au long de la journée, des hélicoptères ont tourné au-dessus de nos campements, effectuant des vols bas et délibérés pour la surveillance.

La route menant à notre yintah demeure bloquée par la GRC à 28 km, les chefs héréditaires, la nourriture et les fournitures médicales étant refoulés.

En plein milieu d’une urgence climatique, alors que les autoroutes et les routes sont emportées et des communautés entières sont inondées et évacuées, la province a choisi d’envoyer des bus entiers de policiers pour criminaliser les protecteurs de l’eau Wet’suwet’en et pour travailler comme une force mercenaire pour le pétrole et le gaz.

Nous ne reculerons pas. Nous avons besoin de tous les regards tournés vers le yintah Wet’suwet’en. Nous avons besoin de votre présence sur le terrain. Nous avons besoin d’actions de solidarité dans tout le Canada.

#ShutDownCanada

#AllOutForWedzinKwa

Les Gidimt’en expulsent CGL du territoire Wet’suwet’en; le chemin de service forestier Morice est détruit

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Nov 182021
 

Du Point d’accès Gidimt’en

Hier, nous avons repris nos terres. Avec nos alliés Haudenosaunee, nous avons appliqué nos anciennes lois sur l’intrusion et avons fermé définitivement l’accès à notre territoire. Le chemin de service forestier Morice a été détruit et l’accès à Coastal GasLink n’est plus possible.

Nous assumons notre responsabilité de défendre nos sources d’eau sacrées et de mettre fin à la destruction du yintah.

Nous n’abandonnerons jamais. Rejoignez la résistance et venez au yintah.

Plus d’infos sur l’expulsion via le Point d’accès Gidimt’en et It’s Going Down:

Le peuple Wet’suwet’en a de nouveau le contrôle du yintah Wet’suwet’en ! Dinï ze’ Woos affirme sa juridiction en appliquant nos lois avec l’avis d’expulsion de 2021. La FSR de la rivière Morice a été désactivée, bloquant les intrus de notre yintah !

Dimanche matin, des membres du clan Gidimt’en ont expulsé des employés de Coastal GasLink (CGL) du territoire non cédé des Wet’suwet’en, conformément aux anciennes lois sur l’intrusion des Wet’suwet’en et à un avis d’expulsion signifié pour la première fois à CGL en 2020 par les chefs héréditaires Wet’suwet’en.

Les employés ont eu 8 heures pour évacuer pacifiquement la zone, avant que la route principale menant au territoire de Lhudis Bin du clan Gidimt’en ne soit fermée.

Sleydo’, porte-parole des Gidimt’en, a commenté l’application de l’expulsion :

Les chefs héréditaires Wet’suwet’en n’ont jamais cédé, rendu, ou perdu en guerre, le titre de propriété de ce territoire. Cela signifie que ce qu’ils disent est valable. L’ordre d’expulsion du 4 janvier 2020 dit que CGL doit se retirer du territoire et ne pas y revenir. Ils ont violé cette loi pendant trop longtemps.

Hier marquait également le 50e jour de l’établissement du camp Coyote, où les membres Gidimt’en, sous la direction du chef Woos, ont réoccupé le territoire de Cas Yikh et ont réussi à bloquer les efforts de Coastal GasLink pour forer sous le cours supérieur Wet’suwet’en.

Blocage sur la rue Notre-Dame à Montréal en solidarité avec Gidimt’en et Likhts’amisyu

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Nov 162021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Tôt ce matin, pendant l’heure de pointe, un groupe d’allochtones a bloqué le traffic allant vers l’ouest sur la rue Notre-Dame, avec des piles de pneus et des tables de pic-nique en feu. L’action s’inscrit en solidarité avec les clans Gidimt’en et Likhts’amisyu de la nation Wet’suwet’en. La rue Notre-Dame s’engorge facilement pendant l’heure de pointe. Même des blocages temporaires peuvent nuire à la circulation vers le centre-ville, en plus de ralentir les camions entrant et sortant du Port de Montréal, adjacent à la rue Notre-Dame.

Les Wet’suwet’en luttent contre l’invasion de compagnies pétrolières sur leur Yintah (territoire) depuis plus d’une décenie et résistent au colonialisme et à l’état Canadien depuis bien plus longtemps. En ce moment, un combat fait rage contre le projet de pipeline de Coastal GasLink (CGL), qui, si mené à terme, acheminerait du gaz naturel vers une installation de GNL (gaz naturel liquéfié) à Kitimat, en Colombie-Britannique, traversant ainsi le territoire Wet’suwet’en. En 2020, suite à un raid militarisé contre les défenseur.euses de la terre Wet’suwet’en, une vague massive d’actions de solidarité réunie sous la bannière #ShutDownCanada a déferlé sur le pays, paralysant le traffic ferroviaire pendant des semaines et perturbant les ports et les autoroutes.

Le 25 septembre 2021, les membres du clan Gidimt’en et leurs supporteurs.euses ont occupé le site de forage qui aurait servi à forer pour le pipeline sous la rivière Wedzin Kwa, menançant toute forme de vie dépendant de cette rivière. Cette action a permis l’établissement du Camp Coyote. Depuis, ce camp est resté en place, bloquant l’accès au site de forage. Sleydo’ (Molly Wickham), une chef de Cas Yikh (Grizzly House) du clan Gidimt’en et porte-parole pour le camp Coyote, a depuis lors lancé des appels répétés à des actions de solidarité à travers le pays.

À la fin du mois d’octobre 2021, le Chef Dst’hyl du clan Likhts’amisyu a enlevé les batteries des machines appartenant à CGL se trouvant sur le territoire de son clan. Il affirmait par cet acte qu’il n’y aurait désormais plus de travaux effectués par la compagnie sur son territoire. C’est peu après que Dst’hyl et un autre supporteur Gitxsan ont été arrêtés. En réponse, des membres de Six Nations ont bloqué une autoroute pendant cinq jours dans le sud du soi-disant Ontario.

Le 14 novembre, des membres du clan Gidimt’en et des supporteurs.euses ont rendu effectif un avis d’éviction qui avait initiallement été émis à CGL en 2020 par les chefs hériditaires Wet’suwet’en. Les travailleurs de CGL se sont fait donner huit heures pour évacuer le territoire Cas Yikh avant que la Morice River Forest Service Road, la route forestière offrant le seul accès au territoire, ne soit fermée de façon permanente. Seulement un petit nombre de travailleurs ayant quitté, Gidimt’en a alloué à CGL une extension de deux heures pour se soumettre à l’avis d’éviction. Quand l’heure donné a été atteinte, la route a été condamnée, ce qui a eut pour effet d’empêcher de façon efficace tout travail de se poursuivre sur le territoire Cas Yikh. Peu après, un blocage de rail de chemin de fer a été tenu par la nation voisine Gitxsan.

Le potentiel d’une autre vague d’actions de solidarité est grand.

Bien que la réponse de la GRC reste à suivre, nous voulons qu’il soit clair que nous sommes témoins de ce qui se passe sur le Yintah (territoire) et que nous continuerons d’agir en solidarité avec les défenseurs.euses du territoire Wet’suwet’en. Nous supportons de façon inconditionnelle leur lutte pour leur souveraineté, leur autonomie et pour la protection des terres et de l’eau dont illes dépendent. Nous encourageons tout le monde à répondre aux appels à l’action en s’en prenant aux infrastructures coloniales, où que ce soit.

#AllOutForWedzinKwa

Compte-rendu du mercredi 27 octobre 2021 – territoire Gidimt’en

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Nov 052021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Mercredi matin, une action a eu lieu en réponse au déploiement de la GRC sur le territoire de Likhts’amisyu, situé à environ 40 km de l’occupation du site de forage de Gidimt’en. Elle a été menée en solidarité avec le chef Dtsa’hyl qui, alors qu’il agissait comme représentant du clan Likhts’amisyu, a neutralisé dix bulldozers utilisés pour détruire leur territoire non cédé et construire une nouvelle route, dont CGL dit être propriétaire. La présence de la police et divers autres facteurs laissaient présager d’une action coercitive, ce qui s’est produit. L’objectif principal était de faire une démonstration de force, de solidarité et de résistance face à l’incursion de l’État canadien et de l’industrie en territoire Wet’suwet’en Yintah.

L’action s’est déroulée sur plusieurs fronts et s’est conclue sans arrestations ni blessés. Les tactiques ont été déployées avec succès et bien que la présence de la police et les aggressions des agents de sécurité et des travailleurs auraient pu dégénérer et provoquer un conflit direct, rien de tout ça ne s’est produit. À plusieurs endroits le long de la route forestière Morice West, sur le territoire des Gidimt’en, des arbres ont été abattus et d’autres détritus jetés sur la route, ainsi que des pièges improvisés. Cela ne s’est produit qu’après l’arrestation de Dtsa’hyl et le déploiement de renforts par la GRC. D’un côté du blocage, plus d’une dizaine de travailleurs de CGL ont été refoulés avec succès après qu’une corde de traction qu’ils utilisaient pour arracher un arbre a été coupée à la hache et qu’ils ont reçu l’ordre de retourner à leurs véhicules. De l’autre côté du blocage, plusieurs agents de sécurité ont également été approchés par des personnes masquées, ce qui a entraîné leur retrait immédiat. Le blocus a été maintenu pendant que d’autres tactiques étaient déployées plus loin sur la route, et lorsqu’il est apparu clairement que les bulldozers et la GRC s’approchaient des lignes de front pour enlever les débris, un barrage a été incendié et les partisans de Gidimten se sont dispersés à l’abri dans la forêt.

Le combat ne fait que commencer. Solidarité avec Dtsa’hyl. Solidarité avec Likhts’amisyu. Solidarité avec Gidimt’en. Solidarité avec tous les peuples autochtones qui se battent pour leurs terres et leur eau. Nous nous protégeons.

-des anarchistes

RBC Fucks Around, RBC Finds Out

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Nov 012021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le pipeline Coastal GasLink est financé par la RBC. La nuit du 26 octobre, des anarchistes à Montréal ont coordonné des actions de solidarité avec les défenseur.es de la terre Wet’suwet’en. Nous avons cassé les vitres, ou utilisé un extincteur de fumée rempli de peinture pour vandaliser la façade de 6 différentes branches RBC à travers la ville.

Lors des jeux olympiques de 2010 sur les terres volées de soi-disant Vancouver, des rebelles avaient multiplié ainsi des attaques envers le commanditaire RBC. Plus d’une décennie plus tard, il est temps de recréer cette inspirante coordination diffuse.

Si RBC veut faire chier, RBC va en subir les conséquences. Les institutions, compagnies et individus responsables de l’industrie écocidaire ont des noms et des adresses. Les branches RBC, les guichets, et les membres de CA ne sont pas des exceptions.

C’est facile: Une équipe bien masquée émerge d’une ruelle avoisinante, jette un regard pour s’assurer que la voie soit libre, et dédie moins de 30 secondes au lancer de roches vers les fenêtres, avant de disparaître.

Pour plus de conseils, lisez:

Le système d’opération Tails a été utilisé pour faire cette vidéo, soumise anonymement.

R.I.P. Matt Cicero

Ce texte qu’il a écrit est toujours pertinent : 6 Reasons I Support Arson (As a Tool for Social Justice)

Le chef Dtsa’hyl est arrêté suite à une escalade des tensions aux barricades; de la machinerie lourde désactivée sur le territoire Wet’suwet’en

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Oct 302021
 

De It’s Going Down

Dans un vidéo publié le soir du 27 octobre, la porte-parole du Gidimt’en Checkpoint Sleydo’ a rapporté que suite à la montée de tensions dues à la présence d’autorités canadiennes, le chef Dtsa’hyl du clan Likhts’amisyu et Kolin Sutherland-Wilson du clan fireweed Gitxsan ont été arrêtés par la gendarmerie royale. Depuis les derniers jours, des blocus contre les travailleurs de Coastal GasLink ont empêché le travail de se poursuivre, et des machines ont été désactivées.

Sleydo’ a signalé que plus de policiers étaient en route pour potentiellement faire d’autres arrestations, et que des renforts étaient nécessaires. « Nous avons besoin de tout le monde ici. S’il vous plaît venez au campement. Les Likhts’amisyu ont besoin de soutien. Soutenez la nation Wet’suwet’en qui lutte depuis plus de dix ans maintenant. Nous avons besoin que tout le monde montent aux barricades et organisent des blocus. Où que vous soyez, faites ce que vous pouvez pour contribuer. Si vous ne pouvez pas venir ici, faites du bruit, dérangez! » 

MISE À JOUR 29/10/21: Dtsa’hyl et Kolin S-W ont été relâchés.

Le journaliste Michael Toledano, qui couvre le sujet de l’invasion du Yintah par CGL et la GRC, a rapporté:    

Après que les travailleurs de CGL aient utilisé de la machinerie lourde pour bloquer l’accès des Wet’suwet’en à leur propre territoire, Dsta’hyl du clan Likhst’amisyu a désactivé ces équipements, retournant le blocus de CGL contre eux. Les Likhts’amisyu ont désactivé plus de 10 machineries lourdes.

Nous en sommes à plus d’un mois d’une troisième vague de blocus contre le pipeline Coastal GasLink. Des membres du clan Gidimt’en ont bloqué le site de construction où CGL planifie creuser sous la rivière Wedzin Kwa depuis la fin du mois de septembre 2021. Des membres du clan Likhts’amisyu ont aussi utilisé de la machinerie lourde pour contrôler l’accès à un campement de travailleurs de CGL.

Le clan Likhts’amisyu a publié:

C’est #LandBack. Il n’y a pas d’autre cadre d’interprétation occidental qui aille, car le colonialisme ne sait pas comment retourner les terres. Les colonisateurs savent seulement qu’une réinterprétation du mouvement LandBack va en changer la nature. On ne laissera pas faire ça.

Hier, Toledano a rapporté que des barricades autochtones ont fermé l’accès à un campement de travailleurs (man camp) de pipelines:

Après avoir traversé un blocus de machinerie lourde par CGL, des chefs héréditaires Likhts’amisyu et leurs supporters ont occupé des régions éloignées du territoire Wet’suwet’en. Ils contrôlent le traffic routier vers le campement. L’équipement de CGL empêche les Wet’suwet’en de se rendre plus loin. 

Ce blocus a été érigé après que des chefs Likhts’amisyu et leurs supporters ont été empêchés d’accéder à leur territoire le dimanche 24 octobre 2021. Ils ont rapidement organisé un barrage en réponse à cet affront. Lisez plus sur Instagram (via proxy anonyme).

Ces événements surviennent après l’ouverture officielle par le chef dinï ze Woos de la cabine au camp du coyote, installé sur le site du bloc de forage. Il invite tous les ancêtres à venir se tenir debout avec eux:

« Avant le contact avec les Européens, nous étions des centaines de miliers ici. Nous coexistions avec les animaux et protégions la rivière Wedzin Kwa depuis les temps immémoriaux. Nous défendrons toujours la rivière». Dinï ze Woos livre un message à CGL et ses investisseurs: « CGL a dit qu’ils allaient creuser sous la rivière, mais ça n’arrivera pas. Nous ne laisserons pas ça passer ». 

Il y a deux semaines, des images de défenseurs du territoire pourchassant des policiers de la GRC ont tourné dans les médias sociaux, alors que des barricades de bois étaient protégées contre le harcèlement constant et l’invasion des forces policières.

Pour plus de nouvelles, suivez @likhtsamisyu @gidimten @m_tol et Yintah Access 

Video: blocage des trains le 9 octobre en solidarité avec Gidimt’en

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Oct 142021
 

De SubMedia

Le 9 octobre 2021, dans le cadre do la semaine d’action en solidarité avec le clan Gidimt’en, un groupe de personnes à soi-disant Montréal ont passé l’après-midi à bloquer les trains. Iels ont ensuite manifesté dans la rue.

#AllOutForWedzinKwa

Blocage des rails en solidarité avec la semaine d’action Gidimt’en

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Oct 102021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Ce samedi 9 octobre à Pointe-Saint-Charles, nous étions plus de 50 personnes à bloquer les chemins de fers du CN. L’action a bloqué 5 voies parallèles pendant plus d’une heure et demi. Nous avons agi ainsi afin de manifester notre solidarité envers le peuple Wet’suwet’en en lutte pour défendre leur territoire contre le pipeline de Coastal GasLink. Sur les deux bannières affichées, on pouvait lire: “#AllOutForWedzinKwa 1312” ainsi que “All Out For Wet’suwet’en #ShutDownCanada”. Plusieurs trains n’ont pas pu quitter la Gare, certains ont rebroussé chemin ne pouvant pas accèder à la gare et certains sont restés immobiles au moins une heure après le blocage. Cela est peut-être dû à une accumulation de travail ou une inspection des rails.

Lorsque nous avons quitté les rails, nous avons mené une manifestation dans les rues du quartier chantant des slogans contre la colonisation et la police et des slogans de solidarité aux gardien.nes de la terre Wet’suwet’en. Des groupes de jeunes paraissaient clairement heureux de nous voir, iels ont pris nos tracts et nous ont suivis un peu avant que nous nous dispersions. Face à la police qui s’est présentée, nous bénéficions d’une supériorité numérique importante. La police se tenait à distance. Il n’y a pas eu d’arrestation.

Nous répondions à un appel de solidarité lancé par le clan Gidimt’en durant les deux dernières semaines. Nous espérons que cette action soit une première qui s’inscrit dans la série d’évènement de la semaine d’action à laquelle le clan Gidim’ten a récemment appelé et qui durera jusqu’au 15 octobre: https://www.yintahaccess.com/news/calltoaction. On vous encourage à répondre à l’appel et à commencer à organiser des actions en solidarité avec les gardien.nes de la terre Wet’suwet’en alors qu’iels s’apprêtent à subir d’autres affronts de la GRC sur leur territoire.

Le 25 Septembre dernier, les gardien.nes des terres ont détruit les routes d’accès au site de forage de Coastal Gaslink vers la rivière de Wedzin Kwa. Plusieurs blocages ont eu lieu et le site de forage a été occupé. Les chefs ancestraux ont été menacé.es d’être arrêté.es à leur arrivé sur place et on leur a refusé l’accès à leur propre térritoire. Les exactions et les actes de violences perpétrés par la GRC et les agents de sécurité de CGL envers les gardien.nes des terres comprennent des arrestations et des éléctrocutions par taser. Malgré cela, les gardien.nes des terres restent fort.es et resistent. Plusieurs blocages ont été érigés et le peuple Wet’suwet’en occupe le site de forage qui menace leurs terres.

“Notre manière de vivre est en danger. La rivière Wedzin Kwa nourrit tout le territoire Wet’suwet’en, elle est la source vitale de la nation Wet’suwet’en.” – Sleydo’, correspondant Gidimt’en.

Coastal Gaslink procède à la construction d’un pipeline de 670 Km à travers le territoire Gidimt’en. Selon le ‘Anuc niwh’it’en (la loi Wet’suwet’en), les cinq clans s’opposent unanimement à la proposition du pipeline. Durant plus de 15 ans, les Wet’suwet’en et leurs allié.es se sont battu.es avec ardeur contre une incursion dans leur territoire. Le peuple a aussi fait plusieurs appels public invitant toustes leurs allié.es à manifester leur support en occupant le Yintah ou par des actions de solidarités dans leur propres villes ou régions. En 2020, les actions de solidarité se sont manifestées par des blocages des chemins de fer et des autoroutes qui ont paralysé l’économie canadienne.

Alors que la terre s’apprête à faire face aux conséquences tragiques des changements climatiques causées par les riches, mais dont les plus vulnérables souffrent, le Canada déterre massivement les corps des enfants autochtones assassiné.es par le système génocidaire des pensionnats. Il est impératif que nous nous mobilisions par des actions de démentèlement de l’État colonial et de la société qui facilite ces atrocités.

En solidarité avec les gardien.nes des terres du Cas Yikh
Fuck la GRC. FUCK CGL. Fuck Canada.
Shutdown Canada 2021.

“Il faut vraiment que nous montions aux barricades.” – Sleydo’, correspondant Gidimt’en

#AllOutForWedzinKwa
#DefendWedzinKwa
#LandBack
#RematriatetheLand
#DefendTheYintah
#CGLofftheYintah
#WetsuwetenStrong
#ShutDownCanada’21

Déploiement de bannière en solidarité avec Gidimt’en

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Oct 032021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Tôt le matin du 30 septembre, première Journée nationale pour la vérité et la réconciliation, nous avons déposé une bannière en solidarité avec le camp de Gidimt’en. Notre bannière disait “Shut Down Canada ’21 #CGLOffTheYintah”.

Les Wet’suwet’en et leurs alliés défendent le Yintah contre les incursions de Coastal GasLink et de la GRC depuis de nombreuses années. Ils continuent de défendre leurs terres alors que le Canada fait des gestes vides vers la réconciliation. Le 25 septembre, le Gidimt’en Access Point a érigé de nouveaux blocages pour empêcher CGL de forer sous la Wedzin Kwa, la rivière qui traverse leur territoire. Depuis ce jour, au moins deux arrestations ont eu lieu.

Ils ont appelé leurs alliés à venir aider à défendre le camp, mais aussi à s’organiser en solidarité de là où ils sont. Nous espérons voir plus d’actions, dans notre ville et au-delà, alors que ceux qui sont en première ligne continuent à faire face aux flics et aux travailleurs de CGL.

Au coucher du soleil, notre bannière était toujours en place sur le pont. Nous espérons qu’elle y restera pour longtemps, tout comme notre solidarité !

Territoire wet’suwet’en : Les Gidimt’en barricadent la route d’accès de CGL et lancent un appel urgent au soutien ; la GRC fait une arrestation

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Sep 262021
 

Du Point d’accès Gidimt’en

Tôt ce matin, Cas Yikh [Gidimt’en] et leurs alliés ont pris le contrôle de l’accès au site où ils prévoient de forer sous la Wedzin Kwah ! Nous appelons tous nos alliés à sortir et à se tenir à nos côtés. La route d’accès au site de forage de Coastal GasLink à la rivière Wedzin Kwa a été détruite. Une série de blocages a été mise en place, et le site a été occupé. VENEZ AU YINTAH. DÉFENDEZ LE TERRITOIRE DES WET’SUWET’EN.

Depuis que cette vidéo a été prise ce matin, les chefs wet’suwet’en se sont vu refuser l’accès, une arrestation a été confirmée, et il y a de la machinerie lourde et une forte présence de la GRC. Nos proches tiennent bon et jusqu’à présent, aucune autre arrestation n’a été confirmée et le blocage reste en place.

Blocage de la plateforme de transbordement de Ray-Mont Logistiques

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Sep 232021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

À deux jours d’une grande manifestation pour le climat à Montréal, une quinzaine de manifestantEs ont bloqué l’accès des camions à la plateforme de transbordement actuelle de Ray-Mont Logistiques, à Pointe-Saint-Charles. L’action a forcé l’interruption des activités sur les lieux de l’infrastructure que Ray-Mont projette de déplacer à Hochelaga-Maisonneuve, dans le cadre d’une immense ré-industrialisation du secteur. L’action de perturbation fait suite au blocage de mercredi dernier du chantier situé à l’est de Viau et à une manifestation rassemblant plusieurs centaines de personnes samedi dernier dans Hochelaga.

Vendredi, encore une fois, des milliers de personnes vont marcher pour demander aux gouvernements d’agir face à la crise climatique et environnementale. Cependant tout ce que les personnes au pouvoir peuvent nous offrir est trop peu, trop tard, les actions qui sont posées ne faisant que renforcer le pouvoir de l’économie sur le vivant. Civile ou non, la désobéissance et l’action directe nous permettent d’affronter ensemble la destruction des écosystèmes dont nous faisons parti et le vol des terres autochtones qui continue à ce jour que ce soit par la construction d’un pipeline, la déforestation, la construction d’une mine desservant une industrie dite « verte » ou la transformation d’un fleuve en « autoroute des marchandises » telle que propose la stratégie maritime de la CAQ, dans laquelle s’inscrit le projet de plateforme de transbordement de Ray-Mont Logistique. Il est plus que temps de nous poser concrètement en obstacle aux projets de développement, de renforcer les liens entre nous qui permettent d’agir sans recours à la politique — et d’inviter tout le monde qui refusent la domination capitaliste et coloniale à se retrouver et à s’organiser.

Les clients de Ray-Mont Logistiques ne font pas un choix avisé en continuant de se fier aux services de l’entreprise, car les perturbations vont se multiplier.

Le terrain vague restera vague !

Blocage des travaux de Ray-Mont Logistiques

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Sep 172021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Près de 50 personnes ont forcé hier matin l’interruption des travaux sur le terrain où l’entreprise Ray-Mont Logistiques projette de construire une immense plateforme de transbordement, en s’installant au milieu de la machinerie pour y établir un campement de fortune.

Situé à l’est de l’avenue Viau, ce terrain abandonné par les industries depuis plusieurs années est maintenant habité de toutes sortes de façons par les gens du quartier, revigoré par une flore et une faune qui contrastent avec le bitume et béton qui l’entourent. Alors que la CAQ voudrait y voir advenir une zone industrialo-portuaire et une augmentation du transport de marchandises, nous nous opposons à la destruction de l’un des derniers espaces non marchandisés et verts de l’Est de l’île. Que ce soit pour y construire une bretelle d’autoroute, un poste d’Hydro-Québec ou une plateforme de transbordement. Ce terrain vague, qui était un lieu de vie pour de nombreuses personnes marginalisées jusqu’à leur violente expulsion au printemps dernier, est pour beaucoup d’entre nous un endroit qui nous permet de nous extraire de la ville le temps d’une promenade, un lieu où on arrive encore à respirer en pleine canicule, un espace où on arrive à imaginer la suite du monde au-delà des autoroutes et des usines.

S’inscrivant dans la stratégie maritime de la CAQ « Avantage Saint-Laurent », la plateforme de transbordement proposée par Ray-Mont Logistique s’aligne avec de nombreux projets visant à faire du fleuve Saint-Laurent une « autoroute de marchandises », permettant d’augmenter davantage le commerce international, et par le fait même, contribuer à accélérer l’exploitation et la destruction du territoire. On peut penser au projet d’agrandissement du port de Montréal dans la ville de Contrecoeur, au projet de GNL Québec au soi-disant Saguenay–Lac-Saint-Jean, au projet Laurentia, maintenant abandonné en raison d’importantes contestations, à la « Zone d’innovation littorale Est » à Québec, et bien plus encore. Ces projets ont en commun de réduire le territoire et les cours d’eau qui le traversent à sa valeur marchande, dans un contexte où la crise climatique et environnementale nous somme de faire autrement.

Que le projet de Ray-Mont Logistiques ait l’aval du gouvernement et de la municipalité ou non, nous continuerons d’occuper cet espace, nous continuerons de nous poser en obstacle à sa destruction et nous continuerons de nuire, par tous les moyens à notre portée, au saccage des écosystèmes et des territoires que nous habitons.

À celles et ceux qui en ont assez de laisser le béton et les machineries dicter la poursuite effrenée d’un monde qui court à sa perte, ceci est un appel à s’organiser et à se rejoindre pour opposer la solidarité, le commun et la lutte à la dévastation capitaliste et coloniale.

LE TERRAIN VAGUE RESTERA VAGUE

Deux Tonkas incendiés sur les terrains de Ray-Mont Logistics

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Août 282021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

M. Raymond,

Nous apprenions récemment que vous vous étiez qualifié pour une subvention du Gouvernement du Québec d’une somme de 580 000$ pour votre contribution à la lutte contre les changements climatiques. Félicitations! Nous tenions également à mettre la main à la pâte. C’est pourquoi nous avons décidé d’alléger l’attirail de votre machinerie lourde en grillant deux de vos Tonkas. Dans la nuit du 25 au 26 août, nous avons incendié une pelle mécanique et un bulldozer sous les yeux endormis du gardien de nuit.

Laissez donc les peupliers et les poissons tranquilles! Prenez un peu de temps pour vous, au chalet, ou à la mer. Peut-être qu’une balade en forêt vous fera réaliser qu’en votre béton il n’y a point de vie.

Il semble évident que la bête acharnée de travail que vous êtes n’est que très peu affectée par la perte de quelques engins. En effet, nous constatons que les travaux vont bon train malgré tout. Vous faites fausse route. Le chantier doit cesser immédiatement et nous nous attèlerons à cette tâche becs et ongles, coûte que coûte. L’invitation est donc lancée pour un automne chaud!

On se revoit très vite.

Des citoyens concernés

Articles refusés

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Août 242021
 

En tant que plateforme anarchiste de contre-information, nous cherchons à être un outil et une ressource pour un grand nombre de collectifs et d’individus, ayant des idées, des pratiques et des besoins différents. Par contre, les réalités de la surveillance policière, prenant pour cible toutes formes d’infrastructures associées aux mouvements radicalement opposés à l’ordre social, nous obligent à gérer le projet en cercle restreint. Voilà une tension au sein de ce projet qui nous a fait réfléchir à quelques occasions au cours des dernières années. Nous ne croyons pas être en mesure d’y échapper.

C’est plutôt pour y pallier que nous avons voulu ajouter un certain niveau de transparence à nos pratiques, en publiant en continu une liste des soumissions dont nous refusons la publication, avec la raison de ce refus. Cette pratique emprunté à certains des sites Indymedia prend la forme d’une page que vous trouverez ici, composée pour le moment de quelques exemples tirés des derniers mois afin d’illustrer l’affaire.

D’autres déclarent offrir une tribune pour une grande diversité de tendances, visant à rassembler un maximum de groupes autour d’une unique plateforme au nom de la consolidation, en s’engageant à ne pas centraliser la ligne idéologique, mais refusent tout de même la publication de textes qui posent problème pour l’idéologie dominante au sein du projet, sans devoir rendre compte à personne. Nous tentons de prendre une autre voie : nous voulons diffuser une vision claire des luttes révolutionnaires et anti-autoritaires à partir du contenu publié sur notre site, en laissant place aux débats qui nous aident à approfondir nos idées et à aiguiser nos pratiques, sans prétendre être la plateforme pour toute et chacune des initiatives contestataires et en étant transparente sur les raisons pour lesquelles nous refusons parfois certaines soumissions.

Nos consignes de soumission demeurent les mêmes, ils peuvent être consultés ici.

Nous prenons l’occasion pour souligner que nous ne publions généralement pas les textes en format communiqué de presse, conçu pour remplir les exigences des médias de masse. Nous cherchons à créer un espace pour les récits et réflexions destinés en premier lieu aux gens directement concerné.es par les luttes.

Nous avons aussi tendance à refuser des publications n’ayant aucun lien avec Tiohtià:ke (Montréal), avec une autre région dans les environs ou avec une lutte ailleurs sur le continent que nous croyons importante relativement à notre contexte, comme les luttes de défense de territoire autochtone au soi-disant Canada.

Solidairement,
MTL Contre-info

Une santé à l’échelle humaine : un.e anarchiste vacciné.e opposé.e au passeport vaccinal

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Août 232021
 

Soumission anonyme à North Shore Counter-info

Traduction de Attaque

Le Québec est en train de mettre en place, pour les prochains jours, un système de passeport vaccinal et l’Ontario va probablement faire de même. Le pass est un document confirmant votre identité et votre statut vaccinal, qu’il faudra présenter pour accéder à de nombreux endroits. Pas un jour ne passe ici sans qu’il y ait une avalanche de lettres ouvertes et de messages sur les réseaux sociaux demandant l’obligation de montrer un pass pour se déplacer en la ville, avec chaque travailleur.euse qui se verrait donc attribuer une fonction de flic.

J’ai été entièrement vacciné.e dès que ça a été possible pour moi et tou.te.s mes proches ont fait pareil. Cependant, je pense que le pass vaccinal est quelque chose d’abject et que ceux/celles qui le recommandent commettent une grave erreur.

Le choix de ma bande de se faire vacciner n’était qu’un des résultats des discussions en cours sur la façon de se rapporter à la santé collective pendant la pandémie. Nous n’avons pas obéi aux mesures de confinement ou aux règles relatives aux rassemblements – nous avons établi nos propres lignes de conduite, sur la base de nos propres considérations éthiques, politiques et pratiques. Nous avons posé une question différente. Parfois, cela nous a conduit.e.s à être plus prudent.e.s que ce que la loi permettait, parfois cela a signifié enfreindre les règles. Nous étions loin d’être les seul.e.s dans ce cas et je sais que mon cercle de proches a bénéficié des discussions d’autres personnes.

La pandémie a été quelque chose d’unique dans notre vie, mais ses défis éthiques ne le sont pas : le contrôle du comportement des autres est un élément central dans la politique démocratique. Le gouvernement nous considère comme une masse de personnes à gérer, en vue de différents objectifs, en particulier le profit et la paix sociale. Ils regardent le monde d’en haut, à travers un prisme de domination et de contrôle – c’est autant le cas pour la pandémie que pour le changement climatique et la pauvreté. Des politiciens et des partis différents auront des priorités différentes et notre possibilité d’agir est réduite à préconiser la façon dont nous voulons être géré.e.s – ou la façon dont nous voulons être géré.e.s par ces autres personnes.

Nous en venons à intérioriser la logique de la domination et à mettre les besoins de l’ordre et de l’économie avant les nôtres. Nous commençons à regarder le monde d’en haut, nous aussi, loin de nos propres expériences, de nos désirs, nos idées, nos valeurs et relations. « C’est ça la guerre sociale : une lutte contre les structures de pouvoir qui nous colonisent et nous entraînent à regarder le monde du point de vue des besoins du pouvoir lui-même, à travers le prisme métaphysique de la domination. »

Dans le contexte de la pandémie, regarder le monde d’en haut signifie comprendre la situation à travers les médias institutionnels (qu’ils s’agisse des médias traditionnels ou des réseaux sociaux), à travers des cartes avec différents couleurs, à travers des zones désignées comme « rouges », à travers les débats politiques, à travers des règles énoncées par des experts (je veux leur connaissance, pas leur autorité). Cela signifie penser à nos propres décisions en termes de ce que tout le monde devrait faire, agir nous-mêmes de la manière dont nous pensons que tout le monde devrait agir. Nos propres priorités disparaissent et la possibilité d’action des autres est perçue comme une menace.

En tant que mesure étatique contre le Covid-19, le passeport vaccinal ressemble aux couvre-feux et aux confinements, aux amendes majorées et aux pouvoirs coercitifs accordés aux règlements administratifs. Il s’agit d’une mesure d’ordre public. Toutes ces restrictions sont censées empêcher le genre de conversations qui ont fait descendre les gens dans la rue, ces derniers mois, pour défendre des campements, pour démolir des statues et rendre hommage aux victimes des pensionnats.

Je veux m’opposer à la domination, mais aussi à ses faux.sses critiques. Certains anarchistes ont pensé développer une critique des réponses autoritaires à la pandémie, mais elles/ils n’ont réussi qu’à être réactionnaires. Encore une fois, ils/elles regardent le monde d’en haut, d’où la seule action collective concevable est celle de l’État. Elles/ils se rabattent sur le discours des droits individuels, mais il n’y a rien d’anarchiste dans une liberté soit découpée en petits morceaux qui nous sont données à la cuillère. Leur analyse devient complètement dépourvue de principes lorsqu’ils/elles commencent à défendre le droit des conservateurs religieux à continuer à tenir leurs cérémonies. Elles/ils sont impliqué.e.s dans le mouvement anti-masque, qui n’a rien à voir avec un choix éthique individuel, mais plutôt avec la négation de l’épidémie de Covid-19. Ils/elles finissent bras dessus, bras dessous avec ceux qui considèrent tout bien commun comme une attaque contre leurs privilèges.

Pour moi, la liberté signifie aussi la responsabilité. C’est un impératif individuel de faire ses propres choix, mais aussi de comprendre que l’on est engagé.e dans un réseau de relations. Il s’agit d’association volontaire, mais aussi de comprendre que nous sommes également engagé.e.s dans des réseaux de relations avec tout le monde (sans oublier tous les êtres vivants, la terre et l’eau). Nous avons des responsabilités envers ces réseaux. Quand nos choix face à la pandémie partent de nous-mêmes et se développent vers l’extérieur, vers les personnes que nous aimons et plus loin encore vers les sociétés dans lesquelles nous vivons, nous ne regardons plus le monde d’en haut, mais à l’échelle humaine.

Cela s’appelle l’autonomie et c’est en soi une menace pour les puissants. Cela signifie organiser nos vies sur des bases radicalement différentes, qui entrent en conflit avec les tentatives des puissants de maintenir l’ordre et l’obéissance.

Un système de passeport vaccinaux est un moyen de réprimer l’autonomie. Je m’en fiche d’aller au restaurant ou à un concert et mon groupe continue d’éviter les foules dans des lieux fermés, même si l’État dit que nous ne sommes plus obligé.e.s de les éviter. Organisons-nous pour éviter la répression et continuer à agir selon nos propres priorités. On se voit dans les rues.

Brûler des églises, renverser des statues

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Août 092021
 

De Antimídia

Dans différentes parties des territoires colonisés, les statues des esclavagistes, violeurs, colonisateurs et génocidaires ont été arrachées, déboulonnées ou détruites. Pourquoi se défaire de ces symboles ? Que représentent-ils ? Et quelles valeurs les maintiennent debout ?

[La vidéo est sous-titrée en français.]


Small is Beautiful : Organisation anarchiste et implantation sociale locale

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Août 092021
 

Du Collectif Emma Goldman

Ce qui suit est un texte de réflexion personnelle d’un militant du collectif. Il ne reflète pas nécessairement l’opinion de l’ensemble des membres, mais souhaite avancer certaines réflexions.

Il y a près de sept ans, en 2014, était publié le communiqué officiel annonçant la dissolution de l’Union Communiste Libertaire (UCL). Créé en même temps que sa fondation, en 2008, le Collectif Emma Goldman avait, du Saguenay, consacré beaucoup de son temps et son énergie au projet de fédération dans l’idée de faire prendre de l’expansion au mouvement anarchiste dans la province et en faire rayonner les idées et pratiques au plus grand nombre. L’organisation permettait le développement de campagnes d’actions en unité théorique et pratique qui étaient coconstruites et propagées dans les milieux des différents collectifs (l’UCL en a compté jusqu’à six – Drummondville, Montréal, Québec, Saguenay, Saint-Jérôme et Sherbrooke). Du côté des publications et de la diffusion d’informations, nous produisions le journal Cause Commune (plusieurs milliers d’exemplaires sur papier journal à chaque édition), des revues, des affiches et différentes publications avec une certaine rigueur sur le plan du contenu et des idées. Pour tout organiser, nous nous en remettions au principe du fédéralisme libertaire : les prises de décision se faisaient dans les réunions des collectifs locaux, les décisions étaient relayées par des délégué-e-s aux instances fédérales (d’autres réunions) et aux comités. Il s’agissait d’une forme de démocratie directe. Le temps de gestion, voir ici par exemple tous les déplacements pour des réunions, les longues délibérations sur un peu tout et n’importe quoi, jusqu’aux remises en question sur le graphisme et l’implication dans le secrétariat, était du temps de que les militants et militantes avaient en moins dans leur engagement dans les luttes locales (sans oublier que le nombre d’heures pouvait également précipiter l’épuisement militant). Bien sûr, les outils développés au niveau fédéral étaient d’une grande aide dans le travail local. Mais, sans remettre en cause les principes de fédéralisme libertaire et de démocratie directe, il est tout à fait possible de penser qu’un fonctionnement moins « lourd » (moins énergivore) aurait pu être possible – surtout dans une organisation de moins d’une centaine de membres.

Avec l’expérience acquise au cours des années de l’UCL, le Collectif anarchiste Emma Goldman a continué son chemin en solo à partir de 2014. Bien que nous souhaitions multiplier les collaborations avec d’autres groupes, celles-ci se sont faites plus rares et éphémères – notre condition d’isolement géographique y est sans doute pour beaucoup. En revanche, nous avons pu concentrer l’essentiel de nos efforts et de nos moyens aux luttes sociales du Saguenay-Lac-St-Jean, développer du matériel qui répondait plus directement aux enjeux et cibles de nos milieux et, il faut le dire, passer beaucoup moins de temps en réunion. Travailler en petit groupe a certainement des avantages à ce niveau : la coopération et les décisions se font plus aisément, la recherche de solutions et le règlement des désaccords accaparant moins de temps. Les affiches et journaux que nous avons continué de produire n’ont pas la même qualité que celles de l’UCL, mais elles nous prennent une toute petite fraction du temps qu’elles pouvaient prendre au sein de la fédération.

Tout compte fait, et sans en faire une doctrine, il y a certainement une beauté appréciable dans l’organisation en collectif politique de petite taille. Après tout, il est illusoire de penser que l’implantation sociale de l’anarchisme puisse se réaliser à grande échelle avant qu’elle ne le soit sur le plan local. Les anarchistes ne cherchent pas à prendre le contrôle de mouvements; elles et ils travaillent à la base et leurs pratiques se déploient d’abord à petite échelle avant d’essaimer. Cela n’empêche pas pour autant de développer des liens avec d’autres groupes et de faire appel à eux. Ce modèle d’organisation a, on ne peut le nier, des limites nettes. Il est par exemple beaucoup moins évident qu’un groupe de petite taille isolé reçoive des appuis en cas de répression ou de menaces. Il me semble important de poursuivre les questionnements quant aux formes efficaces que pourraient prendre le développement de liens et d’outils communs avec les camarades de collectifs des autres régions. Comme d’autres, je suis avec attention le travail sur le terrain que font les camarades dans le Kamouraska, sur la Pointe de la Gaspésie, à Sherbrooke, Trois-Pistoles, Gatineau, Hamilton, Québec, Toronto, Montréal, Halifax, etc. et j’y tire, personnellement, l’inspiration pour continuer.

Alan Gilbert

Annonce du 4e Salon du livre anarchiste annuel de Halifax

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Août 042021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

4 septembre 2021
Pour les anarchistes, et celleux curieu.ses.x à propos de l’anarchisme
GRATUIT dans Kjipuktuk, territoire Mi’kmaq non-cédé

On ne reviendra pas à la « normale ». La pandémie n’a qu’intensifié le contrôle social et la surveillance, le capitalisme et le colonialisme, avec les personnes au pouvoir s’en mettant plein les poches grâce à l’extractivisme industriel intensifié, le prix toujours grandissant du logement et les conditions de travail intolérables. Alors que les défenseurs de ce système colonial et raciste se préoccupent de leurs propres intérêts, nous savons que nous devons nous protéger et prendre soin les un.e.s des autres. Les racines de la destruction écologique, la pauvreté, la suprémacie blanche, le colonialisme, la violence policière, le patriarcat, et autres, reposent sur le concept d’autorité. L’anarchisme nous aide à comprendre les racines de ces systèmes de pouvoir, à articuler nos désirs d’auto-détermination et à imaginer un monde où tou.te.s sont libres. Il est crucial dans cette époque difficile de créer des espaces pour nous rappeler que la libération est possible, partager nos chagrins et notre rage et cultiver une énergie collective qui alimentera nos luttes.

Le salon du livre est pour les anarchistes, celleux curieu.ses.x à propos de l’anarchisme, les amateurs de livres et toute personne qui remet en question l’autorité. Vous y trouverez des collectifs d’édition et de distribution de livres, des aut.rices.eurs vendant ce qu’iels ont écrit, des artistes, et des présentat.rices.eurs de partout sur l’Île de la Tortue/Amérique du Nord. Le weekend comprendra des ateliers, des discussions, des activités pour les enfants, des expositions artistiques, des partys et bien plus!

Nous acceptons présentement les propositions. N’hésitez pas à nous contacter pour réserver une table ou nous faire part de vos questions, besoins d’accommodements et idées de collaborations à:
halifaxanarchistbookfair@riseup.net

Pour un Halifax plus anarchique, et un monde plus heureux, plus libre (A)

Une bannière suspendue à Saint-Félicien pour dénoncer les déversements dans l’Ashuapmushuan

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Juil 272021
 

Du Collectif Emma Goldman

Des militants et militantes des collectifs Mashk Assi et Emma Goldman ont suspendu durant la nuit d’hier à aujourd’hui une bannière pour dénoncer les déversements d’eaux de traitement dans la rivière Ashuapmushuan par l’usine de pâte Kraft de Résolu à Saint-Félicien (en terres volées du Nitassinan). Portant l’inscription « Ramasse ta marde Résolu », elle a été installée sur la route Saint-Eusèbe, aux abords de l’usine en question, afin de pointer du doigt l’exploitation de la multinationale.

Dans un régime forestier qui s’apparente au Far-West, avec son bar ouvert pour l’industrie, la question de la protection de l’environnement par les entreprises est réduite à de vaniteuses prétentions de conférence de presse. On le voit une fois de plus avec les déversements à répétition réalisés dans l’Ashuapmushuan par l’usine de pâte Kraft de Résolu à Saint-Félicien. La rivière Ashuapmushuan, qui bénéficie pourtant d’un statut de protection pour son patrimoine naturel exceptionnel, a connu 258 jours de déversement d’eaux de traitement industrielles de l’usine entre 2017 et 2020 selon le ministère de l’environnement et la scène s’est reproduite maintes fois depuis le début de l’année 2021. Ces déversements volontaires sont réalisés dans une stratégie de chantage face au gouvernement pour que celui-ci investisse à sa place les dizaines de millions $ nécessaires au remplacement de la conduite d’évacuation. En date d’aujourd’hui, Résolu peut se réjouir d’avoir presque déjà fait plier le gouvernement au grand dam des travailleurs et travailleuses qui financeront la multinationale avec leurs taxes. Pendant ce temps, leurs turpitudes mettent en danger la ouananiche, une espèce de saumon pour laquelle l’Ashuapmushuan est un corridor biologique capital.

Par ses agissements, Résolu affiche son mépris total à l’endroit du territoire ancestral des Pekuakamiulnuatsh et des droits des Premiers Peuples. C’est cela le colonialisme. Face au déni dont fait preuve l’industrie envers l’histoire et les traditions Ilnu, ainsi que le caractère sacré du territoire, il faut résister pour exister! Par cette action, nous souhaitons réitérer que les territoires du Nitassinan n’ont été cédés sous aucun traité. De plus, nous rejetons et dénonçons les Ententes sur les répercussions et les avantages (ERA) signées par les conseils de bande, qui se voient promettent des retombées des grandes entreprises en échange de leur consentement à la destruction rapide du territoire ancestral. Ces ententes sont pour nous bien révélatrices quant au rôle véritable des conseils de bande comme instances issues du colonialisme et sous la mainmise de l’État canadien.

Collectif Mashk Assi et Collectif Emma Goldman

From Embers : Fairy Creek

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Juil 222021
 

De From Embers

Après une interruption, le podcast anarchiste From Embers a été relancé ce mois-ci.

Le premier nouvel épisode est une discussion avec un participant anarchiste aux blocages de Fairy Creek sur la soi-disant île de Vancouver. Écoutez-le ici.

Autres lectures :

Five Months of Direct Action… (No More City)

The Return of the War in the Woods? (BC Blackout)

Desert (The Anarchist Library)

Annonce du Counter-Surveillance Resource Center

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Juil 222021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

On vous présente le Counter-Surveillance Resource Center, une plateforme pour diffuser une culture de résistance à la surveillance et mettre des bâtons dans les roues des polices politiques.

Partout dans le monde, anarchistes et autres rebelles sommes sous surveillance en raison de nos activités. Cette surveillance peut être exercée par des institutions étatiques ou d’autres acteurs – des détectives privés, des fascistes, des mercenaires et des citoyen.ne.s respectueux de la loi. Elle peut avoir pour but de perturber nos activités, de procéder à des arrestations, d’obtenir des condamnations ou pire encore.

À mesure que les technologies se développent, certaines techniques de surveillance restent les mêmes, tandis que d’autres changent pour intégrer ces technologies émergentes. Si les flics nous suivent toujours dans la rue et conservent des dossiers sur nous dans leurs archives, de nos jours, les caméras sont partout, les drones nous survolent et les analyses ADN envoient de nombreux camarades en prison.

On a ressenti un manque d’outils collectifs pour faire face à ces problèmes, et donc on a créé un site web, le Counter-Surveillance Resource Center (CSRC). Notre objectif est de rassembler diverses ressources en un seul endroit afin d’aider à lutter contre la surveillance dont on fait l’objet. On veut encourager la collaboration internationale, et on accepte les contributions dans toutes les langues.

Comment éviter de laisser des empreintes digitales et autres traces lors d’une action ? Comment utiliser les ordinateurs et les téléphones de manière plus sûre ? Que faire si l’on soupçonne qu’une personne est un.e infiltré.e ? Comment gérer les conséquences psychologiques de la clandestinité ? Comment détruire les caméras dans la rue ? Cette chose que vous avez trouvée sur votre voiture est-elle une balise GPS ? On veut répondre à ces questions et à bien d’autres encore.

N’hésitez pas à nous envoyer vos contributions, traductions ou commentaires. Visitez le site web à l’adresse suivante : https://csrc.link/fr

Another Word for Settle : Une réponse à Rattachements et Inhabit

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Juil 172021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Téléchargez la version PDF en format zine (noir et blanc) ou en page par page.

C’est à l’hiver 2020, au lendemain du soulèvement anticolonial le plus inspirant de ma vie, que j’ai lu Rattachementsi et Inhabit (traduit par Habiter dans la version québécoise)ii. Les trains avaient recommencé à rouler à travers le pays, et la COVID-19 commençait à réorganiser nos vies, quelques semaines seulement après que nous ayons fait notre petite part dans le mouvement #ShutDownCanada. À Tio’tia:ke (Montréal) et dans ses environs, là où je vis, il y a eu de nombreuses initiatives menées par des Autochtones, notamment des rondes de solidarité qui ont bloqué la circulation au centre-ville, et bien sûr le blocage des voies ferrées qui traversent Kahnawá:ke qui s’est maintenu durant un mois. Sur l’île et autour, l’engagement des colons dans #ShutDownCanada a pris plusieurs formes, notamment le sabotage clandestin d’infrastructures ferroviaires, des manifestations et du vandalisme sur les propriétés de la GRC et de multiples blocages de voies ferrées, dont l’un a duré quelques jours.

Après ces événements, la lecture des propositions amenées par Inhabit et Rattachements a été particulièrement déstabilisante. Ces deux textes sont des représentations d’une pensée politique issue de communautés aux États-Unis et du Québec, fortement influencée par les écrits du Comité Invisible en France et par les mouvements autonomistes européens. Cette tendance politique est parfois qualifiée de tiqqunienne, d’appeliste ou d’autonomiste. Il s’agit d’une orientation politique qui a beaucoup d’influence sur une frange de ceux et celles qui ont participé à l’organisation des actions initiées par des colonsiii à Montréal l’hiver dernier, et ces deux textes semblent être des points de référence importants pour ces personnes. Malheureusement, le début de la pandémie a étouffé ce qui aurait pu être une occasion d’analyser plus en profondeur certaines des différences politiques entre ceux et celles d’entre nous qui se sont organisés ensemble cet hiver-là. Je voudrais clarifier mon désaccord avec la stratégie anticoloniale (ou bien l’absence de) mise de l’avant par Inhabit et Rattachements. J’espère que lors des futurs moments de solidarité et de coalition large comme celui que nous avons vécu l’hiver dernier, nous pourrons avoir une meilleure compréhension des limites de notre potentiel de collaboration. J’espère également que l’engagement critique à l’égard de l’analyse proposée par ces textes arrivera à limiter la manière dont ils influencent la stratégie de solidarité anticoloniale qui guide les actions des colons au cours des années à venir.

Rattachements

S’opposant aux courants dominants de la lutte écologiste (d’un côté les militants qui demandent au gouvernement d’agir pour sauver l’environnement, et de l’autre les individus qui modifient leurs pratiques de consommation pour faire de même), les auteur.e.s de Rattachements proposent une nouvelle approche pour faire face à la crise environnementale et au capitalisme colonial. Cette nouvelle approche consiste à bâtir une « écologie de la présence » par la construction de communesiv. Les auteur.e.s posent le projet de reconnexion avec ce qui « leur a été arraché » dans un sens à la fois matériel et spirituel. Ils souhaitent habiter véritablement le territoire, à partir duquel ils pourront s’attaquer aux rouages du capitalisme tout en y construisant de nouvelles formes de vie. Leur compréhension du problème repose sur le précepte qu’ils n’ont pas choisi d’être jetés dans un monde voué à sa propre destruction, un monde structuré par le capitalisme colonialv, dans lequel leurs « affects sont capturés » et leur lien avec la terre a été rompu.

Les auteur.e.s avancent que « défendre les territoires veut nécessairement dire apprendre à les habi­ter et inversement, habiter vraiment nécessite de défendre les territoires ». Ce faisant, ils affirment que leur rattachement à la terre est un précurseur et une partie intégrante de la lutte anticoloniale. Une « écologie de la présence », écrivent-ils, se retrouve dans le rapport entretenu entre les peuples autochtones et leurs territoires, notamment dans la résistance des zapatistes contre le gouvernement mexicain et à travers l’autonomie matérielle et territoriale Kanien’keha:ka. Cependant, dès le départ, les auteur.e.s rejettent la position sociale comme outil d’analyse. Ils semblent penser que leur propre leur posture de sujets au sein des systèmes de domination n’est pas pertinente pour leur analyse ou pour l’élaboration de leurs stratégies de résistance contre ces systèmes. Les auteur.e.s sont pourtant des colons qui s’adressent (principalement) à d’autres colons. L’abstraction qu’ils emploient est donc dangereuse : ils poursuivent en disant que « c’est lorsque des communautés affir­ment qu’elles font elles-mêmes partie de ce territoire, de cette forêt, de cette rivière, de ce bout de quartier, et qu’elles sont prêtes à se battre, que la possi­bilité politique de l’écologie apparaît clairement ». Cette déclaration peut facilement être comprise comme un appel aux colons à se définir comme faisant partie du territoire s’ils veulent pouvoir le défendre, ou à tout le moins, à se poser sur un pied d’égalité avec les Autochtones lorsqu’il s’agit de penser à quoi devrait ressembler l’avenir du territoire colonial. Que ce soit l’intention ou non, cela ouvre la porte à comprendre l’auto-autochtonisation des colons comme une stratégie décoloniale. Dans une société fondée sur le colonialisme de peuplement comme le Québec ou le Canada, l’État existe en grande partie pour garantir l’accès des colons à la terre, et les Autochtones sont toujours une menace pour cet accès. C’est à la fois l’histoire passée et actuelle de toutes les sociétés de colons. Nous n’avons pas à chercher bien loin pour trouver des exemples où un rapport au territoire se rapprochant d’une « écologie de la présence » a été efficacement mis en pratique par des colons contre les populations autochtones. 

Prenons, par exemple, l’histoire des chasseurs blancs de Mi’kma’ki (dans les montagnes Chic-Chocs en Gaspésie, plus précisément) qui, en 2004, se mobilisaient déjà contre l’incursion de l’exploitation forestière dans la région et qui, ayant chassé sur le territoire pendant un certain temps et se sentant plutôt liés au territoire (voir « faisant partie du territoire »), étaient confrontés à une nouvelle menace : l’établissement d’une « zone contrôlée par les Mi’kmaq qui offrirait des activités de plein air payantes » (une « pourvoirie »). Ce nouveau projet menaçait leur capacité à chasser gratuitement. En réponse à cela, alors qu’ils se réunissaient dans une « tente communautaire » sur le territoire, les chasseurs blancs ont concocté un plan pour s’identifier en tant qu’Autochtones afin de légitimer leurs revendications de rattachement à la terre. Ils ont fondé une organisation qui allait être appelée la Nation métisse du Soleil levant, et ont réussi à empêcher la création de la pourvoirievi. Cette histoire n’est pas une exception en Amérique du Nord, mais plutôt un exemple d’un phénomène répandu où les colons, se sentant très attachés à la terre sur laquelle ils vivent (et ayant même parfois des penchants communaux), se sentent poussés à défendre leur contrôle sur le territoire envers ce qui le menace, incluant les Autochtones ayant leurs propres revendications et relations préexistantes à ce même territoire. Cela implique souvent de revendiquer une identité autochtone, mais ce n’est pas forcément le cas. L’acquisition continue des terres par les colons et l’enracinement de l’idée que la terre leur appartient est au cœur de l’avancement du colonialisme, que la possession soit basée sur la propriété (j’ai l’acte de propriété et donc c’est à moi) ou la spiritualité (je connais la terre, je me sens lié à la terre, et donc j’y ai ma place).  

En examinant d’autres contextes coloniaux, nous pouvons trouver davantage d’exemples des risques posés par l’établissement de projets communaux entrepris avec des objectifs politiques radicaux. Le mouvement des kibboutz en Palestine, par exemple, raconte l’histoire de communes auto-organisées créées à partir du début des années 1900, lors de la deuxième vague d’arrivée de colons juifs fuyant les pogroms d’Europe de l’Est. Les colons du premier kibboutz avaient des idéaux anarchistes d’égalitarisme, rejetaient la « structure socio-économique d’exploitationvii » des fermes établies par la première vague de colonisation, et espéraient miner l’économie capitaliste en développant leurs communes. Ils ont cherché à établir « une communauté coopérative sans exploiteurs ni exploitésviii», ce qu’ils ont fait en 1910 après avoir obtenu l’accès à des terres « qui avaient été récemment achetées par la Palestine Land Development Company au Fonds national juif ix». Cette première ferme a connu un tel succès que « bientôt, des kvutzot ont été créés partout où des terres pouvaient être achetéesx ». Ces communes, tout en se considérant comme une alternative viable et une menace considérable pour le mode de production capitaliste, servaient également la colonie sioniste de Palestine. Aujourd’hui, elles sont communément considérées comme une partie importante de l’histoire nationale d’Israël, et environ 270 colonies existent toujours (bien que leur organisation interne et leur caractère anarchiste se soient considérablement transformés) dans le territoire occupé. Il est clair que si les idéaux anarchistes et anticapitalistes de ces projets peuvent être inspirants, le contexte colonial appelle à prêter attention aux impacts de la colonisation sur les peuples autochtones, et pas seulement aux idéaux ou à la politique interne des communesxi.

Land back ou Retour à la terre ?

L’analyse proposée par Rattachements s’appuie sur une compréhension du monde selon laquelle les colons ont eux aussi été dépossédés de leur rapport au territoire, à la spiritualité et au savoir. C’est sur la base de ce principe que les auteur.e.s tentent d’inciter d’autres colons à passer à l’action. Le zine, écrit et circulant dans des cercles sociaux dominés par des colons blancs aux politiques radicales variées, postule que la solution à la crise écologique réside dans la capacité de ces milieux (là encore, principalement des colons) à créer des communes. Ces communes pourront alors établir une autonomie matérielle et politique en rendant les espaces (terrains, friches, bâtiments, églises, maisons et parcs) « habitables ». En d’autres termes, les auteur.e.s proposent de s’installer et de squatter en commun le territoire, qu’il ait déjà été investi par d’autres colons ou non, en affirmant qu’il s’agit d’une nécessité stratégique plutôt que d’un simple choix de mode de vie.

Je crois moi aussi que le capitalisme est un système qui nous aliène les un.e.s des autres et des êtres vivants dont nous dépendons. Et pourtant, je crois que nous devons être plus spécifiques : le capitalisme colonial a créé un territoire où, dans l’ensemble, les colons possèdent les terres et disposent des ressources ainsi que d’une relative liberté pour établir divers rapports avec le territoire. Cela se fait au détriment des peuples autochtones, qui ont été dépossédés de leurs terres, de leurs langues, cultures et spiritualités, qui sont directement reliées à ces terres et qui orientent leurs relations au territoire. Rattachements suggère qu’une partie cruciale de la lutte écologique anticapitaliste/anticoloniale consiste à modifier les relations affectives et spirituelles que les colons entretiennent avec le territoire, dans un contexte où notre relation matérielle avec la terre – celle de la propriété, de l’appropriation et du vol – reste inchangée et fondamentalement coloniale. Un groupe de colons achetant ensemble une maison communale en dehors de la ville dans le cadre d’une stratégie d’écologie révolutionnaire a très peu à voir avec la réoccupation par les peuples autochtones de leurs territoires ancestraux. Ce deuxième cas s’oppose directement au développement colonial et à la destruction de l’environnement, et il s’inscrit dans une tradition de résistance autochtone au déplacement et au génocidexii. Le premier se reconnaît à tort comme partageant en quelque sorte quelque chose avec cette tradition, alors qu’il est rendu possible par (et se rapproche bien plus) des générations d’empiètement et d’expansion coloniale.

Ce qui brille par son absence dans le programme de lutte écologique proposé par Rattachements, c’est un appel explicite à la restitution des terres aux communautés autochtones. Au lieu de cela, ses auteur.e.s demandent implicitement une présence accrue de leurs milieux (composés majoritairement de colons) sur ces terres, en partie pour arriver à potentiellement soutenir les luttes autochtones. Malgré la reconnaissance du fait que des terres ont été volées (et l’éloge des relations entre les peuples autochtones et le territoire en tant qu’exemples à suivre pour les lecteurs du zine), il manque dans Rattachements la proposition selon laquelle le retour des terres aux communautés autochtones, « Land Back » au sens littéral et matériel du terme, est une pièce centrale de la lutte écologique, et devrait être priorisé face à l’accélération d’un retour à la terre par les colons. Dans le Land Back Red Paper publié en 2019 par l’Institut Yellowhead, les auteur.e.s nous disent que « la question du retour de la terre [Land back] n’est pas seulement une question de justice, de droits ou de “réconciliation” ; la juridiction autochtone peut en effet contribuer à atténuer la perte de biodiversité et la crise climatique. […] La gestion à long terme des terres permet une réévaluation, une planification et une adaptation constantes ». Cela conduit à une protection efficace de la biodiversité et à un espoir contre le changement climatique grâce à des visions du monde culturellement spécifiques, transmises de génération en génération par une présence avec et dans la défense de la terrexiii

Le fait que les colons développent des relations (spirituelles ou affectives) avec le territoire qu’ils occupent n’est pas une condition préalable nécessaire à la décolonisation. Le fait que les colons décident de prioriser l’établissement de ces nouvelles relations avec la terre ne nous rapproche pas de la décolonisation. En posant les relations spirituelles ou affectives des colons avec la terre comme un élément important des luttes anticoloniales, on détourne et déforme notre capacité à se concentrer sur les problèmes beaucoup plus centraux posés par l’État colonial canadien. La dépossession territoriale des peuples autochtones est un élément partiel, mais crucial, de la lutte contre le colonialisme et contre les changements climatiques. Indépendamment des visées politiques des colons, nos relations avec le territoire sont le plus souvent construites sur une tactique de propriété foncière, en raison de la relative facilité d’accès aux moyens financiers ou au capital social qui permettent l’accès à la terre. Je pense, par exemple, aux nombreux projets fonciers collectifs qui ont été lancés par des colons radicaux au soi-disant Québec, et qui impliquent tous la propriété de la terre. Penser à construire une spiritualité fondée sur un rapport au territoire, mais à partir d’une propriété foncière n’a pas de sens. Ce sont des rapports coloniaux au territoire qui sont alors induits, et non pas révolutionnaires. En d’autres termes, la relation entre les colons et la terre doit d’abord être transformée matériellement, pas spirituellement ou affectivement. Les peuples autochtones ont déclaré que « Land Back » leur donnera le pouvoir de reconstruire leurs connaissances, leurs langues, leur culture et leur autonomie. C’est la substance même de la décolonisation : il est crucial que les peuples autochtones soient libres de se développer et de se réapproprier leurs relations avec le territoire, plutôt que les colons ne prennent sur eux de le faire à leur place.

Sur Inhabit et l’autonomie territoriale des colons

Dans Inhabit, un texte provenant des réseaux appelistes/tiqqunniens/autonomistes aux soi-disant États-Unis, le désir du territoire est élargi. L’horizon articulé dans Inhabit repose sur l’extension et la multiplication des communes isolées proposées dans Rattachements. Mais contrairement à Rattachements, dont les auteur.e.s prétendent être engagé.e.s dans leur propre compréhension d’une politique anticoloniale, Inhabit n’articule pas du tout de politique anticoloniale. Ce n’est pas nécessairement surprenant, dans la mesure où les politiques anticoloniales semblent être moins présentes dans les milieux radicaux de colons aux États-Unis qu’au Canada, mais cela reste un écueil importantxiv. « Notre but est l’établissement de territoires libérés – le prolongement, de loin en loin, de zones ingouvernables. De lignes de faille parcourant l’Amérique et conduisant vers le haut lieu de l’autonomie ». Tout comme les colons expansionnistes lors de la conquête de l’Ouest américain, les auteur.e.s d’Inhabit proposent une meilleure manière d’utiliser le territoire et suggèrent de transformer, à leur image, les espaces qui ne sont pas encore mis au service de leur révolution. En d’autres termes, on peut lire les auteur.e.s d’Inhabit comme mettant de l’avant leur propre vision de la Destinée manifestexv : l’expansion de leur rapport au territoire, des lignes de faille se déplaçant sans entraves à travers une vaste Amérique du Nord vide et non-revendiquée. Peut-être en suivant les chemins de fer qui les ont précédés ?

Les auteur.e.s d’Inhabit semblent incapables ou peu interessé.e.s à problématiser le contexte colonial américain. À l’exception de la mention d’une interaction fortuite entre les colons et les familles autochtones dans des contextes où ils sont déjà des camarades, les questions de la race et du colonialisme sont absentes de leur texte. La réticence des auteur.e.s à s’engager face aux communautés autochtones et au contexte colonial dans lequel ils s’inscrivent trahit leur compréhension coloniale du territoire. En proposant une expansion du territoire sans se soucier des revendications territoriales préexistantes qui recouvrent déjà ce continentxvi, Inhabit interpelle ses lecteur.trice.s à partir de l’imaginaire du projet national de l’État colonisateur américain: from sea to shining sea [la référence à l’imaginaire national disparait dans la traduction québécoise]. « Construire l’infrastructure qu’il faut pour soustraire le territoire à l’Économie », pressent-ils. Mais la terre n’a jamais été qu’un simple territoire, et les colons qui l’occupent ont bien plus souvent donné l’impression de la soustraire aux peuples autochtones qu’à l’économie. Il suffit de se tourner vers le sud des États-Unis pour voir comment, par exemple, le fait que des blancs squattent des terres « vacantes » était une conséquence intentionnelle du processus d’attribution de terres aux Autochtones loin de leurs communautés. Les États-Unis comptaient sur le fait que ces communautés seraient incapables d’empêcher les squatteurs de s’installer et de prendre possession de leurs terres. « Que ce soit un espace dans le quartier ou une cabane dans la forêt. Squatter, s’il faut : un terrain, un local, un immeuble abandonné. Il n’y a pas d’espace trop petit, ni trop grand. » Inhabit réoriente la pensée et les stratégies en partant de contextes très différents des leurs (le mouvement des squats en Europe, notamment) et tente de mettre de l’avant des stratégies supposément libératrices pour « habiter » l’espace qui ne font que renforcer l’accès des colons à la terre et leur contrôle. 

La fuite de l’identité

Dans un compte-rendu publié en octobre 2020 intitulé Chasse à la chassexvii (traduit par Hunting the Hunt dans la version anglaise publiée sur le site Territories d’Inhabit), les auteur.e.s (basé.e.s au Québec) reviennent sur le temps qu’ils ont passé à soutenir les communautés anishinabeg qui luttent pour un moratoire sur la chasse à l’orignal sur leur territoire. Ils concluent leur résumé de la situation par la réflexion suivante : « Ce serait une illusion confinant à l’impuissance de penser que nous ne saurions être et paraître autrement que comme des colons illégitimes, indépendamment de “comment” nous entendons habiter ce qui reste du monde »xviii.

 Je trouve surprenant que l’une des conclusions les plus pressantes à tirer de l’organisation en solidarité avec une communauté autochtone soit la nécessité d’échapper à « l’identité » de colon qu’elle fait apparaître. Il me semble que la crainte d’être considéré comme un « colon illégitime » est ce qui motive en partie leurs rejets de la position sociale qu’ils occupent et qui, à son tour, mine leur analyse. Je ne prétends pas que les auteur.e.s n’ont rien à apporter à la lutte anticoloniale parce qu’ils sont des colons. Cependant, je suis en désaccord avec l’importance qu’ils octroient au fait de ne pas être perçu comme des colons, plutôt que d’évaluer quelle est la contribution la plus efficace qu’ils pourraient apporter à la lutte anticoloniale. Leur positionnement de colons dans une société coloniale doit nécessairement faire partie de cette évaluation. Ce rejet de la position sociale est visible dans Inhabit, dans la mesure où la race et le colonialisme y sont invisibles. Dans Rattachements, il n’est visible que comme une chose que les écrivain.e.s fuient : « Extase : béatitude provo­quée par une sortie, un décalage par rapport à ce qu’on nous a fait comme “soi”, comme “position sociale”, comme “iden­tité” ». Dans leur empressement à rejeter les politiques identitaires et à mettre en relation « l’identité » et la position sociale, les auteur.e.s sabotent la lentille qui leur permettrait d’analyser notre contexte de manière plus globale et précise. Ce faisant, leur analyse tombe à plat et ils se condamnent à une approche limitée, affirmant que s’il est stratégique et possible pour les peuples autochtones de construire une autonomie territoriale, il doit être tout aussi stratégique, possible et subversif pour les colons de faire de même.

Le blocus ferroviaire de Saint-Lambert était une action de plusieurs jours, organisée par des colons et réalisée principalement par des colons, qui s’est déroulée l’hiver dernier au cours du mouvement #ShutDownCanada. Cela aurait pu être une occasion d’expliquer de manière proactive et explicite pourquoi nous, les colons, pensions qu’il était important de répondre à l’appel à des actions de solidarité tel que nous l’avons fait, et d’encourager d’autres milieux radicaux de colons à faire de même. Cela aurait pu être très utile dans un contexte où certains alliés des luttes autochtones hésitaient à organiser ou à participer à des actions initiées par des colonsxix. Malheureusement, cette approche de communication proactive n’a pas été adoptée pour diverses raisons, notamment le manque de cohésion politique entre les personnes qui ont organisé l’action de blocage. Au bout du compte, les communications émanant du blocage sont demeurées vagues quant à l’origine des personnes présentes et la stratégie de communication au terme du blocage a manqué l’occasion de parler en tant que colons, à d’autres colons, sur ce que nous pouvions faire pour intervenirxx. Le fait d’obscurcir notre position a permis aux médias grand public d’utiliser plus facilement le fait que nous n’étions pas Autochtones, ce qui les a aidés à retourner l’opinion publique contre nous sans devoir utiliser un argumentaire ouvertement raciste. Notre manque d’analyse claire a également laissé au Premier ministre François Legault la possibilité de nous séparer des autres blocages, parce que nous n’avons pas su expliquer comment nous nous percevions par rapport à eux. Bien sûr, les flics connaissaient depuis le début la démographie des personnes présentes et ont agi en conséquence. Cette approche ne présentait donc aucun avantage tactique, et nous avons perdu l’occasion de présenter une analyse claire et décisive sur les raisons pour lesquelles d’autres colons devraient prendre les risques que nous (ainsi que de nombreuses communautés autochtones) prenions à l’époque. Je crains que le fait d’éviter d’aborder de front les questions de positionnement social et de rôle des colons dans la lutte anticoloniale ne nous conduise à faire des choix similaires à l’avenir.

Inhabit et Rattachements partagent une volonté de produire des affects chez leurs lecteurs les incitant à se considérer comme emplis de pouvoir et de possibilités. Dans cet objectif, ils encouragent les lecteurs à rejeter la culpabilité ou le sacrifice et à se comprendre comme des protagonistes centraux de la lutte. Pour Rattachements, cela se traduit par l’encouragement des lecteurs à se considérer comme « ni coupables ni victimes » de la crise écologique. Cette aversion pour le sacrifice de soi, dans le sens où l’on est prêt à renoncer à quelque chose, nécessite de nier que le colonialisme, ainsi que d’autres moteurs de la crise, continue à nous profiter. Il s’agit d’une évasion préventive de la culpabilité potentielle d’être un colon : nous ne devons pas nous comprendre comme les sujets qui profitent de l’appropriation génocidaire des terres des populations autochtones. Cette impulsion est liée à un rejet de la politique identitaire, et bien que je ne suggère pas d’embrasser une culpabilité démobilisatrice face aux horreurs passées et présentes, je pense que c’est une nécessité à la fois stratégique et éthique de refuser d’ignorer les conditions qui produisent cette culpabilité. Lorsque nous reconnaissons le mode de vie que le colonialisme continue à produire pour les colons et que nous essayons de trouver les causes de cette disparité manifeste, nous nous dotons d’une compréhension du contexte dans lequel on souhaite intervenir, qui est indispensable pour le transformer de manière efficace. Lorsque nous fuyons les sentiments produits par cette disparité en rejetant une étiquette, on pourrait en venir à croire que nous pouvons nous extirper des structures réelles par un acte de pensée ou de magie. Ce sont les conditions matérielles qui doivent être combattues, et non les affects qu’elles produisent.

À partir de là?

Les auteur.e.s de Inhabit et Rattachements pourraient penser que le rejet, sur la base de leur positionnement social, de leurs stratégies respectives d’autonomie territoriale ou de construction d’une autonomie matérielle par l’établissement de communes sur les territoires est essentiellement un refus de construire un mouvement fort – une concession aux effets démobilisateurs des politiques alliées. Au contraire, je pense que ce refus est un choix à la fois éthique et stratégique, à partir duquel il nous faut développer une stratégie révolutionnaire plus forte et résolument anticoloniale. Cela n’affaiblit pas nos mouvements de se détourner de la construction de l’autonomie territoriale pour des communautés principalement composées de colons, si ce vers quoi nous nous tournons est une plus grande attention à la reconstruction continue de l’autonomie territoriale pour les peuples autochtones avec lesquels nous cherchons à être en lutte. Ce qu’il faut, c’est éviter de considérer les colons comme le sujet central de la lutte anticoloniale révolutionnaire et reconnaître que si les positions à partir desquelles nous luttons sont différentes, les chemins que nous prenons doivent également l’être. Toute analyse sérieuse du colonialisme canadien doit considérer les centaines d’années de luttes autochtones contre le capitalisme et l’État comme pertinentes et, à bien des égards, déterminantes pour les chances de succès de ces communautés dans la construction de leur autonomie territoriale. Cette même analyse notera la différence entre cette histoire de lutte et celle des mouvements radicaux de colons dans le soi-disant Canada.

Si nous prenons réellement au sérieux la question de l’autonomie territoriale, nous saurons que cela implique bien plus qu’un « réseau de points de convergences » que nous avons loués, squattés ou construits dans la forêt, ou qu’une constellation de maisons communales en campagne. L’autonomie territoriale, si elle est considérée comme une stratégie de destruction du capitalisme et de l’État, comprend le travail à long terme de développement de zones où les flics ne peuvent pas aller, où l’on peut trouver les moyens de soutenir et de reproduire ceux qui y vivent, où un grand groupe de personnes engagées et connectées de tous âges a les moyens et la nécessité de défendre ce territoire, sur plusieurs générations. Nous pouvons regarder là où ce travail a déjà été fait depuis des centaines d’années pour en voir des exemples : le territoire de Wet’suwet’en, Elsipogtog, le lac Barrière, Six Nations, Tyendinaga, Kahnawá:ke et Kanehsatà:ke. Dans l’ensemble, ce travail n’a pas été effectué depuis des centaines d’années par des communautés allochtones : nous partons de zéro, et donc même si la priorité donnée à notre propre autonomie territoriale semblait éthique, elle ne serait probablement pas stratégique, car les communautés de colons dans une société fondée sur le colonialisme de peuplement ont beaucoup moins de conflits structurels avec le système colonial. Cela ne nous rend pas plus faibles de donner la priorité à la lutte pour l’autonomie territoriale des communautés dont nous ne faisons pas partie. Cela nous rend plus fort.e.s si, ce faisant, nous établissons des relations qui contribuent à des contextes révolutionnaires dans lesquels les objectifs des réseaux révolutionnaires des colons convergent avec ceux des groupes autochtones anticoloniaux. Vers un potentiel plus fort de lutte commune contre l’État colonial.

Notre politique environnementale doit mettre au premier plan les réponses matérielles à la dépossession des terres des peuples autochtones, pour le bien de la planète et dans le cadre d’un engagement plus large en faveur d’une politique anticoloniale. Il est dangereux de glisser vers une politique d’un « retour à la terre », comme le fait Rattachements, car ces approches et ces projets, au mieux, nous détournent de notre objectif et, au pire, préparent le terrain pour le développement de revendications tordues des colons sur les terres autochtones. Ce genre de revendications va briser les relations que nous devrions chercher à établir avec nos alliés autochtones anticoloniaux et risque de renforcer les tendances réactionnaires des colons que nous devrions combattre. Si nous nous considérons comme visant à nous engager dans une lutte commune avec les communautés autochtones contre l’État colonial, nous saurons que nos mouvements gagnent en force lorsque nos camarades sont plus forts et que nos relations mutuelles sont solides.

Si nous nous concentrons sur les réalités matérielles du colonialisme et sur la manière dont il continue à structurer nos vies, nos options et nos ressources, nous pouvons développer des stratégies plus efficaces en nous demandant ce que nos différentes positions sociales permettent et interdisent, et comment nous pourrions mettre ces différences au service d’objectifs communs. Mike Gouldhawke explique que « les gens considèrent le colon comme une identité personnelle, mais il s’agit plutôt d’une relation catégorique entre un sujet social et les États coloniaux »xxi. Comme le dit La Paperson, le terme de colon (et d’Autochtone, et d’esclave) décrit « des relations de pouvoir par rapport à la terre. Il se rapproche d’identité, mais ce n’est pas une identité en soi »xxii. Au lieu de tenter de fuir ces étiquettes, nous devrions faire un meilleur usage de notre temps et nous concentrer à transformer les conditions qui produisent ces rapports de pouvoir.

Le positionnement social comme seule lentille d’analyse pour développer une stratégie révolutionnaire est bien sûr insuffisant. Ce que les gens souhaitent voir advenir comme monde, quelles que soient leurs vies actuelles, relève d’une importance indéniable. Nous devons toutefois être capables de voir et de comprendre les différentes réalités matérielles de ceux qui nous entoure si on souhaite voir ces réalités se transformer dans l’avenir que nous voulons construire ensemble. Voir ces réalités pour ce qu’elles sont, et pourquoi elles sont, nous montre que les relations que les colons établissent avec la terre sont bien moins importantes que celles que nous arrivons à démanteler. Il est évident que soutenir la résurgence de l’autonomie territoriale autochtone doit être une priorité plus importante que de construire notre propre autonomie territoriale. La question qui se pose alors est de savoir comment construire et maintenir des formations qui peuvent offrir un soutien et une solidarité sur le long terme aux populations autochtones qui luttent contre l’État colonial, et comment cultiver au mieux une politique qui continuera à répondre aux contextes, relations et terrains changeants de cette lutte commune pour l’autodétermination et la fin du capitalisme, du colonialisme et du Canada.

Réflexions? anotherword@riseup.net


i Rattachements est disponible en français ici: https://contrepoints.media/fr/posts/rattachements-pour-une-ecologie-de-la-presence et en anglais ici : https://illwilleditions.com/re-attachments/

ii Inhabit est disponible en anglais ici : https://inhabit.global et en français ici : https://contrepoints.media/fr/posts/habiter-instructions-pour-lautonomie . La traduction québecoise d’Inhabit est sortie le 15 février 2021. Je pense qu’il est nécessaire de sougligner qu’une modification importante a été apportée à cette version québecoise sans note de traduction ni explication. À la phrase « Les terres sont rendues à l’usage commun », les traducteurs.trices ont ajouté « et aux Autochtones, en premier lieu ». De ma perspective, ce changement vise à cacher l’absence d’une analyse anticoloniale dans le texte original. Clairement ce petit ajout ne règle pas les problèmes majeurs de l’analyse en général, mais il pourrait faire en sorte que les lecteurs présument l’existence d’une analyse anticoloniale dans le texte de départ, ce qui n’est pas le cas.

iii Pour être clair, moi et beaucoup d’autres, nous nous sommes vus comme des « initiateurs » d’actions spécifiques en réponse à des appels à l’action explicites, dans des contextes changeants qui, selon nous, l’exigeaient et, dans le cas des blocages ferroviaires du moins, étions très clairement inspirés par des initiatives autochtones déjà en cours. J’utilise l’expression « initié par des colons » non pas pour m’attribuer le mérite des événements de ce qui était très clairement un mouvement dirigé par des autochtones, mais plutôt pour noter qu’il y a une réelle différence entre les actions considérées par les partisans et les adversaires comme étant prises par les communautés autochtones et celles reconnues comme des actions de solidarité des colons. 

iv Il convient de noter que les communes qu’ils décrivent sont essentiellement des lieux où il fait bon vivre, où les gens partagent des repas et des activités quotidiennes et se parlent, et pas nécessairement des communes à une échelle où elles produiraient une réorganisation significative de l’économie ou de la reproduction sociale. Il est raisonnable de supposer qu’un changement d’échelle est souhaité.

v Ce qu’ils appellent modernité coloniale.

vi https://maisonneuve.org/article/2018/11/1/self-made-metis/

vii Page 17 de A Living Revolution: Anarchism in the Kibbutz Movement par James Horrox

viii A Living Revolution p. 18

ix A Living Revolution p. 18

x A Living Revolution p. 19

xi Un autre exemple de ce type d’établissement communal dont j’ai pris connaissance durant la rédaction de ce texte est l’établissement socialiste finlandais de Sointula, situé sur le territoire de la Première nation ‘Namgis. Le village a été établi au début des années 1900 sur l’île Malcolm, en soi-disant Colombie-Britannique.

xiihttps://briarpatchmagazine.com/articles/view/100-years-of-land-struggle

xiii Je ne souhaite pas ici dépeindre une vision romancée des peuples autochtones comme n’exploitant jamais la terre, tel que le Red Paper nous met en garde contre cette pratique à la page 60. Je souhaite plutôt nous rappeler que sans la capacité des peuples autochtones à gérer la terre, la destruction du capitalisme nous laisserait encore sans les connaissances intergénérationnelles nécessaires pour en prendre soin de manière efficace. https://redpaper.yellowheadinstitute.org/wp-content/uploads/2019/10/red-paper-report-final.pdf

xiv À l’inverse, les critiques de l’esclavagisme et du racisme anti-noir sont souvent mal intégrées dans les analyses émanant des réseaux radicaux au Canada par rapport aux États-Unis. Il est d’autant plus grave qu’Inhabit ne fasse pas non plus référence à ce type de critique ou d’analyse.

xv La Destinée manifeste (Manifest Destiny en anglais) est une expression apparue en 1845 qui désigne la croyance calviniste selon laquelle les États-Unis sont investis d’un droit divin à l’expansion territoriale et à la colonisation dans l’Ouest américain et ailleurs dans le monde.

xvi Par revendications territoriales préexistantes, je parle à la fois des revendications territoriales autochtones et des revendications de longue date de groupes tels que la Republik of New Afrika.              https://newafrikan77.wordpress.com/2016/04/20/new-afrikans-and-native-nations-roots-of-the-new-afrikan-independence-movement-chokwe-lumumba/

xvii Disponible en francais ici : https://contrepoints.media/posts/chasse-a-la-chasse-recentes-mises-en-acte-de-la-souverainete-anishinabee et en anglais ici : https://territories.substack.com/p/hunting-the-hunt

xviii Il est important de noter que les versions anglaise et française diffèrent de manière significative. Que ce soit en raison d’importantes erreurs de traduction ou de changements intentionnels en prévision d’un lectorat anglophone américain, la phrase la plus proche dans la version anglaise est la suivante “The question of how to inhabit concerns any living being in any given place.” Il s’agit d’une différence majeure.

xix #ShutDownCanada était un mouvement massif, large et hétérogène mené par des Autochtones. Un grand catalyseur a été le raid militarisé de la GRC sur les défenseurs des terres de Wet’suwet’en qui protégeaient leur lieu de vie contre la construction du gazoduc Coastal Gas Link l’hiver dernier. Dans ce contexte, un certain nombre d’appels explicites à des actions de solidarité ont été lancés, notamment par les chefs héréditaires Wet’suwet’en et par des camps spécifiques sur ces terres, comme le point de contrôle de Gidimt’en. Malgré ces appels à l’action très clairs et explicites, je pense que l’hésitation de certains colons alliés à participer à des actions de solidarité initiées par des colons vient en partie de la conviction que toutes les actions doivent être soit dirigées par des Autochtones, soit explicitement approuvées par un Autochtone. Je pense que les critiques des Autochtones sur la façon dont les colons participent à l’organisation anticoloniale sont importantes. Je pense qu’il est crucial de tenir compte de la façon dont les actions d’une personne peuvent être perçues par les communautés autochtones ou avoir des conséquences pour elles lorsqu’on planifie des actions de solidarité. Cependant, sacrifier les principes de sécurité de base du « besoin de savoir » pour obtenir l’approbation des Autochtones sur une action risquée lancée par les colons semble être une forme assez flagrante de tokenisation. Le fait que nos communautés d’organisation à Montréal soient souvent composées en majorité ou exclusivement de colons est une question qui doit être examinée et traitée à un niveau plus fondamental, plutôt que de tenter de le cacher en cherchant à obtenir une approbation de nos choix après coup. Je peux me tromper, mais mon hypothèse sur ce qui s’est passé l’hiver dernier était que certains colons sympathisants ou alliés de #ShutDownCanada s’inquiétaient des risques de participer à des actions de solidarité et utilisaient le fait que certaines actions étaient initiées par des colons pour éviter de devoir prendre des risques et se joindre au blocus. Je pense que c’est regrettable et que cela doit être changé en partie par une analyse anticoloniale plus claire de la part des réseaux de colons.

xx Il existe peu de traces des discours prononcés devant les médias, mais en voici un exemple: https://contrepoints.media/en/posts/declaration-du-blocage-de-saint-lambert-declaration-from-the-saint-lambert-blocade

xxi https://twitter.com/M_Gouldhawke/status/1345150065103388673

xxii https://manifold.umn.edu/read/a-third-university-is-possible/section/e33f977a-532b-4b87-b108-f106337d9e53

Quebec.wingism et leur entourage

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Juil 122021
 

De Montréal Antifasciste

Avertissement : cet article contient des éléments de racisme, d’homophobie et de transphobie extrêmes.

Il y a de cela presque exactement un an, Montréal Antifasciste publiait un article portant sur le Front canadien-français (FCF), un groupe nationaliste réactionnaire qui nous était jusque-là encore inconnu. Dans cet exposé, nous avions intégré une liste d’une dizaine de pages de mèmes associées à l’entourage du FCF qui reprenaient des thèmes classiques de l’extrême droite : anti-immigration, antiféministe, anti-LGBTQIA+, avec pour courant central un ultra-catholicisme arriéré aux forts accents de nationalisme blanc. Avec des noms comme « Mèmes evangéliste Duplessiste » et « Mèmes clérico-nationalistes du Canada français », ces pages offrent à des militant·e·s d’extrême droite un moyen commode de relayer à leurs abonné·e·s (et plus largement) un éventail de discours réactionnaires et souvent racistes, comme la tristement célèbre théorie du complot du « grand remplacement » et de nombreuses autres constructions analogues qui participent à la déshumanisation de différents groupes de personnes (immigrantes, noires et/ou racisées, LGBTQIA+, féministes, etc.).

La page Quebec.wingism, lancée sur Instagram en janvier 2020 (d’abord sous le nom Rightwingism.quebec), s’apparente aux pages de mèmes mentionnées ci-dessus, autant sur le plan esthétique que sur le plan du contenu politique. Bien que les mèmes, par définition, soient conçus pour être largement diffusés, il n’est pas rare que certaines pages reproduisent plus ou moins à l’identique le concept, le style et la teneur de pages existantes. C’est notamment le cas de Quebec.wingism, qui a repris le modèle d’autres pages « wingism », un phénomène né de l’activité du mouvement alt-right en ligne. Entre autres choses, deux articles déjà publiés au sujet de ce phénomène (par The Gauntlet, 2018, et AntiHate.ca, 2021) nous apprennent que la toute première page « wingism » a été créée au Canada par un étudiant de l’Université de Calgary.

Le format de ces pages est le suivant : il y a habituellement plusieurs admins, identifiés seulement par la première lettre de leur nom, et bien que ces pages se targuent d’offrir une plateforme à un large éventail d’idées politiques, elles sont généralement bien campées à l’extrême droite de l’éventail politique (de l’éconationalisme au fascisme) en intégrant parfois des éléments de l’iconographie nazie pour faire bonne mesure. Un nombre important de ces pages semble s’articuler en partie autour d’une obsession pour la théorie du complot du « grand remplacement », d’un goût pour le fascisme et d’une haine féroce envers les personnes de couleur, les personnes LGBTQIA+ (en particulier les personnes trans et non conformes sur le plan du genre) et les féministes. Il semble que ce format se soit avéré facile à reproduire, puisque des individus dans différentes parties du monde s’en sont emparé en déclinant minimalement le contenu politique et la forme (surtout des mèmes passés au filtre fashwave/vaporwave et une iconographie héritée de l’alt-right) à leur contexte particulier, toujours avec un sous-discours nationaliste blanc. C’est ainsi que les pages « wingism » contribuent activement au développement et à la dissémination d’un mouvement culturel d’extrême droite en ligne.

Bien qu’Instagram ait supprimé certaines pages « rightwingism », plusieurs comptes n’ont eu aucune difficulté à ouvrir une nouvelle page en modifiant à peine le nom de celle-ci (il n’est pas rare, par exemple, de voir « v2 » ou « v3 » affixé à un nom, signifiant la première ou la seconde renaissance d’une page suite à son bannissement).

Qui sont les modérateurs et les sympathisants de Quebec.wingism? (passez directement à la galerie de portraits)

La page de mèmes Quebec.wingism a été créée dans ce même moule : des personnages fascistes et réactionnaires passés au filtre vaporwave/fashwave, une islamophobie décomplexée, des accents de nationalisme blanc et d’« ethnonationalisme », un racisme virulent, un antiféminisme primaire et une transphobie sardonique, le tout enveloppé d’un nationalisme québécois plus ordinaire. Les pages « wingism » se spécialisent dans le recyclage d’idées réactionnaires répulsives au moyen de filtres « cool » et de personnages de dessins animés « comiques », tout en se cachant derrière le déni plausible que confère un détachement ironique et une forte dose de confusionnisme. Si cette description vous donne l’impression que ce phénomène s’inspire largement des mystifications qui ont fait le succès du mouvement alt-right, on ne peut qu’être d’accord avec vous. Les pages « wingism » recyclent inlassablement les vieux mèmes poches de « Pepe » et les mêmes effets « basés » qui puent le racisme numérique de la période 2015-2019. En fait, l’alt-right n’est jamais disparu d’Internet; il n’a fait que muer.

… Poursuivre la lecture sur montreal-antifasciste.info

Victoire au 1492 Land Back Lane : le développement McKenzie Meadows est annulé

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Juil 042021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Après plus d’un an de réoccupation continue de la parcelle de terre sur laquelle était prévu un développement immobilier colon de plus de 200 maisons, les membres de la communauté de Six Nations ont réussi à forcer l’annulation du projet. Les défenseur.es de la terre Haudenosaunee et leurs complices occupaient le site de 25 acres depuis le 19 juillet 2020. Iels ont survécu à un raid policier, des douzaines d’arrestations, une surveillance constante de l’OPP et du SCRS, ainsi qu’à des ordonnances du tribunal venant de juges racistes. 

Le 1er juillet 2021, les célébrations du jour du Canada ont pris un autre coup de frappe lorsque  Foxgate Development, une coentreprise de Losani Homes et Ballantry Homes, a annoncé l’annulation de leurs projets et le remboursement des dépôts aux futurs propriétaires.  

Selon Skyler Williams, un porte-parole pour Land Back Lane:  

« Je crois que cela envoie un signal important aux communautés autochtones et à toute l’Île de la tortue. Ce type de gain est atteignable. Nous avons une opportunité de dire à la police fédérale et à la province que si notre communauté dit non aux développements, que ce soit des projets immobiliers massifs ou la destruction de ressources, si nous disons non et que nous sommes fermes, nous pouvons gagner. »

Malgré que les développeurs aient rasé le site avant le début de l’occupation, retirant toute verdure de la zone, les défenseur.es de la terre y ont replanté un verger, un jardin communautaire, et y ont construit des Tiny homes ainsi que deux petits bâtiments. Foxgate a mentionné que « l’évolution du projet d’installations temporaires à un site comprenant des bâtiments de nature plus permanente » était une raison de l’annulation de leur développement immobilier.  

L’annonce de l’annulation est une merveilleuse victoire partielle. La lutte n’est pas terminée: au moins cinquante personnes ont des accusations en lien avec l’occupation de Land Back Lane, et les gens continueront d’occuper le site tant qu’il est l’objet d’une injonction. Foxgate a aussi intenté une poursuite de 200 millions de dollars contre certain.es défenseur.es de la terre en avril 2021.  

« Nous prenons un moment pour célébrer ces gains, mais nous savons aussi que le travail ne fait que commencer », déclare Skyler Williams. « Nous sommes au pied de la montagne. » 

Land Back Lane collecte les dons pour les constructions et l’entretien de son camp. Vous pouvez envoyer des transferts à landback6nations@gmail.com.

Vous pouvez aussi faire un don au fond légal ici: https://ca.gofundme.com/f/legal-fund-1492-land-back-lane 

Solidarité avec les défenseur.es de la terre de Six Nations!

Solidarité avec les prisonniers anarchistes, libérez-les tous !

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Juin 192021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

À l’été 2020, trois lycéens – Bogdan Andreev, Denis Mikhaylenko et Nikita Uvarov, tous âgés de 14 ans – ont été arrêtés dans la ville de Kansk, dans la région de Krasnoïarsk en Sibérie, à l’intérieur des frontières revendiquées de l’État russe. Les trois garçons sont accusés d’avoir formé une organisation terroriste et d’avoir comploté, entre autres, de construire une maquette du siège de la police secrète russe (FSB) dans le jeu MineCraft puis de la faire exploser. De manière plus crédible, ils sont accusés de manifester leur solidarité avec Azat Miftakhov, un étudiant diplômé en mathématiques à Moscou et anarchiste, actuellement âgé de 28 ans. Miftakhov était initialement accusé d’avoir fabriqué une bombe fumigène qui avait été lancée dans un bureau du parti politique au pouvoir plus d’un an auparavant. Il a plus récemment été condamné à six ans de détention dans une colonie pénitentiaire. Andreev, Mikhaylenko et Uvarov sont tous en attente de jugement.

Le 13 juin, nous avons brandi une bannière intitulée « Solidarité avec les prisonniers anarchistes, libérez-les tous » devant le consulat de Russie à Montréal, situé au 3655 avenue du Musée. Nous avons fait cela en partie pour marquer l’occasion de la journée de solidarité avec Marius Mason et tous les prisonniers anarchistes à long terme du 11 juin, mais aussi pour signaler notre désir de garder à l’esprit la situation en Russie, où même de très jeunes personnes risquent d’entrer dans le système carcéral et, peut-être en conséquence, de ne plus en sortir.

Nos pensées vont à tous nos camarades entre les murs des prisons, anarchistes ou non.

Feu aux prisons !

De MTL à Sask : Longue vie à Cory Cardinal !

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Juin 162021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Cette semaine, nous avons été bouleversé.es d’apprendre la mort de Cory Cardinal à la suite d’une potentielle surdose. Suite à cette nouvelle, dans la nuit du 12 juin, nous sommes allées nous promener dans le quartier pour peindre les murs en sa mémoire.

Cory était un poète, un écrivain, un artiste et un activiste pour les droits des prisonniers membre de la Première Nation de Sturgeon Lake. Nous avons pris connaissance de son existence ainsi que de son travail dans le contexte des grèves de la faim qu’il a aidé à organiser en prison en Saskatchewan au début de la pandémie pour lesquelles il faisait du travail médiatique.

Dans ce contexte, Cory articulait avec acuité les liens entre la prison et le colonialisme et il participait au combat, à l’intérieur de la prison tout comme à l’extérieur, pour les détruire.

Selon lui, traduit de l’anglais :

« C’est vrai que nous avons été ciblés par un système raciste en tant qu’hommes autochtones. Mais malgré cette épidémie d’incarcération, notre communauté de guerriers autochtones modernes a fait preuve de résilience. Nous avons survécu grâce à notre volonté, à notre ambition et à notre créativité, pour vaincre de nombreux ennemis comme la pauvreté, l’addiction et le racisme, pour nous faire accepter, pour trouver une communauté et un sentiment appartenance dans le moule dominant. Nous n’avons pas pu le faire à partir de nos propres normes, puisque nous sommes un peuple opprimé. »

Nous envoyons nos pensées, notre solidarité et notre amour à sa famille, ses ami.es, et ses camarades.

Nous continuerons à diriger notre rage contre les prisons, le colonialisme et contre ce monde qui criminalise et tue les utilisateurs.trices de drogues.

Trainez des kits de naloxones avec vous !

#Libérezlestous
#SafeSupply

Longue vie à Cory !

– quelques anarchistes blanc.he.s vivant à Montréal

Une mine à ciel ouvert c’est comme un feu : Action contre la mine Nouveau Monde Graphite sur le Nitaskinan

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Juin 112021
 

De Mobilisation Matawinie

Nouveau Monstre Graphite et Métaux Black Rock veulent nous faire croire que creuser toujours plus loin nous sauvera du désastre écologique actuel. Nous ne sommes pas dupes de leur greenwashing. Ekoni aci! Aski mamo! C’est assez!

indigenouslanddefenders [@] gmail.com

mobilisationmatawinie [@] protonmail.com

Entretien : Un portrait des luttes sociales et antiautoritaires dans le Bas du Fleuve

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Juin 022021
 

Du Collectif Emma Goldman

Au cours des dernières années, nous avons vu apparaître plusieurs projets intéressants au Bas-du-Fleuve, principalement dans le secteur de Rimouski / Trois-Pistoles, mais pas seulement. Il y a un essaimage libertaire autour de différents projets comme un centre social et une auberge notamment et dans les milieux communautaire et syndical. La chose n’est pas entièrement nouvelle, mais ce regain a suscité plusieurs questions que j’ai voulu adresser à une personne engagée dans les luttes là-bas. Autant dire que l’entretien qui en résulte n’est pas un portrait exhaustif de tous les groupes en présence. Il faut aussi préciser que l’entretien a été réalisé il y a plusieurs mois déjà. L’information demeure à mon avis importante puisque l’existence des militantes sociales et militants sociaux en dehors de la métropole et de la capitale fait l’objet d’un oubli quasi constant.

BCEG : Salut! Peux-tu nous faire un petit portrait des différents groupes militants qui luttent dans le coin de Rimouski et les idées qu’ils portent?

Camarade du Bas du fleuve : Il y a plusieurs groupes mobilisés autour d’enjeux environnementaux dans la région, surtout contre les hydrocarbures (Prospérité sans pétrole, Non à une marée noire dans le Saint-Laurent, Rimouski en transition). Il y a aussi des groupes relativement actifs à l’université (UQAR) : le Comité féministe, le Comité étudiant de Rimouski en environnement (CÈDRE) et le Carrefour international bas-laurentien pour l’engagement social (CIBLES) (antenne uqarienne), qui œuvre en éducation populaire sur les enjeux de justice migratoire. Les actions plus militantes sont souvent menées par des groupes spontanés… Dernièrement, y’a le collectif Églantine qui a vu le jour autour d’une vigie pour Joyce Echaquan. Autour de Rimouski, y’a Le Récif à Rivière Trois-Pistoles qui est en train de mettre sur pied un centre social et qui agit comme lieu de résidence et de brassage d’idées depuis un bout. Au Kamouraska, y’a le collectif La Camarine qui organise des activités interculturelles et de soutien à diverses luttes anti-oppressives. Après, il y a peut-être aussi d’autres groupes que je connais moins, mais dans tous les cas, si ça vous intéresse d’en savoir plus sur les groupes mentionnés ci-haut, ils sont tous retrouvables sur Facebook !

Aussi, je viens de flasher sur Syndic-à-l’Est, qui est un groupe très informel qui s’attarde plus à la réflexion et au soutien à la défense des droits des travailleuses et travailleurs. Dans le milieu communautaire, y’a Action populaire Rimouski-Neigette qui œuvre en défense collective de droits des personnes vivant de la précarité pis le Comité logement de Rimouski-Neigette qui sont plus revendicateurs. Pendant le premier confinement, y’a eu un petit mouvement autour de la grève des loyers avec Solidarité logement – BSL qui voulait inciter les locataires à se parler et se solidariser…

Il n’y a pas de collectif ou groupe organisé autour d’Extinction Rebellion à Rimouski. Dans le fond, il y a eu quelques rencontres de gens pour discuter d’actions et de divers enjeux de la région. La page Facebook (Extinction Rebellion Rimouski), qui existe depuis 2019, sert surtout pour les communications publiques, comme vitrine à des actions / lieux de diffusion anonyme.

BCEG : Quels sont les enjeux porteurs des luttes dans votre secteur?

Camarade du Bas-du-fleuve : Disons que les enjeux environnementaux ont pas mal la cote dans la région, mais les gens autour de cette page (Extinction Rebellion Rimouski) s’attardent peut-être plus aux luttes anti-oppressives (anti-coloniales, anti-racistes, anti-capitalistes) et s’associent plus à une mouvance anarchiste qui voudrait rediffuser le pouvoir dans la population plutôt qu’il soit entre les mains d’une élite politico-économique.

BCEG : Quels sont les freins à ces luttes?

Camarade du Bas-du-fleuve : Les principaux freins sont probablement liés aux communications entre personnes intéressées par des actions militantes… ou du moins dès qu’on parle d’actions un peu plus dérangeantes mettons. Les médias sont souvent ouverts à diffuser nos communiqués de presse, mais évidemment ça soulève toutes sortes de commentaires de la population sur les réseaux sociaux. Par contre, je ne pense pas que ça joue comme un frein. Peut-être qu’il y a un effet d’éparpillement qui serait un frein? Autant territorial que d’enjeux ; comme Rimouski est la « grosse ville » du coin, c’est possible de se mobiliser autour d’enjeux très spécifiques et peut-être perdre en vision plus systémique des enjeux? Et y’a certainement un effet « ne pas vouloir déranger » lié au fait que nous vivons dans un petit milieu et que tout le monde se connait. Mais, cet effet a un aspect positif aussi d’encourager l’acceptation d’idées variées et peut-être encourager le travail ensemble ?

BCEG
 : Qu’est-ce que tu vois comme les plus gros défis qui peuvent se poser à la persistance dans le temps des groupes militants dans votre coin?

Camarade du Bas-du-fleuve : Je dirais que c’est la mobilité des militant.e.s !! Plusieurs personnes vont et viennent dans le Bas-Saint-Laurent, donc la durée du passage est certainement un enjeu. Aussi, plusieurs personnes qui décident de rester le font dans l’optique de mener un projet personnel ou auto-entrepreneurial qui finit par prendre beaucoup de place dans leur vie (par exemple, les projets maraîchers d’auto-suffisance alimentaire ont pas mal la cote chez les militant.e.s du coin).

J’espère que ça répond à tes questions quand même pas pire. Je t’invite vraiment à contacter aussi les différents groupes que j’ai name-droppés si tu veux voir un portrait plus large des mobilisations dans le coin … pis le Réseau libertaire brume noire à Gaspé.

BCEG : Merci pour ce portrait! Ça vaudrait certainement la peine de les rejoindre et surtout d’éventuellement trouver des moyens efficaces de tisser des liens de solidarité entre nos milieux.

Pourquoi on détruit les autocollants “Boycott China”

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Mai 312021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Ces autocollants étaient affichés dans la zone entre les rues Atwater et Peel – et peut-être ailleurs à Montréal ! On ne sait pas qui les affiche, mais on les voit parfois avec d’autres qui disent FUCK TRUDEAU ou qui appellent à la libération de Hong Kong. Nous sommes parmi celles-ceux qui enlèvent et couvrent ces autocollants.

On ne connaît pas avec certitude les intentions de celles-ceux qui les affiches. Cependant, on a l’analyse qui suit :

  1. Il y a des gens dans notre société qui veulent une guerre totale entre l’Occident (dont la définition varie) et la Chine. Ils ne sont pas motivés par un amour pour la liberté; ce qu’ils veulent est une orgie de violence qui enveloppera le monde.
  2. Une vague de violence contre nos voisin.e.s asiatiques se produit déjà, à travers l’Amérique du Nord et dans plusieurs autres pays.
  3. Dénoncer l’État Chinois est légitime – il est l’exemple ultime du “fascisme rouge” à l’ère moderne ! – mais c’est plutôt urgent de dénoncer l’empire chez nous. Le Parti communiste de Xi est dangereux, mais bien plus dangereux sont la police locale, le fascisme locale, l’ecocide locale, l’avidité locale. L’empire du mal à l’étranger est une distraction du besoin urgent pour une révolution sociale ici et maintenant!

On encourage tout les Montréalais-e-s à détruire et couvrir ces autocollants!

On encourage aussi les gens qui répandent ces messages à être un peu moins caves!

En savoir plus : https://mastodon.bida.im/@squarebethune

Le verger au complet, Épisode 5 : Répression de la dissidence

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Mai 312021
 
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De la Convergence des luttes anticapitalistes

La police opère avec de nombreux biais, et la répression politique représente l’un d’entre eux. Il se manifeste par la manière disproportionnée dont la police s’attaque aux mouvement sociaux progressistes par le niveau de violence utilisé, l’effectif déployé, la surveillance, ou l’ampleur des charges, par exemple. Cette situation est rendue bien visible au Québec par le livre tiré de la commission populaire sur la répression politique, paru en 2016, et qui avait pour titre “Étouffer la dissidence”. Nous interrogeons dans cet épisode une personne qui a participé à son écriture.

Musique

  • Mille Piastres Please, “Bégonia”, tirée de l’album “Bégonia”, https://millepiastresplease.bandcamp.com/
  • Marilyn Rambo – “Algis vasculaires du cul”, tirée de l’album “Qu’est ce que tu fais pour les balances?”, https://marylin-rambo.bandcamp.com/
  • Utilisées avec la permission des groupes.

Références

Commission populaire sur la répression politique, “Étouffer la dissidence, Vingt-cinq ans de répression politique au Québec”, Lux Éditeur, Montral, 2006.

Lire la transcription

Pour un regain antifasciste dans l’après-pandémie

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Mai 312021
 

De Montréal Antifasciste

Au moment où se dessine la sortie de la crise sanitaire, la levée progressive des mesures d’exception et le proverbial « retour à la normale[i] », les bilans s’imposent. Du point de vue de la pratique antifasciste, le phénomène ayant le plus retenu notre attention au cours de la pandémie, et plus particulièrement à partir de l’été 2020, a été la convergence de certains éléments de l’extrême droite québécoise avec des individus liés aux courants de « santé alternative » et divers adeptes de théories du complot pour former le curieux mouvement d’opposition aux mesures sanitaires.

Ce phénomène inédit a soulevé un certain nombre de questions stratégiques. Devait-on confronter directement ce mouvement dans la rue, comme nous l’avions fait dans les années précédentes avec le mouvement national-populiste, et ce, en dépit des enjeux sanitaires? Devait-on plutôt l’ignorer complètement ou contribuer modestement à en limiter l’influence en participant à la vigilance « anti-conspis » sur les médias sociaux? Ou aurions-nous dû plutôt (devrions-nous aujourd’hui) nous adresser directement à ce mouvement sur la base d’une relative sympathie pour l’hostilité qu’il exprime à l’égard des autorités et des institutions? Si oui, par quels moyens et, surtout, à quelle fin?

Sinon, et de toute manière, quelles devraient être les orientations et priorités du milieu antifasciste montréalais et québécois dans les mois et années à venir, compte tenu du rôle qu’a joué l’extrême droite dans la mouvance anti-sanitaire et celui qu’elle pourrait encore jouer dans ses possibles reconfigurations? Selon toute vraisemblance, la majeure partie de la base du mouvement anti-sanitaire rentrera sagement à la maison avec la levée des mesures d’exception; mais une autre partie poursuivra sans soute son engagement dans la « complosphère », laquelle est directement sous l’influence de l’extrême droite. Alors que faire?

Ce texte tente d’apporter quelques éléments de réflexion, tout en réaffirmant la nécessité pour la gauche radicale de redoubler d’effort, comme le font déjà certains groupes, pour organiser un mouvement populaire sur ses propres bases, à distance des dérives réactionnaires et sans tomber dans le piège du populisme.

(7 500 mots; temps de lecture : environ 20 minutes)

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La spirale descendante du complotisme anti-sanitaire

La pandémie de COVID-19 a créé tout un lot de nouvelles difficultés, en plus d’exacerber des défis existants.

On le sait, la crise pandémique s’est avérée un contexte particulièrement favorable à la diffusion de nombreuses théories du complot et, plus généralement, de la mentalité complotiste. Mentalité qui constitue en retour un terreau propice à l’enracinement de l’extrême droite. L’un des nouveaux défis auxquels la gauche radicale/antifasciste a été confrontée au cours de la dernière année a été de trouver les moyens de renverser, ou à tout le moins de freiner l’expansion de cette mouvance complotiste anti-sanitaire[ii].

Déjà, pour parler en notre propre nom, le collectif Montréal Antifasciste a décidé assez tôt dans la pandémie de renoncer à certaines des tactiques employées au cours des dernières années dans la lutte contre les groupes xénophobes et islamophobes, dont principalement l’organisation de contre-manifestations, par souci de ne pas contribuer à la propagation du virus et à une potentielle aggravation de la crise sanitaire. On n’a qu’à s’imaginer un scénario de « lutte à trois fronts » entre les antifascistes, les anti-sanitaires et la police pour redouter les possibles complications. Nous croyons encore que c’était la meilleure chose à faire dans les circonstances[iii], et doutons par ailleurs que de telles mobilisations auraient attiré assez de contre-manifestant·e·s pour faire contrepoids. La phase actuelle de la pandémie nous amène toutefois à reconsidérer ce choix tactique, car il faudra bien tôt ou tard briser le cercle vicieux de l’inaction et du constat d’échec.

Un autre élément problématique tient à la composition hétérogène du mouvement d’opposition aux mesures sanitaires. Bien qu’à ses débuts, au printemps/été 2020, l’embryon de ce mouvement était manifestement mené par des personnages liés aux groupes xénophobes et islamophobes actifs dans la période 2016-2019 (La Meute, Storm Alliance, Citoyens au Pouvoir, Vague bleue, etc.), ceux-ci n’en avaient pas le monopole. On retrouvait aussi parmi les leaders (et jusqu’à ce jour) des individus associés à la mouvance dite de « santé alternative », comme Mel Goyer ou Amélie Paul. Nous avons d’ailleurs été parmi les premiers à sonner l’alerte en constatant cette convergence inédite de certains gourous de l’extrême droite populiste avec des hippies alternatifs généralement considéré·e·s plutôt à gauche, ou du moins « apolitiques ». À ce noyau dur initial est venu se greffer toute une constellation de personnes sensibles aux explications complotistes, certain·e·s provenant de la « fachosphère » des dernières années, et d’autres dont le scepticisme à l’égard de la pandémie s’est transformé en hostilité ouverte envers (toutes) les mesures sanitaires au fur et à mesure que la crise s’aggravait et perdurait. Même s’il est impossible de quantifier le poids et la portée de chacune de ces catégories au sein de l’ensemble (et il faut de toute façon tenir pour acquis que ces facteurs fluctuent), l’opposition aux mesures sanitaires comporte aujourd’hui bon nombre de personnes qui sont tout simplement hostiles à l’égard de ce que les figures d’autorité, y compris les scientifiques et les journalistes, leur demandent de croire.

Une multitude de pages et de groupes ont ainsi été créés sur Facebook et d’autres plateformes, où l’influence de gourous complotistes comme Alexis Cossette-Trudel s’est étendue, tandis que d’autres opportunistes profitaient de cet élan pour créer des vaches à lait et tirer avantage du mouvement naissant (dont Stéphane Blais, du parti marginal Citoyens au pouvoir, et sa Fondation pour la défense des droits et des libertés du peuple).

À partir de là, à la faveur du désœuvrement d’une grande partie de la population, le mouvement a grandi exponentiellement, et un grand nombre d’influenceurs et d’influenceuses se sont démarqué·e·s sur les médias sociaux en charriant de nombreuses théories du complot toutes plus invraisemblables les unes que les autres, intégrant notamment les prémisses grotesques du mouvement QAnon, lequel sévissait déjà depuis 2017. Les anti-sanitaires, sous le leadership d’individus comme Stéphane Blais, Mel Goyer, Dan Pilon, Mario Roy ou Steeve « l’Artiss » Charland et ses « Farfadaas », et profitant de l’amplification du signal par d’autres « personnalités » des médias sociaux, ont organisé des dizaines de manifestations dans plusieurs localités de la province, ce qui a progressivement rehaussé leur profil et gonflé leurs rangs.

Un autre tournant au Québec a été l’imposition du couvre-feu en janvier 2021, qui a été considéré par plusieurs comme un coup de force illégitime et injustifiable de la part du gouvernement et a entraîné dans le mouvement d’opposition aux mesures sanitaires des segments de la population qui n’y étaient pas particulièrement sensibles jusque-là. (La gauche radicale s’y est elle aussi opposée dès le début en organisant quelques manifestations à Montréal sous la bannière du groupe ad hoc « Pas de solution policière à la crise sanitaire »). Une autre action notable est la quasi-émeute qui s’est produite le 11 avril 2021 dans le Vieux-Port de Montréal, dont tout porte à croire qu’elle a été le fruit d’une mobilisation spontanée sur les médias sociaux prisés des jeunes adultes; la présence d’éléments d’extrême droite dans la foule, dont les agitateurs de Rebel News, mène toutefois certain·e·s à croire que celle-ci n’était peut-être pas complètement étrangère à cette mobilisation. Il est possible que nous n’ayons jamais une réponse définitive à cette interrogation.

Et tout ça a culminé avec la manifestation anti-sanitaire du 1er mai 2021, intitulée « Québec Debout! », en périphérie du Stade olympique et de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, à Montréal. On estime à 25 000 personnes le nombre de participants et de participantes à cette manifestation organisée explicitement « contre les mesures sanitaires » et implicitement (par le choix du lieu) contre la campagne de vaccination en cours. Les organisateurs de l’événement, dont les comptables Samuel Grenier et Dan Pilon, ont ainsi réussi à attirer, en plus du noyau dur de complotistes (anti-masques, anti-confinement, anti-vaccins, etc.) et certains politiciens opportunistes comme Maxime Bernier, un grand nombre de jeunes et de familles exaspéré·e·s par la pandémie, les mesures d’exception et les restrictions sanitaires. Plusieurs y étaient pour protester contre l’imposition du masque aux enfants, d’autres pour réclamer la réouverture des commerces non essentiels, d’autres encore pour dénoncer la prolongation du couvre-feu. Se mêlaient ainsi aux « coucous » hurlant contre toute logique au « fascisme » et à la « dictature sanitaire » un nombre important de personnes irritées appelant de leurs vœux un « retour à la normale ».

Il serait donc un peu trompeur d’assimiler l’ensemble du mouvement anti-sanitaire (tel qu’il se présente au printemps 2021) à l’extrême droite, bien que celle-ci y ait exercé depuis le début une très grande influence, notamment par l’intermédiaire de projets de désinformation comme Radio-Québec de Cossette-Trudel, le Stu-Dio d’André Pitre, la plateforme d’extrême droite Nomos.Tv d’Alexandre Cormier-Denis, et sous l’ascendant de figures comme Steeve Charland et Mario Roy. On peut toutefois affirmer sans grand risque de se tromper que la très grande majorité, voire la quasi-totalité, des participants et participantes à la manifestation anti-sanitaire du 1er mai (à moins d’avoir vécu sous une roche depuis un an!) devait quand même savoir assez bien dans quel genre de galère iels étaient allé·e·s s’embarquer là. Du moins, les centaines de pancartes aux discours complotistes hallucinés, de drapeaux « Trump 2020 », de références à QAnon et de vociférateurs « anti-toute » (sic) auraient dû leur mettre la puce à l’oreille.

Deux constats s’imposent ainsi d’emblée. D’abord, malgré la composition hétérogène de la foule anti-sanitaire et les degrés variables d’adhésion aux théories complotistes les plus grotesques, iels ont clairement pour dénominateur commun de faire passer leur confort individuel, sous la forme d’un « retour à la normale » qui leur sied particulièrement, avant l’intérêt commun défini beaucoup plus largement, intérêt qui exige évidemment d’importants sacrifices individuels. Les anti-sanitaires, qu’iels soient complotistes ou non, n’éprouvent aucun scrupule à manifester publiquement leur mécontentement personnel, quitte à voir la crise s’aggraver et/ou se prolonger pour d’autres, au prix de vies perdues ou abîmées et en dépit du stress accru imposé aux systèmes de soins.

Deuxièmement, si les participants et participantes à ces manifestations ne sont pas tout·e·s assimilables à l’extrême droite, il est évident que ça ne les dérange pas trop, voire pas du tout, de se retrouver côte à côte avec elle dans une cause commune, puisque la démonstration a été amplement faite de l’influence qu’exerce cette dernière sur le mouvement complotiste/anti-sanitaire.

Voilà un aperçu du bordel dans lequel nous nous sommes retrouvé·e·s au printemps 2021.

L’approche « anti-conspis » et ses angles morts

Parallèlement et en réaction au mouvement complotiste anti-sanitaire, un certain nombre de projets de vigilance se sont mis en place dans les médias sociaux pour documenter son développement et tenter d’y opposer une résistance dans l’espace numérique. Les Illuminés du Québec, l’Observatoire des délires conspirationnistes, Ménage du dimanche et le blogueur Xavier Camus ont tous à leur façon, souvent avec dérision, parfois avec le plus grand sérieux, cherché à marginaliser et contrer l’influence des discours complotistes sur les médias sociaux. Le collectif Montréal Antifasciste a quant à lui modestement contribué à ce contre-mouvement en soulignant à plusieurs reprises les liens confirmés entre le complotisme anti-sanitaire « Made in Québec » et l’extrême droite. Ces projets, dont nous avons au cours de la dernière année souligné le caractère parfois salutaire (et très souvent divertissant), ne sont toutefois pas sans comporter certains angles morts[iv], dont le principal est peut-être, à notre avis, la tendance à minimiser l’importance, voire la légitimité, de la méfiance et de l’hostilité affichée par une partie non négligeable de la population à l’égard des autorités et des « institutions » qui s’arrogent le pouvoir sur nos vies.

Comme nous l’avons déjà écrit, le hic avec la plupart des théories du complot n’est pas tant qu’elles se fondent sur la méfiance d’une partie de la population à l’égard des élites politiques, économiques et scientifiques, mais qu’elles décodent mal ou partiellement la nature du pouvoir et tendent à proposer des solutions simplistes à des problèmes complexes. Cette compréhension mauvaise ou partielle et la confusion qu’elle génère deviennent ensuite un terreau où l’extrême droite peut implanter ses propres théories toxiques sur le cours de l’histoire et l’exercice du pouvoir, ce qui sert en retour ses efforts de recrutement.

Comme nous avons écrit dans notre article Complotisme et extrême droite : une longue histoire d’amour (paru dans l’Idiot utile – automne 2020) :

« Si la plupart des idées que véhiculent les complotistes peuvent paraître irrationnelles, le fait de croire en l’existence de complots n’est pas irrationnel en soi. Au sens strict, le terme de complot désigne une entente secrète entre personnes et, par extension, l’action concertée de plusieurs personnes contre quelque chose ou quelqu’un. Nous sommes tous et toutes soumis·e·s aux conditions structurelles de la société de classes, où les intérêts respectifs de chaque classe entrent perpétuellement en conflit et où la classe dominante, par définition, agit continuellement “de manière concertée” pour préserver ses intérêts. Ainsi, les dominants complotent pour assurer la reproduction de l’ordre social et de leurs privilèges. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les théories complotistes jouissent souvent d’un écho favorable au sein des populations opprimées (classes ou nations) et qu’elles sont parfois employées pour créer des ponts entre la droite et la gauche. Elles ont le mérite de poser, implicitement ou explicitement, la question du pouvoir (qui le détient “réellement”?) et de son exercice. Elles expriment aussi des soupçons à l’égard des vérités officielles de l’État et peuvent, ainsi, contribuer à une certaine vigilance populaire et démocratique. »

De la même manière, l’on peut assez facilement concevoir d’autres raisons pour s’opposer aux mesures sanitaires qu’une adhésion aux prémisses politiques de l’extrême droite ou aux délires de QAnon. Autant la pandémie que les mesures d’exception (comme tout le reste dans notre société de classes) ont touché de manière disproportionnée celles et ceux qui subissent déjà différentes formes d’oppression, en particulier la classe ouvrière et les plus pauvres, dont au premier titre les segments racisés ou autrement marginalisés. C’est quelque chose comme la quintessence de la cruauté capitaliste que de forcer certaines personnes à travailler dans des épiceries, des entrepôts et des usines de transformation alimentaire, pour ensuite les menacer de les mettre à l’amende si elles osent sortir de chez elles pour prendre l’air après 20 h. L’obligation de rester confiné chez soi n’a pas le même impact si le foyer en question comporte un balcon ou une cour arrière, ou si c’est un petit appartement partagé avec des gens avec lesquels on ne s’accorde pas toujours.

Les contours tacites de la « reproduction sociale » et la valeur cachée qu’elle génère apparaissent un peu plus clairement lorsque les écoles doivent rouvrir pour y entreposer les enfants afin de forcer leurs parents à retourner au turbin, sans rien dire des enseignantes et des enseignants qu’on a obligé·e·s à retourner en classe (dont plusieurs avaient des conditions préexistantes les exposant à de graves complications si par malheur iels contractaient la maladie…).

Il est maintenant bien connu que la pandémie a permis à la classe milliardaire de s’enrichir encore, tandis que l’effondrement économique mondial a précipité plus de 100 millions de personnes dans la pauvreté extrême (surtout dans les pays du Sud) et provoqué d’importantes dislocations économiques dans les pays du Nord. On apprenait aussi récemment que la campagne accélérée de vaccination mondiale a fait de nombreux nouveaux milliardaires, ce qui a de quoi alimenter d’autant plus le cynisme à l’égard de l’industrie pharmaceutique.

Sur le plan politique, à l’évidence, le ton paternaliste de François Legault et de ses lieutenants rassure une grande partie de la population. Mais il en irrite en même temps une proportion non négligeable, qui n’a pu s’empêcher de constater au fil des mois la multiplication des décisions catastrophiques, des bévues petites et grandes, du manque flagrant de transparence, des valses-hésitations, des tâtonnements et des tergiversations coûteuses, dont le spin cynique n’est jamais parvenu à dissiper parfaitement le soupçon que ce gouvernement n’est en réalité qu’un ramassis d’imposteurs. Quoi qu’il en soit, au-delà des mesures distribuées aléatoirement et souvent sans aucune logique apparente, et au-delà des hypothèses complotistes sur les motivations malveillantes, en définitive, la seule constante observable dans la gestion de crise caquiste est la volonté inébranlable de faire passer l’économie avant toute autre considération.

Pour la majeure partie, les politicien-ne-s qui composent la classe dirigeante mentent régulièrement comme des arracheurs de dents, avec grande énergie en période électorale, et trahissent leurs promesses à la première occasion; changent de parti au gré des saisons et imposent aujourd’hui des programmes qu’ils dénonçaient encore hier; sont très souvent malhonnêtes et mal intentionnés; et même lorsqu’ils sont motivés par les meilleures intentions, les rouages antisociaux de la politique bourgeoise les conduisent tôt ou tard à nuire à l’intérêt public d’une manière ou d’une autre.

Au vu des programmes antisociaux qu’ils mettent en vigueur et de leur hypocrisie chronique, il n’est donc pas étonnant qu’on se méfie des politiciens, qu’on les juge sévèrement et qu’on les soupçonne de « comploter » contre l’intérêt commun. Peut-on pour autant raisonnablement conclure, comme le font les négationnistes de la COVID, que tous les politiciens et tous les gouvernements de tous les pays du monde ont mis de côté leurs antagonismes complexes pour se liguer secrètement dans la mise en scène d’une pandémie mondiale imaginaire? Bien sûr que non. On a beau trouver François Legault et Justin Trudeau[v] manipulateurs, hypocrites et incompétents, on ne nous fera pas croire qu’ils ne prennent pas la pandémie de COVID-19 au sérieux et ne sont pas convaincus de faire le nécessaire pour l’endiguer.

Pour résumer, s’il y à un complot à reprocher à la classe politique, c’est l’accord général qui tient au consensus néolibéral et la volonté de se prêter aux pires bassesses pour protéger coûte que coûte l’économie et le système capitaliste.

On pourrait aussi longuement parler de l’infantilisation de la population par les autorités de la Santé publique, de la complicité active et de l’indignation sélective des grands médias d’information, de la gestion policière et de la répression de la dissidence, des déséquilibres internationaux dans la distribution des vaccins, et de bien d’autres aspects de la gestion de crise prêtant le flanc aux critiques radicales.

Il y a donc un très grand nombre de raisons légitimes pour se montrer hostile au mode de gestion capitaliste de la pandémie, autant de raisons que l’on peut très bien comprendre sur le plan humain et qui s’alignent même parfois avec nos propres valeurs et la manière dont nous faisons l’expérience de cette société. Il est ainsi d’autant plus frappant que le mouvement d’opposition aux mesures sanitaires, globalement, n’a jamais vraiment mis de l’avant ces aspects clés de la pandémie, ni le fait qu’elle est gérée par la vraie classe dirigeante aux dépens de celles et ceux qui subissent concrètement les diktats du capitalisme, mais s’est au contraire ancré dans une idéologie implicitement procapitaliste de liberté individuelle et d’insouciance à l’égard du bien-être d’autrui, agrémentée d’histoires croustillantes de micropuces 5G et de réseaux pédosatanistes basés dans des sous-sols de pizzeria.

On se retrouve donc devant un problème épineux. Faute de pouvoir rattraper les conspis pur·e·s et dur·e·s (jusqu’à ce que la vie, avec un peu de chance, les ramène à la réalité), comment réussir à freiner la progression du complotisme parmi ceux et celles qui s’en rapprochent et/ou sont susceptibles d’y succomber? Plus particulièrement, du point de vue de la gauche radicale et antifasciste, comment faire en sorte que ces personnes n’entrent pas dans la sphère d’influence de l’extrême droite? Et finalement, y a-t-il dans cette mouvance des individus qui seraient ouverts à une critique du capitalisme, du racisme, du patriarcat et du colonialisme?

Il faut se rendre à l’évidence : l’approche consistant à ridiculiser systématiquement les complotistes, souvent en résumant le phénomène à ses expressions les plus grotesques, n’a pas permis d’en stopper la progression. Tout au plus, il se peut qu’en alimentant une espèce de polarisation, elle ait contribué à marginaliser la « complosphère », et ce faisant, à en limiter la progression. Impossible de le dire avec certitude, mais il est certain que la gauche radicale, qui n’aspire pas seulement à endiguer la fuite vers le complotisme d’extrême droite, mais aussi à faire valoir la justesse de ses propres options, ne peut plus se contenter de jouer à la meme game, de relayer ad nauseam les mêmes âneries complotistes en ricanant et de réitérer éternellement dans sa propre chambre d’échos le caractère loufoque des covidiots.

Il est impératif que nous trouvions ensemble le moyen de sortir de cette dynamique circulaire.

Comment sortir de l’impasse?

Dans les jours et les semaines qui ont précédé la manifestation anti-sanitaire du 1er mai, et compte tenu de la charge symbolique qu’une telle manifestation revêtait à Montréal lors de la Journée internationale des travailleurs et travailleuses, différentes perspectives se sont confrontées au sein de la gauche antifasciste quant aux meilleures approches à adopter dans les circonstances. L’option générale de provoquer un affrontement ayant été vite écartée pour des raisons évidentes, plusieurs questions restaient sans réponses, et grosso modo, trois écoles de pensée se confrontaient :

  • Le phénomène d’opposition aux mesures sanitaires est un authentique mouvement populaire organique et il serait une erreur de s’en distancer complètement et de l’abandonner à l’influence de l’extrême droite; il faut opérer une distinction entre les leaders louches et/ou proches de l’extrême droite, d’une part, et la base du mouvement, d’autre part, qui n’est pas foncièrement d’extrême droite; serait-il possible de manœuvrer de l’intérieur pour séparer la base du leadership? ;
  • La distinction doit plutôt/surtout s’opérer entre un noyau dur complotiste (jugé irrécupérable dans l’immédiat) et certains segments de population récemment attirés par l’opposition aux mesures sanitaires sans pour autant être sensibles à l’extrême droite, en prenant pour exemple les jeunes qui se sont mobilisée·s contre le couvre-feu le 11 avril dernier et/ou qui sont hostiles à la police; nos manœuvres ne devraient-elles pas plutôt viser à détourner ces derniers du mouvement complotiste plus large, notamment par des opérations d’éducation populaire ciblées? ;
  • Le mouvement d’opposition aux mesures sanitaires (tel qu’il s’est présenté le 1er mai) attire toute sorte de personnes issues de différents milieux, mais il faut reconnaître qu’en s’y joignant, ces personnes ont toutes en commun de faire plus ou moins passer a priori leur intérêt personnel avant l’intérêt commun; il faut aussi reconnaître que ces personnes, dans toute leur diversité et malgré leur adhésion variable aux dérives complotistes, forment encore une minorité au sein de la population québécoise; conséquemment, est-il vraiment utile de s’adresser à ce mouvement précisément, et ne vaudrait-il pas mieux orienter nos efforts ailleurs, que ce soit plus largement ou de manière ciblée?

Cette conversation nous semble aussi pertinente qu’opportune. Sans prétendre formuler une synthèse définitive, il nous paraît important d’y contribuer de manière critique, minimalement pour dépasser ce qui se présente comme une contradiction entre une « ligne dure » consistant à rester à pleine distance du mouvement anti-sanitaire/complotiste, et une ligne plus « populiste » consistant à s’en rapprocher dans l’espoir d’en détourner une partie, quitte à mettre pour un temps en veilleuse certains principes politiques fondamentaux.

Éviter les écueils du populisme/opportunisme

Cette dernière approche s’inscrit dans une certaine tradition persistante au sein de la gauche, une tradition qui a pourtant souvent abouti sur des comportements opportunistes.

Par « opportunisme », nous entendons le fait de sacrifier les intérêts essentiels de notre mouvement, c’est-à-dire nos principes politiques, pour faire des gains rapides ou gagner la faveur de certains segments de la population. Bien que l’opportunisme puisse se produire de manière organique (par exemple, lorsqu’un mouvement n’a pas le courage de confronter sa base et d’énoncer des vérités dures à entendre), il peut aussi survenir lorsque nous construisons une image idéalisée de certaines personnes avec lesquelles nous n’avons pas de liens étroits et dont nous croyons qu’elles possèdent des qualités qui manquent dans nos propres rangs (elles seraient plus importantes, plus « authentiques », etc.), et que si nous ne nous associons pas à elles ou à leurs luttes, nous risquons de « passer à côté de quelque chose ». L’on combine ainsi un manque de confiance en nos propres traditions à une sorte de pulsion parasitaire pour compenser nos faiblesses en nous attachant à d’autres dont nous tenons pour acquis qu’iels nous rendront plus fort·e·s ou plus pertinent·e·s (sans que nous ayons à faire nous-mêmes le travail).

La gauche a une longue histoire de flirt avec l’opportunisme, qui remonte notamment au soutien qu’ont apporté des sociaux-démocrates du monde entier à « leur » bourgeoisie lors de la Première Guerre mondiale. En Amérique du Nord, l’opportunisme s’est principalement manifesté par une opposition parfois anémique de la gauche au suprémacisme blanc et au colonialisme, par crainte de s’aliéner les majorités blanches. Au Québec, l’exemple classique est celui de certains individus et groupuscules d’extrême gauche qui ont essayé de s’agripper au mouvement nationaliste, non pas par conviction que l’indépendance du Québec entraînerait l’avènement d’une société meilleure (ce qui est un phénomène distinct), mais dans le but de recruter dans les rangs nationalistes. L’opportunisme s’est aussi parfois manifesté dans le fait d’édulcorer certaines positions considérées impopulaires parmi la majorité (blanche), comme d’atténuer les positions antiracistes lors de la première « crise des accommodements raisonnables », ou d’émousser de manière analogue l’opposition à l’islamophobie dans les années depuis.

Le bilan est clair : dans aucune de ces situations, le refus de certains éléments de la gauche de « céder du terrain » n’a réellement affaibli la droite. Au contraire, si le rapprochement entre une partie de la gauche et de la droite a eu un effet, c’est principalement d’avoir contribué à légitimer le discours de la droite.

Il y a une très grande différence entre le fait d’adopter une position politique partagée par une section de la droite parce qu’elle nous semble correcte selon nos propres critères, et le fait d’entrer dans un mouvement dominé par la droite parce que nous espérons en récupérer la base ou parce que ce mouvement semble populaire auprès « des masses ». L’approche consistant à se joindre à des mouvements de droite ou « mixtes » dans l’espoir de se « faire de nouveaux amis » ou de ne pas « céder du terrain » n’a rien de nouveau. Elle a en fait été essayée très souvent, et toujours à notre détriment.

En tant que gauche anticapitaliste, antipatriarcale et anticolonialiste, notre objectif principal est-il de convaincre la base complotiste (ou même quelque segment de cette base mixte dont on considère pour une raison ou une autre qu’il serait réceptif à nos positions), ou de faire valoir plus largement et plus efficacement nos propositions bien au-delà de cette base, sans compromettre nos fondamentaux?

Il va de soi que le dialogue et l’arrimage avec différents segments de la population engagent notre capacité à prendre efficacement contact avec ceux-ci. Mais dans les circonstances actuelles, une telle démarche ne peut et ne doit pas se limiter à la périphérie du mouvement complotiste.

Tout d’abord, si nous admettons que le mouvement anti-sanitaire n’est pas uniformément acquis aux théories complotistes, nous croyons qu’il est largement illusoire (du moins dans un horizon rapproché) d’espérer convaincre les conspis pur·e·s et dur·e·s au moyen d’arguments rationnels et de faits étayés. Cet enjeu relève de la psychologie et dépasse nos compétences, mais même s’il n’est pas catégoriquement impossible de ramener un·e conspi à la raison, force est de constater après un an de ce régime que la plupart des tentatives en ce sens entraînent généralement tout le monde dans une spirale descendante. La « déprogrammation » de ceux et celles qui sont profondément enfoncé·e·s dans cet espace mental demande une dépense d’énergie colossale, et ce, sans aucune garantie de réussite. Nous croyons donc que, pour l’instant, cette énergie serait mieux investie ailleurs.

Pour ce qui est d’attirer certaines des personnes qui gravitent actuellement autour du mouvement d’opposition aux mesures sanitaires sans pour autant avoir tout à fait succombé au complotisme pur et dur, il importe de noter que ça n’est pas « tout ou rien ». Il n’est pas question de choisir entre se joindre au mouvement, d’une part, ou laisser tout l’espace à la droite, d’autre part. Dans la mesure où nous sommes actif·ves sur le terrain social, non seulement en tant qu’antifascistes, mais en tant qu’anarchistes, communistes, féministes, etc., nous sommes susceptibles de côtoyer ces personnes ailleurs, comme à des audiences du Tribunal administratif du logement, sur des lignes de piquetage, à différentes manifestations contre la brutalité policière ou contre le programme néolibéral de coupures et de dévastation environnementale, ou tout simplement dans nos milieux de travail, dans les écoles où l’on étudie et dans les quartiers où l’on habite.

Si l’on s’en tient au cadre strict des mobilisations anti-sanitaires, il ne faut pas perdre de vue que le principe fondamental qui fédère ces personnes et motive leur participation est la « liberté individuelle », soit leur liberté de ne pas porter de masque, de ne pas respecter la distance minimale prescrite, de socialiser et de consommer comme d’habitude en dépit des risques que cela comporte pour la santé publique.

Encore une fois, le « peuple », peu importe la définition qu’on en donne, n’est pas automatiquement réceptif aux principes de solidarité sociale. Pour transformer les mentalités, il n’y a pas de formule magique ou de raccourcis auxquels nous n’avions pas pensé jusqu’ici. Ça n’est que par un long et patient travail politique mené dans la collectivité, les communautés, les milieux de travail et d’étude, les milieux culturels et de vie que les principes de solidarité peuvent s’ancrer et former le socle des mondes auxquels nous aspirons. C’est un travail qui a été entamé bien avant nous et qui n’a pas de fin, toujours à développer, souvent à recommencer, un travail que nous sommes nombreux et nombreuses à mener sur différents fronts, tant bien que mal, et que la pandémie nous a conduits dans bien des cas à ralentir, mais que nous devons absolument reprendre à plein régime dès que possible. Non seulement pour contrer l’influence toxique du complotisme, mais aussi simplement pour espérer traverser les prochaines crises qui s’annoncent.

Les gens peuvent changer de positions politiques très rapidement. C’est en période de crise politique que ces changements se produisent à grande échelle, et historiquement, ça n’est que dans de tels contextes que des changements fondamentaux sont susceptibles de se produire. Bien que nous ne soyons pas en mesure de déclencher une telle crise par nous-mêmes, nous croyons que nous avons un rôle important à jouer avant et pendant de telles périodes. Dans les situations où les gens s’ouvrent à de nouvelles idées qu’elles auraient rejetées auparavant, les choses peuvent changer rapidement, que ce soit vers la gauche ou vers la droite, généralement avec des moments de polarisation intense souvent marqués par une grande confusion. Ça n’est certainement pas le temps de participer à cette confusion en édulcorant nos positions politiques et en nous joignant à des mobilisations dominées par la droite pour « être là où se trouve l’action ». Nous nous trouvons effectivement dans une période de crises en cascade (économique, climatique, sanitaire, etc.) et il y aura donc en masse « d’action » à différents carrefours, venant de nombreuses communautés différentes. Tout en restant ouvert·e·s aux transfuges venu·e·s de l’autre côté, notre priorité devrait être de consolider nos liens avec les communautés et les luttes qui affirment et aiguisent nos positions politiques, qui confrontent les systèmes d’oppression et qui ouvrent la voie vers un avenir émancipateur, antiraciste, antipatriarcal, anticolonial et anticapitaliste.

Viser la construction d’un mouvement populaire sur nos propres bases

Notre défi est donc, non pas de grappiller des appuis du côté de la base populaire complotiste ou anti-sanitaire, mais de constituer un autre pôle d’attraction, de construire une alternative populaire autonome, sur nos propres bases, qui soit aussi attrayante dans sa forme que dans son contenu.

C’est un vaste chantier, bien sûr, qui impliquera sans doute d’importantes remises en question. Les « non-initié·e·s » reprochent souvent à la gauche radicale d’être engoncée dans ses codes (souvent rébarbatifs), rigidement attachée à ses tactiques et ses façons de faire, doctrinaire et perpétuellement traversée de conflits idéologiques. Le désintérêt d’une grande partie de la population à l’égard de la gauche radicale a sans doute autant à voir avec le caractère moralisateur de sa présentation qu’avec l’hégémonie néolibérale et les aspirations petites-bourgeoises que celle-ci favorise. Il nous faut prêter davantage attention à ces critiques et en tenir compte dans la construction d’une alternative attrayante et convaincante.

Nous aurons bientôt la possibilité de nous retrouver physiquement. Nous n’aurons pas une minute à perdre si nous sommes réellement déterminé·e·s à contrer non seulement l’influence toxique du mouvement complotiste et des éléments d’extrême droite qui en ont fait leur cheval de Troie, mais aussi le régime néolibéral et ses institutions, qui perpétuent l’ordre social dominant et ses différents modes d’oppression. À cet égard, certains enjeux, comme les salaires et les conditions de travail des travailleuses et travailleurs de la santé, du soin, de l’alimentation et autres secteurs d’activité qui se sont avérés bien plus essentiels à la vie collective que les parasites qui nous gouvernent ou spéculent dans les marchés immobiliers et financiers, devraient être aussi centraux que rassembleurs. Ces salaires et conditions de travail sont d’autant plus pressants que la pandémie a démontré l’importance vitale d’investir non seulement pour attirer et retenir la main-d’œuvre, mais aussi pour prévenir les effets mortifères du néolibéralisme. Or, on peut s’attendre à ce que le gouvernement de la CAQ, entre une promesse de tunnel sous le fleuve à 10 milliards de dollars et le déni obstiné de l’existence d’une crise du logement, recommence bientôt à nous parler de dette et de l’impératif de couper dans les dépenses sociales, éducatives et culturelles. Parce qu’il faut être « responsable » et tout ça. Sauf quand on dirige Bombardier ou qu’on est un spéculateur immobilier, bien sûr. À quoi servirait un gouvernement de droite s’il ne permettait pas aux capitalistes de s’enrichir?! Le gouvernement n’a d’ailleurs même pas attendu la fin de la pandémie pour couper dans LE secteur pourtant le plus névralgique, à savoir les hôpitaux! En effet, on apprenait le 25 mai que le Trésor aurait demandé aux autorités sanitaires et aux hôpitaux du Québec de couper 150 millions de dollars dans leur budget d’opération. 150 millions!!! Au cas où il y aurait des doutes, le gouvernement nous démontre une fois de plus que le retour à la « normale », c’est le retour à la tyrannie des impératifs financiers et des marges de profit.

Car ne l’oublions pas, le gouvernement de Legault a beau ne pas être « une dictature », il n’est pas favorable à l’égalité ni fondamentalement soucieux du bien commun pour autant. D’ailleurs, la déclaration récente du ministre caquiste de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, suggérant que l’état d’urgence sanitaire (que le gouvernement dit vouloir reconduire jusqu’à la fin de l’été!) permettait de neutraliser ou de contrôler certains enjeux comme les conventions collectives des employé·e·s de l’État, illustre bien la façon dont la CAQ prétend utiliser le contexte de la pandémie pour imposer son agenda politique aux dépens des classes populaires et moyennes.

À la question sociale s’ajoute la question migratoire. En effet, la CAQ ne cesse d’élargir et de galvaniser sa base électorale en siphonnant la rhétorique nationaliste identitaire du Parti Québécois et en stigmatisant les populations issues de l’immigration, surtout si celles-ci sont musulmanes et/ou gagnent moins de 56 000 $ par année. Loi sur la « laïcité », baisse de l’immigration, précarisation des personnes en attente de résidence ou sans statut, etc. La politique de sabotage de la CAQ réussit même à faire fuir les immigrant·e·s francophones, incluant des infirmières françaises, dont on ne cesse pourtant de nous dire qu’elles viennent combler un déficit criant de main-d’œuvre. Bref, le gouvernement Legault maltraite les classes populaires et immigrées et abuse de la confiance de la population.

Dans ce contexte, la construction d’un véritable front social commun antiraciste/antisexiste/anticolonialiste apparaît comme une nécessité. Et la gauche radicale, quoiqu’on en dise, à un rôle clé à y jouer. La bonne nouvelle est que nous n’avons pas besoin de partir de zéro. Nous avons tout un répertoire de pratiques dans lequel puiser, et de nombreux exemples pour nous inspirer.

Tout d’abord, rappelons les initiatives de collectifs comme Hoodstock, qui ont su s’adapter aux aléas et aux exigences de la pandémie pour soutenir la population de Montréal Nord. Un tel mélange d’adaptation pragmatique et de constance dans l’engagement se doit être souligné et applaudi. Le travail militant de Hoodstock s’est spontanément élargi durant l’été 2020 pour contribuer à la résurgence des mobilisations de Black Lives Matter dans les semaines qui ont suivi l’assassinat de George Floyd par la police de Minneapolis. Une autre initiative digne de mention, dans le même ordre d’idée, est la création de la Coalition pour le définancement de la police (dont fait partie Montréal Antifasciste). Engagement dans la durée, focalisation sur les besoins de populations vulnérables des quartiers populaires, dosage entre objectifs concrets, revendications ambitieuses et extension du domaine de la lutte. Sans parler de « modèle à suivre », nous pensons qu’il s’agit là d’une grande source d’inspiration.

Il existe des projets similaires chez nos voisins du sud, aux États-Unis. À cet égard, le collectif PopMob de Portland, en Orégon, qui a été très impliqué dans des projets d’entraide durant la pandémie et dont la résistance active à l’extrême droite a remis en question au cours des dernières années les codes traditionnels du milieu antifasciste radical et mis de l’avant des formes de mobilisation populaire festives et multiformes sans pour autant compromettre les principes fondamentaux, constitue une référence importante.

PopMob s’est d’ailleurs associée au militant antifasciste Spencer Sunshine dans la dernière année pour rééditer un extraordinaire pamphlet intitulé « 40 ways to Fight Fascists : Street-Legal Tactics for Community Activists » [40 manières de combattre les fascistes : Tactiques légales pour les activistes communautaires]. Nous vous invitons à en prendre connaissance!

La tradition militante dans laquelle s’inscrit Montréal Antifasciste —l’antifascisme radical— peut s’inspirer de ces diverses initiatives. Alors que les groupuscules d’extrême droite ont convergé avec le mouvement anti-sanitaire et qu’une partie de leurs revendications xénophobes, islamophobes et identitaires sont aujourd’hui portées par le gouvernement de la CAQ, le mouvement antiraciste et antifasciste se doit d’élargir la mobilisation et de contribuer à construire de nouvelles alliances pour confronter le gouvernement rétrograde de François Legault.

Nous proposons que ce nouveau cycle de mobilisation se décline sur trois fronts : culture populaire, éducation populaire et actions directes.

Tout d’abord, pour faire face à la « guerre culturelle » déclarée et revendiquée par les polémistes réactionnaires et l’extrême droite, nous devons réintégrer la musique, les arts, la fête, les sports, etc., à nos stratégies de mobilisation. Après de longs mois de confinement, profitons de l’été pour nous afficher et occuper les parcs et les places! Nous pourrions ainsi organiser un tournoi de soccer ou de basketball contre le racisme cet été. Pour les moins sportifs·ves, un tournoi de pétanque pourrait être une alternative joviale, d’autant plus si elle est arrosée de pastis! 🥴 Mais quelle que soit l’initiative, l’important est qu’elle soit festive et inclusive. Comme dirait Donald, « Make the antiracist left fun again! ».

Ensuite, nous devons développer un programme d’éducation populaire qui prenne plusieurs formes et aille au-delà des enclaves militantes et des converti·e·s. Pour cela, nous pensons qu’en plus des traditionnelles tables d’information et des ateliers de formation, il est indispensable de nous saisir de tout le potentiel des médias sociaux pour rejoindre un public plus jeune et plus diversifié. TikTok, Instagram, podcasts, vidéos, etc. À ce chapitre l’extrême droite a pris une sérieuse longueur d’avance, que nous devons rattraper.

Nous invitons les antiracistes et antifascistes de Montréal et du Québec à se joindre à nous pour développer ensemble de tels instruments et contenus et les rendre disponibles en plusieurs langues. Le français est important, évidemment, mais il y a aussi 101 raisons de traduire une partie de nos contenus non seulement en anglais, mais aussi en espagnol, en arabe, en cantonais ou en ourdou. Ce travail de traduction est une façon à la fois simple et concrète de commencer à construire des ponts avec les différentes communautés qui font la richesse de Montréal et du Québec.

Enfin, parallèlement à la mobilisation culturelle et au travail éducatif, il sera nécessaire de continuer à nous appuyer sur notre tradition d’action directe en faisant de l’affichage, du tractage, des contre-manifestations ponctuelles, en fonction de l’actualité. Mais surtout, pour marquer le coup, nous proposons la tenue d’une grande manifestation contre la haine et le racisme à l’automne 2021, sur le modèle de ce qui a été fait en 2017-2018. En effet, le 1er octobre 2021, cela fera trois ans que la CAQ a obtenu une majorité à l’Assemblée nationale. Alors que nous semblons être sur le point de sortir de la pandémie et que la CAQ crève d’envie de couper dans le social de nouveau et d’aider ses amis des secteurs pétroliers, miniers, immobiliers, financiers, et autres, à s’en mettre plein les poches, il est plus urgent que jamais d’œuvrer ensemble à la construction d’un pouvoir populaire qui pourra rappeler au gouvernement les impératifs du bien commun.

///

[i]               Notons au passage, comme l’ont fait nos camarades de la Convergence des luttes anticapitalistes à l’occasion du 1er mai, que « la normale », ou en fait « l’anormal », n’a rien de désirable pour un très grand nombre de personnes…

[ii]               Plus largement, malgré un certain nombre d’efforts communautaires et de projets de solidarité inspirants, comme celui animé à Montréal-Nord par le collectif Hoodstock, le projet Resilience Montreal et différents groupes d’entraide auto-organisés sur les médias sociaux, la gauche – modérée comme radicale – n’a dans bien des cas réussi qu’à garder la tête hors de l’eau et n’est pas parvenue à articuler ou à proposer des alternatives de masse viables dans le contexte québécois. À vrai dire, même si elle a globalement réussi à maintenir ses activités à régime réduit, et parfois fait une vraie différence dans certaines communautés, elle a assez peu réussi à sortir de sa sphère d’influence habituelle.

[iii]              D’autant plus que plusieurs membres de Montréal Antifasciste se sont investi·e·s dans leurs milieux de vie et de travail pour appuyer des initiatives et des réseaux d’entraide. Il nous est apparu évident qu’en ces temps de crise sanitaire, la priorité devait être la solidarité et le soin d’autrui.

[iv]          Au cours de la dernière année, cette approche « anti-conspis » a essuyé les critiques de soi-disant spécialistes en matière de « radicalisation », qui estiment qu’elle exacerbe le sentiment d’injustice des complotistes, ce qui favoriserait leur isolement et leur descente dans la spirale irrationnelle. C’est le cas notamment de Martin Geoffroy, du Centre d’expertise et de formation sur les intégrismes religieux, les idéologies politiques et la radicalisation (CEFIR), qui s’est entretenu à ce sujet avec Jonathan Le Prof (Jonathan St-Pierre) en janvier dernier. Les mêmes analystes nous expliquent pourtant du même souffle qu’il est pratiquement impossible de raisonner avec ceux et celles qui ont succombé à la mentalité complotiste, laquelle relèverait d’un état d’esprit « sectaire ». Hormis les références aux spécialistes et l’exhortation à prêter aux complotistes une oreille bienveillante, on cherche encore de ce côté une quelconque proposition concrète pour contrer ce phénomène grandissant autrement qu’au cas par cas…

[v]           Le fortunate son au sourire niais et au bilinguisme approximatif, fac-similé de PM libéral et digne héritier de la grande bourgeoisie canadienne (dont les compétences pour occuper ce poste n’ont jamais vraiment été démontrées), essaie tant bien que mal de « continuer » à projeter jusqu’à la prochaine élection l’image de gentil gendre qui l’a si bien servi jusqu’ici. La « complosphère » québécoise susceptible aux influences de l’extrême droite lui reproche bien sûr sa filiation, son multiculturalisme et ses valeurs progressistes, qu’elle tient pour preuves de son appartenance au complot « mondialiste ». Mais là encore, c’est pour d’autres raisons que nous trouvons Justin Trudeau digne de suspicion légitime. Le Parti Libéral est l’aile gauche de la grande bourgeoisie canadienne, et quoi qu’on en dise, Justin n’est rien d’autre qu’un pantin désigné par celle-ci pour représenter ses intérêts sur la scène politique. La démarche crapuleuse du gouvernement libéral, et de Justin Trudeau en particulier, dans le dossier des pipelines confirme que cette clique de la grande bourgeoisie est entièrement acquise à la raison et aux intérêts capitalistes, quitte à compromettre ses propres objectifs en matière de lutte aux changements climatiques et à trahir toutes les promesses de réconciliation adressées aux premiers peuples au fil des ans.

Bruit, drapeaux et poings: Réflexions sur une fin de semaine au centre-ville de Montréal

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Mai 312021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Depuis le 6 mai de cette année, un conflit intercommunautaire fait rage entre voisins dans les régions urbaines multiethniques de la Palestine occupée, de Jérusalem à Jaffa et ailleurs, déclenché à ce qui parait par une dispute foncière à Sheikh Jarrah. Par conséquent, il y a eu un échange inégal de bombes et de roquettes entre l’État israélien et le Hamas, ce dernier étant l’autorité étatique du petit territoire de Gaza. Je ne sais pas ce qui va se produire en Palestine. Je n’ai qu’une compréhension de la situation de niveau Wikipédia. Je ne parle pas les langues en question et en tout cas je n’essaie même pas de suivre les actualités de près.

Mes réflexions portent sur la situation à Montréal, ville qui abrite des communautés musulmanes et juives importantes, dont respectivement de nombreux membres (au risque d’être réducteur) font partie de mouvements sociaux locaux en soutien du côté palestinien ou sioniste/israélien du conflit. La fin de semaine dernière, une partie des deux mouvements a envahi les rues du centre-ville de Montréal en réponse aux derniers événements outremer.

Le samedi 15 mai, des dizaines de milliers de personnes (au minimum) sont descendues dans la rue en soutien au côté palestinien; elles ont manifesté à Westmount Square, un complexe avec un tour de bureau où se trouve le consulat israélien, ainsi qu’au square Dorchester, au coeur du centre-ville. Pendant des heures, toute la zone entre ces deux endroits grouillait de gens qui brandissaient le drapeau palestinien, scandaient des slogans et faisaient retentir leurs klaxons. Sans doute, elle a été parmi les manifestations les plus larges qui ont eu lieu à Montréal cette dernière année. Il n’y a eu que très peu de violence ou de dégradation, bien qu’une vitre ait été cassée au Westmount Square et quelques personnes ont grimpé sur un échafaudage en proximité du Square Dorchester. Avant le début des manifs, il y a eu un cortège d’automobiles qui est parti de l’autre bout de la ville. Dans la foule, il y avait quelques anarchistes et partisans de “la gauche radicale” présent·e·s sans liens familiaux à une quelconque communauté musulmane, mais très peu par rapport à la taille de la foule.

Le dimanche 16 mai, le côté pro-israélien a eu son propre rassemblement — c’est à dire, une manifestation statique — au square Dorchester, opposé par une foule pro-palestinienne, de nombres plus ou moins égaux, qui s’est rassemblée au départ à la place du Canada, directement au sud du square. D’après mes observations, il convient de dire que certaines personnes du côté pro-palestinien se prêtaient à des provocations volontaires à l’égard de la foule pro-israélienne, en essayant par exemple de s’approcher d’eux pour agiter des drapeaux. La police a essayé d’éviter que les deux côtés n’entrent en conflit, mais la logistique de leur déploiement s’est dégradée au fil du temps et il y a eu de nombreux moments où des membres des deux camps ont pu s’approcher suffisamment pour échanger des coups de poing, essayer d’attraper les drapeaux de l’autre camp, etc. Bien que le nombre de personnes ait été beaucoup moins élevé que le jour précédent, les rues autour du square Dorchester étaient bloquées par le mouvement de manifestant·e·s pro-palestinien·ne·s essayant de se rendre au square ou à la place du Canada, puis par des membres de la foule pro-israélienne qui quittaient la zone, ainsi que par la police. La police a fait usage indiscriminé de gaz lacrymogène, ce qui a touché de nombreux passants qui n’avaient rien à faire des accrochages en cours. Des groupes de manifestant·e·s pro-palestinien·ne·s sont restés dans les environs plusieurs heures après la dispersion du côté pro-israélien à braver les charges policières et les tirs de munitions « non létales ».

Précédant cette fin de semaine, il y a eu nombreuses manifestations pro-palestiniennes de moindre envergure autour de l’ouest du centre-ville montréalais qui, si elles ne défiaient pas ouvertement la police, n’étaient pas moins bruyantes et visibles. Je m’attends à ce qu’il y ait encore plus de manifestations locales dans les jours qui viennent. (Mise à jour : Après que j’ai commencé la rédaction de ce texte, mais avant de l’envoyer à des sites anarchistes pour publication, il y a eu une autre manifestation au consulat israélien).

La solidarité internationale

Les images nous parlent. Les mots nous inspirent. Dans le stade, les joueurs adorent les hurlements de la foule. Je me dis que ça doit marcher un peu de la même manière pour ce qui est de luttes. Mais je n’en suis pas sûre.

Ce que je sais, c’est que ce qui s’est déroulé à Montréal samedi et dimanche – que se soit interpersonnel ou simplement la destruction d’une vitre, que se soit contre la police ou entre partisans de nationalismes contradictoires – n’a pas aidé de façon concrète qui que ce soit des deux camps nationaux en Palestine. Il ne m’est pas du tout clair combien de personnes en Palestine ont entendu parler de ce qui s’est passé à Montréal. Il y a eu des manifestations dans des villes aux quatre coins du monde, mais c’est à croire que l’actualité locale les préoccupe davantage.

Ça arrive que les anarchistes de Montréal manifestent au consulat montréalais d’un gouvernement étranger. Nous avons fait d’autres choses aussi. En particulier, le consulat russe a été attaqué à deux reprises les dix dernières années.

Cependant, au plus souvent, les manifestations de solidarité avec des luttes sociales en d’autres pays sont menées par les communautés qui ont des proches dans ces endroits. Il y en a constamment, bien que peu de montréalais·e·s s’en rendent compte. La plupart du temps, elles sont petites et elles ont peu de chances d’attirer l’attention de journalistes. Il faut que tu passes au bon moment pour voir la banderole ou entendre un discours sombre (peut-être dans une langue autre que le français ou l’anglais) et l’assistance dépasse rarement les soixante personnes. Même aux moments où les manifs de solidarité internationale sont plus larges, elles ne deviennent presque jamais des émeutes (ça vaut la peine de noter que malgré quelques moments isolés d’énergie bagarreuse, la manif de samedi était majoritairement non-violente).

Le problème avec les campagnes de solidarité internationale, c’est que très souvent ils détournent l’attention de projets avec plus de pertinence locale. J’ai pas envie de me faire des ennuis, donc soyons clairs : ils ont une certaine valeur. Mais je crois que c’est toujours désavantageux de mieux connaître les actualités d’un pays lointain que ce qui se passe dans leur ville. Ce qui veut dire, avoir un narratif bien précis des événements et de leurs causes dans des sociétés à l’autre bout du monde, sans comprendre ou au moins reconnaître les tensions et dynamiques qui existent dans son propre contexte.

Il se peut que la solidarité internationale soit pour des gens ailleurs, mais on ne peut pas pour autant oublier les gens qui le font. En tant qu’anarchistes, ça nous incombe de faire en sorte que ces campagnes contribuent à des stratégies qui créent de l’anarchie (ou d’autres projets en lien avec ce que veulent les anarchistes) à l’échelle locale, quoi que cela puisse signifier de façon concrète.

Montréal fait des émeutes

Montréal fait des émeutes, et ça assez régulièrement. Dans le contexte actuel, après un an de pandémie et plusieurs mois de couvre-feu imposé par un gouvernement élu par les banlieues avec son siège à Québec, cette tendance refait surface. Si ce n’était pas la Palestine, ça serait quelque chose d’autre.

J’ai quelques grosses généralisations démographiques à faire et je vais les mettre sur la table tout de suite. Premièrement, c’est surtout les jeunes hommes qui participent aux émeutes. Bien que cela ne soit pas inévitable, c’est ce que j’ai pu constater à partir de mes inférences de l’identité du genre des personnes que j’ai vues casser des vitres, piller des commerces, jeter des trucs sur la police ou essayer de s’approcher de manifestations pro-israéliennes dans la dernière année. Deuxièmement, il me semble que les personnes racisées sont aussi susceptibles de participer à des émeutes que des personnes blanches, sinon plus.

Or, si j’invoque la démographie, ce n’est que pour l’écarter. Si des gens manifestent violemment, comme ils ont fait le 11 avril en réponse au durcissement du couvre-feu, certains journalistes et commentateurs les traiteront de « blanc » sans avoir à réfléchir – et ils n’ont pas failli. Ceux qui considèrent le milieu anarchiste comme irrémédiablement problématique, y compris ceux qui veulent rester proches de ce milieu, trouveront sans doute faute avec tout engagement de ma part (ainsi qu’avec tout non-engagement de ma part) par rapport au fait que les participant·e·s à une émeute auraient une peau plus foncée et sont plus pauvres et marginalisé·e·s que les personnes qui fréquentent les milieux anarchistes.

Dans la mesure où cela nous empêche de contribuer à des ruptures sociales menées par les jeunes, je crois que c’est un vrai problème.

À Montréal, tout le monde participe aux émeutes. Pas tout à fait tout le monde, mais plein de gens de diverses origines. Et qu’il y ait des émeutes ici, ça ne date pas d’hier. L’histoire de cette ville est pleine de moments où on a tout niqué, remontant aux premières décennies du 19e. Ceci a continué durant des cycles politiques et sociaux de toute sorte, à des moments où la population urbaine montréalaise ne consistait quasiment que de personnes blanches de plusieurs variétés, beaucoup plus en tout cas que leur population relative aujourd’hui. Cette histoire rend fier chaque habitant de Montréal qui déteste la police et aime la culture de la rue. Ça ne veut pas dire que chaque émeute ait été pure ou parfaite, mais il y a beaucoup plus à célébrer que de condamner dans cette histoire. De toute façon, les émeutes, ça marche. Si on préfère le capitalisme-providence à, par exemple, ce qu’ils ont au Texas, les émeutes sont en partie à remercier pour cela et il me semble que quelques vagues d’émeutes pourraient nous gagner beaucoup plus dans les années à venir.

En tant qu’anarchistes, nous n’avons pas forcément besoin de former un « contingent » dans le cortège de quelqu’un d’autre. Pour ce qui est des parties rebelles du mouvement pro-palestinien dans la rue, celles qui cherchent le plus la confrontation, ce sont des bandes avec qui la plupart de nous n’ont aucune connexion, avec qui il n’existe en ce moment aucun rapport de confiance et qui sont de toute façon capables d’agir par eux-mêmes. Notre but devrait être d’étendre l’agitation aux commerces du centre-ville et à la logistique policière au même moment, mais pas forcément dans les mêmes endroits, que les autres événements. Nous devrons chercher à établir une position distincte capable d’attirer des gens autres que ceux qui participent déjà aux manifs pro-palestinienne et d’occuper l’attention de la police dont l’impératif stratégique est d’être partout en même temps. Le boulot de la police est impossible, mais notre présence peut faire en sorte que cette impossibilité devient manifeste le plus vite possible.

On a pu apercevoir dimanche les signes d’un effondrement de la logistique et de la stratégie policière, ce qui ne visaient qu’à empêcher deux groupes, plutôt petits, de se battre. Chaque geste qui contribue au chaos compte.

Une idée : À bas la France

À part les Juifs et le Musulmans, il y a également pas mal de Français à Montréal – c’est à dire, des gens nés ou élevés en France ou qui ont de liens familiaux proches en France. J’ai connu plein d’anarchistes français·e·s à Montréal. En plus, plein d’autres anarchistes à Montréal qui ne sont pas « français » ont quand même passé beaucoup de temps en France, y ont des amis ou des opinions sur les questions politiques particulières à la France, etc. Bien que la France soit loin, elle a une proximité émotionnelle pour nombreux d’entre nous (mais pas tout le monde assurément).

La France a interdit les manifestations en faveur de la cause palestinienne, justifiant cette décision par l’agitation en 2014 lors de la dernière grande crise.

Ce qui se passe en France était déjà inquiétant. Déjà en 2016, en réponse au massacre djihadiste l’an avant (Charlie Hebdo, l’Hypercasher, le Bataclan, la Stade de France), l’État français s’est engagé sur une voie qui a mené à l’interdiction de manifester, l’état d’urgence et l’expansion des pouvoirs policiers. Le mois dernier, l’État a rendu illégal le fait de filmer les policiers. Bien sûr que sur notre territoire, les modèles de gouvernance français sont très admirés et les politiques qui y sont expérimentées seront importées ici. Ce processus se voit dans l’orientation du gouvernement à Québec par rapport à la suppression de tout ce qui est radical et de tout ce qui est islamique – deux catégories dont on fait très souvent l’amalgame.

De mon avis, c’était plus respectable de défoncer de coups de pied les vitres de Westmount Square que de chercher à tabasser des bouffons nationalistes qui portaient le drapeau israélien comme cape; je sais que plusieurs de ces bouffons cherchaient eux aussi la bagarre, mais je n’aime pas trop quand l’emportement mène à la violence interpersonnelle. Le consulat français se trouve dans un bâtiment en face de l’université McGill, à quelques rues seulement du square Dorchester. Peut-être serait-il logique pour les anarchistes ainsi que pour d’autres ennemies du capitalisme et du colonialisme d’appeler notre propre manifestation là-bas lorsqu’il y a raison de croire que des foules pro-israéliennes et pro-palestiniennes vont de nouveau s’affronter au centre-ville? Ou bien ailleurs, pourquoi pas? Mais on aime tous avoir un thème.

Au final, tout ce qui nous amène au centre-ville contribuer à l’agitation et élargir la zone de destruction, de possibilité et de rencontre, une zone qui n’est possible que lorsque la machine logistique policière s’effondre.

L’esprit de la révolte

Les adolescents ont des analyses politiques, mais elles risquent de ne pas être super. La plupart ne savent pas ce que sont l’anarchisme et le nationalisme. Ils connaissent peut-être les mots, mais cela ne vaut pas grand-chose. La plupart n’ont pas les idées bien claires pour ce qui est des questions liées aux Juifs, aux Palestiniens, aux sionistes, aux terroristes, ou quoique ce soit. Il ne faut pas non plus croire que les actions des adolescents soient forcément motivées par leurs analyses politiques de toute façon.

Tout ceci n’est pas moins vrai pour les adultes, mais les adolescents bénéficient de meilleures raisons de ne rien savoir sur tout ça que les adultes, donc ça vaut souvent la peine d’essayer de les leur expliquer, car ils et elles ne sont pas encore des causes perdues. Mais ça ne marchera jamais d’aller vers eux pour les instruire.

On ne peut discuter avec quelqu’un d’idées qu’une fois que les deux parties ont envie de discuter. Mais c’est impossible de savoir si on a envie de se parler – se parler vraiment, avec tout le risque de malentendu ou d’insulte qu’importe n’importe quelle conversation avec de vrais enjeux – avant qu’avoir une bonne raison de le faire.

Si des gens se voient dans la rue de façon régulière, ils vont sans doute commencer à se parler à un moment donné. Surtout si les deux groupes ont l’air de faire le même genre de trucs inhabituels et que les actions se complètent. Il se peut que cela s’aboutisse à quelque chose de génial, ou non. Mais si un jeune dont la famille dit beaucoup de mal des Juifs croisent des Juifs et des Juives qui sont anarchistes, qui détestent la police, qui d’ailleurs n’aiment pas trop Israël, qui ont du style, qui ne craignent pas de la bagarre, ça pourrait être du bon.

Il ne s’agit pas de descendre dans la rue pour « faire des anarchistes », mais pour faire l’anarchie. Après tout, la majorité des anarchistes deviennent tôt ou tard des sociaux-démocrates. La plupart des jeunes dans une foule de jeunes gens en colère ne vont pas trouver que l’anarchisme, peu importe sa forme sous-culturelle, leur parle ou répond à leurs préoccupations. Tant pis. Ce n’est que lors d’un triomphe de l’anarchie quelconque, peut-être due en partie au fait qu’il y avait des partisans et partisanes de l’anarchie dans la rue, que les gens prêteront attention. Certains aimeront ce qu’ils voient et essaieront de nous trouver. Il ne faut pas trop s’en soucier pourtant. C’est en dehors de notre contrôle.

Ce dont on est capable, c’est de reconnaître où il y a de nouvelle énergie, s’interroger sur le comment et le pourquoi de son émergence et se demander comment on va s’orienter par rapport à elle. Que veut-on faire? De quelle manière peut-on aider? Qu’est-ce que ça nous fait que la logistique politique soit occupée au centre-ville?

L’anarchie, et non l’émeute

Si les événements prennent la forme d’affrontements avec la police au centre-ville, les anarchistes sont capables d’amener une contribution utile. Mais on peut faire d’autres choses aussi. Il faut éviter de fétichiser l’émeute ou les gens qui contribuent le plus à l’émeute en cours. Disons plutôt que notre chemin vers l’absence de la police passe par l’émeute. C’est pas les pacifistes qui vont changer l’histoire.

L’essentiel c’est qu’on continue d’agir, qu’on ne reste pas sur la touche lors de moments insurrectionnels et qu’on se concentre sur ce qui se passe dans notre propre région. Sur ce terrain mouvant, c’est souvent difficile de suivre les événements, mais il faut faire de notre mieux.

CONTRE LE COUVRE-FEU
CONTRE LES BOMBARDEMENTS
CONTRE LES EXPULSIONS, ICI ET PARTOUT
POUR UN MONDE SANS LA POLICE
HISSEZ LE DRAPEAU NOIR

Les 4ème et 5ème révolutions industrielles

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Mai 222021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Cet article est tiré de la 12e édition du journal anarchiste 325. Nous le traduisons et publions ici en tant que geste de solidarité avec le collectif 325 dont l’infrastructure de contre-information est ciblée par la police britannique, ce qu’il faut comprendre dans le contexte de répression internationale, mais aussi car ce texte propose une analyse très pertinente des développements technologiques qui donnent lieu à de nombreuses conversations et actions ces jours-ci, en les replaçant dans une perspective historique plus large. 

« L’une des caractéristiques de cette quatrième révolution industrielle est qu’elle ne change pas ce que nous faisons, mais c’est nous-même qu’elle change. » — Klaus Schwab, fondateur et président exécutif du Forum économique mondial, qui a créé le centre pour la quatrième révolution industrielle à San Francisco, aux États-Unis.

Une révolution industrielle est un événement économique, social, philosophique et politique par lequel l’élite s’approprie ce qui est libre – la terre, la nature, les talents, les relations sociales, les compétences et les rêves – pour les reconditionner et les transformer en agents des mécanismes du profit et du pouvoir. Pour ce faire, ses protagonistes privent la majeure partie de la population d’autonomie, d’autodétermination, d’autosuffisance, d’estime de soi, d’entraide, de relations et de liberté.                

Nous avons connu trois révolutions industrielles au cours des 250 dernières années. Nous sommes maintenant entre les griffes des quatrième et cinquième révolutions. Toutes ces révolutions ont été fondamentalement basées sur les industries extractives et la dévastation des écosystèmes.       

La première révolution industrielle advint entre 1760 et 1870 lorsque l’eau et la vapeur ont été utilisés pour mécaniser la production grâce à l’invention de la machine à vapeur, ce qui a aussi eu comme effet la mondialisation et la dé-localisation par le chemin de fer. La première révolution industrielle a rompu le rapport des gens à la nature, inaugurant l’ère des villes.             

La deuxième révolution industrielle eu lieu entre 1870 et 1914 et a ammené l’électricité à l’Occident avec l’acier, le pétrole et le moteur à combustion, permettant la production de masse et l’éradication des industries artisanales.

La troisième révolution industrielle a commencé dans les années 1980 lorsque l’électronique et la technologie de l’information ont automatisé la production et ont commencé à se décentraliser. Au même moment, l’ascension de la révolution numérique a finalement ‘démocratisé’  l’ordinateur personnel et l’Internet, un développement qui a davantage miné la relation déclinante de l’humanité occidentale avec le monde naturel et les uns avec les autres. En tant que citoyens, les personnes sont devenues les parties d’une communauté mondiale au lieu de leur communauté locale qui disparaissait rapidement. La troisième révolution industrielle et la quatrième naissante ont créé la solitude et l’isolement systémique, des problèmes de santé mentale généralisés et une dépendance plus subtile et plus complète au système: lorsque les relations humaines et les réseaux familiaux ne peuvent plus être garantis pour assurer notre survie, nous sommes amenés à croient que le recours à la machine l’est.       

Ces révolutions industrielles successives ont consolidé et approfondi cette rupture non seulement avec le monde naturel pour une grande partie de la population mondiale, désormais urbaine et dépendante des mécanismes de la culture civilisée, mais agrandissent toujours plus le fossé entre les riches et les pauvres.       

L’objectif de la quatrième révolution industrielle (4RI) est la convergence des technologies physiques, biologiques et numériques dans le but d’une nouvelle vision de l’humanité et de la planète. La 4RI, la Cyber-Physique ou l’Industrie 4.0 implique la connectivité de masse, l’intelligence artificielle, la robotique, l’accès aux connaissances via Internet, le stockage de données, les véhicules autonomes, une puissance de traitement d’information massive via la 5G, l’impression 3D, les nanotechnologies, la biotechnologie, la génétique, la bio-impression (fabrication de cellules, d’organes et de parties du corps), la prolongation de la vie, la réalité augmentée, la science des matériaux, le stockage d’énergie, les ordinateurs quantiques et l’Internet des objets tels que les bâtiments intelligents et les villes intelligentes, le blockchain et les crypto-monnaies. Ce sont des technologies ‘perturbatrices’ à tous les niveaux: gouvernance, finance, logistique, société, ontologie humaine. La conformité passe également par le fait que la 4RI fait appel à notre besoin de ‘confort, d’harmonie et de plaisir’. C’est ce qu’on entend par un monde de ‘technologie sans friction’ dans le sens d’un monde technifié.     

Dans ce nouveau monde, la Covid-19 a présenté à la techno-élite la plus grande opportunité: des populations mondiales isolées physiquement les unes des autres, dans certains pays une élimination tacite d’humains qui sont des fardeaux pour un système qui n’aura pas besoin est autorisé, une dépendance totale à la technologie pour communiquer ensemble, pour travailler ou pour se divertir, l’utilisation de ces technologies pour instaurer une surveillance et un comformisme de masse à une échelle jusqu’ici inimaginable et l’expérience et la peur d’une mort imminente inhabituelle à grande échelle. Cela nous a aussi montré certaines réalités: que malgré deux cents ans de ‘progrès’, tout ce qui s’est réellement passé, c’est que les élites ont consolidé leurs propres réserves, que les systèmes de protection sociale ont été pratiquement détruits, que l’humanité-même a été antant ‘découplée’ de la nature qu’en fait nous ne pouvons pas nous soutenir pendant une crise sans le système et que les promesses de l’élite – qu’elles soient politiques, économiques ou technologiques – ne seront jamais tenues.

Si la 4RI est la mise en place des moyens (les nouvelles technologies) que les élites tenteront d’utiliser pour faire face à l’instabilité qui résultera de l’inégalité des ressources, du désastre climatique et de l’ascentionde l’informatique et du pouvoir post-industriel, alors la Cinquième Révolution Industrielle (5RI) commence à ce point où il y a une acceptation massive de ces nouvelles technologies qui convergent à travers nos corps, nos environnements et nos réalités à tel point que le monde des machines est toujours présent, même à l’échelle nanométrique ou jusqu’à la portée humaine la plus éloignée dans l’espace. C’est pourquoi si vous faites une simple recherche sur la 5RI, vous ne trouverez que l’écoblanchiment capitaliste sur le soi-disant ‘développement durable’ et le blablatage marketing d’une techno-utopie prétendant vouloir « améliorer la vie de tous » . C’est parce que les technocrates et les élites ne veulent pas que les vraies réalités de ces développements technologiques soient connues jusqu’à ce qu’il ne soit trop tard pour faire quoi que ce soit.

On nous dit que le progrès technologique est ‘inévitable’. La 5RI inaugurera des changements conceptuels si énormes concernant la façon dont nous voyons notre corps, la technologie et le ‘monde naturel’ que de nombreuses distinctions commenceront à avoir moins de frontières. Pour les vielles ‘reliques’ que nous sommes, qui considèrent une prothèse comme la résolution d’un handicap, la 4RI fournit la technologie qui, grâce au développement incessant, vise à obtenir des résultats supérieurs au membre d’origine. Le 5RI ne consiste pas seulement à étendre et à affiner les technologies et les incursions de la 4RI, il s’agit de les normaliser, d’amener le public à adopter ces technologies en appliquant leur propagande au plus bas instincts des humains. La 5RI est l’acceptation qu’un membre robot-cybernétique soit supérieur à un membre organique et le fait de désirer davantageun représentant artificiel plutôt qu’unqui soit organique et chaotique. Dans le contexte de cette nouvelle réalité d’artificialisation totale en évolution, alors que la technologie del’intelligence artificielle se miniaturise et intervient dans tout ce qui est à la portée des spécialistes, le résultat de la 4RI est une vision nouvelle de la Terre et une nouvelle ‘humanité’. Une ‘Humanité +’ qui vit dans un monde-prison dépendant de ‘l’énergie verte’ et régulée par des fonctionnaires, des scientifiques et des technocrates par des méthodes comme l’intelligence artificielle, la biotechnologie et la nanotechnologie. Si la 4RI est l’émergence et le développement convergent de ces nouvelles technologies post-industrielles, alors la 5RI résulte de l’accélération du rythme de développement et de l’acceptation massive de ce même complexe techno-industriel. La 5RI se caractérise par une vitesse exponentielle sans précédent (le temps des machines) en opposition autemps linéaire/non-linéaire (temps humain), ce qui signifie que même les concepteurs et les ingénieurs sociaux de ce nouveau monde admettent qu’ils ne peuvent pas contrôler les résultats de ces nouvelles technologies. On tend vers l’émergence de quelque chose d’encore plus horrible que le Skynet fictif de la série Terminator: la singularité technologique.

Ray Kurzweil écrit dans Humanité 2.0 qu’ « il est difficile de penser à quelquonque problème qu’une superintelligence ne pourrait pas résoudre ou du moins nous aider à résoudre. Maladie, pauvreté, destruction de l’environnement, souffrance inutile en tout genre: ce sont des choses qu’une surintelligence équipée la nanotechnologie avancée serait capable d’éliminer. » Il ajoute que « les machines peuvent emmagasiner des ressources de manières qui sont impossibles pour les humains ». En lisant ces déclarations, il est difficile de penser à un problème que nous ne pouvons pas résoudre par notre propre intelligence et l’intelligence de la planète avec des moyens plus simples, de la détermination et un changement de perspective et de comportement. De plus, il est évident que les humains sont tout à fait capables de mettre les ressources en commun, c’est seulement que ceux qui possèdent et profitent de toutes ces ressources les refusent aux autres par la force. Choisir de ne pas changer la situation et ne pas lutter contre le ‘futur’ est une position que la plupart choisiront.

C’est-à-dire qu’après un siècle de progrès technologique et de promesses d’éradiquer la faim dans le monde et la pollution, quelques-uns sont riches à un niveau incompréhensible, tandis que les masses se démènent pour un niveau de vie de base; les avancées médicales et les médicaments communs sont encore rares dans de nombreux pays. On nous donne des babioles pour nous tenir tranquilles: Internet, les smartphones, les applications, les médias sociaux, les jeux-vidéos, les livestreams et les podcasts, d’autres prothèses et d’autres promesses viendront. Les avancées réelles ne seront pas redistribués plus équitablement que la richesse accumulée des révolutions industrielles précédentes. Par contre, c’est nous qui devront probablement endurer ces progrès réels: la surveillance totale dans un avenir sans vie privée, des demandes pour le contrôle total de la pensée, un conformisme total par le conditionnement, la dépendance à la société, le citoyennisme, les systèmes de prestations tels que le revenu (minimum) universel garanti. Si une révolution industrielle ne peut répondre suffisamment aux besoins de l’humanité pour être pleinement acceptée, soit elle éliminera ces besoins ou soit elle s’imposera par la force.

Dans le contexte de la 4RI et de la 5RI, quelles qualités les machines manquent-elles actuellement ; l’empathie, l’amour, l’intimité. Ce sont justement ces qualités qui ont été endommagées chez l’humain par le complexe techno-industriel, que l’on parle de la peur de l’intimité ou des relations à distances développées par l’usage des médias sociaux, du manque d’empathie dont on sait maintenant que ça a été induit par des médicaments tels que le paracétamol et par le poison dans la nourriture et l’eau – afin que la technologie réponde vraiment à nos besoins (maintenant modifiés), des esclaves brutalisés domestiqués à un système mécaniste de matérialisme, de cupidité qui valorise l’intérêt individuel. Cela fait partie de la domination du monde des machines: soigner les handicaps et les maladies incurables signifie la mécanisation du corps; parler du prolongement de la vie signifie le règne des élites à tout jamais.       

Tandis que les prêtres de la technologie s’enthousiasment de la libération de nos corps biologiques – ces prisons biologiques, en téléchargeant notre conscience, réalisant l’immortalité et à la possibilité de considérer nos corps comme de simples combinaisons interchangeables lorsque désiré ou qu’il le faut, ce qui se produit réellement c’est que les corps de la majorité sont en train de se transformer en de litérales prisons par les rares qui bénéficieront des avancées dans la prolongation de la vie et du contrôle des maladies, exactement comme ielles le font en ce moment (les systèmes de santé publique sous-financés sont généralement équipés de vieilles technologies de moins bonne qualité et pour beaucoup, les systèmes de santé publique ne sont pas accessibles du tout). Mais ces nouvelles technologies transhumanistes ne sont pas vouées à libérer tout le monde.

Malgré les mensonges des futuristes, l’implantation de ces technologies élargira le fossé entre inclus et exclus. Des citadelles de puissance se dresseront et seront plus éloignées de la colère de la population que jamais auparavant. Comme le corps devient de la matière première pour un nouveau secteur de bio-science dans un monde où les machines feront la majeur partie du travail, le corps humain deviendra un autre réservoir de capital, dans de nouvelles formes d’exploitation et d’industrie. En fait, ça se produit déjà avec la recherche sur les cellules souches, l’épissage des gènes, le bio-renforcement, les nouveaux produits pharmaceutiques, les prothèses et les bases de données ADN massives. L’individualité privée et souveraine entrera simplement dans une nouvelle sphère d’évaluation, de marchandisation, d’ajustement et de divisions sociales infinis au service du capital, de la bio-surveillance, de la complaisance et des inégalités. Dans la 4RI, la société de consommation s’approfondit et devient plus sombre que le simple fait d’acheter des choses. La finalité de l’industrie 4.0 est de nous ‘découpler’ de nos corps et de notre compréhension de nous-mêmes comme faisant partis de la biosphère et du rythme biologique, de sorte que ceux-ci soient aussi considérés comme achetables, à améliorer et à ‘réparer’, comme un ensemble de pièces mécaniques constamment manipulables et interchangeables qui peuvent toutes être fabriquées et remplacées à un prix et promues comme possédant des qualités supérieures aux pièces biologiques d’origine. Un être artificiel qui, une fois entré dans le temple de la technologie, devient dépendant à tout jamais des produits pharmaceutiques, des chirurgies, de la techno-psychiatrie, des ‘mises à jour’, des appareils et des entreprises qui les maintiennent. L’avenir technologique du corps humain n’est peut-être pas la mort (pour les rares qui peuvent se permettre d’être immortel), mais ce sera un monde morbide, de froid, de faim et sans-vie.

Pendant ce temps, la Terre continue de mourir et les développements technologiques, loin de fournir les solutions promises, la détruisent à une vitesse qui augmente sans cesse, avide de matières, d’électricité et de métaux rares. L’extraction des métaux rares nécessaires à la fabrication des téléphones intelligents cause des dommages incalculables à l’environnement et à la santé humaine.

Baotou, en Mongolie, est un des principaux sites d’extraction de métaux rares et les mines sont entourées de résidus toxiques (déchets miniers), surtout du thorium radioactif. Au Congo, l’extraction de ce minerais rare, le Coltan, est bien connue pour avoir dévasté et causé des dommages incalculables aux territoires, aux communautés humaines et à la faune. La société minière Molycrop en Californie, aime se présenter comme une société minière éthique, mais son extraction de néodyme utilisé pour les aimants de haut-parleur, d’europium servant à créer la couleur dans les écrans d’iPhone et de cérium, utilisé avec le solvant pour polir les écrans, reste du pillage à une échelle insoutenable de matières qui devraient être laissés dans la Terre. Ces mines exigent que des immenses étendues de nature soient ravagées pour leur création. À l’heure actuelle, il n’y a pas d’échappatoire à cette réalité: la technologie dépend de la destruction des écosystèmes, affecte les derniers animaux sauvages et les communautés autochtones, avec des populations humaines civilisées de plus en plus confinées dans des ‘habitats’ technologiques – des mégapoles ‘intelligentes’. Les failles où vivre seront plus petites. Nos réseaux et nos vies individuelles seront surveillés minutieusement avec l’invasion plus intime de notre souveraineté et de notre autonomie. Est-ce plus ou moins terrible que ce l’est pour un paysan forcé de quitter sa terre pour aller s’installer dans une nouvelle ville et travailler à l’usine? Ou bien la lutte que les peuples autochtones ont mené et continuent de mener partout dans le monde? Nous devons essayer de préserver ce que nous pouvons de la nature fragile qui diminue, tout en organisant et en menant des attaques qui n’atteignent pas seulement les infrastructures, mais aussi les symboles et les représentants de l’État, de la technologie et du capital. Nous devons penser et nous préparer maintenant, acquérir les compétences et les moyens dont nous et les autres aurons besoin pour naviguer dans ce nouveau monde et réfléchir à ce que signifie être anarchiste.

Nous devons essayer de limiter les dégâts causés par les civilisations prédatrices, garder la mémoire combative vivante, nous rappeler pourquoi nous nous battons et pour quoi nous luttons. Nous sommes confrontés à rien de moins que la tentative d’effacer la vie sauvage non domestiquée et l’élimination entière de modes de penser et d’être par le biais du conditionnement social, de la répression, de la participation forcée et volontaire. Les structures resteront les mêmes: des inégalité infinis, l’esclavage, les privilèges et les oppressions, l’autoritarisme, la destruction, la médiation et l’aliénation.

Il y aura des failles dans leurs systèmes, il y en a toujours. Donc l’anarchie, la volonté de liberté et la volonté de souveraineté continueront également d’être, émergeant à travers chaque faille et fissure. La continuité de la lutte réside dans les questions de la liberté, de l’autonomie personnelle, de l’esclavage, du contrôle et de la surveillance du plus grand nombre par quelques-uns selon leur agenda.

Ces choses ne changent pas, que l’on parle de le première révolution industrielle ou de la enième.

Cellule de recherche et d’entrainement – N.T.
Publié en janvier 2021 dans le 325 #12

Déjouer le SPVM pour attaquer un pôle de la haute technologie : Un premier mai anticapitaliste qui donne espoir

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Mai 032021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Ce 1er mai, la manifestation anticapitaliste annuelle organisée par la CLAC s’est rassemblée au parc Jarry sous le thème “Pas de retour à la normale”. C’était une fin d’après-midi ensoleillée et l’énergie était au rendez-vous à travers les bannières et les drapeaux noirs quand la foule a commencé à traverser les rues résidentielles de Villeray.
 
D’abord vers l’ouest sur De Castelnau, des feux d’artifices ont été lancés, et des cônes de construction utilisés pour bloquer la route derrière nous. Les policiers ne semblaient pas préparés pour le trajet choisi, et donc il y en avait de moins en moins aux alentours. Tournant d’abord vers le sud pour rejoindre Jean-Talon, la manif a ensuite continué vers l’ouest sous le viaduc, en dessous de la ligne des trains de banlieue vers St-Jérôme.

Se débarrasser du dispositif policier

La manif tourna ensuite vers le sud sur l’avenue Parc, pour entrer sous un second viaduc passant sous la même ligne de train. Cette fois, une surprise attendait les policiers en camions et en vélo qui attendaient que la foule passe pour continuer à leur poursuite : des fumigènes ont été lachées sous le viaduc et des pieds de corbeau ont été déployés sur la route pour crever les pneus des véhicules policiers qui tenteraient de continuer leur poursuite sous le viaduc rempli de fumée. Ces actions ont ainsi bloqué complètement le passage sous le viaduc, une voie clée permettant normalement l’accès à la portion du quartier dans laquelle la manif avait continué.

La majorité des effectifs policiers étant coincée au nord du chemin de fer surplombant le viaduc, la manifestation a tourné abruptement à gauche sur la rue Saint-Zotique en quittant le viaduc. Des ordures et des meubles de terrasses ont été déplacés au milieu de la rue afin de protéger la manifestation dont la vitesse de marche a pu accélerer.

Nous n’acceptons pas que la police entoure nous manifestations, se déplaçant sur le côté, en nous filmant et en nous intimidant, ou encore en nous suivant de près avec des dizaines de camionnettes de policiers émeutes prêts à nous gazer à tout moment. Certaines situations nous appellent à entamer des confrontations directes, mais ce jour-là, notre meilleure stratégie était de les semer. Avec un peu d’inventivité, de prévoyance et de l’intelligence collective, nous avons pu laisser la police loin derrière.

Rendre visite aux gros noms de l’intelligence artificielle

Près de deux minutes après avoir continué à l’est sur Saint-Zotique, la manifestion a tourné à droite sur Saint-Urbain. Un petit groupe de policiers à vélo observaient la manifestation à environ un coin de rue de distance, mais leur back-up antiémeute n’était nulle par à vue, obligeant les policiers à vélo à garder une distance de sécurité.

À notre droite se dressait l’immeuble “O Mile-Ex”, qui tient lieu d’épicentre du secteur de l’intelligence artificielle à Montréal, tel qu’imaginé par les politiciens et universitaires dans les cinq dernières années afin de positionner la ville comme centre névralgique mondial de ce domaine. Les immeubles regroupées entre le 6650 et le 6666 Saint-Urbain abritent MILA (un institut de recherche affilié à l’Université de Montréal qui collabore avec Google et Facebook), Thales (une compagnie française de défense et de sécurité), Borealis (le laboratoire d’intelligence artificielle de la Banque royale du Canada, Quantum Black (le laboratoire d’intelligence artificielle de la firme de consultants McKinsey), SCALE AI (un supercluster de la chaîne d’approvisionnement contrôlé par la famille Desmarais), et plus d’une vigntaine d’autres laboratoires et start-ups.

Pendant qu’ils discutent d’éthique afin de distraire la population, ces compagnies développent des technologies qui renforcent l’emprise du capitalisme et de l’autorité sur nos vies. Qu’elles rendent plus efficaces les chaînes d’approvisionnement des grandes entreprises, qu’elles automatisent la vidéosurveillance et la réconnaissance faciale afin de protéger le gouvernement et la propriété des riches, ou qu’elles développent des algorithmes afin de surveiller les milieux de travail et imposer des conditions déshumanisantes aux travailleur-euses, nous savons qui tire profit de ces outils, et ce ne sont pas les exploité-es, les exclu-es et les opprimé-es de la société. Comme des anarchistes l’ont écrit récemment, “ce qui est en jeu, c’est notre capacité d’avoir des secrets, de résister, d’agiter, d’attaquer ce qui détruit tout ce que nous aimons et qui protège tout ce que nous détestons”.

De plus, les installations de O Mile-Ex, avec ses hordes de yuppies du monde de la techno, sont un moteur majeur du déplacement des populations moins nanties de cette partie de la ville. Avec l’implantation du nouveau campus Mil de l’Université de Montréal, ses effets s’étendent sur l’ensemble de Parc-Extension, un quartier ouvrier, principalement immigrant, soumis à la menace grandissante de gentrification.

Les entreprises techno ont exploité notre isolement pendant les mesures de confinement de la pandémie de COVID-19 afin d’augmenter leurs profits et étendre leur présence avec peu de résistance. Comme la crise pandémique introduit une phase nouvelle dans la crise du capitalisme, ces compagnies entendent façonner une “nouvelle normalité” qui alimenterait leur pouvoir.

L’immeuble de O Mile-Ex sans vitrines

Pour toutes ces raisons, de voir différents groupes attaquer ces immeubles était satisfaisant. Alors que les vitrines de MILA étaient brisées les unes après les autres par des marteaux, des roches et d’autres projectiles, toute illusion comme quoi ces entreprises et ses chercheurs profitaient des bénéfices d’un consensus social éclatait également. Des fumigènes ont été lancées dans l’immeuble au travers des trous dans les vitrines dans le but d’activer les systèmes de gicleurs et de causer davantage de dommages.

À la suite de l’attaque sur le O Mile-Ex, quelques policiers sont apparus au sud de Saint-Urbain et ont reçu des vollées de roches et de feux d’artifices. La manifestation s’est dirigée vers l’est sur Saint-Zotique, continuant d’éviter un déploiement policier majeur, tournant au sud sur Clark, puis traversant le parc de la Petite-Italie pour tourner au nord sur Saint-Laurent. Le parc et plusieurs rues transversales à Saint-Laurent ont offert plusieurs bonnes opportunités afin de se changer et de quitter. La dispersion a été accélérée par l’antiémeute qui a chargé sur Saint-Laurent derrière la manifestation en lançant des gaz lacrymogènes. Quelques policiers ont été vus sur le toit d’un immeuble résidentiel, lançant des gaz lacrymogènes sur la foule, une manoeuvre inattendue. Un conducteur de voiture agressif qui a tenté d’avancer sur la manifestation a été confronté et les vitres de sa voiture ont été brisées. Les policiers qui ont envahi la zone où les personnes tentaient de se disperser ont détenu quelques personnes, arrêtant deux d’entre elles, mais aucune accusation sérieuse ne leur a été donnée. Le blocage des rues avec des ordures et d’autres obstacles dans ce contexte aurait pu permettre de réduire leur capacité d’action.

C’est une expérience précieuse que de prendre des risques ensemble dans les rues avec des centaines de camarades et de complices anonymes, qui rêvent d’un monde après le capitalisme, de postes de police et de postes frontaliers incendiés, de supermarchés pillés, de forêts, de montagnes et de rivières protégées de toutes les formes de destruction industrielle et retournées au soin de l’autonomie territoriale autochtone. Bien que les réussites d’une seule manif du premier mai soient minimales face à l’ensemble de nos aspirations, nous croyons que les relations développées au travers de ces moments ne devraient pas être sous-estimées.

– Des anarchistes

Manifestation anticapitaliste du 1er Mai: Pas de retour à la normale!

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Mai 022021
 

De la Convergence des luttes anticapitalistes

La Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC) dénonce la répression brutale de sa manifestation encore cette année. En effet, le SPVM a procédé, fidèles à leurs habitudes, à des arrestations injustifiées et violentes. Les policiers y sont allé de coups de matraques et de gaz lacrymogène pour faire taire la population qui en a assez de se faire exploiter chaque jour pour enrichir des bourgeois·e·s nauséabond·e·s et leurs compagnies qui profitent de la COVID-19. Plusieurs personnes on été blessées et les policiers ont même détruit le cellulaire d’un·e participant·e.

Plus de 750 personnes étaient rassemblées pour dénoncer l’exacerbation des injustices sociales et de la précarité durant la pandémie actuelle. Le capitalisme et le néolibéralisme ont posé les bases de ce désastre et ce n’est certainement pas à travers ce système économique que nous parviendrons sortir de la crise. Les organisateur·trice·s tiennent à remercier les participant·e·s à la manifestation qui ont repris la rue cette année, malgré le contexte de crise sanitaire, avec masques et mesures de distanciation.

Dans le cadre de la Journée internationale des travailleurs et des travailleuses, la CLAC organisait aujourd’hui la manifestation anticapitaliste annuelle du 1er Mai, qui commençait à 16h au parc Jarry. Rappelons que l’année dernière, en raison du contexte sanitaire, il n’y a pas eu de rassemblement, mais nous avions tout de même appelé à une journée d’actions de visibilité, qui fut un vif succès malgré tout.

Cette année, nous avons été manifester dans le Mile-Ex pour dénoncer les compagnies d’intelligence artificielle qui profitent éhontément de la crise, en convertissant des subventions publiques en outils pour le secteur privé. Les entreprises qui y sont situées sont une force majeure de la gentrification et du déplacement des résident·e·s du quartier Parc-Extension en plus de participer à la surenchère technologique de la surveillance.

Stacy Langlois, une manifestante, déclare : « Comme toujours, ce sont les travailleurs et travailleuses, les pauvres, les personnes migrantes, les personnes qui occupent des emplois majoritairement féminins, qui se tuent – littéralement – pour faire vivre les plus riches. C’est nous qui cuisinent et qui leur livrent leur bouffe pour pas qu’ils aillent besoin de faire la file à l’épicerie comme nous autre.» Elle poursuit: «Leur plan de relance, c’est de nous garder dans la misère.»

En plus, le renforcement des frontières et les abus des instances d’immigration ont pour mission de préserver ces inégalités. Les personnes migrantes qui ont eu la “chance” de venir ici meurent dans nos hôpitaux et nos entrepôts. Les rues des quartiers les plus pauvres sont vides, la police étant toujours en recherche de ses prochaines victimes. Les Premiers Peuples sont humiliés, agressés et tués par les instances gouvernementales pilotées par les compagnies extractivistes. Et dans tout ce chaos, on nous impose l’obéissance, le silence, l’aveuglement face à tout ce qui se passe autour de nous. C’est absurde et révoltant!

Lors d’un discours d’ouverture enflammé, Steven Lafortune-Sansregret s’est écrié : « Ce que nous devons relancer, ce n’est pas l’économie, mais les luttes pour la fin de l’exploitation capitaliste ! » Ensemble, prêt·e·s à nous battre, nous sommes bien plus fort·e·s et bien plus nombreux·euses que ceux qui nous oppriment en tout impunité. Refusons cet avenir “ubérisé” et bâtissons un monde d’entraide et d’équité. Pour y arriver, nous utiliserons tous les moyens nécessaires.

Nous ne voulons pas de ce monde qu’ils essaient de nous vendre! Ni de l’ancien, ni du nouveau! À bas le capitalisme!

Le verger au complet, Épisode 4, Abolition du système carcéral – Entrevue avec Helen Hudson

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Avr 272021
 

De la Convergence des luttes anticapitalistes

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Les prisons n’ont pas toujours existées. Leur apparition s’inscrit dans un processus de gestion des corps et des vies humaines qui accompagne la naissance du capitalisme. Les prisons comme telles font bien-sûr partie d’un plus grand système carcéral, très développé dans notre société, qui ne sert pas seulement à punir une personne qui a commis un geste considéré illégal, mais permet aussi à l’État d’exercer un contrôle social.

Musique

Toutes utilisées avec la permission des groupes.

Références

La définition de la justice transformatrice du gouvernement fédéral: https://www.justice.gc.ca/fra/jp-cj/jr-rj/index.html

Deux livres parus chez AK Press portant sur la justice transformatrice pour les personnes intéressé.e.s:
* Beyond Survival – Dixon
* We Will Not Cancel Us – adrienne maree brown

Transcription

Introduction Comme on l’a mentionné dans le dernier épisode, les prisons n’ont pas toujours existées. Leur apparition s’inscrit dans un processus de gestion des corps et des vies humaines qui accompagne la naissance du capitalisme. Les prisons comme telles font bien-sûr partie d’un plus grand système carcéral, très développé dans notre société, qui ne sert pas seulement à punir une personne qui a commis un geste considéré illégal, mais permet aussi à l’État d’exercer un contrôle social. Les répercussions de ce système sont néfastes pour les personnes emprisonnées et leur communauté aussi bien que pour le reste d’entre-nous qui vivons en connaissant les conséquences de ce qu’il représente.

Pour en apprendre plus, nous vous présentons une entrevue avec Helen Hudson.

Depuis une vingtaine d’années, Helen Hudson milite en solidarité avec des prisonnières et prisonniers. Elle habite sur le territoire Kanien’kehá:ka non-cédé, aussi connu sous le nom de Montréal, mais travaille principalement avec des prisonniers politiques aux États-Unis. Elle s’identifie comme une femme noire, queer et anarchiste.

Q: Aux niveaux politique et social, qu’est-ce que c’est la prison?

R: La prison n’est pas juste un endroit qui existe, c’est une institution sociale. C’est-à-dire, il y a une fonction que la prison sert dans notre société, et puis c’est lié avec toute autre institution dans notre société. Donc, c’est clair que c’est lié au gouvernement, à la police, mais il faut aussi être conscient que c’est lié à l’économie, à l’éducation, aux frontières, tout ce qui fait fonctionner la société a un lien avec la prison et c’est quoi la fonction de la prison? Pour moi, dans mon analyse, c’est un contrôle social spécifiquement quand la société, le capitalisme, l’État, causent la précarité. Il faut faire quelque chose avec ces gens précaires et il faut faire quelque chose pour faire en sorte que les gens comprennent qu’il y a des pouvoirs que l’État a sur eux, alors c’est ça la fonction de la prison, avoir un endroit pour garder un surplus de personnes, de travailleurs, et pour envoyer un message clair que la coercition est là comme menace pour le peuple.

Q: Peux-tu nous dresser un portait de la population carcérale au Canada? Qui se retrouvent en prison et quels sont les liens entre leur incarcération et les autres formes d’oppression auxquelles ces personnes font face?

R: Comme j’ai dit, la prison est là pour envoyer un message et contrôler les gens, alors ça ne surprend pas que les gens marginalisés, opprimés se retrouvent en prison en grand nombre. Au cours des dernières décénnies, mettons, les dernières quatres décénnies, on va avoir une augmentation en général du nombre de prison dans le monde occidental–c’est à dire dans des pays comme le canada, les états-unis, en europe, etc. Euh, Au Canada, on n’a pas vu augmenter notre population incarcérée, mais on a vu augmenter les personnes opprimées. Par exemple, en 2001, le pourcentage des personnes dans les prisons canadiennes fédéraux, où se retrouve le monde qui purgent une peine de deux ans ou plus, le taux des personnes autochtones étaient juste en bas de 20%. Là c’est juste en haut de 30%, 30,5%. Quand on regarde chez les femmes autochtones, c’est plus de 40% et avec les jeunes, les personnes jeunes peut importe leur genre, c’est aussi élevé comparé à ce 30%, qui est déjà élevé par rapport au 5% de personnes dans l’État du Canada qui est autochtone, et ça on voit aussi ça chez les personnes noires. Ca On parle donc de racisation des prisonnières mais aussi quand on regarde l’oppression, la pauvreté, les problèmes de santé mentale, l’analphabétisme, tout ça c’est surreprésenté en prison. Donc on voit clairement que les personnes opprimées sont les personnes qui se retrouvent derrière les barreaux.

Q: Comment la prison touche-t-elle la vie de gens qui ne sont pas elleux-mêmes emprisonnées?

R: Pour moi c’est très clair que la prison touche les personnes emprisonnées, mais touche des communautés. Quand une personne est en prison, cette personne laisse sa famille, laisse sa job qui sont souvent enracinées dans sa communauté. Mettons par exemple une communauté noire comme à Montréal-Nord, pour prendre un exemple. Je vais parler dans l’État canadien, mais la même dynamique se reproduit dans toute la société occidentale. Quand on enlève en grand nombre tout le monde qui peut travailler, tout le monde qui peut être tête d’une famille, tout le monde qui a les rôles dans une communauté et qui transmettent des savoir culturels, qui peut être le leadership–pour dire comme ça– d’une communauté, si ces gens sont derrière les barreaux, c’est pas juste eux qui sont affectés. C’est sûr que eux y sont affectés très concrètement, mais c’est aussi un cercle vicieux qui se produit dans le sens que les jeunes, les enfants, dans des communautés où beaucoup d’adultes sont emprisonnés vont voir leurs chances d’être emprisonnés aussi dans le futur augmenter.

Q: Donc, en plus de cibler et d’affecter les populations déjà les plus opprimées et les moins privilégiées de la société, le système carcéral perpétue ces oppressions. Au lieu de régler quoi que soit, la prison accentue les causes de la soi-disante criminalité. Pour toi, l’abolition des prisons est une réponse à ces injustices. Peux-tu nous expliquer ce qu’est l’abolitionisme?

R: L’abolitionnisme, c’est clair par son nom, il a pour but d’abolir la prison, de faire en sorte qu’on va avoir une société sans prison. Quand je mentionne ça souvent j’ai une réaction que c’est une idée ridicule ou un peu utopiste dans le sens que qu’est-ce qu’on peut faire pour régler ce qu’on appelle des crimes, c’est-à-dire des méfaits entre des personnes : quelqu’une blesse quelqu’une d’autre ou prend quelque chose qui appartient à quelqu’un d’autre. Comment est-ce qu’on peut régler ça sans prison ? Honnêtement, je n’ai pas de réponse très simple et concrète à ça, mais juste pour dire qu’il y a des sociétés où ça ne se fait pas de façon comme on règle ça dans nos sociétés — avec des prisons. L’autre chose à mentionner est que si on veut régler des problèmes entre les gens en dedans des communautés, c’est très différent d’y impliquer l’État, parce que avec les notions des crimes qu’on a, avec les courts, la police, les prisons, ce qui vient avec est toute la pression que je viens de mentionner, mais aussi que ce n’est plus conceptualisé comme un méfait contre une autre personne, mais plutôt un méfait contre l’État. Par exemple, si je prends ta bicyclette, avec notre conception du crime, ce n’est pas entre moi et toi, c’est entre moi et l’État. Ça devient complètement autre chose. Avec l’abolition des prisons, on veut toujours avoir une façon de régler ça entre moi et toi, entre tout le monde qui est affecté, mais ce n’est plus un méfait contre l’État. En plus, ce n’est plus question de punir, parce que voilà un autre aspect de l’abolitionnisme : c’est axé sur des solutions, c’est axé sur ce qu’on apppelle en anglais la “restorative justice”. C’est-à-dire de retourner à un état — une situation — où tout le monde est correct et où on a guéri l’injustice qui s’est produite. Autre chose que je voudrais mentionner avec l’abolitionnisme est que c’est à la fois pour faire en sorte qu’il n’y ait plus de prison et en même temps construire des alternatives ; il y a donc à la fois une lutte anti-carcérale et à la fois une lutte pour une vision d’une autre société.

Narration: “Restorative justice, en français la justice réparatrice, sert, en bref, à trouver un moyen pour la personne qui a causé un tort à une ou des personnes de réparer le mal qu’elle a causé, selon les besoins et les demandes de la ou des victimes.” Au soi-disant Canada, le gouvernement fédéral s’est approprié le de terme justice réparatrice en lui donnant une place dans son système carcéral punitif.[1] Aujourd’hui certain.e.s préfèrent donc parler de justice transformatrice, soit une forme de justice refusant toute collaboration avec l’État et misant sur la transformation des mentalités notamment par le biais de processus entre les victimes/survivantes et les personnes ayant causé du tort. Nous allons revenir sur ces notions dans un des prochains épisodes du Verger au complet, qui portera plus spécifiquement sur les formes de justices alternatives.

Q: Parmi les gens qui voudraient voir un monde sans prisons, il y en a qui sont critique du terme “abolitionisme”. Peux-tu nous en parler? Qu’est-ce que le mot abolition veut dire exactement pour toi?

R: Il y a deux aspects de cela: d’abord, tout à fait, on peut avoir une critique très réelle dans le sens que d’abolir la prison, ça veut dire quoi ? C’est une question tout à fait pertinente parce qu’on ne peut pas abolir une institution de la société et la faire disparaître. C’est sur que si c’est lié à la suprématie blanche, le capitalisme, le patriarcat, l’homophobie, toute sorte de choses, on ne peut pas juste l’abolir. C’est sur qu’il y a des personnes qui se disent abolitionnistes et qui n’ont pas une critique de toutes ces autres institutions mentionnées et donc ce n’est pas très réaliste pour moi de dire on va juste abolir les prisons et le reste de la société va rester comme elle est. Pour moi ce n’est pas réaliste et pas juste non plus. D’un autre côté, le terme abolitionnisme fait référence à l’abolitionnisme de l’esclavage et il y a beaucoup de gens dans les mouvements abolitionnistes qui font ces liens dans le sens que la prison est une institution profondément suprémaciste blanc et profondément coloniale. Alors quand il y avait le mouvement abolitionniste de l’esclavage, ce mouvement n’a pas tout à fait réussi : l’esclavage a légué le suprémacisme blanc, et le suprémacisme blanc est un des fondements de l’institution des prisons. Et donc, pour beaucoup d’abolitionnistes, c’est toujours le même mouvement. C’est une continuation du mouvement abolitionniste d’il y a un siècle et pour moi en tant que personne noire et antiraciste, c’est important de faire ce lien et c’est en partie pourquoi je me dis abolitionniste et pas seulement anti-prisons. L’autre chose est qu’il y a aussi l’abolitionnisme anti-prisons, mais il y a aussi l’abolitionnisme carcéral. Pour moi l’abolitionnisme carcéral est plus pertinent, c’est plus large dans ce sens qu’il y a d’autres institutions carcérales, il y a aussi d’autres façons d’enfermer des gens, c’est-à-dire les choses qui se disent des alternatives aux prisons, par exemple des bracelets GPS où des gens sont confiné.e.s chez eux mais toujours surveillés par l’État et incapables de partir de chez eux. Il y a des frontières, il y a des hopitaux psychiatriques fermés–et je mets hopitaux avec des guillemets parce que ce ne sont pas des vrais hopitaux pour moi, il n’y a personne qui va se soigner là-bas. Alors c’est ça l’abolitionnisme carcéral, c’est-à-dire l’abolitionnisme des prisons et de toute autre instance carcérale avec un lien historique avec l’abolition de l’esclavage.

Q: Tu voulais nous parler du féminisme carcéral?

R: En fait, en parlant je me suis rendu compte que dans une des autres questions j’aurais voulu parler un peu plus du patriarcat spécifiquement parce qu’une partie du discours pro-prisons très central est que les prisons sont là pour nous garder en sécurité, nous protéger des personnes emprisonnées. Parmi les luttes radicales, révolutionnaires, je pense qu’il y a des éléments réformistes qui ont comme réponse à leur oppression qu’il faut punir les gens et entre autres avec la prison. Mais surtout dans les luttes anti-patriarcales et contre les violences faites aux femmes, il y a des éléments qui exigent des peines plus longues, des lois plus sévères et il y a un nom pour ça : le féminisme carcéral. Et là, dans les années récentes, ça me donne beaucoup d’espoir de voir un dialogue en dedans des mouvements féministes comme quoi le féminisme carcéral est un grand problème et c’est pas une solution au sexisme d’enfermer les gens parce que ça n’améliore pas la sécurité des femmes. On voit avec les lois plus sévères que ce sont souvent les femmes qui se retrouvent derrière les barreaux pour se défendre. Donc voilà ce que je voulais ajouter parce que c’est souvent une question que les gens ont : comment est-ce qu’on va être en sécurité, comment est-ce qu’on va se protéger et c’est comme “a trap” de penser que la prison va nous protéger et de faire recours à ça dans nos revendications.

Q: Alors, être abolitioniste, ça implique quoi en termes concrêts, comme actions, comme stratégies ou comme engagement politique?

R: Pour moi, je commence par la fin : comme engagement politique, pour moi c’est central. Quand je me suis radicalisé, au début ce n’était pas contre les prisons. Je faisais du militantisme féministe, queer, antiraciste et ça m’a pris plusieurs années pour comprendre que les prisons sont centrales dans toutes ces luttes : c’est une façon d’opprimer les gens des mouvements. Beaucoup de mon travail avec les prisonniers c’était avec des prisonniers politiques dans le sens que c’étaient des prisonniers incarcérés pour le rôle dans d’autres mouvements sociaux. Si on est sérieuses à opposer et à vaincre le patriarcat, le capitalisme, le suprémacisme blanc, le colonialisme et la transphobie et là je peux continuer la liste avec toutes les formes d’opporession, toutes les structures qui nous oppriment. C’est important de ne pas avoir des murs en dedans de nos luttes. C’est d’inclure tout le monde incluant les prisonniers et les prisonnières dans nos luttes et de viser l’institution des prisons comme une cible de toutes ces luttes. Là c’est une réponse un peu plus théorique. Pour aller un peu plus dans le concret, comme j’ai mentionné plus tôt, il ya comme deux pistes : il y a la piste abolitionniste comme lutte en tant que telle et il y a aussi le côté plus visionnement des alternatives. Honnêtement, moi je suis moins impliquée dans la partie vision mais je trouve important de le mentionner. Mais en termes de ce qui est le côté plutôt “anti” c’est de surtout prendre le leadership des prisonniers et prisonnières, donc de soutenir les luttes qui se font en dendans des prisons. Et il y en a plein : il y a des grèves de la faim, des grèves de travail où les prisonniers refusent de travailler, toute sorte d’autres action. D’être en lien avec toutes ces luttes-là et de prendre le leadership de ces gens et ça veut dire des fois de faire des choses qui n’ont pas juste la destruction complète des prisons comme exigence et comme but. Des fois, il y a des prisonniers et prisonnières qui réclament des conditions un peu moins sévères et des fois nous les militantes en dehors des prisons on peut trouver ça un peu réformiste mais c’est une lutte très concrète pour améliorer les conditions de vie de nos camarades. Donc d’être en solidarité avec ces luttes c’est très important et d’y apporter un regard abolitionniste, c’est d’avoir un dialogue comme quoi ces luttes font partie d’une lutte plus large. Aussi, très important concrètement, c’est d’opposer tout ce qui est l’expansion des prisons, c’est jours-ci il y a beaucoup de surpopulation dans les prisons qui existent, beaucoup de prisons sont très vieilles donc des fois on peut avoir des revendications pour des nouvelles prisons, des prisons qui sont dites “meilleures”, mais c’est très important d’être opposé.e.s à ça dans le sens que quand on construit des nouvelles prisons, on va les remplir. On voit ça très clairement quand on regarde l’histoire plus ancienne et l’histoire plus récente que c’est toujours très important d’opposer ça. Et c’est une des choses que les abolitionnistes font beaucoup. Je sais qu’actuellement à Montréal il y a une campagne contre une nouvelle prison de migrant.e.s qui s’est faite. Donc voilà je pense que je vais terminer là.

Conclusion Bref, plutôt que d’être une lutte secondaire, militer pour l’abolition des prisons constitue une nécessité en soi pour quiconque souhaite réellement s’attaquer au système capitaliste. Leviers de reproduction des inégalités sociales, les prisons oppriment, marginalisent et se basent sur une vision patriarcale et suprémasciste de la société pour punir. Édifier un monde antiautoritaire passe donc nécessairement par l’abolition des prisons et, de manière plus juste, du sytème carcéral qui se reproduit par l’enfermement des personnes stigmatisées comme “indésirables”. S’il peut sembler à première vue irréaliste de régler le tort commis par les membres d’une communauté sans avoir recours à l’État, comment s’empêcher d’arriver au même constat avec le système carcéral? N’est-il pas fondamentalement irréaliste d’espérer régler tous nos problèmes sociétaux en enfermant toutes les personnes ayant causé du tort?

S’il faut lutter activement pour l’abolition et contre l’extention du système carcéral, oublier les personnes y étant actuellement enfermées apparaît cependant comme non-souhaitable et ce surtout pour les personnes n’ayant jamais été emprisonnées ou n’étant pas en contact avec des personnes emprisonnées. De la réduction des méfaits à l’autonomie radicale des collectivités, sans oublier les formes de justices alternatives comme la justice réparatrice ou transformatrice, de nombreux exemples de communautés refusant d’avoir recours au système punitif pour régler le tort causé se doivent d’inspirer nos trames de résistances collectives.

Un dernier mot pour vous inviter à la manifestation anticapitaliste du 1er mai, à 16h au parc Jarry, coin St-Laurent et Gary-Carter. La manifestation de cette année a pour thème: “pas de retour à la normale” parce que nous refusons autant le monde prépandémie que l’avenir néocapitaliste qui se dessine. On se voit dans la rue!

Translation

As mentioned in the last episode, prisons have not always existed. Their appearance is part of a process of management of human bodies and lives that accompanies the birth of capitalism. Prisons as such are of course part of a larger prison system, highly developed in our society, which not only serves to punish a person who has committed an act considered illegal, but also allows the state to exercise social control. The repercussions of this system are harmful for the imprisoned persons and their community as well as for the rest of us who live knowing the consequences of what it represents.

To learn more, we present an interview with Helen Hudson.

Helen Hudson has been an activist in solidarity with prisoners for the past twenty years. She lives in the Kanien’kehá:ka Non-Cede territory, also known as Montreal, but works primarily with political prisoners in the United States. She identifies as a black, queer and anarchist woman.

Q: On a political and social level, what is a prison?

A: Prison is not just a place that exists, it is a social institution. That is to say, there is a function that the prison serves in our society, and then it is linked with every other institution in our society. So, it is clear that it is linked to the government, to the police, but we must also be aware that it is linked to the economy, to education, to borders, everything that makes society function has a link with the prison and what is the function of the prison? For me, in my analysis, it’s a social control specifically when society, capitalism, the state, cause precariousness. You have to do something with these precarious people and you have to do something to make people understand that there are powers that the state has over them, so that’s the function of the prison, to have a place to keep a surplus of people, of workers, and to send a clear message that coercion is there as a threat to the people.

Q: Can you give us a snapshot of the prison population in Canada, who ends up in prison, and what are the links between their incarceration and other forms of oppression they face?

A: As I said, prison is there to send a message and control people, so it’s not surprising that marginalized, oppressed people end up in prison in large numbers. Over the last few decades, say, the last four decades, we’re going to see an increase in the number of prisons in general in the western world–that is, in countries like Canada, the United States, Europe, etc. Uh, in Canada, we haven’t seen an increase in our incarcerated population, but we have seen an increase in the number of oppressed people. For example, in 2001, the percentage of people in Canadian federal prisons, where the world is, who are serving a sentence of two years or more, the rate of Aboriginal people was just under 20%. Now it’s just over 30%, 30.5%. When you look at Aboriginal women, it’s over 40% and with young people, young people of any gender, it’s also high compared to that 30%, which is already high compared to the 5% of people in the state of Canada who are Aboriginal, and we also see that with Black people. So we’re talking about the racialization of women prisoners, but also when we look at oppression, poverty, mental health issues, illiteracy, all of that is overrepresented in prison. So you can clearly see that the oppressed people are the people who end up behind bars.

Q: How does prison affect the lives of people who are not themselves in prison?

A: For me it’s very clear that prison affects people in prison, but it affects communities. When a person is in prison, that person leaves his or her family, leaves his or her job, which are often rooted in the community. Let’s take a black community like Montreal North, for example. I’m going to speak in the Canadian state, but the same dynamic is reproduced in all of Western society. When you take out in large numbers all the people who can work, all the people who can be the head of a family, all the people who have roles in a community and who pass on cultural knowledge, who can be the leader–to put it that way–of a community, if these people are behind bars, it’s not just them who are affected. Of course, they are affected very concretely, but it is also a vicious circle that occurs in the sense that young people, children, in communities where many adults are imprisoned will see their chances of being imprisoned in the future increase.

Q: So, in addition to targeting and affecting the already most oppressed and least privileged populations in society, the prison system perpetuates these oppressions. Instead of solving anything, prison exacerbates the causes of so-called crime. For you, the abolition of prisons is a response to these injustices. Can you explain what abolitionism is?

A: Abolitionism, it’s clear by its name, its goal is to abolish prison, to make sure that we will have a society without prison. When I mention this, I often have the reaction that it’s a ridiculous idea or a bit utopian in the sense that what can we do to solve what we call crimes, that is to say misdeeds between people: someone hurts someone else or takes something that belongs to someone else. How do you deal with that without jail? Honestly, I don’t have a very simple and concrete answer to that, but just to say that there are societies where it’s not done in the way we deal with it in our societies — with prisons. The other thing to mention is that if you want to solve problems between people within communities, it’s very different to involve the State, because with the notions of crimes that we have, with the courts, the police, the prisons, what comes with it is all the pressure that I just mentioned, but also that it’s no longer conceptualized as a misdeed against another person, but rather a misdeed against the State. For example, if I take your bike, with our conception of crime, it’s not between me and you, it’s between me and the state. It becomes something completely different. With the abolition of prisons, we still want to have a way to settle it between me and you, between everyone who is affected, but it is no longer a misdemeanour against the State. Moreover, it is no longer a question of punishment, because here is another aspect of abolitionism: it is focused on solutions, it is focused on what is called “restorative justice”. That is, to return to a state — a situation — where everyone is okay and the injustice that occurred has been healed. Another thing I would like to mention with abolitionism is that it is both to make sure that there are no more prisons and at the same time to build alternatives; there is So there is both an anti-prison struggle and a struggle for a vision of another society.

Narrative: “Restorative justice, in short, serves to find a way for the person who has caused harm to a person or persons to repair the harm he or she has caused, according to the needs and requests of the victim or victims.” In Canada, the federal government has appropriated the term restorative justice by giving it a place in its punitive prison system. 1] Today, some people prefer to speak of transformative justice, a form of justice that refuses all collaboration with the State and that focuses on transforming mentalities, particularly through processes between victims/survivors and those who have caused harm. We will come back to these notions in one of the next episodes of The Complete Orchard, which will deal more specifically with alternative forms of justice.

Q: Among those who would like to see a world without prisons, there are those who are critical of the term “abolitionism”. Can you talk about this? What exactly does the word abolition mean to you?

A: There are two aspects to this: first, quite frankly, there is a very real critique in the sense that abolishing prison means what? It’s a very relevant question because you can’t abolish an institution of society and make it disappear. Of course, if it’s related to white supremacy, capitalism, patriarchy, homophobia, all sorts of things, you can’t just abolish it. Of course there are people who call themselves abolitionists who don’t have a critique of all these other institutions mentioned and so it’s not very realistic for me to say we’re just going to abolish prisons and the rest of society is going to stay the way it is. To me that’s not realistic and not fair either. On the other hand, the term abolitionism refers to the abolition of slavery and there are a lot of people in the abolitionist movement who make these connections in the sense that prison is a deeply white supremacist and deeply colonial institution.

So when there was the slavery abolitionist movement, that movement didn’t quite succeed: slavery bequeathed white supremacism, and white supremacism is one of the foundations of the prison institution. And so, for many abolitionists, it’s still the same movement. It’s a continuation of the abolitionist movement from a century ago and for me as a black person and an anti-racist, it’s important to make that connection and that’s part of why I call myself an abolitionist and not just anti-prison. The other thing is that there is also anti-prison abolitionism, but there is also prison abolitionism. For me prison abolitionism is more relevant, it is broader in the sense that there are other prison institutions, there are also other ways of locking people up, that is to say things that are called alternatives to prisons, for example GPS bracelets where people are confined to their homes but still monitored by the police. but still monitored by the state and unable to leave their homes. There are borders, there are closed psychiatric hospitals–and I put hospitals with quotation marks because they are not real hospitals for me, there is nobody who goes there to be treated. So that’s prison abolitionism, that is to say abolitionism of prisons and of any other prison instance with a historical link to the abolition of slavery.

Q: You wanted to talk to us about prison feminism?

A: Actually, as I was talking I realized that in one of the other questions I would have liked to talk a little bit more about patriarchy specifically because part of the very central pro-prison discourse is that prisons are there to keep us safe, to protect us from the people in prison. Among the radical, revolutionary struggles, I think there are reformist elements that have as a response to their oppression that they need to punish people and among other things with prison. But especially in the anti-patriarchal struggles and against violence against women, there are elements that demand longer sentences, harsher laws and there is a name for that: prison feminism. And now, in recent years, it gives me a lot of hope to see a dialogue within the feminist movement that prison feminism is a big problem and that it’s not a solution to sexism to lock people up because it doesn’t make women safer. We see with tougher laws that it’s often women who end up behind bars to defend themselves. So that’s what I wanted to add because it’s often a question that people have: how are we going to be safe, how are we going to protect ourselves and it’s like “a trap” to think that prison is going to protect us and to use that in our demands.

Q: So, what does being an abolitionist imply in concrete terms, as actions, as strategies or as political commitment?

A: For me, I start at the end: as a political commitment, for me it’s central. When I became radicalized, at first it wasn’t against prisons. I was doing feminist, queer, anti-racist activism and it took me several years to understand that prisons are central to all of these struggles: it’s a way of oppressing people in movements. A lot of my work with prisoners was with political prisoners in the sense that they were prisoners incarcerated for their role in other social movements. If we are serious about opposing and overcoming patriarchy, capitalism, white supremacism, colonialism, and transphobia, and I can go on and on with all the forms of oppression, all the structures that oppress us. It’s important not to have walls within our struggles. It is to include everyone including prisoners in our struggles and to target the institution of prisons as a target of all these struggles. This is a more theoretical answer. To go a little more concrete, as I mentioned earlier, there are like two tracks: there is the abolitionist track as a struggle as such and there is also the more visionary side of the alternatives. Honestly, I’m less involved in the visioning part but I think it’s important to mention it. But in terms of what’s the more “anti” side, it’s mostly about taking leadership from prisoners, so supporting the struggles that are going on inside prisons.

And there are plenty of them: there are hunger strikes, work strikes where prisoners refuse to work, all sorts of other actions. To be connected to all these struggles and to take leadership of these people and that means sometimes doing things that don’t just have the complete destruction of prisons as an exi and as a goal. Sometimes, there are prisoners who demand less severe conditions and sometimes we activists outside of prisons may find this a bit reformist but it is a very concrete struggle to improve the living conditions of our comrades. So to be in solidarity with these struggles is very important and to bring an abolitionist perspective, it is to have a dialogue as if these struggles are part of a larger struggle. Also, very important concretely, is to oppose everything that is the expansion of prisons, these days there is a lot of overcrowding in the prisons that exist, a lot of prisons are very old so sometimes we can have demands for new prisons, prisons that are said to be “better”, but it’s very important to be opposed to that in the sense that when we build new prisons, we are going to fill them. We see that very clearly when we look at the older history and the more recent history that it is always very important to oppose that. And that’s one of the things that abolitionists do a lot. I know that in Montreal right now there is a campaign against a new migrant prison that has been done. So I think I’ll end there.

Conclusion In short, rather than being a secondary struggle, campaigning for the abolition of prisons is a necessity in itself for anyone who really wants to attack the capitalist system. As levers of reproduction of social inequalities, prisons oppress, marginalize and rely on a patriarchal and supremacist vision of society to punish. Building an anti-authoritarian world therefore requires the abolition of prisons and, more justly, of the prison system that reproduces itself through the confinement of people stigmatized as “undesirable. While it may seem unrealistic at first glance to address the harm done by members of a community without recourse to the state, how can one help but arrive at the same conclusion with the prison system? Is it not fundamentally unrealistic to expect to solve all our societal problems by locking up all the people who have done wrong?

While we must actively fight for the abolition and against the expansion of the prison system, forgetting about those who are currently locked up seems undesirable, especially for those who have never been imprisoned or who are not in contact with imprisoned people. From harm reduction to radical community empowerment, not to mention alternative forms of justice such as restorative or transformative justice, there are many examples of communities refusing to resort to the punitive system to address the harm done that should inspire our collective resistance.

A final word to invite you to the May 1st anti-capitalist demonstration, at 4pm at Jarry Park, corner of St-Laurent and Gary-Carter. The theme of this year’s demonstration is “no return to normal” because we refuse both the pre-pandemic world and the neo-capitalist future that is taking shape. See you in the streets!

Projet d’Ariane Phosphate: « Coucou, ne m’oubliez pas! »

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Avr 262021
 

Du Collectif Emma Goldman

Dans la dernière année, le projet d’Ariane Phosphate a passé sous le radar et nous n’avons presque pas entendu parler des développements qui doivent mener à cette mine à ciel ouvert de phosphate au Lac à Paul et au troisième port sur le Saguenay. Il y a plusieurs raisons à cela (outre la pandémie), dont la lenteur du processus devant conduire à la première pelleter de terre du projet, la place prise dans les médias de masse par GNL Québec et la sortie du rapport du BAPE sur l’usine de liquéfaction de gaz naturel au port de Grande-Anse. Pour autant, le projet de mine d’apatite n’est pas mort et voilà qu’il a refait surface la semaine dernière dans les médias.

La minière Ariane Phosphate a annoncé avoir conclu une entente, d’une durée pouvant aller jusqu’à 50 ans, avec Port Saguenay au sujet du futur site d’installation pour le chargement maritime sur la rive nord de la rivière Saguenay. Le deal prévoit l’utilisation des futures installations sur la rive nord pour 30 ans avec deux renouvellements possibles de 10 ans. Il vient aussi encadrer la vente par Port Saguenay à Ariane Phosphate d’un morceau de terrain qui permettra la construction d’une installation de chargements qui va faciliter l’accès aux plateformes commerciales internationales.

Même si cette entente entre la minière et Port Saguenay n’est pas une surprise puisque l’administration portuaire est 100% pour le projet et travaille à sa réalisation, elle sert à rassurer les investisseurs et les clients potentiels que tente de séduire Ariane Phosphate: « Avec une entente de 50 ans, nous serons en position de force pour approvisionner nos clients mondiaux à partir de notre projet de mine du Lac à Paul qui devrait avoir une longue durée de vie. C’est une des choses qu’il nous manquait pour rassurer nos clients ou investisseurs potentiels quand on négociait. Là c’est réglé. » (1) – Jean-Sébastien David, chef des opérations chez Ariane Phosphate, lors d’une entrevue avec le journal Informe Affaires.

La multiplication des annonces, même banales et plus ou moins pertinentes, ainsi que les diverses ententes qui sont ensuite relayées par les médias servent justement à rassurer les investisseurs, les motiver et leur donner espoir. Les convaincre que le projet va de l’avant, qu’il n’est pas mort et que tout roule comme prévu, peu importe si c’est vrai ou non.

L’automobile électrique comme passeport vert

Comme bien des multinationales extractivistes, Ariane Phosphate mise sur l’automobile électrique pour écouler sa matière première et verdir son projet destructeur. L’augmentation de la demande de phosphate pour les batteries Lithium-Fer-Phosphate (LFP) est vu d’un bon œil par les dirigeants de la minière. Ces batteries sont utilisées pour la fabrication de voitures électriques. Elon Musk, le PDG mégalomane de Tesla Motors, a annoncé dernièrement qu’il étudiait la possibilité d’utiliser les batteries LFP pour équiper les prochains véhicules Tesla puisqu’elles sont moins dispendieuses. Évidemment, cela est vu comme une bonne nouvelle par Ariane Phosphate.

Un futur bien macabre nous attend si la voiture électrique est considérée comme une transition énergétique et un moyen de diminuer la pollution. En réalité, elle sert simplement à justifier et verdir des projets extractivistes qui vont détruire des milieux de vie pour une poignée d’emploi et des millions de dollars dans les poches des dirigeants.

L’électrification des voitures n’est pas la solution, le but est de diminuer au maximum le nombre d’automobiles sur les routes et d’augmenter le transport en commun. Fabriquer des voitures, même si elles sont électriques, demande beaucoup de ressources qu’il faut extraire du sol (lithium, phosphate, etc.) et d’infrastructures destructrices comme les autoroutes, les immenses boulevards, les stationnements à l’infini, etc. La voiture électrique sert à sauver l’industrie automobile, pas la planète.

Même si la minière Ariane Phosphate a toutes les approbations du gouvernement pour aller de l’avant et qu’elle est aidée par la classe politique locale et le milieu des affaires, il n’est pas trop tard pour s’activer. Nous devons nous organiser pour occuper le territoire et bloquer coûte que coûte ce projet; mettre nos corps en jeu pour empêcher la destruction de nos milieux de vie et la poursuite de ce néo-colonialisme qui s’approprie les territoires des Premières Nations et anéantit toutes possibilités de pratiques ancestrales. Tôt ou tard, il faudra monter des barricades, bloquer les chemins, créer des zones à défendre où nous vivrons autrement; attaquer.

  1. https://informeaffaires.com/regional/mines-et-ressources-naturelles/pour-50-ans-arianne-confirme-une-entente-avec-port-de

Émeute contre le couvre-feu!

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Avr 242021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le dimanche 11 avril, en réponse au rétablissement par Legault du couvre-feu de 20h, les gens sont descendus dans les rues de Montréal pour profiter du temps printanier et exprimer une rage joyeuse contre ce monde de merde qui continue à nous voler nos vies. Sans intention politique déclarée, un appel a été lancé sur les médias sociaux pour se rassembler dans le Vieux-Port afin de faire la fête et de défier le couvre-feu. Un certain nombre d’anarchistes se sont joints à ce qui s’est avéré être une foule mixte de personnes, principalement des jeunes, dont le principal point commun était la colère que leurs quelques libertés soient encore plus restreintes par le gouvernement. Avant 20 heures, l’atmosphère était excitée et bruyante, le slogan ” fuck Legault ” étant le plus fréquent et le plus fort. Les motos faisaient tourner leurs moteurs, les gens dansaient, buvaient et riaient avec leurs amis pour célébrer le printemps en défiant ce monde de merde.

Le premier véhicule du SPVM qui a passé a été accueilli par des huées et des doigts du milieu, le second par des œufs, des bouteilles et des pierres. La révolte était dans l’air, et nous étions ravis d’être au milieu d’une manifestation aussi bruyante, surtout après un hiver aussi long et morose. À l’approche du couvre-feu, nous avons remarqué que l’anti-émeute se rassemblaient à l’est de la rue de la Commune et de la rue Saint-Paul. Il n’y avait que quelques patrouilles à l’ouest sur la rue de la Commune. À ce moment-là, ils gardaient leurs distances, surveillant la manifestation.

À peu près au même moment, des “reporters” sont arrivés de “Rebel Media”, un média d’extrême droite basé à Toronto. Rebel Media est connu pour employer des journalistes liés à Stormfront, un site néo-nazi prolifique, et pour travailler avec d’autres personnalités racistes, transphobes et d’extrême droite, ainsi que pour propager des théories anti-immigrants et des théories du complot niant la COVID. Malgré le comportement désespéré de Rebel Media, qui cherche à attirer l’attention, il s’agit d’échecs plutôt obscurs, même en tant que provocateurs sur YouTube (remarque : depuis le 14 avril, ils ont été suspendus de YouTube). Il était clair que la grande majorité des participants ne savaient pas qui ils étaient. Malheureusement, de nombreux jeunes ont interagi avec eux de manière enthousiaste et positive.

Nous estimions ne pas être assez nombreux pour faire face à Rebel Media, et il semblait probable que si nous attaquions, la foule prendrait leur parti, car personne ne sait qui est Rebel Media, et encore moins qu’ils sont utilisés pour créer une propagande d’extrême droite. C’était une situation frustrante.

Au même moment, des feux ont été allumés par de petits groupes au sein de la manifestation, mais ils ont été éteints par ce qui semblait être un groupe restreint mais organisé d’hommes blancs portant des équipements tactiques et des patchs associés à des types d’extrême droite attachés à leurs vestes, dont l’un avait une caméra go-pro sur la tête. On les a vues parfois avoir une discussion de groupe avant de se déplacer à l’intérieur et autour de la manifestation pour surveiller la foule. Malgré quelques bagarres et confusions ici et là, l’ambiance était toujours extrêmement positive, les gens faisaient la fête, chantaient et célébraient le fait d’être dans la rue ensemble.

Plus tard, des groupes plus importants ont commencé à allumer des feux encore plus grands sur la place, et cette fois, les paci-flics ne sont pas intervenus. Il y a eu une certaine résistance lorsque les policiers anti-émeute ont commencé à lancer des gaz lacrymogènes et à essayer de disperser la foule, mais la plupart des gens ont commencé à courir et à se disperser lorsque les policiers sont entrés sur la place. L’ouest de St-Laurent était apparemment libre de flics, et de multiples groupes de personnes ont commencé à allumer des feux, à piller et à détruire des magasins et d’autres biens en partant. Même si nous aurions aimé que cela dure plus longtemps, il était réconfortant de voir les gens travailler ensemble pour reprendre un peu de leur vie en pillant les magasins bourgeois du Vieux-Port, et en foutant la merde en général. Un bus de ville utilisé pour transporter les flics anti-émeute a également été libéré et couvert de graffitis pendant que d’autres faisaient la fête à l’intérieur et autour, célébrant une petite victoire, même pour une brève minute.

Dans un commentaire aux médias, la maire Plante a qualifié les fêtards de “stupides” et s’est plaint des dommages causés aux petites entreprises, affirmant que “nous devons rester unis et solidaires”. Ce n’est que le récit libéral merdique habituel : soudainement, “nous sommes tous dans le même bateau”, tous égaux en tant que “citoyens” lorsqu’il s’agit de maintenir l’ordre social. Ils passent sous silence les divisions très réelles au sein de la société, maintenues par des structures oppressives par lesquelles les classes riches, majoritairement blanches et propriétaires, exploitent la classe ouvrière, les pauvres et les personnes à prédominance de couleur.

En même temps, les politiciens identitaires de gauche sur les médias sociaux condamnent les émeutes, affirmant qu’elles sont responsables de l’aggravation des dommages causés aux personnes déjà les plus exposées. D’autres se laissent prendre au récit d’insaisissables “agitateurs extérieurs”, des anarchistes blancs, qui infiltrent des foules pacifiques pour provoquer la violence. Bien que nous reconnaissions les dangers réels auxquels les personnes marginalisées sont confrontées dans le cadre du COVID19, nous tenons à souligner que ce sont principalement des personnes de couleur qui se sont présentées et ont agi de leur propre initiative lors de cette émeute.

Ce ne sont pas la révolte et la solidarité militante dans les rues qui causent du tort, mais les institutions et les lois qui régissent la civilisation capitaliste. Ce sont elles qui nous maintiennent enchaînés à des emplois de merde où nous sommes le plus à risque d’attraper le COVID19, qui nous harcèlent et nous assassinent, et qui protègent un système économique basé sur le vol des terres autochtones. Nous accusons ces chasseurs de nuages d’enlever le pouvoir aux personnes marginalisées qui se sont manifestées et se sont soulevées. Nous les accusons de faire le travail de la police et des politiciens en essayant de pacifier, d’aliéner et de délégitimer la rage des émeutiers.

Les manifestations continuent à être appelées les nuits suivant le 11 avril. Jusqu’à présent, les deuxième et troisième manifestations étaient beaucoup plus petites que la première, et ont été lourdement réprimées par la police. Néanmoins, sans réelle fin en vue du couvre-feu, nous pensons qu’il est impératif de continuer la lutte. En ce sens, nous sommes ” tous dans le même bateau ” – nous avons une solidarité militante avec les jeunes (et les autres) dont l’avenir est également de plus en plus sombre.

Il y a un certain nombre de considérations tactiques que nous aimerions examiner à la lumière des événements du 11 avril. Si les paci-flics ont pu intervenir lorsque de petits groupes allumaient de petits feux, ils n’ont pas pu le faire lorsque des feux plus importants étaient allumés. Et dès que la foule a été dispersée, ils n’étaient pas prêts à faire face au pillage ou au vandalisme. Il est clair qu’ils sont relativement faibles, et peu nombreux. Bien que nous ne soyons pas assez nombreux pour nous sentir en confiance pour les affronter à ce moment-là, nous pensons que si les anarchistes et les anti-autoritaires se présentaient en plus grand nombre et agissaient ensemble, il est possible que nous puissions les faire taire et même les forcer à sortir de la foule s’ils tentent de pacifier les gens. Notre nombre nous donnera une plus grande légitimité auprès des autres personnes présentes, et nous permettra probablement d’avoir des conversations critiques avec eux sur qui sont ces personnes et pourquoi nous défendons certaines actions.

En ce qui concerne la police, elle ne s’est pas engagée dans la foule avant que de grands feux ne soient allumés. Nous pensons qu’il serait possible de frapper la police en premier, avant qu’elle n’intervienne, mais cela ne semble pas viable pour le moment. La rage grandit contre la police, et il est possible que plus tard, nous soyons en mesure d’agir en premier, mais cela nécessiterait également que nous soyons suffisamment nombreux, et que nous sachions lire les vibrations de la foule. Dans tous les cas, afin de nous permettre de tenir la rue dans ces situations, nous devons également être capables de nous défendre contre les techniques de dispersion. Il s’agit en particulier de faire face aux gaz lacrymogènes, qui se sont avérés efficaces pour disperser rapidement les foules. Il serait également avantageux de se préparer avec des projectiles ou d’avoir les moyens de casser des pavés, etc. afin d’en fournir aux personnes présentes. Nous devons également être suffisamment nombreux pour pouvoir agir en tant que groupe distinct, faire face aux gaz lacrymogènes et résister calmement aux policiers anti-émeutes. Nous pensons que cela renforcerait la confiance au sein de la foule, faciliterait un engagement plus combatif avec les flics anti-émeutes et montrerait que nous n’avons pas besoin de simplement battre en retraite.

Nous devons continuer à contrer les récits libéraux visant à pacifier la révolte, à nous retirer de la rue et à rendre notre pouvoir aux politiciens et aux experts autoproclamés. Nous pouvons le faire pendant les manifestations, lorsque les pacifistes essaient de parler et d’agir contre la violence contre la police et les biens, et après coup en répondant aux types d’IDPOL et aux rapports des médias avec notre propre analyse. En tant qu’anarchistes et anti-autoritaires, nous devons être présents lors de ces événements de défi. C’est là que nous construisons une complicité et une affinité avec les rebelles en dehors de nos cercles, et quand c’est possible, nous avons des conversations critiques avec ceux qui sont présents sur les tactiques et les cibles. De même, nous devons être capables de repousser les escrocs d’extrême droite et les réactionnaires qui seraient là pour exploiter notre révolte.

Cet été va être chaud, jetons de l’huile sur le feu et brûlons ce putain de monde carcéral !

Solidarité avec les émeutiers et les fêtards !
Fuck le couvre-feu !

Retour sur la manifestation large contre le couvre-feu du 18 avril

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Avr 202021
 

De Pas de solution policière à la crise sanitaire (facebook)

Merci à toutes et à tous pour votre présence à la manifestation d’hier soir! Nous étions plusieurs centaines de personnes à prendre la rue pour dénoncer l’imposition d’un couvre-feu, mesure qui porte gravement atteinte à nos libertés et nos perspectives de solidarité.

Ensemble, nous avons réussi à mettre de l’avant un discours clair, qui critique les fausses solutions du gouvernement Legault et de la ville de Montréal. Nous avons dénoncé le couvre-feu et tout recours à la police dans le traitement de la crise sanitaire, en soulignant les impacts cruels qui en découlent sur les sans-abris, les travailleur-ses du sexe, les consommateurs de drogues, les travailleur-ses sans papiers et tant d’autres.

La lutte contre le couvre-feu et les fausses solutions autoritaires à la pandémie continue et prend de l’ampleur. Il y a une volonté fermement énoncée, de refuser la dichotomie entre l’obéissance aveugle au gouvernement et les manipulations insensées des conspirationnistes qui sont exploitées par l’extrême droite.

Alors que nous manifestions contre l’État policier, le SPVM s’est montré habile à en faire une démonstration exemplaire. Malgré le déploiement de plusieurs centaines de policiers, nous avons pris la rue et scandé des slogans haut et fort pendant plus d’une heure! Le ton est ensuite monté d’un cran lorsque les anti-émeutes ont forcé nos rangs pour s’emparer d’un de nos camarades. Malgré les efforts de la foule pour venir en aide aux camarades ciblés par la police, nous n’avons pas réussi à les libérer. Il nous appartient à toutes et tous de réfléchir à nos pratiques pour que de telles situations ne se reproduisent plus.

Plusieurs d’entre vous ont fait part de leur volonté de poursuivre la lutte. Sachez que nous n’avons pas l’intention de lâcher le morceau. Notre but principal est d’aider à mobiliser. N’hésitez pas à vous auto-organiser, à planifier des actions ; nous n’hésiterons pas à utiliser la plateforme pour vous appuyer au meilleur de nos capacités. Notamment, nous invitons nos camarades à rejoindre les rassemblements plus spontanés lancés par les jeunes montréalais-es qui manifestent leur colère légitime envers le couvre-feu depuis plusieurs jours; nous ferons circuler les appels pertinents sur nos plateformes. Demeurez à l’affût !

Un merci tout particulier à l’AQPSUD avec qui nous avons la chance de lutter depuis le tout début de la contestation du couvre-feu. Merci pour votre présence et pour tout le travail que vous accomplissez quotidiennement.

Si vous avez reçu une contravention pour violation du couvre-feu, écrivez à nousnepayeronspas@riseup.net pour participer à un effort d’entraide juridique.

Restons solidaires face à la répression policière, apprenons à ne laisser personne derrière.

Et surtout, n’arrêtons jamais de lutter.


Le verger au complet : Introduction à la sécurité en manif, épisode spécial pour le 1er mai 2021

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Avr 192021
 

De la Convergence des luttes anticapitalistes

Dans ce troisième épisode et demi, voici une introduction à la sécurité en manif !
Y’a pas de musique ou de fioritures, c’est juste une présentation !

Lien vers le fichier: https://www.clac-montreal.net/sites/default/files/episode35.mp3

Abandon des poursuites contre les accusés du blocage ferroviaire de Lennoxville

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Avr 172021
 

De Blockade Defense

Nous sommes un groupe de personnes qui, en février 2020, ont tenu une journée de blocage ferroviaire à soi-disant Lennoxville, Québec, sur des territoires Abénaquis volés, en solidarité avec les défenseurs et les défenseuses de la terre Wet’suwet’en et contre la violence persistante du colonialisme. Nous avons appris récemment que les accusations criminelles portées contre nous avaient finalement été abandonnées et que notre dossier avait été fermé.

D’un côté, nous accueillons avec joie de ne pas avoir à subir le stress et les tracas d’un procès criminel, et d’autant plus en considérant comment la police de Sherbrooke nous a menti de façon éhontée et a enfreint ses propres protocoles afin de nous arrêter en cette journée ensoleillée d’hiver.

D’autre part, cependant, nous pensons qu’il est important de se souvenir et de reconnaître que les charges criminelles auxquelles nous étions confronté.es viennent d’un État (et son système juridique) qui ne voit rien de mal au génocide colonial, au meurtre et à la dépossession des peuples autochtones, et avec la destruction de la vie au nom du profit. Le soi-disant Canada et le soi-disant Québec sont sur des territoires autochtones volés, et aucune loi ni répression ne nous fera voir cela comme juste ou acceptable. Notre action en était une parmi de nombreuses autres en solidarité avec les Wet’suwet’en qui ont été continuellement menacé.es et harcelé.es par les brutes de la GRC et de l’industrie des pipelines.

Les fonds que nous avions amassés pour notre bataille juridique seront répartis également entre les avocates qui nous ont soutenu.es, les ami.es de Tyendinaga et Hamilton qui font face à des procès pour leurs propres blocages de solidarité, de même qu’au fonds légal du Camp Unist’ot’en.

Pas de réconciliation sans décolonisation.

Montréal contre-info est de retour

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Avr 172021
 

Nous sommes de retour d’une absence forcée de quelques jours en raison de la saisie du serveur hébergeant notre site par la police hollandaise. C’est la police brittanique qui a dirigé cette opération dans le cadre d’une enquête visant le site 325, qui était hébergé avec le nôtre sur le serveur de Nostate. Nous voulons exprimer notre solidarité entière avec les camarades du collectif de 325 face à ces maneuvres répressives. Vous pouvez lire leur communiqué ici.

La statue de la reine Victoria vandalisée après le couvre-feu à l’occasion de la Saint-Patrick

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Mar 192021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

La Brigade de solidarité anticoloniale Delhi-Dublin déclare: Finissons-en avec la monarchie au Canada! Fin aux monarchies partout!

Montréal, 17 mars 2021 – La Brigade de solidarité anticoloniale Delhi-Dublin s’est réunie à soi-disant Montréal lors d’une célébration anticoloniale de la Saint-Patrick; la brigade a défié le couvre-feu pour recouvrir à nouveau la statue de la reine Victoria de peinture rouge. La statue en bronze emblématique de la reine Victoria, inaugurée en 1900, est située sur la rue Sherbrooke sur le campus de l’Université McGill.

Selon Pádraig Patel, membre de la Brigade de solidarité anticoloniale Delhi-Dublin: « Le legs brutal de la monarchie britannique est de nouveau le point de mire dans les médias. La famille royale est un symbole de racisme et de colonialisme. Oublions les distractions des célébrités, et attablons-nous à nous débarrasser de la royauté, de façon conjointe avec les mouvements pour la justice sociale».

Un autre membre de la brigade, Sujata Sands, mentionne: « Nous regrettons ne pas avoir pu déboulonner la statue ce soir, comme les personnes sympas l’ont fait en août dernier avec la statue de Macdonald ».

Un troisième membre de la Brigade de solidarité anticoloniale Delhi-Dublin, Lakshmi O’Leary, avance: « Mettez tous les members de la famille royale britannique dans une limousine et donnez-leur un chauffeur français saoul ! »*

Dans les mots de la Brigade de solidarité anticoloniale Delhi-Dublin en 2019: « La présence de statues de la Reine Victoria à Montréal est une insulte aux luttes d’autodétermination et de résistance des peuples opprimés dans le monde entier, y compris les nations autochtones en Amérique du Nord (l’Île de Tortue) et en Océanie, ainsi que les peuples d’Afrique, du Moyen-Orient, des Caraïbes, du sous-continent indien, et partout où l’Empire britannique a commis ses atrocités. Le règne de la reine Victoria représente une expansion massive de l’Empire britannique barbare. Collectivement, son règne a représenté un héritage criminel de génocide, de meurtres de masse, de torture, de massacres, de terrorisme, de famines forcées, de camps de concentration, de vols, de dénigrement culturel, de racisme et de suprématie blanche. Cet héritage devrait être dénoncé et attaqué. »

Attaques précédentes contre les statues de la reine Victoria à Montréal:

* Henri Paul était conducteur du Mercedes de luxe qui transportait la Princesse Diana lors de son accident mortel à Paris en 1997. Chaque membre de la monarchie britannique mérite un conducteur français saoul.

Communiqué du COBP : 25e manifestation annuelle pour la Journée internationale contre la brutalité policière

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Mar 182021
 

Du COBP

15 mars 2021

Ce soir se tenait la 25e édition de la manifestation annuelle contre la brutalité policière. 25 ans de marche, 25 ans de répression systématique à son endroit, comme une tradition annuelle de mauvais goût. Pour cet anniversaire important, le SPVM a décidé de laisser la marche se dérouler, mais avec un encadrement très serré, les très nombreux policiers bousculant les personnes qui ne suivaient pas leurs règles.

Nous avons manifesté dans Parc-Extension, un quartier ouvrier, pauvre et à majorité migrante, parce que ce quartier est menacé par la gentrification, comme plusieurs autres à travers la ville. Le nouveau quartier technologique à la mode du Mile-Ex et l’arrivée d’un nouveau campus de l’Université de Montréal sont responsables de la gentrification de Parc-Ex de ce qui vient avec : les évictions de nombreux locataires, qui ne pourront pas se permettre de se reloger dans le quartier, l’explosion des prix et les boutiques huppées et une augmentation de la surveillance policière, pour protéger les nouveaux et nouvelles résident·e·s plus riches et pour mettre de l’ordre dans le quartier, pour effacer les résident·e·s que la ville pousse désormais à la rue.

Comme quartier pauvre et avec une large population racisée, le harcèlement policier fait partie de la vie quotidienne de Parc-Extension. Même si cela fait des années que la police promet de régler le problème du profilage racial à Montréal, rien de concret n’a été fait et la répression continue. Les abus policiers graves sont toujours monnaie courante. Dans Parc-Ex, ce qui est arrivé à Mamadi Camara récemment en est un bon exemple. Que l’on manifeste dans Parc Ex, c’est encore toléré, mais dès que nos regards se sont tournés vers Ville Mont-Royal les policiers ont sorti leurs dents, leurs matraques et leurs boucliers.

C’est un hasard aussi ironique que triste que ce 25e anniversaire soit souligné sous le thème de l’abolition de la police. Le COBP réitère que cette solution, qui peut sembler radicale si on s’arrête à ce seul slogan, est la seule possible afin d’enrayer la violence systémique de l’État à l’endroit des personnes vulnérables ou marginalisées. Les nombreux groupes et mouvements ayant mené la lutte à nos côtés depuis les 12 derniers mois, suite au meurtre abhorrant de George Floyd par Derek Chauvin, viennent rejoindre une lutte que le COBP mène depuis sa création, soutenus par un nombre grandissant de gens qui se lèvent pour scander haut et fort le ras-le-bol collectif de leur communauté : à bas la police, nous ne nous laisserons plus tuer impunément dans NOS rues.

Il n’y aura jamais de paix sans justice, et jamais de justice tant que l’institution policière existera pour protéger le statut quo de l’ordre capitaliste.

Pour terminer, nous faisons un appel à témoins : si vous avez été arrêté·e, brutalisé·e ou si vous avez été témoin d’une arrestation ou d’un cas de brutalité policière, svp communiquez avec le COBP à : cobp@riseup.net

Nous vous rappelons également de faire attention à ce que vous publierez comme photos et vidéos sur les médias sociaux.

LE COBP

Podcast: Le verger au complet Ep. 2 – Pourquoi abolir la police

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Mar 172021
 

De la Convergence des luttes anti-capitalistes

La Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC) publie aujourd’hui le deuxième épisode d’une série de podcasts nommée Le Verger au complet. Le Verger au complet vise la diffusion d’information relative à l’abolition de la police et des prisons, mais proposera aussi des épisodes portant sur des thématiques plus précises telles que la justice transformatrice, les prisons de migrant.e.s, la criminalisation de la dissidence et plusieurs autres.

Dans ce deuxième épisode, on vous partage une entrevue avec une personne impliquée avec le Collectif opposé à la brutalité policière (COBP), collectif notamment à l’origine de la manifestation annuelle du 15 mars — qui arrive à grands pas!!! — ayant cette année comme thème l’abolition de la police. Depuis 25 ans cette année, le COBP offre un soutient aux victimes de brutalité policière, informe sur les droits des personnes face à la police et dénonce toutes les formes de violence policière. Voici où le trouver : https://www.clac-montreal.net/fr/node/769. La version qui s’y trouve est en format mp3.

Vous aimez ce deuxième épisode du Verger au complet et souhaitez le partager? Toute diffusion sera extrêmement appréciée!

Si vous l’avez manqué, on vous suggère aussi d’écouter notre premier épisode: HIS-1312 – Introduction et histoire de la police (https://www.clac-montreal.net/fr/node/763).

En grève du travail du sexe contre les violences

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Mar 142021
 

De la revue Ouvrage

Entretien avec Cari Mitchell du English Collective of Prostitutes

Par CATS – Comité autonome du travail du sexe à Montréal, un projet d’organisation politique autonome de travailleuse·eur·s du sexe basé à Montréal ayant pour but de revendiquer la décriminalisation du travail du sexe et plus largement, de meilleures conditions de travail dans l’industrie du sexe.

Cari Mitchell est une ancienne travailleuse du sexe et membre de l’English Collective of Prostitutes (ECP), un réseau de travailleuses du sexe au Royaume-Uni qui travaillent autant dans la rue que derrière des portes closes et qui revendiquent la décriminalisation de leur travail et une plus grande sécurité.

En l’an 2000, l’English Collective of Prostitutes (ECP) a organisé une grève du travail du sexe qui s’inscrivait dans le cadre de la grève mondiale des femmes à l’occasion de la Journée internationale des femmes. La Global Women’s Strike est une campagne internationale destinée aux organisations qui souhaitent mettre en avant le travail essentiel effectué par les femmes, qu’il soit non rémunéré ou sous-payé. Une grève du travail du sexe a été organisée à nouveau le 8 mars en 2014 et 2019 avec d’autres organisations de travailleuses du sexe. Les militantes du CATS (Comité autonome du travail du sexe à Montréal) ont demandé à Cari Mitchell de partager son expérience en tant que coorganisatrice de la grève.

CATS: Votre collectif existe depuis de nombreuses années et a adopté plusieurs stratégies politiques pour obtenir des droits pour les travailleuses du sexe. Comment la grève est-elle apparue comme une tactique pour obtenir la décriminalisation du travail du sexe ?

C.M.: Le collectif a commencé ses activités en 1975 et a été créé par des travailleuses du sexe immigrantes. Dès le début, nous avons demandé l’abolition des lois sur la prostitution et que de l’argent du gouvernement soit remis directement aux femmes pour que nous puissions arrêter le travail du sexe, si et quand nous le voulions. C’était et c’est encore surtout des femmes qui font le travail du sexe, surtout des mères et particulièrement des mères monoparentales qui font de leur mieux pour soutenir leur famille. Dans le ECP, nous nous battons également dans des affaires juridiques contre des charges comme le flânage, la sollicitation et la tenue de maisons closes. Peu importe ce pour quoi les gens viennent nous voir, nous les aidons. Nous sommes une organisation de différentes nationalités, races, âges, orientation sexuelle et genre.

Nous nous organisons également avec d’autres organisations. Nous faisons également partie de la Global Women’s Strike et de la campagne «Care Income Now». Comme les autres femmes, nous voulons que le travail de donner naissance et d’élever la prochaine génération soit pris en compte, valorisé et rémunéré. En tant que travailleuses du sexe, nous savons qu’avec cet argent pour le travail que nous faisons déjà, la plupart d’entre nous n’auraient jamais eu à se lancer dans le travail du sexe. Nous souhaitons que les personnes dénonçant le nombre de femmes qui se prostituent à cause de la pauvreté et du manque d’alternatives économiques fassent plutôt pression sur le gouvernement pour que celles-ci obtiennent de l’argent.

Nous sommes basées au Crossroads Women’s Centre à Londres et nous travaillons de près avec Women Against Rape, une organisation anti-raciste et contre les violences faites aux femmes. Nous travaillons aussi avec des organisations pour les personnes en situation de handicap – un certain nombre de femmes dans notre organisation ont un handicap ou ont un enfant ayant un handicap; elles travaillent pour couvrir les coûts associés à celui-ci. La Queer Strike, qui fait partie du mouvement LGBTQ au Royaume-Uni, est également une alliée, tout comme Support, Not Separation qui se bat pour que les enfants ne soient plus enlevés de leur mère – ce qui arrive dans une proportion effrayante, l’excuse étant de retirer les enfants de situations de pauvreté ou de violence conjugale. C’est très choquant. Nous connaissons plusieurs travailleuses du sexe qui ont commencé ce travail seulement pour nourrir leurs enfants, et qui après se les sont fait retirés par les services sociaux sous prétexte qu’elles n’étaient pas aptes à être mères.

Nous disposons également d’un réseau international, nous apprenons donc de toutes les expériences de ces groupes. Nous avons une organisation sœur à San Francisco, US PROS (The US PROStitutes Collective), ainsi qu’en Thaïlande, EMPOWER, qui est actuellement engagée dans une lutte massive pour la justice dans ce pays.

Nous faisons campagne pour la décriminalisation comme cela a été fait en Nouvelle-Zélande en 2003, un modèle qui a démontré pouvoir améliorer la santé et la sécurité des travailleuses du sexe. Cette loi enlève le sexe consentant du Code criminel ce qui veut dire que la police doit prioriser la sécurité plutôt que la poursuite criminelle.

Il y a une longue histoire de femmes qui se mettent en grève pour demander la reconnaissance de leur travail gratuit et sous-payé. En 1975, les femmes d’Islande se sont mises en grève et tout le pays était complètement paralysé. C’était fantastique! Il y a des photos de milliers de femmes dans la rue. Alors que les femmes étaient en grève, les présentateurs de nouvelles devaient avoir leurs enfants avec eux en studio. Ils devaient s’occuper de leurs enfants pendant qu’ils présentaient les nouvelles sur les femmes en grève!

Ainsi, nous avons toujours su que l’arrêt de notre travail est une façon d’attirer l’attention, de soulever les enjeux qui doivent être soulevés. Lors de la Journée internationale des femmes en 2000, la Global Women’s Strike organisait une grève des femmes dans plusieurs pays pour demander aux gouvernements de reconnaître et valoriser tout le travail gratuit que les femmes font. Les statistiques de l’ONU à l’époque montraient que les femmes faisaient les deux tiers du travail contre seulement 5% du revenu et 1% des avoirs totaux. À cette époque, nous travaillions déjà depuis quelque temps avec des travailleuses du sexe à Soho, quartier de Londres, qui est l’une des zones de red light les plus connues du pays. Les travailleuses du sexe qui y travaillent faisaient partie de notre réseau depuis plusieurs décennies et nous avons fait plusieurs campagnes avec elles contre le conseil local de Westminster qui fermait les appartements où les femmes travaillaient pour gentrifier le quartier. Les nombreuses travailleuses du sexe migrantes dans ce secteur étaient ciblées par la police qui les évinçaient, les arrêtaient et les déportaient, en utilisant l’excuse de les sauver du trafic sexuel. En discutant avec elles, les travailleuses du sexe de Soho nous ont exprimé l’intérêt de se joindre à la grève à l’occasion de la Journée internationale des femmes. À cette époque, les femmes travaillaient surtout dans des appartements, où les clients viennent frapper à la porte et attendent pour rentrer. Le jour de la grève, ces appartements étaient fermés, et les travailleuses du sexe de Soho se sont jointes à celles de plusieurs autres endroits, qui travaillaient de différentes façons. Nous nous sommes toutes jointes à la Global Women’s Strike.

Les femmes portaient des masques afin de ne pas être identifiées. Nous avons donc toutes porté des masques, alors personne ne pouvait dire qui était une travailleuse du sexe et qui n’en était pas une, et ce fut un succès fantastique. Nous avons reçu beaucoup de visibilité.

Une autre chose que nous faisons avec l’ECP est de faire connaître les réalités du travail du sexe – qui nous sommes et pourquoi nous le faisons, afin que les gens comprennent mieux de quoi il s’agit. Nous parlons des effets de la criminalisation sur notre sécurité et du fait que nous sommes des travailleuses comme les autres, pour la plupart des mères monoparentales qui font vivre leur famille, non seulement au Royaume-Uni, mais aussi dans d’autres pays. Bon nombre de travailleuses du sexe migrantes envoient de l’argent chez elles, partout dans le monde. Cette grève a donc été un grand pas en avant.

Nous avons continué à travailler avec les travailleuses du sexe de Soho, alors que le conseil municipal de Westminster continuait de les talonner. L’une des choses terribles provoquées par leurs décisions a été la fermeture d’appartements, les amenant à travailler dans la rue. Tragiquement, une femme a été assassinée en 2000, peu après cette grève. Elle était très connue au sein de notre réseau. Nous savions tout d’elle: elle s’appelait Lizzie et elle a été assassinée parce qu’elle faisait le trottoir après avoir été évincée d’un appartement de Soho. Aucune travailleuse du sexe n’a jamais été assassinée quand elle travaillait dans un appartement de Soho. Il est 10 fois plus dangereux de travailler dans la rue que de travailler à l’intérieur avec d’autres.

Les lois sur la prostitution, qui font en sorte qu’il est illégal de travailler à plusieurs pour la sécurité, rendent invisible l’industrie et nous rendent toutes vulnérables. En vertu de ces lois sur le flânage et la sollicitation – soit le simple fait d’attendre sur le trottoir et de parler à un client – les travailleuses du sexe peuvent être jugées coupables avec comme seule preuve les paroles d’un policier. Quand vous êtes déclarées coupables, vous avez un dossier criminel, et il est presque impossible de vous en sortir et de vous trouver un autre emploi. Alors, vous êtes coincées! La police utilise maintenant l’ordre public pour forcer les femmes hors des endroits où il y a des familles vers des endroits isolés. Si vous travaillez en groupe pour la compagnie et la sécurité, vos collègues peuvent prendre la plaque d’immatriculation de votre client quand vous partez et vous pouvez le lui faire savoir. Cela n’est pas possible si vous devez travailler dans des endroits isolés pour éviter l’attention de la police. Là où il y a de la répression policière, la violence et les meurtres de travailleuses du sexe augmentent.

À l’intérieur, il n’est pas illégal d’échanger de l’argent contre des services sexuels, mais tout ce qui doit être fait pour le faire de façon sécuritaire est contraire à la loi. L’aménagement et la gestion d’un appartement, la publicité et le paiement du loyer sont tous des actes illégaux. En d’autres mots, il est illégal de travailler en sécurité dans ce pays! Travailler ensemble veut aussi dire que vous pouvez vous assurez de la sécurité des unes et des autres et apprendre de vos collègues, non seulement sur comment assurer votre sécurité en travaillant, mais aussi comment avoir l’argent en premier, comment interagir avec les clients et comment faire le travail le plus vite possible. Un des problèmes de la répression policière est que nous sommes forcées de travailler seules.

Les pensées ont évolué – la presse, qui nous décrivait autrefois comme des filles de joie, n’ose plus le faire. On a beaucoup plus de respect pour les travailleuses du sexe. Le public est beaucoup plus conscient de qui sont les travailleuses du sexe. Il sait que plusieurs d’entre nous sont des mères, des migrantes, des personnes trans, des femmes racisées; il sait que nous sommes toutes des femmes vulnérables qui n’ont guère d’autres choix que le travail du sexe. La grève a donc été vraiment efficace pour susciter ces changements.

Les dernières grèves dans le cadre de la Journée internationale des femmes ont été organisées par d’autres organisations de travailleuses du sexe, mais nous avons été très présentes, en particulier pour celles de 2014 et 2019. Nous nous sommes organisées pour faire sortir les travailleuses dans la rue. Ce fut donc un grand succès. Les choses avancent. On n’en a pas toujours l’impression, mais les choses avancent.

CATS: Votre mouvement est en faveur de la décriminalisation et non de la légalisation. Pouvez-vous expliquer pourquoi vous pensez que ce modèle est la meilleure option pour les travailleuses du sexe ?

C.M.: Tout d’abord, la décriminalisation, gagnée en Nouvelle-Zélande en 2003, a eu un succès retentissant. Elle a été intégrée à la législation sur la santé et la sécurité. Les travailleuses du sexe affirment qu’elles ont plus de droits et une plus grande protection, et que leurs signalements à la police ne seront pas utilisés contre elles. Ce contexte favorise une réduction des actes violents, car les hommes savent qu’ils peuvent être dénoncés à la police et être poursuivis. Cela fait une énorme différence sur la sécurité des travailleuses du sexe et nous pensons que cela devrait être la norme partout.

La légalisation est une situation complètement différente. C’est de la prostitution gérée par l’État. Il devient nécessaire de s’inscrire auprès des autorités pour travailler légalement et la plupart ne peuvent pas faire cela. Cela crée un système à deux paliers: si vous pouvez vous permettre de vous identifier comme travailleuse du sexe, vous pouvez travailler dans les secteurs légalisés, mais la plupart d’entre nous ne peuvent pas être identifiées. Qui sait ce qui peut arriver si l’école de votre enfant, une travailleuse sociale ou les autorités sanitaires l’apprennent. Ce n’est tout simplement pas quelque chose que la plupart d’entre nous peuvent faire. D’ailleurs, dans les pays où il existe une légalisation, la plupart des travailleuses du sexe ne s’enregistrent pas et continuent à travailler illégalement. Dans les zones des Pays-Bas où il est connu que les personnes travaillent à l’extérieur, une personne qui entre dans la zone peut être identifiée comme une travailleuse du sexe. Au niveau international, les travailleuses du sexe ne font pas campagne pour la légalisation, nous faisons campagne pour la décriminalisation. Nous ne voulons pas être contrôlées par l’État, ni que notre façon de travailler le soit, ou encore l’endroit où nous travaillons.

CATS: Votre grève s’inscrivait dans le cadre d’une grève plus large des femmes au Royaume-Uni et à l’échelle internationale à l’occasion de la Journée internationale des femmes, afin d’attirer l’attention sur l’exploitation du travail des femmes dans tous les aspects de leur vie. Comment pensez-vous que le fait d’être une travailleuse du sexe peut se comparer à d’autres travaux féminisés ou non rémunérés comme les soins et le ménage?

C.M.: À bien des égards, c’est le même travail. Les clients viennent nous voir non seulement parce qu’ils veulent du sexe, mais aussi parce qu’ils veulent une personne qui leur soit sympathique, qui les écoute. Ça peut être pour un quart d’heure, pour une demi-heure, pour une heure, ou pour plus longtemps. Ils recherchent de l’intimité et veulent sentir qu’on s’occupe d’eux, qu’ils sont au centre de l’attention de quelqu’un pour un moment.

En fait, une des femmes de notre réseau faisait du travail sexuel avec un client, et agissait comme aide-soignante auprès de lui, c’était deux métiers qu’elle exerçait avec la même personne. Elle nous rapportait trouver beaucoup plus exigeant le travail d’aide-soignante que le travail du sexe.

En 2017, nous avons réalisé une enquête et nous avons constaté que beaucoup d’autres emplois étaient décrits par les femmes comme de l’exploitation et comme étant dangereux1. Le travail du sexe est l’un des emplois les plus dangereux, uniquement parce que les hommes violents savent qu’ils peuvent s’en tirer en étant violents envers nous. Ils savent que nous n’allons pas porter plainte aux autorités pour ne pas être poursuivies. C’est comme ça.

Donc, cette enquête était vraiment éclairante. Nous sommes allées à la Chambre des communes pour en faire le lancement. Il nous a été très utile de démontrer que beaucoup d’autres emplois sont décrits comme des emplois d’exploitation et dangereux. Le travail du sexe n’est pas unique en son genre.

Dans le travail du sexe, il est possible de gagner un peu plus d’argent en un peu moins de temps. C’est très important, surtout si vous êtes une mère ou si vous exercez un autre travail, par exemple en travaillant dans une banque ou ailleurs, et que le travail du sexe sert à compléter votre faible salaire. Plusieurs se retrouvent dans cette situation. De plus, l’accès aux emplois dans ce pays est tout autre pour les personnes migrantes. Plusieurs d’entre elles n’ont pas le droit de chercher un emploi. Sans oublier tou·te·s ceux et celles vivant dans la pauvreté et affecté·e·s par les discriminations, ce qui est le cas des personnes trans et des femmes racisées constamment confrontées au racisme sur le marché du travail. C’est pourquoi autant de personnes sont poussées vers l’industrie du sexe.

CATS: Comment organise-t-on concrètement une grève du travail du sexe? Comment faire en sorte que tout le monde puisse y participer, même les plus précaires? La whorearchy (la hiérarchisation des différents types de travail du sexe, certains étant plus respectables comme le strip-tease ou la webcam que le travail du sexe incluant un service complet2, en particulier celles qui travaillent dans la rue) est l’un des facteurs qui influencent le degré de criminalisation dont une personne fera l’objet. Cela a-t-il été un problème lors de l’organisation de la grève et comment pouvez-vous y remédier?

C.M.: Nous sommes actives depuis longtemps, nous avons un très grand réseau dans tout le pays, comme à l’international. Nous nous organisons avec des personnes qui travaillent de différentes manières, à l’intérieur et à l’extérieur, et tout le monde était invité à se joindre à la grève de l’année 2000. Les rencontres d’organisation réunissaient des personnes qui travaillaient non seulement à Soho, mais aussi à d’autres endroits. Nous nous sommes assurées que tout le monde puisse faire des suggestions. Nous avons également veillé à assurer la possibilité de demeurer méconnaissable, et qu’il serait possible de participer sans devoir s’identifier comme travailleuse du sexe et compromettre sa sécurité. La sécurité des femmes ne serait pas compromise puisque tout le monde porterait des masques.

Sans égard à leur façon de travailler, les strip-teaseuses comme les personnes travaillant en ligne ont pris part à la grève. Nous étions vraiment déterminées à ne pas être divisées selon nos façons de travailler. Nous sommes toutes affectées d’une certaine manière par les lois, peu importe comment nous travaillons, mais pour nous c’était très important de mettre à l’avant-plan la situation des personnes qui travaillent dans la rue, qui sont les plus confrontées aux lois, les plus stigmatisées et les plus vulnérables vis-à-vis de la police et d’autres violences. C’est donc ainsi qu’on nous connaît; on ne tolérera pas de reproches sur la façon dont les gens travaillent, ce n’est tout simplement pas à l’ordre du jour. Nous travaillons toutes pour l’argent parce que nous en avons besoin et nous choisissons de travailler de différentes manières, selon ce qui convient le mieux à notre vie. Je pense que c’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons réussi à organiser la grève de 2000 et celles qui ont suivi. Parce qu’elles savaient que nous ne serions pas divisées les unes contre les autres.

CATS: Ici, à Montréal et dans le reste du Canada, la plupart des syndicats et des organisations féministes traditionnelles sont toujours en faveur du modèle nordique3. Comment était-ce d’organiser une grève du travail du sexe au sein d’un mouvement féministe plus large? Comment avez-vous fait pour développer une alliance avec la gauche et le mouvement féministe?

C.M.: Les féministes condamnant la prostitution ont toujours été là, mais à l’époque, en 2000, elles n’étaient pas vraiment intéressées à se dresser contre nous, et les syndicats non plus. Depuis, le modèle nordique est devenu un enjeu à traiter. Nous saisissons toutes les occasions pour l’aborder, par exemple en allant à des conférences syndicales, en nous exprimant lors d’entrevues avec des féministes dans les médias. Il est évident que la criminalisation des client·e·s ne nous aidera pas, mais qu’elle poussera tout le monde dans la clandestinité et augmentera la stigmatisation. Tous les pays où le modèle nordique a été implanté ont connu une augmentation de la violence contre les travailleuses du sexe. Ces femmes qui se proclament féministes sont en fait le plus grand obstacle à la décriminalisation. Si elles allaient plutôt voir le gouvernement pour lui dire : «Eh bien, nous ne pensons pas que les femmes devraient se prostituer, mais nous pensons que les femmes devraient avoir suffisamment d’argent pour ne pas avoir à le faire», ce serait formidable! Mais ce n’est pas ce qu’elles font; elles adoptent un point de vue moral pour dénoncer la prostitution et en font leur carrière en s’y opposant comme politiciennes, journalistes ou académiciennes. Lors de la grève internationale des femmes en 2000, il y avait des milliers et des milliers de femmes qui marchaient dans les rues. Il y avait des groupes de féministes qui se tenaient sur le bord de la rue avec des pancartes bizarres, mais elles n’ont jamais été en mesure de contrer ce que les travailleuses du sexe affirmaient publiquement.

La sécurité des femmes est un sujet que le gouvernement ne devrait pas pouvoir argumenter. Nous avons ici un prestigieux comité gouvernemental qui a passé un an à faire une vaste recherche sur la prostitution et qui a recommandé en 2016 sa décriminalisation, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur. Aussi, que les dossiers criminels pour prostitution soient effacés afin que les travailleuses du sexe puissent trouver un autre emploi. Il a aussi été recommandé que la prostitution ne soit pas confondue avec la traite humaine. Mais ces recommandations n’ont pas été prises en compte; le gouvernement a déclaré qu’il fallait faire plus de recherches ce qui signifie juste plus d’argent entre les mains de certain·e·s universitaires. Mais même les universitaires qui ont fait plus de recherches n’ont pas été capables de présenter le genre de contre-rapport qu’ils et elles voulaient tant produire.

Les lois doivent changer et elles changeront. Avant, une femme divorcée était considérée comme une traînée, mais plus maintenant, les choses ont changé, il y a eu un mouvement de femmes. La décriminalisation aura lieu parce que les travailleuses du sexe sont un élément clé du mouvement international de femmes.

CATS: La critique des frontières et la façon dont elles sont presque toujours exclues du discours sur la traite des êtres humains semblent constituer une grande partie de votre campagne. Pouvez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet ?

C.M.: Nous avons beaucoup de femmes migrantes dans notre réseau et beaucoup d’entre elles demandent l’asile, fuyant d’autres pays et essaient de survivre. Selon la législation du Royaume-Uni, les demandeur·se·s d’asile sont censé·e·s vivre avec 37 £ par semaine; c’est une somme dérisoire! Donc, pour survivre et peut-être pour envoyer de l’argent chez elles, le travail du sexe est l’une des options qui s’offrent à ces femmes.

Nous savons également de notre expérience, non seulement à Soho, mais aussi dans d’autres villes du pays, que la police cible les femmes migrantes sous prétexte de sauver les femmes des trafiquants. Nous en avons fait une priorité de contrer ce discours. Par exemple, à Soho, les femmes disent : «écoutez, on ne nous force pas, nous travaillons ici parce que nous devons travailler et envoyer de l’argent à notre famille. Chaque centime que nous gagnons, nous l’envoyons à notre famille». La seule contrainte à laquelle nous sommes soumises est celle de ne pas avoir assez d’argent sans faire le travail du sexe.

Les meilleures recherches ont montré que moins de 6 % des travailleuses du sexe migrantes sont victimes de la traite. C’est pourquoi, lorsque nous nous exprimons publiquement, nous nous assurons de contredire la publicité que la police reçoit lorsqu’elle effectue des descentes. Il est clair que ces descentes n’ont rien à voir avec le sauvetage des femmes de la traite, mais plutôt avec le programme d’immigration du gouvernement, qui consiste à expulser le plus grand nombre possible de personnes migrantes. Les femmes qui sont arrêtées sont souvent envoyées dans les centres de détention pour personnes migrantes et souvent expulsées contre leur volonté. C’est terrible.

CATS: Selon vous, quelles sont les prochaines étapes du mouvement des travailleuses du sexe au Royaume-Uni ? Quel est l’impact de la COVID sur la façon dont vous vous mobilisez ?

C.M.: Je suis sûr que c’est la même chose dans votre pays, mais la COVID n’a fait qu’exacerber tous les enjeux. Tout d’abord, tout le monde a essayé d’arrêter de travailler. Les gens étaient et sont toujours dans cet horrible dilemme : soit vous arrêtez de travailler pour ne pas rendre votre famille vulnérable au virus, soit vous n’avez pas d’argent pour les nourrir. Et vous ne pouvez pas payer votre propriétaire si vous travaillez à l’intérieur. Ou vous pouvez aussi décider de continuer à travailler et avoir un peu d’argent, mais vous devez alors être très très prudentes avec les clients et la police qui peut vous poursuivre.

Les personnes qui ont continué à travailler ont pris des précautions très strictes avec les clients. Pendant le confinement, plusieurs ont pratiquement arrêté parce qu’elles craignaient que leurs voisins, la police ou autres autorités ne les attrapent d’une manière ou d’une autre et d’avoir des ennuis avec la justice, puis d’avoir une autre situation à gérer. De manière horrible, la répression policière s’est poursuivie dans plusieurs zones, ce qui est scandaleux.

Certaines organisations de travailleuses du sexe ont fait un excellent travail pour collecter des fonds pour celles qui ne pouvaient pas continuer à travailler, et nous avons aidé à distribuer cet argent aux personnes de notre réseau qui en avaient besoin. Mais nous avons décidé, pendant que ce travail de qualité se poursuivait, que nous nous concentrerions à faire pression sur le gouvernement pour qu’il reconnaisse le travail des travailleuses du sexe, qu’il accorde une amnistie aux arrestations et pour que les travailleuses du sexe puissent facilement avoir accès à tous les types de revenus d’urgence. Mais le gouvernement n’a pas mis de l’avant la moindre mesure pour permettre aux travailleuses du sexe d’obtenir cet argent. Nous nous sommes assurées, dans notre campagne publique, que ce point soit visible et cela a, en fait, réuni quelques membres du parlement. Nous avons demandé à tout le monde sur notre liste de diffusion d’écrire à leur député local et de faire pression sur ceux-ci pour qu’ils soulèvent ces questions au parlement, et certains l’ont fait. Le gouvernement nous est revenu en disant : «les gens peuvent avoir accès à une prestation appelée Crédit universel», qui est très difficile à obtenir, qui prend du temps à se rendre jusqu’à vous et qui ne suffit pas pour vivre. Aujourd’hui, les gens sont bien plus au courant que ces prestations sont très faibles, car de nombreuses personnes dans ce pays doivent y recourir d’une manière ou d’une autre pour survivre pendant cette période de COVID.

La COVID a rendu clairs beaucoup d’enjeux, à commencer par la quantité de travail de soin que font les femmes, en s’assurant que les personnes dans les communautés aient suffisamment de nourriture, que tout le monde aille bien. Elle a également clarifié la brutalité du gouvernement. Par exemple, dans les résidences de soins4, les personnes âgées n’étaient pas du tout protégées contre le virus. On envoyait les personnes dépistées positives des hôpitaux vers les résidences de soins, et bien sûr, des centaines et des milliers de personnes âgées sont mortes. Mais le gouvernement en est très heureux; il n’a pas eu à payer leurs pensions! Le gouvernement vient d’annoncer que des milliards de Livres sterling iront à l’armée, donc nous savons qu’il y a de l’argent. Il a dû organiser tout un système de permission pour que les gens reçoivent 80% de leurs salaires s’ils sont temporairement licenciés. Nous savons donc que l’argent est là et nous savons qu’ils nous ont menti quand ils nous ont dit qu’il n’y avait pas d’argent. Il est très clair qu’ils ne se sont pas organisés pour s’ assurer que les travailleur·euse·s des hôpitaux et des résidences de soins bénéficient de toute la protection dont iels avaient besoin. C’est la même chose avec les travailleuses du sexe, ils ne se soucient pas vraiment de savoir si nous vivons ou mourons. Je pense que les gens sont encore plus sceptiques qu’avant à l’égard du gouvernement.

Quand on parle du travail du sexe, il est clair que la criminalisation sert à nous diviser : il y a les bonnes et les mauvaises filles. Les bonnes filles travaillent dans un supermarché et les mauvaises filles font du travail du sexe. On continue de nous criminaliser parce que sinon, nous serions dans une position où nous pensons que plus d’argent nous est dû de la part du gouvernement. Nous ne nous laisserons pas diviser ainsi, de la même manière que nous ne nous laissons pas diviser par la façon dont nous travaillons. En Nouvelle-Zélande, la décriminalisation n’a pas entraîné une augmentation énorme du nombre de personnes qui s’adonnent au travail du sexe, car cela dépend plutôt de la situation financière du pays. C’est seulement que vous n’êtes pas criminalisées pour avoir gagné de l’argent de cette façon. Les gouvernements doivent soutenir le mouvement international des travailleuses du sexe et si on appuie notre lutte sur notre sécurité et nos droits, nous allons gagner!

1 Le rapport «What’s A Nice Girl Doing In A Job Like This: a comparison between sex work and other jobs commonly done by women» peut être retrouvé en ligne.

2 Dans le jargon, un service complet est un service qui inclut une pénétration.

3 Essentiellement, la criminalisation des clients et des tiers partis.

4 Traduction libre de ‘’care home’’

As-tu peur de la police ?

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Mar 082021
 

Du COBP

Quand la police s’attaque aux personnes blanches …

Le rôle de la police est de faire peur. Nos éluEs ne s’en cachent pas : quand ils prescrivent un couvre-feu avec des amendes allant jusqu’à 6000$, ielles parlent de « traitement choc », de « passer un signal », et dans ce travail ielles considèrent les policièrEs comme leurs « alliéEs ».

Le travail de la police, c’est le travail de la répression, de l’imposition de force de lois décrétées par un gouvernement qui ne représente qu’une minorité de la population, élu par moins de 25% des personnes ayant le droit de voter. Il ne faut pas se méprendre : le virus est réel et dangereux, et des mesures sanitaires sont nécessaires. Mais plus le temps passe, et plus on se rend compte que les mesures choisies se basent sur les pressions des lobbyistes [1] et vont en contradiction avec tous les avis scientifiques, qu’ils viennent d’ici ou d’ailleurs [2].

… comme elle le fait pour les personnes racisées

Peu importe la validité scientifique des mesures, les flics s’en donnent à coeur joie, et ne se cachent même plus pour faire du stalking de certains groupes, comme par exemple les juifs hassidiques d’Outremont. Peu importe que mononc’ Gontran fait des party à chaque fin de semaine à Longueuil, il faut des flics pour compter le nombre de juifs qui entrent et qui sortent de chaque synagogue d’Outremont.

Parce qu’autant qu’on s’insurge contre les mesures qui nous sont actuellement imposées, autant qu’on les qualifient de liberticides et d’injustifiées scientifiquement, de sans coeur pour les personnes vulnérables … ces mesures sont le business as usual pour les communautés racisées de Montréal.

Prenons un exemple, la lutte contre les gangs de rue. Qui connait le travail de l’escouade Eclipse ? Qui a déjà vu leurs voitures passer dans ses rues, stationnées sur le bord d’un parc durant les fêtes de son quartier ? Si vous habitez en-dehors de Montréal Nord, la réponse est fort probablement pas. Et si vous habitez Montréal Nord, il est impossible de l’ignorer, car elle est partout.

Et alors que la gentrification pousse les personnes plus pauvres, souvent racisées, en périphérie de Montréal, la police les suit. Un quartier noir est en émergence à Laval, qui fait face à un service de police uniformément blanc et ouvertement raciste [3]. La réaction de la ville de Laval ? Créer sa propre escouade Eclipse [4].

On va en laisser une au SPVM : on ne peut pas les blâmer de faire du profilage racial quand l’esprit des lois est essentiellement raciste. Une brigade anti-gang de rue ne va pas sévir à Brossard. Il y a des gang de rue formés de jeunes blancHEs, mais ce n’est pas l’image qu’en font les médias. Ce n’est pas l’image propagée par la police. Ce n’est pas l’image que s’en font les covidiots qui vont faire la fête avec mononc’ Gontran. Alors, faut pas se le cacher, quand l’assemblée nationale passe une loi antigang, c’est essentiellement d’une loi anti-jeunes noirEs qu’on parle.

Quand le gouvernement passe un couvre-feu, il sait que ça ne fera pas mal à sa base qui vote pour lui, parce qu’ielles ont touTEs une maison, une cour arrière. Pis leur chalet dans le nord est toujours accessible, vu que les trajets entre les régions sont toujours possibles. Le gouvernement sait que ça fera mal aux douze personnes immigrantes de Parc-Ex, entasséEs dans le même deux et demi pas de galerie miteux de Parc-Ex. Mais il s’en fout, ces personnes ne votent pas pour lui, quand on leur laisse le droit de voter.

L’ « affaire » Camara

Parlant de Parc-Ex, l’affaire Camara n’est pas la goutte qui a fait déborder le vase pour les communautés racisées. Loin de là ! Le vase déborde depuis longtemps :
• Depuis la mort d’Anthony Griffin en 1987, tué alors qu’il était sans armes et qu’il obéissait aux ordres du policier Allan Gosset. Le policier n’a pas été blâmé pour ce meurtre, même s’il avait déjà une réputation de battre ses suspects.
• Depuis le meutre de Freddy Villanueva en 2008, ce qui n’a pas nuit à la carrière du policier Jean-Loup Lapointe, qui a été promu par la suite.
• Depuis l’assassinat de Bony Jean-Pierre en 2016. Le policier Christian Gilbert a été innocenté, même s’il est entré dans l’espace confiné d’un appartement en sachant très bien qu’il avait dans ses mains une arme potentiellement létale à moins de cent mètres.
• Depuis le meurtre de Nicolas Gibb en 2018, tué alors qu’il était en détresse et qu’il marchait en s’éloignant des policièrEs.
• Depuis le meurtre de Sheffield Matthews en 2020, tué alors qu’il était lui aussi en détresse.

Le traitement infligé à Camara n’est donc pas une surprise. Le rôle de la police est de faire peur, celle-ci ne peut pas accepter que quiconque lève la main sur elle. La police doit maintenir le monopole sur la peur, et pour ce faire elle se fait elle-même vengeance pour tout tort qu’elle pense avoir subi, peut importe ce que les lois spécifient.

Le passage à tabac de Camara, son incarcération pendant six jours, le saccage de son appartement, le traitement infligé à sa femme et à ses enfants … tout ça entre dans le programme de peur de la police. Peu importe que ces actions soient illégales : le rôle de la police n’est pas d’appliquer la loi, mais de faire peur, et il faut que les communautés racisées aient peur de la police. Et s’il y a des pots cassés, des vies brisées, ce n’est jamais le policier pris en faute qui paye.

Parce que si les personnes cessent d’avoir peur de la police, c’est tout le statu quo qui est menacé. La peur pourrait alors changer de camp : quel scandale ce serait si les boss avaient peur de leurs employéEs ! Si c’était les slum lords qui craindraient leurs locataires, les racistes qui auraient peur des personnes racisées ! Quel serait le scandale si c’est tout le Système qui aurait peur !

Le mot en « s »

Ah, le fameux mot en « s », « s » pour systémique pour reprendre l’expression de Boucar Diouf [5]. On va en donner une à mononc’ Legault, parce qu’il faut lui donner ça. Son refus de reconnaître le racisme systémique au Québec a motivé la publication d’une infinité de témoignagnes. Ces témoignages dépassent la sphère policière : discrimination à l’embauche, discrimination pour l’accès au logement, racisme en éducation, racisme en milieu hospitalier, et on en passe.

Le refus de reconnaître le racisme systémique est l’expression la plus pure du maintien du statu quo actuel. Du statu quo qui s’assure que les personnes racisées auront toujours les emplois de marde, les appartements de slum lords, les écoles pourries, et pas de pension parce qu’ielles mourront jeunes d’une maladie non-diagnostiquée.

Les lois mises en place visent à maintenir ce statu quo, qui assure que les personnes blanches auront en majorité le haut du pavé : les bons emplois, de bonnes maisons, de bonnes écoles, de bons hôpitaux, et surtout, un siège confortable à l’Assemblée nationale. Tsé, quand un chef de parti politique cite à répétition les mensonges de Rebel News et que c’est une personne qui dit que ça serait bien qu’on soit juste un peu moins raciste qui se fait rentrer dedans, tu sais tout ce qu’il y a à savoir sur le « système » québécois [6].

Le rôle de la police

Oui, il y a du profilage racial dans la police, oui il y a des flics racistes. Mais au final, la police n’est que la partie émergée de la répression envers les personnes racisées. La partie cachée de la répression, c’est la personne noire qui se fait sous-évaluer sa maison [7]. C’est la personne autochtone qui se faire refuser son assurance [8]. C’est la personne immigrante qui se fait refuser un prêt à la banque [9]. C’est Joyce Echaquan qui se fait tuer dans un hôpital. C’est Raphael André qui meurt dans une toilette chimique. C’est le genou qui t’écrase la gorge depuis ta naissance, et que tu ne peux pas vraiment connaître si tu n’es pas né avec.

Et toute cette répression qui assure que les personnes blanches se trouvent en haut, et les autres en bas, n’est possible que parce que le rôle de la police est de faire peur. Alors, on peut bien chiâler que les mesures sanitaires actuelles sont liberticides et sans raison, ce qui est vrai. Mais il faut se souvenir que cette répression policière, c’est le quotidien de toutes les personnes non-blanches à Montréal.

Parce que c’est ça, le rôle de la police, c’est de faire peur. C’est seulement plus évident pour nous, personne blanches, maintenant que les lois s’attaquent à notre liberté. C’est seulement plus visibles, maintenant que la police nous suit, maintenant qu’elle s’intéresse à nous.

Et quand il s’agit de faire peur, il n’y a qu’une chose de vraie : la police au Québec fait très bien son travail.

[1] On donne un « fuck you » tout spécial au lobbyiste anti-choix Vincenzo Guzzo.
[2] En voici deux : https://www.cbc.ca/news/politics/herd-immunity-should-not-be-supported-t… et https://www.ctvnews.ca/health/coronavirus/tam-urges-provinces-not-to-loo…
[3] Voir notamment : https://www.journaldemontreal.com/2020/08/12/plaque-au-sol-pour-une-video
[4] Sur l’escouade Eclipse à Laval : https://www.lapresse.ca/actualites/justice-et-affaires-criminelles/affai…
[5] Sur le mot en « s » : https://www.lapresse.ca/debats/opinions/2021-02-20/le-mot-en-s-pour-syst…
[6] Sur les propos du chef du bloc : https://www.ledevoir.com/politique/canada/593277/politique-federale-le-b… Et sur la personne racisée qui se fait censurer : https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/595416/la-censure-ordinaire
[7] Oui, c’est un exemple américain. Mais si tu penses que ça n’arrive pas au Québec, j’ai un pont à te vendre : https://thehill.com/policy/finance/housing/513770-florida-couple-says-ho…
[8] Au sujet des assurances : https://www.lapresse.ca/actualites/enquetes/2020-12-11/compagnies-d-assu…
[9] Voir : https://www.reuters.com/article/us-wells-fargo-immigration-idUSKBN1AK1VK

Déclaration des détenu-e-s du Centre de détention de Laval

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Mar 052021
 

De Solidarité sans frontières

Sept détenu-e-s de la prison pour migrant-e-s de Laval continuent la grève de la faim débutée le 1er mars 2021. Les grévistes ont préparé une déclaration pour annoncer leur grève, dénoncer leur situation et exiger leur libération.

Déclaration des détenu-e-s du Centre de détention de Laval

Nous sommes un groupe de migrant-e-s détenu-e-s au Centre de détention de Laval.

Par cette présente lettre nous voulons d’une part dénoncer les conditions dans lesquelles nous sommes détenu-e-s au Centre. Depuis un certain temps, le virus du COVID s’est introduit dans la prison. Les mesures sanitaires prises par les agents de l’immigration sont nettement insuffisantes.

Certains des détenus ont déjà contracté le COVID. D’autres se plaignent de douleurs s’apparentant aux symptômes du COVID mais ne reçoivent que des Tylenol. Nous souffrons beaucoup.

Nous avions aussi été confinés dans des chambres séparées sans recevoir aucune assistance psychologique. Nous sommes désemparés et avons très peur pour notre santé.

Selon nous, utiliser la détention comme politique d’immigration est en tout temps une mesure inhumaine et injuste, avec ou sans COVID.

D’autre part, nous annonçons que nous avons commencé une grève de la faim à durée indéterminée à partir du 1er mars pour contester le traitement dont nous faisons l’objet.

Nous demandons à être libérés du Centre de détention de Laval car c’est un espace propice à la propagation du virus et ce n’est qu’une question de temps avant que nous tous ne soyons contaminés.

Ceci est un appel à l’aide. Nous voulons être traités avec dignité et surtout nous voulons bénéficier d’une protection en cette période de pandémie comme tout citoyen canadien.

Signatures : Marlon, Carlos Martín, Rafael, Mehdi, Alan, Karim, Freddy

Pour plus d’info: https://www.solidarityacrossborders.org/fr/act-now-second-group-of-detainees-on-hunger-strike-at-the-laval-migrant-prison

Jugement contre dis son nom: un violent backlash

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Mar 022021
 

De Mettre fin au silence

Aujourd’hui, le jugement de la juge Katheryne A. Desfossés exigeant le dévoilement de l’identité des administratrices de la page Dis son nom ainsi que de la personne ayant dénoncé l’agresseur Jean-François Marquis est d’une telle violence que les mots nous manquent pour la nommer: seuls nos hurlements de rage semblent adéquats.

On veut d’abord envoyer toutes notre solidarité aux personnes affectées par le jugement et les actions de Marquis: la personne survivante, les administratrices de la page Dis son nom et toutes les autres personnes survivantes dont les échanges avec Dis son nom seront mises entre les mains d’un agresseur et de son avocat. On espère tellement que toutes ces conversations se retrouvent malencontreusement perdues ou magiquement effacées. Se faire désapproprier de sa propre démarche de dénonciation, c’est extrêmement violent.

Ce travail collectif qui a été fait l’été passé, mais aussi au fil des ans pour trouver des manières de libérer nos paroles et pour faire changer la peur de camp se voit grandement ébranlé par les événements d’aujourd’hui.

Généralement, le système et ses acteurices répondent avec une violence proportionnelle au danger que nos ripostes présentent pour l’ordre établi. C’est tellement légitime d’avoir peur devant une violence aussi inouïe. D’avoir envie de perdre espoir. Même si l’heure n’est crissement pas à la fête, on a le goût de dire qu’on peut quand même se féliciter: on leur a fait tellement peur aux agresseur.e.s et à leurs complices qu’a émergé le besoin de réagir avec virulence pour essayer de nous faire taire. À nos yeux, ça veut quand même dire qu’on a un esti de beau pouvoir collectif quand on s’y met.

Pour nous, les événements d’aujourd’hui illustrent avec encore plus d’évidence la nécessité de l’anonymat, de plate-formes sécuritaires et d’alternatives à ce système judiciaire pourri qui protège l’ordre oppressif, les agresseur.e.s, le pouvoir établi. La nécessité de continuer à dénoncer ces estie de vidanges qui nous pourissent individuellement et collectivement la vie.

Plutôt que de susciter la peur, c’est sur les braises de notre colère que ce jugement souffle avec force. Pour notre collectif, il est hors de question de plier devant la violence du système, devant les menaces de représailles.

Notre plate-forme restera active, prête pour la suite. S’il y a des personnes pour qui ça a déclenché comme nous une envie de dénoncer et de foutre la marde. S’il y a des personne qui, malgré la peur, ont ce besoin de témoigner. En nommant leur.s agresseur.e.s ou non. Maintenant ou plus tard. On sera là. On vous fucking croit.

1er mars: Action contre l’extractivisme effréné des forêts

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Mar 012021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Les défenseur.es de la terre Atikamekws et Innu.es sont sur le Nitaskinan aujourd’hui, accompagné.es de leurs allié.es allochtones, pour s’opposer à l’extractivisme.

Ni le gouvernement colonial ni le conseil de bande n’ont la légitimité sur ces territories non cédés, ils préfèrent s’entendre ensemble pour les saccager.

Les forêts sont livrées aux machines destructrices des compagnies forestières, entraînant inondations et perte d’habitat pour la faune. Le bouleau blanc, essentiel à la culture Atikamekw, est en train de disparaître.

Les lois de la terre et de l’univers dominent l’expansion illimitée de l’homme avide. Comme nos ancêtres, protégeons la vie pour les générations futures!

Autodétermination et veto pour les premiers peuples !

La solidarité de tous et toutes pourra stopper l’écocide !

Venez nous appuyer lundi 1er mars à partir de 10h au 16e km sur le chemin de la Manawan .

EKONI ACI !
ASKI MAMO !

Solidarité avec les défenseur.es de 1492LBL

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Fév 282021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Depuis juillet 2020, les défenseur.es des terre haudenochauni.e.s de Six Nations ont bloqué un projet résidentiel appelé Mackenzie Meadows, qui était prévu sur le territoire de Six Nations, près de la communauté de colon.es nommé Caledonia en Ontario. Les défenseur.es des terres refusant de voir leurs terres détruites davantage pour des intérêts coloniaux ont occupé le site de construction l’été dernier, le rebaptisant 1492 Land Back Lane. Suite à la réoccupation de leur territoire, une injonction a été accordée à Mackenzie Meadows et appliquée par l’OPP en août. Les défenseur.es des terres ont lutté contre l’expulsion violente de l’OPP, en se retirant temporairement du site. Peu après le raid, les défenseur.es des terres, soutenus par la communauté des Six Nations, ont bloqué la route Argyle et l’autoroute 6, et ont repris Land Back Lane à l’osti de police. En octobre de l’année dernière, la police a tenté d’arrêter un certain nombre de défenseur.es des terres, en tirant sur certain.es avec des projectiles “non mortels”. La police a finalement été chassé par des défenseur.es des terres déterminés, dont certaines de leurs voiture ont été défoncés en sortant. Cette dernière attaque violente de l’OPP a conduit les défenseur.es des terres et les membres de la communauté des Six Nations à déchirer la route d’Argyle, à perturber les lignes ferroviaires du CN qui traversent leurs terres, et à ériger des barricades afin de se défendre contre de nouvelles attaques policières.

Le 15 février, les défenseur.es des terres 1492 Land Back Lane ont achevé le démantèlement de diverses barricades afin de permettre aux membres de la communauté des Six Nations d’accéder à l’autoroute. Bien que les barricades routières aient été retirées, les défenseur.es des terres restent fidèles à leurs objectifs, vigilants face à la répression violente de l’OPP, et conscients qu’ils sont maintenant dans une position plus vulnérable.
L’automne dernier, les anarchistes et leurs complices ont répondu aux appels à la solidarité des défenseur.es de la terre de 1492 Land Back Lane par des actions contre les infrastructures essentielles à l’économie canadienne.

Nous continuons à être solidaires avec 1492 Land Back Lane, et nous invitons tous celleux qui envisagent un monde sans domination coloniale à se tenir au courant de la situation sur le terrain et à continuer à soutenir les défenseur.es des terres. Si l’OPP tente de profiter de la vulnérabilité accrue des défenseur.es des terres pour apporter de la violence à 1492 Land Back Lane, la réponse doit être rapide et étendue. En prévision de cette éventualité, nous recomandons avec insistance aux complices et allié.es anticoloniaux de prévoir des actions contre l’État et le capital, en tirant les leçons du mouvement #ShutDownCanada de l’hiver dernier.

En solidarité avec les défenseur.es de 1492 Land Back Lane! Fuck le Canada, Fuck l’OPP!

– anarchistes

Contre la suprématie blanche, la dignité ou la mort

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Fév 232021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

La neutralité n’existe pas, il s’agit de la subjectivité blanche.
Je pose donc mon cadre d’énonciation. Je ne suis pas blanche, je suis algérienne avec le privilège acquis par la violence coloniale, d’avoir un passeport français. Je n’ai pas fait de grandes études. Déjà au lycée je désertais. J’ai osé m’immerger à 35 ans “dans la gueule du loup» pensant avoir les reins assez solides.

Me voilà à ma seconde immigration, cette fois avec un visa précaire. Je pensais l’université québécoise plus ouverte que la française, mais j’y découvre une institution blanche et coloniale. Le terrain est abrupt, violent. C’est bien évidemment un terrain de lutte avec des règles bien précises, qu’on ne maitrise pas d’avance. Un jour sur deux, l’envie d’abandonner les études me taraude, car rares sont les enseignants qui prennent compte du récit de l’opprimé dans le cadre des récits nationaux. Rares sont ceux qui prennent en compte les oppressions raciales dans leur analyse, et rares aussi sont ceux qui gardent leur rigueur scientifique lorsqu’ils pensent d’autres territoires que l’occident. En d’autres termes : la qualité de l’enseignement est majoritairement exclusive. L’erreur est humaine, ne pas savoir aussi. Cependant, il serait indiqué de laisser la place à la contradiction, la mesure et que tous soyons soumis aux mêmes règles et aux mêmes exigences. Pour le pluralisme libéral, on repassera. Les paradigmes blancs occidentaux sont maintenus avec force et se sentent menacés par toute tentative de relativiser. La violence est donc d’abord épistémologique puis s’y ajoute les vocables des prétendus « Maîtres ». Pour des jeunes étudiants blancs, c’est déjà un environnement stressant avec des obligations de réussite ainsi que des problèmes de sexisme. Mais pour les non-blancs on peut ajouter un contenu plus stressant du fait d’un solipsisme blanc qui est bien une pathologie de l’humanité blanche et pour les étudiants étrangers c’est encore plus stressant dans la mesure où ils sont obligés de suivre les cours avec régularité, sous peine de se retrouver en situation irrégulière. L’éloge de la fuite ne peut s’appliquer qu’avec plus de créativité et de travail.

Maintenant que vous savez d’où je parle, je vais prendre position sur la création d’un « problème de société », d’un prétendu « ennemi intérieur ».
Alors que nous vivons une séquence extraordinairement violente sur plusieurs plans. Pour certains d’entre nous, le pouvoir coercitif se déchaine.

J’entends des voix bien réelles s’élever contre des crimes policiers et des mises à morts dans le cadre de soins, des voix s’indignant devant les morts dehors dans le froid et la solitude, les morts en prison … Ces derniers mois, la mort touchant les autochtones est plus qu’alarmante : c’est l’hécatombe. Les traitements indignes infligés à ces populations dépassent l’entendement. Les hommes noirs ne sont pas épargnés par les crimes policiers et les musulmans sont méprisés lors de la commémoration de la fusillade terroriste de la mosquée de Québec, sans parler de la loi 21. Le premier ministre ne reconnaît pas formellement l’existence de « l’islamophobie ». Les musulmans sont ici des citoyens de seconde zone.

Nous sommes étouffés par la mort sociale qui plane sur nous : il n’y a qu’à voir les discours disqualifiants les victimes de crimes policiers. Il n’y a qu’à écouter Dany Turcotte tentant de salir Camara Mamadi, victime de violence policière, battu, humilié, emprisonné, traumatisé puis innocenté. N’est-ce pas le salir que de demander si la victime va à nouveau conduire le cellulaire à la main, et justifier le traitement inhumain subit par ce dernier, le tout emballé dans une tentative humoristique ?

L’heure est grave ! nous n’entendons pourtant pas Legault défendre les droits humains de Camara Mamadi, son droit à la vie, et à la dignité. Legault nous parle de protéger la « liberté d’expression », la « liberté académique » mais qu’en est-il de la liberté d’enseigner de Monsieur Camara Mamadi qui est mise en danger par le drame qu’il a subi, les traumatismes psychiques qui en découle, sans oublier les problèmes administratifs auxquels il doit faire face ?

Dans le contexte du COVID l’assignation à résidence se renforce. En fonction de notre race, de notre classe et de notre genre. Il y a ceux qui charbonnent mais doivent endurer des couvre-feux et sont plus sujets aux contrôles policiers du fait de profilage racial. Ils et elles sont les travailleurs essentiels. Leur santé et mise en danger ainsi que celle de leur proche et ce pour servir le capitalisme racial. Ils sont là pour soigner, laver, nourrir et livrer les plus privilégiés. Cela, inévitablement, les soumet à une surveillance plus soutenue, à une biopolitique et une identifications au service de la sécurisation belle et bien coloniale.

Un peu naïve, je pensais fuir le climat français, amusée par l’expression québécoise « Maudits Français ! » visant l’arrogance de ces derniers qui prétendent tout savoir. Malheureusement, Legault me fait déchanter. Il nous dit la chose suivante au sujet des luttes d’émancipation : « Ce problème-là est parti de nos universités, et je pense que c’est là qu’on va devoir le régler en premier. La ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann, est en train de se pencher là-dessus avec les milieux universitaires pour agir rapidement. » Cette déclaration suit de très près celle de Macron d’après qui « le monde universitaire a été coupable. Il a encouragé l’ethnicisation de la question sociale en pensant que c’était un bon filon. Or, le débouché ne peut être que sécessionniste. Cela revient à casser la République en deux. » Il envoie donc sa ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation en croisade.

En pleine gestion politique antisociale de l’épidémie produisant des relations au monde désincarnées, une jeunesse tente de poursuivre une « instruction » reconnue sur le marché du travail, ils essayent d’apercevoir un horizon. Il y a donc des étudiants et une toute petite minorité d’étudiants non-blancs qui tentent de suivre un enseignement universitaire à distance, dans les meilleures conditions possibles, mais n’acceptent pas de se soumettre à tout et n’importe quoi. Nous évoluons dans une société Québécoise ultra libérale où les étudiants sont des clients. Il ne devrait alors n’y avoir aucun étonnement à ce que le service donné soit discuté. Ce n’est pourtant pas évident pour le grand patron gestionnaire qu’est le premier ministre ni pour sa petite cour. Les étudiants remettant en cause l’enseignement qu’il payent sont considérés comme censeurs par le pouvoir.

La réalité est toute autre, on subit bien la “cancel culture” des dominants

Legault grand intellectuel et grand progressiste est en pleine croisade. Le Premier ministre du Québec instrumentalise la liberté d’expression et académique pour justifier des propos discriminants, excluants et surtout une politique oppressive. L’énonciation de mots de concepts, les actes de paroles ne renvoient pas à des réalités alternatives, ils peuvent produire et reproduire des réalités politiques. La liberté d’expression n’est pas un concept théorique abstrait, elle s’inscrit dans le réel, dans un espace, dans le temps, dans des rapports sociaux politiques, bien matériels, bien concrets. Legault nous dit, à nous, non-blancs, de rester à notre place et de ne pas faire de vagues. Etant donné les discriminations limitant notre accès à l’éducation, on devrait dire « merci patron, oui patron, merci de bien vouloir nous tolérer dans ces institutions ».

La réalité sociale, la véritable intimidation est en fait l’inaccessibilité à l’éducation supérieure aux personnes racialisées, et les violences quotidiennes qu’elles y vivent ne sont pas les préoccupations de Legault. Encore faut-il survivre au racisme à l’école de la part du corps enseignant comme des élèves pour arriver à ce niveau d’exclusion. Pourtant, d’après le Premier ministre, pas de racisme systémique au Québec et il se met à nous parler d’émotions, lesquelles fondent sa politique.

Il nous raconte le sentiment d’intimidation que certains enseignants vivraient, mais pas un mot sur les violences que les étudiants subissent de la part du corps enseignant, de l’administration ou des autres étudiants blancs.

Les médias, un autre outil du pouvoir

Legault nous répète ce que nous savons déjà et qui fait les choux gras de la presse : Certaines pleurnichent dans des tribunes, racontant qu’après avoir employé des mots racistes « Le stress monte à un point où on n’est plus maître de soi-même, que c’est vraiment les pires minutes de leur vie. », elles nous parlent de leurs “état d’âme”… Une sacrée belle âme : “Son cœur lui disait de résister. Mais il y avait l’affaire Lieutenant-Duval qui déchaînait les passions au Québec. Et puis, il y a eu l’affaire Joyce Echaquan à Joliette. « Le contexte était explosif. Évidemment, on a envie de se plier et d’être du côté de la vertu. »

Alors, elle l’a fait. « Elle a plié. ». En tous cas, elle le prétend, mais semble confondre le bien et le bon et oublier que la vertu est du côté de la justice. Par un habile subterfuge, elle devient la victime d’une jeunesse qui ose quitter un cours sur zoom pour lutter contre la mort. Car la race se reproduit et elle tue! Il suffirait pourtant à ces enseignantes de suivre un peu l’actualité pour réaliser la matérialité derrière le mot qui leur est interdit. En réalité cette enseignante est bien informée car Joyce Echaquam hante son esprit. Le problème c’est que la liberté ne s’obtient qu’au prix d’une discipline mentale, travail qu’elle semble peu disposer à effectuer car il est plus simple de se laisser gouverner par ses émotions lorsqu’on est dans une position de pouvoir. La position des professeurs au sein de l’université est importante au Québec, ces derniers sont bien rémunérés, les étudiants ont du mal à se payer une instruction et pèse déjà sur leurs épaules le poids de la dette. Ils n’ont finalement pas grande liberté d’expression dans la mesure où le temps et l’espace ne sont pas aménagés à cet effet, sans oublier le pouvoir que confère le jugement et la notion de leurs enseignants. Quand il y a désaccord, la situation peut devenir écrasante pour une personne non-blanche qui apporte la contradiction. Je vous laisse le soin d’évaluer l’ampleur que peut prendre une attitude irresponsable qui cadre mal les échanges entre étudiants par une enseignante qui n’a pas défini clairement son projet pédagogique en proposant de traiter d’enjeux se rapportant à des problématiques de domination raciale.

Etrangement, alors que la « subjectivité » et une prétendue « charge émotionnelle » sont les premiers outils de disqualification des étudiants non-blancs dans le cadre de leurs travaux , ce sont majoritairement des enseignantes blanches qui rapportent leur ressenti à la presse et non les étudiants qui font éclater le scandale. Les médias deviennent un espace propice aux confidences psy, un divan où elles se vautrent pour se noyer dans leur narcissisme. Elles y racontent leurs émotions et les faits sont inexistants, mais pas un mot sur le ressenti de leurs élèves. Elles sont pourtant responsables de leur transmettre des connaissances, de cultiver leur esprit critique et elles ont un pouvoir hiérarchique sur eux. Aucun article ne donne à lire un mot expliquant leur projet pédagogique qui justifierait l’emploi de mots racistes, violents et insultants, et c’est effarant pour des enseignants! Mais le plus ironique dans tout cela, est que le premier ministre lui-même décide de « cancel » des élèves sur base d’émotions partagées avec ces femmes fragiles, qu’il faudra protéger ! De toute évidence, la compassion n’est possible qu’avec ses semblables (c’est-à-dire d’une certaine race et d’une certaine classe sociale).

La cancel culture, un produit importé ?

Cette pratique est née il y a plus de 400 ans aux États-Unis ou la culture de la délation est très présente. Je me souviens très bien des affiches “wanted” dans les westerns que nous regardions avec esprit critique. Dans la conquête de l’Ouest, on ne s’embarrassait pas de justice : sans procès, sans défense, on était vite pendu haut et court. L’histoire du Canada est liée à l’histoire des États-Unis. Ce réflexe n’a pas disparu dans le pays, d’ailleurs il appartient aussi à la culture québécoise, car Legault n’a pas manqué d’encourager le « call-out » (la délation) depuis le début de l’épidémie. Robyn Maynard dans Noires sous surveillance : esclavage, répression, violence d’État au Canada [title format this book title] nous rappelle que l’État construit et déconstruit les récits à travers les institutions et qu’on se garde de nous apprendre à l’université l’histoire occultée du Canada des populations noires, autochtones et des populations immigrées. Elle le fait avec statistiques et exemples à l’appui, son travail est scientifique et rigoureux ! Au Canada, on se vante les mérites de John Graves Simcoe et l’Act Against Slavery, qui mène à l’abolition de l’esclavagisme au Haut-Canada dès 1810. Cependant, il n’a pas libéré les individus mis en situation d’esclavage ni leurs enfants qui devaient attendre l’âge de 25 ans. La libération avait un coût qui devait être acquitté par les propriétaires. On comprendra aisément la réticence de certains et les fondements racistes que nous connaissons. Dans l’idée : des individus noirs fraichement « libérés » devenaient de potentiels criminels car ne possédant rien : il fallait donc les surveiller. Ils le furent y compris les citoyens ne représentant pas l’ordre publique mais représentant bien un certain ordre colonial racial : c’est la naissance du profilage. C’est ce passé qui ne passe pas ! c’est la cancel culture d’Etat qui condamne les non-blancs sans procès, comme peut en témoigner Monsieur Camara.

Ce qui inquiète le détendeur du pouvoir exécutif, seraient des « radicaux qui veulent censurer, museler, intimider et brimer notre liberté de parole. » Mais qui seraient-ils ?
Mathieu Bock-Côté , jouis à la lecture du statut Facebook de François Legault qui en recommande la lecture et se positionne contre une certaine “gauche woke”. Elle serait partout, y compris dans les universités, mais en réalité, c’est avec #metoo qu’on découvre les « safe space », la « cancel culture » la « wokeness », le « call-out ». Ce sont des pratiques militantes d’opprimées et elles n’ont ni le pouvoir, ni les mêmes effets que celles d’un Premier ministre. De plus, cette tendance n’a pas grand-chose à voir avec la gauche blanche où elle ne fait pas consensus pas plus que dans toutes les approches féministes…

Une critique décoloniale de ces pratiques me semble alors pertinente

Aujourd’hui, la « cancel culture » est essentiellement pratiquée dans des milieux non-mixtes de « concernées » par des oppressions systémiques. Ils essaient de construire des « safe space » mais les rapports de pouvoirs sont partout. Les « cancelled » sont la plupart du temps des opprimés qui ont pu commettre une comportementale, des erreurs d’appréciation ou dire quelque chose d’inapproprié voire des agressions sexuelles ou non.
Une fois ce cadre posé, la pratique s’intensifie. On considère qu’une fois la bêtise prononcée ou un comportement problématique effectué, rien ne pourra l’effacer, l’auteur devient un « problème » à gérer, il est « cancelled ».

Le processus se poursuit, car être problématique est semble-t-il contagieux et il faut donc mettre le coupable en quarantaine et il en sera de même pour ceux qui le fréquentent.

Ces pratiques me semblent dangereuses car elles se font sans prendre en compte le statut politique de la personne « called out ». Les sentiments et émotions ne sont pas de mon point de vue questionnable, ils sont subjectifs et appartiennent à la personne qui les partage. Cependant, des faits rapportés m’apparaissent nécessairement discutables, à évaluer et à contextualiser avant de mener à une quelconque action punitive. L’idée de justice que présente ce cadre est discutable. En effet, ici, les rapports de force politiques sont occultés, on arriverait à faire d’une femme noire un oppresseur si elle a eu un comportement problématique. On confondra les connards avec les opprimés. A la sauce postmoderne, la différence devient indifférente et l’on arrive à produire des relations dépolitisées perdant de vue leur objectif. Les pratiques peuvent être lourdes de conséquences car on verra s’organiser la mise à mort sociale de la personne jugée pas « safe ». La répression s’organisera sans discussion préalable sur ce qui a amené au faux pas car il faut croire la victime sur parole sans même demander du contexte. Toute interrogation deviendra suspecte et la personne qui interroge sera tout aussi coupable que le « cancelled ». On devient juge, juré et bourreau, sans procès. Et on prend le risque de mettre en place des excommunications arbitraires à l’encontre de personnes en situation déjà très précaire… Par ailleurs, il est difficile de mon point de vue de se réjouir de la punition d’un individu dans le cadre de discriminations globales et je ne suis pas certaine de l’efficacité de ce genre de pratique.

On notera, par ailleurs, qu’on a rarement vu des dominants blancs, riches et coupables souffrir de ce genre d’approche punitive. Un Legault ne devrait pas avoir voix au chapitre, pas plus que les grands professeurs blancs qui devraient remettre en question leurs capacités réflectives et de transmission. En revanche, on ne peut en dire autant pour des personnes non-blanches parfois accusées à tort et dont la vie a été réduite à néant. #metoo nous a même démontré que la pratique pouvait se retourner contre la victime qui « call-out ». Les puissants ayant les moyens d’être proactifs et d’attaquer en diffamation avant même que la victime ait pu mettre en place une procédure légale à l’encontre de l’agresseur présumé.

“La dignité ou la mort”

Cela étant dit, il est inacceptable de confondre ces pratiques (non condamnables, mais discutables) avec des réactions légitimes et saines, des manifestations de dignité bien politiques lorsque des mots produits de la haine raciale sont prononcés par le corps des puissants, celui des « maitres »:
Ma mère est née en 47, on n’est pas noires, mais « sauvages ». Elle m’a inculqué très jeune l’interdit de prononcer le N Word dont elle m’a très simplement expliqué l’histoire et la violence ! Elle m’a aussi insufflé assez de dignité pour que je n’accepte pas de subir les qualificatifs racistes « de bougnoule » ou de « sauvage » par les puissants.

Il n’y a pas de nouveau phénomène. Refuser l’emploi de ces mots par les détenteurs du pouvoir n’a rien à voir avec de soi-disant nouvelles tendances. L’angélisme blanc feignant la découverte de ces interdits est satanique ! Il en va de même pour le terme « sauvage », n’importe quel colonisé en connait la charge et l’outil colonial qu’il représente ! On peut à la fois être dans une colère légitime ou s’amuser de l’impudence de Denise Bombardier qui a annoncé renoncer à mener des entrevues lors du Salon du livre de Québec alors qu’elle avait décrit la culture autochtone comme étant « mortifère » et « anti-scientifique ». Elle se permit aussi des insinuations racistes et dangereuses durant le blocus ferroviaire en 2020. Pour elle, les Mohawks, « Ce sont les Autochtones les plus tonitruants. Parmi eux se terrent des truands qui imposent leurs lois et affectionnent les armes à feu « spéciales ». Non pas celles qui permettent à tout chasseur de tirer le chevreuil, l’orignal ou l’ours, mais des armes de guerre automatiques. Celles qui se retrouvent dans les mains des militaires, des terroristes et trop souvent des meurtriers de masse. ». Elle considère les réserves comme « lieux inhumains à l’écart de toute civilisation ». En ce qui me concerne, je préfère être une « sauvage » car nous sommes nombreux à savoir l’indignité et l’inhumanité des prétendus « civilisés » civilisateurs dans leurs rapports à l’altérité. La civilisation génocidaire, capitaliste occidentale de Denise semble être aux origines de la fin du monde, pas de quoi s’en vanter ! Je m’amuse donc de la mémoire de poisson rouge de Bombardier qui n’a pas pensé une seconde qu’elle devrait assumer ses propos suprémacistes et méprisants. C’est avec une joie décoloniale que j’accueille la victoire politique des résistants autochtones , qui ont poussé la journaleuse à se retirer !

En somme, il est vieux comme le monde de dénoncer des constitutions, des lois, des tendances politiques, des idéologies, des médias, des auteurs, des personnes de pouvoir, des organisations politiques, des associations, des institutions moribondes y compris l’Etat. Les mouvements de luttes dans les universités n’ont rien de nouveau et ont bénéficié à l’enrichissement des savoirs.

Ces luttes impliquent toujours d’écrire, d’organiser collectivement des manifestations, de se mobiliser autour de certaines problématiques en vue de construire un rapport de force favorable aux revendications politiques portées collectivement afin d’abolir les traitements indignes auxquels on essaie de nous soumettre.

Il ne s’agit donc pas de mettre en œuvre une visibilité sauce libérale ou que sais-je. Nous n’avons pas envie d’être vus ou aimés, nous voulons être entendus, et que nos revendications politiques aboutissent, pour une vie plus juste et meilleure. Alors, à cette jeunesse qui ne peut se rencontrer, débattre, s’énerver, crier, discuter, échanger, mettre en place des réunions, s’organiser collectivement, bloquer des universités, se mettre en grève et peser dans le rapport de force, je souhaite bon courage, bon usage des nouveaux médias et de nos erreurs pour signaler leurs désaccords, défendre leurs positions politiques et leurs revendications pour se construire un monde décent et digne de leur humanité !

Le verger au complet : Une série de podcasts sur l’abolition de la police et des prisons

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Fév 222021
 

De la Convergence des luttes anti-capitalistes

La Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC) publie aujourd’hui le premier épisode d’une série de podcasts sous forme d’entrevues nommée Le Verger au complet. Le Verger au complet vise la diffusion d’information relative à l’abolition de la police et des prisons et à la justice, en abordant des thématiques telles que l’emprisonnement des migrant.e.s, la criminalisation de la dissidence et la justice transformatrice. Le premier épisode introduit l’idée derrière le projet et propose un survol historique de la police en Amérique colonisée et plus spécifiquement au soi-disant « Québec ».

Alors que les discours libéraux présentent les violences policières comme l’affaire de quelques pommes pourries dans le panier nous proposons plutôt une analyse critique de la police et des institutions punitives: on ne réforme pas un système pourri, on l’abolit! Attaquons-nous au verger au complet!

Si nos imaginaires radicaux sont aussi les vôtres et que vous souhaitez partager notre contenu encore tout chaud du four, toute diffusion publique et/ou à vos membres serait extrêmement appréciée! Le podcast peut être trouvé sur la plupart des plateformes de diffusions de podcasts.

Vous pouvez écouter notre premier épisode, HIS-1312 – Introduction et histoire de la police, ici :

L’épisode vise à retracer le développement des différents services de police dans le nord de l’Île de la tortue, pour mettre en évidence son importance pour le développement du racisme et du capitalisme qui continuent jusqu’à nos jours.

Produit par la CLAC, 2021. Diffusé sous license Creative Common – Attribution – Pas d’Utilisation Commerciale – Partage dans les Mêmes Conditions 3.0 France (https://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/3.0/fr/)

Musique

* “Caché icitte” des Goules, tirée de l’album “Les Animaux”, https://lesgoules.bandcamp.com/album/les-animaux , utilisé avec la permission du groupe.
* “Black Sheep” de Backxwash, tirée de l’album “God Has Nothing To Do With This Leave Him Out Of It”, https://backxwash.bandcamp.com/, utilisé avec la permission de l’artiste.

Références

BRODEUR, Jean-Paul, 1984, La délinquance de l’ordre, enquête sur les commissions d’enquêtes (http://classiques.uqac.ca/contemporains/brodeur_jean_paul/delinquance_de…)
GAUTHIER, Carl, 2005, La sûreté du Québec un professionalisme en voie de développement, Mémoire de maîtrise, Université Laval (https://corpus.ulaval.ca/jspui/handle/20.500.11794/18395)
MAYNARD, Robyn, 2017, Policing black lives, Fernwood Publishing.
WILLIAMS, Kristian, 2008, Our ennemies in blue, South End Press.
ZINN, Howard, 2015, A people’s history of the USA, Harper Perennial Modern Classics, p.173-177.
La commission Viens: https://www.bibliotheque.assnat.qc.ca/DepotNumerique_v2/AffichageFichier…
La commission Keable: https://www.bibliotheque.assnat.qc.ca/DepotNumerique_v2/AffichageFichier…

Transcription

La police et les prisons sont des institutions violentes et racistes, issues d’un héritage colonial qui ne servent qu’à reproduire les injustices du système capitaliste. Tous les jours, même quand c’est la soi-disant paix sociale, la police violente, harcèle et incarcère les personnes les plus démunies et les plus opprimées. Et quand elles se soulèvent, c’est encore la police et la prison.

Le problème, ce n’est pas seulement les dérapes violentes de la police, mais l’institution policière elle-même, qui constitue une forme de violence tout comme les tribunaux, les lois et les prisons. Peut-on vraiment parler de pommes pourries quand l’institution entière existe pour réprimer et opprimer?  Le verger au complet, c’est une série de podcast sous forme d’entrevues touchant à différents thèmes liés à la police, aux prisons et à la justice, mise sur pied par la CLAC, la Convergence des luttes anticapitalistes, un groupe basé à Tiohtià:ke/Montreal, en terres Autochtones non-cédées habitées entre-autres par la nation Kanienkeha:ka. Nous vous proposons une analyse critique qui s’oppose à la vision libérale préférant cibler les pommes pourries dans le panier plutôt que de s’attaquer aux systèmes d’oppression. Ne leur laissons pas cette chance: On ne réforme pas un système aux fondations pourries, on les démolit! Attaquons-nous au verger au complet!

Derrière l’idée de ce podcast, il y a une volonté de partager les connaissances, les expériences et les imaginaires radicaux, afin de mieux comprendre qui sont et comment fonctionnent nos ennemis. Il peut être difficile d’y voir clair à travers la supposée neutralité du système juridique et les discours de légitimation de la police. Comment faire la part entre bavures individuelles et discriminations institutionnalisées? Qu’est ce qui explique la sur-représentation de certains groupes dans les prisons? Comment ces structures nous mettent à mal en prétendant vouloir nous protéger et nous servir? Comment la catégorie de “criminel” est-elle construite? Ne sert-elle pas seulement à nous faire avoir peur les unes et les uns des autres? En quoi le définancement de la police est-il insuffisant et son abolition nécessaire? Comment repenser la justice au sein d’un État qui perpétue le génocide des peuples Autochtones? Quels type de justice alternatives pourraient remplacer les systèmes répressif et punitif actuels? Quelle forme prendraient une justice transformatrice dans une société post-révolutionnaire? Et dans la société actuelle? C’est entre autres ce que nous nous proposons d’explorer au fil de ces épisodes.

Dans cet épisode, on va traiter de l’histoire de la police sur l’île de la Tortue. On va d’abord discuter des fondements de la police comme outils de protection de la propriété privée et comme groupe organisé et rémunéré visant à l’application de règles des autorités établies. On discutera ensuite du développement de forces policières dans l’Amérique colonisée en brossant un portrait de l’histoire de la police au soi-disant Canada, au soi-disant Québec, puis aux soi-disant États-Unis. Tout ça pour mettre en évidence les différentes motivations qui ont amené l’implantation de ces organisations, exposant leur caractère profondément raciste et capitaliste.

Q : À partir d’où tracerais-tu les débuts de la police comme on la connaît?

R : C’est un gros débat académique de savoir à quand date l’apparition de la police. En fait, des forces militaires, des groupes armés, des gardes du corps, des mercenaires ont existé depuis des temps immémoriaux. Pour ce qui est d’une définition de la police moderne, elle comprend différents aspects: 
• une force permanente et salariée,
• ayant un responsabilité 24 heures par jour sur une ville ou un territoire
• et dont le personnel est principalement occupé à l’application des lois et au contrôle
Pour revenir à son origine, les forces policières se renforcent au fur et à mesure de l’implantation du capitalisme. Les premières forces policières organisées telles que nous les concevons de nos jours sont apparues en Angleterre au 18ème siècle. Avec le mouvement d’appropriation des terres et d’expulsion des paysans et paysannes qui a commencé deux siècles plus tôt, phénomène qu’on associe à la naissance du capitalisme moderne, les plus riches propriétaires terriens craignent les soulèvements des paysans et paysannes expropriés. En plus d’enclôturer leurs terres afin d’empêcher l’accès au territoire, d’où le terme “enclosures”, les seigneurs vont utiliser leurs ressources pour former des milices armées et protéger leur propriété. Précisons que depuis l’Antiquité jusqu’à la Renaissance, la royauté et les seigneurs recourent à leurs armées afin de réprimer violemment les révoltes des populations pauvres. Mais c’est avec l’émergence de l’État moderne qu’on voit une démarcation claire entre armée et police, pour la fonction de répression interne de la population.

Q : D’ailleurs, le déplacement vers les villes s’accompagne de plusieurs pratiques disciplinaires qui marquent les populations pauvres dans ce qui sera appelé “le grand enfermement”. Depuis le 15ème siècle, des mesures sont mises en place pour empêcher les gens qui sont capables de travailler de bénéficier de l’assistance sociale. Puis, la chasse aux sorcières s’en prendra aux femmes seules ou sans enfant et forcera plusieurs femmes vers la mise en famille. Le grand renfermement et l’apparition des asiles survenues au 17ème siècle a déplacé les personnes considérés inaptes à travailler dans des institutions. Ensuite, l’apparition des prisons au début du 18ème siècle a écarté une autre grande partie de la population. Par exemple, les nombreuses lois contre les vagabonds visent directement les personnes qui vivent du glanage, c’est-à-dire de la chasse illégale dans les forêts communes ou de la cueillette. De quelle façon la répression interne dont tu parlais a contribué à la stratification socio-économique pendant l’émergence capitalisme moderne?

R : C’est vrai que l’exode forcée des paysans et paysannes sans terres vers les villes causé par les situations que tu as nommées coïncide avec la première vague d’industrialisation et la consolidation de la bourgeoisie en tant que classe dominante. Cette bourgeoisie, propriétaire d’usines, bénéficie alors du travail bon marché des nouveaux et nouvelles citadins et citadines. Les villes deviennent des espaces où se côtoient la richesse la plus extravagante et la pauvreté la plus trash. Avec la création des premiers syndicats ouvriers et des grèves, la classe dirigeante craint une Révolution. C’est essentiellement pour contrôler ces nouveaux foyers de luttes, organisées ou non, que le premier corps policier moderne a été créée à Londres en 1829. À noter que cette réforme à été mise en place par le conservateur Robert Peel, qui, en passant, possède une rue à son nom à soi-disant Montréal. En fait, la plupart des services de police en occident sont créés en parallèle à des mouvements de grèves dans les usines. Supposément pour prévenir les émeutes, la police réprime les réunions syndicales, emprisonne les leaders syndicaux et utilise la violence pour écraser les manifestations. Lorsqu’elle n’est pas utilisée pour le contrôle des foules, on la charge de patrouiller les quartiers pauvres et d’assurer la tranquillité des quartiers riches. Derrière la création des forces policières se trouve l’idée qu’en contrôlant les soi-disantes “classes dangereuses”, on diminuera les crimes. Voilà qui résume la double fonction de la police moderne: d’une part, la surveillance et l’intimidation au nom de la lutte à la criminalité et, d’autre part, la répression et le contrôle des grèves, émeutes et grandes manifestations.

Q : Fait intéressant: Les marchants riches engagent depuis longtemps des brutes ou des mercenaires pour protéger leur biens contre d’éventuels voleurs, mais avec la prise de contrôle graduelle des pouvoirs étatiques par la bourgeoisie, ils utilisent la création de services de police comme une manière de financer publiquement cette protection. Ils évitent donc d’avoir à payer eux-mêmes des agents de sécurité privés et renvoient les coûts à la société toute entière. Bref, la police moderne remplace la milice privée et le mercenariat, mais sa fonction première reste la même: protéger la propriété des mieux nantis et le système politique qui les avantage.

R : Et en prime, ce sont maintenant les opprimés qui paient!

Q : Donc là, on a parlé surtout du rôle de la police dans le contrôle des classes sociales chez ses propres citoyennes et citoyens. Maintenant, peux-tu parler du rôle de la police chez les peuples colonisés du soi-disant Canada?

R : Évidemment, la création de la Confédération canadienne en 1867 n’a pas mis un frein aux politiques colonialistes qui prévalaient à l’époque. Au contraire, tout au long de son histoire et jusqu’à aujourd’hui, le Canada reste un État colonial et ses forces policières sont utilisées pour imposer ses décisions politiques au détriment des populations autochtones. Malgré le mythe tenace selon lequel la Canada est un pays moins violent, aux méthodes plus humaines que son voisin du sud, l’histoire de la police, particulièrement la GRC, mais aussi la SQ au Québec, nous démontre que sous son masque bienveillant le Canada n’a rien a envier aux violences et à la barbarie des autres États coloniaux. Le Canada reste le territoire d’une compagnie, la compagnie de la baie d’Hudson, transformé en pays.

C’est à partir d’une force militaire formée expressément pour mater les rébellions Métis que la Police montée du Nord-Ouest, l’ancêtre de la GRC, va voir le jour au nord de l’actuel soi-disant Manitoba. Un convoi militaire d’un millier de soldats  est envoyé pour réprimer la Rébellion de la Rivière Rouge, à laquelle participent Louis Riel et ses alliées.Puis, il est établi comme force permanente sur ce territoire pour être finalement transformé en Police Montée en 1873. L’organisation participe à l’écrasement de nombreuses révoltes autochtones et Métis tout au long du 19e siècle. C’est après la grève insurrectionnelle de Winnipeg en 1919, que la Police montée du Nord-Ouest devient officiellement la Gendarmerie royale du Canada.

Q : C’est pas surprenant quand on voit ce qu’elle fait aujourd’hui.

R : En effet, le rôle de la GRC c’est d’être le bras armée dans la continuité des politiques colonialistes canadiennes. L’État se doit d’avoir plein contrôle sur l’ensemble du territoire qu’il définit comme “le sien”. Les souverainetés autochtones sont tolérées dans la mesures où elles n’entrent pas en contradiction avec les intérêts corporatifs du régime ou des compagnies qu’il protège. La GRC est alors déployée comme une armée d’occupation en territoire ennemi pour faire respecter les lois et les décrets votés par le parlement canadien… ou les projets privés cautionnés par le gouvernement. 

Q : On peut penser à certains projets extractivistes qui ont fait l’objet d’une résistance Autochtone importante dans les dernières années, comme par exemple le pipeline Coastal GasLink, le pipeline TransMountain ou le projet Alton Gas. 

R : Exactement, c’est difficile de dénombrer les projets coloniaux qui nécessitent une répression policière des protectrices et protecteurs du territoire au soi-disant Canada parce c’est simplement une réalité constante et omniprésente de l’occupation Canadienne.

Q : Quand on regarde l’histoire des luttes Autochtones au soi-disant Québec et les disputes territoriales actuelles, on se rend compte que c’est plutôt la Sureté du Québec, la SQ, qui incarne la menace de violence envers les Autochtones qui défendent leur territoire traditionnel. La force de police au soi-disant Québec, ça a débuté comment?

R : On peut remonter au rapport Durham de 1839 qui recommande la ré-implantation d’une police au Bas-Canada. Le rapport dit que la police a toujours été dysfonctionnelle sur le territoire et que ses six agents n’avaient aucun compte à rendre. C’est donc après la rébellion des patriotes que le premier service de police moderne voit le jour au Canada, avec comme objectif explicite de surveiller les activités politiques des populations rebelles. Les services de polices de Montréal et de la ville de Québec sont quant à eux crées en 1843 chacun composés d’une cinquantaine d’hommes. La police provinciale est officialisée par l’Acte de police du Québec en 1870, abolie par les libéraux en 1878 et ré-établie par les conservateurs en 1883. En 1937, le gouvernement ultra-conservateur de Maurice Duplessis réorganise la police provinciale en quatre services distincts: la police judiciaire, la gendarmerie, la police de la route et la police des liqueurs. La même année, la Loi du cadenas a été adoptée. Cette loi mène à des perquisitions et à la fermeture des établissements soupçonnés d’héberger des activités subversives, notamment des journaux communistes de l’époque, mais aussi des activités syndicales. La SQ est née suite à l’implémentation des recommandations du rapport Cannon de 1944, qui, et je cite: « se penche sur le véritable rôle de la Sûreté provinciale, notant que, dans l’opinion publique, la Sûreté était depuis des années critiquée pour l’inefficacité de son travail et le résultat négatif de ses activités ». Il semble déjà y avoir une constante, la police est inefficace.

Q : Effectivement. Puis là, si je comprend bien, l’organisation des différentes forces de police sur le territoire, c’est pas une histoire tout a fait linéaire?

R : Non en effet, et l’importance relative de la SQ en comparaison aux polices locales et municipales va continuer de changer entre l’époque de Duplessis et aujourd’hui. En général, dans les années 70s, et depuis l’implantation de leur centre opérationnel sur la rue Parthenais à Montréal, les policiers vont développer plus de niveaux hiérarchiques, implanter différentes spécialités, et s’équiper de gestionnaires pour encadrer le tout. Depuis 1960, les services de police municipaux tendent de plus en plus à disparaître pour laisser place à la SQ. C’est comme ça qu’entre 1960 et 1980, la SQ est passée de 1500 à 4500 agents, en plus d’ajouter 1000 employés civils. En 1977, la commission Keable sur l’infiltration du FLQ par la police, rapporte que les opérations étaient dépourvues de légitimité et estime que les corps policiers ne sont soumis à aucun contrôle satisfaisant. La même année, la commission Mcdonald blâme sévèrement la GRC pour diverse pratiques illégales (écoute électronique sans mandat, vols, fabrication de faux documents) et ses recommandations mènent à la séparation du service de police fédéral et de sa branche de contre-espionnage, qui devient le Service canadien de renseignement et de sécurité, le SCRS, en 1984.

Q : 1984, bel adon! Après ça, le prochain événement d’importance pour la police provinciale, vous l’aurez deviné, c’est l’intervention de la SQ lors du blocage d’une route par les Mohawks/Kanienkeha:ka de Kanesatake, le 11 juillet 1990. Un assaut manqué qui a coûté la vie à un agent, le caporal Lemay. Au fur et à mesure du déroulement de la crise d’Oka, les propos désobligeants envers les autochtones tenus par le représentant de l’Association des policiers provinciaux du Québec (le syndicat des agents de la SQ) pis les responsable de la SQ eux-mêmes, renforçaient l’image négative de la SQ. Voici un extrait du journal La Presse qui dénonce racisme de la SQ et son manque de nuance dans ses communiqués de presse: 
“Ce communiqué, où l’on n’a même pas la décence de faire la distinction entre les Warriors armés et l’ensemble de la communauté Mohawk, donne l’image d’une police raciste, aux yeux de laquelle tout Mohawk est un criminel en puissance”. 

Un rapport du coroner sera produit à ce moment, le rapport Gilbert, qui montre que la SQ a décidé d’intervenir seule, sans l’autorisation explicite du ministre. Le rapport Gilbert nous dira, ouvrer les guillemets:
“Lorsque l’ordre social et la sécurité publique sont menacés, le problème en est un qui doit être pris en main par le gouvernement et non laissé à la décision isolée de la police.” Fermer les guillemets.

Donc, même si les différentes commissions d’enquête qui se succèdent ont des mandats et des contextes différents, il reste que les services policiers continuent d’agir sans nécessairement devoir répondre à qui que ce soit. Après Oka, de nombreux efforts sont mis en place pour encadrer le corps de police provincial et le rendre plus transparent aux yeux du public. Mais malgré les efforts pour camoufler leurs bavures et leur incompétence, les rapports qui suivent continuent de pointer les mêmes problématiques.

R : Oui et c’est pas tout, avec l’obligation de toutes les municipalités du Québec de plus de 5000 habitant-e-s d’avoir un service de police, mise en place depuis 1992, plusieurs petites villes et communautés rurales ont eu à transférer leurs activités à la SQ. C’est le cas par exemple du service de police de Joliette, qui est passé au contrôle de la SQ en 2008, de celui de Val-d’Or en 2002 et tout récemment, celui de Mont-Tremblant. C’est le cadre qui va mener à la commission Viens sur les relations entre les communautés autochtones et certains services publics, dont la SQ de Val-d’Or, suite aux témoignages d’une dizaine de femmes autochtones rapportant des abus physiques et sexuels, de la négligence et du mépris entre 2002 et 2015. Ce rapport nous dit aussi que, et je cite:
“Entre le 1er janvier 2012 et le 31 août 2017, 4 270 constats d’infractions ont été remis à Val-d’Or. 75,1% de ces personnes étaient d’origine autochtone”.
Les motifs de ces interventions, selon la police sont les nombreuses infractions à la réglementation municipale, dont flâner, se trouver en état d’ébriété dans un endroit public ou troubler la paix. Encore une fois, les policiers, responsables de l’ordre public, agissent en fonction de priorités qu’ils définissent eux-mêmes. Ce sont les mêmes reproches que dans le rapport sur la crise d’Oka. La soi-disante transparence n’a aucunement augmenté et le racisme n’a pas été remis en cause. C’est presque grotesque que malgré plusieurs rapports pointant les mêmes violences et les mêmes lacunes, rien ne change réellement sur le terrain et l’histoire semble se répéter sans cesse.

Q : On parle de rapports et de commissions d’enquête, pourtant la seul tendance qu’on semble constater chez la SQ ou le SPVM, c’est l’accroissement de leur budget et de leur capacité technologique, mais leur rôle et leur façon d’agir restent sensiblement les mêmes. Peut-être qu’on peut essayer de synthétiser tout ça; j’aimerais que tu parles justement de la façon dont l’État présente la police à la population.

R : On s’entend, depuis trois quart de siècle, la police est inefficace, contre-productive et agit en cavalier seul. Même si les rapports des commissions présentent une relation houleuse entre l’État et sa police, on doit se demander: est-ce vraiment le cas? Une institution dysfonctionnelle, qui est rabrouée tout les 10 ans sans jamais rien changer me semble un signe indéniable que: son rôle informel est en fait son rôle formel. Sur papier, l’État a les compétences pour “faire le ménage” au sein des corps policiers en termes de transparence et d’imputabilité. Mais le simple fait que rien n’est mis en place depuis toutes ces années souligne très bien qu’on a affaire à plus qu’une pomme pourrie, mais bien un verger au complet, et ce tant du côté de l’État qui profite de la situation que de la police. 

Pensons par exemple à certaines manifestations du 1er mai, en réponses aux assassinats de la police ou au Printemps 2012 et 2015. Comment le ministre de la sécurité publique peut-il tolérer que des centaines de policiers armés attaquent violemment des manifestantes et manifestants à proximité de zones résidentielles? En fait, il y a deux hypothèses. La première c’est que la classe politique ne veut pas savoir les détails, pour éviter d’être tenue responsable. La seconde, plus plausible, est que ses ordres proviennent directement des éluEs, mais que ces ententes sont gardés secrètes. Dans un cas comme dans l’autre, la responsabilité des agissements de la police n’est pas assumée par les pouvoirs politiques, mais tout de même supportée tacitement. La répression, la violence et les agressions envers les plus vulnérables, qui sont au centre des agissements que la police, aurait pu diminuer en implantant les mesures d’un rapport ou d’un autre, si la volonté du gouvernement existait. Mais l’État se soucie peu de l’application des mesures, sinon que des apparences qui facilitent son acceptation sociale. La police provinciale a été mise en place à la suite de soulèvement populaires et contribue au maintient du colonialisme, du racisme et du capitalisme. C’est son rôle officieux, parfois exposé, mais jamais sanctionné. On est loin d’une quelconque garantie de justice ou d’impartialité qui garantirait le respect de la loi, comme on aime nous le dire. 

C : En d’autres mots, les services de police ne sont que les chiens de garde de l’État, jamais dociles, jamais contrôlables, même si l’État s’achète une bonne conscience et tente d’embellir son image en les critiquant de temps à autre.

Q : Pour mieux comprendre les manifestations contre la police et le mouvement Black Lives Matter aux États-Unis, peux-tu nous parler des origines de leur police?

R : La police aux États-Unis est une continuité de l’esclavagisme. Selon Howard Zinn, au 19e siècle, comme les populations esclaves américaines étaient moins nombreuses et moins denses que dans les Caraïbes, l’évasion était plus réaliste que l’insurrection armée. Les propriétaires d’esclaves mettent alors sur pied des dispositifs pour surveiller les esclaves sur leurs terres, les overseers, mais également pour retrouver les esclaves en fuite, les slave patrols, les patrouilles d’esclaves. Ces patrouilleurs agissent avec une cruauté inqualifiable envers les esclaves récalcitrantes et récalcitrants, allant jusqu’à la torture et l’assassinat légalisé. Ils utilisent des chiens de chasse pour traquer les personnes fugitives et les mutiler. Les peines pour les personnes blanches aidant des esclaves à s’enfuir sont aussi rehaussées avec le Fugitive Slave Act de 1850, qui sera appliqué dans les États du Nord, où l’esclavage est pourtant interdit. C’est entre autre aussi dans le but de décourager la solidarité de classe entre personnes noires et personnes blanches que les autorités du Sud, comme du Nord, mettent en place une ségrégation raciale de plus en plus stricte. Les overseers, engagés pour réprimer les esclaves, sont souvent des immigrants irlandais eux-mêmes très pauvres, ce qui accentue la division raciale au profit de l’élite propriétaire.

Les slave patrols servent une autre fonction, essentiellement contre-insurectionnelle: leur présence et leur méthodes brutales agissent de manière préventive, qu’on pourrait qualifier de terroriste, pour décourager tout soulèvement de la part de populations noires.

Q : Et après la guerre civile?

R : Après la Guerre Civile et l’abolition de l’esclavage, la tradition esclavagiste se poursuit dans les États du Sud. Les esclaves nouvellement libérés demeurent liés à leurs anciens maîtres à travers des dettes ou des conditions de vie misérables pour les rendre dépendantes et dépendants du nouveau système économique importé du Nord. Mais pour pouvoir exploiter leur force de travail dans les usines, il faut les autoriser à circuler librement, au grand regret de la population blanche, qui vit dans la peur constante d’une insurrection. C’est devant cette menace perçue que sont créée les premières polices modernes dans les villes. Dans certains cas, les soulèvements populaires appréhendés se sont bel et bien produits. Au Nord, entre 1801 et 1832, les noirs de New-York, par exemple, ont déclenché pas moins de quatre émeutes pour tenter d’empêcher les esclaves affranchis d’être renvoyés à leurs anciens maîtres. Ces efforts ont généralement échoué: la garde a répondu violemment et les participantes et participants ont reçu des peines particulièrement sévères. Mais malgré la désapprobation de l’élite et la répression, les classes populaires ont continué de se révolter, parfois même en transgressant les barrières raciales. 

Q : Donc gros spoiler, l’abolition de l’esclavage, c’est plutôt une transformation des mécanismes d’exploitation, c’est bien ça?

R : Exact, comme je disais, après la guerre, plusieurs états du Sud créent de nouveaux codes de lois qui reproduisent leurs lois esclavagistes, et qui régissent les déplacements et à peu près toutes les sphères de la vie des esclaves libérés. On les appelle les Black Codes ou Black Laws. Par exemple, selon les vagrancy laws, qu’on pourrait traduire comme lois sur le vagabondage, on retrouve l’obligation de trouver un travail, sans quoi on peut se faire arrêter et emprisonner pour n’avoir que marché dehors sans preuve d’avoir un travail. Ça donne le pouvoir aux employeurs et ça fait que les gens sont obligés de prendre n’importe quelle job de marde. C’est carrément de l’esclavage à peine salarié.

Q : Donc l’esclavage est soi-disant aboli… mais le fait d’exister sans travailler est criminalisé. Puis en prison, c’est le travail forcé!

R : Oui, et même si les overseers et les slaves patrols sont abolies, dans les faits, les forces policières qui les remplacent vont en conserver plusieurs éléments, dont faire respecter les couvres-feu, la surveillance des quartiers et, bien sûr, un racisme insidieux. Dès sa naissance, par exemple, le Ku Klux Klan jouit d’une immunité face à ses crimes, alors que les prisons que l’on bâtit par centaines au pays se remplissent majoritairement de détenus noirs. Ce n’est pas surprenant quand on sait que les membres du Klan sont souvent eux-mêmes des policiers ou des sheriffs. Avec une telle histoire, on comprend mieux pourquoi le profilage racial est autant enraciné dans les structures policières actuelles; c’est l’essence même de sa fondation. Aux États-Unis comme au Canada, les personnes Noires et Autochtones sont sur-représentées dans les prisons, et le racisme des services de police, qui se combine avec celui des systèmes de justices contribue fortement à cette situation. En ce moment, aux États-Unis, 40% des personnes incarcérées, tous niveaux confondus, sont Noires, alors qu’elles représentent 13% de la population. Il y a des États, comme la Louisianne et l’Oklahoma, où plus d’un pourcent de la population est actuellement incarcérée.

C : Des pendaisons publiques aux détachements militaires dans les villages, les démonstrations publiques de cruauté ont toujours visé a susciter la peur chez celleux dont l’existence est jugée un affront. Il faudrait qu’on accepte l’ordre social et qu’on abandonne notre pouvoir collectif à un vote aux quatre ans…

Tant qu’un segment de la population exercera un pouvoir disproportionné sur le reste d’entre-nous et sur les ressources dont on a besoin pour survivre, la police existera pour réguler, discipliner et maintenir ce contrôle. La violence policière n’est pas un accident – c’est une menace quotidienne – qui ne peut être séparée du contexte socio-politique dans lequel elle existe. Les mesures d’austérité s’accroissent, les mécanismes d’exploitation néocoloniale se modernisent, et les technologies de surveillance se normalisent dans nos quartiers en gentrification.

Dans le prochain épisode, on interview une militante du Collectif Opposé à la Brutalité Policière (le COBP) pour une discussion introductive sur l’abolition de la police. Ce sera l’ occasion d’explorer et d’avoir des réponses aux questions fréquemment posées sur la transition vers un monde sans police et de repenser sur quoi est basé notre sentiment de sécurité.

D’ailleurs, on en profite pour vous inviter à la 25e Manifestation Internationale contre la brutalité policière du 15 mars, organisée par le COBP. Restez à l’affût pour les détails.

Vlad partout: Que le feu se propage

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Fév 222021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

“Allumons des feux guérisseurs pour nos morts. Mettons le feu à l’autorité et la domination pour qu’elles brulent avec autant d’éclat que le coeur immense de notre ami. Ne pardonnons jamais à ce monde qui nous l’a pris, et n’oublions jamais les façons dont il nous a touchés. Ai Ferri Corti.”
– Une carte distribuée aux funérailles de notre complice Vlad

Vlad aurait eu 26 ans aujourd’hui s’il était toujours avec nous. Pour ceux qui n’ont pas eu la chance de l’avoir connu, sache qu’il était fucking solide.

Dans un effort pour attiser les flames des ses contributions à nos luttes partagées, nous aimerions nous recentrer sur un texte que nous savons l’avoir profondément inspiré, initialement publié dans Avalanche: un journal de correspondance anarchiste.

Je coupe à travers le temps comme si avec un couteau. Nous trainons dans un parc, en regardant nos ami.e.s jouer au basketball. Vlad nous explique, intensément, l’impacte que ce texte de la Suède a eu sur lui, il joue avec ses pantalons, entre deux bouffés de cigarette. Son seul sourire en coin est nécessaire pour nous communiquer son importance dans notre contexte actuel.

Au fil des ans, nous vous invitons à contribuer à une tradition de mémoire combative – un cadeau de rébellion et de refus du tout les 22 février, pour vous-même et pour Vlad. Sans tomber dans le piège autoritaire des martyrs, nous pouvons amener la mémoire de nos morts à notre présent à travers l’attaque.

Tu es à nos côtés à chaque action contre l’autorité, mon ami.

Que le feu se propage

Septembre 2016 – Suède

Que le feu se propage est un texte écrit dans des circonstances importantes, concernant les troubles sociaux de la fin d’été au début de l’automne en Suède et au Danemark cette année (2016). Nous, les auteurs, sommes des compagnons ayant grandi et vécu la majeure partie de notre vie dans différents pays scandinaves mais nous n’étions pas présents là-bas quand les évènements sont survenus. Comme il a été montré dans le texte Tension sociale et intervention anarchiste en Suède paru dans Avalanche numéro 2, les tensions sociales en Scandinavie et surtout en Suède n’ont rien de nouveau. Et malheureusement, le manque d’initiative et même de capacité à analyser et à imaginer autre chose de nouveau chez de nombreux compagnons dans les pays nordiques n’a rien de nouveau non plus. Lorsque les incendies ont commencé à se propager une fois de plus dans les villes et les quartiers et même les pays, nous étions tous d’accord pour ne pas laisser passer ça sans la moindre tentative d’intervention anarchiste. Cette fois, la méthode d’attaque la plus couramment utilisée par les individus rebelles était d’embraser des voitures, ce qui en comparaison avec les émeutes et les attaques collectives des années précédentes est quelque chose de très facilement reproductible pour un petit groupe voire même pour un individu, ce qui offrait en soi une bonne opportunité pour réintroduire d’autres conditions et perspectives mais surtout l’imagination d’une autre manière de lutter que celle qui prédomine actuellement. La manière prédominante étant très humble et fort respectueuse de la société ; rude et intransigeante seulement lorsqu’elle est ratifiée par l’État. En définitive, mis à part une analyse lacunaire et une proposition, ce texte constitue une tentative pour répandre une autre imagination et d’autres idées – sur ce que ça signifie de combattre les autorités, de combattre cette société – qui dans leur absence flagrante ont conduit les compagnons dans un repli défaitiste ces dernières années. Nous avons décidé de traduire le texte original suédois et danois vers le Français, d’une part pour faire savoir aux compagnons internationaux que ce que UpprorsBladet a écrit en 2014 est une réalité toujours en cours en Scandinavie et d’autre part pour soumettre nos idées et nos manières d’intervenir au débat et à la critique d’autres compagnons proches de nos idées. À l’heure où s’écrit cette introduction, au début novembre 2016, le texte a été largement diffusé – de main en main aussi bien que par internet – mais avec l’arrivée de vents et de neiges plus froids, cette vague d’agitation sociale doit être considérée comme terminée ou du moins calmée. Toutefois, nous espérons que notre texte puisse susciter un autre état d’esprit et d’autres discussions pour la prochaine vague à venir.

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Que le feu se propage – une analyse des incendies de voitures ces derniers mois en Suède et au Danemark et une proposition d’intervention

Ces derniers mois, quelque chose qui appartient à la vie quotidienne des banlieues suédoises s’est répandue comme une mauvaise herbe dans le jardin de la paix sociale et a pris la forme d’une révolte anonyme et apolitique. Le simple geste de mettre le feu à une voiture s’est laissé reproduire, précisément pour sa simplicité, dans des petites villes comme dans des plus grandes, des deux côtés du Öresund, dans des zones isolées au-tant que dans celles plus centrales, riches et bien intégrées. De tout : depuis des incidents isolés jusqu’à (ce qui a semblé être) des actions coordonnées dans toute la ville. De la part de la société, la réponse est venue de la police, des pompiers, des médias, des politiciens et autres experts inconnus, qui ont fait des déclarations et promis ou proposé une sérieuse quantité d’actions ; des actions qui ne servent pas seulement à mettre un terme aux incendies de voiture mais qui intensifient plus généralement la répression à l’encontre de ceux qui ne veulent pas se mettre au pas. Avec ce texte, nous aspirons à produire une modeste analyse, suivie d’une proposition plus résolue en vue d’une intervention dans ce conflit entre des individus anonymes et la société. Une intervention anarchiste sans aucune place pour la politique ou la négociation. De notre point de vue, tout ce que nous avons à perdre est le confort qui nous retient de brûler la première voiture.

La chronologie et le problème des médias

Il était difficile de se tenir au courant des évènements lorsqu’ils ont pris de l’ampleur. Dès qu’on essayait d’assembler une chronologie pour une meilleure vue d’ensemble, de nouveaux évènements s’étaient déroulés – du côté de la société comme du côté de ses antagonistes. Pour nous, il est clair que la meilleure source d’informations que nous avons et avons eu sont les comptes rendus des médias officiels, puisque les autres moyens de communication ont manqué. Donc avec les mots de certains compagnons en tête : « Les millions de mots et d’images qui remplissent les images et les papiers (toilette) ne sont pas un écho ni un reflet de la réalité, ils constituent une partie intégrante de la création de cette réalité, ils imposent des moeurs, des règles et des logiques qui permettent l’existence de l’État. » [1] ce n’est pas sans autocritique que nous utilisons cette information. Cette information a évidemment déjà été bien utile pour les politiciens et les bons citoyens, comme l’explique la citation ci-dessus. Donc même si elle sert nos ennemis, nous utiliserons cette informations avec l’intention de renverser ceux qui l’ont créée. Nous ne savons pas ce qui s’est passé dans la sphère des médias sociaux mais prenez pour acquis que ces soi-disant outils n’ont pas été employés pour analyser et propager ces actions avec l’intention d’étendre la situation en révolte sociale. Même si les médias avaient uniquement fait un battage publicitaire et du sensationnalisme autour de ces évènements, ce qui arrive prétendument tout le temps avec la même intensité [2], ça ne change rien au fait que ces actions – les incendies de voitures comme les nombreuses attaques contre les flics et autres uniformes – en elles-mêmes portent avec elles la révolte et la possibilité d’une révolte sociale. Il est donc difficile de faire la distinction entre ce qui provient de cette escalade spécifique et ce qui provient d’une tension sociale plus large et constante. On ne veut pas détourner ni trahir les actions de différents individus juste pour confirmer nos idées ; pour projeter notre désir d’une révolte étendue sur des individus et des actes qui ont leurs propres raisons, significations et volontés. C’est pourquoi, même s’il est difficile de ne pas tenir compte des évènements comme les attaques organisées contre des flics et d’autres officiels à Kronogården, Trollhättan, ou ceux qui ont eu lieux à Södertälje ou Örebro, on va s’en tenir aux incendies de voiture. En partie à cause de leur extension urbaine durant les derniers mois et en partie parce qu’ils impliquent une méthode très simple et reproductible pour attaquer la normalité. Durant les deux premières semaines d’août, les sites d’informations et les magazines étaient remplis de gros titres du genre : « 16 voitures ont étés incendiées en 5 heures », « Le Ministre de la Justice en a ‘sacrément marre’ des hooligans », « 20 voitures sont parties en fumées la nuit dernière », « Le gouvernement appelle à des peines plus lourdes pour les incendiaires de voitures », suivi par une redite quotidienne : « Davantage d’incendies de voiture la nuit dernière ». En lien avec ça, des experts en sociologuies, des pompiers, des flics et des gens dont la voiture avait brûlé ont été interviewés. Désespérés, les flics ont promis et ont effectivement intensifié leur présence dans les quartiers touchés – sans grands succès. À Ronneby cependant, les flics ont été un peu plus réalistes puisque l’inspecteur de police en service a fait la déclaration suivante : « Nous sommes à court d’officiers pour le moment, c’est la période des vacances et tout, donc je ne peux pas promettre de patrouilles supplémentaires dans la zone » en réaction à des voitures incendiées trois soirs de suite dans la petite ville. En réponse à ça, la municipalité a décidé d’engager des agents de sécurité pour patrouiller dans les rues à la place. Entre le 1er juillet et le 17 août cette année, les pompiers dans chaque ville ont signalé 134 incendies de voitures à Stockholm, 108 à Malmö et 43 à Göteborg. Pendant toute l’année 2016, jusqu’à la mi-août, 154 cas d’incendies de voitures ont été signalés rien qu’à Malmö, où dans de nombreux cas le signalement concernait plus d’un véhicule. Durant la première semaine d’août, il a été estimé que les incendies ont ravagés sept voitures par nuit dans la zone urbaine de Malmö. Le premier week-end d’août, une voiture de flic a été enflammée alors que la patrouille intervenait pour du tapage signalé dans un appartement. Avec Malmö pour épicentre, d’après la couverture médiatique, les incendies de voitures se sont propagés à plusieurs autres villes. Dans la nuit du 16 au 17 août, un incendie de voiture à Norrköping a entraîné la destruction complète de douze voitures et au moins sept autres ont été endommagées. Pendant ce temps-là, il y avait des signalements ininterrompus de voitures en feu dans de plus petites villes comme la susmentionnée Ronneby, mais aussi à Skara, Varberg et Borås ainsi que dans de plus grandes villes comme Stockholm, Linköping, Göteborg, Västerås et Södertälje. À la mi-août, les incendies de voiture se sont propagés au Danemark, où les voitures ont brûlé plusieurs nuits de suite. Dans la nuit du 20 août, dix voitures sont parties en fumée. Depuis ce moment-là, ça a continué avec plus ou moins d’intensité, dans différentes zones de la capitale danoise comme Christianshavn, Amager, Nørrebro, Valby et Vestegnen. Aux dires des médias, au moins 50 voitures ont été enflammées dans la région de Copenhaguen entre la mi-août et la mi-septembre. Les flics n’ont pas caché leur suspicion, redoutant que les incendies aient pu être inspirés par la situation en Suède et ont immédiatement lancé des investigations pour attraper les agitateurs et calmer la situation. Ils ont lancé des appels à témoin dans les médias et les flics ont passé en revue une quantité considérable de matériel vidéo issus des caméras CCTV de surveillance dans les zones touchées. Des photos et une description d’un suspect ont été rendues public et sur base de plusieurs tuyaux anonymes une personne a été arrêtée et emprisonnée le 24 août, soupçonnée d’avoir brûlé dix voitures et d’avoir tenté d’en brûler 23 autres. Ceci, cependant, n’a pas arrêté les incendies, qui ont continués dans différents endroits autour de la ville. De même, les sales aspirants-flics, les SSP (une coopération entre l’école, les services sociaux et les flics qui vise à surveiller et empêcher les enfants de commettre des crimes) ont intensifié leurs activités et renforcé leur nombre dans les rues de certains quartiers, afin d’éviter que la jeunesse ne soit mal inspirée par les incendies. Chaque nuit lors de la première semaine d’août, les flics de Malmö ont déployé un hélicoptère dans la chasse contre les incendiaires de voitures. Le 11 août, évidemment pas pour la première fois, l’hélicoptère a été visé par un rayon laser vert, ce qui a mené à l’arrestation de deux jeunes plus tard dans la nuit. Les flics les ont interrogés, dans l’espoir d’établir un lien avec les voitures brûlées mais les deux détenus ont été relâchés le matin suivant en laissant apparemment les flics sans aucunes pistes. Le 15 août, selon la presse, une personne de 21 ans a été arrêtée à un contrôle routier à Rosengård. Les flics ont prétendu que la voiture était remplie de bidons d’essence et d’un marteau brise-vitres. La personne a été relâchée le 18 août, étant donné qu’il n’y avait aucune base juridique pour son incarcération mais la suspicion demeurait. Le même jour, les flics ont présenté une nouvelle mesure à prendre dans leur lutte contre les incendies de voitures. Pour la première fois en Suède, des drones seraient utilisés par les flics, principalement pour traquer les incendiaires. Les drones vont guider les patrouilles renforcées à moto et les officiers en civil au sol. La proposition est venue de la NOA, les flics de la National Operative Unit, qui va aussi la mettre à exécution. Les équipements seront fournis par la SAAB (une compagnie dont la production pour les marchés militaires trouvera très probablement des usages dans le « civil », autres que juste les seuls drones pour chasser les incendiaires de voitures).

La réponse de la société

Pour mieux comprendre la situation dans son ensemble mais aussi pour voir où l’on peut trouver les possibilités d’étendre ces actes de révolte vers l’insurrection, nous voulons nous pencher sur le cirque que la société a lancé en réaction à ces troubles. De prime abord, c’est intéressant de voir comment les incendies de voitures continuent en silence, pendant que les médias, les politiciens, les flics, les experts de toutes sortes et les citoyens actifs rivalisent pour être le plus bruyant et condamner le plus sévèrement ces évènements. Dans le silence, les actions parlent pour elle-mêmes et si elles étaient laissées dans leur silence, tout ce qu’on entendrait serait le crépitement du feu, pas plus d’explication ne serait nécessaire. Mais le silence est dangereux et troublant pour l’ordre en place. Le meilleur remède contre le silence est bien sûr de faire du bruit, de parler et de distraire, de prendre en main le pouvoir de définition. En Suède ils ont parlé de problèmes d’intégration et de vandalisme, alors qu’au Danemark ils ont parlé initialement de pyromanie, autrement dit les incendies de voitures ont été considérés comme une maladie. Une hypothèse vite écartée lorsque le « suspect pyromane » a été détenu et alors que les voitures brûlées ont continué à se répandre. La discussion s’est ensuite orientée dans une direction plus semblable à celle de la Suède, avec l’attention portée sur les jeunes. Dans le premier cas, l’acte (d’incendier une voiture) est isolé et dit limité à la jeunesse pauvre issue de l’immigration, ce qui rend la tâche plus difficile à ceux qui ne rentrent pas dans ces catégories de s’identifier avec ces actions. Dans l’autre cas, l’acte est mis au rang des pathologies. Par exemple, si tu t’identifies avec ces actions, tu devrais t’estimer malade, un pyromane ; ce qui, avec le pouvoir de la honte sociale, provoque une distanciation chez la plupart des gens. Les mêmes actions, le même silence, confrontés à beaucoup de bruit de la part de la société. En Suède ces discussions ont eu le temps de se développer davantage qu’au Danemark et les politiciens au pouvoir ont proposé des peines plus dures, non seulement pour les incendiaires de voitures mais aussi pour faire d’une pierre deux coups contre l’ensemble de la catégorie sociale des jeunes. La proposition signifierait, une fois appliquée, que des tribunaux spéciaux seraient instaurés, que le port du bracelet électronique pourrait être imposé à des mineurs d’âge et que la surveillance liée aux mesures probatoires à l’encontre des jeunes seraient intensifiée. L’opposition politique appelle à augmenter les effectifs policiers et à retourner à l’ancienne organisation policière, récemment modifiée. Des sociologues mettent en garde contre les conséquences négatives de peines plus lourdes et proposent plutôt de renforcer la présence policière dans les rues, puisque c’était la prétendue raison de la désescalade lors d’une situation semblable en Suède il y a quelque dix ans. Tournoyant autour des carcasses pourries de ces discussions, ce sont les vautours silencieux. Eux qui avec leurs business profitent de l’incendie de voiture et avant tout du cirque sociétal qui l’entoure. Les drones de la SAAB ont déjà été mentionnés mais il y a aussi les compagnies d’assurance et de sécurité. Dans plusieurs articles de la Swedish Radio par exemple, ils informent le public que l’« assurance trafic » n’est pas suffisante pour couvrir les frais d’un incendie de voiture et que la voiture doit être au moins « assurée de moitié » pour couvrir les dommages. Il ne faut pas avoir étudié dans une école de commerce pour comprendre la valeur économique pour les compagnies d’assurance, dans un article aussi bien intentionné et informatif. Surtout lorsqu’il est suivi d’articles dans lesquels les porte-paroles de compagnies d’assurance rassurent sur le fait que l’assurance pour les personnes habitant les quartiers touchés ne seront pas plus élevés ni même différent que dans les quartiers moins affectés. À certains endroits comme Ronneby, où les flics ont laissé leur uniforme au placard et se détendent autre part, la municipalité a décidé d’engager une compagnie de sécurité afin d’avoir des agents de sécurité pour patrouiller les rues à la place.

En lien avec les émeutes ou les actions de masse comme celles d’Örebro et de Södertälj

Dans deux banlieues de Södertälj, deux nuits de suite, des jeunes ont construit des barricades enflammées et attaqués des bus pour attirer les flics chez eux. Quand les flics sont arrivés, ils les ont attaqué avec des pierres et des feux d’artifice. Une nuit, une pierre a brisée le pare-brise d’une voiture de police, envoyant un flics à l’hôpital avec un oeil abîmé. Dans le quartier d’Örebro, un nombre plus important d’individus masqués se sont rassemblés et mis en mouvement dans la zone. En mettant une laverie en feu, également pour attirer les flics, et puis en les accueillant avec des cocktails molotov, des pierres, des feux d’artifice et des des clubs golf. Des patrouilles de gardes supplémentaires issues de différentes compagnies sont appelées comme fantassins aux côtés de la cavalerie policière. Des compagnies de sécurité qui, au cours des dernières années de soi-disant « crise des réfugiés », ont connu une nouvelle ère d’abondance pour leur business. Des compagnies qui, enrichies par leur expérience de passage à tabac des personnes de couleur, continuent volontiers leur affaires – les flics ont remplacé le Département de la Migration en tant que force d’intervention, et les incendiaires de voiture ont remplacé les réfugiés en tant que cibles mouvantes. Ces vautours restent des vautours, aussi longtemps qu’ils peuvent travailler sans être perturbés, aussi longtemps qu’ils peuvent garder une distance entre eux et le coeur des évènements. Comme dans un écosystème, ils jouent un rôle important dans le maintient du système social et contribuent à étouffer la révolte qui menace. Dans la paix sociale, chaque rupture signifie une possibilité pour la révolte et l’insurrection ; la rupture en elle-même est souvent un acte conscient de rébellion, aussi limité soit-il à un unique individu et une unique situation. La rupture découvre les conflits qui autrement seraient recouverts par la paix sociale. Ce que nous choisissons d’avaler dans notre vie de tous les jours, en terme de soumission, est recraché et toutes les paroles qui disent qu’on vit dans le « moins mauvais des mondes », que « c’est comme ça, c’est tout ! », s’étiolent face à l’évident mécontentement de vivre la vie qu’on nous impose dans cette société. Une voiture cramée pourrait ne pas donner l’impression d’être le signal de départ pour une révolte sociale mais en même temps c’est exactement ce que ça pourrait être. Ce que ça pourrait devenir. Ça pourrait tout aussi bien être une attaque d’individus isolés contre la paix sociale, contre l’ordre social, puisque ça pourrait être le sabotage de la fonction d’un autre individu dans le maintient du même ordre. Nous voyons ceci comme des facteurs, indépendamment du fait qu’ils viennent avec une intention et un désir de révolte ou qu’ils adviennent par ennui, pour de l’argent ou pour une vengeance personnelle. La paix sociale, dans laquelle l’État revendique le droit exclusif de la médiation et du contrôle sur la population, est bel et bien attaquée lorsqu’une voiture est incendiée, avec ou sans l’intention des assaillant de renverser la société. Dans la normalité que nous sommes tous tenus de reproduire, il n’y a (toujours…) pas de place pour les voitures en feu. Encore moins pour les incendies de voiture sans raison claire et compréhensible qui se propagent presque librement sur de grandes distances et dans de nombreuses régions. Lorsqu’ils se propagent comme ça a été le cas durant ces derniers mois, il est impossible, même pour les gens au pouvoir, d’ignorer l’existence d’un conflit social. Au lieu de ça, ce qu’ils essayent de faire est d’isoler le conflit pour le restreindre à un petit groupe seulement de mécontents et d’indomptables – avec lequel la majorité, comme évoqué plus haut, devrait n’avoir rien en commun. Ça devient l’affaire de la police, des politiciens et des sociologues. Jouant son rôle de médiateur, l’État essaye de rendre l’affaire intelligible et gérable. Il essaye d’en faire une affaire et un conflit entre les autorités, avec ses fidèles spécialistes, et un groupe de « jeunes mal intégrés ». Ce qui n’est donc la réalité, à savoir des individus comme toi et moi en conflit avec la vie que nous sommes contraint de supporter dans ces circonstances.

De la révolte anonyme à l’insurrection apolitique

« Le crime est très difficile à investiguer. Nous ne voyons aucun profil et nous n’avons aucun suspect. Nous avons besoins de toute l’aide que nous pouvons avoir » – Lars Forstell, flic à Malmö. Les incendies de voitures qui balayent la Suède et le Danemark ne nous intéressent pas seulement parce qu’ils portent l’étincelle de la rébellion, mais aussi parce qu’ils nous offrent une autre manière de comprendre l’insurrection, parce que leur caractère apolitique nous laisse entendre une tactique différente. Les incendies de voiture sont une attaque incontrôlable contre la société parce qu’ils se répandent à travers tout le territoire que contrôle l’État et sans être focalisés sur une cible symbolique spécifique. Ils sont facile à reproduire partout et tout le temps, alors qu’il est impossible pour la police d’être partout en même temps. Les mouvements politiques ont l’idée fixe de vouloir rassembler un mouvement ou une certaine catégorie d’exploités face à un objectif symbolique dans l’espoir que si suffisamment de personnes sont rassemblées, le pouvoir sera contraint de changer. En réalité, ces méthodes sont faciles à contrôler pour l’État, parce que ce n’est pas si compliqué de rassembler les forces répressives à des endroits spécifiques à une date préétablie. Même des anarchistes qui critiquent vraiment cette perception de la lutte continuent de reproduire cette logique. Pourquoi tant de manifestations contre des cibles symboliques encerclées par la police lourdement équipée ? Pourquoi avoir toujours un temps de retard sur l’État et la police ? Les incendiaires de voitures montrent la voie d’une forme différente de conflit avec l’État. Permanente, incontrôlable, souple et destructrice. Là, c’est la police qui traîne derrière. Bien sûr, des incendies de voitures ne suffiront pas à renverser l’existant. Mais ils ouvrent, dans le contexte scandinave, une nouvelle façon de comprendre l’insurrection et donnent de l’inspiration pour des tactiques différentes dans nos luttes. Ils nous offrent un tremplin que l’on peut utiliser dans notre révolte individuelle pour faire le saut vers l’insurrection sociale, ce qui représente, il faut le dire, plus que tout ce que les mouvements politiques ont créé en Scandinavie depuis très longtemps. En parlant de mouvements politiques, la lutte autour de la maison en partie occupée Rigaer 94 au cours de la moitié de l’année dernière montre comment les incendies de voitures peuvent être employés comme méthode, mais aussi montrer leurs limites, ce qui peut être intéressant de considérer succinctement [3]. Dans la lutte autour de la Rigaer 94 c’était à notre avis le même facteur qui a causé la rapide et intense diffusion qui est aussi devenu la raison pour laquelle le conflit ne s’est pas étendu au-delà de la préoccupation des anarchistes et des autonomes. Ce facteur a limité la lutte à la maison et à la zone locale. En comparaison avec la Scandinavie, l’Allemagne est pleine d’autonomes et d’anarchistes dont beaucoup ont pris part suite à la promesse faite par des compagnons de causer 10 million d’euros de dégâts – certains parce qu’ils s’identifient avec la Rigaer et agissent en solidarité, d’autres parce qu’ils sont en permanence à la recherche de nouveaux évènements auxquels réagir, et en ont trouvé un là-dedans. Ce qui nous amène encore une fois à un conflit opposant un petit groupe d’individus facilement catégorisé (d’anarchistes et d’autonomes) contre l’État, avec le reste de la société en spectateurs et en commentateurs. Le conflit a donc tourné en rond autour d’une cible symbolique, ce qui a donné tout au moins une indication à l’État de l’endroit où envoyer ses forces répressives et lui a rendu la tâche plus facile à gérer et à prédire. La plupart des gens qui pourraient avoir un intérêt dans les incendies de voitures ou autrement dans la révolte contre la société ne voient pas la Rigaer comme un point de référence évident, pas plus que la sous-culture sur laquelle elle repose. Probablement encore moins lorsque les gens commencent à dire qu’ils sont politisés, ou qu’incendier des voitures est un acte politique. Tant que le point de départ sera une chose à laquelle seulement quelques-uns pourront se référer, alors il restera un duel entre ces quelques-uns et l’État.

Cette escalade qui a eu lieue en Suède et au Danemark va probablement s’éteindre à mesure que la répression avance et se durcit. Elle va probablement se rallumer dans quelques mois, ou dans un an ? Et puis s’éteindre à nouveau. À moins d’essayer de l’étendre et de la renforcer avec nos propres actes, idées et aspirations de liberté. Ce n’est ni garanti de réussir ni voué à l’échec. Une chose est sûre, aussi longtemps qu’on restera des spectateurs et des commentateurs passifs, l’existence qu’on méprise si profondément nous sera garantie. Si nous avons des critiques envers la manière dont certains ont agi durant l’escalade des voitures brûlées, alors agissons en accord avec nos idées et montrons de cette façon ce que nous proposons et ce que ça signifie en pratique. Particulièrement si nous souhaitons autre chose de la part des autres rebelles. Une voiture appartenant à un prolétaire a été cramée et ça t’as dérangé ? Qu’est-ce qui te retient d’aller au bureau de SAAB, chez une compagnie de sécurité ou d’assurance ? Si tu penses qu’une voiture de flics était trop peu, veille à ce que davantage partent en fumée. Ce n’est pas par une ténacité passive que nos idées pourront se propager et leurs conséquences se multiplier, mais par l’action et par l’honnêteté cohérente avec nous-mêmes. Si nous voulons réaliser nos idées et nos rêves, alors nous devons les prendre et nous prendre nous-mêmes au sérieux. En interrogeant les traditions de lutte qui ne nous ont pas rapproché de nos rêves, mais plutôt de la société. En cherchant de l’inspiration partout où la révolte s’exprime et pas seulement là où les gens suivent des manuels politiques. Si nous partageons des idées, ça veut dire une hostilité permanente contre cette société. Ça veut dire s’exposer à des situations sociales inconfortables. Ça veut dire des risques. Comme le risque de perdre les privilèges qui te sont accordés par l’ordre que tu affirmes mépriser. Ça veut dire embrasser et être embrassé par l’inconnu et toutes les peurs qui l’accompagnent. Ça veut dire avoir confiance en soi et en ses capacités à rencontrer ce qui nous attend au-delà de la rupture avec la normalité. C’est quoi au juste qui t’a empêché de brûler une voiture ou de dresser des barricades dans les rues et d’attaquer les flics quand ils arrivent ? Peu importe ta réponse, elle n’est pas un obstacle pour trouver ta propre façon d’agir dans ce conflit.

Dans l’Inconnu

Nous voulons la liberté, et de notre point de vue elle est incompatible avec cette société, bon, avec toute société qui prive l’individu de son pouvoir et de son auto-détermination. Ainsi, la destruction de cette société, avec ses mécanismes autoritaires intrinsèques, nous est indispensable pour pouvoir usurper ce que nous voulons. Étant donné que notre point de départ est l’éternel présent – ni acculé dans l’impasse d’un déterminisme marxiste ni consommé par un futur investissement capitaliste de notre énergie et de nos rêves – et que nous voulons vivre l’anarchie maintenant, pas demain ou dans un an, mais maintenant, nos fins sont étroitement entrelacés avec nos actions. En d’autres mots : dans l’anarchie nous ne voulons pas négocier avec des autorités de toutes sortes mais les attaquer et dans le pire des cas nous défendre contre elles. Alors pourquoi négocier avec elles maintenant ? Dans l’anarchie nous ne voulons pas nous organiser en masses et poursuivre les politiques. Alors pourquoi le ferions-nous maintenant ? Particulièrement depuis que l’histoire nous enseigne que ça sert la survie de la société plutôt que les individus en lutte… Nous voulons voir la révolte se propager sans leaders et sans lignes rigides et sclérosantes. Nous voulons propager nos révoltes et les voir devenir une insurrection ensemble avec d’autres individus assoiffés de liberté. Pour, dans la mesure du possible, pouvoir y parvenir, une extension du conflit qui nous attend est clairement nécessaire. Alors, comment une extension consciente de ce conflit peut-elle prendre forme ? Notre but n’est pas de pouvoir compter autant de membres que possible, dans une sorte d’organisation ou de mouvement, ni de mettre en avant quelques demandes en vue d’un changement ou d’être « suffisamment fort » pour pouvoir négocier avec ou pour le pouvoir. Nos objectifs sont, comme il a déjà été dit, aussi faciles qu’ils sont difficiles à réaliser – la liberté par la révolte contre ceux qui nous en privent. Donc ni le succès ni l’extension ne peuvent être mesurés par le nombre de participants à un soulèvement ou si les « gens normaux » sympathisent ou non avec nous, mais par la qualité de nos propres expériences, comment nos vies changent et où elles nous mènent. Si un million de personnes prennent la rue mais ne cherchent en substance qu’un nouveau leadership, un nouveau guide, c’est en tous points une défaite. Mais si au bon moment j’attaque le bon objet, publie le bon texte – où « bon » est un terme relatif, qui peut être soutenu par des analyses claires des situations – ou si je noue de nouvelles relations de camaraderies ou si je rencontre de nouveaux compagnons, de nouveaux complices, et qu’ainsi de nouvelles possibilités s’ouvrent à moi et à d’autres pour prolonger, approfondir, renforcer et élargir l’importance de la révolte individuelle et partagée, alors je peux parler d’une réussite – avec moi-même et mon environnement comme référence. Donc dans ce cas, la manière la plus évidente d’entrer dans le conflit est d’abord et avant tout de prendre la rue nous-mêmes. Car qui sommes-nous pour parler de tout ça, sans avoir nos propres complicités pratiques ? Mais afin d’élargir l’espace pour nous, pour nos idées et révoltes, nous devrions aussi identifier les plus actifs des agents de la contre-insurrection et des profiteurs de cette situation, de même que les transformer en cibles évidentes. Les flics sont déjà évidents dans leur rôle mais pas SAAB qui les fournit en drones et autres équipements, ni les compagnies d’assurances, les compagnies de sécurité et les politiciens qui utilisent la situation pour renforcer leur pouvoir. Selon la zone dans laquelle tu vis, à coup sûr tu as tes structures autoritaires locales à identifier et à combattre, que ce soit un groupe de salafiste, une équipe de racistes fachos, une milice de quartier ou des travailleurs sociaux amoureux de la démocratie. Ça peut valoir la peine de les garder à l’esprit, avant de leur tomber dessus dans le feu de l’action. Toutes les compagnies mentionnées possèdent des bureaux nationaux dans chaqune des plus grandes zones urbaines et elles ont, tout comme les politiciens, « des noms et des adresses ». Les désigner, les attaquer et expliquer avec nos propres mots pourquoi ça arrive c’est aussi rendre visibles les structures de la société et leur rapports avec notre existence de soumission. Ce qui pourrait contribuer à un caractère plus libertaire de la révolte. À peu près chaque ennemi que tu peux imaginer dans cette société dispose d’une voiture. Les nazis, les politiciens, les PDG, les flics, les juges, les matons, etc. La plupart ont une voiture et comme nous l’avons déjà dit : si le choix de quelqu’un pour une voiture à brûler t’as dérangé, il n’est pas difficile de reproduire cet acte de révolte avec un résultat qui enrichit ta vie. 

Ceci n’est que rester à la surface des choses, une esquisse des possibilités qui ont à l’évidence été négligées par des compagnons. Néanmoins, c’est ici que nous voyons la possibilité, pour nous-mêmes et pour ceux avec qui on envisage de partager nos idées, d’agir et d’étendre ce conflit. Nous avons écrit ce texte pour appeler à ce que la révolte et sa propre capacité à agir soient prisent sérieusement. L’insurrection et le paysage social sont remplis de contradictions et il n’y a pas de simple recette pour mener avec succès une lutte contre le monde autoritaire ; nous devons simplement essayer. Mais le premier pas doit être de réaliser qu’il y a déjà des rebelles qui ont embrasé la torche de la révolte, qui ont créé une tension sociale où nous pouvons trouver des milliers de manières d’agir si nous le voulons. Non pas en tant que leaders qui doivent montrer la voie de la véritable insurrection anarchiste, mais en tant que complices dans la destruction de l’existant, avec nos propres idées, objectifs et actions. Dans ce saut dans l’inconnu nous n’avons aucune garantie de défaite ni de réussite, mais nous avons au moins cette possibilité, qui aujourd’hui est impossible : un monde sans autorités ni dirigeants. …alors que le feu se propage !

« Nous détruirons en riant, nous mettrons le feu en riant… »

Quelques insurrectionnalistes

Notes :
[1] Le texte A few notes on media and repression publié sur solidariteit.noblogs.org le 23 août 2016.
[2] https://sverigesradio.se/sida/avsnitt/786141?programid=2795 (Dans cette émission de radio spécifique, les médias ont été critiqués pour avoir donné une fausse image, et que l’expansion urbaine des incendies de voitures avait été exagérée voire alimentée par les reportages médiatiques. Cette critique est à l’égale des véritables reportages basés sur des statistiques et remplie de contradictions.)
[3] Afin de ne pas perdre l’attention, nous remettons une analyse plus approfondie à un autre moment, mais il y a bien assez d’informations notamment sur contrainfo.espiv.net pour quiconque veut creuser la question

Rattachements : un texte ennemi

 Commentaires fermés sur Rattachements : un texte ennemi
Fév 212021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Au début de l’année 2020 sortait au Québec un bien mauvais texte intitulé Rattachements. Pour une écologie de la présence et signé par le collectif Dispositions. Ancré dans l’appelisme, celui-ci mélange non seulement un mysticisme langagier hors de propos à certaines idées conservatrices à peine déguisées, mais n’hésite pas, en plus, à défendre des positions tendancieusement néocoloniales et capitalistes, le tout baigné dans un étonnant narcissisme. Nous avions jusqu’ici gardé pour la sphère privée nos critiques de ce texte qui ne nous semblait pas mériter d’efforts critiques de notre part. Malheureusement, le fait que les auteur.e.s du texte s’efforcent de le faire circuler encore un an après sa publication et qu’il.le.s l’aient maintenant traduit en anglais nous place dans l’obligation de réagir. Si notre critique porte uniquement sur le texte Rattachementsi, elle peut aisément s’appliquer aussi au texte américain qui a inspiré celui-ci, à savoir Inhabitii (maintenant traduit en français et diffusé au Québec). Les citations suivent l’ordre du texte, mais ne sont pas référées, car la version imprimée du texte n’est pas paginée.

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Après avoir rapidement présenté la crise actuelle, écologique et humaine, Rattachements se propose de dépasser la binarité paralysante qui traverse le mouvement écologiste, composée de « l’environnementalisme activiste » et de « l’environnementalisme individuel ». Il ne faut pas croire par contre qu’une proposition stratégique viendra remplacer cette binarité : au contraire, les auteur.e.s affirment que proposer une « orientation de l’action » relève de « l’activisme » et que cela est sans intérêt. D’entrée de jeu, il semble qu’un immanentisme ésotérique saupoudré de conviction en l’avenir (espoir qui sera contrebalancé plus tard) se substitue à la stratégie politique : il serait suffisant, selon les auteur.e.s, « de savoir que les éléments qui composent la vie magique sont déjà-là à nous attendre, de savoir que l’on agit sur le temps long ». Quant à savoir à qui exactement s’adresse le texte, cela n’est pas dit, quoique nous ayons un indice par la négative au début de la section II. Une assertion – qui sent la condescendance de classe – y pose la question de savoir comment l’on peut « parler de la nature à des sujets métropolitains ». Le ton semble connoter un regret quant à cette dépossession des pauvres des villes, mais rien n’est dit sur la manière dont il faudrait y pallier ou dont ces déshérité.e.s pourraient reconnecter avec la nature, sauf à s’acheter une terre en campagne. Nous verrons qu’en effet, les auteur.e.s insistent sur une reconnexion à la nature qui n’est, dans les faits, que le privilège des nanti.e.s. Alors pauvres déshérité.e.s : c’est triste, mais il n’y aura pas de « rédemption par la présence » pour vous dans le texte Rattachements.

Si les auteur.e.s jugent un peu plus loin dans leur texte, avec raison, que l’État cherche à capter l’ensemble des luttes écologistes et à faire passer n’importe quelle politique verte pour un progrès du bien commun, il.le.s se gardent pourtant de parler des très nombreux groupes et collectifs écologistes radicaux, anticapitalistes et décoloniaux qui luttent contre l’État et qui ne sont pas captés par lui. Afin de souligner leur soi-disant exceptionnalisme de conscience et la magnificence de leurs pratiques, les auteur.e.s du texte invisibilisent l’ensemble des mouvements radicaux existants. Allant jusqu’à exprimer le regret de cette soi-disant absence, les auteur.e.s masquent par ce geste les pratiques de millions de personnes en lutte partout à travers le monde. Comme le mouvement radical réel est ignoré par les auteur.e.s, il.le.s nous proposent ceci afin que les choses changent : « Il s’agit de défendre les formes d’existence contre ce qui en nie les possibilités. Il s’agit de lutter et de vaincre de l’ennemi (qui prend plusieurs formes, en nous comme hors de nous). » Nous ne saurons pas quelles formes d’existence il faut sauver ni quel ennemi il faut combattre. L’ellipse suffit selon les auteur.e.s. Le capitalisme ? Le colonialisme ? Des termes qui sont quasi absents du texte. Une assertion sur le colonialisme de peuplement (quelques pages avant le milieu) est certes pertinente, qui affirme que celui-ci poursuit la politique d’élimination des communautés autochtones au Québec et au Canada, quoique le ton autoritaire employé pour exprimer cette (rare) idée intéressante tranche bizarrement avec le subjectivisme du reste du texte.

Alors que Rattachements se disait d’entrée de jeu en rupture avec la politique classique (un refus exprimé par le mépris de « l’environnementalisme activiste » et de la stratégie), une nouvelle perspective, en contradiction directe avec la politique présentiste du texte, est amenée vers le milieu de celui-ci. En effet, après avoir prôné une espèce de retour à soi mystique, encouragé à chercher « les éléments qui composent la vie magique », après avoir ignoré les problèmes sociaux et collectifs, les auteur.e.s se contredisent en soulignant maintenant que la politique est l’art du conflit, et qu’agir (politiquement) contre « l’Économie » (pourquoi pas le capitalisme ?) implique « une réelle territorialité, une présence, un rattachement »… et donc « une possibilité de conflictualité concrète ». Soyons généreux et assumons « qu’il faut être » pour « être en guerre ». Mais au-delà de ça, il n’est aucunement explicité comment la présence mystique au monde devient, sauf par la force des mots, une réelle présence conflictuelle. En effet, peut-on penser le conflit politique sans organisation collective (au sens social et de classe), sans stratégie, sans nommer l’ennemi (capitaliste), etc. ? La présence qui est préconisée ici est tout individuelle et sans contenu politique. Renotons que seul le signifiant « présence » (à soi, à la nature) sert de contenu politique entre le début du texte et l’endroit où nous nous trouvons. Il est ainsi malheureux de voir que les auteur.e.s, essayant d’intégrer du mauvais Carl Schmitt prémâché par les appelistes français, n’arrivent même pas à poser une réelle contradiction politique.

Bien sûr, par-delà la présence mystique à soi-même, toute la notion de rattachement ignore la question du colonialisme de peuplement qui fonde les Amériques. Il semble qu’avoir parlé une fois du colonialisme de peuplement dédouane les auteur.e.s de toute réflexion sérieuse à ce sujet, et surtout d’en tirer les conséquences politiques. En effet, dans la seconde partie du texte, les auteur.e.s n’ont de cesse de parler de l’habiter, des territoires à habiter, des lieux à (re)prendre, etc. : des thèmes qui ne sont que de nouveaux déploiements de colonialité qui ne s’avouent pas. Disons-le : si les territoires sont des « choses qui leur sont dues » pour les auteur.e.s du texte, c’est parce qu’il.le.s ont totalement intériorisé les valeurs de la bourgeoisie coloniale blanche, seule classe sociale qui discoure sur son droit aux grands espaces et aux divers territoires et dont la simple affirmation d’exister fait office de politique.

Les auteur.e.s en profitent, dans leur insolence, pour rejeter la responsabilité collective que les descendant.e.s de colons portent. Qu’une telle reconnaissance de la responsabilité collective soit nécessaire si nous voulons penser une réelle politique décoloniale n’importe pas aux auteur.e.s : ceux et celles-ci craignent plutôt qu’un tel aveu nous mène à « une politique sacrificielle ». Le lien de cause à effet n’est pas explicité entre l’acceptation de notre responsabilité collective dans le processus colonial génocidaire et la question sacrificielle. Il semble plutôt que le refus de porter la responsabilité commune serve à rendre acceptables leurs envies en territoires non cédés : se réapproprier des territoires, s’y construire des maisons, y cultiver la terre, pouvoir être propriétaires, pouvoir faire librement la fête avec ses ami.e.s, être « présent.e.s » en somme sans que nul ne puisse leur faire des reproches. Et pour éviter que quelqu’un.e ne dévoile le pot aux roses : que de telles pratiques ne sont rien d’autre qu’une nouvelle colonialité et un vague hédonisme. Cette mentalité néocoloniale à l’œuvre vient d’être longuement mise en valeur dans le très bon texte Another Word for Settle : A Response to Rattachements and Inhabitiii. Ce texte montre bien le vice profond de ces deux textes appelistes.

Ne pas vouloir parler des crimes collectifs dont les sociétés et les individus occidentaux se sont rendus coupables jusqu’à ce jour n’est qu’une énième façon de se dédouaner de leurs responsabilités politiques pour le collectif Dispositions. Car après avoir (si mal) parlé du conflit politique en milieu de texte, les auteur.e.s en reviennent vite à leur leitmotiv personnaliste. Sous prétexte de ne pas vouloir culpabiliser les individus (une culpabilisation qui paralyserait l’action politique), il.le.s refusent de nommer les problèmes systémiques. La solution simple aurait été de mettre en accusation le capitalisme, l’État et ses structures – cela aurait aussi désigné un ennemi clair et créé du conflit politique –, mais en refusant de le faire, les auteur.e.s parient unilatéralement sur un dédouanement (d’elles et eux-mêmes) menant à l’inaction, voire à un devoir d’inaction sociale. Conséquence : les auteur.e.s tombent dans un relativisme volontairement niais quant aux responsabilités, selon lequel il n’y a « ni coupables, ni victimes ». Partant de l’immanentisme et du personnalisme comme politique, le texte s’est débattu avec la question politique, avant d’en arriver à une conclusion libérale, apolitique, individualiste et contraire à tout esprit révolutionnaire social.

Le pessimisme serait l’affect fondamental de l’époque ? Pour les auteur.e.s qui l’affirment, peut-être. Quoiqu’on se demande si cette affirmation ne sert pas simplement à justifier, à nouveau, le devoir d’inaction, le droit de ne pas militer, le refus d’une stratégie. Une autre manière de justifier que par ces temps difficiles, il vaut mieux être amoureux.euse de soi-même et que c’est déjà bien dans « l’époque ». Mais revirement de situation : jamais à court de contradictions, les auteur.e.s affirment maintenant qu’il faut « devenir responsables ». Belle parole de celles et ceux qui ne sont pas « coupables » mais « pessimistes ». Contradiction, vraiment ? Pas totalement, puisque la responsabilité qui est posée par les auteur.e.s est individuelle (envers soi et ses ami.e.s) et concerne les rapports que l’individu entretient envers autrui et la nature. Aux oubliettes la responsabilité historique, politique et économique. Ce qu’il faut, c’est être responsable envers soi et le voisin. Si ça ne rappelle pas « l’environnementalisme individuel » décrié en début de texte ça ! Ou simplement l’individualisme libéral. Bien sûr, quand les structures sociales et économiques ne nous écrasent pas, il est facile de se responsabiliser « envers » soi-même, en odeur de sainteté stoïcienne. Il en va autrement pour les peuples et les personnes qui s’organisent et luttent contre le colonialisme, l’impérialisme et le capitalisme ; mais il y longtemps que nous avons compris que le texte Rattachements n’allait pas parler des damné.e.s de la terre, tout obsédé qu’il est par la reconnexion spirituelle de la petite-bourgeoisie blanche et coloniale au monde qui l’entoure.

Comment les auteur.e.s proposent-il.le.s de dépasser la dichotomie du début ? Comment penser le conflit politique ? « Rendre l’écologie vraiment politique nécessite de poser la question suivante : qu’est-ce qui permet à tel ou tel milieu de vivre une vie bonne, d’accroître son bonheur ? » Assez faible comme grand jugement politique à la hauteur de l’époque. Combattre le capitalisme ? Organiser un monde nouveau, autogestionnaire ? Absolument pas : il semble que développer le bonheur et le bien-être dans son petit coin de pays suffise à changer le monde et à produire la révolution. Cette promesse du bonheur « dans son milieu de vie » est pourtant la même que celle du libéralisme et du capitalisme, et ne contredit aucunement les structures sociales. La plupart des membres de la classe moyenne et supérieure peuvent aspirer à un tel bonheur, sans d’ailleurs jamais remettre en cause le système de production et de consommation qui lui, détruit des millions de vies.

Ce qui est vraiment à l’œuvre ici, c’est la volonté de s’occuper de son jardin et de se faire croire qu’il y aurait quelque chose d’intrinsèquement révolutionnaire là-dedans. Preuve que la soi-disant politique appelée des vœux des auteur.e.s n’est rien d’autre qu’un entre-soi tout ce qu’il y a de plus commun dans l’époque : ce dont il faudrait prendre soin, ce sont « nos relations, nos appartements collectifs, nos maisons mises en commun et nos réunions politiques ». Outre la savoureuse touche « du propriétaire », il n’y a là qu’une volonté que ça marche bien avec ses ami.e.s. Aucune politique. Juste : « je veux que ça roule dans mon appartement et avec ma gang ». À l’instar de l’ensemble du texte, aucun problème politique, social ou collectif n’est soulevé. Les auteur.e.s avouent que c’est parce qu’il.le.s se sentent « épouvantablement inertes » qu’il.le.s veulent renouer avec la présence. Leur état semble relever d’une simple dépression, pas d’un appel du politique.

Quelques références douteuses sont amenées au début de la partie III : on fait appel à la vie mythifiée des paysan.ne.s dans un geste à la fois passéiste et confus, on fait appel à l’expérience zapatiste (alors même que la réoccupation des territoires par les descendant.e.s de colons, au cœur du projet des auteur.e.s, contredit celle-ci) et on souligne enfin l’autonomie des Kanienʼkehá꞉ka, comme si les peuples autochtones n’étaient pas spécifiquement soumis à un régime colonial de non-autonomie au soi-disant Canada. Il est clair que ces figures ne servent qu’à donner un vernis décolonial au texte, quoique le vernis craque en raison du côté « retour à la terre et bon paysan », une approche tout bonnement conservatrice et coloniale. Les auteur.e.s se permettent encore une insulte envers celles et ceux qui militent : il.le.s feraient « un lâche don de soi ». Pourquoi ? Parce qu’il.le.s n’adhèrent pas au présentisme bourgeois et individualiste des auteur.es ? Il semble que de la part de celles et ceux (les auteur.e.s) qui préfèrent déserter sur des territoires volés pour passer du bon temps en gang, l’insulte soit bien basse.

Les auteur.e.s, en critiquant les stratégies et les tactiques pacifistes employées par certains groupes écologistes, n’hésitent pas à mettre ensuite dans le même panier l’ensemble des militant.e.s. Il.le.s opposent au militantisme « l’exigence de formes de vies extatiques », seule forme « d’organisation réelle » selon les auteur.e.s. C’est aberrant de bêtise : le texte demande au lectorat non seulement de cracher sur les militant.e.s, mais en plus de préférer aux combats collectifs, à l’organisation et, oui, parfois au sacrifice, l’idée vaseuse (et encore une fois mystique) d’extase. D’une part, notons que les auteur.e.s entretiennent tout au long du texte la confusion entre militantisme, réformisme, sacrifice et « absence au monde », invisibilisant les diverses pratiques sociales et radicales de lutte et ne proposant comme solution que leur présentisme et le retranchement dans la « commune » (terme qui n’a pas sa place dans ce texte). D’autre part, l’esprit des auteur.e.s ne semble pas même effleuré par l’idée que « l’extase » puisse être réservée à celles et ceux dont les conditions de classe – notamment économiques – leur permettent de s’offrir un tel bon temps « extatique ». Les auteur.e.s oseraient-il.le.s exiger des travailleur.euse.s nocturnes d’entrepôt dans le parc industriel à Saint-Laurent qu’il.le.s ne luttent pas contre leur employeur, mais qu’il.le.s « choisissent » la vie extatique ? Oseraient-il.le.s soumettre leurs « idées sur l’extase » aux détenues de Leclerc ? Le narcissisme et le classisme du texte atteignent ici un sommet. Comment penser une seconde que pour les personnes réellement opprimées, le choix existerait entre lutter (un mauvais choix sacrificiel selon Dispositions) et la vie extatique (qu’on peut choisir délibérément si on en a envie). Voilà comment 200 ans de réflexions et de pratiques matérialistes révolutionnaires partent en fumée.

Et cette vie extatique, de quoi a-t-elle l’air ? Il faut combattre, voler, voyager. Et surtout, « trouver de l’argent, se doter de bâtiments et de terres pour les rendre à l’usage commun et voir la vie fleurir ». En somme, des activités ludiques pour prendre du bon temps et des activités capitalistes pour la vraie vie, pour l’avenir. Nous ne pouvons que constater que ce paragraphe « stratégique » du texte (les auteur.e.s ignorent le sens de ce mot, clairement) ne s’articule qu’autour d’activités individuelles et festives, ainsi que d’investissements et d’activités économiques classiques (libérales et capitalistes). Si acheter une terre et y faire une coopérative est censé être révolutionnaire (ou être une stratégie !), les auteur.e.s devront apprendre que non : acheter une terre et y faire une coopérative est une action économique propre au régime capitaliste et encadrée par lui, accessible aux classes moyennes et élevées du monde en raison des coûts d’investissement. C’est aussi, dans le cadre du colonialisme de peuplement au fondement de l’Amérique, généralement un geste de perpétuation du colonialisme. Évidemment, il peut être utile pour les mouvements révolutionnaires de posséder des infrastructures, des lieux, etc. Mais cette possession, légale et capitalisée, n’est jamais révolutionnaire en elle-même, et encore moins lorsqu’on en fait un usage personnel ou pour son petit groupe.

La seule proposition concrète du texte est donc d’abandonner les luttes politiques au profit de l’entre-soi (famille ou noyau d’ami.es), puis d’adhérer à des pratiques de vie capitalisées permettant la jouissance individuelle pour celles et ceux qui en ont les moyens. On retrouve ici le melting-pot que nous nommions en début de texte : conservatisme des valeurs bourgeoises, néocolonialisme, capitalisme, individualisme et hédonisme ; nous sommes en droit de supposer que c’est ça, retrouver « les éléments qui composent la vie magique ».

Le néocolonialisme et le conservatisme sont poussés encore un peu plus loin, dans la veine très à la mode du « retour à la terre ». Il devient ainsi important de colliger « ce que notre tante nous a appris sur les pruniers » et « comment aiguiser nos couteaux à bois, comment canner dix mannes de tomates ». Il faut se retrouver dans « la commune » (terme qui n’a pas sa place dans ce texte), c’est-à-dire la maison de campagne achetée avec nos ami.e.s, pour y faire ses actions hautement symboliques. Les auteur.e.s nous apprennent que cela est à même « de suspendre définitivement la progression de la catastrophe ». C’est lourd de valeurs passéistes ainsi que d’actions totalement apolitiques qui relèvent simplement de la vie quotidienne, en somme de rien de très extatique. Enfin, nous n’avons pas à juger de l’extase d’autrui : nous pouvons par contre juger que vivre à quelques un.e.s à la campagne, en se délestant de nos responsabilités politiques, n’augure en rien une organisation révolutionnaire ou un triomphe politique. Il est d’ailleurs difficile de voir en quoi un tel projet se distingue de la myriade d’initiatives individuelles et apolitiques d’établissement à la campagne (de plus en plus populaires en raison de l’anxiété provoquée par la crise écologique) ou pire, de l’entrepreneuriat vert (la fameuse ferme biologique en permaculture). Si ces initiatives « autonomes » étaient réellement à même de provoquer le renversement des structures capitalistes et coloniales actuelles, cela ferait longtemps que Val-David serait une commune libérée du marché et de toute oppression.

Les deux dernières pages condensent les diverses caractéristiques de Rattachements : aucune analyse structurelle, aucune analyse matérielle, la domination de notre époque considérée comme d’abord subjective, un appel au présentisme mystique (retour à soi, à la vraie vie, au monde), une soi-disant politique qui ignore tout des conditions de vie réelles, etc. Le point d’orgue de ce texte colonial, capitaliste, narcissique et mystique : « Se rendre à la fois perceptibles et disposé-es à la perception. Affect et puissance, orientation et grandeur. Il ne s’agit pas de deux fronts à mener, mais de l’explicitation pratique du double sens des mots présence, sensible. » Le texte clôt donc sa longue litanie de contradictions par une phrase qui ne veut strictement rien dire.

* * *

Cette longue critique a pu sembler répétitive et parfois confuse. Elle a pourtant simplement suivi le fil d’un texte long, lui-même confus, rempli de ses contradictions, ne remplissant pas ses promesses, appelé Rattachements. Ce texte se veut une réflexion sur le temps présent et une proposition d’action révolutionnaire, mais il n’est selon nous rien d’autre qu’un long déploiement de valeurs néocoloniales, bourgeoises, capitalistes et narcissiques. On y trouve beaucoup d’aberrations, beaucoup de contradictions, un personnalisme crade et rien d’utile pour les révolutionnaires actuel.le.s. Que celles et ceux qui ne pensent pas que ce texte soit si terrible se donnent la peine de le (re)lire avec attention : il est terrible, il est ennemi. Nous savons que les gens derrière ce texte ne sont pas des adversaires, mais nous ne pouvons pas nous complaire face à ce qu’il.le.s ont écrit et diffusé.

Leur texte propose au final une énième « alternative » capitalisto-verte et individualiste : le type même de pratique qui détourne les forces vives de l’action politique et qui entretient la catastrophe sous prétexte « d’action personnelle ». Les lignes d’analyse de Rattachements sont contraires à la compréhension sociale et politique dont nous avons besoin, contraires à l’organisation collective nécessaire pour lutter contre le système capitaliste. Nous pensons qu’une analyse et une politique différentes de celles proposées par les auteur.e.s s’imposent : une politique faite par et pour les opprimé.e.s et les militant.e.s, qui doit nous mener vers un monde autogestionnaire ; pas une politique de petit.e.s narcisses vivant leur « trip » en campagne. La désertion individualiste ne nous sauvera pas et ne peut pas guider nos actions dans les temps à venir. Tant que Rattachements circule, il est de notre devoir de le critiquer durement.

i Voir en ligne (version originale française) : https://contrepoints.media/fr/posts/rattachements-pour-une-ecologie-de-la-presence

ii Voir en ligne (version originale anglaise) : https://inhabit.global/

iii Voir en ligne (version originale anglaise) : https://mtlcounterinfo.org/another-word-for-settle-a-response-to-rattachements-and-inhabit/

Sur la réponse anarchiste à la pandémie mondiale

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Fév 102021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

La crise de la COVID 19 a représenté un défi pour les anarchistes et pour toutes celles et ceux qui croient en une vie pleinement autonome et libérée. Nous écrivons ceci aujourd’hui car nous avons le sentiment que trop de personnes qui, en des temps meilleurs, portent ces couleurs politiques et philosophiques, mettent de côté leurs croyances fondamentales – ou pire – les déforment de manière tout à fait décevante, et se conforment ainsi aux mandats des technocrates et des politiciens, convaincues qu’il s’agit d’un grand acte de solidarité envers les plus vulnérables.

Nous disons haut et fort que si les principes politiques que vous défendez et encouragez en temps normal se rétractent dans les moments de crise, ils n’ont aucune valeur. Tout système d’organisation ou toute croyance en l’autonomie humaine qui doit être mis de côté aux moindres soubresauts de l’histoire ne vaut pas la peine d’être conservé lorsque l’urgence s’estompe. En effet, ce sont les moments difficiles qui mettent nos idées à l’épreuve et nous disent si elles sont ou non aussi solides qu’on pourrait le croire.

En tant qu’anarchistes, l’autonomie de notre esprit et notre corps est une valeur essentielle. Nous estimons que les êtres humains sont suffisamment intelligents pour décider eux-mêmes comment évaluer leur environnement et déterminer comment avancer dans la vie en répondant à leurs besoins et désirs. Bien entendu, nous reconnaissons que cette autonomie s’accompagne d’une véritable responsabilité, non seulement envers soi-même, mais aussi envers celles et ceux avec qui on vit en communauté – humains et non humains. Nous acceptons tout à fait qu’on puisse demander à des individus de coopérer à la réalisation d’un objectif collectif. Mais nous sommes également convaincu.e.s de l’importance fondamentale du consentement dans de telles situations, et que la force et la punition sont contraires à une vision anarchiste du monde.

C’est pourquoi nous vous écrivons aujourd’hui. Pour vous tendre la main à vous, nos amis, nos camarades, allié.e.s intellectuel.le.s et philosophiques, et vous demander, si ce n’est déjà fait, de commencer à critiquer et à remettre en question sérieusement les réponses des États à la pandémie de la COVID 19. Nous avons observé l’année qui vient de s’écouler docilement, tranquillement, comme d’autres anarchistes qui sont resté.e.s dans les limites tracées par les bureaucrates de l’État. Nous nous sommes tu.e.s devant les anarchistes agissant avec hostilité à l’égard de celles et ceux qui se révoltaient contre les couvre-feux et les ordres de fermeture imposés par l’État, uniquement parce que ces pressions viennent ordinairement de gens affiliés à une politique de droite, cédant ainsi malheureusement ce terrain à la droite, au lieu d’élaborer nos propres critiques de la politique de l’État, et offrir ainsi un foyer intellectuel aux personnes isolées qui ont développé de l’antagonisme à l’égard de ceux qui, au pouvoir, se moquent de nos vies.

L’impulsion de ce comportement chez les anarchistes paraît enracinée dans leur désir de faire du bien à celles et ceux qui en ont besoin, et comme cette crise particulière est causée par un virus, cela semble se manifester par une volonté enthousiaste d’accepter les injonctions de l’État et de faire honte à celles et ceux qui ne les respecteraient pas. Il est admirable de vouloir bien agir envers les personnes âgées et les invalides, mais cet instinct devrait n’être que le début de la conversation, et non sonner la mise de côté de nos principes fondamentaux, et justifier cet abandon en prenant au mot les technocrates et les politiciens, en utilisant les déclarations d’experts établis comme un évangile pour prétendre que si on ne résiste pas aux injonctions, c’est qu’elles ont don ben de l’allure.

Les politiciens mentent. Ils sélectionnent les analyses et les techniciens qui font la promotion de leurs programmes. Les dirigeants d’entreprises font la file pour les soutenir, sachant que ça leur délie les cordons de la bourse de l’État. Et les médias, qui veulent toujours être dans les bonnes grâces de ceux qui détiennent le pouvoir politique et financier, fabriquent du consentement en cycles d’informations de vingt-quatre heures. Cela, nous le savons. Nous avons des bibliothèques pleines de livres que nous avons lus et recommandés pour expliquer en détail les rouages de cette réalité. Par conséquent, il est toujours nécessaire de critiquer les politiciens qui déclarent que leurs violations des libertés fondamentales sont justifiées par la crise. Il est toujours nécessaire de critiquer les dirigeants pharmaceutiques qui disent au public qu’ils sont les seuls à détenir les clés d’un avenir de liberté et de sécurité, ainsi que les médias qui agissent comme des machines de propagande au service des récits officiels.

Les anarchistes semblent savoir tout cela instinctivement quand la guerre que les politiciens veulent nous faire mener est une guerre menée avec des armes littérales, quand les victimes sont plus évidentes, quand la propagande est plus nationaliste, xénophobe et raciste. Mais avec la crise de la COVID 19 , la guerre menée par les personnes au pouvoir est ostensiblement une guerre pour sauver des vies, et cette nouvelle façon de présenter les choses semble avoir effectivement touché le cœur et l’esprit de bien des anarchistes qui, au fond de tout, se préoccupent profondément et sincèrement des autres.

Mais nous devons prendre du recul et réfléchir de manière critique à notre situation. Il est pardonnable, lorsqu’on est confronté à une situation d’urgence où tout va très vite, sans avoir les informations nécessaires pour prendre des décisions en toute confiance, de vouloir se ranger du côté des experts placés sur des podiums lorsqu’ils demandent que nous nous mobilisions toutes et tous pour le plus grand bien commun. Mais la situation a changé. Bien des mois se sont écoulés depuis l’époque où le SRAS-COV-2 était un mystérieux nouveau virus respiratoire qui infectait des dizaines de personnes à Wuhan, pour devenir un virus de portée mondiale ayant probablement infecté 20 % de la population humaine*. Les données ont afflué de la part des chercheurs du monde entier, et il n’y a désormais plus d’excuse pour prendre des décisions fondées sur la peur, pour accepter comme un évangile les perceptions et les prescriptions estampillées par l’État et distribuées par ses laquais dans les médias.

Nous pensons que cette crise est comme toutes les autres qui l’ont précédée, en ce sens qu’il s’agit d’une période où ceux qui détiennent le pouvoir et la richesse voient une opportunité d’étendre leurs griffes et de se les accaparer encore un peu plus. Nous vivons un moment de peur et d’incertitude collectives qu’ils peuvent exploiter pour prendre le contrôle encore davantage et s’enrichir aux dépens de la population. La seule chose qui semble séparer la crise de la COVID 19 de celles qui l’ont précédée, c’est la volonté d’une si grande partie de l’opinion publique (dont malheureusement de nombreux anarchistes) de soutenir volontairement et avec enthousiasme la perte de sa propre autonomie.

*Début octobre, l’OMS a publié une estimation selon laquelle 10 % de la population mondiale avait eu une infection de COVID 19. Il est donc raisonnable qu’après un deuxième hiver dans l’hémisphère nord, ce nombre ait pu doubler.

La science !!!

Dès le départ, nous pensons qu’il est très important de souligner la nature dangereuse, quasi religieuse, de la manière dont les médias et l’État poussent – et dont le public accepte – la notion d’un consensus scientifique unifié sur la manière d’aborder politiquement la question de la COVID 19. Avant tout, la science est une méthode, un outil, et son principe fondamental est que nous devons toujours poser des questions, et toujours essayer de falsifier notre hypothèse. La science n’est absolument PAS une question de consensus, car la bonne expérience menée par une seule personne peut absolument démolir les dogmes établis avec de nouvelles informations, et c’est la science dans toute sa gloire. En outre, le SRAS-COV-2 est un virus connu de l’ensemble de l’humanité depuis un peu plus d’un an. Il est absolument faux de suggérer qu’il existe une compréhension totale et irréfutable de ses caractéristiques et de sa dynamique, et que tous les scientifiques, chercheurs et médecins du monde entier sont d’accord sur la politique publique à adopter pour le combattre.

En outre, nous entrons en terrain très dangereux en tant que société lorsque nous permettons, voire exigeons, que des experts enfermés dans des laboratoires utilisant des méthodes ésotériques soient les seules voix qui génèrent des déclarations politiques uniques pour des nations entières s’étendant sur un territoire géographique immense, pour des nations peuplées de groupes d’êtres humains très divers qui ont tous des besoins différents. Ce type de technocratie est très préoccupant, tout comme le sont les déclarations selon lesquelles les gens sceptiques face à de tels schémas de manipulation sociale sont en quelque sorte des abrutis intellectuels ou des antiscientifiques.

La science est un outil qui permet d’éclairer l’humanité par l’élucidation des mécanismes de cause à effet. C’est un processus de découverte. Ce que nous faisons avec cette illumination, comment nous menons notre vie avec les informations découvertes, dépend de nous, en tant qu’individus et communautés.

Enfin, il est très facile de tomber dans le piège de la concurrence entre experts. Une partie a un expert qui dit X et l’autre partie trouve un expert qui dit Y, et nous voilà dans une impasse. Ce n’est pas notre intention, cependant, nous avons le sentiment d’être doublement coincés si nous ne démontrons pas, à un certain niveau, que le récit avancé par l’État et ses médias n’est pas aussi ancré dans les faits scientifiques qu’on voudrait nous le faire croire. Si nous ne présentons pas un certain nombre de contre-preuves, nous risquons d’être rejeté.e.s du revers de la main comme des individualistes ignorant.e.s dont les véritables motivations sont “égoïstes”. Il n’est pas facile de décortiquer un récit d’un milliard de dollars élaboré pendant près d’un an par les médias publics et privés du monde entier, dans le but de créer une atmosphère de peur et donc de conformité, et c’est pourquoi nous allons maintenant présenter certaines recherches ci-dessous afin d’aider celles et ceux qui nous lisent à comprendre la situation actuelle en se basant sur la réalité et les données, non pas pour dire que nous avons des informations alternatives et secrètes, mais simplement pour démontrer qu’il existe des recherches qui font que de nombreuses injonctions des États semblent absurdes, même d’un point de vue scientifique.

La recherche

L’idée sous-jacente aux fermetures et aux couvre-feux est que ces efforts peuvent arrêter la propagation du SRAS-COV-2. Mais est-ce vraiment possible ? C’est une question de nuances. Tout d’abord, nous sommes prêt.e.s à reconnaître que si l’on pouvait isoler chaque être humain dans sa propre bulle, oui, on pourrait probablement éliminer de nombreuses maladies (tout en créant une série de nouveaux problèmes). Mais ce n’est pas ainsi que les choses fonctionnent en réalité. Même sans parler de ces délinquant.e.s de l’ombre qu’on blâme de Londres jusqu’en Californie pour les échecs de ces efforts de confinement, incapables qu’ils et elles sont de respecter les consignes à la lettre, le fait est que la civilisation moderne exige une quantité massive de travail quotidien afin d’empêcher son effondrement immédiat, et que ce travail nécessite que les êtres humains entrent en contact les uns avec les autres, et qu’ils se déplacent sur de grandes distances.

Tout a un impact, des travaux agricoles au transport routier. De l’exploitation des centrales électriques aux plombiers effectuant des visites à domicile. Les médecins doivent se rendre à l’hôpital, tout comme le personnel d’entretien et de cuisine. Les usines d’engrais doivent continuer à produire pour la saison prochaine, comme les centres de données tentaculaires doivent rester opérationnels pour que tous les professionnels du tertiaire puissent se rencontrer sur Zoom. Et puis il y a les entrepôts d’Amazon et les Wal-Marts ! Comment nous confiner sans nos livraisons quotidiennes ? La liste des industries et des institutions qui ne peuvent pas fermer si nous voulons des maisons chauffées, de l’eau potable, des réseaux électriques fonctionnels, des routes praticables et tout autre système de soutien de la vie moderne est très longue, et chacune d’entre elles a besoin d’êtres humains pour les faire fonctionner. Ce simple fait signifie qu’il est impossible que 100 % de la population soit confinée.

On constatera évidemment que la majorité de la main-d’œuvre qui doit continuer à travailler est col bleu et/ou gagne un salaire de misère. Ce constat à lui seul fait de l’idée même du confinement une entreprise classiste, mais ceci a déjà largement été discuté, nous allons donc poursuivre.

N’oubliez pas non plus que ces confinements massifs n’ont jamais eu pour but (dans la plupart des endroits, au départ) d’éliminer la COVID 19. Ils avaient pour objectif d'”aplatir la courbe”, ce qui se traduit par “ralentir la propagation” du SRAS-COV-2 afin que les hôpitaux ne soient pas débordés. Il convient de noter que la plupart des hôpitaux dans la plupart des localités n’ont jamais été confrontés à cette menace, et que même si c’est une bonne idée d’empêcher le débordement des hôpitaux, les plans visant à prévenir un tel scénario devraient être locaux et non pas nationaux, ou même provinciaux. Au fur et à mesure que l’année avançait, lentement, on a oublié l’intention initiale des mesures de confinement, et les politiciens et leurs experts choisis ont sans cesse prolongé les fermetures, pour finalement transformer le discours qui s’est fixé sur l’éradication du virus. Cette situation est inacceptable dans la mesure où c’est un objectif probablement impossible à atteindre.

Quant à ces mesures de confinement et à leur efficacité, les recherches ont montré qu’elles n’ont pas beaucoup d’effet lorsqu’il s’agit de réduire le nombre total de cas :

“Conclusions : Bien qu’on ne puisse exclure de petits avantages, nous ne voyons pas d’effets significatifs des mesures restrictives sur la croissance des cas. Des réductions similaires peuvent être obtenues avec des interventions moins restrictives”.

Une autre étude conclue:

«Des taux plus élevés de mortalité de la Covid sont observés dans la latitude [25/65°] et dans les plages de longitude [−35/−125°]. Les critères nationaux les plus associés au taux de mortalité sont l’espérance de vie et le ralentissement de la vitalité, le contexte de santé publique (charge des maladies métaboliques et non transmissibles (MNT) par rapport à la prévalence des maladies infectieuses), l’économie (croissance du produit national, soutien financier) et l’environnement (température , indice ultraviolet). La rigueur des mesures prises pour lutter contre la pandémie, y compris le confinement, ne semble pas être liée au taux de mortalité.»

Nous devons absolument comprendre qu’aucune intervention ne vient sans coûts et lorsqu’une intervention implique de la distanciation, de l’isolement et la fermeture des points habituels d’interaction sociale et de soutien, ces coûts sont payés par la santé physique, mentale et émotionnelle de la population. Nous ne pouvons détériorer la santé publique pour sauver la santé publique. Cet éditorial du British Medical Journal soulevait que:

«Le confinement peut également causer des problèmes de santé à long terme tels que le retard du traitement et des examens. Les retards de diagnostic et de traitement de divers types de cancer par exemple, peuvent engendrer la progression du cancer et affecter la survie des patients. On estime qu’un délai de trois mois à la chirurgie cause plus de 4 700 décès par an au Royaume-Uni. Aux États-Unis, on estime que les retards dans le dépistage et le traitement entraînent chaque année 250 000 décès évitables supplémentaires de patient.e.s atteint.e.s du cancère.

De plus, une forte diminution du nombre d’admissions hospitalières pour syndromes coronariens aigus et interventions coronariennes d’urgences a été observée depuis le début de la pandémie aux États-Unis et en Europe. En Angleterre, le nombre hebdomadaire d’hospitalisations pour syndromes coronariens a chuté de 40% entre mi-février et fin mars 2020. La peur d’une exposition au virus a empêché de nombreux patients de se rendre à l’hôpital, les exposant à un risque accru de complications à long terme suite à un infarctus du myocarde.»

Malgré la pression des personnes au pouvoir pour présenter leurs mesures draconiennes préférées comme étant totalement soutenues par «la science», il y a plusieurs sources de désaccord entre les chercheurs et les médecins sur la meilleure façon de traverser cette crise. Scientific American écrit:

«Dans la lutte contre le Covid-19 d’aujourd’hui, la communauté scientifique mondiale est divisée. D’une part, certain.es penche fortement en faveur d’interventions de santé publique actives et parfois même draconiennes, comprenant l’arrêt généralisé des activités non essentielles, la prescription de masques, la restriction des déplacements et l’imposition de quarantaines. D’un autre côté, certains médecins, scientifiques et responsables de la santé publique remettent en question le bien fondé de ces interventions sanitaires en raison des grandes incertitudes qui persistent quant à leur efficacité, mais aussi de preuves de plus en plus claires que de telles mesures peuvent ne pas fonctionner dans certains cas, voir causer des dommages nets. Alors que les gens sont mis au chômage en conséquence directe des fermetures temporaires et que de plus en plus de familles se retrouvent incapables de payer leur loyer ou leur nourriture, il y a eu une forte augmentation de la violence conjugale, de l’itinérance et de la consommation de drogues illégales.»

Le confinement prolongé et les couvre feux sévères ont intéressés beaucoup de gens au danger que présente le Covid-19, sans pour autant que la menace que représente le virus puisse être réellement comprise. En raison de la posture alarmiste des médias, – une industrie que nous savons fondée sur le sensationalisme pour attirer l’attention et qui s’efforce toujours de promouvoir les récits politiques officiels – de nombreuses personnes pensent qu’une infection par le SRAS-COV-2 est beaucoup plus mortelle que ce qu’elle n’est en réalité. Selon une étude rédigée par John P. Ioannidis de Stanford, le taux de mortalité par infection dans le monde est assez faible:

«Le taux de mortalité à différents endroits peut être inféré par les études de séroprévalence. Bien que ces études comportent des mises en garde, elles montrent un tauxx de mortalité allant de 0,00% à 1,54% sur 82 estimations d’études. Le taux de mortalité médian sur 51 sites est de 0,23% pour l’ensemble de la population et de 0,05% pour les personnes de moins de 70 ans. Le taux de mortalité est plus important dans les endroits où le nombre total de décès est plus élevé. Étant donné que ces 82 études proviennent principalement d’épicentres durement touchés, le taux de mortalité au niveau mondial pourrait être légèrement inférieur. Des valeurs moyennes de 0,15% à 0,20% pour l’ensemble de la population mondiale et de 0,03% à 0,04% pour les personnes de moins de 70 ans en octobre 2020 sont plausibles. Ces valeurs concordent également avec l’estimation de l’OMS d’un taux d’infection mondial de 10% (d’où un tauxx de mortalité environnant 0,15%) au début d’octobre 2020. »

Nous sommes conscients d’un sentiment commun selon lequel le confinement pourraient éliminer le SRAS-COV-2 s’il était plus strict si seulement chaque personne s’y conformait irréprochablement. C’est le genre de pensée infalsifiable que les politiciens et les experts aiment pousser pour excuser l’échec des mesures précédentes à rencontrer les résultats escomptés, ainsi que pour cibler leurs politiciens opposants qu’ils aiment accuser de «laisser tomber la balle» et qui devraient donc porter la responsabilité du bilan de la pandémie. Toute politique reposant sur une totale adhésion de la population est vouée à l’échec dès le départ. Même en ignorant notre point précédent sur le travail requis pour maintenir la société fonctionnelle, il n’y aura jamais de conformisme total de tous les êtres humain.e.s sur aucune question.

Nous pensons qu’il est nécessaire de préciser qu’un nouveau coronavirus n’est pas quelque chose qui serait détecté immédiatement par les médecins ou les chercheurs lors de sa première transmission d’animal à humain. Étant donné que les coronavirus sont courants et parce qu’ils induisent des symptômes similaires (en plus d’avoir une évolution des symptômes similaire à d’autres formes de virus respiratoires) et que le SRAS-COV-2 n’est pas symptomatique chez un tiers des personnes qui le contractent, il ne serait pas étonnant qu’il circulait sur la Terre avant que quiconque ne sache qu’il fallait le chercher.

Il a maintenant été confirmé que le SRAS-COV-2 circulait en Italie en septembre 2019:

«Des anticorps anti-SARS-CoV-2 ont été détectés chez 111 individus sur 959 (11,6%), à partir de septembre 2019 (14%), avec un groupe de cas positifs (> 30%) au cours de la deuxième semaine de février 2020 et le nombre le plus élevé (53,2%) en Lombardie. Cette étude montre une circulation très précoce et inattendue du SRAS-CoV-2 parmi les individus asymptomatiques en Italie plusieurs mois avant l’identification du premier patient et clarifie l’apparition et la propagation du Coronavirus en 2019. »

Il circulait au Royaume-Uni en décembre :

«Le professeur Tim Spector, épidémiologiste au King’s College de Londres dirige l’étude Zoe Covid Symptom Study, qui suit les symptômes signalés par les patients pendant la pandémie.

Il a déclaré que les données collectées “montrent clairement que de nombreuses personnes avaient le virus en décembre”.

Il circulait aussi aux États-Unis à la fin de l’automne 2019 :

«Ces sérums réactifs confirmés comprenaient 39/1 912 (2,0%) dons collectés entre le 13 et 16 décembre 2019 auprès de résidents de Californie (23/1 912) et de l’Oregon ou de Washington (16/1 912). Soixante-sept dons réactifs confirmés (67/5 477, 1,2%) ont été recueillis entre le 30 décembre 2019 et le 17 janvier 2020, auprès de résidents du Massachusetts (18/5 477), du Wisconsin ou de l’Iowa (22/5 477), du Michigan (5 / 5 477) et Connecticut ou Rhode Island (33/5 477). »

Il existe d’autres exemples démontrant que le SARS-COV-2 circulait dans divers pays du monde avant que son existence ne soit confirmée par la Chine. Au fil du temps, nous aurons probablement une idée plus précise de ce à quoi ressemblait cette circulation, mais nous pouvons sans risque présumer que s’il y avait des anticorps chez les personnes sur les différents continents en décembre 2019, la circulation du virus aurait commencé des mois auparavant. Et nous soulignons ce fait, une fois de plus, pour insister sur le fait qu’il n’y avait probablement aucune mesure de confinement qui aurait pu être mise en œuvre pour éteindre le virus, car il avait déjà pris une avance si formidable.

Par principe

En tant qu’anarchistes, il y a des principes phares auxquels nous revenons dans la nuit noire de l’inconnu et ceux-ci incluent la liberté, l’autonomie, le consentement et une profonde croyance en la capacité des gens à s’auto-organiser pour leur bien en tant qu’individus et en tant que communauté. Personne n’est mieux placé que soi-même pour connaître ses besoins. En vérité, la plupart des gens ont des instincts d’autoconservation qui les poussent à choisir des comportements qui mènent à leur propre sécurité et à leur survie, ainsi qu’à celles de ceux dont ils prennent soin.

Au début de la pandémie, alors que les informations étaient encore rares, nous avons beaucoup vu des gens faire des choix pour s’éloigner des foules et des rassemblements qu’ils ne croyaient pas essentiels, alors qu’ils ont également entâmé des démarches pour soutenir et prendre soin de ceux qui pourraient être plus vulnérables à une maladie respiratoire pour laquelle il n’y a pas encore de traitement.

Bien que nous accueillons les informations et les données qui circulent, bien que désagréables, décrivant les circonstances actuelles, nous pensons qu’il faut faire confiance aux gens pour analyser ces informations. Dans le paradigme actuel, l’État et ses experts technocratiques sélectionnés filtrent les données disponibles et ne mettent en évidence que ce qui soutient les décisions politiques qu’ils ont déjà décidé de mettre en œuvre sans aucune considération de l’opinion publique. Les informations et analyses qui peuvent être considérées comme de «bonnes nouvelles» ont été largement ignorées par l’État et ses exécutant.e.s et occultées par les médias.

On peut toujours trouver des «expert.e.s» pour légitimer des horreurs. En effet, nous aurions probablement du mal à trouver un cas dans l’histoire récente dans lequel des crimes massifs contre l’humanité ne sont pas accompagnés du cachet d’approbation d’un consortium d’expert.e.s en qui tout le monde a été prié de faire aveuglément confiance. La pandémie de Covid-19 n’est pas différente et en tant qu’anarchistes nous vous demandons simplement de vous rappeler que le débat, la critique et la dissidence sont des composantes essentielles pour la libération et l’autonomie des sociétés. Nous vous demandons, quoi que vous pensiez de l’efficacité des mesures sanitaires, de ne reconnaître en aucun cas, aussi désastreux que cela puisse paraître, les décrets justifiant la menace de la force et de la violence pour atteindre leurs objectifs. Notre engagement inébranlable envers l’autonomie humaine et notre conviction qu’aucune autorité n’est valable sans le consentement de ceux sur qui elle est exercée est ce qui fait de l’anarchisme une chose à part des autres philosophies politiques. Nous n’abandonnerons pas cet engagement et espérons que vous non plus.

200 jours au 1492 Land Back Lane : Mise à jour de Skyler

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Fév 052021
 

De 1492 Land Back Lane (Twitter)

Lorsque les défenseur.es des terres Haudenosaunee sont obligé.es de défier des injonctions pour protéger nos territoires, nous sommes arrêté.es, inculpé.es, menacé.es et incarcéré.es.

C’est un crime de se battre pour nos terres, mais nous continuons à nous battre. La criminalisation de la défense des terres vise à diviser les familles, les nations et les alliés, afin de nous effrayer et de nous soumettre.

Le 5 août et le 22 octobre sont des jours qui pèsent lourdement sur l’esprit de chacun.e. Des jours où l’on nous a tiré dessus, où l’on a utilisé des tasers et où l’on nous a traînés hors de nos terres. La résilience de tant de personnes est étonnante. Ce sont des jours parmi les 200 derniers qui ne seront pas oubliés.

L’OPP a toujours essayé de diviser notre communauté. Pour essayer d’entraver le soutien de toutes les manières possibles. Vous avez tous et toutes clairement fait savoir que nous ne jouerons plus leur jeu. Ce territoire est Haudenosaunee !

En regardant en arrière et en voyant tout ce que nous avons enduré ensemble. Toutes les familles et tous les ami.es qui nous ont soulevé.es dans ces moments-là. Se souvenir de tous les rires et de toute la joie. La construction d’une communauté. L’unité des nations. Quel cadeau nous avons reçu.

Les routes, les autoroutes et les chemins de fer qui traversent nos terres ne seront pas utilisés pour infliger davantage de violence à notre peuple, toutes ces infrastructures coloniales qui ont été utilisées pour nous opprimer et exploiter nos terres.

Nous avons la possibilité d’aller de l’avant. Mais nous devons le faire ensemble. Toutes les souffrances que nous avons endurées en tant que nations. Le traumatisme qui nous a été infligé. Pour donner à nos enfants et petits-enfants plus que ce que nous avions, nous devons rester uni.es.

À mes frères et sœurs, des gens qui se sont donnés tout entiers pour nous tous, des vies et des membres en danger, des libertés et des carrières, qui ont donné tant de temps et d’énergie, des gens qui ont dû supporter le poids de lourdes conditions de libération sous caution et de mise en liberté : nous avons tant d’amour et de gratitude pour vous.

Il n’y a rien que ces tribunaux, ces flics ou ces politicien.nes racistes puissent faire avec leurs armes et leurs prisons pour nous faire tourner le dos aux générations futures. Ces terres sont seulement empruntées aux générations à venir. Il est de notre devoir de les garder pour elles.

Ex Masculus : Réflexions critiques sur les groupes d’hommes pro-féministes

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Jan 282021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Cette brochure est originellement écrite en anglais depuis les USA, et publiée en 2013. La version originale est trouvable sur :
https://exmasculus.wordpress.com/

Nous l’avons traduite à 3, si on ne compte pas les nombreux·ses relecteur·ices qui nous ont permis d’arriver au bout, et qu’on remercie beaucoup : merci beaucoup. Nous sommes une meuf et deux mecs cis réuni·es autour d’un groupe de travail antisexiste, et à qui il a semblé que ce type de brochure manquait cruellement en francophonie.

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Tu ne contesteras point la santé publique : La censure à l’époque de la COVID-19

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Jan 222021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Il y a un truc qui me démange depuis des mois. Pourquoi les anarchistes laissent-iels passer sous silence la répression étatique croissante ? La gauche radicale, n’a-t-elle pas toujours défendu la liberté de réunion, la liberté d’expression et la liberté de la presse ? Mais jusqu’à très récemment, il paraissait que toute mesure prise au nom de la santé publique était à l’abri de la critique.

Heureusement que cela commence à changer. Même au Québec où il existe une tradition anarchiste féroce, ce n’est qu’en réponse à la mise en place d’un couvre-feu que les anarchistes ont commencé à se mobiliser, mais j’ai le plaisir d’annoncer que la gauche radicale québécoise descend dans la rue. Le samedi 16 janvier 2021, la première manifestation contre le couvre-feu a eu lieu dans le quartier d’Hochelaga.

Cette manif donne à espérer encore plus de discussions sur la meilleure réponse de la gauche aux nouveaux défis qu’il faudrait surmonter pour organiser un mouvement de résistance à l’époque de la covid. Quant à moi, j’espère qu’il y aura davantage de réflexions critiques, car nous avons besoin de nous réorienter en tant que mouvement dans ce nouveau paysage politique.

Une année aussi mouvementée risque de nous donner le tournis. Je me demande si l’analyse que j’avais avant la pandémie est encore pertinente dans le monde de la covid. Comment ma perspective doit-elle s’adapter pour prendre en compte les changements ? Le monde a-t-il changé de façon fondamentale ?

Un bon point de départ, c’est la censure. La gauche libertaire – la tradition plus vaste à laquelle fait partie l’anarchisme – s’est toujours opposée à la censure. Cependant, de nos jours, la gauche se retient d’en parler. Il faut reconnaître la manière dont le fake news, les théories de complot et les affaires du genre Cambridge Analytica compliquent la question, alors je l’évoque en pleine conscience de cela, mais il reste néanmoins un vrai sujet qui mérite une discussion. Il nous incombe d’aborder cette question avec sérieux, car nous vivons sans aucun doute une période de censure croissante.

Un exemple d’abord :

Aujourd’hui, Roman Baber, un MPP en Ontario, a publié une lettre pour demander la fin du confinement provincial. Dans sa lettre, Baber soutient que les conséquences sanitaires du confinement – tel que les surdoses, les idées suicidaires et les troubles anxieux – sont pires que le mal causé par la COVID-19. En gros, il avance un argument plutôt insipide que le confinement ne sert pas l’intérêt public. Cette citation résume sa position: « la covid existe, mais la peur de la covid est exagérée. Bien que chaque décès soit tragique, après 10 mois nous savons désormais que la covid n’est guère aussi mortelle qu’on l’a cru dans un premier temps ». Il appuie son argument avec des figures récentes du Center for Disease Control, l’organisation américaine responsable pour la gestion de la pandémie, qui montrent le taux de mortalité de la covid pour des gens dans diverses tranches d’âge. La lettre est consultable ici : https://www.scribd.com/document/490795157/PC-MPP-Roman-Baber-s-Letter-to-Doug-Ford-on-lockdowns

La réponse de Doug Ford ne s’est pas fait attendre. Il a éjecté Baber du caucus avec une interdiction de se présenter de nouveau aux élections pour la partie conservatrice. J’ai décidé d’écrire ce texte car je trouve que cette histoire en dit long sur l’état de la propagande au Canada.

La déclaration de Ford est typique : « Répandre de la désinformation sape les efforts infatigables de nos travailleurs de la santé de première ligne à un moment critique, ce qui met des vies en danger. Je ne mettrai pas en péril la vie d’un seul Ontarien en ne prenant pas au sérieux l’avis des experts dans le domaine de la santé publique. … L’idéologie politique n’a pas sa place dans notre lutte contre la COVID-19 — au contraire, nous avons toujours fondé notre réponse sur la preuve et les données, et nous continuerons de la même manière. »

On aura tendance à prendre cela comme encore du charabia dans la bouche d’un politicard et à l’ignorer, mais je trouve que c’est un bon exemple de l’acceptation croissant d’une attitude selon laquelle le désaccord sera dangeureux, qu’il mettrait des vies en danger et qu’il faudrait le réprimer au nom de l’intérêt public.

Regardons la déclaration de Ford à la loupe. Dans un premier temps, soutenir un confinement n’est pas moins idéologique que s’y opposer. C’est une évidence, mais les paroles de Ford impliquent qu’aucune opposition à l’idéologie de l’État ne sera tolérée. Au fait, il me semble que cette phrase devient plus claire si on remplace « idéologie politique » par « désaccord », ce qui donnera : Le désaccord n’a pas sa place dans notre lutte contre la COVID-19. Ne serait-ce pas plutôt ça qu’il voulait entendre ?

Dans un deuxième temps, quelle désinformation ? Les médias traditionels considèrent les sources citées par Baber comme crédibles. Ford n’a pas précisé, mais le gouvernement a sorti une fiche d’information pour contester les affirmations de Baber, qui vire au ridicule en signalant une coquille. La réponse du gouvernement est consultable ici : https://beta.documentcloud.org/documents/20456206-mpp-baber-fact-sheet

Fait révélateur, il figure dans l’article de la CBC un lien vers la réponse de Ford à la lettre de Baber, mais aucun vers la lettre elle-même, ce qui laisse croire que la CBC trouvait trop dangereuses les « désinformations » pour la publier.

Il vaut la peine de lire l’article de la CBC, car il est typique du triste état du journalisme en 2021. Après avoir rapporté que l’Ontario venait d’annoncer 100 décès ce matin, le journaliste a poursuivi en disant :

« Avec ces nouveaux décès, on marque le nombre de morts quotidien le plus élevé depuis le début de la pandémie, bien que le ministère de la Santé ait affirmé que 46 d’entre eux avaient eu lieu ‘plus tôt dans la pandémie’ et ont été ajoutés au nombre d’aujourd’hui suite à un procédé de ‘nettoyage de données’ de la part de l’unité de la santé publique de Middlesex-London, sans fournir d’autres détails. »

La CBC fera-t-elle suite pour expliquer cette irrégularité statistique ? J’en doute. L’ironie, c’est que le gouvernement se sert de données qui sont d’apparence faussées pour discréditer une voix critique en refutant les statistiques que ce dernier a citées.

Donc quelles sont les désinformations selon Ford ? Les statistiques du CDC ? L’essentiel c’est de savoir qui est en mesure de décider quelles sont les désinformations. Cette question a gagné en importance cette année tandis que les réseaux sociaux ont mis en place des politiques de censure de grande envergure. Les chances s’amoindrissent qu’une personne quelconque tombera sur une opinion critique du récit officiel de la COVID-19.

Les médias canadiens dépendent de plus en plus de l’argent fédéral, ce qui ne fait qu’aggraver le problème. À la base, la diminution du lectorat des journaux et de l’audience des chaînes câblées fait que le modèle économique des sociétés médiatiques canadiennes importantes dépend de plus en plus sur les subventions de l’État. Vous aurez peut-être remarqué que les voix critiques du gouvernement dans les médias traditionels se raréfient et que leurs politiques de rédaction se ressemblent. Il me semble que ce phénomène s’explique par le fait que les rédacteurs savent de quel côté la tartine est beurrée et par conséquent se méfient de la colère de ceux qui contrôlent les fonds sur lesquels ils comptent pour leur subsistance.

Rappelons qu’il y a moins de journalistes en fonction aujourd’hui qu’à n’importe quel autre moment de ces 20 dernières années. En 2021, le travail d’un journaliste est devenu précaire. Dans le climat politique actuel, les conséquences d’exprimer une opinion impopulaire s’avouent sévères. Je me demande si les journalistes n’exercent pas une autocensure. Leur boulot, c’est d’écrire des trucs que leurs patrons publieront. S’ils savent que le boss n’acceptera jamais de publier un article quelconque, auront-ils envie de l’écrire ? Je crois que nous assistons à un rétrécissement de ce qui peut se dire et que nous, en tant qu’anarchistes, doivent réengager avec notre opposition fondamentale au contrôle étatique de nos vies.

Rappelons aussi que les réseaux sociaux épurent leurs plateformes d’infos qui iraient à l’encontre des recommandations de la santé publique. Une telle censure contribue à une pensée conformiste avec comme résultat que toute critique du confinement soit assimilée à une idéologie extrémiste qui existe au-delà des limites de l’acceptabilité. Les progressistes sont rentrés dans les rangs en grande partie. Mais nous, nous ne sommes pas des progressistes.

Il faut qu’on interroge le qui et le quoi de la santé publique, qu’est-ce qui peut se justifier ou non dans son nom. Il faut qu’on dévelope une analyse du sens de « la santé publique », terme qui a gagné en sens et en importance cette année. Quelles sont les implications du terme « santé publique » ? Souvent le terme nous enjoint de subordonner nos besoins et nos désirs au bien commun. Et c’est qui qui déterminera le bien commun ? Nul d’entre nous, bien entendu. « La santé publique » est déterminée par des autorités dont le pouvoir découle de l’État. Donc c’est l’État qui détermine l’intérêt public. Il me semble que la santé publique devient un terme de prédilection dans le lexique de la propagande et il faut qu’on soit de la manière dont ce terme est utilisé.

Voici mes réflexions sur la santé publique. Je crois que ce terme en vient à signifier l’idée de sécurité.

Je crois que les êtres humains veulent la liberté. Cependant, il y a une chose à laquelle la plupart des gens s’y tiennent encore plus que la liberté, et c’est la sécurité. Si un cartel de la drogue menaçait ta vie ou celle de ta famille pour te forcer à bosser pour lui, sans doute tu choisirais la sécurité au lieu de la liberté. Des millions de personnes choisissent la sécurité au lieu de la liberté chaque jour. C’est pour cette raison que quand un régime veut s’assurer de la complaisance d’une population à des fins néfastes, il cherche à leur faire peur. C’est basique. S’il y a une chose contre laquelle les gens troqueraient leur liberté, c’est la sécurité, comme le savent les propagandistes depuis des siècles.

Selon le propagandiste nazi Hermann Goering :

« Le peuple peut toujours être amené à exécuter les ordres des chefs. C’est facile. Il suffit de lui dire qu’on l’attaque et de dénoncer les pacifistes en déclarant qu’ils manquent de patriotisme et qu’ils mettent leur pays en danger. L’effet est le même dans tous les pays. »

C’est analogue à ce que nous vivons de nos jours, non ? Chaque jour, on nous martèle que l’heure est grave. On arrive presqu’à nous dire que nous sommes attaqués. L’unique différence c’est que l’ennemie n’est pas une puissance étrangère, mais plutôt une force de la nature, un virus. Pendant un temps, Trump allait jusqu’à traiter la covid « d’ennemie invisible ».

Dans le rôle des pacifistes, on retrouve les défenseurs des libertés civiques, ceux qui refusent d’accepter les injonctions de la santé publique. Ces gens se font traiter « d’antimasques » ou « d’antivax » pour ensuite faire objet de mépris et de ridicule pour exclure leurs voix de la discussion politique dominante. On les dénonce pour avoir mis des personnes vulnérables en danger et la dangerosité de leurs idées sert à justifier la censure. Le mépris auquel ils font face avertit les autres qui voudraient peut-être s’opposer à la normalisation de mesures arbitraires que ça ne vaut pas la peine.

Il nous incombe de rejeter l’idée qu’on doit être protégés de nous-mêmes. Accepter cette idée c’est accepter la défaite. Si nous acceptons que les informations auxquelles nous avons accès doivent être controlées, nous acceptons qu’on doive nous contrôler. L’État veut nous faire croire qu’il a nos intérêts à coeur et qu’il nous manipule pour notre bien, au nom de la santé publique. Mais moi, je ne l’accepte pas.

Territoire Gidimt’en : La solidarité est inclusive

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Jan 182021
 

Du Point d’accès Wet’suwet’en en territoire Gidimt’en (Facebook)

Cela fait presque un an que l’appel a été lancé aux peuples de tout le Canada pour qu’ils fassent preuve de solidarité, qu’ils respectent les lois et la juridiction des Wet’suwet’en sur nos terres et qu’ils luttent ensemble contre la colonisation, le génocide industriel, et pour empêcher CGL et la GRC d’envahir notre yintah.

Alors que nous affirmions le contrôle total de l’accès à notre yintah et que nous bloquions l’industrie, beaucoup d’autres se sont levés avec nous. Des grandes manifestations aux blocages ferroviaires en passant par les sabotages clandestins des infrastructures de la colonisation, de nombreuses nations, groupes et personnes se sont battus à nos côtés. Ces actions nous ont donné de la force face à l’accumulation de la police militarisée.

Après que la police ait fait une descente à quatre points de contrôle sur le yintah et volé des dizaines de personnes sur nos territoires, les peuples de ce pays ont fermé le Canada. De nos alliés en territoire Mohawk et Haudenosaunee qui ont occupé des terres près des voies ferrées et des autoroutes à Tyendinaga, aux Six Nations, Kahnawake et Kanesatake et à nos voisin.es et notre famille Gitxsan, en passant par les jeunes autochtones qui ont occupé la législature du “BC” et toutes celles et ceux qui ont mis leurs cœurs et leurs corps en jeu.

Le mouvement pour la souveraineté autochtone s’est développé d’un océan à l’autre. C’est toujours un combat pour nos terres, nos modes de vie et l’affirmation de nos lois, mais aussi un dialogue entre les nations autochtones agissant en solidarité les unes avec les autres. Il a été un tournant pour de nombreux allochtones, qui ont pu pratiquer une véritable réconciliation avec les propriétaires légitimes des terres sur lesquelles ils et elles vivent. Une réconciliation qui signifie “Land Back” au lieu d’un dialogue vide avec des gouvernements moralement en faillite.

Nombre de ceux qui ont agi avec nous font encore l’objet d’accusations pénales et civiles. Nos alliés Haudenosaunee et Mohawk sont toujours criminalisés. D’autres, à Hamilton, font toujours l’objet d’accusations en raison des actions de solidarité qui y ont été menées. Nos voisin.es Gitxsan qui ont agi sont toujours poursuivi.es. Récemment, deux personnes dans l’État de Washington ont été arrêtées pour des accusations de terrorisme absurdes et inventées de toutes pièces, pour avoir prétendument agi en solidarité avec nous. Nous savons qu’il y a probablement beaucoup d’autres personnes qui sont criminalisées pour avoir soutenu et respecté la souveraineté autochtone.

Nous voyons les accusations pour ce qu’elles sont : une tentative désespérée du système colonial pour rompre les liens de solidarité qui se sont forgés et renouvelés l’hiver dernier. Par peur des représailles qu’ils subiraient s’ils poursuivaient les accusations portées contre notre peuple et nos invité.es arrêté.es sur nos propres terres, ils ont redoublé d’efforts pour criminaliser et attaquer nos alliés. Ils espéraient effrayer les gens dans la passivité et nous laisser, ainsi que tous les peuples autochtones, isolés les uns des autres et des alliés qui se battraient à nos côtés. Ils veulent dépeindre la souveraineté et la résistance justifiée comme un crime. Mais ils ont échoué. Nous connaissons la justesse de la souveraineté autochtone et ils ne briseront jamais notre solidarité.

Nous sommes aux côtés de nos alliés face au poids du système juridique colonial et nous exigeons que les tribunaux coloniaux abandonnent toutes les accusations !

Veuillez soutenir tous les défenseurs des terres !

GoFundMe pour Tyendinaga :
https://gofund.me/9d41a6b7

GoFundMe et transfère d’argent pour Six Nations :
https://gofund.me/7ad24c0a
landback6nations@gmail.com

GoFundMe pour Hamilton :
https://ca.gofundme.com/f/hamiltonsolidarityfundraiser

Pour nos ami-es, contre la répression et la dépression

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Jan 172021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Janvier 2021.

Nous écrivons à bout de forces, depuis soi-disant Montréal que même l’hiver a deserté.

Au départ nous voulions écrire à propos du couvre-feu, énième mesure de marde mise en place par un gouvernement de bourgeois-es banlieusard-es ne pensant qu’à son petit électorat de petit-es bourgeois-es banlieusard-es bien blanc-ches et bien au chaud dans son confort.

Nous voulions écrire à propos des conséquences désastreuses d’une telle mesure sur les populations déjà fragilisées et mises à mal par la gestion capitaliste de la pandémie.

Nous voulions mettre en évidence, une fois de plus, que la répression n’écrasera pas le virus et que l’État, le néo-libéralisme, les patrons, banquiers, propriétaires et l’armée de porcs qui les protègent n’ont jamais été et ne seront jamais nos alliés.

Nous voulions dire aux médias que lorsqu’ON nous menace à coup d’amendes démesurées, de contrôles policiers accrus et de délation organisée, le terme de collaboration sonne comme une mauvaise blague et n’est pas appropriée. Dites les choses comme elles sont: la population se soumet parce qu’ON lui a assez fait peur. Précisez aussi que le nombre de contraventions distribuées entre 20h et 5h démontrent que certain-es n’ont pas les moyens d’échapper à la répression et que dans le cas présent, l’obéissance est signe de privilèges. Pour les autres c’est l’intimidation, le contrôle au facies, le racisme et le sexisme inhérents, bref c’est la violence de l’État décuplée comme s’il n’y en avait pas déjà assez.

Et pendant ce temps, le personnel de santé est à bout de souffle, le virus continue de se propager et des personnes continuent de crever dans les rues comme dans les CHSLD ; sans parler de la detresse psychologique de certain-es puisque la santé mentale passe évidemment à la trappe. De toute façon qu’est ce qu’ON s’en fout des suicidé-es quand ON ne pense qu’à sauver le cul de l’économie.

Mais écrivant cela, nous ne ferions que paraphraser des textes que certain-es de nos ami-es ont déjà écrit ici et là. Ces textes circulent, et sous d’autres formes, des voix se sont déjà soulevées et continuent de se faire désespérément entendre, malgré l’épuisement et le découragement ambient.

Force est de constater que dans tout ce marasme et malgré notre fatigue, nous éprouvons l’urgence de réagir.

Alors ce texte sera finalement un appel à l’action. Du moins un début de tentative de peut-être pourquoi pas quelque chose. Parce qu’il y en a raz le cul du foutage de gueule généralisé.

Pour nous qui écrivons, la priorité est celle de nous retrouver. “Nous retrouver” ce n’est pas espérer un “beau retour à la normale” pour aller se mettre chaud-es au bar du coin, même si cela nous ferait crissement du bien.

Ce n’est pas non plus aller manifester comme de gros colons contre le port du masque ou au nom d’une liberté dont le sens nous échappe totalement.

Ce n’est certainement pas mettre en danger nos vies et celle des autres.

Non. “Nous retrouver” signifie ici retrouver nos luttes, nos stratégies, nos forces d’action. Entre ami-es. Entre damné-es. C’est défier l’isolement, la perte de confiance, le désespoir.

Théoriquement et historiquement, l’idée n’est pas nouvelle. Oui, il nous faut mettre en relation nos luttes, comprendre que le bordel dans lequel nous sommes englué-es n’est pas tombé du ciel avec une pandémie, mais n’est que la continuité de décisions politiques toujours au service du capital.

Il devient évident de mettre en perspective l’agonie des peuples avec le colonialisme en pleine santé ; un virus qui ne rencontre aucun obstacle avec la catastrophe écologique en cours ; l’expression de plus en plus décomplexée du fascisme avec la banalisation de discours racistes, sexistes et autre dégueulasseries véhiculées, entre autres, par un débile comme Trump ; l’état du système de santé abandonné par les gouvernements néo libéraux et leur politique d’austérité. BREF. Comprendre que se protéger et préserver la vie, c’est autant porter le masque et se laver les mains que s’opposer à la construction d’une prison pour migrant-es, refuser que les violeurs aient encore la parole ou soutenir de notre mieux les Wet’suwet’en quand iels se battent contre l’installation de pipelines sur leurs territoires. Pour ne citer que ces exemples.

Se retrouver c’est donc se positionner du côté de la vie.

Comme dit l’adage: il faut choisir ses combats. Certes. Faire avec les moyens du bord pour se débarrasser de ce qui nous tue, là où nous sommes. Mais il est important de garder en tête que sur un autre territoire, parfois même au sein d’une même ville, dans d’autres communautés et avec d’autres tactiques et d’autres stratégies, des luttes sont menées dans la même optique: de préserver ce qu’il reste de vivant. Il faut garder en tête que ces luttes ne sont pas isolées les unes des autres, qu’elles sont perméables. Ainsi de cette diversité de luttes, il nous faut créer une communauté d’ami-es : créer des points de rencontre, d’échange et de solidarité. Il faut nous mettre en commun. Et de là tisser la résistance. Pour résumer: apprendre des luttes décoloniales et envisager la décolonisation comme contre attaque ultime. Sans compromis, ni avec l’État ni avec les flics, ni avec l’extrême droite.

En pratique, la chose est moins aisée, surtout quand la police est à chaque coin de rue. Alors que pouvons-nous faire, ici, à soi-disant Montréal?

Que le problème soit ontologique ou pas, reste que plus rien ne semble tenir entre nous dès lors que l’ON nous sépare physiquement. Être loin de nos familles, de nos ami-es et partenaires de crime nous dépossède de nous-mêmes et nous plonge dans une sorte de paralysie. De sorte que nous n’avons plus la force de nous aider et d’aider nos ami-es parmis lesquel-les la dépression est devenue un fardeau quotidien. Nous nous découvrons complétement impuissant-es. Et le sentiment de déposséssion est accentué quand on regarde les déserts dans lesquels nous “vivons”. La métrople n’est pas tellement amicale en ce moment… L’urgence ici est de se rappeler que nous sommes là et tenter de réduire le sentiment d’abandon. Alors il faudrait se faire signe. S’envoyer des signaux à travers la ville. Faire péter des feux d’artifice pour contrer le spectacle abject des gyrophares. Se laisser des mots sur les murs des quartiers, à coup de peintures ou de collages. Laisser savoir que nous sommes là. Profiter de l’aube pour poser une bannière. Trouver le peu d’espace qui ne soit pas surveillé, s’y faufiler. Être là où l’ON ne nous attend pas. Profiter d’être masqué. Mettre nos privilèges, si nous en avons, au service du grabuge et de la perturbation. Pour l’instant, peut-être, juste pour rappeler que nous sommes présent-es, que nous habitons encore ces rues.

Par la suite, que ceuzes qui ont des idées se manifestent. Réenvisager la grève des loyers? Penser la grève comme un refus de se mettre en danger au nom de l’économie? Jumper les bus et les métros quand ON nous oblige à les prendre pour aller travailler. Partir en manif pour forcer la main au pouvoir à prendre ses resposabilités. Fabriquer des masques et les distribuer gratuitement. Voler des choses, essentielles ou non, et les donner à ceuzes qui en bavent le plus. Créer des caisses de solidarité. Le tout en faisant gaffe de ne pas se transmettre le virus, car nous ne voulons pas aggraver la situation. Les idées sont peut-être lancées à la va-vite mais c’est quelque chose comme ça.

Le pouvoir a gagné la bataille du découragement mais nous pouvons encore allumer des feux. Pour y voir plus clair. Pour nous réchauffer.

Puisse nous rester l’amitié.

Notes sur le caprice fasciste qui a défrayé la chronique : une réaction anarchiste à la mêlée du 6 janvier à Washington, DC

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Jan 162021
 

De Radio Fragmata

A quel drôle de bordel avons-nous assisté aux Etats-Unis, mercredi 6 janvier ?

Il y aurait tant de remarques à faire au sujet du spectacle dont nous avons été témoins dans l’enceinte du Capitole de Washington, DC. Toutefois, nous nous contenterons ici d’une déclaration succincte, en espérant clarifier la lecture de la situation depuis l’étranger et faire entendre le besoin urgent dans lequel se trouvent nos camarades états-unien.ne.s, qui sont confronté.es simultanément à une violence croissante de la part de certaines franges organisées de la population et à la répression étatique. Pour aller à l’essentiel, nous pourrions dire cela : que ce qui s’est produit n’était ni une insurrection, ni une révolte : et que le monde a seulement assisté à un caprice fasciste autorisé.

En Grèce, on se souvient bien du jour où les manifestants qui prenaient la rue dans le cadre des mobilisations nationalistes autour de la question du « nom de la Macédoine » ont forcé l’entrée du Parlement, sur la place Syntagma, juste avant que ne soit rendu le verdict concernant l’affaire stupide qui les animait, et nous n’avons pas oublié l’attitude de la police d’alors, qui avait opéré un service strictement minimal de manière à rendre évidents son soutien et sa solidarité avec celles et ceux qui s’emparaient du Parlement – sans toutefois courir le risque d’y laisser leur emploi. Parmi les slogans entendus sur le parvis du Capitole -tels que « U-S-A » ou « Trump est président, le Christ est roi », nombreux sont ceux auxquels on pourrait trouver des équivalents en Grèce.

Le 6 janvier 2021, le gouvernement américain s’est réuni pour ritualiser la certification des résultats du vote du Collège Électoral, actant ainsi le lancement du transfert de pouvoir vers une nouvelle présidence. C’est là un rituel archaïque qui -puisqu’il a été fondé avant que ne se développent les moyens modernes de circulation, ce qui supposait que les États les plus périphériques avaient besoin de plusieurs mois après l’élection pour que leurs votes puissent parvenir à la capitale à cheval- se tient en janvier, plutôt qu’au moment de l’annonce des résultats du vote, en novembre. Trump et ses partisan.es s’accordaient à voir dans cet événement leur dernière chance de perturber par un coup d’éclat la passation de pouvoir entre un Parti Républicain d’extrême-droite et un parti Démocrate de droite « modérée ».

Le fait que l’appareil de sécurité états-uniens ne réprime pas avec la même virulence une foule estampillée MAGA (Make America Great Again, slogan de campagne de Donald Trump, ndt) que des manifestations antifascistes, anarchistes ou abolitionnistes a été illustré assez clairement le 6 janvier. À tel point que les médias mainstream ont bien été contraints de le remarquer également, avant de se fondre en lamentations publiques pitoyables prétendant se poser la question de comment la police avait pu se montrer si tendre avec cette foule lâche et égocentrique qui ne cherchait qu’à renforcer les pires traits de la société états-uniennes contemporaine, et qu’on avait laissé forcé l’entrée d’un bâtiment pourtant doté de sa propre force de police (dont le budget annuel dépasse les 500 millions de dollars).

La tolérance dont la police a fait preuve à l’égard des partisan.es de Trump n’avait rien d’une coïncidence. Il est bien établi que l’extrême droite états-unienne a fait le choix stratégique d’infiltrer les forces de l’ordre autant que les instances du pouvoir politique depuis la chute du groupe de guerilla neo-nazi The Order au tournant des années 1980 et l’attaque à l’explosif d’un bâtiment fédéral d’Oklahoma City en 1995 par le suprémaciste blanc Timothy McVeigh, qui avait coûté la vie à 168 personnes. Ce choix tactique n’a rien d’un secret, ayant même récemment fait l’objet d’un rapport du FBI. McVeigh comme les membres de The Order s’inspiraient de la bible suprémaciste de l’époque, le roman Les Carnets de Turner (1978), qui présentait la mise en place d’une congrégation de fascistes se définissant comme des « patriotes ». Pour prendre la mesure de l’ampleur du succès de cette opération d’infiltration, on ne peut se contenter de dénombrer le suprématisme formalisé omniprésent dans l’institution policière états-unienne, puisqu’on doit également rajouter à cela que l’ensemble des syndicats policiers a soutenu la candidature de Trump en vue de la campagne présidentielle de 2020. Quand bien même les effectifs policiers seraient plus hétérogènes aux Etats-Unis que dans de nombreux autres pays, on ne peut oublier que les missions fondatrices de la police dans ce pays consistaient d’une part à traquer les esclaves en cavale, et d’autre part à brutaliser les syndicats de travailleur.euses. Le caractère fasciste d’une telle fonction dépasse donc même le cadre strict du racisme.

Si des banderoles anarchistes, antifascistes ou de soutien à la cause noire avaient été déployées le 6 janvier, on aurait assisté à des arrestations massives, à un niveau de brutalité policière largement supérieur, et probablement à un massacre. Cinq personnes ont perdu la vie lors des événements du 6 janvier. Trois d’entre elles sont mortes des suites de blessures auto-infligées : l’une en déchargeant par accident son taser contre son entrejambe, ce qui a provoqué un arrêt cardiaque ; une autre en chutant lors de l’escalade d’un échafaudage ; et une dernière piétinée, alors même qu’elle portait un drapeau siglé du slogan conservateur « Ne me marche pas dessus ». Un flic est mort à la suite d’une agression physique*, et une manifestante a été abattue par la police. Les trois autres n’ont fait les frais que de leur propre stupidité et ont maintenu leur privilège blanc jusque dans leurs morts grotesques. Si l’évènement n’avait pas été de nature suprématiste blanche – voire ostensiblement fasciste- il est évident que des dizaines de personnes auraient été abattues par la police.
Outre les assassinats quotidiens de personnes racisées et de prolétaires par la police aux Etats-Unis, on peut s’intéresser à deux cas de figure très récents (les sorts réservés à Kyle Rittenhouse et à Michael Reinoehl) pour tenter de mieux comprendre l’attitude de la police le 6 janvier, lorsqu’elle s’est trouvée confrontée à ses homologues fascistes issu.es de la société civile.

Kyle Ritthenhouse a commis un double meurtre lors d’une manifestation en réaction au supplice de Jacob Blake – un homme noir dans le dos duquel un policier blanc a tiré sept balles sous les yeux de ses enfants. Blake est sorti de cette agression paralysé, mais l’agent responsable a été disculpé en débit de preuves vidéos incontestables.

Rittenhouse est actuellement en train d’être jugé pour les meurtres qu’il a commis, et il a pu traverser sans être inquiété les lignes policières juste après avoir avoir fait feu sur des manifestants. Le contraste avec le cas de Michael Reinoehl est saisissant. Ce dernier, un antifasciste autoproclamé résidant dans l’Oregon, a fait feu sur un fasciste qui l’agressait dans le cadre d’une manifestation pro-Trump. Le lendemain de cette altercation, Reinoehl a donné une interview à Vice News pour attester du caractère de légitime défense de son geste. Un jour plus tard, la police fédérale lui trouait le corps d’une cinquantaine de balles. Trump n’a pas hésité à se vanter publiquement de l’assassinat de Reinhoel. Son sort a globalement eu peu de résonance médiatique, et illustre parfaitement le déséquilibre entre les obstacles auxquels sont confronté.es les révolutionnaires et ceux qu’on prétend opposer aux comportements «rebelles» des fascistes et consorts. Ce constat vaut également pour ce que l’on peut observer à l’intérieur des tribunaux. Les enquêtes et les condamnations qui donnent suite aux actions menées par la droite sont gérées d’une manière qui semble plus tenir de l’obligation que de la ferveur avec laquelle l’état attaque les mouvements révolutionnaires et émancipateurs.

Ce jour là, nous avons observé les élites sociales-démocrates verser des larmes hypocrites, des milices fascistes hallucinées jouer la farce d’un coup d’État sous le regard attendri de leurs baby-sitters en uniforme, et les médias tenter désespérément de rationaliser la situation en affectant un cynisme timide: « il n’y a rien à voir, ce ne sont que des joueurs costumés ». Une chose est certaine: celles et ceux qui se sont « saisi » du Capitole après y avoir invité, y trouvant les portes grandes ouvertes, n’ont fait preuve d’aucun courage et n’ont en aucun cas mis en œuvre l’insurrection que les modérés et les médias prétendent y avoir discerné.

Lorsque les mouvements révolutionnaires qui s’opposent sincèrement au système prennent la rue, ils doivent faire face à une situation autrement plus dangereuse. Un parti dominant de droite modérée comme les Démocrates, ou des appareils policiers prétendument « neutres » comme le FBI, ne tarderont pas à faire un exemple de certain.es de ces crétin.es de droite, mais il ne s’agira que d’une opération de communication comparable à celle opérée par le gouvernement de Nouvelle Démocratie en Grèce lors du procès du parti néo-nazi Aube Dorée, ou à celle mise en œuvre par Facebook qui avait censuré des dizaines de pages anarchistes pour compenser la suppression d’un nombre équivalent de profils néo-nazis. Ces stratagèmes n’ont pour but que la mise en scène d’une esthétique de la neutralité, alors même que ces acteurs continuent à imposer la société atroce que nous combattons.

L’intensité de cette action préfigure la guerre civile latente à venir, par ailleurs déjà déclarée par la droite, qui se trouve désormais plus en confiance que jamais à l’issue des événements du 6 janvier. La particularité de la droite états-unienne tient à ce qu’elle peut se pavaner en armes en toute légalité tant qu’elle n’ouvre pas le feu, et que même si elle en arrive là -on l’a vu lors de l’affaire Trayvon Martin ou des agressions à l’encontre d’antifascistes dans les manifestations Black Lives Matter- elle se voit donner des gages de tolérance judiciaire que nous ne connaîtrons jamais.

Il n’y a pas que l’extrême droite violente qui sorte radicalisée de cet incident ; les pontes de la sociale-démocratie états-unienne, qui représentent une menace égale à celle des fascistes, en sont également des bénéficiaires directs. Les chef.fes-de-file de la modération et du « bon sens » politique sont même les grand.es gagnant.es de ce spectaculaire caprice fasciste. Celles et ceux qui prétendent dicter les limites du politiquement acceptable, qui ont l’audace de mettre dans le même sac les insurrectionnalistes et les abolitionnistes d’une part et les fascistes et les anti-sémites théoriciens du complot ont réellement tiré leur épingle du jeu ici, comme en attestent les qualificatifs haineuses et ignorantes d’ « insurrection » et d’ « anarchie » employés pour décrire les événements du Capitole.

L’administration Trump s’est démenée tout au long des dernières années pour faire passer les anarchistes, les « antifas », et Black Lives Matter pour des organisations terroristes alors même qu’elle refusait d’utiliser les mêmes termes pour qualifier les groupes néo-nazis et suprémacistes blancs. Si les deux partis majoritaires se proposent désormais d’enquêter sur Qanon (un groupe persuadé que Trump, qui est pourtant confronté à des dizaines d’accusations de viol, y compris sur mineures, serait occupé à sauver le pays d’une conspiration orchestrée par des célébrités et des politicien.nes juives mettant leur pouvoir au service du trafic d’enfants) et les Proud Boys (un groupe de chauvinistes occidentaux revendiqués fondés par le fondateur démissionnaire de Vice Media, Gavin Mcinnes), il est tout à fait certain que ce durcissement s’accompagnera d’un renforcement parallèle de la répression des mouvements d’émancipation. Une semaine tout juste avant le 6 janvier, l’administration Trump rédigeait un décret proposant d’interdire l’accès au territoire états-uniens à toute personne soupçonnée d’affinités anarchiste ou antifasciste.

Ce décret s’inscrit dans la longue liste des prérogatives élargies des gardes-frontières sous les administrations Obama et Bush, notamment depuis le Patriot Act, et devrait passer comme une lettre à la poste aux yeux de l’administration Biden qui s’annonce.

Tout ceci se déroule alors même que les Démocrates viennent d’accéder à la Maison Blanche et d’obtenir une majorité des sièges au Congrès. L’extrême-droite demeure en revanche aux manettes de la Cour Suprême, ce qui a des conséquences lourdes sur les vies des segments marginalisés ou minoritaires de la population, ainsi que sur la santé des mouvements révolutionnaires.

La persistance du soutien populaire, lequel découle à la fois de longues années à subir les énormités d’extrême-droite du gouvernement Trump et de la révolte (majoritairement noire) qui a fait suite à l’assassinat de George Floyd, est déjà largement menacée par les tromperies des huiles démocrates depuis la victoire de Biden en novembre dernier. Cette victoire ne laisse présager aucun traitement de faveur pour celles et ceux qui font face à des années d’emprisonnement pour leurs actes de résistance dans le cadre de la révolte « Black Lives Matter » de 2020.

Les meneurs sociaux-démocrates et la frange de la gauche qui conserve foi en l’État et en sa capacité de réforme aimeraient peindre cet événement sous les traits d’un « coup d’État avorté » ou d’une attaque portée contre la volonté populaire. Ces discours émanent très largement d’une part très privilégiée de la population qui considère que le système électoral est là pour l’écouter. La majorité des personnes qui ont usé de leur droit de vote en 2020 l’ont fait par culpabilité ou parce qu’elles se sentaient malheureusement obligées de choisir entre deux maux. Elles ont été conditionnées à ne pas en attendre trop d’un État qui use d’un slogan aussi affligeant que Freedom isn’t free, « la liberté se monnaie ». En tant qu’anarchistes, nous rejetons le processus électoral étatique dans son intégralité, et ne voyons aucune possibilité de triomphe d’une « volonté populaire » dans un système qui se maintient par la confiscation du pouvoir et la coercition. Les choix qu’ils nous proposent dans le cadre leur spectacle de votation démocratique ne correspondent en rien au chemin qui pourrait nous mener à la liberté. Dès lors, nous rejetons ces rituels. Par ailleurs, les rituels d’origine coloniale, tels que le vote représentatif dans un système eurocentrique, ne pourront jamais accorder la liberté à quiconque sur une terre volée.

Tandis que nous continuons, en tant que mouvements anarchistes, abolitionnistes, et révolutionnaires, à mener une lutte incomparablement plus sincère que celles qui animent des citoyen.nes déboussolé.es et des célébrités prétentieuses au gré des effets de mode, nous devons redoubler de solidarité afin de ne pas nous laisser isoler, alors que la violence exercée par des groupes fascistes de la société civile s’accroît, de pair avec un acharnement policier brutal qui arbore le sourire mensonger des élites sociales-démocrates.

On aurait presque envie de rire en contemplant les politicien.nes apeuré.es, la droite et la police qui en arrivent aux poings, et l’absurdité généralisée qui s’est matérialisée ce jour là. Néanmoins, nous ne pouvons oublier qu’au cours des dernières semaines, des antifascistes ont été pris.es pour cible et attaqué.es à coups de feu dans le Nord-Ouest du pays, ni qu’en parallèle du caprice fasciste au Capitole une femme noire a fait l’objet d’une tentative de lynchage public dans le cadre d’un rassemblement néofasciste à Los Angeles. L’inquiétude ne nous permet donc pas d’en rire.

La droite a adopté une posture post-moderne quant à la question du racisme aux Etats-Unis, parce qu’elle se sentait bridée par l’étau des « politiques d’identité » mâtinées de politiquement correct promue par le parti de droite modérée (les Démocrates). Cette politique semble prête à dénoncer n’importe quoi, à l’exception du classisme et du racisme systémiques, et présente l’attribution de métiers qui prolongent le statut quo colonial aux personnes colonisées comme une forme éthiquement viable de réparation et de dédommagement. Les groupes de droite ont donc opéré une transition vers un monde nourri de théories conspirationnistes piochées sur le deep web qui encouragent les personnes pauvres à se mettre au service de milliardaires et à traquer les reptiliens juifs qui « tirent les ficelles » du capitalisme mondial au travers du réseau 5G plutôt que de simplement avoir recours à la terminologie raciste historique autour de laquelle ils gravitent pourtant tous. Malgré cette rhétorique de haine extrême, ces groupes prétendent toujours être éligibles aux plus hautes fonctions. C’est là un problème qui se pose à l’échelle mondiale, puisque des fascistes de cette trempe ont fait émergence sur la scène publique aussi bien aux États-Unis qu’au Brésil, en Allemagne, et ailleurs.

Il est impératif que nous continuions à combattre le statut quo technocratique et libéral en même temps que nous maintenons notre garde dressée face à un fascisme contemporain dont les incarnations sont nombreuses et parfois déstabilisantes. Nous devons aussi être capables de reconnaître le regain d’assurance de notre propre mouvement. Aux États-Unis, les rangs des anarchistes, des antifascistes et des abolitionnistes ont énormément grossi malgré la répression violente qui leur a été opposée, et une nouvelle génération courageuse a fait preuve de sa force tout au long de l’année 2020.

Ni les murs des prisons, ni ceux des frontières ne suffisent à endiguer la solidarité révolutionnaire.

Celle-ci nous permet de rester vigilant.es, connecté.es, de ne jamais nous perdre de vue alors même qu’un nouveau confinement et une nouvelle ère de fascisme modéré nous guettent.

Cette solidarité révolutionnaire, nous l’exprimons à toutes les personnes qui risquent la prison pour avoir pris part à la révolte contre le suprématisme blanc, et à toutes celles qui mènent une lutte sincère contre l’État et le capitalisme.

—Radio Fragmata / Janvier 2021

Post-Script
*le profil Parler (réseau social prisé des extrémistes de droite) du policier mort de ses blessures à la suite des événements du Capitole, Brian Sicknick, a depuis été révélé publiquement. On a pu y découvrir que l’agent « suivait » de nombreux comptes d’extrême-droite, comme ceux de la Team Trump, d’Alex Jones ou de Gavin McInnes.
*Bien que cela n’ait rien de surprenant, il a depuis établi que de nombreux policiers hors-services et politiciens de droite avaient pris part aux agissements du 6 janvier. Selon certains rapports, des officiers auraient même montré leurs badges à des officiers en service au cours de la bousculade.

Tenez vous au courant des luttes en cours et de la répression à l’encontre des mouvements révolutionnaires via les sites suivants :
Bay Area Anti-Repression
https://antirepressionbayarea.com/ 
NYC Anarchist Black Cross
http://nycabc.wordpress.com
Its Going Down
itsgoingdown.org
RAM
https://revolutionaryabolition.org
Up against the law legal collective 
https://upagainstthelaw.org 
Portland General Defense Committee
https://pdxgdc.com

Puget Sound Prisoner Support
https://twitter.com/PugetSupport 

Michigan Solidarity Bail Fund:
https://michigansolidaritybailfund.com/
Tilted Scales Collective
http://tiltedscalescollective.org
Scuffle Town Anti-Repression
https://scuffletownarc.wordpress.com/

15 mars 2021 – 25e journée internationale contre la brutalité policière – ABOLISSONS LA POLICE

 Commentaires fermés sur 15 mars 2021 – 25e journée internationale contre la brutalité policière – ABOLISSONS LA POLICE
Jan 152021
 

Du Collectif Opposé à la brutalité policière (COBP)

Le 15 mars 2021 se déroulera la 25e Journée Internationale Contre la Brutalité Policière (JICBP), peu importe la situation sanitaire.

Les personnes impliquées dans l’organisation de cette édition de 2021 opteront pour des alternatives adéquates selon l’évolution de la pandémie qui par ailleurs sévissait déjà lors du 15 mars 2020.

Parce qu’il faut souligner à quel point cette année a été brutale ! Dans un contexte difficile où toute la population essaie de faire preuve de solidarité, il y a une valeur constante sur laquelle on peut toujours se fier : la police demeure sans pitié.

Rappelons les dernières 8 minutes et 46 secondes de George Floyd. Rappelons-nous de Sheffield Matthews, assassiné par le SPVM aux petites heures du 29 octobre dernier. Rappelons-nous de Chantel Moore, Rodney Levi, Eishia Hudson au total trente-quatre personnes tué-e-s par la police au Canada pendant les 11 premiers mois de 2020. Près de la moitié des personnes assassinées étaient des autochtones.

Plusieurs activités entourant la journée internationale contre la brutalité policière auront lieu avant, pendant et probablement après le 15 mars prochain, sous une forme ou une autre. Afin de préparer cette journée, nous vous demandons donc de nous envoyer des textes, des images, des vidéos et des enregistrements audios que nous pourrons partager dans notre journal annuel et sur notre site web.

Et contactez vos ami-e-s et groupes d’affinité et passez le message que le 15 mars aura lieu. Soyez prêt-e-s !

En cette année 2021, nous appelons à l’abolition pure et simple de la police. Cela fait maintenant un quart de siècle que nous prenons la rue pour forcer la police à se réformer, de montrer des signes d’amélioration, et la situation ne fait qu’empirer, année après année. Les commissions d’enquête se multiplient, les rapports sont de plus en plus accablants, et malgré tout rien de concret ne se passe.

Au final, à quoi sert tout ce système de répression institutionnel et son service de police, ici et ailleurs ? Qui protège-t-il ? Les tribunaux n’ont pas protégé les femmes qui se battaient contre l’agresseur sexuel Gilbert Rozon.

La GRC n’a pas protégé les autochtones de New Edinburgh en Nouvelle-Écosse contre les racistes blancs qui ont mis le feu à leur entrepôt.

La SQ n’a pas sévi contre les policiers qui ont violé les femmes autochtones de Val-d’Or.

Le SPVM a utilisé, et utilise encore, tous les outils à sa disposition pour chasser les sans-abris du campement de la rue Notre-Dame et de plusieurs autres endroits à Montréal.

Et finalement, l’ASFC (Agence des services frontaliers du Canada) déporte présentement sans aucun remords les « anges gardiens » qui maintiennent debout notre système de santé à bout de bras.

Et la situation est la même partout. On peut le voir en France, au Chili, en Ayiti, au Nigéria, aux États-Unis et au Brésil, un mouvement mondial qui gronde et prend de l’ampleur. Un mouvement qui demande la fin de la police telle qu’on la connaît. Un mouvement qui crie, haut et fort.

Parce qu’on a assez de compter les assassinats aux mains de la police, parce que les larmes des familles et ami-e-s sont devenues colère, parce qu’injustice et impunité riment avec système colonial-raciste-sexiste, parce qu’il y a des alternatives : ABOLISSONS LA POLICE.

Lettre d’un ex-prisonnier

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Jan 132021
 

Nous avons reçu le message qui suit par courriel. Nous le publions avec la permission de l’auteur.

Bonjour,

Je ne sais pas si c’est votre organisation qui était passée devant le centre de détention Centre Fédéral de Formation (CFF600) sur la montée St-François le 31 décembre 2019 mais si c’est le cas, je tiens à vous remercier.

En effet, j’étais en prison à ce moment là, dans les condos qui donnent face sur la montée St-François. Je pouvais vous voir depuis la fenêtre du salon et de ma cellule. Pendant ce moment, vous m’avez fait oublié que j’étais incarcéré et je me suis senti important et vivant. Savoir que du monde de l’extérieur pensait à moi et se déplaçait pour moi m’a fait du bien.

J’aimerais être informé de tout autre manifestation concernant les centre de détention ou pour l’immigration (ou je travaillais en tant que détenu)

Je regrette de ne pas m’voir présenté cette année car j’aurais aimé y participé, j’aurais du me présenté quand même.

Merci beaucoup de votre temps!!

Yannick, enfin presque libre!!!! (je suis en maison de transition mais bientôt chez moi)

Après un hiver de blocages : Le point sur les accusations criminelles en lien avec #ShutDownCanada

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Jan 122021
 

De North Shore Counter-info

Affiche en format PDF 8.5 x 11 à imprimer et à partager !

Presque un an est passé depuis la vague de blocages en solidarité avec les défenseurs de la terre wet’suwet’en. Par la suite, de nombreuses questions urgentes ont fait que l’attention du public est passé à autre chose. Toutefois, pour celleux en première ligne aussi bien que pour celleux avec des accusations en justice, il n’y a aucune possibilité de passer à autre chose.

En ce moment, au moins soixante personnes font encore face à de graves accusations criminelles en lien avec les descentes policières dans le territoire wet’suwet’en ainsi qu’avec le mouvement de solidarité. Ces actions ont impliqué des milliers de personnes dans toutes les provinces du pays, aussi il est impossible d’en faire rapidement le portrait, mais voici quelques aspects :

En janvier 2020, tandis que la GRC préparait leur nouvelle offensive contre la réoccupation du territoire wet’suwet’en qui dure depuis plus d’une décennie, les actions solidaires ont commencé. Quand les flics sont descendus pour de vrai dans les premiers jours de février, les Mohawks de Tyendinaga ont lancé un blocage ferroviaire qui a paralysé la circulation entre Toronto, Ottawa et Montréal. Perturber la circulation ferroviaire est vite devenue la tactique privilégiée du mouvement et les prochaines semaines ont vu des blocages à long terme menés par des communautés autochtones à Kahnawake, Listuguj, Six Nations et New Hazelton. Des blocages de moindre durée ont eu lieu (souvent à répétition) à Halifax, Toronto, Victoria, Vancouver, Magnetewan, Coquitlam, Hamilton, Morris, Saint-Pascal, Edmonton, Saint-Lambert, Kamloops, Saskatoon, Elsipogtog, Saguenay et de l’autre côté de la frontière dans l’État du Washington. Il y a également eu des manifestations et des blocages routiers en de nombreux endroits.

À l’issue de cette mobilisation massive, vingt-huit personnes du territoire Mohawk de Tyendinaga se battent contre des accusations suite à l’attaque du PPO sur leur communauté. Le deuxième groupe en importance c’est les quinze personnes accusées qui attendent leur procès en rapport avec un blocage près de Sherbrooke, Québec. À Hamilton en Ontario, six personnes font face chacune à quatre chefs d’accusations de méfait pour un blocage ferroviaire de vingt-quatre heures. Dans le Bas-Saint-Laurent, une personne est encore inculpée après une perturbation ferroviaire et à Montréal il y a deux personnes accusées de méfait pour des graffitis.

L’hiver précédent, en janvier 2019, il y a également eu un raid sur le territoire wet’suwet’en par la GRC. La mobilisation en solidarité était à échelle plus modeste, mais il y a eu des manifs, des occupations et des blocages importants un peu partout dans le pays, qui ont également vu de la répression.

Deux personnes présentes aux barricades sur le territoire wet’suwet’en lors du raid sont encore accusées de voie de fait sur la police. À Hamilton, une personne est inculpée pour des dégradations d’un poste de la GRC. À Montréal, six personnes se battent encore contre des accusations de méfait en lien avec le blocage du pont Jacques-Cartier.

Il y a eu presque cent-cinquante arrestations durant ces deux années de lutte. Beaucoup ont eu pour résultat des remises en liberté sans inculpation. D’autres des amendes. Certaines des poursuites criminelles se sont déjà résolues. Par exemple, en automne 2020, le procureur a retiré les accusations contre douze personnes en relation avec un blocage ferroviaire à Toronto et deux autres à Vancouver ont eu des absolutions. En outre, toutes les charges contres les personnes présentes sur le territoire au moment du raid de février dernier ont été abandonnées (mais la GRC a laissé savoir que leur enquête se poursuit).

On ne peut que se réjouir que de plus en plus d’affaires se résolvent, mais il faut tout de même rester prudent. Le système judiciaire abandonne les accusations contre certaines personnes à fin d’isoler et de délégitimer d’autres. Il ne faut pas oublier que certain·e·s inculpé·e·s ont de fortes chances de finir en prison pour des moments de lutte auxquels nous avons toutes et tous participé·e·s.

Tout le monde ne fait pas face au système judiciaire sur un pas d’égalité. C’est un système profondément raciste et colonial, ce qui fait que les accusés autochtones ont plus de chances de se voir condamnés et de se voir imposer des peines lourdes. De même, les personnes avec des casiers judiciaires, surtout avec des condamnations en lien avec leur implication militante, risquent d’être traitées de façon autrement plus sévère et de finir en prison.

Le mouvement de l’hiver dernier était d’une puissance incroyable et la lutte n’est pas terminée. Sur le territoire wet’suwet’en, les travaux sur le pipeline continuent malgré la pandémie, tout comme la résistance des défenseurs de la terre en première ligne. C’est la même histoire chez d’autres peuples autochtones partout au Canada – de Mi’kma’ki au territoire Secwempec en passant par Six Nations, c’était une année charnière pour la résistance autochtone et les affirmations de souveraineté. Ces courants continueront de s’entremêler avec la résistance face à l’expansion industrielle, ce qui créera encore de nouvelles possibilités et des sites de résistance. Rien n’est arrêté et dans le futur nous aurons besoin de bloquer le Canada de nouveau.

Tout mouvement qui connaît du succès subira de la répression et aura des prisonniers. Ce qui est plus important que d’éviter la répression c’est la manière dont on y fait face. Nous devons toujours trouver des moyens de montrer aux personnes ciblées qu’elles ne sont pas seules, pour qu’elles puissent en venir à bout en se sentant fortes et en restant intègres. Des démonstrations de solidarité tout comme le soutien pratique font une immense différence quand les gens ont affaire à la justice. Il faut que les personnes courageuses qui prennent des risques aient de l’appui si nous voulons être courageux et courageuses ensemble encore et voir nos mouvements croître.

Nous continuerons de poster des mises à jour sur North Shore Counter-Info sur les affaires en cours et nous amplifierons les collectes de fonds et les appels au soutien concret ou à la solidarité de la part des accusé·e·s. Les mises à jour seront regroupées sous le tag « Blockade Defense » sur North Shore (north-shore.info/tag/blockade-defense) et sur Twitter sous le hashtag #BlockadeDefense.

Avons-nous oublié quelqu’un ou avez-vous des commentaires ? Contactez-nous en anglais ou en français à blockadedefense@riseup.net. La clé pgp est sur keys.openpgp.org.

Contre le couvre-feu

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Jan 112021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Samedi soir, un couvre-feu a été instauré dans les rues du Québec. C’est la restriction de mouvement la plus large et la plus intense depuis la crise d’octobre 1970. Le gouvernement Legault a donné à la police le pouvoir d’intercepter toute personne qui se trouve à l’extérieur après 20 heures et de lui imposer une amende pouvant aller jusqu’à 6 000 dollars si elle ne peut fournir une raison que les policiers jugent valable. Dans les semaines à venir, le COVID continuera de se répandre. Pendant ce temps, les sans-papiers, les sans-abri, les personnes confrontées à des situations de vie dangereuses, les travailleuses et travailleurs de l’économie souterraine et les personnes qui veulent simplement se promener la nuit – entre autres – seront harcelé.e.s par la police tous les soirs sans fin déterminée. Tout cela pour protéger le statu quo d’une économie qui nous tue, nous et la planète. Cette évolution brutale dans une ère d’expérimentation du contrôle social ne peut rester sans réponse. Il n’est pas seulement possible, il est nécessaire, de riposter.

Nous refusons cette escalade du contrôle gouvernemental sur nos vies tout en rejetant la position de la droite populiste et des théoriciens du complot. Ces groupes soit nient totalement la menace de COVID-19, soit accusent à tort certains groupes racialisés, souvent avec des allusions à peine voilées à une “élite mondialiste”. Leur réponse au COVID montre clairement que nous voyons se confronter deux idées de la liberté. Celle que nous défendons ne soumet pas les individus à une idée de bien collectif fournie par l’État. Cependant, elle exige que nous reconnaissions la réalité matérielle de notre monde et les conditions réelles de l’oppression – la nôtre et celle des autres – et que nous ne nous réfugions pas dans des intrigues géopolitiques fictives qui pourraient apaiser notre sentiment d’impuissance en réaffirmant notre indignation. Cette liberté nous oblige à nous battre pour une vie qui vaut la peine d’être vécue, plutôt que de renvoyer sans cesse la responsabilité à des ennemis imaginaires. Le COVID est réel, l’État policier aussi.

Nous n’avons jamais cru que les appels aux restrictions de Legault étaient fondés sur des préoccupations pour notre sécurité. Depuis le début de la pandémie, lui et ses acolytes ont hésité à fermer les lieux de travail et les écoles, tout en limitant encore davantage notre capacité à inventer nos vies en nos propres termes en dehors du travail. Cela montre que l’État ne s’intéresse à nous que lorsque que nous continuons à produire et à consommer, nous maintenant juste en assez bonne santé pour continuer à remplir les poches des riches. Partout dans le monde, ceux-ci se sont enrichis de manière exponentielle pendant la pandémie, tandis que nos difficultés augmentaient. Les capitalistes et les gouvernements (ce sont les mêmes !) s’adaptent aux restrictions sociales, ce qui leur permet de profiter de nous pendant que nous continuons à souffrir. Nous avons toujours été contre ce monde du travail. Ne permettons pas à l’État de définir encore davantage la façon dont nous vivons et nous nous protégeons, nous et nos proches.

La criminalisation de nos relations par l’État nuit à la santé mentale d’un nombre croissant de nos ami.e.s et de notre famille. Une vie perdue à cause d’une crise de santé mentale n’est pas moins tragique qu’une vie perdue à cause du COVID-19. La conférence de presse du 6 janvier a clairement montré que la santé mentale n’est guère qu’une préoccupation secondaire pour le gouvernement. Nous estimons que la façon dont nous vivons va au-delà de la simple survie, et nous rejetons toute définition de la santé dictée par les exigences de la production économique.

Pendant ce temps, l’État n’a de cesse de nous monter les un.e.s contre les autres et nous transforme en micro-entreprises de surveillance qui n’avons qu’à appeler la ligne de dénonciation directe mise à notre disposition pour faire le travail de la police qui elle, a été invitée à “faire circuler leurs autopatrouilles, gyrophares allumés, dans les rues des villes pour marquer le début de cette période exceptionnelle”, selon La Presse (8 janvier 2021).

Contrairement à ce qu’affirme La Presse, nous estimons que cette période n’a rien d’exceptionnel. La mise à nu du pouvoir de l’État policier dans ce qu’il a de plus violent est au mieux, un test, au pire, le nouveau normal. Il ne tient qu’à chacun d’entre nous de faire la preuve que leur démonstration de force ne tient pas la route face à notre inventivité, et que les rues, vidées de leurs habitants, peuvent devenir un immense terrain de jeux.

Pas de solution policière à la crise sanitaire !

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Jan 092021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Montréal, le 9 janvier 2021

Aujourd’hui à 20 heures, pour la première fois de notre histoire, un couvre-feu sera mis en place à l’échelle de la province. Après dix mois de crise sanitaire, notre gouvernement a encore une fois opté pour la solution policière. Alarmes, sirènes et gyrophares à l’appui, la police nous annoncera l’heure de son règne tous les soirs, et ce, au minimum pour le mois prochain. Il s’agit là d’une véritable stratégie d’intimidation et de peur mise en œuvre pour camoufler l’amateurisme et l’inefficacité de la méthode caquiste de gestion pandémique.

Ce « gouvernement des banlieues » a encore une fois décidé de procéder à de sombres calculs de rentabilité plutôt que d’instaurer des mesures basées sur la justice sociale et la science. La mise en place du couvre-feu dans un tel contexte n’est pas une mesure sanitaire. C’est un choix qui pourrait s’avérer non seulement inefficace, mais carrément dangereux. L’effet disproportionné de la décision nuira aux personnes les plus vulnérables de notre société, celles qui subissent déjà régulièrement la violence et la brutalité de nos forces de l’« ordre ».

Sans surprise, ce gouvernement suit la stratégie adoptée presque partout ailleurs, celle qui cadre parfaitement avec la logique du capitalisme néolibéral. On manque toujours de ressources pour les services publics, mais les coffres ne sont jamais vides pour le renforcement de l’appareil de répression d’État.

Plusieurs intervenant.e.s l’ont déjà mentionné : le couvre-feu aura tout au plus un effet symbolique. En réalité, c’est à une poursuite de la dégradation du filet social et à l’installation d’un climat de peur que l’on assiste. En lieu et place de la solidarité, et alors que notre santé mentale est déjà fragilisée par près d’un an d’incertitude, le gouvernement encourage la délation, la recherche de bouc-émissaires et la culpabilisation individuelle, se dédouanant ainsi de toutes responsabilités. À Montréal, nous aurons près d’une centaine de flics de plus. Or, ce que nous demandons, ce sont des psychologues et des intervenant.e.s. Quel effet aura cette surveillance accrue sur notre paranoïa collective ? N’y a-t-il pas une autre alternative ?

La gauche radicale ne doit pas laisser ce combat entre les mains de la droite et de son discours anti-scientifique et individualiste. En temps de crise sanitaire, nous n’avons pas le luxe de respecter aveuglément les mesures répressives et contre-productives tout en se contentant de demi-mesures préventives. Nous avons déjà trop tardé, il est maintenant plus que nécessaire d’agir afin qu’un discours critique se fasse entendre. Nous ne pouvons pas nous permettre la complaisance. Face à la surenchère sécuritaire, nous avons le devoir de proposer un autre projet politique, qui ne laisse personne derrière et qui se base sur des données scientifiques rigoureuses.

Dans tous les quartiers, par tous les moyens, il faut qu’on se fasse entendre. Aucune solution policière à la pandémie n’est acceptable. Résistons à l’autoritarisme en place et à venir, luttons contre le couvre-feu ! Nous ne devons rien attendre d’un gouvernement mené par un sinistre comptable paternaliste aveuglé par le pouvoir et ne parlant qu’à sa base.

N’acceptons pas le défaitisme ambiant, préparons le printemps !

Manifestation annuelle de bruit à soi-disant Montréal 2020

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Jan 032021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Bien qu’aucun appel public n’ait été lancé, quelque 50 personnes se sont rassemblées pour la manifestation annuelle de bruit à soi-disant Montréal. Nous poursuivons ainsi la tradition de faire résonner la nouvelle année aux côtés de nos proches incarcérés. Cette année, nous avons seulement visité la prison fédérale à sécurité minimale pour hommes à Laval, Québec – appelée Centre fédéral de formation à sécurité minimale. Il s’agit de la prison où nous pouvons toujours apercevoir des personnes aux fenêtres et où nous savons qu’on peut nous entendre et voir nos feux d’artifice. Nous avons cogné contre des casseroles, hurler nos souhaits et établi un nouveau record d’explosion de feux d’artifice.

Cette année a été difficile pour plusieurs, mais encore plus pour ceux et celles en prison. Il n’y a pas eu d’éclosion de SARS-Cov2 au Centre de formation à sécurité minimum, mais il y en a eu dans l’institution jumelle – Le Centre de formation multi-niveaux, où un prisonnier est mort de la Covid-19 durant l’été. Les prisonniers des deux institutions ont subit des mois de confinement, sans aucune visite, activité de groupe et un accès limité ou interdit au gym et à la bibliothèque. C’est pourquoi nous trouvions encore plus important de nous rassembler pour le Nouvel An. Nous voulions que les prisonniers sachent qu’on ne les oublie pas.

Solidarité avec tou.te.s les prisonnier.e.s, y compris dans les prisons de migrants! #liberezlestous

Solidarité avec toutes les personnes qui font face à la répression dans la foulée des insurections en réaction à la mort de George Floyd, de Breonna Taylor, de Rayshard Brooks, et d’autres encore! #amnistiegenerale #BlackLivesMatter 

Pour un monde sans prison et sans système qui en profite.

Rétrospective du Réseau Libertaire Brume Noire

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Déc 242020
 

Du Réseau Libertaire Brume Noire

Deux ans d’organisation au bout du monde : communication, autogestion, décroissance

Le soi-disant Québec est une province énorme. Si nous voyageons en Europe ou ailleurs, il est facile de constater l’ampleur du territoire de l’île de la Tortue. Il est facile de se mettre en perspective sur le concept de ‘Nationalisme’ versus ‘Territoire’. Les métropoles canadiennes, par leur capitalisme, exploitent les régions pour leurs ressources naturelles et humaines. Ici, en Gaspésie, nous le voyons très bien. Gespegsignifie ‘là où la terre se termine’ en Miꞌkmaq.

Les gens ont à cœur la révolte des pêcheurs et la grève de Murdoch, avec raison. Force est de croire qu’il est plus difficile de se rappeler le ‘pourquoi’ des dites révoltes à en voir l’exploitation toujours en place aujourd’hui par la pêche, la déforestation dans le parc de la Gaspésie et ailleurs, l’énergie éolienne pas très verte, la recherche du peu de pétrole qu’il reste dans le sol, l’épandage, la cimenterie Port-Daniel et on en passe. La région est de facto une des plus pauvres au Québec. Les services publics survivent grâce aux organismes (qui eux ont peine à survivre par manque de fonds et de ressources) et il est difficile de créer une économie locale forte vu les intérêts très divergents des gens sur le territoire (touristes VS résident-e-s VS travailleuses-eurs). Bref, rien de nouveau sous le soleil.

Mais malgré tout ce flagrant industrialisme pervers, l’espoir est là. La Gaspésie a un ‘je ne sais quoi’ qui nous rapproche de la nature et du collectivisme. Elle nous donne le goût du commun. Elle nous laisse toucher le rêve. C’est pour l’un ‘la marge’, pour l’autre ‘l’épanouissement’. Pour certains membres du réseau, la Gaspésie c’est toute leur vie. Pour d’autres, c’est devenu leur vie. La région inspire de manière puissante. Les gens sont bons et peuvent se relayer à la terre. Ils et elles sont conscientes de cette exploitation, à un certain point.

Gaspésien-ne-s natif-ive-s, néo-gaspésien-ne-s, Premières Nations, immigrants…. plusieurs visages portent la bannière du réseau libertaire brume noire. Les âges, orientations, organisations et tactiques sont différents pour les membres. Le Réseau Libertaire Brume Noire est une organisation composée d’une pluralité de personnes qui partagent des objectifs communs, qui sont en quelque sorte la raison d’être du Réseau :

  • Le RLBN est en faveur d’une organisation sociale fondée sur les principes d’égalité et d’autogestion plutôt que ceux de la propriété privée et des contrôles étatiques.
  • Le RLBN souhaite informer les citoyens à propos du socialisme libertaire et à les sensibiliser aux différents enjeux du territoire via l’éducation populaire et l’action directe.
  • Le RLBN vise à tisser des liens de solidarité entre ses membres, entre le réseau et la communauté environnante ainsi qu’avec d’autres réseaux ou collectifs partageants des objectifs communs.
  • Plus largement, le RBNL souhaite contribuer à l’émancipation des gens du territoire par le soutien des initiatives communautaires, l’éducation populaire, en ayant un impact positif sur leur milieu de vie/quotidien ou en soutenant d’autres luttes.

C’est par ces courtes lignes pouvant représenter certaines valeurs collectives, par la spontanéité et par la volonté que le réseau a su traverser 2 ans d’organisation avec succès. En plus de son positionnement anticapitaliste, le réseau est anti-oppressif et donc solidaire des différentes luttes menées dans une perspective d’émancipation locale. L’adaptation au changement dont font preuve les membres (nouveaux membres, départs et réalité de la région, changements de tactiques) est une clé du bon fonctionnement, ainsi que la solidarité auprès des entités déjà en place (organismes, groupes, assemblées municipales, petites entreprises, initiatives de toutes sortes…). Les réalités de la région pouvant frapper rapidement, il est important de créer notre entité propre à notre territoire.

C’est avec grand plaisir que nous partageons donc ce petit article de rétrospective chronologique des actions menées par les membres du Réseau depuis sa formation en 2018, afin de vous sensibiliser au fait que le nombre importe peu, que la résistance est plus grande que la plus grande des métropoles et que nous espérons inspirer un milliard de collectifs décentralisés auprès (et loin) de nous!

2018

ALTERNATIVES

En septembre : Des anarchistes se rencontrent dans le sous-sol d’un 3 et demi du centre-ville de Gaspé. Ça rêve, ça parle et surtout, ça s’indigne. Plusieurs personnes se joignent à la partie chaque semaine pour des discussions, lectures, projections. Un moment, le 3 et demi se fait serré.

9 septembre : Une action anti-électorale est mise en place face aux élections provinciales du Québec. Des pancartes ‘votez pour vous’ sont affichées partout sur le territoire de Gaspé la veille des élections.

7 octobre : Un jeune d’origine Arabe se fait attaquer au bar la Voute de Gaspé. Un combat de bar bien classique, mais la connotation raciste pousse les anarchistes à agir. Un BBQ anti-raciste est spontanément organisé près du bar pour porter un message clair autour de la ville : pas de raciste dans nos quartiers! 

17 octobre : Rassemblement suite à la légalisation du cannabis. Un document de 30 pages sur des recommandations de la santé publique et des comparaisons de répercussions autour du monde et du Canada a été déposé à l’assemblée municipale dans l’objectif de sensibiliser le maire et les élu-e-s au changement de loi. La ville n’a jamais répondu au document et a interdit la consommation de cannabis sur son territoire (en comparaison, il est légal de consommer à Percé, la ville voisine). Un article de Radio Canada https://ici.radio-canada.ca/…/rassemblement…

24 octobre : Première assemblée générale du Réseau Libertaire Brume Noire. L’objectif de la rencontre est de définir nos propres méthodes organisationnelles. Il en est conclu qu’une assemblée par saison serait propice en plus des rencontres spontanées pour assurer une constance dans les projets et soutiens du réseau. 

10 novembre : Contingent anticapitaliste à la manifestation de la Planète s’invite au parlement. 

16 novembre : Des membres du réseau vont supporter le piquet de grève à la SAQ de Gaspé avec du thé, de la musique et des pamphlets. 

22 novembre : Atelier d’éducation populaire sur l’anarchisme vert et l’anarchisme écologique pour la semaine de sensibilisation à l’environnement du Cégep de la Gaspésie et des îles. Discussions autour de Murray Bookchin, Serge Mongeau, l’autosuffisance et plusieurs autres sujets en lien avec le socialisme libertaire et l’écologie.

17 décembre : François Legault vient faire une annonce (annonce qui devait être faite par Couillard, mais Legault vient prendre le mérite) concernant le financement de millions à l’aéroport (aéroport qui manquera de fonds pour rouler les ressources humaines une fois rénové et qui ne garantit pas encore les prix des vols réduits pour les résident-e-s). Des membres du réseau, accompagné-e-s de la Planète s’invite au parlement Gaspé et plusieurs autres citoyennes-ens, viennent faire comprendre à François qu’il n’est pas la bienvenue sur le territoire de Gespeg en perturbant la rencontre à l’hôtel Baker.

24 décembre : Campagne de sociofinancement du réseau afin de pouvoir lancer des projets d’éducation populaire sur le territoire. Une vague de solidarité autour du soi-disant Québec ainsi que dans les provinces de l’Est et jusqu’en France se fait ressentir.

2019

DIVERSITÉ DES TACTIQUES

20 janvier : Une bannière en solidarité avec le Rojava vivant la révolution à Afrin est affichée au Berceau du Canada.

27 janvier : Suite à la bannière de solidarité, un contact est effectué avec la commune internationale du Rojava. Une soirée solidaire est organisée afin de sensibiliser les gens de Gaspé à la situation du Rojava (souper thématique, projection, discussion). 

5 février : Lancement de l’étagère libre à la microbrasserie Cap Gaspé, bibliothèque anarchiste en libre consultation sur place. 

15 mars : Contingent anticapitaliste lors de la manif mondiale du climat de Gaspé organisée par Youth For Change et la Planète s’invite au parlement de Gaspé.

21 mars : Tournée ‘when the sidewalk ends’ par le rappeur micmac Q052. La tournée passera à Mont-Louis, Gaspé et Carleton dans une perspective anti-coloniale.

27 avril : Rassemblement et marche pour la semaine de la Terre au Berceau du Canada. Des tracts sont distribués (anecdote croustillante; Mégane Perry, élue régionale du Parti Québécois, vient faire un speech avec le mégaphone à l’effigie du Réseau). 

25 et 26 mai : Stand au salon du livre anarchiste de Montréal. Nous avons la chance d’être accueillis à Montréal par de nombreux-euses camarades et de faire de nombreuses rencontres qui seront précieuses pour notre entité. Nous retournerons à Gaspé la tête pleine d’idées et le coffre rempli de matériel de propagande.

Juin : Soutien au Camp de la rivière en blocage du projet pétrolier GALT en terre gaspésienne. Distribution de matériel, support aux demandes, organisations d’événements de solidarité. 

15 juin : Action de nettoyage des berges en soutien avec l’action de la municipalité. La plage de Boom defense et les secteurs locaux seront nettoyés par des membres.

5 juillet : Le réseau organise son premier match de soccer contre le racisme. Le réseau fera alors collaboration avec le Festival de l’eau, la Ville de Gaspé et des entreprises et organismes locaux, dont un syndicat de travailleurs et travailleuses, sans oublier les Premières Nations afin d’offrir une journée d’activités et un tournoi de soccer contre le racisme. 

14 juillet : Visite de camarades de Montréal de différents réseaux (IWW, MTL Antifa, Submedia) et discussion autour d’une bière à Cap Gaspé. 

27 juillet : Stand d’éducation populaire et BBQ au Festival de l’eau de Gaspé. Le festival de l’eau a pour objectif de sensibiliser la population aux réalités des Premières Nations, à l’environnement et aux luttes contre les changements climatiques

29 juillet : Célébrations spontanées pour la vente du projet GALT de CUDA pétrole à une entreprise autrichienne. Le combat n’est pas fini, mais chaque petite victoire nous fait du bien.

24 août : Un festival punk axé sur l’autosuffisance est organisé à Gaspé. Brume Noire prend en charge un stand populaire avec dépliants et livres.

4 septembre : Un des membres du réseau observe un manque en matière de sensibilisation à la consommation de drogues dans la région. Il prend donc en charge de contacter les actrices et les acteurs locaux (infirmières, travailleurs de corridors, travailleurs sociaux, organismes de sensibilisation, etc.) et organise une formation naloxone et blender. Le réseau fournit, encore à ce jour, les festivals, CLSC, infirmières, travailleurs sociaux de la région avec certains types de matériel souvent manquant (naloxone, seringue, etc.). Durant la soirée, une personne se prononce auprès du directeur de la santé publique; ‘C’est pas normal que c’est les p’tits anarchistes de Brume Noire qui fournissent Gaspé en matériel!’

PS: oui, c’est normal. On s’organise.

7 septembre : Stand au salon du livre anarchiste de Halifax. Encore de nombreux camarades, cette fois-ci dans notre secteur de l’Est et de cultures différentes. Une action de solidarité avec le Rojava, étant sous la menace Turque, est encore mise en place. Des camarades viennent nous visiter à Gaspé et sont hébergés chez un membre pendant une semaine.

14 septembre : Projection du documentaire L’amour et la révolution de Yannis Youlountas lors de ‘la grande kermesse de fin de saison’ au Pit Caribou. Le film porte sur les événements par rapports aux migrants en Grèce et les mouvements autonomes.

27 septembre : Contingent anticapitaliste pour la manifestation mondiale pour le climat. Une manif avec des discours dans des endroits-clés et avec plusieurs actions. Les forces policières et gens de Gaspé ne sont pas habitués à une telle organisation, c’était pour notre part magnifique, spécialement la bannière sur la Banque TD afin de souligner leur financement des projets pétroliers. 

21 octobre : Un membre en voyage en Bretagne rencontre le réseau UCL de Fougères aux oiseaux de la tempêtes.

2020

ADAPTATION AUX CHANGEMENTS

14 février : Une St-Valentin Queer au Mont Béchervaise est organisée par des membres du réseau afin de permettre un safespace. L’événement attire un succès et une diversité de genres et d’orientations dans le respect des valeurs LGBTQ+.

21 juin : Rassemblement à la halte routière du centre-ville de Gaspé contre le racisme en support au mouvement Black Lives Matter et aux personnes des Premières Nations tuées par la GRC au Nouveau-Brunswick. 

28 juillet : Une pétition pour conserver le droit au camping sur le territoire de Gaspé est déposée à l’assemblée municipale. Aucune réponse après 4 courriels et 3 appels. Une fois qu’un membre a pu parler au directeur de la ville, les réponses peu concluantes (consultation autour d’hiver 2020-2021 sera faite sur le site de la ville). Une action de nettoyage des berges face à l’arrivée massive de touristes salissant les plages et au débat entourant le camping gratuit est organisée par le Réseau (la plage de Douglastown est nettoyée). Des membres vont financer des conteneurs à déchets et de recyclage par dusociofinancement en ligne et les placer sur la plage. La gestion des déchets est aussi prise en charge.

25 septembre : Un rassemblement en solidarité aux Premières Nations (Moratoire pour la chasse dans la Vérendrye par le peuple Anishinabe et protection des droits de pêche par les Micmac à Halifax) est organisé à la halte routière du centre-ville de Gaspé. 

27 septembre : Lancement de l’étagère libre à la maison des jeunes de Gaspé. Suivant le même concept que celle de la microbrasserie Cap Gaspé, les jeunes ont sélectionné des sujets de sciences sociales et luttes locales et les ouvrages ont ensuite été fournis par Brume Noire. 

Octobre : Lancement des soirées solidaires. Soirées thématiques avec des luttes locales et internationales actuelles afin d’accentuer l’aide mutuelle dans le réseau (cuisines collectives, projections, art making, discussions). Une soirée pour la Brigada Autonoma et une pour le Rojava ont déjà été organisées.

Et tellement plus à suivre… tout est possible avec la volonté d’un monde meilleur. Ça commence maintenant. C’est déjà commencé. À celles et ceux qui résistent, notre solidarité du bout du monde!

SIGNATURE ET LIENS: Les membres du Réseau Libertaire Brume Noire – brumenoiregespeg@protonmail.com – page facebook

Une autre fin est entièrement spéculative : Réflexions sur l’expulsion du campement Notre-Dame

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Déc 122020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le lundi 7 décembre à 7 heures, plus de 50 personnes ont tenté de se rassembler près du campement de Notre-Dame pour soutenir les résident.e.s menacé.e.s d’expulsion par les flics ce matin-là. Ce campement a été établi l’été dernier par des personnes vivant sans abri sécuritaire. Le SPVM avait déjà établi un périmètre autour du campement et l’a défendu pour empêcher les manifestant.e.s de s’en approcher. Ainsi, la police a pu facilement évacuer les résident.e.s du campement comme prévu.

Même s’il était certainement inspirant de voir tant de gens sortir pour une telle cause, la manifestation de solidarité du matin s’est terminée de la même manière que bien des actions antifascistes à la frontière de Lacolle : les flics immobilisent la foule, puis l’empêchent d’atteindre ses objectifs. À ce stade, la seule chose qui reste à faire est de crier des injures. Ce qui était décevant et inefficace, étant donné que l’objectif de l’action de ce matin-là était d’arrêter les expulsions.    

En quoi cela aurait-il pu être différent ? Comment les personnes qui se sont présentées auraient-elles pu se comporter de manière à empêcher les flics d’expulser de force les gens de leurs abris et de la communauté qu’ils avaient créée ? Cette réflexion rappelle une autre fin possible, qui est entièrement spéculative.

Je voudrais commencer par reconnaître quelques points importants pour expliquer comment je me situe vis-à-vis de l’appel à la solidarité de lundi matin : a) alors que certain.e.s résident.e.s du camp ont exprimé leur volonté d’être relogé.e.s par le SPVM et les services sociaux, plusieurs autres ont manifesté un ardent engagement à rester sur place malgré la menace d’expulsion. Cette réflexion est une tentative d’imaginer comment des sympathisant.e.s auraient pu faciliter les conditions pour que ces résident.e.s puissent rester ; b) dans toute (ré)imagination stratégique, il n’y a jamais de certitudes, c’est pourquoi cette réflexion est une façon d’envisager des réponses futures ; c) plusieurs personnes présentes ce matin-là avaient déjà collaboré avec les résident.e.s du campement de Notre-Dame et elles ont partagé des informations critiques qui ont permis à l’action de solidarité de se concrétiser. Ces relations existantes sont cruciales pour toute réponse de solidarité ; d) je n’ai moi-même aucune relation avec les résident.e.s ou les organisateur.trice.s de ce campement.

Compte tenu de ce qui précède, j’aimerais réimaginer l’action de lundi matin sous l’angle de la dissuasion. Alors, permettez-moi de spéculer…

Début novembre, alors que le temps change, que les nuits deviennent plus froides et les jours plus courts, de nombreuses personnes de la constellation de la gauche radicale, anarchiste et autonome de Montréal se réunissent pour discuter de ce qu’il faudrait faire lorsque les résident.e.s du campement de Notre-Dame feront face à une expulsion. Ce scénario est prévisible non seulement en raison des expériences passées, mais aussi parce que ces personnes ont déjà des relations avec les gens du camp, et que la police a déjà procédé à des expulsions similaires dans d’autres parties de la ville ainsi que dans d’autres grandes villes comme Toronto. On sait qu’il y aura un périmètre de police limitant l’accès au camp dès l’aube de l’expulsion.

À force de conversations et de collaboration, les organisateur.trice.s de cette coalition de réaction rapide parviennent à une proposition à présenter aux habitant.e.s du campement : lorsque la police viendra avec sa menace d’expulsion, les partisan.e.s entreront discrètement dans le camp la veille, planteront leurs tentes et seront prêt.e.s à réagir dès l’arrivée matinale des flics, des pompiers et des services sociaux.

La réaction des résident.e.s à cette proposition est mitigée. Certain.e.s sont prêt.e.s à déménager avec le soutien des services sociaux et craignent qu’une telle action ne les empêche d’être relogé.e.s avec le peu de soutien que la Ville pourra leur offrir. D’autres résident.e.s expriment une certaine hésitation, tout en étant plutôt d’accord avec l’idée générale de rester sur place et de conserver leur communauté autonome. C’est super important pour beaucoup d’entre elles et eux, étant donné que depuis 4-5 mois, ils et elles sont nombreux.ses à avoir établi des relations de soutien au sein de ce campement. Après bien des discussions, il est décidé que cette proposition sera mise en œuvre, étant entendu qu’on n’empêchera aucun.e résident.e de recevoir le soutien offert par la Ville, tout en sachant que ce soutien sera limité, et au mieux superficiel. Tout le monde repart de cette réunion avec une idée précise de ce qui se passera si la menace d’expulsion se concrétise.

Un mois plus tard…

Vers 6 heures du matin, le 7 décembre, la première voiture de police s’arrête. Les flics pensent avoir le dessus étant donné que les actions de solidarité ont été postées sur Facebook et Twitter pour plus tard dans la matinée. Cependant, les organisateur.trice.s de l’action de nuit ont veillé à faire passer le message par des outils de communication sécurisés et par le bouche à oreille uniquement. Quarante personnes se sont présentées la veille avec des tentes, et elles sont toutes prêtes à réagir. Alors que les flics s’approchent du camp, les partisan.ne.s surgissent de leurs tentes et forment un périmètre autour de la zone centrale du camp. Ce faisant, ils et elles ont pu avertir les personnes qui se trouvent en attente à l’extérieur du campement. Une fois ces personnes informées, elles appellent plus de monde afin de renforcer les lignes autour des extrémités est et ouest du camp.

Les flics sont surpris par l’afflux de soutien ainsi que par la volonté des gens de maintenir la ligne. À 7h30, les flics sont entourés par une ligne de manifestant.e.s extérieure et intérieure et, à 8h du matin, les gens continuent d’affluer. La police évalue la situation et conclut qu’aucune action immédiate ne peut être entreprise. Bien que l’expulsion ait été évitée ce jour-là, la menace est toujours présente. L’action matinale a encouragé de nombreux.ses résident.e.s qui commencent à discuter des moyens de renforcer leur position. L’issue est encore inconnue, mais tant les résident.e.s du camp que leurs soutiens se sentent renforcé.e.s par ce premier succès.

Et bien que ce résultat ne soit que spéculatif, j’espère qu’il permettra une réflexion plus approfondie sur les moyens de passer d’une position réactionnaire de solidarité à une position qui porte en elle la possibilité de réellement dissuader les flics de faire chier le voisinage.

Vers une vie sans flic.

C.-B. : Sabotage de lignes électriques alimentant des installations de GNL — Déclaration de quelques personnes qui veulent fermer le Canada

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Déc 082020
 

Soumission anonyme à North Shore Counter-info

Nous entendons les appels à l’aide qui traversent cette fausse nation. Nous voyons les guerriers et les matriarches Wetsuweten, Secwepemc et Mohawk tenir bon contre l’État fasciste qui tente sans relâche de voler leurs terres par le biais de projets industriels subventionnés par la milice d’État. Nous voyons des guerriers et des matriarches Mikmaqs et Algonquins défendre fermement leur droit de vivre à l’abri des infrastructures de ce faux État.

Nous voyons également de la complaisance sur ces terres. Du vide des territoires qui ne sont pas contestés, nous n’entendons rien. L’hydre industrielle payée par l’État ne connaît aucune limite, aucune ligne territoriale, et pourtant celles et ceux qui n’ont pas été physiquement confronté.e.s à cette bête continuent de se taire. Nous constatons cette passivité militante aussi bien de la part des “allié.e.s” que des “complices”, et c’est pourquoi nous avons décidé d’agir en conséquence.

Il y a quelques nuits, pendant la soi-disant semaine d’action, dans un endroit isolé, quelque part entre Prince George et Prince Rupert, nous avons pris quelques boulons et coupé les haubans d’un pylône de ligne électrique à haute tension. La ligne en question va directement de Fort St. John à Kitimat, et distribuera efficacement l’électricité du barrage du site C à l’installation LNG Canada quand les deux seront terminés.

Nous considérons qu’il s’agit là de points d’attaque critiques, car les deux installations sont encore en phase de construction. Ce n’est ni la première ni la dernière fois que vous entendrez parler de nous, et nous ne cesserons d’agir tant que toute l’industrie pétrolière et gazière qui décime les terres sur lesquelles nous et nos camarades vivons et dont nous sommes originaires – une industrie entièrement construite sur le dos des populations autochtones de l’île de la Tortue – ne se sera pas effondrée à la base. La prochaine grande tempête verra s’effondrer cette représentation monolithique de tout ce que nous visons à détruire.

Nous sentons que le vent du changement commence à souffler, et nous espérons que celles et ceux qui liront ceci feront tout leur possible pour aider les éléments à faire tomber tout ce qui les entoure.

C.-B. : Des actions directes empêchent Coastal GasLink de forer sous la rivière Wedzin Kwa

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Déc 082020
 

À l’écart des projecteurs médiatiques, la lutte continue sur le terrain pour protéger le territoire Wet’suwet’en face à Coastal GasLink et la GRC. Nous avons traduit le communiqué suivant, ainsi que celui-ci, en espérant qu’ils rechauffent les esprits dans ce coin du soi-disant Canada.

Soumission anonyme à North Shore Counter-info

La résistance est une pratique vivante qui s’étend à travers le temps et l’espace. Des toiles entrelacées connectent les peuples et les communautés – propageant le feu d’un endroit à l’autre. Dans ses formes les plus subversives, la résistance échappera à la capture de la rationalisation ou de la quantification. Les tentatives de relayer ce qui se passe dans un endroit spécifique seront au mieux des histoires incomplètes, biaisées par les jugements de celui ou celle qui les raconte.

Ce qui suit est une histoire de moments de résistance récents contre la construction du gazoduc Coastal GasLink. Ceci n’est qu’une histoire et ne tente pas de parler au nom de la grande variété d’individus impliqués dans cette lutte. Nous partageons ces histoires afin d’ajouter du carburant pour alimenter le feu. Nous espérons que cette contribution avive les flammes et aide à ce qu’un jour, les entrepreneurs impliqués dans la construction du projet soient poussés à y mettre un terme. Pour en savoir plus sur les entrepreneurs impliqués, consultez seedsofresistance.noblogs.org

Au début de novembre, le pré-forage sous la Wedzin Kwa (rivière Morice) devait commencer. Alors que les travailleurs de CGL se préparaient à construire les plates-formes de forage, ils ont été harcelés, des drapeaux d’arpentage ont été arrachés et un barrage de deux kilomètres a été construit sur la route. Des dizaines d’arbres y ont été abattus, des barricades y ont été érigées, des fils barbelés ont été enfilés partout et une tranchée y a été creusée. Une fois que les plates-formes ont été construites et que la foreuse est arrivé sur place, un arbre est tombé sur la foreuse, ce qui a entraîné le retrait de la machine du territoire.

En même temps, des chantiers ont été détruits et une cache de chasseur ou une plateforme dans un arbre est occupé dans cette zone. Avec des températures sous zéro, occuper des arbres n’est pas facile à long terme – une occupation d’arbre fortifiée à 40 pieds de haut entourée de barricades est un défi. De plus, pour bloquer l’accès au site du projet, des barricades ont été érigées et enflammées avec des bannières au sommet qui disaient: Shut down Canada, Solidarité avec Six Nations, les pêcheurs Mi’kmaqi et les défenseurs des terres de Secwepemc.

Plus récemment, 3 à 4 kilomètres de barricades en bois ont été construites, empêchant les travailleurs d’accéder au site pendant des jours. Pour rendre les choses plus difficiles, de la machinerie lourde a été utilisée pour creuser la route et détruire un pont.

Un jour, nous espérons nous retrouver assis.e.s entre ami.e.s et proches à nous reposer et à nous réchauffer les mains autour d’un grand feu. Un feu constitué de tous les projets qui détruisent la terre et celles et ceux à qui on tient – deux choses que nous savons inséparables. Jusqu’à ce que ce jour arrive, nous continuerons d’allumer des petites flammes même si elles nous gardent seulement au chaud pour la nuit. Nous espérons que la chaleur de ces braises vous rejoindra et réchauffera votre cœur.

Sabotage ferroviaire contre le Canada

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Déc 072020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Cette île est sillonnée de voies ferrées : ce sont des artères qui permettent la circulation des capitaux à travers le continent, des conduits pour le transport du bitume et d’autres produits d’exploitation des ressources, de colonisation et de mort. Les rails ont toujours été l’instrument de l’expansion coloniale. Dans tous ces territoires, les premiers chemins de fer ont déplacé les peuples autochtones, transporté les troupes qui ont réprimé les soulèvements et cimenté l’identité nationale d’un État colonisateur naissant.

L’hiver dernier, en réponse à l’incursion de la police en territoire Wet’suwet’en et à l’arrestation de défenseurs de la terre, il y a eu des blocages de voies ferrées à travers tout le soi-disant Canada. L’année suivante, cet État colonisateur avide de ressources a poursuivi ses attaques contre les peuples autochtones. Des territoires Wet’suwet’en et Secwepmeculew à l’ouest, aux territoires Six Nations et Algonquins plus près de nous, en passant par les Mi’kma’ki à l’est, les peuples autochtones ont été victimes d’un assaut de répression de la part de la police, des tenants de la suprématie blanche et d’autres colons violents.

Suite aux récents appels à fermer le Canada (Shutdown Canada), et pour une semaine de solidarité avec les luttes territoriales des autochtones, nous avons décidé d’agir contre les rails. À l’aube du lundi 30 novembre, plusieurs groupes autonomes ont interrompu la circulation des trains sur l’île de Montréal. Nous avons utilisé des câbles de démarrage pour imiter le passage des trains de marchandises, bloquant ainsi le réseau ferroviaire à plusieurs points de jonction clés. Au début d’une nouvelle semaine de travail, nous espérons que nos actions auront au moins mis un obstacle à la progression ordonnée de l’économie coloniale.

Avec tout notre amour à tou.te.s celles et ceux qui se battent pour défendre la terre contre le Canada.

— Des anarchistes

Expérimentations et perturbation solidaire d’un chemin de fer de Canadian Pacific et de l’AMT

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Déc 072020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Tôt dans la soirée de vendredi le 27 novembre à Tio’tia:ke/Montreal, la circulation des trains du Canadian Pacific (marchandises) et de l’AMT (trains de banlieue) a été interrompue en réponse à l’appel à une semaine d’action Coast to Coast* contre l’invasion violente continue de territoires Autochtones non-cédés par des forces de police coloniale militarisée.

Un fil de cuivre épais (environ l’épaisseur d’un crayon de bois) long de 4m a été enroulé très serré entre et autour (deux fois par rail, juste pour être certainEs) des rails de manière à compléter un circuit qui imite la présence d’un train, bloquant temporairement cette section de la voie ferrée jusqu’à ce qu’une équipe d’entretien soit appelée, le fil trouvé, les rails inspectés, etc. L’activation des lumières de signalisation au loin, d’un côté et de l’autre du point d’obstruction, nous a permis de confirmer le succès de la technique. Toutefois, les barrières de la traverse routière ne sont pas tombées pour bloquer le trafic routier comme prévu. Notre compréhension actuelle de la chose est que compte tenu de la direction du prochain passage planifié, l’obstruction créée a probablement été comprise par leur système comme étant un train ayant déjà passé la traverse routière. Il reste aussi a déterminer si cela aurait fonctionné sur une portion plus isolée du chemin de fer, loin d’infrastructures électriques où le courant électrique sur les rails est plus faible.

Plus d’expérimentation – et le partage des découvertes – est certainement nécessaire, mais nous croyons que cette méthode est rapide et assez simple pour être reproduite sans trop d’expertise ou de pratique. De plus, la répression policière est plutôt difficile considérant l’ampleur du réseau ferroviaire à l’intérieur et à l’extérieur des villes. Assurez-vous de planifier le tout avec le même niveau de sécurité que n’importe quelle action similaire. La préparation et les discussions devraient se limiter aux personnes impliquéEs et avoir lieu loin de téléphones et d’autres objets électroniques équipés de microphones et de systèmes de géolocalisation. Assurez-vous aussi qu’il n’y a aucune façon de vous identifier pendant vos recherches (par l’utilisation de Tor Browser ou d’un VPN pour la navigation en ligne), votre acquisition du matériel nécessaire, votre fuite et finalement la diffusion de l’action si nécessaire. Gardez en tête les caméras, les empreintes digitales, l’ADN, les empreintes de pas, et les risques spécifiques au contexte (p.-ex. le courant électrique, la police, les chutes) en tout temps avant, pendant, et après l’action.

Comme nous avons vu maintes et maintes fois, le seul langage compris par l’état colonial est celui de la perturbation de la circulation des biens, de la main d’œuvre, et du capital. L’hiver dernier, les défenseurEs des terres Autochtones et leur complices allochtones ont démontré que le projet colonial canadien n’est autre que quelques centres de population liés à des puis extractivistes par des infrastructures de transport vulnérables. Les lois coloniales sont illégitimes en territoire Autochtone et seront toujours ignorées dans le combat contre le génocide des Premiers peuples.

Semer la résistance : une nouvelle ressource pour la défense des territoires

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Déc 072020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Alors que le monde s’effondre autour de nous, plus que jamais, nous nous tournons vers la terre.

Ce site est conçu comme une ressource pour résister aux pipelines et autres projets d’exploitation industrielle. Il regorge d’idées et d’actions à mettre en œuvre lorsque les processus ont échoué, que les permis ont été accordés et qu’il ne reste plus que nous-mêmes pour protéger la terre.

Visitez https://seedsofresistance.noblogs.org/ (avec TOR ou un combo VPN/navigateur sûr !) et trouvez toutes les sources d’inspiration de vous cherchiez pour passer à l’action !

Hamilton : La statue de John A MacDonald repeint en rouge

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Nov 192020
 

Soumission anonyme à North Shore Counter-info

Le 9 novembre tôt le matin, nous étions quelques-uns à profiter de l’obscurité pour rendre visite à John A MacDonald dans le parc Gore, au centre de Hamilton. Notre extincteur chargé de peinture, nous l’avons repeint en rouge pour symboliser son héritage sanglant. Ce geste est en solidarité avec les défenseurs de la terre de 1492 Land Back Lane, nos voisins de Six Nations, qui font face à une violence policière intense dans leurs efforts de défendre leurs terres d’un énième projet d’expansion urbaine banal.

Nique John A et nique le Canada, son projet arrogant et génocidaire. Un raciste même selon les valeurs de l’époque, il a renforcé la relation coloniale pour assurer que le vol de terres autochtones continuerait. Nique tous les premiers ministres jusqu’à ce jour, y inclus Justin Trudeau ainsi que ses paroles creuses sur la réconciliation. De nouveau l’État refuse de respecter la souveraineté de n’importe quelle nation en refusant toute négociation directe avec les défenseurs de la terre. Et nique la OPP. ACAB.

C’est le moment de prendre au sérieux les autochtones partout qui disent LAND BACK, rendre les terres. Il faut appuyer les autochtones près de chez vous, que ce soit les pêcheurs Mi’kmaq qui luttent sur la côte est pour pouvoir pêcher ou bien les Tiny House Warriors sur la côte ouest qui résistent le pipeline Trans Mountain. Chaque fois qu’on délégitime les symboles de l’État et ses infrastructures, on fragilise sa posture de pérennité. Tout ce qui est construit peut être détruit, tout comme les rues autour de Land Back Lane.

La leçon de cette action : les extincteurs remplis de peinture sont rapides, silencieux et efficaces. Voici un guide pour comment les remplir (assurez-vous d’utiliser Tor pour le consulter).

Retour sur le blocage ferroviaire contre le projet de GNL Québec

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Nov 072020
 

Du Collectif Emma Goldman

Jeudi dernier, le 5 novembre, des opposants et opposantes au projet de GNL Québec ont décidé d’émettre un autre avertissement aux promoteurs et aux actionnaires qui salivent déjà à l’idée d’engranger les millions en profit une fois que le gazoduc et l’usine seront mis en fonction. Cette fois, la mise en garde se voulait un peu plus percutante. Après tout, ces gens comprennent seulement le langage du profit et de l’argent, donc c’est à ce niveau qu’il faut attaquer. Pour ce faire, des défenseurs de la Terre du peuple Innu ainsi que leurs allié-e-s ont bloqué pendant près d’une heure la voie ferrée Roberval-Saguenay, obligeant le Canadien National (CN) à suspendre ses opérations [1].

Même si l’action visait plus précisément GNL Québec, il est important de rappeler que c’est ce chemin de fer, dont la portion qui fut bloquée hier près du boulevard Talbot à Chicoutimi, que Métaux BlackRock veut utiliser pour transporter son minerai des environs de Chibougamau vers le port de Grande-Anse à La Baie. Le message de l’action est clair : il n’y aura pas de projets extractivistes sur le territoire non-cédé du Nitassinan. Le saccage du territoire et de la vie qui s’y trouve n’est pas une option, même si les promoteurs font miroiter des billets verts et une poignée d’emplois en retour. Tant et aussi longtemps que le projet de GNL Québec n’est pas annulé, les actions comme celle-ci vont se multiplier et augmenter en intensité.

Malgré la suspension des opérations, la mobilisation de plusieurs policiers dont 6 autopatrouilles et des employés du CN, l’action avait une forte saveur symbolique. D’autant plus que les chemins de fer ont été un outil utilisé par le gouvernement colonial canadien pour étendre son emprise sur tout le territoire qui deviendra le soi-disant Canada, engendrant ainsi le génocide des Premiers peuples.

Le premier avertissement est donné, la suite viendra.

[1] Le chemin de fer Roberval-Saguenay appartient à Rio Tinto, mais le Canadien National utilise une partie du réseau, entre autres entre Jonquière et La Baie.

Anciens mythes, nouveaux peuples: Les « métis de l’est » et l’effacement des autochtones

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Oct 312020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Un zine de Sabordage Distro, 2020
Traduit de l’anglais par Mille Batailles

*Avis aux lecteurs·rices : Le texte suivant est une compilation d’extraits que les auteures ont reliés par un récit de leur cru. Les extraits issus d’ouvrages externes sont en italique. Le nom de l’auteur se trouve à la fin de l’extrait. 1

1 NdT : Toutes les citations sont traduites de l’anglais par les traductrices de ce zine, à l’exception de celle de Said (1993), qui est de Paul Chemla.

L’ère de réconciliation menée par l’État de Justin Trudeau cherche désespérément à se perpétuer. En se désagrégeant, elle dévoile (une fois de plus) une réalité crue : de nombreux·ses colon·es blanc·hes veulent désespérément se trouver du bon côté de l’histoire. Pour ce faire, ces personnes recueillent et racontent des histoires à propos de la grande différence entre la situation « présente » et celle du « passé ». Parmi ces histoires, on compte aujourd’hui et depuis toujours la vision romancée d’une réconciliation menée par l’État.

La réconciliation – en tant que terme – signifie la résolution d’un conflit, le retour au stade de relations amicales. Ce terme peut aussi signifier l’alignement de deux positions différentes afin de les rendre compatibles. […] Alors comment l’État canadien et les peuples autochtones peuvent-ils se réconcilier ? Ils ne peuvent certainement pas revenir à un stade de relations amicales, car ce stade n’a jamais existé. La réconciliation ne peut donc que signifier une élimination du conflit par l’enchevêtrement des communautés autochtones et allochtones […]rendant compatibles deux positions conflictuelles. Cela signifie l’assimilation des peuples autochtones, par la promesse d’une égalité économique au sein du Canada offerte en échange de leur renonciation à leurs revendications de souveraineté. Et cela signifie que les Canadien.nes peuvent engloutir les idées et les symboles autochtones dans leurs propres histoires colonisatrices, dans leur propre canadiana. Voici la seule voie possible sous l’État canadien.

(Tawinikay, 2018)

La fabrication de cette compatibilité grâce au cadre de la réconciliation ne constitue qu’une des multiples tentatives étatiques d’effacer le passé tout comme le présent des peuples autochtones et de faire disparaître le problème permanent qu’ils représentent pour la légitimité de l’État canadien, pour le mythe fondateur de la Confédération et pour les revendications territoriales colones sur le territoire qu’il tente de gouverner. L’effacement des autochtones est un moyen mis en oeuvre pour assurer un avenir au colonialisme de peuplement.

Ce texte s’attarde principalement à la manière dont les personnes blanches contribuent aux tentatives étatiques d’engloutissement et de consommation des cultures autochtones en forgeant des récits qui les transforment en personnes autochtones. Nous faisons ici référence à la tendance grandissante à l’auto- autochtonisation ou, comme de nombreuses personnes le nomment, au transfert de race 2 – processus selon lequel une personne blanche se réinvente en personne autochtone, en utilisant souvent cette revendication identitaire pour miner les luttes d’auto-détermination des peuples autochtones eux- mêmes.

2 NdT : L ‘usage de raceshifting est plus commun en anglais que celui de « transfert de race » l’est en français.

Particulièrement au « Québec » et dans les provinces de l’est, nous constatons l’auto-autochtonisation d’un grand nombre de colon·es blanc·hes, souvent à travers le système judiciaire colonial. Les personnes blanches s’étant auto-autochtonisée se rassemblent la plupart du temps sous le terme « métis 3 de l’est ». Elles forment ainsi une grande variété de fausses « nations » à travers lesquelles faire pression sur le gouvernement pour en obtenir la reconnaissance et des gains économiques. Ces revendications identitaires se rendent fréquemment en cour lorsque des individus ou des groupes cherchent à obtenir des droits de pêche ou de chasse ou lorsqu’il s’agit de combattre des revendications territoriales faites par des groupes autochtones. Bien que ces personnes blanches aient pour la plupart échoué à prouver leur statut autochtone, même d’après les exigences légales canadiennes, ces revendications indiquent les manières dont la blanchité continue à être utilisée pour effacer les autochtones. Nous aborderons en détails certains exemples de ce phénomène plus loin dans ce texte.

3 NdT : Tout comme Darryl Leroux dans son article « Le révisionnisme historique et la création des métis de l’est, la mythologie du métissage au Québec et en Nouvelle-Écosse » dans Politique et sociétés, nous avons choisi d’utiliser la lettre majuscule pour distinguer la communauté Métis historique des revendications métisses qui ne sont pas liées aux peuples Métis, pour lesquelles nous utiliserons la minuscule. Comme Leroux l’indique, « nous faisons cette distinction pour bien tracer notre argument principal ».

Ce zine réunit plusieurs longs extraits de textes s’attardant aux compréhensions actuelles théoriques et pratiques du phénomène d’auto-autochtonisation au « Québec » et dans l’est du « Canada ». Ce texte n’a ni l’intention de prendre position quant aux politiques d’appartenance des différentes nations autochtones ni de décider du statut des personnes autochtones ayant été déconnectées de leurs familles, de leurs communautés et de leurs cultures par la violence coloniale. Nous sommes simplement préoccupées par le fait que des personnes blanches, des familles blanches et des communautés blanches tentent de bâtir une force politique au détriment des personnes autochtones pour revendiquer des terres, des droits de pêche et de chasse et d’autres gains matériels. Notre objectif consiste à nous doter, nous- mêmes ainsi que nos communautés, des informations nécessaires pour de contrer cette force.

Nous ne sommes pas intéressées à alimenter la légitimité des cadres légaux étatiques visant à déterminer le statut ou l’appartenance des personnes autochtones à une communauté. Au contraire, nous tenons à répéter ce qu’affirment certaines personnes autochtones lorsqu’elles dénoncent le transfert de race : l’appartenance à une communauté est déterminée par la parenté et cette communauté devrait pouvoir déterminer qui en fait partie, non pas l’État ni une organisation de personnes blanches. Nous comprenons que la législation canadienne complique et brouille le terrain de la lutte anti- coloniale. Elle est à la fois un des mécanismes principaux employés par l’État colonial pour tenter de contrôler les personnes autochtones et un mécanisme vers lequel nombreuses d’entre elles doivent se tourner pour combattre l’État et le capitalisme. Par ses tentatives de freiner la résistance et d’en créer les conditions avec ses lois et sa surveillance, l’État renforce son récit selon lequel il serait une entité politique et légale légitime. Cela masque ce qui demeure la réalité ainsi que la plus profonde angoisse de la société et de l’État coloniaux, celle de n’être à jamais qu’une force d’occupation étrangère.

Nous écrivons ce texte en 2020, au moment où les territoires occupés par le soi-disant Canada ont vu déferler des vagues de perturbation économique en réponse au raid de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) sur les défenseur·es de la terre Wet’suwet’en qui protègent la Yintah contre les tentatives répétées de construction du gazoduc de Coastal GasLink. Les blocages de train, de port et de route menés par des communautés autochtones (incluant notamment des défenseur·es de la terre Gitxsan, Kanien’keha:ka et Mik’maq), appuyés par d’autres actions menées autant par des sympathisant·es autochtones qu’allochtones, ont alimenté et actualisé une vision de la lutte anti- coloniale qui va au-delà des promesses de réconciliation de l’État. De plus, nous écrivons ce texte au moment où la covid-19 a mis elle aussi, mais d’une autre manière, un frein au Canada et à son économie. Pourtant, dans le nord de la Colombie-Britannique, les camps de travailleurs se maintiennent et à travers tout le continent de nombreux projets d’extraction se poursuivent. Une fois de plus, en réponse à l’État, nous voyons apparaître des blocages et brûler des injonctions. Si nous choisissons de nous positionner de la façon dont nous le faisons dans ce texte, c’est que nous désirons lutter avec les défenseur·es de la terre et les protecteur·trices de l’eau autochtones et que cette vague d’auto- autochtonisation est non seulement en tension avec ces dernier·es, mais qu’elle a été et continuera d’être ouvertement en conflit avec eux et elles.

Les auteures de ce zine sont des colones anarchistes blanches en lutte contre l’État canadien et l’idéologie du colonialisme de peuplement 4 . L’une de nous est de descendance Métis de la Rivière Rouge et canadienne-française (et d’autres descendances européennes). En grandissant, elle a parfois entendu des histoires affirmant une même autochtonie (ou absence d’autochtonie) au sujet de ces deux ascendances. L’autre auteure a grandi dans un ménage majoritairement blanc et euro-américain. Dans cette famille, on ne racontait rien du peuple (Ojibwe) dont on habitait le territoire ni de la manière dont on se rapportait à l’histoire de ce territoire ou à son peuple.

4 NdT : settlerism

Dans une autre version de l’histoire de nos vies, les embarcations coloniales ayant emmené les colon·es depuis l’Europe auraient coulé. Dans ces autres temps, nos écrits ne seraient peut-être pas nécessaires. Mais nous avons hérité d’une autre version du monde. Nous devons donc prendre part à la conversation concernant le transfert de race et la manière dont il accélère l’effacement des autochtones. L’auto- autochtonisation est un phénomène intimement lié aux désirs d’appartenance de la suprématie blanche, appartenance nécessitant le déplacement de ceux et celles qui sont perçu·es comme des obstacles à ce désir ainsi que la création de mythes à propos de liens ancestraux aux territoires sur lesquels on se trouve. Tuck et Yang (2012) décrivent ces processus relationnels et émotionnels comme un « mécanisme de déculpabilisation colonial 5 ». Comprendre les narratifs d’auto-autochtonisation comme des coups joués dans une partie où l’innocence est en jeu permet de construire un cadre pour adresser et rejeter l’angoisse profondément coloniale des colon·es blanc·hes alimentant ces gestes et ces fantasmes d’auto-autochtonisation. Une pratique intégrale au transfert de race consiste à raconter des histoires et, plus spécifiquement, des histoires à propos d’ancêtres autochtones éloigné·es que les personnes blanches se créent pour légitimer leur processus d’auto-autochtonisation. King (2003) écrit « Les histoires sont des choses merveilleuses. Et elles sont dangereuses […] Puisqu’une fois une histoire racontée, on ne peut la reprendre. Une fois racontée, elle est en liberté dans le monde ».

5 NdT : settler move to innocence

Le « métis de l’est »

La longue histoire du phénomène d’auto-autochtonisation au « Canada » est intimement liée au vieux projet canadien, toujours d’actualité, visant à effacer les peuples autochtones à travers le peuplement colonial et l’extraction de ressources au profit de l’expansion capitaliste. Au Canada, une des manières les plus répandues pour les personnes blanches de s’auto-autochtoniser consiste à revendiquer l’identité de « métis de l’est ». Dans le contexte des métis de l’est, l’auto-autochtonisation réfère à « l’usage tactique d’ancêtres lointain·es pour réinventer une identité “métis” […] Ces “nouveaux métis” profitent de la confusion chez les colon·es par rapport aux formes d’autochtonité qui reposent sur la parenté et l’appartenance pour trouver de la légitimité » (Leroux & Gaudry, 2017).

Il s’agit le plus souvent de colon·es blanc·hes de descendance française qui fouillent leur arbre généalogique à la recherche d’ancêtres autochtones lointain·es et isolé·es pour s’identifier comme « métis de l’est ». Nous présenterons plus loin dans ce zine différents cas tirés du phénomène des métis de l’est et des histoires de différents groupes menant l’initiative. Mais nous souhaitons d’abord offrir une idée de l’ampleur de la situation.

Selon les statistiques du recensement canadien, entre 1991 et 2016 le nombre de personnes s’identifiant comme métis dans l’Est du Canada a massivement augmenté. En 1991, 8 690 personnes s’identifiaient comme métis au Québec comparé à 69 360 en 2016 – une augmentation totale de 698%. Les provinces de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick, où résident un grand nombre de colon·es de descendance française, ont vu une augmentation plus drastique encore, soit de 10 000% sur la même période. Dans l’est du Canada, plus de 70 organisations représentent ces nouveaux métis et c’est sans compter les organisations à vocation similaire qu’on retrouve au Maine, au Vermont et au New- Hampshire (source : https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/171025/dq171025a-eng.htm ).

L’augmentation du nombre de communautés « métis » au Québec : ce n’est qu’un début ?

Paraphrase du site https://www.raceshifting.com

Au Québec, les recherches démographiques démontrent qu’une majorité significative des gens descendant des colon·es français·es établi·es au XVIIe siècle ont au moins un·e ancêtre autochtone, soit vraisemblablement l’une des treize femmes autochtones ayant marié un colon avant 1680 (Leroux, 2018; voir aussi Beauregard 1993). Puisque le nombre de colon ·e s français ·es au début de la colonisation était assez bas et qu’il y avait un taux élevé de mariages entre Canadiens-Français jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, un grand segment de la population québécoise et canadienne-française est susceptible d’avoir plusieurs ancêtres autochtones. Ceci étant dit, le fait d’avoir un, deux, trois ou même cinq ancêtres autochtones datant d’il y a plus de dix générations ne représente qu’entre 0,1% et 1% des ancêtres d’une personne (voir Charbonneau et al. 1990; Vézina et al. 2012). Une recherche du même ordre menée principalement par des chercheur ·se s québécois ·es francophones suggère fortement que les populations de descendance française sont aujourd’hui plus susceptibles d’avoir un bien plus grand nombre d’ancêtres d’origine anglaise ou d’une autre ethnie européenne (allemande, belge) que d’origine autochtone (Leroux, 2018; voir aussi Desjardins 2008).

Les mythes du transfert de race

La mémoire individuelle et collective est portée de génération en génération par les histoires qu’on raconte. Elles lient intimement les êtres aux lieux, aux régions et aux territoires. Raconter des histoires peut contribuer à préserver et à affirmer la souveraineté de certaines personnes sur un territoire et/ou leur appartenance à une communauté. Au fil du temps, grâce à la transmission et à l’intégration de leurs histoires, les luttes pour l’autonomie et de libération de l’État colonial des personnes autochtones gagnent en puissance. Des luttes sont menées de génération en génération, se déployant par leur mise en récit, racontées, encore et encore, à travers les décennies et les siècles. Lorsqu’on observe le cas des métis de l’est, on constate cependant que les histoires racontées sont utilisées pour effacer la complicité, autant actuelle qu’historique, des personnes blanches avec les processus du colonialisme de peuplement. Cet effacement est rendu possible par une mise en récit qui repose sur des tests d’ADN, des mythologies familiales et des tableaux généalogiques auxquels la législation coloniale accorde une légitimité. Les démarches d’auto-autochtonisation d’une personnesblanche peuvent être suscitées par le fait de sentir son accès à la terre menacé (pour des raisons réelles ou imaginaires) ou bien par l’influence d’un mouvement d’auto-autochtonisationnaissant . Elle a alors accès à des infrastructures (tests d’ADN, organisation des métis de l’est, forums généalogiques et autres ressources conçues spécifiquement pour la recherche d’ancêtres autochtones) lui permettant de se trouver des ancêtres autochtones éloigné ·e s qui peuvent remonter à aussi loin qu’au XVIIe siècle ou à plus de dix générations. Munie de cette supposée preuve de sonautochtonité,la personne blanche peut alors rechercher d’autres personnes avec qui renforcer cette nouvelle identité, avec qui partager des histoires légitimant leurs revendications territoriales, ce qui établit ainsi des conditions favorables pour que d’autres suivent le même chemin.

Said (1993), adressant la relation entre les récits, le pouvoir, la terre et l’impérialisme, écrit :

Dans l’impérialisme, l’enjeu suprême de l’affrontement est évidemment la terre ; mais, quand il s’est agi de savoir à qui elle appartenait, qui avait le droit de s’y installer et d’y travailler, qui l’entretenait, qui l’a reconquise et qui aujourd’hui prépare son avenir, ces problèmes ont été transposés, débattus et même un instant tranchés dans le récit. […] Le pouvoir de raconter ou d’empêcher d’autres récits de prendre forme et d’apparaître est la plus haute importance pour la culture comme pour l’impérialisme, et constitue l’un des grands liens entre les deux.

La plupart des colon·es éprouvent une angoisse existentielle à l’idée de ne pas être originaires de la terre qu’ils et elles habitent. On peut la voir se manifester dans leur manière compulsive de chercher à légitimer leur présence en tant qu’envahisseurs/force d’occupation. Lorsqu’elles ressentent cette angoisse propre au colonialisme de peuplement, de nombreuses personnes blanches cherchent des histoires qui puissent l’alléger, des histoires qui ouvrent un chemin vers l’appartenance. Chez d’autres, on crée des histoires pour essayer de tirer un profit économique de l’exploitation du territoire – pour continuer à profiter de son exploitation en tant que colon·es. Lorsque des personnes blanches s’auto- autochtonisent ou effectuent un transfert de race, leurs actions, leurs attitudes et leurs histoires contribuent aux tentatives de négation et de remplacement des modes de vie politiques et culturels des Métis, des Premières Nations et des peuples Inuits à travers les territoires connus aujourd’hui sous le nom d’Amérique du Nord.

Tuck et Yang (2012) soutiennent qu’« il est difficile pour les colon·es d’accepter le fait qu’ils et elles bénéficient directement ou indirectement de l’effacement et de l’assimilation des peuples autochtones. Le poids de cette réalité est inconfortable ; la misère associée au sentiment de culpabilité les pousse à chercher une forme de répit, quelle qu’elle soit ».Deloria (1998) affirme : « L’identité américaine a un caractère indéterminé en partie à cause de l’incapacité de la nation à faire face aux peuples indiens.Les Américains voulaient ressentir une affinité naturelle avec le continent, et seuls les Indiens pouvaient leur enseigner une telle intimité aborigène. Cependant, pour asseoir leur contrôle sur les territoires il leur a été nécessaire de détruire les premiers habitants ».

Le récit intrinsèque à l’auto-autochtonisation poursuit le processus de déplacement et d’effacement entamé par les premiers colonisateurs à leur arrivée sur l’île de la Tortue. Les colon·es sont ceux et celles qui proviennent d’un autre territoire,qui viennent supplanter les lois et les épistémologies autochtones, faisant leur propre loi etimposant leurs mythes d’origine sur une région donnée. Comme King (2003) le suggère, « vous devez faire attention aux histoires que vous racontez. Et vous devez faire attention aux histoires qu’on vous raconte ». L’auto-autochtonisation en cours dans l’Est du Canada trouve appui dans les histoires racontées par des colon·es qui cherchent à refaire l’histoire et à y assurer l’avenir de l’État colonial. Il est donc primordial que nous développions notre capacité à détecter ces histoires et à rendre visible leur fonctionnement afin de désarmer leurs défenseur·es et de défier l’auto-autochtonisation colone lorsqu’elle apparaît dans le contexte de lutte contre l’État et le colonialisme de peuplement.

Tuck et Yang (2012) écrivent : « dans une société de peuplement colonial, tout fait pression pour détruire ou assimiler l’Autochtone afin de le faire disparaître du territoire – voilà comment une société arrive à tenir en simultané différents propos contradictoires sur les personnes autochtones, comme de dire que tous·tes les Indien·nes sont mort·es, qu’ils et elles vivent dans des réserves lointaines, quetoutes les personnes autochtones de nos jours sont moins autochtones que les générations précédentes ou que tous les Américains sont un “petit peu Indiens” ». Bien que leurs propos se situent dans le contexte des soit-disant États-Unis, des parallèles significatifs peuvent être tracés avec les impulsions et les désirs colons qui existent aux soi-disant Québec et Canada, desquels il est important d’examiner les histoires spécifiques.

Pourquoi les « métis » de l’est, pourquoi au Québec et dans l’est du Canada?

Ce n’est pas un hasard si de nombreuses personnes blanches qui s’auto-autochtonisent revendiquent une appartenance à la nation Métis. Les mouvements des métis de l’est capitalisent sur la méconnaissance du métissage et ce faisant l’empirent. On suppose souvent à tort que les personnes Métis, ce peuple autochtone né suite au contact européen, sont Métis parce qu’elles sont issues d’un « mélange », et qu’elles sont ainsi moins autochtones que les Premières Nations ou les Inuits. En français, le terme « métis » signifie littéralement « mélangé » et on l’emploie pour référer aux personnes de « races mélangées », ce qui complique d’avantage la situation.

Leroux (2019) explique l’histoire de cette confusion linguistique dans son livre Distorted Descent, p. 4- 6 :

L’idée de métissage a une origine spécifique dans la pensée française et la pratique linguistique […]. Selon Pierre Boulle, le terme « race » a été introduit dans l’usage français à la fin du quinzième siècle et était probablement un emprunt à l’italien « razza ». « On a d’abord associé le terme à l’idée de lignée, » soutient Boulle, « plutôt qu’à des critères physiques déterminés permettant de différencier de vastes regroupements humains. » Selon Boulle, durant la majorité de son premier siècle en circulation, le terme n’était pas neutre puisqu’il faisait référence à un caractère ou des traits innés, particulièrement ceux qu’on associait à l’aristocratie. L’historien Guillaume Aubert approuve Boulle, expliquant que dès la deuxième moitié du seizième siècle, « le terme “race” a commencé à être utilisé de manière interchangeable avec “sang” pour exprimer l’idée de “famille” ou de “lignée” » en France métropolitaine.” Selon Aubert, la principale motivation du développement de ce concept était de réguler les mésalliances ou les mariages entre personnes de différents rangs sociaux. Aubert explique d’ailleurs que « selon l’idéologie de l’aristocratie française du début de la modernité, la conséquence la plus horrible [de ces mariages] retombait sur les enfants engendrés. La majorité des textes français de cette période réfère à ces enfants avec le terme “métis”, qu’on définit dans les textes de l’époque comme étant le mélange de deux ” espèces ” différentes. En d’autres termes, dans la France métropolitaine, le terme “métis” était d’abord un terme péjoratif marquant les frontières de la déviance sociale et politique à partir de lignes ayant une ressemblance avec les notions présentes de “classe” et de “race”».

En 1684, le physicien et intellectuel français François Bernier a devancé ses contemporains européens de quelques décennies en proposant une approche complètement différente pour comprendre les « races », une approche basée principalement sur des caractéristiques physiques. L’historien Siep Stuurman conçoit l’œuvre de Bernier comme « la première tentative de classification raciale de la population mondiale, classification préfigurant d’un sièclecertaines compréhensions anthropologiques ». […]

De nos jours, les francophones utilisent principalement le terme « métis » en concordance avec l’héritage de Bernier au dix-septième siècle, comprenant les « races » humaines à un niveau biologique. En ce sens, « métis » ressemble à l’anglais « mixed-race », bien qu’au Canada le terme « métis » soit utilisé plus communément par les francophones que celui de « mixed-race » chez les anglophones. […]

Malgré la complexité des origines du terme « métis » dans la marmite coloniale, si, en français, on l’utilisait de manière limitée en parallèle avec « race mélangée », la majorité de la confusion linguistique dans son usage en anglais serait résolue. Or, on utilise aussi le terme « métis » pour référer, en français (et en anglais), à un peuple autochtone , ce qui constitue la principale difficulté de son usage. Utiliser le terme « métis » à la foispour désigner le mélange biologique entre deux individus qu’on imagine être de « races » différentes et pour référer à un peuple autochtone ayant sa propre histoire, ses propres relations et territoires sur les plaines du nord suscitera nécessairement des incompréhensions. Cette confusion linguistique ne devrait pas servir d’unique base aux débats et/ou aux conflits, mais dans le contexte des discussions tendues autour de la nature de l’autochtonité présentement soulevées par le mouvement d’auto-autochtonisation,il vaut la peine de la souligner. […]

Cependant, en plus de ce contexte linguistique, les histoires particulières circulant à propos de la colonisation française jouent un rôle dans l’auto-autochtonisation d’un grand nombre de descendants français blancs du Québec et de l’est du Canada, autrefois la Nouvelle-France. Leroux explique, en page 8 et 9 :

Durant des générations, l’historiographie des canadiens-français et des québécois français a vu s’enchaîner de puissants récits en ce qui a trait aux relations entre les colons français et les peuples autochtones. […]

La majorité de l’historiographie récente concernant le régime français a cherché consciemment à réconcilier les peuples autochtones et les descendants français en brouillant les lignes de la blancheur et de l’autochtonité, reflétant de ce fait une série d’efforts allant en ce sens dans la culture populaire. Selon ces nouvelles histoires sur les origines de la colonisation, les colonisateurs français des débuts et les peuples autochtones qu’ils rencontraient auraient créé une forme nouvelle de « réciprocité interculturelle, mieux encore, une synthèse ethnoculturelle – une fusion des horizons – d’où le Québec émerge en tant que société totalement nouvelle, » tel que l’explique le politologue Daniel Salée. « L’image est séduisante. » […]

Bien que les documents laissés par le Régime français (1608-1763) suggèrent que les femmes autochtones se mariaient rarement à des colons français, la recherche académique et la culture populaire ont transformé le « mythe du métissage » en vérité relativement non-controversée au Québec et au Canada (français). Cette vérité repose sur une croyance nationaliste en la bonté inhérente du colonialisme de peuplement français en Nouvelle- France, particulièrement lorsqu’on la compare à la colonisation britannique (et, à un moindre degré, espagnole).

(Leroux, 2019)

Non seulement les personnes autochtones sont impactées par ces spécificités linguistiques et narratives lorsque leurs territoires sont occupés par des gens qui s’auto-autochtonisent, mais le peuple Métis, dont le mouvement a redéfini le nom, subit aussi des impacts. Il devient alors nécessaire de distinguer le peuple Métis des personnes blanches qui s’appellent métis de l’est.

Le peuple Métis est un peuple autochtone, expliquent-il, parce que les Métis ont développé leurs propres institutions politiques, pratiques linguistiques et formes culturelles à partir de leurs relations de parenté avec les peuples Cris, Saulteaux, Assiniboines et Dene. « Les Métis sont un peuple, non pas un processus historique », écrit Gaudry en 2016 pour l’Encyclopédie canadienne. De nombreux mariages mixtes se sont produits à travers l’histoire canadienne, écrit-il, mais la plupart des enfants issus de ces unions ont trouvé leur place dans l’une des communautés de leurs parents – ou dans les deux. « Les Métis historiques » écrit-il, ne sont pas le résultat automatique d’un « mélange, mais étaient plutôt « de vrais humains qui, mis face à un choix, ont créé une entité politique et sociale sur leurs propres termes ». (Leroux, 2018, Self-Made Métis).

Comme Gaudry (2018) l’écrit dans Communing with the Dead : The “New Métis”, Métis Identity Appropriation, and the Displacement of Living Métis Culture, des mouvements comme celui des métis de l’est supplantent le peuple et les communautés autochtones Métis contemporaines et les remplacent par des gens dont les revendications à l’autochtonité reposent sur leur supposées connexion à des personnes ayant vécu il y a de nombreuses générations.

Cela revient à « mépriser les Métis vivants en situant la promesse d’une renaissance culturelle métis dans la mémoire du sang, de la généalogie et de la descendance – c’est-à-dire la connexion aux morts – plutôt que dansune connexion avec la culture vivante des communautés Métis. Voilà ce à quoi réfère Circe Sturm lorsqu’il parle d’« un vide présumé d’indianité » : la croyance contemporaine que les communautés autochtones soit n’existent pas, soit s’avèrent moins capable d’articuler un commentaire sur leur propre existence que des étranger ·e s qui en parlent avec un ton d’autorité, incluant ceux et celles qui ont intérêt à ranimer une identité perdue. Mais il n’y a pas de vide culturel ou politique Métis, il n’y a pas de vide Métis. (Gaudry, 2018)

À travers les générations, les communautés Métis continuent d’exister, de transmettre leur langue, leur culture et leur lutte. Les Métis et les autres peuples autochtones ne cessent d’expliquer clairement que ce qui détermine qui est membre d’une communauté et qui a le droit de s’en revendiquer sont la parenté et « qui te revendique » 6 plutôt que des théories raciales essentialistes sur la descendance.

6 NdT : who claims you

Comme Jennifer Adese, une femme Métis élevée en Ontario, l’explique, en ayant grandi très exposée aux revendications à l’autochtonité des « métis de l’est », sa compréhension de ce qu’est l’identité Métis a été biaisée. « Je ne m’identifiais pas en tant que Métis lorsque j’étais plus jeune, parce que les revendications de personnes autour de moi m’ont fait croire que la signification de Métis était vide » puisque « rien ne reliait entre elles les personnes revendiquant cette identité outre les revendications elles-mêmes » (Adeese, Todd & Stevenson, 2017). Non seulement cela cause en soi des dommages, mais avoir à démonter les revendications des métis de l’est peuvent, selon Adeese, entraver le travail de lutte anticoloniale contre les impacts de la colonisation sur la nation Métis.

Les luttes actuelles et passées des Métis, à travers lesquels ils et elles accomplissent ce travail important, ont servi de matériel au mouvement des métis de l’est. Par exemple, dans le contexte des décisions légales sur les droits des personnes Métis, les personnes blanches ont vu l’opportunité d’assurer leur accès à la terre et à des territoires de chasse, particulièrement lorsque des revendications territoriales et d’autres types d’actions menées par des nations autochtones sur leurs territoires « menacent » cet accès.

L’Auto-autochtonisation en action : premier cas de figure

En octobre 2004, un petit groupe de chasseurs se réunit sous une grande tente dans les monts Chic-Chocs, au sud du parc national de la Gaspésie. Raymond Cyr, le directeur d’un organisme d’éducation pour les personnes handicapées, s’était joint à son cousin Marc LeBlanc, guide de chasse et de pêche, pour la saison de la chasse à l’orignal. Refuge touristique en été, la région devient une destination de chasse et de pêche lorsque les feuilles se teintent de couleurs. Des véhicules tout-terrain à quatre roues motrices robustes, des remorques chargées à bloc et des camping-cars patinés par les intempéries sillonnent le réseau de vieux chemins forestiers adjacents à la sinueuse autoroute 299, laquelle coupe à travers les falaises de calcaires de la vallée de la rivière Cascapédia.

[…]

LeBlanc était actif dans la région depuis 1992. Mais lorsque les cousins se rencontrent dans leur tente en ce jour d’automne, douze ans plus tard, ils font face à un dilemme : en Gaspésie, une entente entre le gouvernement provincial et la communauté Mi’kmaq de Gesgapegiag est en voie d’établir un territoire sous contrôle Mi’kmaq, sur lequel seraient offertes des activités de plein air moyennant certains frais (en français, il s’agit d’une « pourvoirie », terme désignant à la fois le territoire et l’entité qui le contrôle). Selon les plans de Gesgapegiag, le territoire comprendrait un centre d’interprétation et des sentiers de randonnée et d’équitation, ainsi que des services de pourvoirie tels que des guides, de l’hébergement et des repas.

Le chef de Gesgapegiag de l’époque, John Martin, a expliqué, dans un reportage aux nouvelles régionales, que le projet vise en partie à diminuer la pression sur la population locale d’orignaux en gérant le nombre de chasseurs dans la zone. En 2005, 102 orignaux avaient été tués sur ledit territoire : sept par des chasseurs mi’kmaq et les quatre-vingt-quinze autres par des chasseurs non mi’kmaq.

[…]

Officiellement, l’accord était en cours d’élaboration depuis 1999. Au moment du voyage de chasse de Cyr et LeBlanc, en octobre 2004, il bénéficiait d’une importante couverture médiatique. S’il se concrétisait, le projet s’ajouterait aux près de sept cents autres territoires de pourvoiries privées existant au Québec, dont une douzaine en Gaspésie et plusieurs dizaines gérés par des communautés autochtones. Il s’agirait de la deuxième pourvoirie exploitée par les Mi’kmaq. Tout au long du processus, les négociateurs de Gesgapegiag avaient insisté sur le fait que le projet était central à leurs efforts de reconnexion à leur territoire historique et de construction de leur économie, puisqu’il emploierait une vingtaine de membres de la communauté. Néanmoins, cela attisa la colère de nombreux habitants des environs.

[…]

Cyr et son groupe de chasseurs étaient également contrariés. Face à l’éventualité d’avoir soit à payer un droit d’accès au territoire, soit à chercher un nouveau territoire de chasse – et déjà agacés par l’arrivée de l’exploitation forestière dans la région – Raymond Cyr propose une alternative. Lui, LeBlanc et un petit groupe de chasseurs chassant sur le territoire adjacent avaient l’habitude de se réunir dans une tente commune chaque soir pendant la courte saison de chasse à l’orignal, pour discuter de la chasse du jour. Lors d’une de leurs réunions nocturnes, selon les documents du tribunal et les souvenirs de trois personnes présentes, Cyr suggère aux membres du groupe de chasseurs de revendiquer une identité autochtone. Après tout, chacun d’entre eux avait probablement de lointains ancêtres autochtones – les estimations scientifiques en matière de démographie historique estiment que la majorité des descendants des premier·ères colon·es français·es ont au moins un ancêtre autochtone. Dans le cas de Cyr, disait-il, il en était certain : sa famille en avait toujours parlé.

Mais le plan de Cyr est accueilli avec une certaine incrédulité. Un collègue chasseur, un policier du nom de Benoît Lavoie, se montre sceptique :

« Nous n’avons jamais eu de droits, seuls les Indiens ont eu des droits, nous, nous n’en avons pas » déclare-t-il, selon les documents du tribunal. Cyr répond avec audace par quatre mots fatidiques : « Lisez la décision Powley ».

(Leroux, 2018, Self-made Métis – https://maisonneuve.org/article/2018/11/1/self-made-metis)

L’arrêt Powley

R. c. Powley fut la première grande affaire de droits autochtones concernant les Métis. L’arrêt Powley donna lieu au « test Powley », lequel établit un ensemble de critères définissant non seulement ce qui pourrait constituer un droit des Métis, mais aussi qui est habilité à exercer ces droits. Bien que l’arrêt Powley définit les droits des Métis en ce qui a trait à la chasse, de nombreux experts juridiques et dirigeants Métis considèrent l’affaire Powley comme potentiellement déterminante pour l’avenir de la reconnaissance des droits des Métis.

[…]

L’affaire Powley a défini un ensemble de critères connus aujourd’hui sous le nom de « test Powley ». Ce test est utilisé pour définir les droits des Métis de la même manière que le test Van der Peet est utilisé pour définir les droits des autochtones (Indiens). Une fois qu’un droit est identifié, le test Powley est un processus qui peut être employé pour évaluer si les demandeurs sont autorisés à exercer les droits des Métis.

(Salomon & Hanson (n.d.), Powley Case https://indigenousfoundations.arts.ubc.ca/po wley_case/ )

Pourtant, depuis l’arrêt Powley, on a assisté au Québec à une expansion remarquable des revendications entourant l’identité métis, y compris par plusieurs nouvelles organisations (Gélinas et Lamarre 2015 : 341). Les résultats de l’Enquête nationale auprès des ménages de 2011 confirment ce phénomène : le Québec a connu laplus forte augmentation provinciale de l’auto-identification métis entre 2006 et 2011, avec le taux remarquable de 47 %, et une augmentation encore plus étonnante de 158 % entre 2001 et 2011 […] Pour le dire simplement, l’existence d’un test d’identité métis couplé à une incompréhension fondamentale de la difficulté de répondre aux critères de ce test semble avoir créé une fausse feuille de route vers l’autochtonité, feuille de route utilisée par une diversité de personnes et d’organisations pour établir leurs revendications.

(Vowel & Leroux, 2016, White Settler Antipathy and the Daniels Decision)

L’affaire Powley a influencé d’autres contestations juridiques à propos des droits des Métis, comme l’affaire R. contre Daniels (2016).

Daniels c. Canada

La décision de la Cour suprême dans l’affaire Daniels c. Canada a résolu une importante question constitutionnelle à propos du niveau de gouvernement ayant une autorité législative sur les Métis et les Indiens sans statut légal. Malheureusement, nombre d’organisations et de personnes ayant commenté l’affaire ont tiré des conclusions générales et incorrectes à propos de cette décision, suggérant fréquemment que Daniels aurait clarifié qui est Métis ou Indien non inscrit. Ces interprétations erronées de l’affaire Daniels ont conduit à une recrudescence des revendications d’autochtonité de la part de colon·es blanc·hes, ce qui aura probablement comme conséquence, dans les années à venir, de faire monter les tensions entre les colon·es et les peuples autochtones, ainsi qu’entre les peuples autochtones. Bien que ce type de revendications affaiblissant les doits autochtones soit un phénomène vieux de plusieurs générations aux États-Unis (voir Sturm 2011), cette tactique demeure relativement nouvelle au Canada.

[…]

Le problème de l’affaire Daniels

La décision Daniels a été saluée par un éventail incroyable d’organisations et d’individus. Bien sûr, il y a lieu d’être optimiste, en particulier pour les populations autochtones ayant été privées de leurs droits dans les dernières générations par le régime de gouvernance colonial du Canada, mais il y a également beaucoup de raisons de s’inquiéter. Nous sommes particulièrement troublés par la manière dont l’arrêt Daniels, lu conjointement avec plusieurs décisions complémentaires de la CSC depuis une dizaine d’années, a encouragé toute un éventail d’organisations soi-disant métis à revendiquer l’identité autochtone et les droits qui en découlent.

Bien que la décision elle-même n’ait pas porté sur des enjeux d’identité ou de droits, des organisations métis auto-proclamées se sont emparées de la déclaration suivante, émise par Madame la juge Abella au nom de la Cour : « Le terme “Métis” peut renvoyer à la communauté Métisse historique de la colonie de la rivière Rouge au Manitoba ou encore être utilisé comme terme générique pour désigner quiconque possède des origines mixtes européennes et autochtones. » (Daniels c. Canada 2016). Cette déclaration semble relativement banale mais, prise hors contexte, on peut y lire la Cour défendant une position facilitant les fantasmes nativistes de colon·es blanc·hes désirant être “Indiens”.

[…]

Les interprétations présentes de Daniels résonnent avec le vieux désir colon d’effacer les peuples autochtones en prenant leur place. Eve Tuck et K. Wayne Yang (2012) qualifient cette tactique de « nativisme colon » et la décrivent comme une méthode permettant aux colon·es blanc·hes de revendiquer une identité autochtone tout en conservant leurs privilèges. Essentiellement, ces revendications imaginatives permettent aux colon·es blanc·hes de se sentir à leur place sur des terres autochtones volées. Ce besoin d’appartenance semble particulièrement fort au Québec, où les notions nationalistes de terre natale québécoise existent inconfortablement en tension avec l’antériorité autochtone. Cependant, le Québec ne fait guère figure d’exception : partout où le colonialismede peuplement blanc opère il y a une recherche de légitimité et une volonté d’assurer un avenir colon.

(Vowel & Leroux, 2016, White Settler Antipathy and the Daniels Decision)

Pendant ce temps, avec Leblanc dans les Monts Chic-Chocs…

Dans les dix-huit mois suivant leur première discussion sous la tente, LeBlanc constitue un organisme qu’il appelle la Communauté Métisse de la Gaspésie (CMG). Sous ce nom, le groupe commence à faire pression contre le projet mi’kmaq. « En suivant la bonne approche, il pourrait y avoir moyen d’obtenir une injonction contre ce projet [de pourvoirie autochtone] », déclare LeBlanc à un journal local en juillet 2006. « Nous allons dire au gouvernement fédéral qu’il y a des métis en Gaspésie et que notre territoire est actuellement en train de se faire voler. Nous allons demander au gouvernement du Canada de nous donner le temps et les moyens financiers pour recenser le nombre de métis, écrire l’histoire de la communauté métisse de la Gaspésie et arrêter le projet de pourvoiries.

» En peu de temps, l’intervention de la CMG en tant que « peuple autochtone » et l’opposition politique du groupe à un niveau plus large ont réussi à ralentir la progression du projet mi’kmaq, que le gouvernement a finalement mis en veilleuse.

[…]

Les propos de Leblanc étaient simplement un signe avant-coureur de ce qui allait venir. Depuis 2004, au Québec, vingt-cinq organisations de ce type, représentant les personnes se déclarant « métisses », ont été créées, dont une vingtaine étaient encore actives à l’été 2018. Les données recueillies à partir des registres des organisations et des reportages des médias montrent que dix de ces organisations comptaient à elles seules au moins 42 000 membres cotisants à la fin de 2017.

(Leroux, 2018, Self-made Métis – https://maisonneuve.org/article/2018/11/1/self-made-metis )

Auto-autochtonisation en action : second cas de figure

De l’autre côté du fleuve Saint-Laurent, en face de la Gaspésie, au Nitassinan, territoire innu, un processus étrangement similaire à la fondation du groupe gaspésien s’est déroulé dix-huit mois auparavant. En mars 2006, la Communauté Métisse du Domaine du-Roy et de la Seigneurie de Mingan (CMDRSM) est devenue le premier organisme québécois à tenter de satisfaire aux critères du test Powley en tant qu’intervenant dans une affaire portée devant la Cour supérieure du Québec. Connue familièrement sous le nom d’affaire Corneau, celle-ci portait sur la construction illégale de camps de chasse sur des terres publiques.

La création de la CMDRSM – à Chicoutimi, à la tête de la rivière Saguenay, un peu plus d’un an avant son intervention dans l’affaire – était directement liée à la négociation d’une revendication territoriale globale dans la région. Les régions du Saguenay-Lac-St-Jean et de la Côte-Nord ont été le théâtre d’un mouvement d’opposition aux droits de chasse et de pêche des Innus depuis plusieurs générations. À partir de 1864, le gouvernement a interdit aux Innus de pêcher le saumon des rivières se jetant dans le cours inférieur du fleuve Saint-Laurent. Durant les années 1970 et 1980, les Innus et la police ainsi que des habitants blancs appuyés par le gouvernement se sont livrés à une longue bataille, entraînant probablement la mort de deux pêcheurs innus (bien que les Innus aient soupçonné le pêcheur d’avoir été assassiné, aucune accusation n’a jamais été portée). Suite à cette période connue sous le nom de « guerre du saumon », les droits de pêche des Innus furent partiellement rétablis dans la plupart des rivières du territoire, le gouvernement ayant enfin commencé à s’apercevoir que sa position était juridiquement intenable.

En 2000, on a annoncé une entente-cadre qui reconnaîtrait plus amplement les droits de récolte des Innus sur un vaste territoire régional. Bien que l’entente ait suscité l’opposition de la base militante innu – puisqu’elle auraitimpliqué de renoncer à tout droit à de futurs litiges – elle a néanmoins entrainé la vive réaction des résidents franco-québécois blancs locaux, entre autres chez les organisations de chasseurs, de pêcheurs et de propriétaires fonciers, ainsi que des gouvernements municipaux et des politiciens. Cette opposition a donné naissance à trois organisations de défense des droits des blancs dans la région, dont deux auraient mobilisé des milliers de nouveaux membres individuels et corporatifs en deux ans : la Fondation Équité Territoriale (FET) et l’Association pour le Droit des Blancs (ADB). Ce militantisme pour les « droits des blancs » a généralement pris la forme d’attaques contre l’entente-cadre innu, les membres des organisations allant s’exprimer contre cette dernière lors d’audiences publiques et donnant leur avis aux médias.

[…]

En 2005, André Forbes, le fondateur de l’ADB, est devenu un membre fondateur clé du conseil d’administration de la CMDRSM et le « chef » de son « clan » métis de la Côte-Nord, devenant de facto le leader de ses membres dans une grande région de la Côte-Nord. Avant sa soudaine transformation en « chef métis », Forbes était l’un des dirigeants les plus véhéments du mouvement des droits des blancs dans la région. Dans un article publié dans le quotidien de Québec Le Soleil, il avait affirmé que les négociations concernant le traité représentaient « de la politique haineuse qui amène des tensions sociales et qui se termine comme en Israël » . Lors d’une manifestation, Forbes avait par ailleurs inventé le terme « Taliban rouge » pour désigner de manière péjorative les peuples autochtones de la région, invoquant un mélange toxique de symbolisme anti-autochtone et islamo- phobe.

(Leroux, 2018, Self-made Métis – https://maisonneuve.org/article/2018/11/1/self-made-metis )

Les histoires des colon·es blanc·hes métis de l’est : un geste « nativiste colon »

Puisque les colon·es blancs ne peuvent manifestement jamais retourner sur leurs terres natales européennes perdues, après des générations de déracinement, ils s’approprient, développent et redéveloppent continuellement des tautologies revendiquant les terres autochtones, créent des représentations « réalistes » de ces territoires qui perturbent les formes de savoir autochtones, et inventent un identité originelle traversant le temps et l’espace, conçue pour se régénérer à chaque fois qu’elle se trouve délogée.

(Wysote & Morton, 2019)

En ce sens, le simple fait de raconter une histoire à répétition ne la rend pas plus réelle. Wysote et Morton (2019) expliquent que les déclarations contemporaines de colon·es blanc·hes légitimant leurs revendications à la terre ou à un ancêtre autochtone – dans un système de colonialisme de peuplement – demeurent un engagement indéfectible à la blanchité et à l’avenir colon. La fonction des histoires transformant des colon·es blanc·hes en autochtones consiste à naturaliser la violence coloniale perpétrée envers les Premières Nations, les Métis et les Inuits, comme si la configuration actuelle du pouvoir colonial était logique et irréfutable (Wysote et Morton, 2019). Il s’agit de ce que Tuck et Yang (2012) identifient comme le « nativisme colon », un mécanisme de déculpabilisation pour se défaire de la complicité au système, passé comme présent, de violence coloniale.

Nativisme colon

Avec ce mécanisme de déculpabilisation, les colon·es repèrent ou s’inventent un ancêtre lointain qui, selon la rumeur, aurait eu du « sang indien », et grâce à cette affirmation ils se présentent comme irréprochables face aux tentatives d’éradication des peuples autochtones. Aux États-Unis, nombreux sont les exemples de figures publiques qui « se souviennent » d’un ancêtre autochtone éloigné, comme Nancy Reagan (qui, dit-on, serait une descendante de Pocahontas) ou, plus récemment, Elizabeth Warren et plusieurs autres, ce qui illustre à quel point le nativisme colon est un phénomène commun. Dans ce récit tiré de Custer Died for Your Sins, Vine Deloria Jr. discute de ce qu’il appelle le complexe de la grand-mère indienne : […]

Les blancs se revendiquant du sang indien ont tendance à renforcer des croyances mythiques à propos des Indiens. À une seule exception près, toutes les personnes que j’ai rencontrées qui se revendiquaientdu sang indien le faisaient du côté de leur grand-mère. Une fois, j’ai fait une projection à rebours et j’ai découvert que, de toute évidence, pendant les trois premiers siècles de l’occupation blanche la plupart des tribus étaient entièrement composées de femmes. Personne, semble-t-il, ne voulait revendiquer un Indien mâle comme ancêtre.

Il n’est pas nécessaire d’avoir une fine connaissance des attitudes raciales pour comprendre la véritable signification du complexe de grand-mère indienne affligeant certaines personnes blanches. Un ancêtre mâle a trop l’aura du guerrier sauvage, du primitif inconnu, de l’animal instinctif, pour en faire un membre respectable de l’arbre généalogique. Mais une jeune princesse indienne ? Ah, on pouvait bien se saisir d’une marque de royauté. D’une manière ou d’une autre, le blanc se trouvait lié à une maison noble, raffinée et cultivée si sa grand-mère était une princesse indienne s’étant enfuie avec un intrépide pionnier…

Avoir une véritable grand-mère indienne est probablement la plus belle chose qui puisse arriver à un enfant, alors pourquoi de nombreux blancs ressentent-ils le besoin d’avoir une princesse indienne comme lointaine grand-mère ? Est-ce par peur d’être catégorisé comme étranger ? Ont-ils besoin d’un lien de sang avec la frontière et ses dangers pour faire l’expérience de ce que signifie être un Américain ? Ou est-ce une tentative pour éviter d’être confrontés à la culpabilité qu’ils portent pour le traitement des Indiens ? (1988, p. 2 à 4)

Le nativisme colon ou, comme l’appelle Vine Deloria Jr., le complexe de la grand-mère indienne est un mécanisme de déculpabilisation colonial, puisqu’à travers lui on cherche à s’écarter d’une identité colone, tout en continuant à profiter du privilège colon et à occuper les terres volées. Deloria observe que le nativisme colon est genré et analyse les raisons qui rendent davantage attrayante le fantasme d’une grand-mère indienne par rapport à un grand-père indien. D’une part, on peut s’attendre à ce que de nombreux colon·es aient un ancêtre autochtone et/ou esclave. Voilà précisément l’habitude du colonialisme de peuplement, qui pousse les humains vers d’autres communautés humaines ; les stratégies de viol et de violence sexuelle, ainsi que l’attrait ordinaire des relations humaines, font en sorte que les colon·es ont des ancêtres autochtones et/ou esclaves. […]

L’ancestralité et l’appartenance tribale sont deux choses différentes ; l’identité autochtone et l’appartenance tribale sont des enjeux que seules les communautés autochtones ont le droit de débattre et de définir, non pas les tests d’ADN, les sites web sur l’héritage et certainement pas l’état colonial. Le nativisme colon imagine un passé indien et un avenir colon ; en revanche, la souveraineté tribale soutient un présent autochtone et de nombreux intellectuels autochtones théorisent la décolonisation comme une pluralité d’avenir autochtones, sans État colonial.

(Tuck & Yang, 2012)

Sur la décolonisation, la réconciliation et l’effacement

En essayant de reproduire des histoires d’autochtonité, les colon·es appuient et intensifient les tentatives d’effacement par l’État canadien des peuples autochtones, ces derniers étant toujours déjà une menace existentielle et matérielle pour la légitimité de cet État. Voilà l’une des raisons qui rend à jamais incompatible l’État colonial et les peuples autochtones ancrés dans leurs territoires, leurs histoires, leurs cultures et leurs protocoles (paraphrasé de Tawinikay, 2018).

Pour nourrir un imaginaire de la décolonisation (menée par les peuples autochtones), plutôt que de réconciliation ou d’auto-autochtonisation, il faut développer une certaine acceptation de sa position de colon·e. Bien sûr, il ne s’agit pas de faire la promotion d’une identité individuelle de « colon·e » à adopter, avec laquelle devenir confortable et à préserver à travers des luttes. Il ne s’agit pas non plus de promouvoir quelque avenir colon que ce soit. Plutôt, nous proposons d’utiliser ce mot pour décrire les formes de relations que les colon·es, en tant que tel, entretenons avec les territoires où nous avons habité et ce, dans bien des cas, depuis des générations. Patrick Wolfe (2013) explique : « il est important de ne pas s’égarer dans un certain volontarisme. L’opposition entre autochtone et colon·e est une relation structurelle, elle n’est pas le fruit de la volonté. Le fait que je sois, parexemple, un colon australien n’est pas le produit de ma conscience individuelle. En fait, c’est une condition historique qui me précède. Ni moi ni les autres colon·es ne pouvons nous en extraire avec la force de notre volonté, que nous le voulions ou non. Sans doute nos consciences individuelles respectives peuvent-elle affecter la manière dont chacun de nous répond à cette position historique commune, mais elles ne l’ont pas créée et elles ne peuvent pas la défaire. »

Tawinikay (2020) propose aux colon·es une orientation :

Voyez-vous tels que vous êtes, voyez votre communauté telle qu’elle est. Agissez de manière à créer un monde où la réconciliation puisse être possible, un monde dans lequel les vôtres redonnent les terres et démantèlent l’État canadien centralisé. Ne romantisez pas les autochtones avec qui vous vous organisez. Ne croyez pas qu’il soit impossible de remettre en question leur jugement ou de choisir de vous organiser avec certain·es plutôt que d’autres. Trouvez ceux et celles dont le cœur brûle toujours vivement, ceux et celles qui préfèrent continuer à lutter plutôt qu’accepter la carotte de la réconciliation. N’agissez jamais par culpabilité ou par honte.

Et ne vous laissez pas croire que vous pouvez transcender votre position colone en faisant du travail de solidarité. Comprenez que vous pouvez et devez trouver vos propres façons de vous connecter à ce territoire. À partir de vos propres traditions, celles dont vous héritez ou celle que vous créez par vous-mêmes.

Nous nous positionnons contre les appels vides et immatériels à la réconciliation faits par les politiciens qui ne cherchent qu’à maintenir l’ordre colonial autant que contre les propositions inutiles selon lesquelles la décolonisation se ferait en prenant conscience que « tout le monde est autochtone de quelque part » ou que tout le monde peut devenir autochtone d’ici.

« La décolonisation n’est pas un « et ». C’est un ailleurs. »

( Tuck et Yang, 2012)

« La décolonisation […] consiste à abroger l’autorité de l’État colonial et à redistribuer les terres et les ressources. Elle signifie également l’adoption et la légitimation des visions du monde autochtones auparavant réprimées”.

(Tawinikay, 2019)

Bibliographie

Adese, Jennifer, Zoe Todd, and Shaun Stevenson. “ Mediating Métis Identity: An Interview with Jennifer Adese and Zoe Todd ,” MediaTropes 7 , no. 1 (2017): 1–25.
Beauregard Y (1993) Mythe ou réalité. Les origines amérindiennes des Québécois: Entrevue avec Hubert Charbonneau. Cap-aux-diamants: La Revue D’histoire Du Québec 34: 38–42.
Desjardins B (2008) La contribution différentielle des immigrants français à la souche canadienne-française. Annales de Normandie 58(3–4): 69–79.
Gaudry, A. (2016). Respecting Métis nationhood and self-determination in matters of Métis identity. Aboriginal history: A reader, 152-63.
Leroux, D. (2019). Distorted descent: White claims to Indigenous identity. Univ. of Manitoba Press.
Leroux, D. (2018). Self-made métis. Maisonneuve: A Quarterly Journal of Arts, Opinion & Ideas.
Leroux, D., & Gaudry, A. (2017). Becoming Indigenous: The Rise of Eastern Métis in Canada. The Conversation.
Leroux, D. (2018). ‘We’ve been here for 2,000 years’: White settlers, Native American DNA and the phenomenon of indigenization. Social studies of science, 48(1), 80-100. Saskatoon Métis Local 126
https://www.facebook.com/permalink.php? id=1751610371790141&story_fbid=2220680341549806
Tawinikay, 2020. Reconciliation is Dead: A Strategic Proposal. https://mtlcounterinfo.org/reconciliation-is-dead-a-strategic-proposal/
Tawinikay, 2019. Autonomously and with conviction: A Métis refusal of state-led reconciliation. https://north-shore.info/2018/10/22/autonomously-and-with-conviction-a-metis-refusal-of-state- led-reconciliation/
Tuck, E., & Yang, K. W. (2012). Decolonization is not a metaphor. Decolonization: Indigeneity, education & society, 1(1).
Vowel, C., & Leroux, D. (2016). White settler antipathy and the Daniels decision. TOPIA: Canadian Journal of Cultural Studies, 36, 30-42.
Wolfe, P. (2013). Recuperating binarism: A heretical introduction.
Wysote, T., & Morton, E. (2019). ‘The depth of the plough’: white settler tautologies and pioneer lies. Settler Colonial Studies, 9(4), 479-504.

#SHUTDOWNCANADA2020 : Les appels à l’action se multiplient

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Oct 192020
 

Du Point d’accès Gidimt’en

D’un océan à l’autre, les communautés autochtones sont attaquées.

Il est temps d’arrêter de parler et de commencer à agir.

Il est temps de #ShutDownCanada encore une fois.

Affiche : Supportons l’appel Anishnabeg pour un moratoire à la chasse à l’orignal dans le Parc La Vérendrye

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Oct 142020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

La Nation Algonquine Anishinabeg, protectrice et gardienne du territoire du Parc La Vérendrye et plus loin encore, a mise en place plusieurs campements pacifiques bloquant l’accès aux chasseurs aux abords de la route 117. Depuis deux ans, celle-ci dénonce publiquement une baisse alarmante de la population d’orignaux. Supportons les moratoire, restons informés et à l’écoute et informons les gens autour de nous de ce qui se passe là bas!

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Affiche: Abattons l’hydre technoindustrielle

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Sep 172020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

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Texte de l’affiche:

Abattons l’hydre technoindustrielle

Il n’est jamais trop tard pour dire non

Intelligence artificielle
Bénéficiaires de plusieurs $100M en financement d’État, les labos d’IA oeuvrent à mettre des algorithmes d’« apprentissage automatique » au service d’une panoplie d’industries. Sous une façade « éthique », certaines applications permettront simplement aux capitalistes bien placé.es de s’enrichir davantage. D’autres sont destinées à renforcer la répression, qu’il s’agisse de détecter les voleurs au supermarché par la surveillance vidéo automatisée, de mettre au point des outils de reconnaissance faciale qui fonctionnent même pour des visages partiellement couverts, ou de « prédire » le crime ou la probabilité de récidive d’un.e détenu.e.

Réseau sans-fil 5g
La puissance inouïe du réseau 5G permet le déploiement de l’IA au niveau d’une ville en temps réel. Tout déplacement devient traçable grâce à des milliers de caméras intégrées à un système de surveillance centralisé, une vision déjà mise en pratique dans plus d’une « smart city » européenne. D’innombrables capteurs à travers l’espace public, dans les commerces, les voitures, le transport en commun ou bien portés sur nos corps cherchent à faire de toute action l’objet de calculs, de prédictions et de contrôle, le tout sous un couvert éco-responsable. Une toile d’algorithmes devient omniprésente donc invisible, invisible donc incontestable.

Robotique et automatisation
Voitures autonomes. Entrepôts robotisés. Magasins sans caissier.ères. Robots de livraison qui appellent les flics lorsqu’ils sont attaqués. Une infrastructure se déploie qui changera le monde du travail ainsi que nos milieux de vie de façon permanente. Il ne s’agit pas de pleurer la disparition d’emplois éreintants et ennuyeux. Un rythme déshumanisant est imposé aux travailleur.ses restants, qui doivent suivre la cadence des machines et des logiciels de productivité ou se retrouver à la porte. D’autre part, quelles mesures de contrôle social et quels stratagèmes d’exploitation attendent les nouvelles masses d’exclu.es du chômage technologique ?

La vie devant un écran
Les possibilités de relations authentiques entre les humains et avec ce qui nous entoure sont de plus en plus effacées au service d’une hyper- connectivité virtuelle. La compréhension, la découverte et la recherche de sens sont réduites à une production de données. Déficit d’attention, troubles de mémoire, perte de capacités affectives et d’imagination, perturbation du sommeil, douleurs musculo-squelettiques, anxiété, solitude, dépression : les symptômes de la dépendance aux technologies connectées empirent alors qu’un pan grandissant de la population est immergé dans les écrans tactiles depuis la petite enfance.

30 juillet 2020
Achim, Allemagne
Une grue est incendiée sur le chantier d’un immense centre logistique d’Amazon, retardant les travaux et causant des centaines de milliers de dollars en dommages. Un autre grain de sable dans l’engrenage d’un chef de file de l’exploitation numérique. (anarchistsworldwide.noblogs.org)

Pour des vies libres et riches, ouvertes à l’inconnu

Soyons la panne dans leur réseau !

Capitalisme de surveillance et choc pandémique

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Sep 082020
 

Du Projet accompagnement solidarité Colombie (PASC)

Au début de la pandémie de la COVID-19, dans notre collective au sein de laquelle depuis 15 ans nous discutons des réalités qui nous entourent dans le but d’agir collectivement, nous avons réalisé une série de discussions, ayant déjà donné lieu à un premier article1. Aujourd’hui, nous publions ce texte, résultat de nos recherches du soir. Nous savions bien que la pandémie aurait des conséquences économiques, politiques, structurelles voir même structurantes, et nous nous inquiétions des enjeux de surveillance et de contrôle.

En route vers une nouvelle « normalité » ?

Notre hypothèse de départ est que la crise liée au coronavirus permet d’accélérer la mise en œuvre d’un capitalisme de surveillance. Nous tenterons de faire un tour d’horizon des mécanismes de contrôle, de surveillance et d’ingénierie sociale qui sont en train d’être déployés et d’analyser dans quelle mesure ils nous propulsent dans cette nouvelle ère du système capitaliste, aussi appelée 4e révolution industrielle. Nous essaierons d’identifier les designers de ce nouveau monde, de cibler ceux qui en profitent et de voir les pistes qui se dessinent pour tenter d’y résister.

À l’origine de nos recherches, pour essayer de comprendre la crise ou plutôt, de mettre le doigt sur la forêt que cachait l’arbre, un article a particulièrement attiré notre attention. Publié par le Massachusets Institue of Technology (MIT), le 17 mars 2020 et écrit par un scientifique, Gideon Lichfiled, son titre était particulièrement angoissant : « Nous ne reviendrons pas à la normale ». Son sous-titre l’était tout autant : « la distanciation sociale est là pour rester pour beaucoup plus longtemps que quelques semaines. Notre mode de vie sera appelé à changer et sur certains points, pour toujours ». L’élément primordial de cet article, consistait à nous faire comprendre que nous ne sommes pas dans une situation temporaire et qu’au contraire nous ne sommes qu’au début de la mise en place d’une nouvelle façon de vivre en société.2

Non que nous tenions à retourner à la « normalité » à laquelle nous a habitué le système capitaliste, remplie d’injustices et que nous dénonçons depuis des années, mais cet article prétendait que nous allions devoir nous préparer à faire face à plusieurs vagues d’éclosions du virus, et donc de restrictions de nos droits et libertés et ce à très long terme. Cinq mois plus tard, nous observons qu’effectivement, plusieurs mécanismes de contrôle et d’ingénierie sociale sont en train de se mettre en place et de non seulement changer les comportements et notre manière de vivre en société mais de mettre la table pour propulser un capitalisme de surveillance.

Contrôle et surveillance : un tour d’horizon

Pour faire face à la pandémie de la COVID-19, au lieu de proposer des investissements dans nos services publics, notamment dans le système de santé et les soins aux personnes âgées, la majorité des États se tournent vers le privé pour nous offrir des solutions technologiques. Si certains logiciels sont en développement, d’autres existaient déjà, comme ceux mis en place dès le début de la crise en Israël par exemple, où les données de géolocalisation des cellulaires, normalement utilisées par les services de renseignement pour réprimer les mouvements sociaux palestiniens, ont été utilisés pour identifier les personnes qui auraient été en contact avec des porteurs du virus.3

Application de traçage via cellulaire et données de santé

Partout dans le monde, des pays ont recours à des applications de suivi numérique qui avertissent les gens ayant croisé le chemin d’une personne contaminée. Par exemple, à Singapour, le « traçage » des personnes testées positives a permis non seulement de publier les informations sur chaque cas connu, mais aussi à envoyer une alerte à l’ensemble des personnes ayant croisé l’individu malade.4 Fin avril, déjà, plus d’une trentaine de pays avaient recours aux applications de traçage5. Ainsi, avec le prétexte de vouloir nous protéger du virus, nous assistons à la mise en place de systèmes de suivis des déplacements et des relations de milliards d’individus, alors que les résultats sanitaires sont plus qu’incertains.

Ainsi, dans le cadre de cette expérimentation grandeur nature, l’éventail des dispositifs de surveillance et de contrôle va d’applications où les données sont stockées dans des serveurs centraux et communiquées aux autorités, à celles où les données sont prétendument « anonymisées » (non lié à l’identité des personnes) et stockées sur notre propre cellulaire…

Le Canada a décidé de lancer sa propre application pour cellulaire, qui utilise la technologie Bluetooth pour tracer les contacts entre personnes. L’application Alerte COVID a été lancée le 31 juillet, mais comme ce fut le cas à propos d’applications similaires développées ailleurs dans le monde, son efficacité est sérieusement mise en doute, en plus d’être jugée trop intrusive et pas assez sécurisée6.

Ce qui pourrait surprendre c’est l’engouement de tant de gouvernements7 pour une solution dont l’efficacité est loin d’être démontrée. Tout d’abord, la géolocalisation, ou la présence dans le rayon Bluetooth8 d’un autre téléphone, ne prouve en aucun cas que la personne atteinte ait réellement pu constituer un risque de contagion. Rappelons qu’un porteur de COVID-19, ne contaminera en moyenne qu’entre 0 et 5.7 personnes9, alors que plusieurs dizaines de personnes ayant croisé son chemin recevront un avis de risque de contamination, provoquant inutilement un potentiel vent de panique.

Selon les dires même des développeurs de ces applications et des gouvernements qui les mettent en place, pour être efficaces, il faudrait que les trois quarts de la population d’une ville ou d’un pays la télécharge. Il est difficile de croire que ces taux élevés d’utilisation seront atteints. Comme le notait la revue Nature dans un éditorial du 29 avril dernier10, l’application tant vantée de Singapour n’était utilisée que par 20 % de la population, ce qui signifie que les chances que deux personnes utilisant l’application se croisent ne sont que de 4 %. Bien que l’utilisation de ces technologies se fasse pour l’instant sur une base volontaire dans la majorité des pays qui se prétendent démocratiques, il existe un risque réel pour que la pression soit forte pour la rendre obligatoire après la ou les prochaines vagues d’éclosion du virus. Les médias de masse jouent un rôle important dans la promotion des nouvelles mesures ; nous avons pu observer comment cela fut le cas concernant le port du masque qui fut rendu obligatoire suite au premier déconfinement, alors qu’il n’avait pas été jugé utile de le porter avant cela. Il est préoccupant de voir qu’il semble plus simple de jeter le blâme de la non-efficacité de certaines mesures sur les récalcitrants, que de se demander lesquelles sont vraiment efficaces.

Par ailleurs, de sérieux doutes ont été émis sur la capacité réelle des développeurs de ces applications de protéger les données des utilisateurs. Au Dakota par exemple, l’application Care19 a rendu publiques les données de géolocalisation de 30 000 usager.e.s.11 D’ailleurs, le chef de la cybersécurité aux Commissionnaires du Québec, Jean-Philippe Décarie-Mathieu « croit que le sentiment d’urgence de l’industrie technologique et des décideurs pour trouver des solutions à la pandémie, exacerbée par un certain climat de peur, peut porter les développeurs de ces applications à tourner les coins ronds en ce qui concerne la sécurité des données ».12 Pourtant, on tente de nous convaincre que les applications développées en Occident sont radicalement différentes de celles implantées en Chine par exemple, puisqu’elles ont été développées de façon à anonymiser les données, à ne pas permettre la géolocalisation, ou encore parce que les données seront stockées sur notre cellulaire et non sur un serveur externe. Cependant, comme Edward Snowden l’affirme dans ses mémoires, ce genre de garantie ne tient pas puisqu’il est impossible de faire disparaître définitivement des données enregistrées.13

Au soi-disant14 Québec, le projet de réunir les données de santé en ligne date de 2009, avec l’implantation du Dossier Santé Québec (DSQ), qui avait pour but de centraliser les données de santé des patients. Rappelons qu’à l’époque, les groupes communautaires en santé et services sociaux avaient dénoncé cette mesure qui aillait à l’encontre du droit à la confidentialité15. Plus de dix ans plus tard, le Carnet de Santé Québec, lancé en mai 2020, permet aux patients d’accéder aux informations du DSQ16 sur leurs téléphones cellulaires.

La Chine comme exemple, depuis quand ?

Bien que ce qui circule sur la Chine dans les médias occidentaux, sur fond de guerre commerciale, soit souvent à prendre avec un grain de sel, il est néanmoins frappant de voir comment des pratiques attribuées initialement au caractère autoritaire du Parti communiste chinois sont maintenant louangées comme étant l’avenir du monde « civilisé » pour faire face au virus. C’est d’abord en Chine que plusieurs applications de traçage ont été lancées : celle du gouvernement, celle de la capitale, Pékin, et celles d’autres collectivités locales. Elles livrent toutes des code-barres destinés à déterminer le degré de risque que représente un individu en lien avec son degré d’immunité au virus et les contacts que la personne a eu avec des individus potentiellement infectés ou à risque. Ainsi le code-barres change de couleur selon cette évaluation du risque : « vert » aucun problème, « orange » obligation de se placer en quarantaine à la maison et « rouge » obligation de se placer en quarantaine dans un lieu centralisé déterminé par l’État. Les individus doivent installer ces applications sur leur téléphone intelligent afin de pouvoir circuler dans la ville, puisque des détecteurs de code-barres ont été installés et des checkpoints des autorités mis en place à l’entrée de divers endroits publics, comme les transports ou les centres commerciaux ; seul un code vert permet d’y entrer.17 Mais ces codes barre vont au-delà de la détermination du risque que pose une personne, ils envoient aussi des informations à la police et aux autorités, ce qui représente un dangereux précédent dans le déploiement de nouvelles formes de contrôle social automatisé. Chaque fois que le code barre est scanné, les données de géolocalisation de la personne sont envoyées aux autorités18. L’application promue par le gouvernement central, baptisée Alipay Health Code a été développée avec l’entreprise Ant Financial, une compagnie sœur du géant du commerce en ligne Alibaba. Malgré les implications liberticides d’un tel système de contrôle et de surveillance de la population, les médias occidentaux ont vanté le modèle chinois de gestion du déconfinement19. Remarquons par contre qu’ils n’ont pas fait autant de reportages sur les autres mesures mises en place par la Chine, comme par exemple les brigades de prévention communautaire dans les quartiers20 qui ont permis de freiner la contagion, ni du fait que la médecine chinoise intègre techniques de médecine allopathe et connaissances ancestrales telles que l’acupuncture et l’usage des plantes médicinales.

Surveillance policière et contagion

Plusieurs autres moyens permettant la surveillance médicale de masse sont en train de voir le jour. Si certaines de ces mesures peuvent nous sembler sensées afin de faire face à la menace du virus, elles sont implantées en bloc de manière accélérée ce qui rend difficile une analyse sérieuse de leur pertinence et l’expression de critiques quant aux risques que certaines d’entre elles représentent. Les caméras thermiques sont un de ces gadgets et bien que celles-ci aient fait scandale dans un IGA à Saint-Lambert,21 en Colombie elles sont déjà parfaitement acceptées dans les aéroports et dans le transport en commun22. La carte d’immunité fait aussi partie des propositions en vogue. L’Imunity Card23, est un document d’identité où seraient enregistrés, entre autres choses, les résultats des personnes ayant été testées, une proposition qui surgit en réaction à la pénurie de test. Dans un futur pas très lointain, l’information concernant la vaccination fera probablement aussi partie de ce qui y est inscrit. Proposée initialement aux États-Unis, l’Allemagne et le Chili étudient la possibilité d’implanter ces cartes. Cette mesure est emblématique puisqu’elle fait partie de l’arsenal de moyens qui relèvent plus de la paranoïa sécuritaire que de réelles mesures de protection sanitaires. En effet, les scientifiques ignorent encore si l’immunité est possible et pour combien de temps24.

D’autres technologies sont en cours de développement afin de surveiller l’immunité des individus et le risque potentiel qu’ils représentent. Depuis 2016, le Massachusets Institue of Technology (MIT) travaille sur un carnet de vaccination prenant la forme d’une encre invisible injectée sous la peau, mais détectable par les téléphones intelligents, qui permettrait de vérifier si une personne a effectivement reçu tel ou tel vaccin25. Bien que ce fameux carnet de vaccination invisible ne sera sans doute pas prêt avant la fin de cette pandémie, IBM travaille actuellement sur le développement d’un certificat numérique qui servirait à identifier les personnes ayant été déclarées positives de la COVID-19, celles qui en sont rétablies, celles qui ont été testées, et lorsqu’il y aura un vaccin, qui l’a reçu. Si tel que le prétend le fondateur d’IBM, Bill Gates, l’ensemble de l’humanité devrait être vaccinée contre la COVID-19, il y aura beaucoup beaucoup d’argent à faire avec de tels projets. De plus, cela nous emmène à nous questionner : que fera-t-on des gens qui refusent de se faire vacciner ? Pourront-ils aller dans les commerces, dans les épiceries, travailler, sortir dans les bars ? Et dans l’éventualité où aucun vaccin efficace ne réussisse à être développé ou en attendant sa découverte, il y aura aussi énormément d’argent à faire avec le développement de ces technologies de gestion du risque que représentent les individus et probablement beaucoup de profilage.

À tout cela vient s’ajouter le confinement, volontaire ou obligatoire selon les pays. La notion de confinement de masse, comme mesure adoptée en urgence globalement, est elle-même mise en doute.26 En effet, isoler la population a des conséquences négatives sur la santé, psychologiques notamment mais aussi physiques : l’absence d’exposition aux autres et l’utilisation à outrance du gel antiseptique affaiblit notre système immunitaire, retardant artificiellement les pics de contagion, tandis que l’absence d’activité physique rend nos corps plus vulnérables à toutes sorte de maladies et affaiblit particulièrement les personnes âgées.

Néanmoins, le caractère volontaire ou répressif des mesures implantées pour faire respecter le confinement varie d’un endroit à l’autre sur la planète. Dans de nombreux pays du Sud global, les États ont opté massivement pour des mesures répressives. En Colombie par exemple, les personnes qui enfreignent le décret sur l’isolement social, peuvent encourir une peine de prison allant de 4 à 8 ans.27 Les mesures incluent selon les villes, le couvre-feu, l’interdiction de sortir sauf pour l’accès aux services de santé, la gestion des déplacements par catégorie de population, les contrôles d’identité lors de l’entrée dans un établissement et finalement, alternance entre jours pairs et impairs selon le numéro d’identité, afin d’avoir le droit de sortir pour acheter des denrées alimentaires, s’approvisionner ou aller dans une banque. Ces mesures étant impossibles à respecter pour des millions de gens qui gagnent chaque jour les maigres revenus qui leur permettront ou non de se nourrir et de se loger, la mairie de Bogota a opté pour carrément « fermer » certains quartiers et militariser les rues. Dans certaines provinces canadiennes comme au Nouveau Brunswick, les personnes revenant de l’étranger sont non seulement assignées à domicile, mais elles reçoivent une visite quotidienne de la GRC pour s’assurer qu’elles respectent le confinement. À Hong Kong, les personnes qui reviennent de l’étranger doivent porter un bracelet électronique durant leur période de quarantaine et celui-ci est connecté à leur téléphone intelligent : si le bracelet et le cellulaire viennent à être séparés, un message d’alarme est envoyé aux autorités et le contrevenant risque, selon les cas, une amende ou même la prison28 .

Récemment au soi-disant Canada, sous le prétexte de la pandémie, l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) tente d’introduire des bracelets de cheville pour localiser par GPS des migrant.e.s, en les « offrant » à plusieurs détenu.e.s comme un prix à payer pour leur liberté.29 À travers son nouveau programme de « solutions de rechange à la détention » 30, l’ASFC sous-traite le contrôle des migrant.e.s à des tierces parties telles que la John Howard Society, qui supervisent au soi-disant Québec des programmes punitifs de « gestion des cas » s’apparentant à des programmes de libération conditionnelle, parfois en combinaison avec des stratégies de traçage GPS et de reconnaissance vocale.

Cela n’est pas sans rappeler le projet d’identification numérique développé par Accenture et Microsoft, sous le nom de « ID2020 », qui a été lancé lors du sommet des Nations Unies à New York en juin 2017. Il s’agit de développer un vaste réseau de documentation numérique pour les réfugié.es, par la création d’une base de données biométriques globale31. Toutes les données publiques et commerciales qui existent sur un individu y seraient inscrites et chaque service reçu inscrit au dossier32. Comme le dit le site officiel du projet33, les systèmes d’identification existants, incluant les passeports, sont jugés obsolètes et ce projet vise à les remplacer. Des organismes de soutien aux personnes réfugiées et sans-papiers ont dénoncé que l’obtention de l’aide humanitaire est conditionnelle à l’acceptation de ce fichage dans certains camps de réfugiés des Nations Unies34.

Au soi-disant Québec, le gouvernement travaille sur un projet visant à fournir à la population une identité numérique : il espère être en mesure d’attribuer des identités numériques dès l’automne 2021 et que l’ensemble du “portefeuille de services numériques” soit complété d’ici 2025. Nos données personnelles seront cryptées dans ses serveurs infonuagiques et pour nous identifier, on utilisera notre nouvelle identité numérique accompagnée soit de nos données biométriques soit d’un mot de passe complexe (au choix), à partir de notre téléphone intelligent.35

Vers un nouvel ordre social?

L’urgence et le climat de peur servent à forcer le consensus et à fabriquer le consentement de la population aux diverses mesures mises de l’avant pour nous sortir de la crise sanitaire. Nous acceptons jours après jours la mise en place de mesures de contrôle social qui, il y a à peine quelques mois, auraient été impensables. Le traitement médiatique de la pandémie n’est pas étranger à l’acceptation sociale des changements drastiques qui nous sont imposés.

Bien que ces mesures s’appliquent dans le contexte de la pandémie, il y a fort à parier que plusieurs d’entre elles sont là pour rester, tel que nous met en garde le Guardian à ce sujet36. Les États tendent à rendre permanentes les lois spéciales et autres mesures d’exceptions introduites en temps de crise. Nous n’avons qu’à penser aux lois anti-terroristes ayant été votées un peu partout sur la planète après le 11 septembre 2001, donnant des pouvoirs accrus aux forces de l’ordre et à l’État en matière de contrôle et de surveillance ; l’ensemble de ces pouvoirs sont toujours en place.

Les enjeux entourant l’avancée des technologies de surveillance vont bien au-delà du respect de la vie privée et des questions sanitaires ; leur mise en place « teste la température de l’eau » afin de jeter les bases pour générer l’adhésion de la population au déploiement accéléré du capitalisme de surveillance. Comme nous le verrons, de dernier est basé non seulement sur la cueillette et le contrôle des données des individus, mais surtout sur l’ingénierie sociale, c’est-à-dire le façonnement des comportements individuels et sociaux.

La crise du coronavirus et la mise en œuvre du capitalisme de surveillance

Afin de pouvoir analyser la situation générée par la crise globale liée à la pandémie de la COVID-19, il est nécessaire de prendre un pas de recul pour se pencher sur les conditions préexistantes à cette crise. Où en est le développement de l’économie capitaliste à l’heure du numérique et du marché du Big Data, alors que les avancements de la robotique, de la biotechnologie et de la neuroscience se marient à celle de l’intelligence artificielle ?

Pour analyser la situation actuelle, il est nécessaire de se demander ce que la crise permet d’accélérer : c’est-à-dire le déploiement du capitalisme de surveillance et de la « quatrième révolution industrielle »37. Il ne s’agit que d’aller faire un tour sur le site du Forum économique mondial pour prendre toute la mesure de ce qui se trame pour informatiser nos vies jusque dans leurs moindres recoins38 :

« La crise de la COVID-19 nous démontre que les technologies émergentes telles que l’Internet des objets et l’intelligence artificielle ne sont pas seulement des outils, ils sont essentiels au fonctionnement de notre société et de notre économie. Particulièrement, en ces temps d’instabilité, nous devons les penser en termes d’infrastructure critique ».39

Tout comme cela s’est produit par le passé avec les numéros de téléphone, aujourd’hui les adresses IP, différentes pour chaque dispositif connecté à un réseau, ne sont plus suffisantes ; on doit donc passer d’un système IPv4 à 9 chiffres à un système IPv6 à 17 caractères. Avec ce nouveau système, nous allons progressivement passer de 4.3 milliards d’adresse IP disponibles actuellement, à un potentiel de 340 undécillion ou sextillion40, bref un nombre presque infini de dispositifs qui peuvent être connectés. Déjà en 2017, le Forum économique mondial affirmait « qu’entre 50 et 100 milliards d’objets seront connectés en 2020 ».41 Ces chiffres augmentent de façon exponentielle au rythme de l’installation du réseau 5G, un système internet tout neuf, qui rendra peu à peu obsolètes les ordinateurs et cellulaires que nous utilisons aujourd’hui. Le réseau 5G permet de capter les ondes millimétriques, qui augmenteront considérablement la rapidité de l’internet et le nombre d’objets qui peuvent y être connecté. Disons en résumé que télécharger un film de 2h prendra moins de 10 secondes et qu’une vidéo pourra apparaître en 3D42.

Toutefois, la mise en place du réseau 5G à l’échelle mondiale se fera graduellement et pourrait prendre encore un certain temps parce qu’il est compliqué à installer : pour ce faire il faut changer les antennes actuelles, et installer un peu partout, ville par ville, des milliards de tours et de petits boîtiers, qui permettent à ces ondes courtes d’être accessibles partout pour rendre l’internet presque immédiat. Au soi-disant Canada, Bell, Rogers et Telus ont introduit les réseaux de cinquième génération dans plusieurs grandes villes, et quelques modèles de téléphones intelligents compatibles avec la 5G sont maintenant offerts en magasin. Mais le signal risque d’être faible ou instable pour quelque temps encore en raison du nombre insuffisant de tours de transmission et il faudra encore plusieurs années avant de comprendre le réel potentiel de la 5G.43

Les entreprises de cybersécurité s’inquiètent, puisque cette multiplication exponentielle du nombre de connections augmente énormément les risques de piratage et la vulnérabilité des systèmes, entre autres. Il y a aussi tout un mouvement qui dénonce les impacts inconnus sur la santé de ces nouvelles ondes. Alors que l’OMS affirme que les impacts sur la santé des ondes en général et en particulier de celles du 5G sont insignifiants,44 la Suisse a tout de même décidé de mettre en place une commission fédérale sur le sujet45. Si l’opposition au 5G est présentée comme farfelue dans les médias, la répression contre le mouvement anti-5G ne se fait pas attendre : on associe à des adeptes de théories du complot les personnes qui sont accusées de destruction de tours ou d’antennes en Europe46 et au soi-disant Québec47.

L’Internet des objets

L’internet des objets, dont le déploiement complet ne sera possible que lorsque le réseau 5G sera pleinement en place, se base sur l’idée que tous les objets qui nous entourent et que nous utilisons au quotidien soient connectés48: nos montres, nos lunettes, notre brosse à dents, notre miroir, notre mp3, nos boîtiers de pilules, notre frigo, notre voiture, tous nos électroménagers, jusqu’aux maisons intelligentes en entier, munies de senseurs et de caméras pour nous aider à surveiller nos enfants (sic)… Bref, que tout soit connecté, pour qu’en rentrant chez nous, notre maison nous parle, mette de la musique, ouvre la porte, allume la lumière, nous rappelle qu’il est l’heure de prendre notre médicament, nous propose une recette en fonction de ce qu’il y a dans le frigo, programme le four pour réchauffer le souper et qui sait nous prépare un drink (!), pendant que nous lui demandons, la météo du lendemain, les résultats du hockey, l’histoire de l’indépendance des États-Unis ou une recette de biscuits, comme avec Ok Google actuellement sur notre Android. Cela suppose que chacun des objets soient connectés à Internet, avec leur propre adresse IP. Les programmes d’assistants intelligents comme Alexa ou Google Home, sont un premier pas dans cette direction et visent à nous habituer à cohabiter avec l’intelligence artificielle (IA)49. Car bien que l’IA nous semble encore un concept abstrait qui ne verra le jour que dans un avenir lointain, elle sera déployée massivement au cours des dix prochaines années, avec notamment le concept des villes intelligentes50, qu’on nous vend comme étant éco-responsables…51 Et bien que plusieurs d’entre nous croient que cela ne les affectera pas puisqu’ils ne sont pas intéressé.e.s à s’acheter des objets connectés, il ne faudrait pas oublier que d’une part, ces objets seront faits pour être si pratiques que plusieurs succomberont à la tentation comme nous l’avons tou.t.es fait avec les téléphones intelligents et que d’autre part, viendra un temps où l’industrie ne produira que ce type d’objets, rendant obsolètes ceux que nous utilisons présentement.

La quatrième révolution industrielle, qui consiste à « relier les systèmes physiques, biologiques et digitaux » est donc bel et bien en marche.52 Le Centre pour la quatrième révolution industrielle53, mis en place par le Forum économique mondiale et basé à San Francisco, se définit comme un « réseau pour la gouvernance technologique mondiale »,54 dont la mission est de « maximiser les bénéfices de la science et des technologies pour la société, en partenariat avec des gouvernements, des entreprises privés et des experts ». 55

Le confinement planétaire généré par la pandémie, tout comme les mesures de distanciation sociale qui demeurent suite au « déconfinement », nous ont propulsé.e.s dans cette nouvelle ère de connexion extrême à nos écrans et aux technologies. En fait, la situation issue de la pandémie a permis la mise en œuvre de deux processus simultanés ; d’une part nous sommes appelé.e.s à réduire, voire à mettre fin, à la majorité de nos contacts humains et de nos relations interpersonnelles en personne et d’autre part, nous sommes forcé.es d’augmenter notre utilisation d’internet et nos contacts avec le monde numérique. Et dans ce processus, nous augmentons notre dépendance aux technologies ; les écrans deviennent le mode quasi exclusif d’accès au monde ; le commerce en ligne explose, y compris pour l’achat de notre nourriture et nous voyons émerger toutes ces plates-formes pour les services de santé en ligne, l’éducation à distance et le télétravail, pour ne nommer que ceux-là. Déjà nous commençons à nous habituer à recevoir nos services de santé en ligne et le télétravail est louangé comme étant l’avenir du travail, notamment parce qu’il est prétendument plus écologique. En effet, bien que l’aire du numérique évite d’imprimer autant de papier, sont apport à la réduction des dommages environnementaux s’arrête là, puisque le visionnement de vidéo en ligne, les téléchargements incessants et les vidéoconférences impliquent des milliers de serveurs, qui dans leur majorité carburent au charbon aux États-Unis56. La navigation sur internet contamine autant que l’industrie aérienne et les chiffres devraient aller en augmentant ; la virtualisation de nos rapports apporte donc peu ou pas à la réduction de notre consommation d’énergie.57

Ce pas de géant du numérique sur l’économie, l’organisation de la société et la vie sociale, profite directement à des géants du web tels qu’Amazon, Facebook, Google et Microsoft. Ces derniers, aujourd’hui beaucoup plus puissants que les États, sont au cœur du développement du capitalisme numérique ; leur modèle d’affaire qui dépend du Big Data, est basé non seulement sur la surveillance des comportements en ligne des individus pour la collecte des données, mais aussi comme nous le verrons, sur la modification des comportements humains et sociaux dans cette nouvelle normalité où nous sommes et serons de plus en plus connecté.e.s. 

Le monde selon Google

Google révélait il y a quelques mois, les données de déplacement de millions d’êtres humains vivant dans 131 pays, afin de démontrer l’impact du confinement sur la mobilité et les comportements, révélant au monde le potentiel extraordinaire de surveillance, rendu possible grâce aux téléphones intelligents, aux technologies de géolocalisation et à des applications telles que Google maps. Peu de temps après, Google et Apple annonçaient qu’ils feraient front commun pour développer une application de traçage à grande échelle, pour « aider » à ralentir la propagation du virus…

Les plans de Google ne sont ni secrets, ni nouveaux, mais la pandémie lui permet d’avancer plus rapidement que prévu dans sa réorganisation du monde. Google profite de la situation pour agrandir entre autres son portfolio d’informations médicales ; une de ces dernières grandes acquisitions est le projet Ascension, conclu en novembre 2019.58 Depuis 2006, Google Santé59 tente d’obtenir volontairement nos données de santé, et fait la promotion de l’usage de l’IA dans le secteur de la santé. C’est actuellement un des principaux investissements de cet empire et son objectif est de développer des outils qui permettent de diagnostiquer, de prévenir et surtout de prévoir les maladies. La capacité de prévision est d’ailleurs au cœur du développement de l’intelligence artificielle : à partir des données extirpées de nos habitudes de vie et des émotions que nous exprimons (nos achats, nos déplacements, nos commentaires en ligne, etc.), Google veut être capable, à l’aide des algorithmes, de prévoir autant les maladies que nous développerons que nos prochains comportements. L’idée est que l’intelligence artificielle arrive à mieux nous connaître, que nous nous connaissons nous-mêmes, afin d’être en mesure de nous influencer. On parle en fait d’ingénierie et de déterminisme social, ce qui est pour le moins inquiétant.

Depuis 2013, Google investit massivement dans un projet de recherche en santé, qui utilise les informations de ses usagé.ere.s afin de trouver une solution au problème du vieillissement et de la mortalité, rien de moins ! Un des directeurs de Google, Ray Kurzweil, promet qu’en 2029, on parlera d’immortalité60. En attendant, on nous dit qu’on pourra faire exister nos proches décédé.es physiquement via l’intelligence artificielle61. Ce sont des milliards qui ne sont pas investis dans la santé de tou.te.s, mais plutôt dans le design du futur. Google utilise les données des utilisateur.trices pour ces recherches qui pourraient paraître farfelues, mais qui font partie d’un plan consciemment élaboré pour le monde de demain.

Il y a tellement de données qui se vendent et s’achètent sur le marché du Big Data que l’extractivisme des données62 (qui consiste à extraire les données des utilisateur.trices afin de consolider des bases de données cotées en bourses) est le secteur qui connaît actuellement la plus forte croissance dans les bourses du monde63.

Selon les prévisions du cabinet Gartner « 90% des données existantes aujourd’hui ont été créées au cours des deux dernières années et la production de ces données devrait exploser de 800% d’ici 5 ans ».64 Les données proviennent de partout : des messages que nous envoyons, des vidéos que nous publions, des informations climatiques, des signaux GPS, des achats avec carte de crédit ou encore des transactions en ligne. Les sites de rencontre, symbole des relations de notre temps, sont les meilleurs fournisseurs de données personnelles. Nous avons donc des ombres virtuelles qui en savent plus sur nos goûts, nos envies, nos sentiments et nos pensées que nous-mêmes, et pire encore des machines qui les analysent pour nous donner accès à la réalité digitale qui nous convient, selon Facebook ou Google. Chaque service « gratuit » que nous utilisons en ligne en acceptant d’interminables politiques d’utilisation sont donc des contrats par lesquels nous donnons des informations sur nous, en plus de celles recueillies à notre insu par les caméras, les cartes de débit qui remplacent l’argent comptant et autres gadgets. Ces informations sont ensuite compilées et analysées à l’aide de l’intelligence artificielle, puis vendues :

« En collectant massivement des informations sur leurs utilisateurs, elles formulent, à l’aide de l’intelligence artificielle, des prédictions hautement monnayables sur leurs comportements. Le « capitalisme de surveillance » est en somme une forme d’extractivisme, la matière première étant les données personnelles des citoyens »65, résume Aurelie Lanctot au Devoir.

L’affaire Cambridge Analytica66 et le scandale de l’utilisation des données pour la manipulation des résultats électoraux, incluant la création de tendances sociales et de mouvements sociaux de toutes pièces67 aurait pu ralentir le processus, mais il a seulement rendu les dirigeant.e.s plus prudent.e.s68.

Comme le souligne Naomi Klein dans son article le Screen New deal69, les plans de développement des villes intelligentes, basés sur la surveillance et l’interconnectivité des données, affrontaient avant la pandémie de nombreuses réticences à cause de l’ampleur des changements proposés. La pandémie semble avoir fait disparaître ces réticences, agissant comme un choc qui permet de rendre acceptable que nos maisons deviennent notre bureau, notre gym, notre école et même notre prison si l’État le décide. Mais l’économie numérique condamne les plus pauvres de la planète à travailler dans des conditions abjectes, afin de rendre possible ce développement technologique, que l’on parle des travailleurs.euses des mines de lithium pour la fabrication des téléphones intelligents et des voitures électriques, ou de ceux et celles des entrepôts d’Amazon et autres sweatshop.70

Que l’on parle de Google, maintenant appelé Alphabet depuis sa restructuration en 2015, de Facebook, du nouveau venu Zoom71 ou des autres géants du Big Data, le problème central demeure le rôle de la technologie dans nos vies et les décisions systématiquement prises en fonction du dictat de l’économie, comme par exemple l’obsolescence programmée de nos ordinateurs, de nos téléphones et des produits de consommation en général, qu’il est plus simple de jeter et d’envoyer dans des méga-décharges informatiques du Sud-Est asiatique72 que de réparer.

Pour en revenir à la pandémie qui accélère et actualise les changements en cours, c’est le genre de crise dont avait grandement besoin le capitalisme. Les crises du capitalisme opèrent toutes selon la même dynamique ; elles liquident des pans entiers de l’économie et permettent de la restructurer avant d’entrer dans une nouvelle phase de croissance et d’accumulation de capitaux, qui concentre chaque fois plus la richesse. Le capitalisme a besoin de croissance perpétuelle pour fonctionner ; périodiquement celle-ci stagne et il faut donc faire disparaître des capitaux pour mieux redémarrer. Les crises financières, les guerres et les catastrophes, dont les pandémies, sont idéales pour remettre les compteurs à zéro, éliminer les petits, faire grandir les gros, puis repartir. La crise actuelle permet également de mettre à jour les cadres légaux et les comportements sociaux et de réécrire les règles du jeu de la « nouvelle normalité » qui s’installe. Les nouvelles règles que laissent entrevoir cette crise n’ont rien d’enviables ; elles nous font graduellement glisser vers un monde dans lequel notre réalité concrète, celle qui ne passe pas par un écran, entre de plus en plus en contradiction directe avec cette réalité qui de clic en clic alimente l’indifférence, l’éphémère et la distance sociale. Le concept qui est développé par les géants des technologies est de créer un « hive mind » ou « esprit de ruche », c’est à dire une sorte de savoir universel issu de la mise en commun de l’ensemble de nos données personnelles, qui en fait selon eux, ne devraient pas être considérées comme étant du domaine privé mais bien comme appartenant à l’humanité et aux futures générations (sic)…Cette idée est assez explicite dans la vidéo interne de Google, The Selfish ledger, qui a été rendue publique suite à une fuite. Réalisée en 2016, il y est discuté comment les données de masse peuvent être utilisées pour diriger le comportement humain, tant à l’échelle individuelle que globale. 73 Ultimement, nous aurions l’impression de poursuivre des buts communs (déterminés par Google!), avec l’IA nous dictant la voie à suivre… En étant en permanence connecté.e.s à autrui et à une sorte de savoir universel par le biais d’Internet, cela ferait en sorte que nous ne ressentions plus le besoin d’être en contact dans le monde réel.

Qui s’enrichit et profite de la crise ?

Alors que la pandémie semble générer une reconfiguration des forces au sein du capitalisme global, les hommes les plus riches de la planète en profitent. Entre le 18 mars et le 19 mai 2020, la fortune globale des 600 milliardaires américains a augmenté de 434 milliards en dollars US et les patrons des multinationales de la Silicon Valley sont ceux qui en ont le plus profité. Les mesures de confinement de la population et la fermeture des commerces ont fait bondir les achats en ligne et le besoin de rester connecté.e.s via les réseaux sociaux, ce qui a fait grimper en flèche la valeur des titres des GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft) et des entreprises de haute technologie en général74. Entre mars et mai, la fortune de Jeff Bezos – fondateur et patron d’Amazon – a augmenté de plus de 30 %, un bond équivalent à 24 milliards de dollars depuis le début de l’année 2020, soit quatre fois plus que l’augmentation habituelle de sa fortune, si on compare les chiffres des gains depuis 2017.75 Durant la même période, la fortune de Mark Zuckerberg, patron de Facebook, a bondi de plus de 46 % pour s’élever à $54,7 milliards. En toile de fond, les titres d’Amazon et de Facebook ont atteint dans la semaine du 22 mai leur plus haut niveau historique. Pendant ce temps, 39 millions d’américain.e.s et plus de 3 millions de canadien.ne.s ont perdu leur emploi à cause de la pandémie, alors que des millions de personnes dans les pays du Sud global ont été encore davantage acculées à la misère, ne pouvant même plus sortir de chez elles pour gagner leur pain quotidien ou perdant carrément leur logis à cause de la crise.

Les GAFAM sont contrôlées par des hommes dont les ambitions ont de quoi donner des frissons dans le dos. Attardons-nous un instant à Amazon et à son patron Jeff Bezos, l’homme le plus riche de la planète, dont la fortune s’élève à 113 milliards en dollars américains, suivi de près par Bill Gates avec un fortune de 98 milliards76 La plupart des gens voient Amazon comme une simple entreprise de commerce en ligne, mais il s’agit d’une perception erronée car ce n’est que la pointe de l’iceberg de l’empire dont l’objectif est d’arriver à contrôler une partie importante de l’infrastructure économique mondiale. En plus du e-commerce, Amazon est l’acteur numéro un sur la planète dans le secteur de l’infonuagique et des centres de données, alors que l’entreprise contrôle plus de 120 centres de données un peu partout sur la planète. Alors que de nombreux gouvernements et un nombre infini de compagnies stockent déjà ou prévoient stocker leurs données dans les serveurs d’Amazon, cela donne à l’entreprise un contrôle énorme sur l’industrie des données. Mais la prétention d’Amazon s’étend encore bien au-delà : ce que Jeff Bezos cherche à accomplir, c’est que son entreprise devienne un maillon clé dans la chaîne de production et de distribution du commerce international en devenant l’interface entre tous les grands acheteurs et vendeurs, par l’élargissement de son contrôle sur le secteur de la logistique et de l’envoi de colis. Il veut en quelque sorte posséder l’infrastructure et le réseau de distribution le plus grand de la planète.77 De plus, Amazon a déjà commencé à mettre en place des projets pilotes de magasins sans employés. Comme si cela n’était pas assez, Amazon vient de recevoir la bénédiction des autorités américaines pour son projet Kuiper78, visant à déployer une constellation de 3236 satellites en orbite basse afin de fournir de l’internet haut débit au plus grand nombre de personnes possible. Le lancement commercial du service est prévu pour juillet 2029. Ce projet semble être une réponse directe au projet Starlink de SpaceX qui compte déjà 480 satellites en orbite et qui prévoit en mettre au total 42 000.79

Ainsi, Amazon est sans conteste le grand gagnant parmi les entreprises s’étant le plus enrichies au cours de la pandémie, ses ventes ayant augmentées de 26%,80 alors que les dénonciations des syndicats sur le non-respect des consignes sanitaires pour protéger les travailleurs.euses dans ses entrepôts fusaient de toutes parts81. Mais les autres géants de la Silicon Valley ne sont pas en reste : à la fin du premier trimestre de 2020, tous ont affiché un chiffre d’affaires en hausse : Google +13%, Facebook +18%, Microsoft +15%, et Apple +1%82. D’ailleurs, la société d’investissement MKM Partners a créé un nouvel indice appelé le « Stay home index » pour répertorier les entreprises qui s’en sortent le mieux en ces temps de pandémie. Environ 30 grandes compagnies y sont cotées, dont Amazon, eBay, Alibaba, Netflix, Facebook, Zoom et Slack83. Mais en plus des entreprises de l’économie numérique qui sont en tête du palmarès, d’autres secteurs économiques ont aussi profité de la crise de la COVID-19 et continueront de le faire, notamment dans les secteurs de l’agro-alimentaire, du pharmaceutique, des équipements médicaux, des produits d’hygiène, ainsi que de la grande distribution. On peut penser entre autres à Walmart et Costco, à Ontex, l’un des leaders mondiaux de produits d’hygiène, ou à Jonhson&Johnson et Novartis qui travaillent sur le développement d’un vaccin, pour ne nommer que ceux-là84. Alors que les plus grandes chaînes sont restées ouvertes durant toute la période du confinement, les petits commerces de détail ont dû fermer leurs portes pour des raisons sanitaires. Pourtant, l’achalandage dans les commerces de proximité est moindre en comparaison aux grandes surfaces où convergent des centaines de personnes par jour et qui possèdent des systèmes de ventilation pouvant potentiellement distribuer le virus dans l’air.

Dans le secteur pharmaceutique, une panoplie de laboratoires ont flairé la bonne affaire. À la mi-mars, alors que les Bourses s’effondraient, l’action de Gilead grimpait de 20% après l’annonce des essais cliniques du Remdesivir contre la COVID-19, celle d’Inovio Pharmaceuticals gonflait de 200 %, à la suite de l’annonce d’un vaccin expérimental, celle d’Alpha Pro Tech, fabricant de masques de protection, bondissait de 232 % et l’action de Co-Diagnostics montait de plus de 1 370 % grâce à son kit de diagnostic moléculaire du SRAS- CoV-2.85

Ainsi, alors que les systèmes publics de santé de nombreux pays étaient sur le bord de l’hécatombe, faisant face à une pénurie de masques de protection, de respirateurs artificiels et de tests de dépistage, les grandes pharmaceutiques avaient déjà commencé à s’enrichir. La pandémie a révélé les conséquences d’années de coupes budgétaires des gouvernements et de politiques favorisant la privatisation graduelle de nos systèmes publics de santé, au profit d’une vision mettant de l’avant la rentabilité économique de la santé.

La question du port du masque est emblématique pour mettre en lumière comment les intérêts économiques pèsent plus lourd que les questions sanitaires quand vient le temps de déterminer les politiques publiques. Un peu partout, on assiste depuis mars à une valse allant d’interdire l’achat de masques afin de s’assurer de leur accessibilité dans les services de santé,86 à rendre son port obligatoire sous peine d’amende ou même de prison ; or, il apparaît que ces politiques varient selon la disponibilité des stocks à écouler sur les marchés.87 Même l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a tardé jusqu’en juin avant de faire une recommandation claire en faveur du port du masque généralisé.88 Et bien qu’un prétendu consensus scientifique semble maintenant se dégager pour recommander de le rendre obligatoire, de nombreux scientifiques continuent à mettre en doute son utilité.89

Force est de constater la place très stratégique que joue l’industrie pharmaceutique dans nos systèmes de santé, puisqu’elle produit à la fois les équipements de protection, les tests de dépistage, les médicaments et les vaccins. La production des tests de dépistage est non seulement contrôlée par le privé – qui les vend aux État à des prix exorbitants alors qu’ils sont très peu coûteux à produire – mais en plus, elle est entourée par le secret industriel et commercial, ce qui empêche le public d’y voir clair. Les « réactifs », ces composants chimiques des kits de dépistage qui attestent de la présence du virus, sont des molécules dont on ne connaît ni d’où elles viennent, ni à quoi elles servent, ni combien elles coûtent vraiment.90 De plus, il semble que différentes qualités de tests circulent : en Colombie par exemple, les résultats des tests prennent plus de 10 jours et donnent fréquemment des résultats erronés à cause de leur mauvaise qualité. Étant donné que nous sommes dans une situation exceptionnelle, pourquoi ne pas lever tout brevet sur ces découvertes scientifiques alors qu’on nous martèle qu’elles sont si précieuses pour la santé et la vie de milliards d’êtres humains ?

Cela ne fait pas exception dans la recherche de solutions et la course aux médicaments et aux vaccins pour lutter contre la COVID-19. Les États s’en remettent à « Big Pharma » et à la prétendue générosité de fondations telles que la Fondation Bill & Melinda Gates. Fondée par l’un des hommes les plus riches du monde, elle est impliquée depuis de nombreuses années dans l’industrie du vaccin sous couvert d’aide humanitaire en matière de santé aux populations des pays les plus pauvres. Bill Gates a annoncé récemment que sa fondation allait dépenser des milliards pour travailler avec sept fabricants potentiels d’un vaccin afin de financer leur production.91 La puissante Fondation Bill & Melinda Gates est l’acteur non étatique le plus puissant de la planète, d’une valeur de 45 milliards de dollars92 un montant supérieur au produit intérieur brut (PIB) de la Côte d’Ivoire, de la Jordanie ou encore de l’Islande. Si la Fondation Gates était un État, selon les données de la Banque mondiale93, elle serait le 91e plus riche du monde. Une grande partie de son capital est généré grâce à des investissements discutables, notamment dans l’industrie pétrolière.94 Elle est le deuxième contributeur en valeur absolue de l’OMS, derrière les États-Unis, et son plus important bailleur de fonds privé95. Pourtant, cette apparence de conflit d’intérêt n’a pas été questionnée dans les grands médias. Déjà en 2016, un documentaire intitulé, « l’OMS dans les griffes des lobbyistes ? »96 s’interrogeait sur l’indépendance de l’institution par rapport à ses bailleurs de fonds privés.

L’ampleur des investissements et des mesures déployés par les gouvernements pour lutter contre la COVID-19 est spectaculaire, si on met en perspective le nombre de morts liés à celle-ci, relativement au nombre de morts causés annuellement par d’autres maladies du notamment à la contamination environnementale, comme par exemple le cancer. En date du 24 août 2020, la COVID-19 avait provoqué près de 807 000 morts à l’échelle planétaire.97 Selon les dernières données du Centre international de recherche sur le cancer de l’OMS, il y a eu 9,6 millions de décès en raison de cancers en 2018 à l’échelle planétaire.98 Il est évident qu’un des enjeux lié à la COVID-19 est son potentiel de propagation rapide, son taux de mortalité plus élevé que la grippe saisonnière et le risque de débordement des unités de soins intensifs des hôpitaux qui en découle et que cela justifie de prendre des mesures temporaires pour « aplanir la courbe ». Mais il n’en reste pas moins qu’il est légitime de se demander pourquoi nos gouvernements ne sont pas si empressés de mettre en place des politiques sérieuses visant à prévenir les cancers, notamment en interdisant la vente et l’épandage de pesticides sur nos aliments par l’industrie agro-alimentaire, alors que certains d’entre eux comme le glyphosate ont finalement été reconnus comme probablement cancérigènes par l’OMS.99 Dans tous les cas, si les grands médias nous faisaient un décompte quotidien du nombre de morts liés au cancer, il y a fort à parier que la peur engendrée par un tel décompte générerait une pression sociale suffisante pour forcer les gouvernements à faire face au lobby des entreprises. La mainmise du privé sur le secteur de l’agriculture, de l’alimentation et de la santé, fait en sorte que les populations sont à la merci de multinationales telles que Monsanto, ironiquement rachetée par la pharmaceutique Bayer.100

Les États continuent cependant d’offrir toutes les garanties et incitatifs possibles au secteur privé. Un exemple flagrant de cela est l’annonce du ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, le 21 août dernier, affirmant que le gouvernement souhaite attirer les pharmaceutiques au soi-disant Québec en leur donnant accès aux données de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ). « On a l’intelligence artificielle, on a la médecine spécialisée […] on a les données de la RAMQ, et les données de la RAMQ, c’est une mine d’or », a-t-il déclaré. […] Le jour où on peut se rendre confortables de donner accès à nos données de santé aux compagnies pharma[ceutiques] qui vont venir dans les hôpitaux universitaires qui sont très performants, et on a Mila à côté qui fait l’algorithme ou Imagia, c’est winner ! », a-t-il poursuivi. 101

D’ailleurs, en mars 2019, l’IRIS publiait une recherche102 sur l’IA, annonçant que Le gouvernement du Québec veut faire de l’intelligence artificielle (IA) une composante importante de l’économie québécoise, dont Montréal serait le pôle central. « Cette industrie est vue comme un pilier de la croissance économique mondiale par l’OCDE notamment. En mai 2020, l’IRIS émettait l’hypothèse « qu’en se posant comme un modèle à suivre, [l’État] renforce la confiance des investisseurs pour les produits d’IA développés en territoire canadien et québécois. L’État assure le lien entre les universitaires et les entrepreneurs et absorbe une part du risque financier, en stimulant les investissements privés ».

Soi-disant Montréal est en effet devenue un des plus importants pôles du développement de l’IA dans le monde :

« En 1993, Yoshia Bengio a fondé l’Institut québécois d’intelligence artificielle, aujourd’hui l’Institut des algorithmes d’apprentissage de Montréal, qui rassemble des chercheurs de l’Université de Montréal et de l’Université McGill. Aujourd’hui, cet organisme compte 300 chercheurs représentant 15 facultés. Ces chercheurs universitaires collaborent activement avec les grandes entreprises numériques de ce monde. Bengio est aussi membre d’IVADO, l’Institut de valorisation des données. Ivado est un concentré d’experts à Montréal faisant “le pont entre l’expertise académique et les besoins de l’industrie”. MILA, IVADO, Thales, Element IA et d’autres se sont récemment installés dans le Mile-Ex, déclaré comme lieu central de l’IA à Montréal. Les chercheurs s’installent à Montréal car il existe un « écosystème favorable » : des fonds publics, de la formation de la main d’œuvre financée par l’État, des espaces industriels pas chers, des universités, des acteurs de l’industrie numérique, le bilinguisme, etc. ».103

Ne pas s’habituer à la nouvelle “normalité”

Nous l’avons sentie et vécue comme un choc dans nos corps et nos esprits ; les changements provoqués par la crise se sont faits rapidement et on nous parle déjà d’une nouvelle façon de vivre en société à laquelle nous devrons nous habituer… Nous avons voulu en écrivant ces lignes, alimenter notre esprit critique, confirmer certaines intuitions, en abandonner d’autres… avec l’espoir de contribuer à nous donner des pistes de réflexion et de résistance pour lutter contre ce nouveau monde sans contact qu’on tente de nous imposer.

On assiste à une véritable réingénierie des comportements sociaux : imposition du télétravail dans plusieurs domaines, délation des voisins, peur de la contagion, peur des quartiers pauvres, peur d’une accolade, isolement social et acceptation de la surveillance de masse. Ces modifications accélérées des comportements concordent avec des tendances déjà fortes provoquées entre autres par l’usage des téléphones intelligents et des réseaux sociaux et le développement exponentiel des technologies qui marquera la prochaine décennie avec l’entrée en scène massive de l’IA dans nos vies.

Nous finissions ce début d’analyse encore plus préoccupées que nous l’étions au départ, qu’il s’agisse de confirmer l’énorme pouvoir d’influence politique et économique des futurs maîtres du monde, ces géants du Big Data, ou de découvrir que l’OMS obtient une part énorme de son financement d’une fondation qui investit aussi activement dans l’industrie pharmaceutique. Tout en confirmant que le capitalisme de surveillance a bel et bien pris son envol et que son éventail de nouvelles technologies nous est présenté comme autant de solutions miracles à la crise que nous vivons; nous percevons avec inquiétude la rapide acceptation des mesures qui créent de la distance dans nos relations humaines et nous empêchent d’être ensemble…

Il est fort probable que nous soyons appelé.e.s à nous adapter à cette nouvelle « normalité » et nous devons nous demander jusqu’où sommes-nous prêt.e.s à accepter ces nouvelles formes de contrôle et de surveillance de nos vies et l’imposition d’une nouvelle façon de vivre, de travailler et d’entretenir nos relations les un.e.s avec les autres, mais aussi de marginaliser et d’exclure. Qu’en sera-t-il lorsque les mesures proposées viseront à contrôler l’immunité ? Accepterons-nous de nous faire injecter un vaccin développé en toute hâte par des entreprises avides de profit ? Serons-nous indigné.e.s et prêt.e.s à défendre celles et ceux qui le refuseront, si la société décide de les exclure ? Il n’est pas impossible que dans l’éventualité où un vaccin soit trouvé, cette marginalisation et exclusion d’une partie de la population considérée à risque, s’applique aux personnes ayant refusé de se faire vacciner ou qui ne peuvent prouver leur immunité ; elles pourraient se voir refuser l’accès aux édifices gouvernementaux, aux endroits publics, aux commerces de grande surface et qui sait aux supermarchés…

En Bolivie, le gouvernement transitoire d’extrême droite mis en place suite à un coup d’État, a promulgué dans le contexte de la pandémie une loi rendant illégale la diffusion d’information, sur n’importe quel sujet, considérée comme trompeuse ou pouvant semer la confusion104. En parallèle nous observons que les contenus donnant de l’information critique sur la vaccination se font de plus en plus censurer sur les réseaux sociaux. Par exemple, Youtube informait fin 2019 que « Les vidéos qui font la promotion d’un contenu anti-vaccination constituaient – et c’est encore le cas aujourd’hui – une violation de notre politique concernant les actes dangereux ou pernicieux. Nous appliquons ces politiques de manière drastique et si nous trouvons des vidéos qui enfreignent ce règlement, nous prenons immédiatement les mesures nécessaires ».105 Que l’on soit en faveur ou non des vaccins, cela n’est pas la question ici : ce qui est en jeu est notre droit de penser, de critiquer et de partager publiquement une information alternative ou notre dissension. On observe actuellement une dynamique similaire avec les informations sur l’avortement, qui est censurée par exemple au Brésil106 et en Espagne.107 Un autre exemple dans lequel les géants du numérique sont à la fois juge et partie du contenu pouvant circuler en ligne, est celui de Facebook qui, fin août 2020, a décidé d’éliminer des dizaines de Fan Page de groupes associés à Crimethink et à itsgoingdown, ainsi que d’autres pages anarchistes ou antifascistes.108

Par ailleurs, étant donné que la possibilité de développer une immunité à long terme à la COVID-19 est incertaine, les gouvernements et les entreprises pourraient en venir à choisir toutes sortes de critères discriminatoires pour identifier le niveau de risque que représentent les individus : si nous gagnons moins de 35 000$ par année, si nous avons plus de 4 enfants, si nous vivons dans certains quartiers, etc. Ces critères, pourraient être transférés dans des algorithmes, comme ceux utilisés l’an dernier par des compagnies d’assurance en santé aux États-Unis, qui ont révélé favoriser davantage les personnes blanches.109

À court terme, la majorité des règles et mesures dictées par la santé publique seront volontaires, bien qu’associées à une forte pression sociale. Par contre, il n’est absolument pas farfelu d’imaginer que ces mesures iront en s’intensifiant et en augmentant l’étendue de leur spectre de contrôle sur nos vies, au fur et à mesures des vagues successives d’éclosion-confinement-déconfinement… Car comme le mentionne M. Lichfield du MIT en conclusion de son article, « non seulement nous nous adapterons à ces mesures, mais nous serons prompts à les accepter, car la surveillance de nos vies sera un maigre prix à payer pour retrouver notre droit fondamental d’être avec d’autres »110.

Comment résister et continuer de lutter ?

Un des premiers défis qui nous attend est de rester critiques face à la couverture médiatique en lien avec la pandémie et à la manière dont elle contribue à la fabrication de notre consentement. Même si la pandémie est une question de santé, un domaine dominé par les scientifiques où nous sentons que nous avons peut-être peu d’expertise, les enjeux qui se dégagent de cette crise sont beaucoup plus larges et touchent à différentes facettes du système économique et politique global dans lequel nous vivons.

Un des premiers moyens à notre portée est le refus de nous adapter sur une base individuelle à cette nouvelle réalité ; nous pouvons par exemple nous opposer aux mesures qui nous semblent farfelues, telles que le refus de l’argent comptant par les commerces. D’une part, parce que cela exclue et rend encore plus vulnérables les personnes en situation de pauvreté, ainsi que les personnes analphabètes, qui souvent n’ont ni carte de crédit, ni carte de débit et d’autre part, parce l’usage exclusif des cartes pour payer est un moyen additionnel pour extraire toujours plus de données de nos comportements de consommation.

Nous pouvons aussi questionner notre propre relation aux technologies, par exemple en commençant par se demander franchement qu’elle a été l’évolution de notre utilisation du téléphone intelligent et de l’internet, quelle place prennent les écrans et les réseaux sociaux dans nos vies, ainsi que dans notre façon de militer, de s’organiser, de mobiliser… Des résistances sur ce plan sont déjà en cours : depuis l’apparition des PC, les communautés de logiciels libres s’efforcent quotidiennement d’offrir des alternatives aux outils qui nous surveillent et des projets pilotes visant à mettre en place des infrastructures de connexion internet qui soient réellement décentralisées sont en construction au Chiapas et à soi-disant Montréal, par exemple.

En tant que mouvement de résistance, nous sommes bien loin des mobilisations de masse contre la mondialisation capitaliste et les événements internationaux organisés par l’élite mondiale sous l’égide d’institution telles que l’OMC, le G-20, le G-8 devenu G-7, ou le Forum économique mondial, et on voit encore très peu de manifestations devant les bureaux de Facebook, de Google ou d’Amazon. Mais nous sommes de plus en plus à nous pencher sur le rôle des GAFAM et le développement de l’intelligence artificielle. L’IA est l’enjeu économique du siècle, elle transformera la manière d’opérer du système capitaliste ainsi que les outils à la disposition des États pour contrôler la population par la surveillance et l’ingénierie des comportements sociaux. Le capitalisme de surveillance est à notre porte, mais il a besoin du développement du réseau 5G et de l’IA pour se déployer pleinement. Et l’intelligence artificielle n’est pas intangible, elle se développe dans nos villes : partout dans le monde, les grands centres urbains rivalisent pour attirer les acteurs de l’IA et ces derniers siphonnent allègrement les fonds publics.

À soi-disant Montréal, il y a un potentiel concret pour réfléchir collectivement à ce que nous pouvons faire pour freiner ce pôle de développement de l’IA, que ce soit par l’éducation populaire, la dénonciation, la mobilisation ou l’action directe.

« Les entrepreneurs en IA ont dans leur mire l’ancien pôle industriel entre Parc-extension et la Petite-Patrie, qu’ils appellent le Mile-Ex. Ils profitent aussi de l’expansion du campus de l’UdM dans la partie Sud de Parc-Extension. (…) Plusieurs start-up sont aussi situées près du Canal Lachine. (…) Ces entreprises s’approprient des ateliers locatifs, faisant grimper le prix des loyers et des ateliers, mais aussi des logements tout autour par l’afflux de travailleurs spécialisés. Ce mouvement d’appropriation du territoire par les entrepreneurs en IA contribue à achever la gentrification des quartiers visés. »111

Nos luttes contre la gentrification peuvent les décourager de s’installer dans nos quartiers ; à nous de faire les liens entre l’embourgeoisement de ces derniers et le développement des pôles de l’IA. Les luttes menées à Berlin contre Google-Campus ou encore celles menées à Grenoble contre le pôle technologique font partie des sources d’inspiration possibles. Tout comme les luttes qui, malgré la pandémie, préservent un autre rapport au monde depuis l’Amérique latine, qu’il s’agisse de la grève des livreurs de Uber eats au Brésil en juin, faisant écho à la grève d’Amazon au nord du continent, à la reprise des mobilisations au Chili, aux marches pour la dignité en Colombie, ayant parcouru plusieurs milliers de kilomètres depuis les territoires autochtones jusqu’à la capitale, ou aux luttes contre les évictions et les occupations de terrains par des familles délogées à Bogota, sans oublier les prisons, qui brûlent depuis des mois aux quatre coins du globe. Ces mobilisations viennent s’ajouter aux réseaux d’entraide comme ceux des paysan.ne.s brésilien.ne.s qui envoient chaque semaine des tonnes de nourriture bio dans les grandes villes, démontrant que vingt années d’efforts pour construire l’autonomie territoriale permettent aujourd’hui d’affronter la crise. Au quotidien, ce type de réseaux d’entraide construisent pas à pas un autre rapport au monde, préservant le tissu social envers et contre tout.

Ce tissu social, cette humanité qui s’exprime, sont les principales cibles et potentielles victimes de cette « nouvelle normalité » qu’on tente de nous faire accepter. Bien que nous acceptions la distanciation sociale comme un mauvais moment à passer, tant qu’il s’agit d’une mesure temporaire pour se protéger et protéger nos proches, nous pouvons refuser de nous y habituer et affirmer d’ores et déjà que nous n’accepterons pas la distanciation sociale perpétuelle. Nous avons besoin du contact humain physique, de pouvoir serrer nos ami.e.s dans nos bras, se donner une accolade entre camarades ou une tape dans le dos entre collègues. Nous priver de contacts physiques revient à nous déshumaniser et en ce sens, nous refusons que s’installe un monde sans contact.

Nous aspirons à des résistances qui se construisent loin des écrans, qui alimentent des vies avides de liberté où nous sommes en relation directe les uns avec les autres et avec le territoire qui nous entoure et où nous refusons de devenir des androïdes biologiques connectés à la réalité virtuelle qu’on aura construite pour nous.







1 https://contrepoints.media/posts/de-la-valeur-des-corps-et-des-marchandises

2 We’re not going back to normal, Massachusets Institue of Technology (MIT), 17 mars 2020.

https://www.technologyreview.com/2020/03/17/905264/coronavirus-pandemic-social-distancing-18-months/

3 Idem.

4 Idem.

5 https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1698833/applications-de-tracage-suivi-contacts-coronavirus-geolocalisation-bluetooth-canada-quebec-dans-le-monde

6 https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1726259/coronavirus-application-tracage-covid-assemblee-commission-ethique

7 https://www.journaldemontreal.com/2020/05/04/tour-du-monde-des-applications-mobiles-de-tracage-des-contacts

8 La technologie Bluetooth utilise des ondes courtes, pour connecter des appareils entre eux.

9 Le taux maximum de reproduction identifié est de 5.7 mais oscille généralement entre 1 et 1.5

https://www.the-scientist.com/features/why-r0-is-problematic-for-predicting-covid-19-spread-67690

https://www.bbc.com/news/health-52473523

10 https://www.nature.com/articles/d41586-020-01264-1

11 https://www.ledevoir.com/opinion/libre-opinion/580371/il-ne-faut-pas-prendre-a-la-legere-la-securite-des-outils-de-recherche-de-contacts

12 https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1706911/application-tracage-coronavirus-covid-19-decrypteurs-acces-contacts-cell-facebook

13 https://www.cadtm.org/Ne-laissons-pas-s-installer-le-monde-sans-contact

14 Nous utilisons dans le texte les noms Montréal, Québec, Canada, précédé de l’expression « soi-disant » afin d’informer qui nous lit que ce sont les noms qui ont été imposés par la colonisation sur les territoires volés de ce que nous connaissons aujourd’hui comme l’Amérique du nord, mais qu’ils existent d’autres noms afin de désigner ces territoires qui reflètent la diversité des cultures autochtones qui continuent d’y vivre et d’y résister.

15 http://trpocb.org/ce-quil-faut-savoir-sur-le-dossier-sante-quebec-dsq/

16 https://ici.radio-canada.ca/info/videos/media-7902183/carnet-sante-quebec-en-ligne-22-mai

17 https://www.journaldemontreal.com/2020/05/04/tour-du-monde-des-applications-mobiles-de-tracage-des-contacts

18 https://www.nytimes.com/2020/03/01/business/china-coronavirus-surveillance.html

19 https://www.lesoleil.com/chroniques/gilles-vandal/la-chine–lart-de-transformer-une-crise-en-avantage-365fbd3f431c26a81e54769ac81a7a01

20https://www.thetricontinental.org/studies-2-coronavirus/

21 https://plus.lapresse.ca/screens/089d4bde-cebc-415c-a34c-ff4e69016272__7C___0.html

https://www.tvanouvelles.ca/2020/05/02/des-cameras-thermiques-qui-soulevent-des-doutes-1

22 https://www.eltiempo.com/bogota/coronavirus-ultimas-noticias-aeropuerto-el-dorado-estrena-camaras-termicas-para-detectar-casos-495254

https://www.eltiempo.com/colombia/cali/en-menos-de-3-dias-ya-intentan-robar-camaras-termicas-de-covid-en-mio-517136

23 https://www.foxbusiness.com/lifestyle/coronavirus-immunity-cards

24 https://www.rt.com/usa/485510-fauci-immunity-cards-coronavirus/

25https://www.tvanouvelles.ca/2019/12/18/un-carnet-de-vaccination-invisible-sous-la-peau

26 http://mi.lapresse.ca/screens/513ed3bc-814f-4f67-92a5-09736b04975b__7C___0.html

27 https://id.presidencia.gov.co/Paginas/prensa/2020/Gobierno-Nacional-expide-Decreto-457-mediante-el-cual-imparten-instrucciones-para-cumplimiento-Aislamiento-Preventiv-200323.aspx

28 https://www.journaldemontreal.com/2020/05/04/tour-du-monde-des-applications-mobiles-de-tracage-des-contacts

29 https://www.solidarityacrossborders.org/fr/cbsa-pushes-tracking-bracelets

30 https://www.cbsa-asfc.gc.ca/security-securite/arr-det-eng.html#atdp

31 https://www.bbc.com/news/technology-40341511

32 https://www.bbc.com/news/technology-40341511

33 https://id2020.org/

34 http://truthstreammedia.com/2020/03/24/were-living-in-12-monkeys/

35 https://www.lapresse.ca/debats/editoriaux/2020-07-06/il-faut-qu-on-parle-de-votre-identite-numerique.php

36 https://www.theguardian.com/world/2020/jun/18/coronavirus-mass-surveillance-could-be-here-to-stay-tracking?mc_cid=8089663049&mc_eid=9cd81ffcd4

37 http://truthstreammedia.com/2017/10/30/the-fourth-industrial-revolution-most-people-dont-even-realize-whats-coming/

38 https://fr.weforum.org/agenda/archive/fourth-industrial-revolution

39https://www.weforum.org/agenda/2020/04/covid-19-emerging-technologies-are-now-critical-infrastructure-what-that-means-for-governance/

40 36 zéro derrière 340…

41 Idem

42 https://radio-waves.orange.com/fr/reseaux-et-antennes/5g/

43 https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1722563/5g-rogers-bell-telus-utilisation-potentiel-inexploite

44 https://www.who.int/news-room/q-a-detail/5g-mobile-networks-and-health

45 https://www.reuters.com/article/us-swiss-5g/switzerland-to-monitor-potential-health-risks-posed-by-5g-networks-idUSKCN1RT159

46 https://www.lemonde.fr/pixels/article/2020/04/06/au-royaume-uni-des-antennes-5g-incendiees-a-cause-d-une-theorie-du-complot-sur-le-coronavirus_6035718_4408996.html

47 https://www.lesoleil.com/actualite/justice-et-faits-divers/tours-cellulaires-incendiees-theories-conspirationnistes-la-police-enquete-c169314a3f68145a64316a0a14119647

48 https://www.youtube.com/watch?v=xRhISwY42nQ&list=PLSn1F05iE4gY6GsDYCnV7Qfh7caT74CfY&index=8

49 http://truthstreammedia.com/2017/10/30/the-fourth-industrial-revolution-most-people-dont-even-realize-whats-coming/

50 https://www.youtube.com/watch?v=T9DK0JThOio&list=PLZLDYXYNjiTTpiWf1m14WIcEEBAKS2lTR&index=22&t=0s

51 https://www.weforum.org/platforms/shaping-the-future-of-technology-governance-iot-robotics-and-smart-cities

52 https://www.weforum.org/centre-for-the-fourth-industrial-revolution/

53 https://www.weforum.org/agenda/2018/11/the-fourth-industrial-revolution-is-driving-a-new-phase-of-globalization/

https://www.weforum.org/platforms

54 En anglaisThe Network for Global Technology Governance”.

55https://www.weforum.org/centre-for-the-fourth-industrial-revolution/

56 https://www.lemonde.fr/culture/article/2014/06/17/internet-la-pollution-cachee_4437854_3246.html

57 https://www.bbc.com/future/article/20200305-why-your-internet-habits-are-not-as-clean-as-you-think

58 https://www.nytimes.com/2019/11/11/business/google-ascension-health-data.html

59 https://health.google/

60 https://www.express.co.uk/news/science/781136/IMMORTALITY-google-ray-kurzweil-live-forever

https://www.theguardian.com/technology/2019/feb/22/silicon-valley-immortality-blood-infusion-gene-therapy

61 https://www.express.co.uk/news/science/720030/Virtual-immortality-developer-chatbot

62 On appelle en anglais «to mine »« les données des utilisateurs afin de consolider des bases de données cotées en bourses.

63 https://www.capital.fr/entreprises-marches/big-data-et-intelligence-artificielle-profitez-de-cette-revolution-en-bourse-1225427

64 Idem.

65 https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/579393/deconfines-surveilles

66 Cambridge Analytica (CA), une société de communication stratégique, s’est retrouvée en 2018 au centre d’un scandale mondial pour avoir utilisée le données personnelles de plusieurs dizaines de millions d’utilisateurs de Facebook, afin de diffuser des messages favorables au Brexit au Royaume-Uni et à l’élection de Donald Trump aux États-Unis en 2016, provoquant sa faillite en 2018.

67 https://en.wikipedia.org/wiki/The_Great_Hack

68 https://www.theguardian.com/technology/2019/mar/17/the-cambridge-analytica-scandal-changed-the-world-but-it-didnt-change-facebook

69 https://naomiklein.org/the-screen-new-deal/

70 https://www.theguardian.com/news/2020/may/13/naomi-klein-how-big-tech-plans-to-profit-from-coronavirus-pandemic

71 https://www.theguardian.com/commentisfree/2020/apr/01/do-you-know-how-zoom-is-using-your-data-heres-why-you-should

72 https://www.lejdd.fr/Societe/on-vous-explique-pourquoi-la-france-exporte-ses-dechets-en-asie-3912663

73 http://truthstreammedia.com/2018/07/24//

74 https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1705314/coronavirus-riches-economie-fortune-pandemie-etats-unis

75 https://www.forbes.com/profile/jeff-bezos/?list=forbes-400#4f5267a31b23

76 https://www.forbes.fr/classements/classement-forbes-2020-des-milliardaires-bernard-arnault-sur-le-podium/?cn-reloaded=1

77 Tiré du documentaire Le Monde selon Amazon: https://www.youtube.com/watch?v=v9F6oJxr-EU

78 www.amazon.jobs

79 www.starlink.com

80 https://www.rtbf.be/info/dossier/epidemie-de-coronavirus/detail_coronavirus-quelles-entreprises-s-enrichissent-grace-a-la-crise?id=10499655

81 https://www.journaldemontreal.com/2020/03/30/greves-chez-amazon-et-instacart-pour-plus-de-protections-face-au-coronavirus

82 https://www.rtbf.be/info/dossier/epidemie-de-coronavirus/detail_coronavirus-quelles-entreprises-s-enrichissent-grace-a-la-crise?id=10499655

83 Idem.

84 https://www.entreprendre.fr/numerique-sante-grande-distribution-ces-entreprises-qui-resistent-a-la-crise-sanitaire-covid19/

85 https://www.monde-diplomatique.fr/2020/04/RAVELLI/61624

86 https://www.lesoleil.com/opinions/point-de-vue/covid-19–le-masque-revelateur-de-notre-impreparation-ea3fe5e7e5f3e872f456670c8428f40c

87 https://silure-ge.net/fr/home/positions/la-sante-publique-en-regime-neoliberal

88 https://www.un.org/fr/coronavirus/articles/recommandations-port-du-masque

89 https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/coronavirus-coronavirus-si-masques-faisaient-plus-mal-bien-80893/

https://www.lesoleil.com/opinions/point-de-vue/covid-19–le-masque-revelateur-de-notre-impreparation-ea3fe5e7e5f3e872f456670c8428f40c

90 https://www.monde-diplomatique.fr/2020/04/RAVELLI/61624

91 https://www.marketwatch.com/story/bill-gates-says-hell-spend-billions-on-coronavirus-vaccine-development-2020-04-06

92 https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1698428/bill-gates-puce-conspiration-complot-covid-verification-dementi-decrypteurs

93 https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/NY.GDP.MKTP.CD?most_recent_value_desc=true

94 https://www.courrierinternational.com/article/2007/02/01/les-etranges-placements-de-la-fondation-gates

95 https://www.lapresse.ca/actualites/sciences/2020-04-15/covid-19-la-fondation-gates-appelle-a-un-effort-mondial-pour-fabriquer-un-vaccin

96 https://info.arte.tv/fr/film-loms-dans-les-griffes-des-lobbyistes

97 https://www.google.com/search?client=firefox-b-d&q=Nombre+de+morts+Covid-19+dans+le+monde

98 https://www.iarc.fr/wp-content/uploads/2018/09/pr263_F.pdf

99 https://foodsecurecanada.org/fr/ressources-et-nouvelles/nouvelles-et-medias/loms-qualifie-le-glyphosate-dagent-probablement

100 https://www.ledevoir.com/economie/479950/bayer-rachete-le-geant-monsanto

101 https://www.ledevoir.com/politique/quebec/584542/quebec-veut-attirer-les-pharmaceutiques-avec-les-donnees-de-la-ramq

102 https://iris-recherche.qc.ca/publications/IA

103 Idem.

104 https://www.france24.com/es/20200511-bolivia-aprueba-sanciones-penales-por-desinformar-sobre-el-coronavirus

105 https://www.20minutes.fr/sante/2489311-20190418-antivax-comment-offensive-contre-antivaccins-organise-ligne

106 https://ooni.org/post/2019-blocking-abortion-rights-websites-women-on-waves-web/

107 https://blog.magma.lavafeld.org/post/women-on-web-blocking/

108 https://itsgoingdown.org/on-facebook-banning-anarchist-and-antifascist-pages-the-digital-censorship-to-come/

109 https://www.technologyreview.com/2020/03/17/905264/coronavirus-pandemic-social-distancing-18-months/

110 https://www.technologyreview.com/2020/03/17/905264/coronavirus-pandemic-social-distancing-18-months/

111 https://mauvaiseherbe.noblogs.org/post/2020/04/11/lintelligence-artificielle/

[vidéo] La statue de John A. Macdonald déboulonnée et décapitée

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Août 292020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Des manifestant.es ont déboulonné la statue de John A. Macdonald aujourd’hui au centre-ville de Montréal, à la fin de la manifestation pour le définancement de la police. Macdonald est le 1er premier ministre du Canada. Il est responsable de la création du système des pensionnats pour enfants autochtones, de l’adoption de lois visant à exclure les personnes d’origine chinoise et de la pendaison du martyr métis Louis Riel. Symbole du colonialisme et du racisme qui perdurent dans ce pays, la statue de Macdonald a déjà été vandalisée à l’aide de peinture à maintes reprises. Plus de détails suivront.

Qui est vraiment Francis Boudrias-Plouffe ?

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Août 202020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Si vous l’avez rencontré au cours des dernières années, il s’est peut-être présenté comme étant « Frank Mounadhel, militant Palestinien ». Son vrai nom est Francis Boudrias-Plouffe (FBP), il est issu d’une famille québecoise tout ce qu’il y a de plus blanche (en tout cas il n’est pas palestinien). Il utilise actuellement le nom Fran Fran BP sur Facebook. Il gravite depuis plusieurs années dans différentes organisations de gauche à Montréal, liés aux causes palestinienne et antifascistes. Pourtant, jusqu’en 2014 au moins, il était plutôt connu comme un nationaliste et antisémite, auprès du podcast Les fils de la liberté. Au fils de ses années dans les milieux imprégnés de féminisme, d’antiracisme et d’antifascisme, les allégations de violences de sa part s’accumulent. Usant de différents stratagèmes, de rhétorique, de mensonge et de harcèlement ses méthodes de manipulation ont été prouvé maintes fois mais toujours à mots couverts.

Deux choses sont importantes à retenir avant de démarrer la lecture de ce dossier :

  • FBP utilise souvent des éléments véridiques, environ 10% d’une histoire, pour les entourer de 90 % d’inventions, d’approximations dans le but de se faire passer pour le héros ou la victime. Il se servira de ce 10% véridique pour essayer de vous faire croire l’ensemble de l’histoire.
  • FBP a un talent certain de manipulation d’autrui, c’est ce qui nous revient le plus souvent des témoignages que nous avons reçu. Il utilise souvent des personnes de son entourage pour transmettre ses dénonciations ou répandre des rumeurs.

Voici le portrait d’années d’abus et de violence de la part d’une personne qui voudrait encore se faire passer pour une victime.

Un passé d’extrême-droite qu’il n’assume pas

Francis Boudrias-Plouffe aime se présenter comme un militant d’extrême gauche et antifasciste depuis plusieurs années. Mais c’est aussi un ancien nationaliste identitaire proche des idées antisémites, qui fut actif au sein du de l’émission de radio « Les fils de la Liberté » pendant plusieurs années. Il a eu l’honneur, comme il a déjà dit, de recevoir Alain Soral en 2012 au Québec. Alain Soral est un antisémite et negrophobe notoire et multi condamné pour incitation à la haine raciale. De plus, les fils de la liberté étaient fiers d’avoir invité à Montréal Serge Ayoub, un bonehead néo-nazi français connu sous le nom de Batskin, fondateur des Jeunesses nationalistes Révolutionnaires et de 3e voie, dont faisaient partie les assassins du militant antifasciste Clément Méric.

Dans la photo plus bas, vous pouvez d’ailleurs le voir (avec une cagoule et un carré rouge, au centre) faire une « quenelle » en présence d’Alain Soral, de l’écrivain d’extrême-droite suisse Piero SanGiorgio et de deux militants d’extreme-droit québécois. La «quenelle» est un signe de ralliement inventé par l’humoriste et grand ami d’Alain Soral Dieudonné. Elle représente à la fois un salut nazi inversé, par provocation car ce signe est interdit par la loi en France, et un geste (homophobe) de «mettre quelque chose dans le cul du système». Le «Système» étant contrôlé par les juifs selon Dieudonné et Soral. Faire une «quenelle» et donc un geste profondément antisémite.

En 2012 il était déjà de notoriété publique qu’Alain Soral et son organisation Égalité et Réconciliation faisaient partie de l’extrême-droite antisémite la plus dure.

Sur la capture d’écran suivante, vous pouvez voir « Frank Mounadhel » qui, le 19 octobre 2014, défendait l’identité québécoise après s’être fait interpellé comme canadien sur le forum d’Égalité et Réconciliation, l’organisation d’Alain Soral. Loin d’être banale, cette revendication de l’identité québécoise est ancrée dans le très problématique nationalisme dont faisait preuve FBP à l’époque. Au-delà du problème même de son militantisme identitaire, ses comportements envers les personnes le critiquant à cette époque étaient des plus violents. Il a par exemple fait preuve de racisme et de promotion du colonialisme français à l’égard d’un militant autochtone qui s’est confié à nous.

Plutôt que de reconnaitre les faits et de s’excuser, FBP s’enfarge dans les mensonges. Selon lui, il aurait planifié à cette époque d’infiltrer l’extrême-droite et de chasser les racistes du mouvement souverainiste duquel il était très proche. Il raconte à qui veut l’entendre qu’il en a fait plus pour la cause antifasciste que la plupart des groupes et organisations existantes. Dans une discussion récente, il se vante d’avoir combattu le groupe néo-nazi Strike Force, au tournant de l’année 2010.

Problème : aucun groupe actif à cette époque (Antiracist Action, Antifa Montréal, RASH,…) ne peut confirmer son militantisme antifasciste. Par contre ces derniers le connaissaient déjà, au moins à partir de 2012, comme un militant d’extrême-droite à surveiller. Nombreuses sont les personnes ayant réellement militées contre le fascisme et le racisme durant ces années qui nous témoignent du fait qu’il était identifié comme un danger à cette époque, vu son leadership dans l’extrême droite.

Si son objectif était d’infiltrer l’extrême droite pour mieux la détruire de l’intérieure, pourquoi le harcèlement envers les militant-e-s anticoloniaux ou de gauche ? Pourquoi avoir investi autant d’énergie à maintenir les Fils de la liberté actifs, si son intention était d’y mettre fin ? D’ailleurs, si vous croyiez qu’il aurait infiltré l’extrême droite au risque de se faire découvrir détrompez-vous : il y était actif en affirmant être d’extrême-gauche (notamment à la 21e minute de l’épisode 117 des fils de la liberté, disponible sur Daily motion et sur Douteux.tv). Sa vision du militantisme d’extrême gauche n’est donc pas en contradiction avec ses activités nationaliste et antisémite, ce qui est tout à fait inquiétant.

Il a depuis essayé de s’acheter une réputation de militant de gauche en mentant et manipulant les gens. Plusieurs indices nous démontrent aussi qu’il n’a pas abandonné un certain antisémitisme, fantasmant partout où il passe des méchants sionistes, donc des juifs, qui voudraient lui nuire, comme certains témoignages que nous allons révéler ici vont le démontrer.

Abus interpersonnels

FBP a été plusieurs fois dénoncé pour des agressions sexuelles, des agressions physiques, verbales, du harcèlement, de la destruction de réputations. etc. Son nom se retrouve, sans surprise, sur la liste d’agresseurs publiée sur FB et Instagram en juillet 2020. Fidèle à son habitude, il accuse systématiquement les victimes de ses actes d’être des agresseur-es et manipule son entourage. C’est une démarche qu’il a fait à plusieurs reprises avec les personnes s’étant « libérées de son joug » et qu’il répète lorsqu’il y a une tentative de le dénoncer.

Nous allons maintenant vous livrer une série de témoignages, certains anonymes, d’autres non, afin de démontrer la dangerosité de cette personne. Ceux-ci ont été sélectionnés parce qu’ils illustrent des situations différentes ou plus explicites de ses actions. Plusieurs autres nous ont été envoyés, par diverses personnes, pour témoigner des violences que leur ont fait vivre FBP. De toutes ces personnes, presqu’aucune ne se connaissaient entre elles. Ce sont des gens de différents genres et de milieux multiples.

Nous espérons, une fois pour toute, que la force de ces témoignages viendra arrêter sa triste carrière d’abuseur.

Avertissement de contenu : violence physique, gaslighting, manipulation émotionnelle

« Hier soir, le 21 juillet, il devait être autour de 9:30-9:45, j’écoutais la télé avec mon coloc Francis. En même temps, j’utilisais du easy-off pour décaper un levier de frein pour mon vélo. J’avais déposé la pièce dans un plat de Pyrex sur le balcon arrière puisque les vapeurs étaient irritantes, en prenant soins de fermer la porte. Je suis retourné le chercher après l’avoir laissé mariné quelque temps, j’ai rincé le morceau dans l’évier et je suis retourné écouter la TV. Je n’avais pas remarqué que j’avais oublié de fermer la porte derrière moi. Quelques minutes plus tard, j’estime entre 5 et 10 minutes, Francis est allé chercher quelque chose dans la cuisine et c’est là qu’il a remarqué que son chat, Vushko, s’était enfui par la porte que j’avais laissée ouverte. Il m’en a fait part et j’ai immédiatement commencé à m’habiller pour partir à sa recherche. Il était visiblement inquiet pour l’animal, j’ai essayé de le rassurer en lui disant que ça ne faisait qu’environ 5 minutes qu’il était sorti.  Je ne sais pas si mon ton était condescendant ou si j’avais une attitude trop désinvolte mais Francis ne l’a pas pris et a commencé à me crier dessus, à me dire de “fermer ma gueule” “d’arrêter de le bullshiter avec mon orgueil”. Je pense qu’il croyait que j’avais laissé la porte ouverte la première fois quand j’ai sorti le plat dehors. Il n’y avait rien à dire, impossible de placer un mot pour lui expliquer les faits. J’ai continué à rouspéter, je ne tolère pas de me faire engueuler par quelqu’un que j’essaie d’aider.

J’ai haussé le ton et je lui ai dit “j’m’en Calice de ton chat, arrange toi, dans l’fond’’. Je crois que c’est ce qu’il l’a mis en colère. J’ai peut-être échappé un “fuck you”. Je ne suis pas certain de ce qu’il l’a vexé. Il m’a dit que je “l’insultait dans sa propre Maison” et a dit qu’il allait me frapper. Dans mon arrogance habituelle je lui ai répondu “ben oui c’est ça, frappe moi,” ce qu’il a fait. Il m’a foutus son poing sur le côté gauche de ma bouche. C’était le premier coup que je mangeais au visage, ça m’a fendu une lèvre et je me suis mordu la langue, je saignais un peu. J’ai absolument pété un plomb ensuite, je me suis mis à l’insulter, j’ai fracassé un verre au sol. J’étais complètement sidéré qu’il ait osé m’attaquer physiquement.

Il m’avait dit auparavant qu’il détestait employer la violence et qu’il ne le ferait qu’en légitime défense, c’était visiblement faux. Francis n’est pas équipé pour régler ses conflits interpersonnels sans y recourir.

J’ai continué à crier et à l’insulter, il m’a menacé de recommencer, il m’a dit que si je continuais et que si je ne quittais pas la maison, il allait me “péter les dents”. J’ai ramassé mes affaires en vitesse et je suis sortis, j’ai marché un coin de rue avant de réaliser que je ne pourrais pas vivre avec lui, j’ai donc fait demi-tour pour aller faire mes bagages en vitesse. J’avais peur pour ma personne, j’avais composé “9-1″ sur mon téléphone avant de rentrer à l’appartement, je me disais que dans le pire des cas, j’aurais juste à composer le 911 et que le SPVM enverrait une auto-patrouille. Je ne voulais absolument pas impliquer la police, Francis a plusieurs démêlés avec la justice et il est en probation, je ne voulais pas qu’il soit mis en prison pour un coup de poing. Je fais 5’4” et je ne sais absolument pas me battre, tandis qu’il fait presque 6′ et qu’il a participé à de multiples bagarres, s’entraîne au systema. Le 911 était mon seul et dernier recours si les choses viraient vraiment mal.

J’ai pris mon gros sac à dos et j’ai mis tous les vêtements et médicaments que j’ai trouvés puis je suis partis vers chez mon frère. J’ai informé Francis par texto que je ne vivrais plus avec lui. En marchant sur de l’esplanade, j’ai enregistré un court vidéo pour documenter les événements, il était 10:04. »

Ce témoignage d’un ancien coloc de Francis Boudrias Plouffe a été rédigé par celui-ci le lendemain de l’épisode de violence qu’il a vécu l’an dernier. Ses proches ont pu confirmer, avec des preuves, cette version des faits, entre autres en ce qui concerne la blessure commise. Récemment, FBP a décidé de le dénoncer pour la violence que celui-ci lui aurait fait vivre, et de le faire exclure de certaines organisations. L’auteur du témoignage a donc choisi de briser le silence et de nous faire parvenir son récit initial. Celui-ci permet de mettre en lumière le niveau de violence qu’il est habitué d’utiliser lorsqu’il est en conflit et les conséquences que cette violence a pour ses proches. Les images suivantes sont la dénonciation que FBP fait de Jérémie.

Dans sa dénonciation, FBP affirme avoir demandé à Jérémie de le rencontrer pour « pouvoir en parler ». Dans les captures d’écran de leur conversation aillant eut lieu 8 mois après l’événement relaté, on voit qu’il lui avait plutôt proposé de « cailler » (probablement «chiller») ce que Jérémie refuse parce qu’il a toujours peur de lui. Au tout début de sa dénonciation, FBP affirme que Jérémie l’a manipulé à un moment où il était vulnérable. Dans une autre capture d’écran de leur conversation, on le voit plutôt se vanter de « sa bonne droite » et que l’homme qu’il a frappé en essayant de ne pas frapper trop fort s’est évanoui. C’est avec cette compréhension de la capacité de frapper que Jérémie connait FBP. Jamais dans sa dénonciation FBP semble considérer que de frapper son coloc, même dans un conflit où il y aurait des cris et des injures, n’est pas acceptable.

Même dans sa version des faits, FBP ne semble pas être capable de se voir comme l’agresseur. Il enveloppe son histoire de propos pour discréditer Jérémie et tenter de justifier son coup : mauvaise colocation, exhibitionnisme et manipulation. Des faits que dément Jérémie dans sa réponse aux accusations :

« Dans son callout il dit m’avoir demandé de me rencontrer pour qu’on puisse discuter de la situation mais comme on peut le voir, il m’a juste demandé de chiller. Comme il le dit, il m’a frappé mais son timeline est faux.

En ce qui concerne notre colocation, il y a plusieurs choses à dire. L’appartement était très chaud. Jsuis pas très pudique mais c’était pas de l’exhibitionnisme. J’ai jamais flirté avec lui. Jamais. Je suis dégouté qu’il ait sexualisé mon corps de même. J’ai jamais fait de gestes inappropriés. J’ai même dit à Francis quand il m’a demandé si je le trouvais attirant que je ne voulais rien avec lui. Je croyais qu’il doutait de son apparence et j’ai essayé de le rassurer. Il était souvent complexé par son physique, j’essayais de le rassurer. Comme j’aurais fait avec n’importe quel ami-e.

Je porte souvent des minishorts de fille, il me disait souvent que je ne devrais pas porter ça dans telle ou telle occasion. Est-ce qu’il s’inquiétait que je sois victime d’homophobie où est-ce qu’il avait honte de moi? Dur à dire. C’était toujours pour des occasions auxquelles on allait ensemble.

Il me parlait souvent de cul, il se vantait beaucoup de ses prouesses et me disait quel gestes une telle appréciait, quelle kink une autre avait, etc. Jtrouvais pas ça très gentlemanlike mais j’suis pas prude non plus. J’étais un peu mal à l’aise. J’essayais de changer légèrement de sujet.

Si je n’étais pas d’accord avec une demande, j’étais selon lui abusif, capacitiste même si je faisais très attention de m’informer sur l’autisme. Il m’insultait souvent aussi, quand je faisais une erreur ou qu’on était pas d’accord sur un sujet il sautait tout de suite à l’adhominem “tu connais rien” “tu dis tout le temps de la bullshit” “arrête de t’obstiner tes un menteur”.

Une fois, je faisais de la plomberie dans l’appartement et j’ai dû quitter acheter du matériel. Francis m’envoie des textos en colère parce que son chat était entré dans le mur et parce qu’il ne pouvait pas prendre de douche après sa dure journée de vélo. Je m’excuse et je lui dis que je vais tout arranger. J’avais effectivement tout laissé en plan sans l’avertir, je comprenais sa frustration. J’arrive à la maison, Francis me donne un char de marde, me cri dessus, j’essaie de calmer le jeu en m’excusant et en lui rappelant que j’ai fait ça pour améliorer l’appart. Je rentre dans la cuisine, deux portes d’armoires sont arrachées. Évidemment, c’est moi qui va avoir à réparer ça. Francis part dans sa chambre et ferme la porte. Je m’embarre dans la salle de bain pour finir la job, ça me prend pas plus que 30 minutes. Je nettoie le bain, sort et averti Francis qu’il peut enfin prendre une douche. Je revisse les portes qu’il a arrachées. Francis n’est jamais sorti de sa chambre cette soirée-là. Il ne s’est jamais excusé d’avoir arraché les portes, ne m’a jamais remercié de les avoir réparées, pas plus que pour la douche d’ailleurs.

Je savais que de s’en prendre au mobilier était un signe de violence domestique. C’est un red flag. Francis me reproche le lendemain de ne pas prendre en compte qu’en tant qu’autiste, “la stabilité environnementale” est très importante pour lui, que l’instabilité lui cause beaucoup d’anxiété. Je m’excuse d’avoir causé le stress et on s’entend pour que je le prévienne si jamais j’ai modifié notre environnement. J’ai par la suite toujours fait attention d’avertir si j’avais changé quelque chose ou pas eu le temps de ramasser tel bordel que j’avais causé. Francis quant à lui laisse trainer des déchets au sol, ne fait pas sa part de la vaisselle. Je me rends rapidement compte que le bordel et la saleté qu’il crée ne le dérange pas, que c’est ce que je modifie dans l’appartement qui le stresse. Malgré des efforts répétés pour essayer d’instaurer une certaine division des tâches, les discussions avec Francis tournent toujours en blame game. Aucune division n’a été faite. Ce qu’il omet de dire dans son callout c’est que j’ai moi-même un TDAH et que c’est pour ça que j’ai de la misère avec le ménage. C’est typique. Je croyais ses discours sur la neurodivergence mais dans les faits, il ne parlait que d’autisme. Il justifiait toutes ses demandes domestiques sur sa condition mais n’acceptait jamais que la mienne puisse justifier tel ou tel oubli.

J’ai toujours eu de la difficulté à fermer les portes derrière moi, c’est un vrai problème que j’ai. Ça doit être à cause de mon TDAH. Il arrive souvent que je laisse la porte du balcon entrouverte et qu’un des chats s’enfuit. Une fois, comme d’habitude je m’occupe d’aller récupérer le chat dehors, tout va bien. Je dis à Francis que tout est beau, il me répond “tant mieux, j’étais vraiment inquiet, pour vrai si il arrivait quelque chose à mon chat je sais pas ce que je ferais mais c’est sûr que je casserais la gueule de celui dont c’est la faute”. C’est une menace de coups à peine voilée, red flag 2. Donc vers la fin du deuxième mois de collocation, après deux red flags et une ambiance conflictuelle je me disais bien que ça ne marcherait probablement pas. J’étais très déçu, j’me suis dit que peut être qu’il y aura moyen de sauver les meubles le troisième mois.

On s’était entendus pour une période d’essai de 3 mois. Il m’a frappé juste avant la date de remise du loyer. J’ai quitté immédiatement. Ah pis, j’suis loin d’être le coloc parfait là, j’peux être d’humeurs changeantes pis j’suis certainement bordélique mais je faisais de mon mieux. C’est loin d’être de l’abus selon moi. »

Le prochain témoignage vient d’une personne qui souhaite rester anonyme. Elle a fait la démarche d’identifier elle-même les méthodes d’abus de Francis Boudrias Plouffe, selon son expérience.

Avertissement : Manipulation, Misogynie et Objectivisation extrême des femmes

« Frank Mounadhel, Francis Boudrias Plouffe, Fran Fran Bp a été durant 3 ans et demi un de mes amis les plus proches, mon meilleur ami, il a été mon mentor dans le militantisme, dans la politique. Après 3 ans j’ai commencée à m’éloigner de lui, et après 1 ans et demi environ à m’éloigner de lui j’ai finis par couper tout contact de façon permanente avec lui.

Pourquoi ai-je fais ça ? Car c’est un manipulateur fini, un menteur, un mythomane, un homme contrôlant, violent, misogyne, un homme extrêmement dangereux qui refuse catégoriquement de changer et même de reconnaitre ses torts.

Manipulateur : Durant ces 3 années j’ai été sous son emprise, il m’apprenait les ficelles du militantisme radical mais en retour profitait de moi. Si je lui refusais quoi que ce soit il se mettait en colère ou venait jouer avec mes émotions pour que je lui donne ce qu’il voulait. Il m’apportait dans toutes les manifs, toutes les réunions, les conférences mais contrôlait à qui je parlais et qui je rencontrais. Pour ce faire il s’assurait de talkshit sur presque tous les gens qu’on croisait, lui c’est un si, elle c’est une ça, un tel et un traitre, celle-là c’est une sioniste etc… etc… Il avait des merde à dire sur tout le monde pour s’assurer que justement je ne rencontre pas de nouvelles personnes qui lui enlèverait l’emprise qu’il avait sur moi, pour s’assurer que ses mensonges ne soient pas défait par des gens qui le connaissais depuis longtemps et avait vu au travers de son jeu. J’avais une confiance totale en lui, j’étais facilement influençable et il en profitait allègrement. Il m’a éloigné de mes ami.es, éloigné de tous mes nouveaux camarades, de ma famille, de mes passions pour y imposer les siennes, pour imposer les personnes qu’il avait choisis que je côtoierais. C’était comme être dans une secte mais je n’avais de contact qu’avec le ”gourou” et pas les autres ”fidèles”.

Il m’insultait dans mon dos, racontait des conneries sur moi à ma coloc (avec qui il entretenait une relation de sexfriend) et lorsqu’il était avec moi racontait des conneries sur elle. Il tentait de nous séparer pour mieux nous contrôler et lorsqu’on s’en ai parlé on a réalisé son double jeu, sa manipulation. J’étais horrifiée de sa manipulation.

Menteur et mythomane : Il s’est inventé une vie, il se serait fait tiré dessus quand il était jeune, fait tiré dessus par des sionistes, bagarrés avec des tonnes de personnes, il aurait commis pleins de crimes, aurait été proche de grand criminel etc… Et pleins d’autres histoires pour avoir l’air tough, pour que j’aie confiance en lui, pour que je l’admire…

Il était juif et mormon, racisé mais white passing, non-binaire… pour fuir les accusations d’antisémitisme, d’islamophobie, de prendre la place des personnes racisé.es, pour fuir les accusations de misogynie. Je sais pas ce qui est vrai ou faux là-dedans, il est difficile de savoir qu’elle identité est vrai ou fausse, je ne suis pas le genre a nié les identités des gens mais ce qui est sûre c’est que ces identités ne lui servaient qu’à se protéger des critiques à son encontre.

Il a toujours su utiliser la vérité pour construire ses mensonges, tous ses mensonges partaient d’une vérité qu’il twistait dans tous les sens pour construire ses histoires, pour se défendre des multiples accusations son encontre, surtout pour les accusations d’agressions sexuelles. Il avait des longues histoires pour expliquer que toutes les accusations d’agressions sexuelles étaient fausse, une était une sioniste infiltrée, l’autre des ragots d’extrême droite, l’autre son ex mythomane etc… etc… etc… Et moi je le croyais et le défendais car il était très persuasif et intense.

Contrôlant : Il était impossible d’être en désaccord avec lui, sinon il s’énervait, devenait agressif, se mettait à utiliser des multiples méthodes de manipulation pour s’assurer que je me range derrière lui, pour que je lui donne ce qu’il voulait, pour que je fasse ce qu’il voulait, la démocratie, le consensus, la discussion, le débat était impossible avec lui.

Lorsque je m’étais éloignée de lui je m’étais rapprochée de groupe militant antifasciste et il était venu m’engueuler, m’insulter et exiger que je cesse de parler à a ces gens qui était selon lui des traitres et des collabos. C’est à ce moment que j’ai coupé tout contact avec lui

Violent : Chaque fois qu’il avait un conflit avec quelqu’un il parlait de leur cassé la gueule, de les battre, à chaque gros conflits que j’avais avec lui il devenait très énervé et me faisait peur, il levait le ton voir il criait, avait une gestuelle agressive. Il en était de même lorsqu’il avait des conflits avec d’autres personnes. C’était épeurant car j’étais incapable de le confronter sur quoi que ce soit.

Misogyne et machiste : Déjà on peut se référer facilement aux diverses dénonciations à son sujet, sur la page des gamines entre autres, moi j’ai vu un autre côté de sa misogynie. Il sexualisait les femmes à l’extrême, il ne les voyait que comme des trous à baiser, il se vantait de ses ébats sexuels, des filles avec qui il couchait, de son énorme pénis, de baiser bien, de les faire jouir etc… etc… C’était très malaisant car il se disait féministe mais était incapable de voir les femmes autrement que comme des baises potentielles. Moi je suis pour la sexualité libre et consentante mais je trouve dégoutant de considérer les femmes comme des trous à fourrer, comme des objets sexuels dispensables qui ne servent qu’à servir son bonheur et son pénis. Lors d’une visite à mon appartement, il était seul avec une de mes colocs (pas sa sexfriend) et il l’avait complimenté de façon assez crade sur ses gros seins, c’était dégoutant et j’avais honte de l’avoir apporté chez moi.

J’oublie tellement d’évènements, tellement de choses mais Frank est un homme dangereux et j’ai peur de faire ce témoignage car j’ai peur de ce qu’il pourrait me faire, des choses qu’il pourrait inventer sur moi, j’ai peur de lui, j’ai peur de le croiser… »

Le prochain texte témoigne de violence sexuelle, de manipulation et de misogynie. La personne nous l’ayant partagé souhaite rester anonyme. C’est un témoignage qui permet, encore une fois, de constater le contrôle qu’aimait prendre Francis Boudrias Plouffe sur les personnes qui ne répondaient pas à chacune de ses demandes.

Avertissement : agression sexuelle, manipulation

« Donc, en 2012, je militais avec Frank dans un groupe indépendantiste gauchiste, le MPIQ. Une soirée, il a organisé une soirée de visionnement de film. Ça s’est fini tard, il était genre 4h du matin, j’ai demandé pour dormir dans son salon. Il a insisté pour que je dorme dans sa chambre parce que sa coloc allait peut-être revenir et qu’elle dormait elle aussi dans le salon. Je me suis couchée, toute habillée, et lui s’est mis en sous vêtement. J’étais full mal à l’aise et je me suis tournée pour lui faire dos. J’essayais de faire semblant de dormir, mais il essayait sans arrêt de relevé ma robe. Je refusais, je rabaissais ma robe, mais il continuait sans cesse. Un moment donné je lui ai dit “si je te laisse dormir en cuillère, vas-tu arrêter?” Il a dit oui. Ça s’est calmé mais il avait quand même les mains baladeuses alors j’ai pas été capable de dormir, je suis partie vers 7-8h, je sais plus mais le soleil était levé.

C’est rester de même. Plusieurs mois plus tard, genre mars 2013, on a été une gang de filles à vouloir call out ses comportements sur une autre militante. Je discutais avec un responsable, et il m’a dit : Toi, t’es pas objective sur ce dossier-là, Frank nous l’a dit que tu t’étais essayé sur lui et qu’il t’avait rejeté, que ça t’a rendue amère.

J’étais tellement en tabarnaque. J’ai fini par me distancier du groupe et du milieu militant parce que j’avais l’impression qu’on gardait toujours les agresseurs et qu’on laissait les victimes dealer avec leur affaire. Pis qu’on priorisait un bon militant actif, même s’il est un abuseur. »

Les captures d’images suivantes proviennent de la page Facebook «Collectif Les Gamines». Il s’agit d’une dénonciation publique publiée en 2017. Elles sont ajoutées ici puisqu’elles illustrent une fois de plus la violence de Francis Boudrias Plouffe et ne laisse pas de doute sur les dénonciations d’agressions sexuelles le concernant.

Avertissement de contenu : Violence non-décrite, violence sexuelle.

Les captures d’écran suivantes confirment plusieurs paterns déjà évoqués. Elles nous ont également été transmises et nous les publions avec autorisation :

Paranoïa et obsessions

« J’ai rencontré Francis Boudrias-Plouffe vers 2015, autour du printemps. Il tournait autour des manifestations, occupations, bref autour des espaces militants. Il sortait également à l’époque avec une amie. De fil en aiguille, on a eu quelques discussions seuls à seuls, qui m’ont laissé un sentiment d’inquiétude. J’avais 18-19 ans, full impressionable. Il m’a sorti des méga monologues sur une tonne de sujets, m’a littéralement enseveliE d’informations, ce qui lui donnait un air de grand connaisseur et d’importance. Puis il est arrivé sur des sujets autour de la Palestine, des tensions dans les groupes dans lesquels il s’impliquait, etc. Là, il m’a fait savoir à maintes reprises qu’il était traqué et menacé par différentes organisations (le mossad, le hezbollah, des groupes d’extrême droite aussi), qu’il était en danger, persécuté, etc.

J’ai failli y croire mais c’était trop big pour faire du sens. Surtout quand il est parti sur la pente de “Si des gens disent des choses sur moi, ou dénoncent des trucs, c’est une manigance du mossad/hesbollah/police pour me discréditer et m’attaquer et c’est tout faux c’est un complot”. J’ai pris mes distances. Mon amie qui sortait avec s’en est également séparée, et a une expérience avec qui ne m’appartient pas de raconter. Je l’ai soutenue, avec un ou deux autres amis. Pendant cette période, Francis a redoublé d’ardeur à tenter de nous convaincre (et tout le reste du monde aussi) qu’elle mentait, qu’elle était violente, etc etc. Il a inventé des horreurs pas pire ridicule pour la discréditer, la gaslighter, et continuer de mettre ses agissements sur le dos de grosses organisations. Depuis, plus de nouvelles de lui, pour ma part. Coupage de contact très nécessaire. »

La personne témoignant ici de son expérience avec FBP manifeste une expérience que plusieurs personnes nous ont partagé. Ici, nous avons le témoignage d’une personne qui a pu voir rapidement à travers ses mensonges concernant son amie. Ça n’a pourtant pas été le cas de tout le monde, puisque plusieurs proches de FBP ont choisi de rester dans ses fréquentations après les dénonciations de violence qu’ont faite plusieurs de ses ex. Mais au-delà de la confirmation de violence qu’a vécue la personne mentionnée dans ce témoignage, celui-ci explore la manipulation qu’il fait des luttes qu’il prétend défendre. Être un militant pour la libération de la Palestine à Montréal l’a mené jusqu’à utiliser le Mossad et le Hezbollah pour se victimiser et justifier les « rumeurs » qu’il pourrait y avoir à son sujet. Toute personne plus jeune, nouvelle dans les milieux militants ou impressionnable aurait pu croire à ces mensonges qui semblent des plus absurdes pour les militant-e-s aguerri-e-s. Comment peut-il avoir mobilisé d’aussi grands mensonges sans conséquences, sans remise en question publique ? Parce qu’il savait justement à qui s’adresser. Ses méthodes de manipulation ne sont pas laissées au hasard comme le confirme les prises d’images suivantes.

FBP défend une autre théorie que les complots policiers ou étatiques en ce qui concerne toutes les dénonciations le concernant : des groupes de gauches, dans lesquels sont actifs des agresseurs, veulent détruire sa réputation afin de protéger lesdits agresseurs. Il y a un problème bien réel dans le fait que de trop nombreux « camarades » de gauche ont violenté et perpétuent à ce jour des violences, souvent sexiste et profitant de statuts de popularité. Ces problèmes sont adressés depuis de nombreuses années par les militant-e-s féministes de nos réseaux. Par contre, l’instrumentalisation de ces violences pour décrédibiliser les dénonciations qui le concerne est, encore une fois, la preuve de sa manipulation. À plusieurs reprises, il a profité de dénonciations publiques pour alimenter ses conflits personnels, déviant la conversation des survivantes vers sa personne. De plus, il a souvent réagit aux dénonciations le concernant, pas pour s’offrir le même sort qu’il réservait à ses « ennemis » qui étaient dénoncés, mais pour justifier ses abus dans de longs textes présentant les raisons pour lesquelles il serait plutôt la victime de toutes ces relations. Nous le rappelons encore une fois : les dénonciations de violences sexuelles et physiques, de manipulation, de gaslighting et de menace de sa part sont trop nombreuses pour être concises dans ce document. Francis Boudrias Plouffe est multirécidiviste dans toutes ces situations et semble incapable d’offrir quelconque justice à ses victimes puisqu’il ne peut pas commencer par reconnaitre ses torts.

Si vous doutez encore des mauvaises intentions de FBP après cette lecture, il nous laisse lui-même les preuves de ses outils en « manipulation et contrôle ». Dans les captures d’écran suivantes, vous pouvez constater que ses actions, loin d’être de la maladresse ou des erreurs, sont issues de stratégies réfléchies.

En résumé, il publie sur VK, une plateforme depuis très longtemps prisée par l’extrême droite, un texte qui explique comment manipuler un forum sur internet. Il dit que c’est un texte pratique pour tout-es militant-es qui utilisent les réseaux sociaux. Le reste du texte n’est pas de lui, il promeut simplement le contenu qui copie. Le texte copié explique comment prendre le contrôle d’une plateforme, en faisant supprimer du contenu jugé indésirable, en utilisant des faux comptes pour dissimuler sa manipulation, en trollant, en manœuvrant de devenir modérateur des groupes, etc. La prochaine fois que vous entrez en conflit avec lui ou ses proches sur les réseaux sociaux, gardez cela en tête.

Conclusion :

Si vous vous êtes reconnus dans cette triste histoire, vous êtes peut-être une de ses victimes. Si c’est le cas vous avez tout notre soutien, nous vous croyons et vous pouvez nous contacter à l’adresse suivante : justice_survivantes@riseup.net

Si vous faites partie de son entourage, il est aussi possible que FBP abuse de vous ou vous manipule. Il n’est pas trop tard pour couper les ponts avec lui et le bloquer de vos réseaux.

La publication de ce dossier entend clore une fois pour toute ses manipulations. Après sa lecture FBP va probablement essayer de vous faire douter. Souvenez-vous qu’il va utiliser le 10% d’histoires véridiques afin de semer le doute en vous. C’est sa stratégie.

Il vous dira par exemple : «oui mais les autres aussi ont des amis agresseurs», «c’est moi la victime», etc. En travaillant sur ce dossier nous avons reçu des dizaines de captures d’écran qui attestent de ses abus.

Si vous voulez aider et défendre les victimes, vous devez nous aider à isoler Francis Boudrias-Plouffe et à faire connaitre ses agissements.

Deux membres d’Atalante à Montréal affichés et attaqués

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Août 132020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Atalante est une organisation néo-fasciste (voir les articles de Montréal Antifasciste à leur sujet) surtout présente dans la ville de Québec. À Montréal, le groupuscule rassemble une poignée de néo-nazis. Nous exposons ici deux d’entre eux. Shawn Beauvais-Macdonald, le désormais célèbre nazi de Charlottesville, est un compagnon de route de longue date d’Atalante (sur les photos plus bas, il pose avec Raf Stomper, le chef de l’organisation et lors d’une action d’Atalante). Il réside dans un appartement au 2e étage du 2045 avenue Elmhurst, dans Montréal-Ouest.

Il affiche fièrement ses couleurs racistes, jusqu’à sa fenêtre de salle de bain où il arborait un drapeau mêlant le soleil noir nazi et la fleur de lys. Malheureusement pour lui, le drapeau a été subtilisé il y a quelques semaines.

Francis Hamelin est un «ancien» qui a participé à la fondation de Troisieme Voie et a aidé Atalante à s’installer à Montréal (avec le succès qu’on connait). Il réside avec sa famille au 2669 rue Monsabré, dans le secteur de Longue-Pointe dans l’est de la ville, où il affiche discrètement des drapeaux nazis et SS.

En partageant des photos de son œuvre d’art (un buste d’Adrien Arcand) et de son beau truck, il a involontairement dévoilé son adresse.

Son véhicule a été redécoré avec des tags «nazi» et «nazi scum» il y a quelques semaines, afin de prévenir ses voisins de quelle ordure il est.

Les nazis d’Atalante ne seront jamais tranquilles. Montréal est antifasciste. D’autres messages suivront.

Des antifascistes

Solidarité avec la jeunesse de Portland

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Juil 272020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

En réponse à l’appel du Front de libération de la jeunesse du PNW à une journée d’action le 25 juillet en solidarité avec la résistance en cours à Portland, nous avons posé des affiches réalisées pour l’occasion à Montréal. Un petit geste simple de solidarité avec ceux et celles qui se battent chaque jour pour un monde sans police et sans la suprématie blanche qu’ils défendent.

– Des anarchistes

La voiture d’un administrateur de prisons prend feu

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Juil 252020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

La nuit du 11 juillet, la Volvo appartenant à Vince Parente a été incendiée devant sa demeure à Ste-Thérèse. Vince Parente a tout récemment été nommé sous-ministre associé par intérim au ministère de la Sécurité publique. Outre cette nomination, il est le directeur général adjoint pour la région de Montréal à la Direction générale des services correctionnels. En termes plus clairs, il est le patron des directeurs de prison de Bordeaux et de Rivière-des-Prairies à Montréal.

Notons qu’avant de monter les grades, il a commencé sa carrière comme agent de probation puis dans le transport de prisonnier.e.s vers leurs comparutions, est ensuite devenu directeur adjoint de la prison de Bordeaux, puis directeur adjoint de la prison Leclerc à Laval, puis directeur officiel de la prison de St-Jérôme.

Un gros bâtard qui bénéficie depuis le début de sa carrière de l’enfermement et de la dégradation de milliers de personnes.

Ce brasier est un éclat de solidarité avec tous.tes les prisonnier.es et leurs familles. Si les conditions de détention sont habituellement dégueulasses, celles-ci ont empiré depuis le début de la pandémie. Non seulement les gardien.nes transmettent le virus aux détenu.e.s, mais ces dernier.es sont enfermé.es h24, avec très peu de visite et sans permission de téléphoner.

Par la faute de Vince Parente entre autres, Robert Langevin est mort de négligence et de manque de soins entre les murs de la prison de Bordeaux en mai. Vince Parente est un gestionnaire assassin déconnecté comme tant d’autres qui travaille sans doute à domicile ces temps-ci. Ce brasier l’a peut-être ramené face à la réalité.

Incendie de 7 voitures de police à un garage d’entretien du SPVM

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Juil 222020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Les flics sont des assassins. On a brûlé leurs voitures. Tu peux le faire aussi.

On a utilisé 3 engins incendiaires : des bouteilles de plastique à bases carrées remplies au 3/4 avec un mélange d’essence et d’huile à moteur. On a utilisé de la super colle pour attacher deux cubes allume-feu emballés individuellement (que tu peux trouver dans les magasins de camping, les quincailleries ou les épiceries) sur le côté de chaque bouteille.

Pour chaque voiture, on a placé une bouteille couchée sur le coté (avec le cube vers le haut) et on l’a poussé sous un pneu de la voiture puis allumé le cube.

On a choisi des engins qui prennent complètement en feu environ une minute après les avoir placé sous les voitures. On a voulu augmenter nos chances de quitter sans se faire remarquer tout en diminuant les chances que les engins soient éteints trop tôt.

Pour un monde sans la police et sans l’ordre suprémaciste blanc qu’ils défendent. Solidarité avec les insurgé.e.s noir.e.s et avec tous.tes celles et ceux qui se battent.

– Des anarchistes

Suspension de la page Hyènes en jupons : Déclaration du collectif féministe

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Juil 222020
 

Des Hyènes en jupons

Montréal, le 20 juillet 2020. En réaction à des menaces violentes, les Hyènes en jupons suspendent leur site web et page Facebook. Elles se dissocient complètement de la fausse lettre en circulation sur les médias sociaux.

Suite à des menaces violentes à l’égard du collectif ou de supposées membres du collectif, nous avons décidé de suspendre notre page Facebook et notre site web afin de protéger la sécurité et l’anonymat de tous.tes les survivant.es qui nous ont contactées, ainsi que les membres du collectif et toute personne qui y est faussement associée. En date du 20 juillet 2020, les Hyènes en jupons n’ont pris connaissance d’aucune mise en demeure ou poursuite les visant. La mise sur pause de notre présence sur les réseaux sociaux ne signifie en aucun cas notre dissolution en tant que collectif féministe.

Aux survivant.e.s: «On vous croit. On vous soutient. Plus nous dénonçons, plus nous faisons des vagues. Plus vos témoignages et dénonciations sont lus et partagés, plus les médias en parlent et plus les agresseur.s et les détracteurs essaient de nous apeurer, museler et discréditer. Nous nous faisons entendre, continuons à rugir ensemble! »

La fausse lettre en circulation sur les médias sociaux

Comme dans chaque mouvement de dénonciation féministe, il y a un ressac. Nous faisons vraisemblablement face à des attaques antiféministes et masculinistes particulièrement virulentes. Cette lettre et les menaces violentes à notre égard en font clairement partie.

Aucune membre ou « ancienne membre » du collectif n’est à l’origine de ce document. Les informations et les noms qui y sont cités ne proviennent pas de notre collectif. Un nombre extrêmement limité de personnes a accès aux boîtes de réception et rien ne porte à croire que d’autres personnes y auraient eu accès.

Nous n’avons, en aucun cas, modifié le contenu ou le sens des témoignages reçus outre la révision linguistique. La version corrigée des témoignages est relue et validée par son auteur.trice qui est avisé.e du moment de la publication. En aucun cas nous n’ajoutons des informations dans les dénonciations comme des noms ou des événements.

Précisions sur nos pratiques

-Nous ne produisons aucun dossier ou liste de noms dénoncés ou à dénoncer, ni aucune liste des noms que contiennent les dénonciations que nous recevons;
-Nous n’avons aucun lien avec d’autres groupes, pages ou comptes qui publient des listes, témoignages ou dénonciations sur les réseaux sociaux ou ailleurs;
-Nous ne favorisons pas la publication de dénonciations concernant des personnalités publiques. Nous publions les témoignages que nous recevons dans nos boîtes de réception Facebook et Gmail;
-Nous vérifions si le compte qui nous envoie le message semble véritable;
-Nous refusons de publier tout témoignage ou information qui ne concerne pas directement l’auteur.trice;
-Nous respectons la volonté de chacun.e de dévoiler certaines informations et d’en garder d’autres confidentielles;
-Nous refusons toute demande de mise en contact afin de protéger l’anonymat des survivant.e.s;
-La sécurité et l’anonymat des survivant.e.s et des membres du collectif demeure notre préoccupation principale.

Les dénonciations du harcèlement, des violences sexuelles et de la culture du viol

Parce que nous croyons toutes les personnes survivantes d’agressions sexuelles

Parce que notre système de justice patriarcal n’est pas une option pour une grande proportion de personnes ayant été agressées

Parce qu’on croit en la capacité des personnes survivantes à faire leurs propres choix en ce qui concerne leur processus de guérisonParce que la honte et la peur doivent changer de camp

Nous ne présentons aucune excuse aux personnes qui ont été dénoncées sur notre page. Tout notre Love & Rage aux survivant.e.s!

RRRAAAWWWRRR

Une manifestation de soutien aux préposé-e-s aux bénéficiaires se transforme en happening pour l’extrême droite complotiste

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Juil 182020
 

De Montréal Antifasciste

Le 18 juillet doit avoir lieu une « Manif des travailleurs de la santé!!!!! » au Parc Saint-Laurent à Repentigny. Organisé par un collectif de préposé-e-s, « Le journal des PAB », cette manifestation présente cinq revendications (qu’il faut d’ailleurs chercher un peu sur la page de l’événement…) et invite « tous les travailleurs de la santé au Québec » à les rejoindre. Si cette initiative autonome nous semblait sympathique au premier abord, nous avons vite déchanté au courant de la dernière semaine en constatant que plusieurs personnalités d’extrême droite et de la complosphère anti-confinement étaient en train de s’inviter ou étaient carrément invitées par une partie des organisateurs-trices!

En effet, Steeve « L’Artiss » Charland (ex-numéro 2 de La Meute, aujourd’hui rallié à Storm Alliance) prévoit « venir avec sa gang » (comme lui, des proches de La Meute et Storm Alliance, deux organisations notoirement islamophobes et hostiles à l’immigration). Jonathan « Hex » Héroux, promoteur des fameuses Vagues bleues de Montréal et Trois-Rivières, annonce aussi sa présence, tout comme Alexis Cossette-Trudel, le nouveau complotiste en chef du Québec, un adepte des fake news et de la manipulation postfactuelle.

Disons-le clairement : ces individus et leurs suiveux ne sont pas des allié-e-s des travailleurs et travailleuses de la santé. Au contraire, dès le début de la pandémie ils se sont employés à minimiser l’impact du virus sur la santé (voire même nier son existence!), tout en appelant la population à briser les mesures de confinement et à ne pas respecter la distanciation physique, mettant ainsi en péril travailleuses et travailleurs de la santé, mais aussi par extension les ainé-e-s, les personnes à risque et la population en général.

De plus, et cela n’est pas anodin, plusieurs des idées et théories que ces individus mettent de l’avant servent à diaboliser et à désigner comme boucs émissaires une grande partie des personnes qui œuvrent dans le milieu de la santé, notamment comme préposé-e-s aux bénéficiaires, soient celles qui sont issues de l’immigration (régulière et « irrégulière ») et toutes celles qui adhèrent à la foi musulmane.

Ces individus, dont plusieurs sont des militant-e-s situé-e-s très à droite et sont actifs depuis plusieurs années dans des groupes islamophobes et anti-immigration (en plus de nourrir la récente hystérie complotiste négationniste de la COVID!) ne devraient être les bienvenus nulle part, car ils représentent la division, la peur de l’autre et l’ignorance la plus crasse.

Nous vous invitons donc à exprimer votre mécontentement quant à leur présence par tous les moyens utiles et nécessaires.

La statue de John A. Macdonald à Montréal vandalisée avec de la peinture (encore!)

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Juil 042020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Montréal, 2 juillet 2020 — Dans le cadre de la journée pour annuler le Canada (#CancelCanadaDay) le groupe montréalais #MacdonaldMustFall a encore une fois vandalisé le monument Macdonald; cette fois-ci, avec de la peinture jaune.

Selon Roy G. Biv de #MacdonaldMustFall: « Cette statue devrait rester teintée de peinture, alors nous pourrions déclarer une trêve. Mais ce serait encore mieux si elle pouvait être retirée. Débarrasser l’espace public des statues qui célèbrent des personnes racistes n’efface pas l’histoire. Cela fait partie de la lutte pour résister au racisme et contextualiser notre passé » .

Le groupe #MacdonaldMustFall de Montréal a expliqué ses objections à la célébration du personnage historique de John A Macdonald de cette façon: « John A. Macdonald était un suprémaciste blanc. Il a directement contribué au génocide des peuples autochtones avec la création du système brutal des pensionnats ainsi que d’autres mesures destinées à détruire les cultures autochtones. Il était raciste et hostile envers les groupes minoritaires non blancs au Canada et il promouvait ouvertement la préservation d’un soi-disant Canada « aryen ». Il a adopté des lois pour exclure les personnes d’origine chinoise. Il est également responsable de la pendaison du martyr métis Louis Riel. »

Le monument Macdonald a été vandalisé tant de fois durant les trois dernières années, que toutes les couleurs de l’arc-en-ciel ont été utilisées.

—–

Voici une sélection de photos des précédentes attaques du monument:

rouge: https://postimg.cc/2V0Rst1G
orange: https://postimg.cc/BLBZS37c
jaune: https://postimg.cc/sBYqhXSt
vert: https://postimg.cc/gnTkrHZp
bleu: https://postimg.cc/18tLwYzB
indigo: https://postimg.cc/S2jPMsvm
violet: https://postimg.cc/ykDj3sfv

Actions directes nocturnes : appel à la diffusion des connaissances

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Juin 252020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Agir en petits groupes pour attaquer les institutions et les infrastructures du pouvoir a le potentiel de déstabiliser nos adversaires, de montrer à celleux qui veulent se battre qu’iels ont des complices. L’action directe nous permet de faire l’expérience concrète de nos propres capacités de résistance. Le moment est toujours propice pour passer à l’attaque. Dans le contexte de la pandémie, les manifestations, les occupations et les autres formes de contestation plus massives comportent plus de risques qu’à l’habitude. Il est donc encore plus pertinent de choisir de s’organiser en petits groupes pour mener des actions qui donnent de la force aux luttes anticapitalistes, anticoloniales et antiautoritaires. Que ce soit pour continuer sur la lancée de #ShutDownCanada, pour répandre la révolte contre la police et le racisme qui vient d’éclater aux États-Unis, ou pour saboter les prisons et le régime frontalier, l’attaque ouvre des possibilités dont on ne devrait pas se passer.

Choisir cette avenue peut amener à revoir ses habitudes. Par exemple, pour passer à l’action, ne plus attendre d’être invité.e à un projet impliquant un plus grand nombre de personnes. En effet, se déployer en plusieurs groupes de deux, de trois, ou de six personnes, de façon horizontale, implique une multiplication des sources des initiatives. Pour trouver avec qui agir, on peut se demander avec qui on se reconnait des affinités de rapport au monde et à la lutte, de désirs, ou avec qui on aimerait approfondir le lien de confiance. Il sera probablement nécessaire de faire de nouveaux apprentissages, qu’il s’agisse de repérer un bureau d’architectes ou de planifier une route de sortie sécuritaire à Westmount.

Pas besoin d’une grande expertise pour attaquer, mais il est tout de même toujours utile de développer certaines connaissances en échangeant et en s’entraidant avec d’autres gens et d’autres bandes. C’est pour alimenter ces échanges que ce texte appelle à un effort de diffusion des connaissances autour de sujets particuliers en lien avec les actions directes en groupes restreints. Nous souhaitons élaborer sur plusieurs sujets abordés dans Recettes pour des actions directes nocturnes (une excellente lecture pour commencer).

Nous souhaitons voir des courts guides en forme de textes, de vidéos, de bandes dessinées, etc., portant sur des sujets comme les suivants:

– Répérage de la cible
– Division des rôles
– Planifier son trajet, son arrivée et sa sortie
– Vêtements et déguisements
– Contre-surveillance
– Communiquer ou non une action, les diverses façons de le faire
– Naviguer le stress

Nous ne cherchons pas de formules, comme il y en a pas. Nous espérons plutôt provoquer des échanges sur les questions, partager des guidelines, des astuces, des apprentissages. Il faudrait aussi faire attention à ne pas partager des informations qui donnerait aux flics des pistes qu’ils n’ont pas déjà, c’est-à-dire des façons de faire spécifiques dont ils ne sont pas déjà au courant et qui pourraient les aider dans une enquête.

Bref, on propose de prendre un peu au sérieux le fait qu’on a développé des connaissances et des compétences à travers nos expériences d’actions, et qu’il est important de les rendre le plus accessibles possible, parce que ce n’est pas toujours évident.

Le Front canadien-français : une jeune garde pour le courant ultracatholique de l’extrême droite québécoise

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Juin 252020
 

De Montréal Antifasciste

En avril 2020, au plus fort de la pandémie de COVID-19, apparaissent dans les quartiers centraux de Montréal des autocollants signés Frontcf.ca. Les autocollants, qui arborent alternativement le Carillon-Sacré-Cœur (un étendard obsolète évoquant la primauté perdue de l’Église catholique sur l’État du Québec) et une image d’archive représentant Jacques-Cartier hissant la croix en 1534, renvoient au site Internet d’un prétendu « Front canadien-français », dénomination jusque-là inconnue. On trouve sur le site une présentation sommaire du nouveau groupuscule, une série d’illustrations dans le style rétrofuturiste/fashwave et quelques photos « d’actions » aux auteurs anonymes, lesquelles sont aussi reproduites sur des comptes Twitter, Instagram et Facebook associés.

À la lecture du credo poussiéreux de ces jeunes ringards, on serait tenté de tourner en dérision leur programme rétrograde tout droit sorti de la Grande noirceur… Toutefois, la poignée de jeunes militants du FCF qui ont eu la maladresse de se dévoiler sur les réseaux sociaux nous ont permis d’établir des liens clairs entre leur petite bande de zoomers arriérés et certains des segments les mieux ancrés de l’extrême droite québécoise, dont le courant nationaliste ultracatholique qui sévit discrètement ici depuis plusieurs décennies.

– >>> Qui sont les militants du Front canadien-français (passez directement à la galerie sur le site de Montréal Antifasciste)

Voici donc un portrait de ce petit groupe de vingtenaires décalés et des inspirateurs fachos dont ils espèrent aujourd’hui reprendre le flambeau.
(6 000 mots; temps de lecture environ 20 minutes.)

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Au cours du printemps 2020, tandis que sévit la pandémie de COVID-19, plusieurs éléments disparates ayant piqué notre curiosité au fil des derniers mois tendent à suggérer l’émergence d’un nouveau réseau cohérent dans la région de Montréal : l’apparition en 2019 d’une pléthore de pages de mèmes[i] réactionnaires propageant des valeurs catholiques intégristes, hyperconservatrices, racistes et transphobes; la publication dans Le Devoir, en janvier 2020, d’un « Manifeste contre le dogmatisme universitaire » cosigné par une soixantaine d’étudiant-e-s réactionnaires; le passage à Nomos.tv (la chaîne YouTube du projet ultranationaliste Horizon Québec Actuel) d’un militant catholique faisant circuler une étonnante « Lettre ouverte aux évêques de l’Église catholique au Canada français »; l’apparition de plus en plus fréquente du drapeau Carillon-Sacré-Cœur[ii], d’abord lors de manifestations (à la Vague bleue du 4 mai 2019, et lors de la grande Marche pour la Terre du 27 septembre 2019), puis sous forme d’autocollants à différents endroits de la ville; et enfin, la mise en ligne du site FrontCF.ca, dont de nouveaux autocollants font la promotion dans les rues de Montréal et que des éléments de contenu lient à au moins l’une des pages de mèmes mentionnées ci-dessus.

L’un des nombreux autocollants du FCF apparus à Montréal au printemps 2020. Il représente le Carillon-Sacré-Cœur.

L’un des nombreux autocollants du FCF apparus à Montréal au printemps 2020. Il représente le Carillon-Sacré-Cœur.

Survient alors une série d’actions, relayées sur les comptes Twitter, Instagram et Facebook du nouveau groupuscule, qui puise dans l’habituel répertoire d’action des mouvements sociaux (de gauche comme de droite). En particulier, les jeunes du Front canadien-français semblent calquer leur militantisme sur des organisations comme l’Action Française (royaliste et catholique, en France) ou Atalante au Québec. Depuis quelques semaines, ils se mettent en scène sur les médias sociaux en train d’appliquer des autocollants, de se recueillir devant des monuments historiques en brandissant des drapeaux, ou encore de nettoyer ces monuments pour exprimer leur amour d’un passé glorifié. Ces actions ont bien sûr pour but de faire connaître leur projet et d’éventuellement recruter de nouveaux membres (une intention que confirme d’ailleurs la signature « Rejoins nos rangs! » au bas de leurs textes).

Pour l’instant, des autocollants du FCF ont été aperçus à Montréal et dans quelques localités des rives Sud et Nord de la métropole. Leur première action n’a pas été revendiquée officiellement, mais elle a été publicisée sur le compte Instagram d’un des membres ainsi que sur le groupe Facebook du Mouvement des Jeunes Souverainistes [iii] : il s’agit d’un rassemblement devant la statue de Dollard des Ormeaux au parc La Fontaine de Montréal, le 18 mai 2020, pour marquer la Journée nationale des Patriotes, jadis connue comme la Fête de Dollard.

Le Front canadien-français devant le monument de Dollar Des Ormeaux, le 18 mai 2020, à Montréal.

Alexi Larose, du FCF, devant la tombe du chanoine Lionel Groulx, à Vaudreuil, le 23 mai 2020.

Les militants du FCF ont ensuite diffusé des photos d’un hommage à Lionel Groulx, prononcé le 23 mai sur la tombe du chanoine notoirement antisémite, à Vaudreuil. Cette commémoration du décès de Lionel Groulx était animée par Alexandre Cormier-Denis (dont nous reparlerons plus loin) d’Horizon Québec Actuel, qui en a d’ailleurs relayé la captation sur sa chaîne YouTube, Nomos.tv. On reconnaît plusieurs membres du FCF, dont Jason Mc Nicoll Leblanc et Jean-Philippe Desjardins Warren, qui ont trahi leur présence sur leur compte Instagram respectif. On peut aussi apercevoir deux autres membres dont les visages ne sont pas masqués, Vincent Benatar et Alexis Larose, le premier lisant une lettre de l’abbé Daniel Couture, où l’éminent membre de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX, voir ci-dessous pour plus de renseignements) exprime son regret d’être absent à la commémoration.

Un militant du FCF gravit au péril de sa vie le monument d’Ignace Bourget, à Montréal, le 8 juin 2020.

Dans les semaines suivantes, les membres du FCF se sont à nouveau mis en scène en train de nettoyer deux statues à Montréal : celles de Camille Laurin (« le père de la loi 101 ») et de Mgr Ignace Bourget, décrochant au passage une banderole Black Lives Matter, au prix d’un « courage » (sic) extraordinaire…

Si le parallèle avec Atalante se confirme, les militants du FCF s’entraîneront bientôt en secret à la boxe thaïlandaise pour distribuer des sandwichs au Paris Pâté!

Ce qui est certain, c’est que la présence en arrière-plan d’organisations comme la FSSPX ou Horizon Québec Actuel laisse présumer des liens avec une frange de l’extrême droite ancrée au Québec depuis fort longtemps…

 

De qui (ou de quoi) les militants du Front canadien-français se veulent-ils la jeune garde?

L’historien Roger Griffin définit le fascisme comme une forme « révolutionnaire d’ultranationalisme palingénésique[iv] ». Le terme rare « palingénésie », dérivé du grec, signifie « renaissance », ou régénération, c’est-à-dire un retour de « ce qui a déjà été et qui n’est plus ». Appliqué à un programme « ultranationaliste », le concept réfère donc à l’éventuelle renaissance de la nation (définie comme intérêt primordial) sous une forme idéalisée, et sa déclinaison « révolutionnaire » implique par définition l’éventuel recours à des moyens insurrectionnels (ou la menace d’un tel recours) pour concrétiser cette renaissance.

Les boneheads rechromés d’Atalante, par exemple, qui se décrivent eux-mêmes comme « nationalistes révolutionnaires » et dont nous avons déjà amplement documenté la démarche et la filiation, correspondent assez bien à cette définition, tout comme d’autres groupuscules et individus marginaux et plus ou moins organisés (dans les sphères NSBM ou Alt-Right, par exemple).

Il existe cependant un autre courant d’extrême droite implanté au Québec depuis beaucoup plus longtemps, dont nous avons fort peu parlé ici, et dont les principaux regroupements se sont quant à eux toujours explicitement définis comme « contre-révolutionnaire ».

Si ces groupes mettent généralement l’accent sur la dimension spirituelle de leur activisme, on retrouve chez eux une série de traits qui rejoignent la définition que donne Griffin du fascisme. À différents degrés, ils conçoivent tous la nation canadienne-française comme plongée dans une situation de décadence suicidaire, corrompue par la perte de sa culture traditionnelle (largement imaginée), la transformation des normes de genre, et la laïcisation de la société. Ces groupes perçoivent aussi l’Église catholique romaine comme souffrant d’une dégénérescence analogue. Pour eux, l’Église est contaminée par les idées de la gauche et un pitoyable désir de « s’ajuster » au monde moderne, qu’exemplifient l’abandon et la marginalisation du rite « tridentin » (la messe latine), et doit être rendue à sa forme ancienne et traditionnelle. De plus, ils considèrent divers régimes dictatoriaux de droite, comme ceux de Franco en Espagne (1939-1977) et de Salazar au Portugal (1933-1974), comme des points de références positifs au sein de leur tradition. Plus près de chez nous, le gouvernement de Maurice Duplessis (1936-1939, 1944-1959), réputé pour avoir brutalement réprimé les mouvements de grève, rendu illégaux les rassemblements communistes (la « loi du cadenas »), emprisonné les minorités religieuses et truqué des élections, est érigé en modèle.

À l’échelle internationale, ce courant ne s’est vraiment constitué qu’après les réformes de Vatican II dans les années 1960, car avant ce moment charnière, leurs idées faisaient partie du courant dominant au sein de l’Église catholique. Il s’en est suivi des années de débats et un certain nombre de scissions, certains préférant partir ou être excommuniés que d’admettre les réformes, ce qui a mené à l’étrange situation où certains des catholiques les plus endurcis ont été expulsés de la sainte Église catholique romaine, précisément parce qu’ils étaient trop attachés à leur vision traditionnelle du culte catholique.

Mgr Marcel Lefebvre, le fondateur de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX).

Le principal exemple de ce schisme, d’abord en Europe, puis en Amérique du Nord, a longtemps été la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, fondée en Suisse par Mgr Marcel Lefebvre en tant que havre pour les catholiques qui ne voulaient pas renoncer au rite latin et à ce qu’il symbolise. Après des années de conflits avec le Vatican, Mgr Lefebvre et d’autres dirigeants de la FSSPX ont été excommuniés en 1988[v].

Il est important de comprendre la signification de cette rupture, au-delà des disputes religieuses. Pour les membres de la FSSPX, l’ouverture du Vatican sur les réalités du monde moderne était la preuve d’un complot maléfique mondial ayant réussi à faire pénétrer la « fumée du Diable » à l’intérieur même de l’Église. Mais à qui imputaient-ils ce complot diabolique? Alternativement, il fallait blâmer les francs-maçons, les communistes, les Illuminatis et, inévitablement, les Juif-ve-s. Mais bien souvent, s’inspirant de la longue tradition droitiste consistant à désigner des boucs émissaires et à animer des polémiques au sein de l’Église, des théories furent échafaudées pour tenter de démontrer que toutes ces forces ont en fait conspiré au fil des siècles pour détruire l’Église et favoriser l’avènement d’un gouvernement mondial unique et impie (la Réforme protestante, la Révolution française, l’introduction des droits de la personne et des principes démocratiques, la transformation des rôles de genre, et les réformes apportées à l’Église reflétant différents aspects de ce complot tentaculaire). Ainsi, la FSSPX (comme d’autres traditionalistes catholiques) s’est souvent compromise avec d’autres courants politiques d’extrême droite. Marcel Lefebvre lui-même n’a jamais caché son appui au Front national (FN) de Jean-Marie Le Pen et aux régimes dictatoriaux de Franco en Espagne, Salazar au Portugal, Videla en Argentine (1976-1983) et Pinochet au Chili (1973-1990). En 1989, il a été révélé que pendant 16 ans, des membres de la FSSPX et de l’Ordre des chevaliers de Notre-Dame avaient abrité et protégé Paul Touvier, lequel était inculpé pour son rôle central dans la déportation des Juif-ve-s de Lyon vers les camps de la mort allemands. (Touvier a finalement été arrêté, à 74 ans, au prieuré Saint-Joseph de la FSSPX, à Nice[vi].)

Au Québec, l’aliénation ressentie par une partie de la droite catholique suite à Vatican II a été exacerbée par les changements induits par la prétendue Révolution tranquille. La réaction a initialement produit un milieu marginal et fragmenté, principalement préoccupé par la préservation de la messe en latin et la résistance aux plans de la Commission Parent (1961-1964) visant à laïciser le système d’éducation québécois, et bientôt obsédé par la suppression catégorique du droit à l’avortement. Pendant de nombreuses années, une pollinisation croisée s’est alors opérée entre ce milieu traditionaliste catholique et d’autres traditions d’extrême droite, diverses théories de complot leur servant de cadre référentiel commun. Plusieurs membres de la communauté du rite latin étaient également impliqué-e-s dans l’organisation ouvertement nazie d’Adrien Arcand, le Parti de l’Unité Nationale du Canada (PUNC); des cadres du Regroupement scolaire confessionnel (qui a contrôlé la plus importante commission scolaire de Montréal pendant une bonne partie des années 1980 et 1990) se sont à plusieurs reprises avérés faire partie d’organisations racistes, anti-choix et ouvertement fascistes; puis le Ralliement provincial des parents du Québec (RPPQ) a fini par servir de base pour la création du Centre d’information national Robert Rumilly (CINRR) en 1990.

Jean-Claude Dupuis, ancien militant clé du Cercle Jeune Nation, aujourd’hui étroitement associé à la FSSPX et au Mouvement Tradition Québec.

Entre 1993 et 1995, les lefebvristes ont animé un groupe d’étude à l’Université Laval, à Sainte-Foy, qui pour les cathos traditionalistes était à l’époque un lieu propice au recrutement. Le Cercle d’études des jeunes catholiques traditionalistes (CEJCT) organisait des conférences par des sommités d’extrême droite du Canada, des États-Unis et d’Europe, dont des membres du Front national, ainsi que des éminences locales comme Jean-Claude Dupuis et Louis-Michel Guilbault (sur qui nous reviendrons plus loin). Ces tournées de conférences étaient souvent coordonnées avec le CINRR, le RPPQ et une autre organisation, probablement le plus important groupe d’extrême droite à l’époque, le Cercle Jeune Nation (CJN).

Le Cercle Jeune Nation a été fondé en 1986, mais n’est devenu visiblement actif que dans les années 1990. Modelé sur le Front national de Jean-Marie Le Pen, le CJN se voulait un grand chapiteau sous lequel différents courants d’extrême droite pourraient coexister et mettre de l’avant des positions communes. Fondé en partie par des vétérans de la minuscule tradition fasciste et nazie du Québec, ses membres espéraient élaborer une critique droitiste crédible de la Révolution tranquille et contester la supposée hégémonie de la gauche au sein du mouvement nationaliste québécois. Le CJN collaborait avec de nombreuses organisations racistes et de droite. Dans sa publication, les Cahiers de Jeune Nation, le CJN faisait paraître des articles de Dimitri Kitsikis, un professeur d’histoire de l’Université d’Ottawa, et de François-Albert Angers, un patriarche du nationalisme québécois. On y trouvait aussi des collaborateurs d’outre-mer, comme Michael Walker et Thomas Molnar, des partisans européens du Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne (GRECE, le berceau fasciste de la Nouvelle Droite européenne), ainsi que Gunter Deckert, le futur président du parti cryptonazi Nationaldemokratische Partei Deutschlands (NPD).

La composition diversifiée du CJN a fini par avoir raison de l’organisation, qui s’est dissoute en 1994 suite à une scission entre ceux qui jugeaient que certaines positions religieuses mises de l’avant nuisaient à sa crédibilité et ceux qui voyaient en cette fausse pudeur une forme d’hypocrisie. Bien que pour la plupart, les membres du CJN n’étaient pas lefebvristes, le rédacteur en chef de son journal, Jean-Claude Dupuis, était membre de la FSSPX, et le Cercle a régulièrement collaboré avec les lefebvristes ainsi qu’avec d’autres catholiques d’extrême droite, comme les animateurs du Centre d’information nationale Robert Rumilly.

À plusieurs égards, la base d’appui du CJN ressemblait à celle de la Fédération des Québécois de souche (FQS) aujourd’hui. La principale différence étant que le CJN avait réussi à se rapprocher de certains éléments de l’aile droite du milieu nationaliste et était parvenu à occuper une place de choix au sein de l’extrême droite à son époque. La FQS quant à elle, en partie en raison de ses origines néonazies bien documentées, est plus éloignée de la droite « légitime », et l’espace qu’elle occupe sur la droite de celle-ci est partagé avec un plus grand nombre d’acteurs, non seulement d’autres fascistes (comme Atalante), mais aussi le mouvement national-populiste (qui est pour l’instant quelque peu dégonflé).

Il est néanmoins frappant de constater à quel point les forces politiques présentées ci-dessus sont toujours en place aujourd’hui. Les cofondateurs du Cercle Jeune nation Roch Tousignant et François Dumas, par exemple, sont aujourd’hui rattachés à la Fédération des Québécois de souche, tandis qu’un autre pilier de l’organisation, Jean-Claude Dupuis, est toujours intimement lié à la FSSPX, pour laquelle il enseigne l’histoire à l’École Sainte-Famille de Lévis.

Il n’est pas difficile de conclure qu’il existe là un milieu politique cohérent qui a réussi à se reproduire et à maintenir une certaine continuité dans le temps malgré la variation des structures dans un contexte politique changeant, en attirant de nouveaux membres et en retenant des militants qui étaient déjà actifs il y a plusieurs dizaines d’années.

Kenny “Goglu” Piché et Étienne Dumas, du Mouvement Tradition Québec (MTQ).

Aujourd’hui, le courant lefebvriste est principalement représenté au Québec par le Cercle Tardivel, le Mouvement Tradition Québec et les Éditions de la vérité, qui sont animés par des militants fidèles à la FSSPX. Ces trois entités sont inscrites au Registraire des entreprises du Québec au nom de Kenny Piché, Étienne Dumas et Julien Chapdelaine[vii]. Si Piché et Dumas ont déjà fait l’objet de billets du blogueur antiraciste Xavier Camus (à lire, ici et ici), il semble que Chapdelaine, vraisemblablement proche de la FQS, ait quant à lui servi comme agent officiel du néonazi Sylvain Marcoux lors des dernières élections provinciales.

Les jeunes réactionnaires du Front canadien-français sont donc les héritiers directs de cette tradition d’extrême droite ultracatholique, passéiste et nostalgique du Québec prémoderne. En dépit de l’étiquette contre-révolutionnaire qu’ils ont reprise de leurs prédécesseurs, ces nouvelles recrues présentent une tendance fascisante très marquée, que reflètent leurs écrits publics et les pages de médias sociaux qu’ils animent (voir la section sur les pages de mèmes ci-dessous). Leur nationalisme est ethnique (raciste, adepte de la théorie du « Grand remplacement »), anti-diversité, anti-égalité, et grossièrement hétéropatriarcal (antiféministe et traversé d’une opposition idéologique et morale à l’avortement). Il prône un retour aux « valeurs traditionnelles » qui selon eux caractérisaient l’âge d’or de la nation canadienne-française : la mainmise de l’Église catholique sur la société et les affaires politiques (ultramontanisme), des familles nombreuses où les femmes sont dépourvues de pouvoir et n’ont aucun droit sur leur santé reproductive, et un gouvernement autoritaire, populiste et hyperconservateur ne s’embarrassant pas des mécanismes démocratiques ou des libertés civiles, dont la figure de Maurice Duplessis demeure l’emblème glorifié.

Étienne Dumas, du Mouvement Tradition Québec, prend la pause avec Jason Mc Nicoll Leblanc, Vincent Benatar et Alexi Larose, du Front canadien-français.

 

Le lien FQS et l’influence d’Horizon Québec Actuel

Un mot au passage sur la Fédération des Québécois de souche (FQS), dans l’ombre de laquelle le FCF semble évoluer. Rappelons que la FQS a été constituée en 2007 par des néonazis (dont le repenti Maxime Fiset) et s’est perpétuée jusqu’à nos jours en fédérant différents courants nationalistes d’extrême droite (un peu comme l’avait fait avant elle le Cercle Jeune Nation), dont certains sont antinomiques et explicitement contradictoires.

On retrouve dans le journal de la FQS de francs néonazis, comme Sylvain Marcoux et son éternel projet de Rassemblement national canadien-français, les fachos soi-disant « révolutionnaires » d’Atalante sous la plume d’Alexandre Peugeot (vraisemblablement l’alter ego d’Antoine Mailhot-Bruneau, modelé sur le composite Rémi Tremblay de la FQS), mais aussi  d’autres auteurs représentant différentes tendances. On y relève notamment une influence marquée du courant lefebvriste porté par le Mouvement Tradition Québec et d’autres personnages familiers des cercles ultranationalistes décrits ci-dessus.

La photo de profil de Louis-Michel Guilbaut sur Facebook. Ce militant ultranationaliste de longue date et proche sympathisant de la Fédération des Québécois de souche anime aussi le compte FB “Louis Roy” et gère la boutique de pacotilles traditionalistes Ludovidec.

On remarque ainsi dans le réseau social du FCF un certain nombre d’individus rattachés de près ou de loin à la FQS par son courant traditionaliste et contre-révolutionnaire, comme Étienne Dumas et Louis-Michel Guilbault (« Louis Roy », sur Facebook) un enragé traditionaliste de longue date[viii] qui se spécialise désormais dans la production de marchandise pré-poussiéreuse, dont des drapeaux Carillon-Sacré-Cœur, des bustes en plastoc de Maurice Duplessis (!) et d’autres pacotilles produites localement, qu’il distribue par l’entremise de son entreprise Ludovidec (inscrite au Registraire des entreprises au nom de Louis-Rémi Guilbault).

En plus de leur filiation au Mouvement Tradition Québec et à la FSSPX, il apparaît aussi très clairement que les militants du Front canadien-français tournent dans l’orbite d’Horizon Québec Actuel, le projet ultranationaliste animé par Alexandre Cormier-Denis et Philippe Plamondon.

Cormier-Denis est en voie de devenir une figure clé dans l’extrême droite québécoise. Ce partisan/militant de Marine Le Pen et du Rassemblement national (ancien Front national) s’est effectivement positionné avec la chaîne YouTube Nomos.tv comme prolifique propagandiste du nationalisme ethnique, réactionnaire et raciste au Québec : repli ethnique/identitaire, anti-immigration (amplification de la théorie du « Grand remplacement »), islamophobie, anti-progressisme, antiféministe, anti-choix, anti-diversité, etc. En plus de ses nombreuses vidéos sur Nomos.tv, Cormier-Denis est collaborateur régulier à la plateforme Vigile.Québec (droite nationaliste) et a parfois été invité à intervenir sur différents enjeux, ce qui contribue à légitimer les idées toxiques qu’il ne manque aucune occasion de claironner. Il a notamment été invité à l’émission Zone Franche de Télé-Québec, en 2019, pour débattre de la question : « Est-ce qu’on accueille trop d’immigrants au Québec? ». On vous laisse deviner sa réponse. Il a plus récemment fait parler de lui en marge d’une entrevue à QUB Radio, où la teneur homophobe de ses propos a poussé l’animateur à interrompre l’entrevue (après 20 minutes en roue libre, tout de même), ce qui a fait crier ses admirateurs à la censure. Lui et Plamondon reçoivent par ailleurs différents invités à Nomos.tv, dont récemment le leader d’Atalante Raphaël Lévesque, à l’occasion d’une entrevue manifestement préparée dans la plus harmonieuse des complicités.

Une sorte d’« hommage » à Alexandre Cormier-Denis retweeté par le FCF.

Bien qu’ils se défendent comiquement d’être racistes, Cormier-Denis et ses acolytes interviennent régulièrement pour déplorer « l’ensauvagement » des sociétés occidentales, qui serait liée à « l’immigration massive », ce qui n’est plus tant de l’ordre du dog-whistle raciste que du panneau réclame en néon clignotant. Rappelons qu’en 2017, sa candidature à l’élection partielle québécoise sous la bannière du Parti indépendantiste (considéré comme une antenne du Front national au Québec et régulièrement décrié au fil des années pour sa proximité avec des militants néonazis) avait été marquée par une controverse mineure autour d’une pancarte électorale (reprise du Front national) grossièrement islamophobe et xénophobe. (Pour plus de renseignements, veuillez consulter notre fiche sur Horizon Québec Actuel.)

Compte tenu de l’évidente proximité idéologique entre Québec Horizon Actuel et le Front canadien-français, il n’est pas étonnant que les deux projets s’avèrent connexes. Le 23 mai 2020, à l’occasion de la commémoration du décès du chanoine Lionel Groulx organisée par le FCF à Vaudreuil, ce n’est nul autre qu’Alexandre Cormier-Denis qui agit à titre de maître de cérémonie. On reconnaît aussi dans la vidéo de la commémoration publiée sur Nomos.tv, parmi les jeunes militants du FCF, Alexi Larose, qui semble-t-il réside à la même adresse que Philippe Plamondon… ce qui n’est sans doute encore qu’une coïncidence.

On pourrait ainsi, au vu de toutes ces convergences, être porté-e-s à se demander si ce fameux FCF ne serait pas un peu la nouvelle garde d’idiots utiles formée idéologiquement dans l’ombre de la Fédération des Québécois de souche, de la FSSPX, du Mouvement Tradition Québec et d’Horizon Québec Actuel…

 

Une curieuse « Lettre ouverte aux évêques »

En novembre 2019, la Campagne Québec-Vie et la FSSPX publient sur leur site Internet respectif une « Lettre ouverte aux évêques de l’Église catholique au Canada français », signée par un certain Julien Bertrand[ix]. On remarque au passage une coïncidence très forte entre ce texte et une autre « lettre ouverte » publiée sur le site du FCF quelque temps après. Le langage, le vocabulaire et le propos sont en fait plus ou moins identiques dans les deux textes, et la phrase suivante est carrément reproduite textuellement dans les deux lettres, ce qui laisse croire qu’elles sont le fait du, ou des, même(s) auteur(s) :

« À l’image de notre saint patron Saint Jean le Baptiste, nous sommes la voix qui crie au milieu des ruines de béton et des nids de poule. Il est de notre devoir de hurler au nom de nos frères qui se suicident et de notre peuple qui se meurt. »

Le 6 décembre 2019, Julien Bertrand est invité à Nomos.tv pour expliquer la démarche entourant sa lettre. Le même jour, Vincent Benatar, lui aussi signataire, plogue son « bon ami Julien » sur la page Mèmes evangeliste duplessiste puis, la semaine suivante, accorde à son tour une entrevue sur le même sujet à E. Michael Jones, un traditionaliste catholique américain tristement réputé pour son antisémitisme.

Tout porte donc à croire que Julien Bertrand est un autre des militants clés du FCF.

La memegame des jeunes antimodernistes

Une particularité de cette nouvelle génération de wannabe ultramontains est son affection pour le langage particulier des mèmes (malgré son aversion ostentatoire pour « la modernité »). Étudiant en gestion à l’UQAM, Vincent Benatar s’est d’ailleurs démarqué du lot par la prolificité de ses publications sur la page Facebook qu’il administre, Mèmes evangeliste duplessiste (sic).

Un survol du contenu de cette page, tout comme la lecture de la présentation du FCF, la « Lettre aux évêques catholiques » qu’il a cosignée et son texte publié sur Vigile.quebec sur le thème du « Grand remplacement[x] », révèle le caractère profondément réactionnaire et raciste du programme politique mis de l’avant par Benatar et sa petite bande, lequel correspond en tous points à celui du courant traditionaliste ultracatholique décrit ci-dessus.

 

 

On constate aussi en parcourant l’historique de la page l’évolution de Benatar, qui a longtemps soutenu la Loi 21 sur la « laïcité de l’État » avant de se rendre compte que le principe de laïcité s’inscrit directement en faux contre les valeurs ultramontaines qui définissent complètement son positionnement idéologique. Les exemples de commentaires, mèmes et billets misogynes et racistes de Benatar sont trop nombreux pour les détailler ici, mais en voici un échantillon : [voir sur le site de Montréal Antifasciste]

Voici aussi les intitulés de quelques-unes des autres pages de mèmes que nous soupçonnons être ratachées de près ou de loin au FCF, ou du moins au réseau social où celui-ci évolue (n’hésitez pas à communiquer avec nous si vous avez des renseignements au sujet de ces pages et de leurs administrateurs) :

  • Mèmes єναиgélιѕтє Duplessiste
  • Mesmes tradis sans retenue ?? ????? ?? ?????????
  • Memes nationalistes pour zoomers Québécois
  • Mèmes clérico-nationalistes du Canada français
  • Science immortelle du Maoïsme-Duplessisme
  • Memes merveilleux à la mémoire de Montcalm
  • Un mémé couleur de Radio-Cadenas
  • Memes Groulxiens d’instruction publique
  • Memes nationalistes québécois

Un autre élément important que révèle la page de mèmes de Benatar, ainsi que sa page personnelle et son compte Instagram, est le réseau virtuel en périphérie du projet. On retrouve ainsi dans la liste d’amis de Vincent Benatar une douzaine de militants et sympathisant-e-s d’Atalante (dont Raphaël Lévesque et son épouse Danielle Doukas, Benjamin Bastien, Antoine et Étienne Mailhot-Bruneau, Yannick Vézina, Renaud Lafontaine et « Jean Brunaldo »), de nombreux personnages liés à la Fédération des Québécois de souche (dont « Rémi Tremblay », Louis-Michel Guilbault/Louis Roy et Patrick Savoie), Étienne Dumas du Mouvement Tradition Québec, Guillaume Beauchamp du duo de cloches DMS, le nazillon Alt-Right Jean-Philippe Robert (JP Bobby), le vétéran de Charlottesville Vincent Bélanger Mercure (qui est d’ailleurs « Super Fan » de Mèmes evangeliste duplessiste), l’influenceur islamophobe Daniel Laprès, les tres amigos des Exilés (Félix Brassard, Michael Lauzon et Samuel Vanasse), l’antisémite Georges Tremblay, le néonazi Sylvain Marcoux, Philippe Plamondon, de HQA, etc… qui côtoient le NSBM païen Tom Samson (pas très chrétien, ça…) et le candidat à la chefferie du PQ, Frédéric Bastien!

Qui sont les militants du Front canadien-français?

Vincent Benatar
Instagram @vinceben24
https://www.facebook.com/vincent.benatar.90
https://twitter.com/benatarvince
Nous avions cet individu sur notre radar depuis quelques mois déjà. Il a signé le « Manifeste contre le dogmatisme universitaire » à titre d’étudiant en gestion à l’ESG-UQAM. Traditionaliste et pratiquant, il a étudié au Collège Bourget, une école secondaire catholique privée. Il semble s’être rapproché d’Atalante dans la dernière année (il est ami avec plusieurs membres clés et interagis régulièrement avec eux). Il est l’administrateur d’au moins une page de mèmes d’extrême droite : « Mèmes evangeliste duplessiste » et a signé un article d’une teneur extrémiste intitulé « Après le Grand Remplacement. Que faire lorsque nous serons minoritaires? », publié sur le site Vigile.quebec et relayé par Horizon Québec Actuel et la Fédération des Québécois de souche.
Jason Mc Nicoll Leblanc
Instagram @uncanadienerrant
https://www.facebook.com/jason.leblanc2799
Étudiant ou finissant au Cegep Édouard Montpetit, cet ancien sympathisant de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre semble avoir rejoint la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X. Il semble être un membre clé du FCF et est très actif sur les médias sociaux (il gère les comptes Instagram/Facebook @penséelaurentienne et le compte Instagram @carillonsacrécoeur) et s’occupe vraisemblablement des comptes Instagram, Twitter et Facebook du groupe. On doit à son indiscrétion de nous avoir révélé l’identité des membres du groupe, en partageant sur son compte Instagram une photo publique d’une action du FCF sur laquelle tous les membres étaient identifiés… La photo à depuis été retirée, malheureusement pour eux, nous veillons.
Alexi Larose
Instagram @Alexeain
https://www.facebook.com/alexi.larose
https://ca.linkedin.com/in/alexi-larose-6b3a15147
Ami de Vincent Benatar, il participe à toutes les actions du FCF. Son compte Instagram et son entêtement à coller des dizaines d’autocollants juste devant chez lui nous dévoilent qu’il vit sur le Plateau Mont-Royal… à la même adresse que Philippe Plamondon, le vice-président d’Horizon Québec Actuel. Par charité chrétienne, nous ne publierons pas son adresse ici.
Jean-Philippe Desjardins-Warren
Instagram @harfanglaurentien
https://www.facebook.com/jeanphilip.warren
Résidant de Longueuil et étudiant en histoire à l’UQAM, ce proche de Jason Mc Nicoll Leblanc ne nous est pas inconnu. Passé par la scène punk, il a gravité quelque temps dans le milieu underground montréalais, à l’époque où il étudiait au Cegep du Vieux-Montréal. Il a ensuite transité vers le métal noir québécois, où il a dû faire de mauvaises rencontres… Plus tôt cette année, il a signé le « Manifeste contre le dogmatisme universitaire » avant de participer aux actions du FCF. Il s’impliquerait par ailleurs au Conseil Jeunesse de la Société Saint-Jean-Baptiste.
Suleyman Ennakhili
Instagram @suleyman.ennakhili
https://www.facebook.com/suleyman.ennakhili
Présent aux actions du FCF, nous l’avions déjà aperçu à deux reprises arborant le Carillon-Sacré Cœur : à la manifestation islamophobe « La Vague bleue » le 4 mai 2019 à Montréal (ironiquement, sous la bannière prolaïcité des nationaux-populistes) et à la grande manif pour le climat du 27 septembre 2019. Originaire de Pointe-Calumet, on lui doit peut-être les stickers du FCF apparus à Saint-Joseph-du-Lac.
Francois Gervais
https://www.facebook.com/profile.php?id=100011065410118
Ami de Suleyman Ennakhili, il était avec lui et portait le Carillon-Sacré Cœur lors de la grande manif pour le climat du 27 septembre 2019. Il a signé le « Manifeste contre le dogmatisme universitaire » à titre d’étudiant en Histoire et civilisation au Cégep Lionel-Groulx. On lui doit peut-être les stickers apparus dans le vieux Sainte-Thérèse.
Julien Bertrand
https://www.facebook.com/julien.bertrand1534
Julien Bertrand est le principal signataire et promoteur de la « Lettre ouverte aux évêques catholiques au Canada français », dont certains passages sont identiques à la lettre ouverte publiée sur le site du Front canadien-français. En prime, voici un commentaire pas du tout raciste de Julien Bertrand qui reflète bien le message d’amour universel porté par le Christ.

 

Plus ça change, plus c’est pareil…

En tant que tel, le Front canadien-français n’a pas fait grand-chose – quelques autocollants, des manifestes en ligne, une poignée d’actions publiques sans conséquence. Le groupe ouvre néanmoins une fenêtre éclairante sur un certain nombre de réseaux fascistes et fascisants qui sont demeurés actifs au Québec depuis maintenant plus d’une génération.

Nous n’utilisons pas le terme « fasciste » à la légère : bien que ces courants se définissent eux-mêmes comme « contre-révolutionnaires », et bien que nous soyons sympathiques à la prémisse voulant que le fascisme soit par définition un mouvement révolutionnaire, il faut à notre avis éviter d’appliquer ce critère de manière trop automatique. Lorsque les membres du FCF et leurs amis se prétendent contre-révolutionnaires, ils réfèrent en fait à la Révolution française, voire à la Révolution tranquille, mais leur vision du monde implique sans aucun doute un renversement radical du système actuel pour imposer leur vision dystopique.

Contrairement aux bouffons/boomers de La Meute, Storm Alliance et autres patentes nationales-populistes, les militants de ces réseaux ne sont habituellement pas friands de publicité. Les réseaux fascistes les mieux implantés au Québec n’espèrent pas gagner les prochaines élections ou influencer les politiques gouvernementales au cours des prochains six mois. Ils conçoivent et envisagent leur lutte sur un horizon beaucoup plus long et poursuivent toujours l’objectif plus modeste de constituer de petites bases d’appui durables en encourageant des développements culturels et intellectuels favorables à leur ancrage. De cette manière, ils ont formé une sous-culture qui a réussi à se reproduire au fil des générations. Cette approche est une version de la stratégie « métapolitique » élaborée par l’extrême droite européenne suite aux échecs qu’elle a subie dans les années 1960. Tandis qu’en France, ce sont les événements de mai 1968 et l’indépendance de l’Algérie qui ont précipité cette stratégie défensive, les changements provoqués par la Révolution tranquille ont eu des effets similaires au Québec.

En ce qui concerne les curieuses tendances religieuses de nombreux fascistes québécois et de leurs adeptes, nous nous foutons absolument que la messe soit célébrée en français ou en latin (ou dans toute autre langue). Nous reconnaissons cependant que pour ces traditionalistes radicaux, la religion est un terrain symbolique important où ils peuvent rapidement établir leur opposition à tout l’éventail des caractéristiques du monde contemporain, c’est-à-dire tout ce qui entre en conflit avec ce glorieux passé canadien-français qui n’a jamais vraiment existé, où absolument tout le monde était blanc, catholique, hétérosexuel et aspirait à mettre au monde trente rejetons. En même temps, ils s’alignent symboliquement avec une longue (bien que marginale) tradition de militantisme politique remontant jusqu’au nazi Adrien Arcand (qui était par ailleurs farouchement fédéraliste!).

Chaque nation possède une culture et une histoire qui lui sont propres, lesquelles sont toujours remplies de contradictions et de contre-courants, mais comportent toujours une version « officielle » que les réactionnaires confondent avec une vérité pure et originelle. Au Québec, le point de référence religieux est forcément le catholicisme, et nos jeunes aspirants fascistes ont simplement choisi la variété de catholicisme qui correspond le mieux à leur vision politique. Sans grande surprise, ils ont choisi celle qui est si loin et si radicalement à droite qu’elle s’est vue expulser de l’Église!

Il est difficile de dire si le FCF durera plus que quelques mois, mais il est possible que ceux qui l’ont créé demeurent longtemps actifs dans cette tradition plus large de l’extrême droite.

Quoi qu’il en soit, nous veillerons.

 

 


[i]               Selon Wikipedia, un même Internet est « un élément ou un phénomène repris et décliné en masse sur Internet. »
https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A8me_Internet

[ii]               Le Carillon-Sacré-Cœur, particulièrement prisé des nationalistes réactionnaires au Québec, est une version de l’étendard « officiel » du Canada français favorisé par une partie des nationalistes catholiques entre 1903 et 1935. Il a d’ailleurs été reconnu par le gouvernement provincial comme le drapeau officiel de la Société Saint-Jean-Baptiste en 1926. Commémorant la victoire française lors de la Bataille de Fort Carillon, le drapeau symbolise également par l’inclusion du Sacré-Cœur l’influence et la domination de l’Église catholique sur la nation, soit le principe ultramontain auquel aspire cette tradition ultracatholique. [Description : « Sur fond d’azur se détache une croix blanche, portant au centre l’emblème du Sacré-Cœur rayonnant, ceint d’une couronne d’épines et surmonté d’une croix; harmonieusement cerné d’une guirlande de feuilles d’érable: aux quatre angles, une large fleur de lys blanche. — Le fond d’azur rappelle l’ancien drapeau de Carillon; la croix parle de notre foi catholique. Le Sacré-Cœur est la réponse aux désirs exprimés par le Sacré-Cœur lui-même à sainte Marguerite-Marie. Les feuilles d’érable détachées de notre arbre national, parlent de jeunesse et d’espoir; enfin les fleurs de lys évoquent le souvenir de la vieille France.»
https://www.imperatif-francais.org/imperatif-francais/extra/histoire-des-drapeaux-quois-carillon-sacrcoeur/

Concernant la symbolique du Sacré-Cœur : « Rappelant l’ardent désir du Cœur de Jésus d’être aimé des hommes et de les sauver, sainte Marguerite-Marie ajoute : “Et il me fit voir qu’il fallait honorer (le Cœur de Dieu) sous la figure de ce Cœur de chair, dont il voulait l’image être exposée et portée sur soi et sur le cœur, pour y imprimer son amour et le remplir de tous les dons dont il était plein et pour y détruire tous les mouvements déréglés. Et que partout où cette sainte image serait exposée pour y être honorée, il répandrait ses grâces et bénédictions.” »
https://www.sacrecoeur-paray.org/experimenter/le-message-de-paray-le-monial/de-jesus-a-sainte-marguerite-marie/]

[iii]              Il est possible que les jeunes militants du FCF se soient rencontrés au sein du Mouvement des Jeunes Souverainistes, « un regroupement national créé [à l’automne 2019] dans le but d’unir tous les souverainistes québécois.es progressistes, passionné.es et assoiffé.es de liberté ». Le MJS est principalement organisé autour d’un groupe Facebook du même nom, groupe dont les jeunes militants du FCF sont tous membres… et toujours très minoritaires dans leurs prises de position. En effet, la jeune organisation semble marquée à gauche, proche de l’écologie et pas très éloignée des idées décoloniales. Sans pouvoir l’affirmer, on pourrait donc penser que le FCF s’est formé en réaction à l’isolement qu’éprouvaient nos jeunes réactionnaires. Incapables de faire pencher le MJS à droite, ils auraient créé leur propre structure dans la tradition ultranationaliste ancrée à l’extrême droite.

[iv]               Cette définition synthétique offre un cadre de référence utile pour cerner certaines caractéristiques communes aux mouvements fascistes et fascisants à partir de l’étude de ces mouvements tels qu’ils se sont eux-mêmes décrits ou exprimés. Comme nous l’indiquons par ailleurs dans notre FAQ, il est très difficile de donner une définition précise et clairement délimitée du fascisme « générique », car ses différentes itérations contemporaines n’adoptent pas forcément à l’identique chacune des caractéristiques du fascisme « historique » incarné dans le régime de Mussolini en Italie ou dans le Troisième Reich en Allemagne.
https://montreal-antifasciste.info/fr/faq/

[v]               Cette rupture a entraîné des tensions et tractations se prolongeant pendant des années, mais aussi des rapprochements, jusqu’à ce que l’ordre d’excommunication soit finalement révoqué en 2009. Entre temps, un autre ordre religieux, la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre, avait été fondé par le Vatican en guise de solution intermédiaire pour les fidèles toujours attaché-e-s au rite latin, mais réticent-e-s à s’associer aux lefebvristes (temporairement excommunié-e-s).

[vi]              Concernant cette affaire, lire :
https://www.theguardian.com/commentisfree/2009/feb/19/richard-williamson-lefebvre

[vii]              Curieusement, une autre entité « Mouvement tradition Québec » est aussi inscrite au registre des entreprises, celle-là au nom de la Fraternité Saint-Pie X, sous la direction de Daniel Couture, Olivier Berteaux et Davide Pagliarani. Ce qui laisse supposer que tout n’est pas si paisible au paradis des ultracathos…
https://canadafidele.com/2017/02/03/le-mouvement-tradition-quebec-seteint/

[viii]               Au milieu des années 1990, Louis-Michel Guilbault a produit un journal périodique intitulé le Lys Blanc, où il faisait la promotion d’une synthèse monarchiste, lefebvriste, antisémite et ouvertement fasciste. À la même époque, Guilbaut, qui est lui-même un membre de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, s’est adressé aux lefebvristes à l’Université Laval à l’invitation du Cercle d’études des jeunes catholiques traditionalistes (CEJCT)

[ix]              Cosignée par « vingt-neuf hommes […] allant de 18 ans à 44 ans [qui ont] décidé pour le moment de garder l’anonymat, certains ayant conscience des conséquences qu’une telle lettre pourrait avoir sur leur emploi, ou leurs études. »

[x]            Ce texte signé par Vincent Benatar mobilise le concept du « Grand remplacement », une théorie raciste en soi, fort répandue à l’extrême droite, qui fantasme que les populations immigrantes des pays du Sud ambitionnent de submerger par le nombre leur pays d’accueil, ici le Québec, afin d’en remplacer volontairement les populations.

Le terme « Grand remplacement » a été inventé par l’auteur français Renaud Camus dans un livre du même nom publié en 2011, où il affirme l’existence d’un vaste complot des élites mondiales pour remplacer la population française par des immigrant-e-s du Sud. Il s’agit en fait de la énième théorie du complot raciste qui affirme essentiellement la même chose, à savoir que les « élites » (généralement assimilées au Juif-ve-s) orchestrent les mouvements migratoires en provenance des pays du Sud afin d’anéantir les populations blanches « indigènes ». Dans le contexte contemporain, ce genre de proposition trouve une forte résonnance, car les privilèges « raciaux » et de classe d’un grand nombre d’habitant-e-s d’Europe occidentale et d’Amérique du Nord sont effectivement déstabilisé-e-s par les mécanismes du capitalisme mondialisé, non pas tant comme résultat d’un complot particulier, sinon comme conséquence de tendances économiques et politiques plus profondes dont même la classe dirigeante n’est pas nécessairement satisfaite, mais qu’elle se trouve incapable de renverser. La panique et la paranoïa raciales sont des réactions à ces changements de la part de ceux et celles dont l’identité même est étroitement liée à ces privilèges historiques. Le remplacement d’un mode de vie fondé sur l’oppression et l’exclusivité raciales, pour ces personnes, revient à remplacer le seul mode de vie qu’elles estiment digne d’être vécu.

Au fil de l’histoire, ce type d’anxiété raciale paranoïaque s’est manifesté et répété encore et encore; c’est toutefois ce terme, le « grand remplacement », qui s’est récemment imposé et a été adopté par des assassins nazis, comme les auteurs des massacres de Christchurch et d’El Paso, et les fanatiques qui marchaient à Charlottesville en scandant « Les Juifs ne nous remplaceront pas » [Jews will not replace us], ainsi que par plusieurs politiciens désireux d’exploiter cette inépuisable réserve d’anxiété blanche. Au Québec, le concept correspond parfois aux idées mises de l’avant par certains intellectuels nationalistes (pas nécessairement d’extrême droite) selon lesquelles il y a eu, ou il existe encore, une tentative soutenue de génocide à l’endroit de la majorité historique canadienne-française (citant à l’appui l’exode des Acadien-ne-s ou le Rapport Durham).

Pour les fachos comme Vincent Benatar, ce « Grand remplacement » serait donc un état de fait inéluctable auquel il faut se préparer. Pour cela, les Canadiens français devraient s’unir dans un tout homogène, hermétique, exclusif et, évidemment, catholique. La progression logique de cette stratégie consiste à contrôler toutes les institutions, politiques, médiatiques, mais aussi scolaires. C’est en fait une reconquête que propose Benatar, une véritable croisade chrétienne, pour ne pas dire… une « révolution ». Pour lire ce texte délirant :
https://vigile.quebec/articles/apres-le-grand-remplacement

Sur l’insurrection aux États-Unis : une interview avec des anarchistes / abolitionnistes par RadioFragmata

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Juin 242020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Les banques engendrent les “braqueurs”,
les prisons créent les “terroristes”,
la solitude crée les “marginaux”,
les produits créent les “besoins”,
et les frontières créent les armées.

La propriété engendre toutes ces choses.
La violence engendre la violence.
Ne demandez pas. Ne cherchez pas à m’arrêter.
Il nous revient désormais de faire de la justice
l’acte ultime.
Tirons un poème de la vie.
Faisons d’elle une action.

-Katerina Gogou

L’interview suivante se destine à un lectorat international et révolutionnaire. Elle contient des questions se rapportant à l’insurrection contre la suprématie blanche qui se déroule actuellement aux Etats-Unis, posées par le projet radiophonique anarchiste grec RadioFragmata à des membres du RAM (Mouvement Abolitioniste Révolutionnaire) et à des anarchistes américains qui ont souhaité rester anonymes. Cette interview a vocation à faciliter la compréhension des circonstances et des évènements qui se trament aux États-Unis.

“Puisque je ne suis moi-même qu’un vieux garçon de la ferme, je n’ai jamais souffert de ce que l’on récolte ce que l’on avait semé; au contraire, cela m’a toujours rempli de joie”. Malcolm X

Que se passe-t-il actuellement aux Etats-Unis, et en quoi est-ce différent d’autres soulèvements ayant émergé en réponse aux violences policières, comme celui qui avait surgi à Ferguson en 2014 ? Et qu’en est-il du ressenti, à l’échelle de la rue ? Est-ce le même ?

Ce soulèvement se distingue principalement par son ampleur et le niveau de fureur qu’il déploie. D’autres moments, comme Ferguson ou les émeutes de Los Angeles en 1992, ont été significatifs et ont préparé le terrain pour cette situation; mais ce à quoi nous assistons aujourd’hui relève d’un mouvement radicalement différent, de plusieurs façons.

Dans la rue, les jeunes témoignent d’une connaissance profonde des politiques abolitionnistes. Ielles ont laissé de côté toute patience et tout espoir de réforme, ne se concentrant que sur l’action directe et immédiate. Cette fois-ci, il semblerait qu’on soit bien plus nombreux.ses à avoir conscience de l’impasse du réformisme. Le degré d’intensité est incroyablement révélateur. Jamais auparavant nous n’avions vu des gens incendier un commissariat, comme à Minneapolis, avant de contraindre les policiers à sauver leurs peaux en prenant la fuite, et ne rien lâcher alors même que l’armée était sommée d’intervenir. L’autre fait important, c’est que la majeure partie de la population a applaudi l’incendie du commissariat et que la peste du pacifisme a perdu sa mainmise sur la lutte. Cela a remodelé en profondeur le genre de dialogue auquel nous sommes habitué.es aux Etats-Unis. Que l’insurrection et les émeutes reçoivent le soutien de groupes et d’individus inattendus, cela nous paraît parfois carrément choquant ! Les prédateurs abonnés au “Ni … Ni …” sont, de fait, contraints à abandonner leur zone de confort et à choisir leur camp, à décider s’ils font partie des racistes, ou des anti-racistes.

L’intensité de la révolte qui a démarré cette fois à Minneapolis s’est depuis répandue comme une trainée de poudre à travers le pays. Le caractère massif de cette révolte généralisée, l’intensité de la résistance qui s’y déploie, et la disparition complète de la foi en les réformes ou en la patience vis-à-vis du system ne ressemblent à rien que j’ai pu observer de mon vivant.

Comment les anarchistes et/ou les anti-fascistes états-unien.nes font-ielles démonstration de solidarité dans le cadre de cette insurrection ? Et quelles suggestions addresseriez-vous aux anarchistes et/ou aux antifascistes de par le monde, pour qu’ielles puissent exprimer leur solidarité depuis là où ielles se trouvent ?

Les anarchistes et les antifascistes ont participé à ces rébellions depuis leur début. Voilà dèjà longtemps que le mouvement accorde une attention particulière aux questions liées à la police, à la prison et à leurs appendices; c’est donc un moment très spécial pour nous.

Mais nous nous devons d’être clair.es: le soulèvement n’a pas été initié par les anarchistes. La rébellion est portée par une jeunesse noire qui ne peut plus supporter d’être déshumanisée et assassinée. La violence contre les noir.es et la suprématie blanche forment la pierre angulaire de la vie politique, économique et sociale des Etats-Unis. Elles sont si profondément enracinées qu’elles rendent la réforme inconcevable. En tant qu’anarchistes, voilà longtemps que nous portons ce discours, et que nous combattons en vue de réduire en miettes cette situation; mais ne nous sommes que l’une des nombreuses tendances politiques qui ont donné corps à cette insurrection.

De par le monde, les principales recommandations que nous pouvons adresser aux anarchistes est de contribuer à intensifier la pression politique et économique sur les Etats-Unis, et de participer aux luttes locales de résistance vis-à-vis de la police. Ciblez tous les leviers qui accroissent la puissance des Etats-Unis et qui leur permettent de fonctionner, en généralisant et en renforçant le mécontentement qui est à l’origine du soulèvement; ciblez le racisme à votre échelle, la police, et tout autre appendice de la domination et de l’exploitation. Les Etats-Unis sont actuellement incroyablement faibles; et plus ils s’affaiblissent, plus la vie devient respirable pour nous, ici, et pour les gens de par le monde. En outre, tout acte de solidarité apporte de la force à ceux qui tiennent la rue. La solidarité n’est jamais plus forte que lors d’attaques communes, qui ne connaissent pas de frontières !

Comment expliquer que certaines personnes affirment soutenir la rébellion états-uniennes, avant de revenir sur leurs propos du fait de sa prétendue “violence” ?

Le concept de “non-violence”, incarné par la pratique de Martin Luther King Jr., jouit d’un réel prestige aux Etats-Unis. Il est même célébré, retrospectivement, comme l’expression parfaite de l’activisme. Par extension, les mouvements de protestation sont également assimilés à des expressions d’activisme. Dès lors, toute protestation légitime et supposément “efficace” se doit de s’inscrire dans ces principes de protestation non-violente qui ont permis à eux seuls, selon l’historiographie en vigueur, de garantir l’accès aux droits civiques en Amérique. Dans les faits, la situation d’alors était bien plus complexe, et des insurrections fréquentes dans certaines des plus grandes villes du pays ont également joué un rôle crucial dans la décision prise par l’état d’introduire de nouvelles lois abolissant la ségrégation légale et formelle dans le sud des Etats-Unis (via les lois Jim Crow, et seulement pour instaurer dans un second temps de nouvelles méthodes d’oppression). Néanmoins, la doctrine officielle ne retient que le rôle des activistes non-violents dans cette séquence. Par ailleurs, ce discours postule que chaque mouvement de protestation doit viser à promouvoir une cause légaliste, et non pas une dynamique révolutionnaire. Parfois, c’est une rhétorique aux accents révolutionnaires qui est utilisée pour discuter des modifications de législation or la conquête d’autres réformes basiques: on peut ici penser au cas de Killer Mike du groupe Run The Jewels, dans lequel ce soutien affiché du parti démocrate et fils d’un officier de police utilise un langage trompeur pour dénoncer les manifestants qui ont participé aux attaques sur les bureaux de CNN et sur les forces de police. Sur le sol américain, toute action de rue violente ou véritablement révolutionnaire est généralement considérée illégitime, à cause de ces croyances très ancrées culturellement qui définissent ce à quoi doit ressembler une lutte légitime. C’est là une autre raison de considérer les évènements récents comme très inspirants: ils ont totalement rejeté cette logique et ce discours. La manière dont le soulèvement a pu se répandre dans des villes tellement diverses illustre l’insatisfaction que génère désormais partout ce discours historique. Une explication incomplète pourrait consister à montrer que les gens ont agi avant que des leaders officiels n’aient eu l’occasion de chercher à s’autoproclamer représentants du mouvement. La nature réellement organique du mouvement a fait sa force depuis le premier jour, et lui a permis de s’affranchir d’un cadre de protestation soigneusement orchestré par des activistes professionnels et des politicien.nes. Les gens sont conditionnés depuis l’enfance à chercher la foi dans le théâtre de la démocratie politicienne. La violence est la négation d’une telle foi. La violence est une démonstration d’auto-détermination, la démonstration d’une volonté d’aller chercher un monde qui soit au-delà du présent.

On nous apprend que nous avons des droits, mais ces droits sont des choix dont on peut nous priver, puisqu’ils sont institués par un contrat social maintenu par l’autorité. Les droits sont des options absurdes et trompeuses utilisées pour propager la peur qui fonde le socle de la paix sociale contemporaine. Vous avez vos droits, vos libertés, et si vous vous comportez conformément aux lois de la boîte qui contient ces choix, vous n’irez pas en prison. Les droits sont imaginaires, et d’ordinaire seulement crédités de la moindre validité par les personnes incluses et bénéficaires au sein d’une société stratifiée. Il est important de garder ce dernier point en tête lorsqu’on cherche à évaluer la parole d’un.e allié.e déclaré.e qui s’élève contre la violence ou l’auto-défense politique.

La violence et la révolte physique reconnaissent que le terrain de jeu est fondamentalement truqué. Elles démontrent un désir de s’en émanciper, un désir que ne saurait controler un système qui peut à tout moment priver des personnes de leurs droits. Les voix qu’on entend dénoncer la violence parlent le langage de la foi en la justice et en les politiques de ce même système qui est responsable d’avoir inspiré la violence révolutionnaire en premier lieu. Ces voix vous encourageront à supplier, à attendre, et à espérer.

Les activistes, les liberals et les prétendu.es allié.es qui applaudissent depuis les gradins sont prompt.es à dénoncer la violence parce qu’ielles ont foi en les options que le théâtre politique actuel leur présente en guise de changement. Ielles souhaitent se réapproprier les pouvoirs existants, plutôt que les démolir. Dans certains cas, ielles connaissent également la peur, et plutôt que de reconnaître humblement leur peur d’être puni.es pour des prises de risque courageuses et pour leur résistance, ils se terrent lâchement derrière diverses critiques de la violence.

En même temps, on peut se demander pourquoi on nous apprend tant sur Martin Luther King et sur Gandhi, et si peu sur d’autres figures historiques des mêmes espaces-temps comme Malcolm X ou Bhagat Singh. La droite, les puissants, ou les méthodes systématiques et calculées d’auto-préservation de la société capitaliste dénonceront toujours la violence révolutionnaire et l’insurrection, tout simplement parce que ce type de résistance leur fait peur, parce que ce type de résistance menace leur statut et le système qui le maintient.

La violence est un sujet neutre. Deux personnes peuvent avoir un pistolet à la main, et les situations n’en seraient pas moins complètement différentes. Une personne (Patrick Crusius) peut tenir un pistolet afin d’assassiner des migrants et des personnes de couleur au hasard à El Paso, au Texas, tandis qu’une autre personne (Chrystul Kizer) peut tenir un pistolet pour tuer l’homme qui les avait violé.es et en avait fait le commerce.

On pourrait affirmer que nous parlons de George Floyd seulement parce qu’il a eu la chance d’avoir son lynchage enregistré et capturé à l’écran. Toutefois, ce n’est pas la raison pour laquelle nous parlons encore de George Floyd. Des personnes sont torturées et assassinées chaque jour, aux Etats-Unis. Et bien souvent, ces scènes sont filmées. La véritable raison qui explique que l’on parle encore de George Floyd après sa mort tient à ce que cet incident particulier a déclenché une révolte généralisée pleine de ce que j’appellerais un type positif de violence, et que la police n’a pas su contrôler.

L’épidémie de coronavirus a-t-elle joué un rôle dans l’insurrection en cours ?

Il est clair que le coronavirus a joué un rôle dans cette rébellion. Il y a beaucoup de facteurs importants, dans cette question. La débâcle économique a laissé des millions de personnes sans emploi. Nous sommes des millions à ne plus avoir de boulot, ici aux Etats-Unis. Mais avoir un travail ne suffit pas pour autant à échapper à la pauvreté. Le taux de chômage ne reflète pas adéquatement le pourcentage de personnes qui doivent lutter pour survivre; celles et ceux qui travaillent sans pour autant pouvoir s’acquitter de leurs frais quotidiens sont comptabilisé.es comme des travailleur.euses. On fait face à un niveau de précarité énorme. Rajoutez à cela un peuple entier coincé chez soi, et sur les nerfs, en particulier en ce qui concerne la jeunesse.

Le ratio de mort.es chez les américain.es noir.es est trois fois supérieur au même ratio pour les américain.es blanc.hes, en raison de problèmes systématiques d’accès à des soins de qualité. Dans les communautés pauvres, le manque de tests a été considérable, mais cela était intentionnel. Les gens ont un accès limité aux services de soins en règle générale, et l’assistance médicale de qualité est réservée à des communautés plus prospères. Les habitant.es des quartiers populaires ont continué à se rendre au travail et à emprunter les transports publics tout au long de l’épidémie, pour subvenir à leurs besoins. Cela a encouragé une propagation encore aggravée du virus, notamment au sein des communautés marginalisées.

La quarantaine a également mis en relief les lignes de fracture et les privilèges qui sous-tendent notre société. Les riches ont pu s’extirper des villes les plus denses et s’isoler dans le confort. Les travailleur.euses ont perdu leurs emplois et se sont fait offrir des miettes par le gouvernement alors même que d’énormes compagnies et leurs patrons se voyaient adresser des fonds de renflouement sans commune mesure dans l’Histoire. L’échantillon le plus fortuné de la population a vu son capital s’accroître de plus de 500 milliards de dollars, alors que le reste d’entre nous demeurions chez nous à nous creuser la tête à propos de la semaine à venir, de la prochaine facture, ou du prochain repas.

Les personnes pauvres, noires et non-blanches, les peuples natifs et toutes les catégories de population exclues des Etats-Unis ont particulièrement souffert du virus. Il n’était plus question de se mentir à propos du poids de la survie de chacun.e alors même que l’Etat confinait des populations opprimées dans des prisons et des centres de rétention infectés – autant de zones de mort acceptable habitées par les personnes dont le capitalisme peut se passer. En outre, les travailleur.euses jugé.es “essentiel.les” au maintien du bon fonctionnement de la société en temps d’épidémie constituaient précisément les pôles les plus exploités de la séquence précédente (les infirmie.res, les travailleur.euses agricoles, les épicier.es, et ainsi de suite). Cela a facilité une prise de conscience populaire quand à la logique absurde du capitalisme, et a poussé les gens à se poser des questions inouïes jusque lors pour nombre d’américain.es. Plutôt que des augmentations de salaire ou des garanties de sécurité, ces travailleur.euses n’ont reçu que l’approbation condescendante des riches et des puissant.es qui les peignaient en “héro.ïne.s” – alors qu’il va de soi que cette reconnaissance mesquine est franchement insultante pour qui met en danger sa propre vie et la santé de ses proches. Les yeux des gens se sont ouvert, à tel point qu’aucun des mensonges du prétendu rêve américain n’a pu masquer le cauchemar qui constitue le quotidien de la plupart des américain.es.

Quand l’administration Trump est également devenue consciente que les populations non-blanches et prolétaires étaient beaucoup plus affectées par le coronavirus que son électorat presque exclusivement blanc, elle s’est empressée de mettre son appareil médiatique derrière un appel ouvertement raciste à réouvrir l’économie. Pour citer Trump lui même: “let the virus wash through”, “que le virus déferle et purifie”.

En raison de ces causes systémiques et structurelles, la communauté noire a été l’une des plus touchées par le coronavirus dans le pays. Et par dessus le marché, quand l’Etat a demandé aux gens de pratiquer la distanciation sociale la police a immédiatement commencé à terroriser les communautés noires pour non-respect de ces consignes. Alors même que le pays était à l’arrêt, la police a trouvé le moyen de continuer à tuer à la même fréquence qu’au cours de ces dernières années. Et avec le confinement, les gens ne manquaient pas de temps pour visionner des vidéos d’assassinats policiers ou de scènes de torture dans les rues, alors même que ces scènes se déroulaient.

Le coronavirus est ainsi devenu la formule qui a fait du pays un baril de poudre.

La question raciale est-elle la seule problématique qui nourrit cette révolte ?

L’insurrection répond avant tout aux ravages du suprématisme blanc et des systèmes policier et carcéral (le documentaire 13th apporte un éclairage de qualité sur ce sujet-ci). Le meurtre odieux de jeunes noirs constitue la norme, aux Etats-Unis: et les gens en ont enfin eu assez.

La classe joue également un rôle fondamentale dans ce soulèvement, comme c’est le cas partout dans les sociétés capitalistes. Toutefois, ce soulèvement a totalement été initié par le prolétariat noir, qui ne partage pas les caractéristiques du mouvement activiste américain, lequel regroupe surtout des personnes issues d’origines bourgeoises qui envisagent la politique comme un hobby plutôt que comme une lutte indispensable. Malgré cette réalité, le soulèvement a été à ses origines relativement ouvert à quiconque souhaitait y participer et agissait sans peur d’être jugé par la moralité raciste du status quo.

On ne devrait pas non plus être surpris.es de ce que les gens rendent désormais la monnaie de sa pièce au système au place au moment même où le taux de chômage est propulsé à un niveau que nous n’avions pas connu depuis la Grande Dépression. Si le mouvement conserve cette férocité et cette fluidité prolétariennes, l’hypothèse d’un changement révolutionnaire est plus crédible qu’elle ne l’a jamais été de notre vivant.

Quelles sont les origines du suprématisme blanc aux Etats-Unis ?

Les origines du suprématisme blanc aux Etats-Unis correspondent aux origines du pays lui-même. Les Etats-Unis ont explicitement été fondés en tant que projet de la suprématie blanche. Bâtis sur les dos des peuples africains réduits en esclavage et sur le génocide des peuples indigènes, les Etats-Unis se sont positionné en pays-modèle pour le pouvoir des blancs. Dans d’anciens textes de lois, il était stipulé qu’une personne noire ne représentait que les trois-cinquièmes d’une personne humaine, et les noir.es ont été considéré.es comme de la marchandise jusqu’en 1865 – après quoi le gouvernement fit tout ce qui était en son pouvoir afin de garantir que les piliers de l’esclavage demeurent intacts, en transposant le processus de la plantation vers le complexe carcéral-industriel.

Toutefois ce processus avait démarré plus tôt encore, avec les premières expansions européennes de par le monde. Les Etats-Unis sont de fait un projet qui découle de la pensée et des politiques européennes. Ces deux continents sont historiquement empêtrés dans des régimes raciaux extrêmes, des massacres de masse et des génocides. De surcroit, le statut du pouvoir économique et politique qui se maintient sur ces deux continents a pour corollaire le coût du colonialisme historique qui a fini par définir la carte du monde contemporain, avec son 1er et son tiers mondes.

Que signifie s’opposer au suprématisme blanc ? Trouve-t-on des éléments de “racisme inversé” dans ce combat ?

Pour commencer, le “racisme inversé” n’existe pas. C’est même un oxymore.

Le racisme ne désigne pas simplement le fait de discriminer, mais bien un système d’oppression. Puisqu’il n’existe pas de système d’oppression fondé sur la race auquel des blanc.hes seraient asujetti.es, ielles ne peuvent pas être les victimes du racisme.

“Blanc.he”, aux Etats-Unis, dénote un segment de la popluation qui jouit d’avantages préexistants en tant que tel. Ainsi, bien que de nombreuses personnes blanches souffrent de la pauvreté aux Etats-Unis, il n’en est pas moins vrai qu’il y a des avantages inhérents à être blanc.he. Un exemple éloquent de cela serait la capacité à sortir faire un footing nocturne sans qu’on ne soit accusé.e de fuir une scène de crime.

A travers l’Histoire, la classe dominante a déterminé un niveau calculé de souffrance à déléguer à ses inférieur.es présumée.s. La notion de “sauvage”, l’infériorité des populations non-gentilles ou aux peaux foncées établies par les conquêtes européennes fondent la matrice des choix de populations destinées à souffrir de par le monde jusqu’aujourd’hui. Les tactiques et la sémantique utilisées par les groupes dominants/opprimants ont été modernisées et adaptées, mais le socle en demeure le même. “Blanc.he” signifie être inclus.e, jouir d’une meilleure place dans les gradins, inconditionnellement.

Bien que les noir.es américain.es ont 250% de chances en plus d’être tué.es par la police (si l’on se fie aux chiffres officiels; le véritable écart est probablement encore plus grand, et fluctue selon les régions et les niveaux de diversité), de nombreux.ses victimes de ces meutres sont issu.es du prolétariat blanc. La classe dirigeante n’épargne pas la population blanche marginalisée, et apporter une critique du suprématisme blanc ne suppose pas de nier la réalité des personnes blanches qui souffrent dans le système capitaliste. Mais il essentiel de reconnaître qu’un mépris de la blanchité dénote une frustration vis-à-vis de la race qui a été choisie par ce système en tant que race incluse et défendue. Les personnes blanches sont incluses et défendues, au détriment de, et contre, les populations non-blanches prétendument inférieures. Alors que les oublieux ou les racistes crient au “racisme inversé”, d’autres ont reconnu dans ces mêmes gestes de frustration à l’envers du suprématisme blanc un mépris logique.

Il existe des groupes Noirs séparatistes, mais leurs appels à la séparation dérivent du désespoir d’échapper à la misère impitoyable qui découle non pas d’une société hétérogène en tant que telle, mais d’une société hétérogène stratifiée selon des critères de race et d’ethnicité. Un tel appel désespéré en faveur d’un pouvoir noir par la ségrégation ne peut venir que de l’expérience empirique d’une société hétérogène qui a désigné une seule race pour régner sans partage.

Malgré des disparités locales, et en dépit des proclamations mensongères de droits civiques, les Etats-Unis demeurent ancrés dans un modèle de ségrégation brutale. Que les lignes de fractures soient raciales ou de classe, le pays donne à voir l’un des exemples de ségrégation de proximité les plus intenses au monde. Prenons l’exemple de New York City, où certaines des zones les plus pauvres du pays côtoient des quartiers parmi les plus riches au monde, séparés par la bête policière et son système judiciaire. Dans de nombreuses communautés non-blanches, les interactions quotidiennes avec des personnes blanches se limitent à voir la police blanche envahir le quartier afin de mieux y maintenir le niveau de pauvreté. En aucun cas ne voulons-nous invisibiliser les souffrances du prolétariat blanc; mais l’écart entre ces deux situations est tel qu’il devrait suffire à coudre les lèvres racistes qui s’exclament que “toutes les vies comptent”. On compte deux millions et demi de prisonniers aux Etats-Unis, dont de nombreux innocents, de nombreux pauvres, et de nombreux blancs. Nous n’oublions d’aucune manière le prolétariat blanc, mais dans un pays qui compte environ 13% de noir.es dans sa population civile et 40% de noir.es dans sa population carcérale, les efforts de manipulation psychologique qu’on retrouve derrière les dénonciations d’un prétendu “racisme inversé” ou du fameux “all lives matter” sont systématiquement invalidés par les chiffres.

Ce qu’on appelle à tort “racisme inversé” est en réalité une frustration légitime à l’égard d’un segment de la population qui détient le pouvoir en vertu de la souffrance d’un autre groupe. Rien n’empêche d’être blanc.he et de mépriser ce que signifie la blanchité dans le monde actuel.

Dans des situations émeutières antérieures, comme à Los Angeles en 1992, on avait pu voir des personnes blanches être attaquées simplement parce qu’elles étaient blanches. Bien qu’elles furent minoritaires et entourées d’évènements autrement plus inspirants, ces attaques constituaient une issue regrettable à une situation explosive. De tels faits n’ont pas été observés dans le soulèvement actuel. Ce dernier a été remarquablement hétérogène depuis le premier jour dans toutes ses modalités d’expressions, et malgré le fait qu’il ait rassemblé des millions de personnes il n’a donné lieu à aucune occurrence sérieuse de violence interraciale. Au contraire, et malgré des désaccords individuels portant sur la stratégie, les tactiques ou les cadres de référence politique, on a pu observer un sens phénoménal d’unité parmi les militant.es – du moins jusqu’à ce que les faux leaders ne s’en mêlent. Les objections sérieuses aux pillages et à la violence ont émané quasi-exclusivement de personnes qui n’avaient pas été dans la rue, et parfois d’une frange des manifestant.es pacifiques qui remplissent désormais les rues, épris d’un discours propagé par les médias qui prétend définir le caractère d’un mouvement de protestation “légitime”. Parmi ces manifestant.es pacifiques, nombre font désormais les frais d’une violence policière généralisée, et on peut espérer que nombre se radicalisent en réaction à ces attaques. Ainsi, le système fait d’une certaine manière le travail de pédagogie qui s’impose vis-à-vis de ces personnes plus pacifiques qui rejoignent désormais les manifestations.

* De nombreuses personnes, en Europe, semblent en certaines occasions fétichiser tout ce qui ressemble de près ou de loin au Black Panther Party des origines, et particulièrement via la diffusion d’images présentant le New Black Panther Party prenant la pose en armes afin de proclamer leur solidarité vis-à-vis des luttes de la population noire. Il est important de bien noter que le New Black Panther Party n’a rien à voir avec l’ancien Black Panther Party, ni avec la Black Liberation Army. Il a été rejeté par presque tou.tes les survivant.es du Black Panther Party des origines et de la Black Liberation Army, y compris celles et ceux qui sont encore incarcéré.es pour leurs actions. Le New Black Panther Party est une organisation vicieusement autoritaire, antisémite, ségrégationniste, et homophobe. Ses membres arborent des armes qui ont toutes été achetées légalement aux Etats-Unis.

Comment les anarchistes américains trouvent-ils de la solidarité auprès de personnes qui ne sont pas formellement anarchistes elles-même ?

Nous ne sommes pas assez nombreux.ses pour fonctionner de manière autarcique. Par ailleurs, la sincérité de la rage et la passion pour liberté qui découlent de l’expérience peuvent peser bien plus lourd que la prétendue “lumière” dérivée de la compréhension théorique. En outre, nous vivons dans une société intensément hétérogène, et nous devons faire l’effort de nous émanciper de la pensée insulaire qui caractérise l’organisation anarchiste classique.

Aux Etats-Unis, il nous est nécessaire de nous adapter aux circonstances et de nous forcer à nous concentrer sur des éléments plus profonds de tension et de mécontentement qui outrepassent les identités politiques superficielles.

La solidarité, nous la trouvons en nous dressant horizontalement au côté de l’expérience du mécontentement. Quand la résistance s’embrase dans les rues, nous cherchons à en faire partie. Les anarchistes américains cherchent une solidarité qui s’organise autour d’un ennemi commun et de frustrations communes. Peut-être que celles et ceux aux côtés de qui nous cherchons à combattre ne récitent pas la même rhétorique ou ne se réclament pas de la même idéologie; mais notre priorité, c’est de tendre la main aux personnes qui partagent notre fureur vis-à-vis de ce système, et qui agissent en conséquence.

 

Les pillages sont-ils perçus comme des actes révolutionnaires ? Vous-même, les défendez-vous politiquement ? Que pensez-vous des prises de positions libérales quant à la question éthique qui sous-tend ces pillages ?

Je n’ai aucun problème avec les pillages; et je n’ai aucun respect pour la “moralité” qui constitue le socle de la société capitaliste. Prendre position contre les pillages implique d’être en paix avec le status quo, lequel permet de se procurer des produits de manière “appropriée”.

Permettez-moi cette analogie: les New-Yorkais.es fortuné.es ont pillé les magasins de la ville entière afin d’être préparé.es au confinement et à la quarantaine à l’approche de l’épidémie de coronavirus. En règle générale, on ne trouvait plus les biens requis pour pouvoir endurer la quarantaine que de manière aléatoire dans les petites boutiques des quartiers les plus pauvres. La plupart des prolétaires sont incapables d’acheter en gros, puisqu’ielles vivent en permanence dans l’attente du prochain salaire et que la notion d’investissement, même à très court terme, est hors de question au vu de leur situation financière.

Les magasins new-yorkais ont été vidés de leurs stocks de papier toilette, de désinfectant, d’équipement de protection personnelle, de nourriture, et de tout ce que les riches ont pu se procurer. Les riches ont pillé les magasins en toute légalité, et ils ont accaparé la sécurité. Ils l’ont fait selon leurs règles propres: ces mêmes règles qui définissent le pouvoir d’achat dans le capitalisme. Les règles qui calculent et qui délèguent la souffrance.

Le pillage est un acte qui défie ces règles. C’est un acte qui révèle leur fragilité, alors que la police et le système judiciaire existent pour les maintenir et les faire appliquer.

Aucun des produits que l’on pourrait mettre au crédit du capitalisme mondial ne pèse bien lourd quand on le compare avec la souffrance quotidienne dont les racines remontent à l’esclavage institutionnalisé. Dénoncer les pillages dans le contexte d’une insurrection sociale, c’est louer la notion de l’achat telle que l’a définie la moralité putride de la classe dirigeante.

Dans le contexte d’un soulèvement social, le pillage menace dans la plupart des cas la réification de l’achat “sacré”, brisant en profondeur les barrières qu’on nous a conditionné à nous représenter entre la pauvreté et la vie. Toutefois, les pillages et la violence sociale d’une insurrection ne sont pas toujours irréprochables. A Minneapolis par exemple, on a pu voir incendier des petits commerces qui n’étaient clairement pas des cibles aussi prioritaires que d’autres. Comme l’a écrit Alfredo Bonanno, l’insurrection est “un coup de patte de tigre, qui déchire et ne distingue rien. Il est évident qu’une minorité organisée n’est pas le peuple insurgé. Alors, elle distingue. Il est nécessaire qu’elle distingue”.

Pour moi, prendre position contre les pillages (particulièrement si ceux-ci ciblent des grandes enseignes et des biens de consommation exclusifs), c’est défendre le concept d’achat. C’est une voix qui émane d’une position de privilège – le privilège de n’être pas désespéré. Elle émane également d’une position soucieuse du jugement des inclus.es et des profiteur.euses de cette société.

Les pillages peuvent être beaux et tristes, tout à la fois. J’entends également les préoccupations de certain.es quant à la part matérialiste de certaines formes de pillage, mais je ne pense pas que cela suffise à désamorcer les implications révolutionnaires plus larges de cet acte. Cela m’attriste de voir un petit commerce appartenant à une famille en galère être aspiré dans le vortex rageur qu’est une émeute, mais je prends plaisir à voir des personnes pauvres afficher les symboles esthétiques des riches et faire leur course chez Wal-Mart sans portefeuille.

En tant qu’anarchiste, je dispose d’une voix qui a un champ limité dans le monde de la politique, et je refuse d’envisager ne serait-ce qu’une seconde de l’utiliser à dénoncer un soulèvement parce qu’il générerait des pillages.

Il existe de nombreuses voix, à droite et dans les sphères du pouvoir, qui croient en la sacralité de l’achat et qui utilisent une telle croyance pour démoniser, diviser et fragiliser une insurrection. Il existe des voix grassement rémunérées préservées par notre société afin de soutenir cette même normalité génocidaire contre laquelle les insurgé.es d’aujourd’hui s’élèvent. Si vous utilisez votre voix pour fragiliser ou salir des gestes de rébellion ou d’autodétermination, vous ne pouvez en aucun cas affirmer sincèrement être complice d’un soulèvement. Les puissant.es qui protègent le status quo vont utiliser leur appareil médiatique pour diaboliser ou diviser l’insurrection – quiconque prétend participer à l’insurrection ne devrait en aucun cas faire de telles choses.

Si le pillage vous pose un problème moral, il est peut-être urgent que vous interrogiez votre propre affirmation de soutien à un soulèvement qui s’oppose au suprématisme blanc, au capitalisme, et à l’état; parce que vous défendez une logique qui récompense le pillage institutionnel, la domination et l’exploitation, et qui entend punir ou se prévenir contre tout effort de vengeance ou d’auto-préservation émanant des classes populaires.

Dès 1965, une défense éloquente des pillages dans le contexte d’un soulèvement noir avait été énoncée par les situationnistes. Elle demeure d’une actualité intacte:

” Le pillage du quartier de Watts fût la matérialisation la plus directe de ce principe déformé: “à chacun selon ses faux besoins” – des besoins déterminés et produits par le système économique auquel s’oppose justement l’acte de piller en tant que tel. Mais dès lors que l’abondance tant vantée est prise pour argent comptant et saisie directement plutôt que d’être poursuivie sans relâche dans la course de hamsters du travail aliéné et des besoins sociaux en hausse permanente, les désirs réels commencent à s’exprimer dans le cadre d’une célébration festive, d’une affirmation de soi joueuse, de la frénésie destructrice.

Le pillage est une réaction naturelle à la société artificielle et inhumaine de l’abondance des marchandises. Cette réaction déconstruit la valeur de la marchandise en tant que tel, et expose du même coup ce que les marchandises supposent en dernier recours: l’armée, la police et les autres détachements du monopole étatique de la violence armée. Qu’est-ce qu’un policier ? Rien d’autre qu’un serviteur actif des marchandises, un homme totalement soumis aux marchandises, dont l’emploi consiste à garantir qu’un produit donné du travail humain ne reste qu’une marchandise, dotée de la propriété magique de devoir être achetée, plutôt que de n’être qu’un simple frigidaire ou un simple fusil – un objet passif, inanimé, asujetti à quiconque vient s’en servir. En faisant fi de l’humiliation d’être asujetti à la police, les noir.es rejettent du même l’humiliation qui les asujettit à la marchandise”.

– L’Internationale Situationniste, “Le Déclin et la Chute de l’Economie Spectaculaire Marchande”, 1965.

Pourquoi entend-on tellement de théories complotistes portant sur cette mobilisation, ainsi que la dénonciation récurrente de prétendues “agitateurs extérieurs” ?

Les Etats-Unis sont un pays étrange. La prévalence des théories complotistes y est alarmante. Des gens qui sont en outre bien souvent en faveur du status quo croient dur comme fer à des théories vraiment impensables, ici. On peut y voir un indicateur du déclin brutal des Etats-Unis en tant que puissance. La population est désormais si phénoménalement mal-informée qu’elle ignore bien souvent les faits les plus basiques. On y trouve par exemple un nombre considérable (et en pleine croissance) de personnes qui pensent que le réchauffement climatique est un mythe, que les antifascistes sont financé.es par George Soros, et que la Terre est plate.

Par ailleurs, les gens sont tellement aliénés par leur rapport obsessif à leurs appareils électroniques qu’ielles ont du mal croire sincèrement en une quelconque réalité. Dès qu’il se produit quelque chose, iells sont pléthores à crier au trucage. L’Etat comprend bien comment profiter de cette situation. Des manifestations ont eu lieu dans plus de 150 villes; et pourtant, le gouvernement a pu prétendre que des agitateurs extérieurs ont été à l’origine des révoltes partout, bien que cela soit complètement incohérent. C’est la ligne de conduite historique de l’Etat face aux mouvements de libération afro-américains. Il y a un fondement raciste, là-dedans: l’Etat veut faire croire que la communauté noire est incapable d’accomplir quoi que ce soit sans l’assistance des blanc.hes. D’autre part, accuser des éléments “étrangers” permet à l’Etat de contester la légitimité d’un mouvement.

A l’issue des deux guerres mondiales, le FBI a mené des campagnes de terreur sans merci visant à éradiquer la gauche, les anarchistes, et tout ceux qui s’opposaient à l’ordre établi. Les générations suivantes ont donc été massivement apolitiques, avec un spectre politique bipolaire qui allait du parti démocrate au parti républicain. Les périodes de renouveau politique sont apparues de manière sporadique au cours de cette séquence, avec le mouvement anti-guerre dans les années 60, les groupuscules de lutte armée dans les années 70, le mouvement anti-mondialisation dans les années 90, et ainsi de suite: mais la plupart des américain.es ne sont pas éduqué.es à la politique comme on peut l’être dans le reste du monde. En règle générale, on nous apprend à nous positionner parmi différentes nuances de droite, avec une marge de manoeuvre sur le plan culturel, où l’on retrouve une frange “libérale” ou progressiste et une frange conservatrice. Pour l’essentiel, les gens se laissent aspirer par des discours politiques livrés clés-en-main et qui ne remettent pas en question grand chose. Dans cette perspective, on ne peut pas vraiment s’étonner de la fascination que suscitent les thèses complotistes, lesquelles participent malheureusement à maintenir les individu.es dans des situations d’isolation et de distraction, trop occupé.es à observer les arbres qui cachent la forêt.

En Europe, ce genre de manifestations émeutières ont souvent lieu dans des contextes marqués par des grèves massives. Existe-t-il des syndicats assez puissants en ce moment pour déclencher de telles grèves ?

Les syndicats américains ont généralement été dévoyés par une mentalité de droite qui leur a fait perdre toute ressemblance avec les organisations radicales qu’ils ont été. Bien sûr, des grèves sauvages dans le secteur des transports pourrait sérieusement fragiliser le pouvoir en place; mais il ne faut pas oublier que le pays était déjà dans une sorte de veille assez irréelle du fait de la quarantaine. Très peu d’employé.es se rendaient sur leurs lieux de travail, et n’était mobilisée que les segments essentiels de l’infrastructure nationale.

On a bien pu assister à des gestes de solidarité, à l’image de ces chauffeur.euses de bus qui ont refusé tout net de conduire les manifestant.es arrêté.es en prison. Mais dans l’ensemble, il faut avoir à l’esprit que les syndicats et les grèves sauvages sont des phénomènes isolés aux Etats-Unis. Dans une économie de consommation où la plupart des industries ont été automatisées, les quelques tâches manuelles restantes sont généralement effectuées par les immigré.es les plus violemment exploité.es; et dans le cas où elles seraient encore effectuées par des travailleur.euses syndiqué.es, elles seraient sûrement en passe de se voir délocaliser vers un pays dans lequel le coût du travail est plus bas. En revanche, il s’est passé une chose remarquable dans la séquence qui a précédé cette insurrection: une grève massive et coordonnée des loyers, en réponse à l’explosion du nombre de chômeur.euses, au cours de laquelle se sont développés des réseaux d’aide mutuelle gigantesques à travers tout le pays. Dans le paysage économique complexe des Etats-Unis, les grèves se construisent plus efficacement au niveau social et interpersonnel que par l’action syndicale bureaucratique.

Les déclarations de Trump qui annoncent la requalification policière des groupes anti-fascistes et anarchistes en tant qu’organisations “terroristes” vont-elles générer une aggravation de la répression ? De quelles formes de soutien pourriez-vous avoir besoin dès aujourd’hui ou dans un futur proche ?

Il est probable que la menace de définir les antifas et les anarchistes comme des terroristes s’accompagne d’un durcissement de la répression. De bien des manières, c’est un aveu de faiblesse politique, et de désespoir. Trump, Barr et toute leur clique de clowns ne s’imaginent pas sincèrement que les anarchistes seraient les seul.es responsables de ces révoltes. Mais ils ne vont pas déclarer: “nous avons assassiné et détruit les communautés afro-américaines depuis des décennies, et elles se sont justement soulevées contre l’injustice”. Dès lors, il leur faut un bouc émissaire.

L’Etat et les médias cherchent désespérément à reprendre le contrôle sur la production du récit du soulèvement, et à en détourner le sens afin de jouer sur l’opinion. Mais il s’avère très difficile de “récupérer” une insurrection décentralisée, spontanée et organique sans mettre en scène un épouvantail imaginaire qu’on pourrait charger de tous les maux. Cette réaction ne nous étonne pas outre mesure; d’ailleurs, ce n’est pas la première fois que les anarchistes sont élevés au rang d’ennemis prioritaires, dans ce pays.

Il est dès lors très probable que le mouvement soit pris pour cible. Mais nous n’avons pas peur, et personne n’est surpris. Nous avons tous.tes pris conscience de ce que les Etats-Unis sont faibles, et ne tiennent que par la terreur d’Etat. L’emprise d’un régime s’amoindrit quand les gens cessent de le craindre. La plus grande solidarité que nous pourrions demander consisterait à ce que les attaques contre les Etats-Unis ne cessent nulle part. Continuez à attaquer, jusqu’à ce que cet empire en lambeaux ne soit plus qu’un mauvais souvenir.

On sait avec certitude que plus de dix mille arrestations ont déjà eu lieu. On sait également que sont actuellement déployés non seulement les forces de police locales, mais aussi des agent.es du FBI, de l’ICE (Service des Douanes et de l’Immigration) et d’autres agences étatiques; et que tou.tes participent à la surveillance, à la traque et aux interrogatoires des manifestant.es interpellé.es. Certaines personnes sont d’ores et déjà sous le coup de longues peines de prison ferme pour avoir balancé des cocktails molotovs mal préparés: ielles ont été inculpé.es pour tentative d’homicide. Même avant que tout cela ne commence, on avait déjà vu un camarade prendre plus de dix ans de taule pour avoir lancé un cocktail dysfonctionnel sur un bâtiment fédéral.

La réaction de Trump qui se targue de restaurer “la loi et l’ordre” annonce une campagne de répression étatique contre-révolutionnaire aussi inouïe dans ses proportions que l’insurrection qui a embrasé les rues américaines. Malheureusement, les médias et les activistes sociaux-démocrates ont participé à cette campagne de désinformation ciblant les anarchistes et les antifascistes, en prétendant par exemple que la violence avait été le fait de provocateurs.rices blanc.hes. Parmi les choses les plus répugnantes qu’on a pu observer depuis l’apparition des groupes réformistes qui cherchent à s’accaparer la situation, on peut notamment citer les cas d’activistes dénonçant des émeutier.es présumé.es sur les réseaux sociaux ou allant même jusqu’à restreindre physiquement des “casseur.euses” pour les remettre à la police.

Plutôt que de voir de la solidarité dans les actes des anarchistes et des antifascistes qui participent de manière décentralisée aux émeutes, de nombreuses voix s’élèvent pour remettre en question la légitimité des affrontements avec la police en évoquant “l’opportunisme politique des agitateur.rices blanc.hes”. Parmi elles, on entend notamment les défenseur.euses privilégié.es du politiquement correct, ainsi que les “leaders” sociaux-démocrates afro-américains qui cherchent à s’attirer les faveurs de la majorité blanche. Non seulement ces accusations absurdes font écho à d’autres thèses complotistes émanant de ces groupes sociaux, mais de surcroît il est évident que les anarchistes et les antifascistes ont joué un rôle considérablement moindre dans ce front de résistance violente par rapport à d’autres populations non-blanches et prolétaires politisées de manière plus informelle mais qui ne pouvaient plus composer avec la misère quotidenne qu’on trouve aux Etats-Unis. En tant qu’anarchistes, nous rejetons en revanche tout discours nous accusant d’avoir tenté de faire de la “récupération” vis-à-vis des luttes afro-américaines. Nous serons systématiquement les complices de toute insurrection visant à mettre à mal le suprématisme blanc, plutôt que des “allié.es” qui “font leur part” bien au chaud devant leurs écrans ou dans les isoloirs.

Il se passe tellement de choses, ces jours-ci, et cela donne si peu l’impression que cela va s’arrêter, qu’il serait aisé de se laisser submerger par ce trop-plein d’information. Nous avons donc choisi d’inclure, avec ce texte, une liste de caisses de soutien, de groupes d’anti-répression, et de médias fiables racontant l’insurrection au jour le jour.

 

Bail Funds – Compilation de caisses de soutien pour les inculpé.es et de groupes d’entraide créés dans le cadre de l’insurrection actuelle.

Abolition Media Worldwide

Revolutionary Abolitionist Movement (RAM)

NYC Anarchist Black Cross

It’s Going Down

Le monument raciste de John A. Macdonald vandalisé avec de la peinture

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Juin 172020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

À Montréal, le 15 juin 2020. – Hier soir, lors d’une action post-fête de la Reine et avant la fête du Canada, le monument Macdonald de la Place du Canada a été aspergé de peinture mauve par des vandales anticoloniaux.

Des photos de la statue vandalisée sont disponibles ici https://postimg.cc/gallery/XY4WtR4

Les vandales anticoloniaux ont pratiqué la distanciation physique en portant des masques et en se lavant les mains avant et après l’action.

Selon Seamus Grewal, l’un des vandales : « Le monument Macdonald est l’équivalent canadien d’une statue de confédérés aux États-Unis. Il représente un symbole fort du colonialisme et de l’assujettissement des peuples autochtones. Cette statue célèbre un individu dont les politiques sont directement responsables du génocide des peuples autochtones au Canada et de la célébration de la suprématie blanche en général. »

Grewal ajoute: « Le monument Macdonald doit être immédiatement retiré et placé dans un musée où l’on y explique le contexte historique approprié en ce qui concerne le racisme et le colonialisme sous-jacent. Il ne faut en aucun cas que ce monument continue de célébrer ce personnage dans un espace public majeur de Montréal ».

L’attaque de la nuit dernière contre le monument de Macdonald (1895) est, au moins, la quinzième attaque de peinture contre la statue au cours des trois dernières années. Cette plus récente action se produit alors que de nombreuses statues coloniales et racistes sont ciblées par du vandalisme ou encore tout simplement déboulonnées dans le monde entier. En continuité du mouvement Black Lives Matter, des statues racistes et coloniales ont été renversées, décapitées et autrement attaquées au cours des deux dernières semaines partout aux États-Unis et ailleurs dans le monde. Au-delà de ces actions directes fortes inspirantes, de nombreux élu.es ont aussi ordonné de manière proactive le retrait des statues de nature raciste à l’intérieur de leur juridiction.

Pendant ce temps à Montréal, la Mairesse Valérie Plante refuse de retirer la statue raciste. Du moins, c’est ce qu’elle a affirmé lors d’une allocution publique la semaine dernière en voulant répondre à une pétition de plus de 15 000 signataires exigeant son retrait.

En réaction à la Mairesse Plante, Siobhan Dosanjh, une autre vandale, répond: « En comparaison à d’autres autorités publiques à travers l’Amérique du Nord, la Mairesse Plante se compromet souvent face aux questions qui concernent le racisme et le colonialisme. Lorsqu’il est temps de s’attaquer collectivement au racisme en proposant des changements structurels significatifs, la Mairesse, quant à elle, s’improvise antiraciste et utilise des discours creux pour détourner l’attention du réel travail qui doit se faire ».

Dosanjh ajoute : « De son opposition pour réduire le financement de la police, à ses réponses apathiques envers l’islamophobie, à son refus de soutenir le retrait d’un monument offensant pour les peuples autochtones ainsi que pour le Montréalais non-blancs, la Mairesse Plante n’a jamais manqué une occasion d’échouer à s’engager de façon significative contre le racisme. »

La Mairesse Plante a proposé d’installer une plaque près du monument pour contextualiser la statue de Macdonald. Le groupe #MacdonaldMustFall à Montréal suggère la formulation suivante : « John A. Macdonald était un suprémaciste blanc. Il a directement contribué au génocide des peuples autochtones avec la création du système brutal des pensionnats ainsi que d’autres mesures destinées à détruire les cultures autochtones. Il était raciste et hostile envers les groupes minoritaires non blancs au Canada et il promouvait ouvertement la préservation d’un soi-disant Canada « aryen ». Il a adopté des lois pour exclure les personnes d’origine chinoise. Il est également responsable de la pendaison du martyr métis Louis Riel. »

Seamus Grewal de #MacdonaldMustFall déclare : « Rien n’empêche la Mairesse Plante et la Ville de Montréal d’ériger une plaque contextuelle, ce qu’elle aurait dû faire il y a des années. Mais, cette mention de plaque survient au moment où un fort mouvement antiraciste ciblant les symboles du racisme et du colonialisme font rage aux États-Unis et ailleurs dans le monde. Cette annonce de la Mairesse est une stratégie pour nous distraire du vrai enjeu et c’est un lâche compromis face à ce qui devrait être un retrait complet de l’espace publique. En attendant, la peinture que nous avons pulvérisée aujourd’hui ne devrait pas être enlevée, car si c’est le cas, la statue sera presque certainement attaquée de nouveau. »

PS: Chapeau aux autres vandales anti-coloniaux qui ont récemment peint « La GRC tue des femmes et des hommes autochtones » sur le monument Macdonald.

Source : #MacdonaldMustFall Montréal

Contact : MacdonaldMustFall@riseup.net

Des Montréalais.e.s reclament le definancement de la police, de decarceration des prisons

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Juin 152020
 

Du Groupe anti-carcéral

13 Juin, Montréal. – Aujourd’hui, à midi, des centaines de Montréalais se sont rassemblés devant la prison Bordeaux pour demander le définancement de la police et la désincarcération les prisons. Des activistes noir.e.s se sont adressé.e.s à la foule au sujet des violences infligées à leur communauté par les prisons et la police. La foule affichait des bannières avec des slogans comme “La prison tue”, “Black lives matter” et “Définançons la police”. Les personnes présentes ont fait du bruit afin d’exprimer leur solidaridé avec les prisonniers dans la prison de Bordeaux.

Le soulèvement créé par l’assassinat de George Floyd par la police à Minneapolis a apporté une attention nouvelle sur la violence policière au sud de la frontière coloniale (aux États-Unis). Les activistes américains ont aussi attiré l’attention du public sur l’assassinat des personnes noires dans les prisons, dont celui de Jamel Floyd, un homme noir de 35 ans qui est mort après avoir été poivré dans sa cellule dans une prison fédérale à Brooklyn.

Au “Canada”, de grandes manifestations à Toronto, à Halifax, à Montréal et dans d’autres villes ont déclenché des prises de conscience sur la longue histoire de violence et racisme au travers du complexe carcéral des prisons et de la police. Cette histoire locale était un des principaux thèmes de la manifestation à la prison de Bordeaux. Amanda Thompson, une co-organisatrice noire de manifestation expliquait: “Il y a une longue histoire de profilage contre les personnes noires à Montréal, y compris une lomgue série d’assassinats policiers de personnes noires, mais aussi de la surveillance quotidienne, du harcèlement et de l’abus contre nos communautés”.

La police de Montréal a été critiquée pour profilage racial et violences depuis des décénnies. Une série d’assassinats policiers entre 1987 et 1993 a provoqué une série de préoccupations quant à l’impunité policière, mais peu de choses ont changé dans les pratiques de la police. À l’automne 2019, une rapport a démontré que les personnes noires et autochtones à Montréal sont quatre fois plus enclines à êtres interpelées par la police que les personnes blanches. Entre 2014 et 2019, la police a assassiné cinq hommes noirs: Alain Maglore, René Gallant, Jean-Pierre Bony, Pierre Coriolan et Nicholas Gibbs.

Le racisme de la police est un des facteurs qui explique l’incarcération disproportionnée des personnes noires au Canada. Alors que les personnes noires représentent 3,5% de la population canadienne, elles constituent 7,5% des prisonniers fédéraux. Au Québec, l’information quant aux origines de prisonniers provinciaux est gardée secrète, mais les prisonniers de Bordeaux estiment que 20% des prisonniers sont noirs.

Le soulèvement mondial contre la police continue, une variété de propositions de réformes de la police sont discutées, telles qu’une meilleure formation policière et des caméras corporelles. Le message de la manifestation d’aujourd’hui, toutefois, est que les prisons et la police sont fondamentalement racistes et violentes et qu’aucune réforme à la pièce ne réussira à les transformer. Comme l’expliquait Amanda Thompson: “Quand la police tue une personne noire, ce n’est pas une erreur. C’est le système qui fonctionne comme prévu. Nous ne voulons pas de petits changements à une institution raciste, nous appelons à un définancement de la police, à la désincarcération des prisons et à un réinvestissement de ces sommes dans les communautés”.

Le bruit effectué par les manifestant.e.s était clairement entendu par les prisonnier.ères. À un certain moment, les manifestant.e.s et les prisonniers.ères se relayaient des slogans et chaque groupe faisait autant de bruit qu’il le pouvait. Afin de respecter la santé publique, les manifestant.e.s portaient des masques – des masques, de la nourriture et de l’eau étaient également distribués par les organisateurs.trices à qui en avait besoin.

Des photos de l’événement sont disponibles ici: https://bit.ly/30G467C

L’insurrection chez nous

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Juin 022020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Pour soutenir le soulèvement lié au meurtre de George Floyd par la police qui se répand dans toute l’Amérique, il faut le ramener chez nous. C’est précisément ce dont nous avons eu un aperçu dimanche à Montréal, lorsque pour la première fois depuis des années, la police a perdu le contrôle du centre-ville pendant une longue période.

Après la fin de la manifestation, une foule jeune et multiraciale a combattu la police devant le quartier général du SPVM, répliquant aux gaz lacrymogènes par des roches et des bouteilles. Les gens ont dressé des barricades et parti des feux pour ralentir les mouvements de la police. Dans les heures qui ont suivi, des centaines de manifestant.e.s ont continué à tenir la rue, tandis que des devantures de magasins volaient en éclats et qu’on réquisitionnait des marchandises de part et d’autre de Sainte-Catherine, notamment chez Birks, une bijouterie haut de gamme également attaquée au cocktail molotov.

On évitera de faire le compte-rendu détaillé de la soirée, pour répondre à une dynamique qui, selon nous, pourrait limiter notre capacité à résister et à avancer. Si la journée de dimanche a prouvé qu’un large éventail de personnes sont prêtes à se battre contre un système fondé sur le génocide et la violence permanente de la domination racialisée, il y a eu des voix parmi les plus fortes pendant et après l’action dans les rues pour s’accrocher à la manifestation pacifique comme seule forme légitime de résistance.

S’appuyant sur des rumeurs et de fausses informations, l’idée qu’il s’agit d'”agitateurs extérieurs” blancs provient de la propagande de la suprématie blanche et annihile l’agentivité des Noirs qui résistent courageusement à l’oppression par tous les moyens nécessaires. C’est un récit qui vise à diviser les mouvements et à délégitimer notre colère et notre détermination communes. Comme l’a écrit récemment un groupe d’anarchistes racisé.e.s aux États-Unis :

Les dirigeants autoproclamés ont essayé d’insinuer que ceux qui souhaitaient entrer en conflit avec la police après le meurtre de George Floyd à Minneapolis étaient “des Blancs [qui] n’avaient pas le droit d’utiliser la douleur des Noirs pour justifier leurs fantasmes d’émeute”. Comme si le vrai fantasme blanc n’était pas que des gens de couleur contrôlent leur propre comportement afin de sauver la société suprémaciste blanche de la destruction. C’est une vieille ruse qu’il faut encore une fois mettre en lumière.

Face à ces récits qui permettent à la police de garder plus facilement le contrôle et de continuer à tuer, n’hésitons pas à dire clairement que ce ne sont pas des critères de légalité ou de respectabilité sociale qui détermineront nos moyens de lutte.

Il est légitime de s’attaquer à la police, cette institution conçue et dédiée à la suppression violente de la liberté des Noirs, au vol des terres autochtones et à la défense de ceux qui s’enrichissent en nous exploitant. En agissant ainsi, et en acquérant la confiance et la capacité tactique de gagner de l’espace et du temps, nous montrons que nous n’avons pas besoin d’accepter leur emprise sur nos vies.

Il est légitime de barricader les rues et d’allumer des feux – de transformer un environnement urbain construit pour le maintien de l’ordre en quelque chose qui pourrait nous donner une chance de succès.

Il est légitime de piller les magasins, parce que tout le monde devrait avoir de belles choses, et un monde qui privilégie la propriété commerciale à la vie des Noirs continue de mettre des gens comme George Floyd et Regis Korchinski-Paquet en grave danger de mort prématurée.

Ces éléments devraient constituer le point de départ de toutes les conversations sur la manière de s’engager dans une diversité de tactiques dans les rues, conversations qui doivent également aborder les effets de nos actions sur celles et ceux avec qui nous partageons les rues, la manière de se protéger les un.e.s les autres, et l’objectif de développer une capacité de conflit en comprenant que nous ne sommes pas tou.te.s confronté.e.s au même niveau de risque.

Nombre de ceux qui surveillent les actions des autres manifestant.e.s vont jusqu’à les photographier ou les filmer en train d’attaquer la police ou des biens matériels, puis publient ces informations sur Internet pour tenter d’identifier et de remettre davantage de gens entre les mains de la police. Pour résister à cette tendance, nous voulons rappeler à toutes les personnes présentes d’intervenir directement si vous voyez du monde filmer pendant les émeutes ; dites-leur d’arrêter et, si nécessaire, empêchez-les de le faire. Et aux courageux.ses qui brisent des vitres et allument des incendies, rappelez-vous mutuellement de garder vos visages couverts.

Il y a une véritable insurrection en cours au sud de la frontière. Si le caractère unique de l’héritage sanglant du racisme aux États-Unis donne à la rage qui y bouillonne un certain ancrage géographique, l’antagonisme envers la police est indéniablement universel, et le racisme anti-Noirs est profondément ancré dans l’histoire du Québec et du Canada. Allons-nous faire face à ce moment historique pour trouver des moyens significatifs de nous engager et de propager la révolte, ou nous réduirons-nous à des manifestations scénarisées de “solidarité” superficielle ? Le temps est venu de ramener le soulèvement chez nous.

États-Unis: Un commissariat de police incendié à Minneapolis alors que des bâtiments gouvernementaux sont pris d’assaut et que des émeutes se propagent en solidarité avec le soulèvement

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Mai 292020
 

Manifestation de solidarité à Montréal
Dimanche le 31 mai à 17h
Quartier général du SPVM (1441 St-Urbain)
Évènement Facebook

De It’s Going Down

Au cours des deux derniers jours, les émeutes, les pillages et les affrontements avec la police se sont intensifiés à Minneapolis, à la suite du meurtre de George Lloyd par la police lundi dernier. Mercredi, un manifestant a été tué par balle. Jeudi après-midi, les procureurs du comté ont déclaré qu’ils ne poursuivraient pas l’inculpation des officiers impliqués dans sa mort pour le moment, ce qui ne fait qu’ajouter à la colère croissante dans les rues.

Les émeutes et les pillages ont continué à se répandre comme la veille – dans des quartiers éloignés de l’épicentre initial, puis dans le quartier voisin de Saint-Paul. Jeudi, alors que la fumée s’élevait encore des magasins brûlés de la société Target, des milliers de personnes sont descendues dans les rues du centre-ville de Minneapolis en solidarité avec George Floyd, alors que de nouveaux affrontements ont éclaté avec la police et que d’autres magasins ont été pillés. Des messages sur les médias sociaux montrent également que des marchandises libérées ont été distribuées dans le parking de Target, près du 3e commissariat de police, qui est devenu de facto l’épicentre des émeutes.

Au cours de l’après-midi, les gens se sont rassemblés à l’extérieur du commissariat, tandis que les affrontements avec la police se poursuivaient. Ces batailles de rue se sont intensifiées lorsque des émeutiers ont fait irruption dans le bâtiment, forçant finalement la police à s’enfuir dans leurs véhicules. Une fois le bâtiment vide, les gens ont commencé à le piller puis à y mettre le feu. Il s’en est suivi une atmosphère de fête pendant plusieurs heures alors que le quartier brûlait.

Cette victoire sur la police, remportée par des milliers de personnes qui mènent quotidiennement une action soutenue face aux violences policières massives, principalement des jeunes zoomers et des milléniaux, représente un moment historique. Comme l’expriment les heures d’entrevues menées par Unicorn Riot sur le terrain en plein soulèvement, la révolte ne vient pas de la gauche militante, ni des “progressistes” ou des “libéraux”, mais plutôt de la base locale de la jeunesse prolétarienne de Minneapolis. Bien que le soulèvement ait eu un caractère très multiracial, il est généralement admis que l’ensemble du système de capitalisme racialisé anti-noir doit être détruit.

Au fur et à mesure que la nuit avançait, des manifestations de solidarité ont été lancées à travers les soi-disant États-Unis. Les anarchistes ont organisé des manifestations et des marches de solidarité à Portland et Olympia, tandis que les étudiants d’Oakland bloquaient l’entrée d’une autoroute. À Sacramento, des marches de rue ont eu lieu, tandis que des émeutes ont éclaté à Fontana, où les fenêtres de l’hôtel de ville ont été brisées. Pendant ce temps, à Los Angeles, deux jours de manifestations ont été organisés. Mercredi, des personnes ont bloqué l’autoroute 101, brisant les vitres d’une voiture de police qui a tenté de foncer sur les manifestants. Enfin, à Phoenix, les marches de rue bruyantes ont fait place à des émeutes, les gens lançant des pierres sur le département de police de Phoenix.

D’autres émeutes et affrontements avec la police ont continué à Denver, où les gens se sont battus avec la police et ont bloqué une autoroute, tandis qu’à Columbus, les émeutes dans la rue ont rapidement conduit à un vandalisme de masse du Statehouse. Des combats de rue ont également eu lieu à Louisville, au Kentucky, tandis qu’à New York, des affrontements avec la police ont donné lieu à de multiples arrestations. Dans la soirée, Trump s’est servi de Twitter pour traiter les manifestants de “voyous” et a annoncé l’arrivée de plusieurs centaines de soldats de la Garde nationale dans les rues de Minneapolis, qui, selon lui, pourraient ouvrir le feu sur des pillards.

Continuez la lecture sur It’s Going Down [en anglais] pour un compte-rendu plus complet des manifestations de solidarité et d’émeutes à travers les soi-disant États-Unis. Pour une liste des manifestations à venir, cliquez ici.

Art et anarchie 2020

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Mai 252020
 

Du Salon du livre anarchiste de Montréal

lost.claws

@stormie_petrel

Anarkism.info
No Jail No Juvi

CK, Katarokwi/Kingston

Mae B

➝ Alice + S, Edinburgh
➝ Harvey Hacksaw in Olympia, WA

➝ Katarokwi/Kingston

➝ Olympia, Washington

➝ Surrey

@mittlevandejag

noprisons.ca / Zola

LOKI

Naomi RW

Zola



Appel pour « Art et Anarchie » à distance

La vingt et unième édition du Salon du livre anarchiste de Montréal prend une allure radicalement différente cette année, mais nous nous efforçons de créer autant de liens à distance que possible lors de cette journée de « rassemblement » du dimanche 17 mai 2020. À cette fin, au lieu de notre habituelle exposition « Art et Anarchie » dans l’espace physique du Salon, nous lançons un appel aux gens pour créer et partager de l’art anarchiste et des bannières dans les rues de leurs villes et communautés à travers le monde. C’est une manière d’incarner l’amour et la solidarité qui nous unit, et aussi de démontrer concrètement que nous sommes toujours là, que l’anarchie est toujours bien vivante.

L’idée est simple, en date du 17 mai ou avant :
– Afficher de l’art de rue/ou une bannière – votre création ou celle d’unE autre
– Prendre des photos ou demander à unE amiE de le faire
– Publier la/les photos sur les réseaux sociaux, ou demander à des amiEs de le faire, avec le hashtag #ArtAndAnarchy. Incluez l’emplacement, de manière aussi évasive ou spécifique que souhaitée.
– Partagez avec nous à info@salonanarchiste.ca afin que nous puissions le publier sur notre site web et potentiellement l’utiliser, avec votre permission, dans un zine post-salon du livre.

Aidez nous à répandre le mot partout. Ce serait tellement beau de voir l’art et l’anarchie se propager à travers les frontières et les murs du monde entier et nous rendre plus près les unEs des autres.

Appel à l’action lancé par des proches de détenus et des militants suite au décès d’une personne détenue à Bordeaux

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Mai 212020
 

Du Groupe anti-carcéral

20 mai, Montréal – À la suite de l’annonce qu’un détenu de la prison de Bordeaux, âgé de 72 ans, est décédé de la COVID-19, des proches de personnes détenues et des militant.e.s demandent des mesures immédiates et importantes pour assurer la sécurité des détenus et de la communauté. Ce faisant, ils rejettent la déclaration de la Ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, selon laquelle les mesures préventives mises en œuvre par son ministère fonctionnent bien et qu’il n’y aurait pas de mesure supplémentaire à mettre en place.

Bordeaux est la prison provinciale la plus durement touchée par la COVID-19 au Canada. Le premier cas positif à la prison a été enregistré le 24 avril dernier. Depuis, le nombre de détenus infectés est passé à 92 et le nombre de cas infectés parmi les membres du personnel à 35. Malgré l’aggravation de la situation, la réponse de l’établissement et du ministère de la Sécurité publique a été déficiente. Des informations qui proviennent de la prison suggèrent que les gardiens de prison n’ont pas toujours eu accès au matériel sanitaire ou même, porté des masques et de gants. Pour leur part, les détenus n’ont jamais reçu d’équipement de protection individuelle adéquat. Plus important encore, aucune stratégie de dépistage n’a été mise en place par le Ministère dans ce lieu de détention. Depuis le début de la crise, le personnel n’a donc pas pu fournir des tests ou des soins de santé adéquats et ce, même  lorsque les détenus présentaient des symptômes. Selon les dernières informations, Robert Langevin, le prisonnier décédé, était gravement malade depuis plus d’une semaine et il n’aurait pas reçu les soins appropriés et auxquels il avait droit.

« Les circonstances qui entourent ce décès sont plus que troublantes. Le Ministère de la sécurité publique démontre par son inaction qu’il est indifférent envers les conditions de détention des détenus », a dit Jean-Louis Nguyen, dont le conjoint est incarcéré dans Bordeaux. « L’Établissement de Bordeaux n’a pas agi malgré les plaintes de M. Langevin concernant son état de santé depuis trois jours. Ce décès était évitable et à mes yeux, scandaleux. »

Plutôt que de fournir des soins de santé, la principale réponse à la crise de la  COVID-19 à Bordeaux a été le confinement. Depuis le 24 avril, de nombreux prisonniers sont confinés à leur cellule, 24 heures sur 24h. Cela signifie que les détenus non ni accès aux douches, ni aux télévisions (ce qui leur permettraient d’avoir accès à l’information), ni même à du matériel de lecture. Ils n’ont pas non plus accès aux moyens de communication, et plusieurs n’ont pas été en mesure de téléphoner aux membres de leur famille jusqu’au 12 mai dernier, moment où les autorités de l’établissement ont commencé à fournir aux détenus un appel téléphonique de 5 minutes tous les deux jours.

En plus de violer les droits fondamentaux des détenus, le confinement en cellule  24 heures sur 24  aggrave également leur état de santé physique et mentale. « Depuis le début, la prison a mis la santé des détenus en danger et n’a jamais fourni les soins dont ils ont besoin”, a expliqué une femme dont le partenaire est en détention provisoire à Bordeaux. « Mon partenaire est dans un secteur qui est en confinement 24 heures sur 24 depuis le 28 avril. Il souffre de douleurs à la poitrine et a demandé des soins médicaux, mais n’a rien reçu. Par respect aux droits de la personne, il faut améliorer les pratiques sanitaires, fournir les soins médicaux, et réduire massivement la population carcérale. »

Les prisonniers de Bordeaux sont exposés de force à la COVID-19 et privés de soins de santé appropriés. De nombreux prisonniers ont le sentiment d’avoir été laissés pour mort.  « Nous sommes des gens gluants et nous sommes clairement laissés ici pour mourir », a déclaré un prisonnier. « Personne ne propose un véritable plan pour empêcher la COVID de se répandre ici. Nous craignons pour nos vies plus que jamais. »

Les préoccupations des détenus se reflètent à l’extérieur, notamment chez les membres de leur famille. « La prison traite les gens comme des animaux”, a déclaré Valéry Goudreau, dont le partenaire est en détention provisoire. « Mon partenaire est malade, ils refusent de prendre soin de lui, et les gardiens lui refusent de la nourriture depuis quatre jours maintenant parce qu’il ne se mettra pas à genoux pour recevoir le plateau. Les détenus sont dans une situation dangereuse et la prison a choisi d’intensifier la répression plutôt que les soins de santé. »

La mort d’un détenu devrait être un moment de réflexion sur les mesures que le gouvernement du Québec et que  les établissements de détention ont mises en place pour assurer la sécurité des détenus et de la communauté. Alors que Geneviève Guilbault estime que son ministère a pris les mesures appropriées et que rien ne doit changer, les proches des détenus et les militant.e.s croient le contraire. « Depuis le début, les gens réclament la libération des prisonniers pour permettre une bonne distanciation sociale», a noté Ted Rutland, membre du Groupe anti-carcéral. « L’Ontario a libéré plus de 3 000 détenus et quatre autres provinces ont libéré 25 à 45% de leur population carcérale. Le Québec refuse de prendre de telles mesures, même si les prisons du Québec sont les plus durement touchées du pays et que 75% des prisonniers attendent d’être jugés et pourraient être facilement libérés sous caution. »

Alors que Mme Guilbault a annoncé le 6 mai qu’un petit nombre de prisonniers seraient éligibles à la libération, ces chiffres sont bien trop faibles pour faire la différence. « Nous avons maintenant la preuve que l’annonce de la Ministre le 6 mai était insuffisante et inefficace sur le terrain », a souligné Jean-Louis Nguyen. « En tant que proche, j’exhorte les autorités à intervenir, une fois pour toute, afin de prévenir qu’une telle tragédie ne se répète à l’intérieur de ces murs. Le Québec ne peut plus se permettre de continuer à négliger les personnes incarcérées. »

Pour plus d’informations, contactez :

Groupe anti-carcéral
anticarceralgroup@riseup.net

Tandis que le centre de détention de Laval se vide, l’ASFC défend l’idée d’imposer des bracelets GPS aux migrant.e.s

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Mai 142020
 

De Solidarité sans frontières

Mise à jour communautaire

#LibérezLesTous #StatutPourTous #GrèveDeLaFaimLaval #GrèveDeLaFaimBordeaux

Après deux mois de résistance par les détenu.e.s et les personnes qui les supportent, le Centre de détention de l’immigration de Laval est maintenant presque vide. Seulement deux hommes et une femme sont encore à l’intérieur, sous la surveillance de douzaines de gardiens et de gardiennes. Tandis que la lutte pour vider entièrement cette prison et pour s’assurer qu’elle ne rouvre jamais ses portes continue, nous faisons face à d’autres manières par lesquelles l’État contrôle les migrant.e.s et cherche même à établir de nouvelles formes de surveillance, en utilisant la pandémie comme prétexte.

À la fin du mois de mars, les personnes détenues à la prison pour migrant.e.s de Laval (gérée par l’Agence des Services Frontaliers du Canada (ASFC)) ont entrepris une grève de la faim courageuse durant huit jours pour exiger leur libération immédiate. À travers des déclarations écrites et des mises à jour audios quotidiennes, leur appel a reçu du soutien d’Halifax à Vancouver. Tandis que le gouvernement refuse d’accéder publiquement à la demande de les libérer tous et toutes – malgré que des gardiens et des gardiennes aient reçu des tests positifs pour la COVID dans les prisons pour migrant.e.s à Toronto et à Montréal – les libérations des détenu.e.s ont été accélérées à travers des audiences individuelles de révision des motifs de détention. Avec la suspension des déportations, il ne semble pas y avoir eu de nouvelles détentions et le centre s’est vidé.

Toutefois, les migrant.e.s sont aussi emprisonné.e.s dans des centres de détention provinciaux. Les prisons du Québec ont le taux d’infection de la COVID-19 le plus élevé de toutes les provinces, mais le gouvernement a refusé les demandes pour un plan de libération complet. À la place, des gardiens et des gardiennes ont utilisé du poivre de cayenne et la force contre des détenu.e.s ayant mené des actions afin de contester les conditions qui leur sont imposées et qui sont dangereuses pour leur vie. Le 5 mai, des détenu.e.s à la prison de Bordeaux ont répondu à ces conditions en entreprenant une grève courageuse de la faim qui continue au moment d’écrire ces lignes. Certain.e.s détenu.e.s migrant.e.s ont été transféré.e.s des prisons provinciales Leclerc et Rivière-des-Prairies (RDP) vers la prison pour migrant.e.s de Laval, puis ont été libéré.e.s. Le 28 avril, quinze hommes demeuraient à RDP pour des charges liés à l’immigration tandis que plus d’une centaine d’autres demeuraient dans des prisons provinciales à travers le pays.

Pour plusieurs migrant.e.s, sortir du centre de détention ne les a pas mené.e.s à beaucoup plus de sécurité ou de liberté. La libération implique souvent de payer une caution coûteuse (en effet, certaines des personnes les plus pauvres dans nos sociétés paient des milliers de dollars à l’État pour obtenir leur liberté). Plusieurs font encore face à une déportation potentielle et, entre temps, vivent dans des conditions de logement précaires sans revenu. Le processus de traitement des permis de travail est actuellement suspendu pour ceux et celles qui nécessitent des données biométriques et l’assistance sociale prend des semaines, voire des mois pour ceux et celles qui sont éligibles. Les conditions de libération peuvent inclure des rapports réguliers à l’ASFC, une obligation de vivre avec la personne qui assume la caution et même des couvre-feux et le confinement dans des périmètres prédéfinis. De plus, à travers son nouveau programme de « solutions de rechange à la détention », l’ASFC sous-traite le contrôle des migrant.e.s à des tierces parties telles que la John Howard Society, qui supervisent au Québec des programmes punitifs de « gestion des cas » qui s’apparentent à des programmes de libération conditionnelle, parfois en combinaison avec des stratégies de traçage GPS et de reconnaissance vocale.

Sous le prétexte de la pandémie, l’ASFC tente actuellement d’introduire des bracelets de cheville pour localiser par GPS des migrant.e.s au Québec, en les « offrant » à plusieurs détenu.e.s comme un prix à payer pour leur liberté. Nous ne savons pas encore si des personnes ont déjà été libérées sous cette condition. Bien que les avocat.e.s peuvent s’opposer à ce que les bracelets soient imposés à leurs client.e.s, la riposte légale exige beaucoup de temps et peut sembler ne pas valoir la peine pour tous et toutes les avocat.e.s.

Le Québec commence à envoyer plus de travailleurs et de travailleuses dans des conditions dangereuses durant la pandémie, et le travail de construction de la nouvelle prison pour migrant.e.s de l’ASFC à Laval est aussi sur le point de reprendre. Tandis que plusieurs personnes continuent à devenir malades et à mourir dans des prisons et des centres de détention à travers le pays, et que de nombreuses personnes ont des difficultés à s’en sortir, il est terrible de constater que l’État choisit de continuer la construction d’une nouvelle prison et de détourner des ressources pour intensifier la surveillance des migrant.e.s.

Libérez-les tous et toutes ! Un statut pour tous et toutes !

Manifeste des détenus de Bordeaux

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Mai 142020
 

De Anti-Carceral Group

Pour plus d’informations sur la grève de la faim et la situation à la prison de Bordeaux, lire un article précédent.

Un group de détenus dans le prison de Bordeaux, qui espère créer une comité de détenus, a communiqués les revendications suivantes à leur avocat le 11 mai, 2020: 

  1. Nous demandons la libération de plus de prisonniers, car ce qui fut annoncé la semaine dernière [l’annonce de la Ministre de la Sécurité Publique, Geneviève Gaudrault, le 6 mai] ne touche qu’une infime partie des détenus. À Bordeaux, il n’y a pas beaucoup de détenus qui remplissent les catégories visées par le décret. Il ne faut pas jouer avec la vie des gens – le COVID s’agit d’une maladie mortelle. Nous ne sont pas réassurés par les mesures prises à ce jour;

  2. Nous demandons que les prisonniers obtiennent trois jours envers leur peine pour chaque jour détenu dans Bordeaux, puisque les conditions sont totalement diminuées et inacceptables: il n’y a plus de visite, pas d’activités, pas de télévision, il n’y a plus rien a faire;

  3. Nous demandons que les prisonniers à qui il reste une an ou moins dans leur peine puissent bénéficier d’une remise hâtive;

  4. Nous demandons du matériel pour se protéger. À l’heure actuelle, nous avons des gants, mais du type pour servir la nourriture – ce n’est pas suffisant. Nous n’avons toujours pas de masques et nous demandons d’en obtenir;

  5. Des prisonniers dans certains secteurs se sont vu octroyer des «X-Box», pendant que d’autres n’ont pas. Nous demandons plus d’accès à des activités;

  6. Nous demandons la création et la reconnaissance par l’établissement de d’un Comité des détenus pour Bordeaux, afin de faire un seul front commun;

  7. Nous demandons d’être informés de l’utilisation du fond des détenus – où vont les sommes de ce fond?

 

Grève de la faim à Bordeaux

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Mai 142020
 

De Anti-Carceral Group

Mise à jour : Le 11 mai 2020, un groupe de prisonniers à Bordeaux, visant à créer un comité des prisonniers, a communiqué une série de demandes à leur avocat. Vous pouvez le lire ici.

Le 5 mai, un groupe de prisonniers de l’Établissement de détention Montréal, plus connu sous le nom de prison de Bordeaux, a entamé une grève de la faim en réponse à l’escalade rapide de la crise de la COVID-19 dans l’établissement. Depuis le 8 mai, la grève de la faim s’est étendue à au moins quatre secteurs de la prison et d’autres gestes de résistance se sont multipliés.

Aucune demande officielle n’a été présentée au public, car les conditions à l’intérieur de la prison rendent actuellement presque impossible la communication entre les prisonniers. Cependant, des prisonniers individuels ont communiqué une série de revendications. Parmi celles-ci, on peut citer :

  • Fournir aux prisonniers des masques et du désinfectant pour les mains, s’assurer que le personnel pénitentiaire porte ses masques et ses gants en permanence, ainsi que de veiller à la bonne hygiène des cellules et des espaces communs.

  • Fournir aux prisonniers des informations actualisées et précises sur les infections et les tests de COVID-19 à Bordeaux et sur les mesures de sécurité mises en œuvre (y compris l’isolement des prisonniers infectés).

  • Tester immédiatement et continuellement tous les prisonniers et le personnel pénitentiaire pour la COVID-19.

  • Élargir l’accès à la libération pour raisons médicales (pour les prisonniers qui ont été condamnés) et fournir des audiences de libération conditionnelle accélérées (pour les personnes détenues avant le procès). Libérer autant de prisonniers que possible pour permettre la pratique de la distanciation sociale dans la communauté et mieux la permettre au sein de la prison (pour ceux qui ne sont pas libérés).

  • Pour les prisonniers qui ne sont pas infectés ou symptomatiques de la COVID-19, mettre fin au confinement 24 heures sur 24. Permettre aux prisonniers de passer du temps dans l’espace commun et leur assurer un accès quotidien aux téléphones de la prison.

  • Cette liste sera mise à jour advenant qu’une série de demandes collectives soit rendue publique.

Informations générales

Les conditions dangereuses qui ont déclenché la grève à Bordeaux s’intensifient depuis des semaines. Bordeaux est rapidement devenue la deuxième prison provinciale la plus touchée par la COVID-19 au Canada (après l’Ontario Correctional Institute à Brampton, Ontario). Le premier test de COVID-19 positif parmi les détenus de Bordeaux a été enregistré le 24 avril. Le 7 mai, le nombre de détenus infectés par la COVID était passé à 37, tandis qu’au moins 24 membres du personnel pénitentiaire avaient été testés positifs. Depuis le début de la pandémie, les prisonniers ont d’ailleurs critiqué le manque de protocoles de sécurité liés à la COVID mis en place dans la prison, ainsi que le manque d’informations fournies aux prisonniers.

Les informations sur la grève de la faim sont limitées et difficiles à obtenir. Les reportages des médias se sont largement appuyés sur les informations du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec, une source très peu fiable. Les informations provenant des prisonniers sont plus fiables, mais en raison de l’isolation totale ou partielle en place (selon le secteur), il a été difficile pour les prisonniers de faire parvenir de l’information à l’extérieur et, plus encore, d’être au courant de ce qui se passe dans les différents secteurs de la prison.

Voici le tableau le plus complet et le plus fiable de la grève de la faim à la prison de Bordeaux, sur la base des informations transmises par les prisonniers à leurs familles, à leurs avocats et aux membres du groupe anti-carcéral.

Les origines et la propagation de la crise de la COVID-19

Le virus COVID-19 a d’abord frappé le secteur E, dans lequel 170 personnes sont emprisonnées. C’est dans ce secteur que sont détenus la plupart des prisonniers travaillant en cuisine et servant de la nourriture. La possibilité que des prisonniers infectés aient préparé ou touché la nourriture servie à l’ensemble de la prison a suscité une grande inquiétude lorsque la nouvelle s’est répandue.

Le secteur E a été placé en isolement 24 heures sur 24 (les prisonniers sont confinés dans leurs cellules) le 24 avril. Selon les informations les plus récentes, la quarantaine est toujours maintenue. Les prisonniers n’ont pas accès aux douches, à la cantine, ni aux téléphones de la prison. Les membres de la famille à l’extérieur n’ont pas pu contacter leurs proches et n’ont reçu aucune information de la part du personnel de la prison, y compris à savoir si leur proche est infecté ou non. Certains membres de la famille ont envoyé des lettres écrites, mais ne savent pas si elles ont été reçues et n’ont reçu aucune lettre en retour. Le 8 mai, un membre d’une famille a finalement été informé que les lettres sont reçues, mais qu’il est interdit d’y répondre.

Certains avocats qui ont des clients dans le secteur E ont pu organiser un appel téléphonique de 10 minutes avec leur client. Cela a nécessité des demandes répétées, par écrit et par téléphone, au personnel de la prison. Dans les cas où un appel téléphonique a été obtenu, un gardien de prison fournit un téléphone portable au prisonnier pour qu’il puisse passer l’appel de 10 minutes depuis sa cellule.

On ne sait pas exactement combien de prisonniers du secteur E ont été testés. Des rapports suggèrent que les prisonniers de ce secteur qui travaillaient en cuisine ont rapidement été transférés au secteur A et ce, sans avoir été testés. Le rapport d’un prisonnier laisse entendre qu’en date du 8 mai, à la fin de la journée, presque tous les prisonniers avaient finalement été testés.

Le 2 mai, le virus s’était propagé au secteur C, dans lequel 180 personnes sont emprisonnées. Le secteur a été immédiatement mis en quarantaine, avec les mêmes restrictions que le secteur E. Le reste de la prison a également été mis en quarantaine 23 heures par jour, les prisonniers étant autorisés à quitter leur cellule une heure par jour, mais sans pouvoir être dans l’espace commun. Depuis le 7 mai, ces restrictions ont été assouplies dans le secteur B, les prisonniers étant autorisés à sortir de leurs cellules 4 heures par jour.

Dans la soirée du 8 mai, certains prisonniers des secteurs E et C ont finalement été autorisés à passer un appel téléphonique de 5 minutes – leur première communication avec le monde extérieur en 15 jours. Comme pour les appels aux avocats, un gardien de prison a fourni un téléphone portable aux prisonniers pour qu’ils puissent passer l’appel.

Malgré cette situation désastreuse, le personnel pénitentiaire ne porte pas systématiquement de masques et de gants lorsqu’il se trouve à proximité des prisonniers, et des mesures d’hygiène adéquates font toujours défaut, dans les cellules comme dans l’espace commun. Un rapport d’un prisonnier datant du 8 mai suggère que les gardiens portent enfin des masques et des gants, mais que les prisonniers n’ont toujours pas accès à de l’équipement de protection personnel. Les secteurs E et C (et peut-être d’autres) ont été périodiquement privés d’eau courante pendant de longues périodes, ce qui rend le nettoyage et l’utilisation des toilettes impossibles. Il n’est pas clair si les gardiens sont testés pour la COVID-19.

Les gardes se moquent également des prisonniers, disant qu’ils seront infectés et qu’on les laissera mourir. Les gardes du secteur C exigent que les prisonniers s’agenouillent par terre pour recevoir leurs repas ; un prisonnier souffrant de problèmes auditifs, n’ayant pas compris l’ordre, a ainsi manqué plusieurs repas. Un gardien du secteur C s’est moqué d’un détenu de 18 ans en lui montrant un téléphone portable et en lui disant que sa mère était sur la ligne, avant de s’éloigner. Le niveau de stress des prisonniers continue à augmenter, et de nombreux sont ceux qui ont exprimé le sentiment qu’on est en train de les laisser mourir.

La grève de la faim et autres résistances

Face à cette situation de plus en plus dangereuse, les actes de résistance à Bordeaux se sont multipliés. Le 5 mai au matin, les prisonniers du secteur G ont entamé une grève de la faim, refusant de manger le repas qui leur était servi. Dans la soirée du 5 mai, les prisonniers des autres ailes se sont joints à la grève.

Les rapports sur les secteurs qui participent à la grève sont incohérents. Plusieurs sources ont confirmé la participation des secteurs D et G. Une source, soit une prisonnier de la section B, affirme que le secteur B participe également. Certains prisonniers, tout en refusant de manger les repas qui leur sont servis, continuent à manger la nourriture de la cantine.

D’autres actes de résistance ont également été signalés à Bordeaux.Ces rapports proviennent du syndicat des gardiens de prison. Ils doivent donc être traités avec prudence. Parmi les actes de résistance signalés, citons le bris de fenêtres, les crachats sur les gardiens, le bris d’objets dans les cellules et l’inondation des espaces communs. Les prisonniers du secteur E avaient été informés que leur confinement 24 heures sur 24 prendrait fin le 11 mai, après 17 jours. Lorsque le confinement n’a pas été levé, les prisonniers auraient mis le feu à du papier toilette et à des magazines et auraient fait déborder leurs toilettes. La prison a réagi en coupant l’eau.

Le 10 mai, une manifestation de bruit a eu lieu devant Bordeaux. Une caravane de 30 voitures, de laquelle faisaient partie trois personnes ayant des membres de leur famille emprisonnés à Bordeaux, s’est rendue à la prison, a klaxonné et agité des pancartes de protestation pour manifester du soutien aux prisonniers et dénoncer l’inaction du gouvernement québécois.

La réponse du ministère de la sécurité publique du Québec à l’escalade de la crise de la COVID-19 à Bordeaux a été minime. Le 6 mai, la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, a annoncé que certaines catégories de prisonniers seraient admissibles à une libération pour raisons médicales. Son annonce précisait que de telles libérations pourraient être possibles pour les prisonniers souffrant de complications de santé, s’ils ont été condamnés pour des infractions non violentes, et seulement à moins de 30 jours de la fin de leur peine. Cette annonce n’offre rien aux 75 % de prisonniers de Bordeaux qui sont en détention préventive (et qui n’ont donc pas été condamnés). Le Québec continue de refuser de suivre l’exemple de provinces comme l’Ontario et la Nouvelle-Écosse, lesquelles ont accéléré la tenue d’audiences de libération conditionnelle, afin de libérer les prisonniers en détention préventive.

 

Manifs de bruit à l’extérieur des prisons de la région de Montréal suite à la mort d’un prisonnier et à une grève de la faim

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Mai 112020
 

De Anti-Carceral Group

Montréal, le 10 mai – À 14:00 aujourd’hui, une caravane de plus de 30 véhicules visitait le Centre Fédéral de Formation (un pénitencier fédéral à Laval), ainsi que la prison de Bordeaux (un pénitencier provincial à Montréal), demandant la libération immédiate de tous les détenus dans le contexte de la pandémie COVID-19. Les voitures, décorées de slogans tels que “La prison de devrait pas être une peine de mort” et “Libérez tous les détenus”, klaxonnaient et brandissaient ces bannières en solidarité avec les personnes à l’intérieur.

“Nous sommes ici aujourd’hui pour rappeler aux gens qui sont à l’intérieur de ces prisons qu’ils ne sont pas oubliés et que nous sommes là à travailler pour leur libération” dit Ellie Santon qui participait à la manifestation. “Ce qui se passe dans ces prisons est une crise créée par le gouvernement. S’ils le voulaient, ils pourraient résoudre tout cela dès demain. Ils semblent plutôt avoir l’intention de laisser les gens mourrir.”

Le 5 mai, Service correctionnel Canada (SCC) a annoncé qu’un détenu au pénitencier de Laval, le Centre de Formation Fédéral, est mort du virus. Il s’agit du 2e mort à l’intérieur d’une prison fédérale due à la pandémie. 138 détenus ont testé positif au virus COVID-19 jusqu’à maintenant au Centre de Formation Fédéral, ce qui en fait le plus grand foyer de contagion dans une prison fédérale au Québec.

“Le gouvernement a passé des mois à refuser d’agir et le virus a maintenant éclaté à l’intérieur des prisons et les gens meurent,” nous dit Virginia Boucher du Comité de support aux prisons. “Il n’y a pas de justification raisonnable pour ceci. Les gens doivent être libérés de prison immédiatement.” Les personnes en maison de transition doivent pouvoir vivre dans leur propre maison à temps-plein. Toutes les personnes libérées doivent avoir accès à un logement sans danger et à des soins de santé.”

Le 5 mai, les détenus de la prison de Bordeaux ont aussi débuté une grève de la faim qui s’est depuis répandue dans multiples secteurs de l’institution. Il y a plus de 60 cas de COVID-19 associés à la prison de Bordeaux où 75% des prisonniers sont en détention provisoire (avant procès, avant jugement), ce qui en fait le 2e plus grand foyer de contagion à l’intérieur d’une prison provinciale.

“Je suis inquiet pour mon compagnon qui est dans un des secteurs infectés,” nous dit Jean-Louis Nguyen, un participant à la manifestation-caravane. “Il a enfin été testé vendredi mais nous ne connaissons pas les résultats et son audience de libération conditionnelle vient d’être reportée de 2 semaines. Québec doit fournir de l’information publique sur ce qui se passe dans ses prisons et accélérer les mises en liberté sous caution ainsi que les audiences de libération conditionnelle afin d’évacuer de plus de personnes possible de prison et de les réunir avec leurs communautés”.

“Les prisons du Québec ont présentement le plus haut taux d’infection parmi toutes les provinces mais ils refusent d’agir,” dit Ted Rutland du Groupe anti-carcéral. “Les provinces comme l’Ontario et la Nouvelle-Écosse ont libéré des milliers de détenu.es en accélerant les audiences de libération conditionnelle ainsi qu’en libérant les personnes approchant la fin de leur sentence, mais Québec refuse de suivre l’exemple.”

La distanciation sociale est impossible à l’intérieur des prisons et les détenu.es encourent un risque élevé de contracter le virus COVID-19. Les soins de santé en prison sont épouvantables. À travers le pays, les gardes ont employé du poivre de cayenne ainsi que la force contre les prisonniers protestant contre leur situation. Il y a maintenant 500 cas confirmés de COVID-19 liés aux prisons dans tout le Canada.

#liberezlestou.te.s
#grevedefaimbordeaux
#bordeauxhungerstrike
#FreeThemAll
#FreeThemAllCaravan
#FreeThemAll4PublicHealth

Revue de l’année 2019

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Mai 102020
 

De Montréal Antifasciste

En 2019, l’extrême droite québécoise a été bien plus calme qu’en 2018 et 2017, année de la création de Montréal Antifasciste. On peut relever plusieurs facteurs ayant contribué à cette situation :

  • L’arrivée au pouvoir de la CAQ en octobre 2018 a démobilisé un certain nombre de membres des groupes organisés, qui ont désormais un gouvernement partiellement sympathique aux revendications identitaires (ce qui ne signifie pas pour autant que les idées et courants d’extrême droite ont magiquement disparu, évidemment);
  • Des conflits internes majeurs, qui couvaient depuis un certain temps, ont éclaté au cours de l’année, notamment au sein de La Meute, mais aussi entre différents groupuscules, comme les Gardiens du Québec (LGDQ) et le Groupe Sécurité Patriote (GSP), et ont perturbé l’équilibre des groupes les plus importants et les plus structurés;
  • Profitant de cet affaiblissement des principaux groupes, un certain nombre de figures marginales et de « leaders négatifs » (Pierre Dion des « Gilets jaunes » du Québec, Luc Desjardins et Michel Meunier des LGDQ, par exemple, ou d’autres personnages rebutants comme Diane Blain) ont pris une place plus importante, contribuant à décrédibiliser et démobiliser de plus en plus l’extrême droite national-populiste;
  • Le travail soutenu des antifascistes pour identifier et dénoncer les éléments les plus radicaux, voire carrément fascistes ou néonazis, au sein de l’extrême droite québécoise a sans doute refroidi une partie de la base de groupes comme Atalante ou des groupuscules Alt-Right. Le mouvement antiraciste et antifasciste a également soutenu la mobilisation contre le courant national-populiste en 2019, dont le principal véhicule a été la soi-disant Vague bleue.

L’activité globalement ralentie de l’extrême droite québécoise ne signale en rien une victoire pour les forces antifascistes. Au contraire, avec un gouvernement populiste majoritaire à l’Assemblée nationale, lequel s’est empressé dans la première année de son mandat de promulguer la raciste Loi 21 sur la laïcité de l’État et d’adopter sous bâillon d’autres mesures anti-immigration, il est légitime de croire que plusieurs forces de la droite dure se sont simplement détendues sous l’impression d’avoir atteint l’un de leurs principaux objectifs. Cela dit, le calme relatif a été l’occasion pour nous de creuser un peu et d’effectuer un travail d’analyse plus fin, ce qui nous a amené-e-s à cerner deux tendances dominantes au sein de cette extrême droite. (Lire à ce sujet l’article Entre national-populisme et néofascisme : État des lieux de l’extrême droite au Québec en 2019.)

Nous prenons aujourd’hui le temps de dresser un portait des groupes qui ont été actifs en 2019 et de résumer les faits saillants des activités de l’extrême droite au Québec jusqu’au début de la pandémie de COVID-19, en mars 2020, qui constituera probablement un tournant pour l’extrême droite (et certainement pas seulement pour elle).

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Les nationaux-populistes

Les « Gilets jaunes » du Québec (GJQ) et Pierre Dion

Le noyau dur des soi-disant “Gilets jaunes” du Québec, mobilisé à Montréal à l’occasion du défilé de la Fierté, le 18 août 2019, afin d’apostropher Justin Trudeau.

Les GJQ sont une poignée de militant-e-s identitaires n’appartenant à aucun groupe structuré et qui ont comme dénominateur commun une approche « post-factuelle » et complotiste (du genre à soutenir que la technologie5G est un outil du Nouvel Ordre Mondial pour dominer les peuples, par exemple…) et souffrent d’une désolante pauvreté intellectuelle (Fred Pitt, Iwane « Akim » Blanchet, Michel « Piratriote » Ethier, etc.). Ils et elles se fédèrent en plusieurs petits groupes à différents endroits du Québec, et sont tout au plus deux douzaines dans le grand Montréal. Les GJQ se sont rencontré-e-s sur Facebook en décembre 2018 en s’intéressant au mouvement des Gilets jaunes français. Leur compréhension du mouvement est toutefois faussée et celui-ci est considéré à tort comme une révolte contre l’élite « mondialiste ». Réuni-e-s virtuellement en décembre 2018, c’est dans les premiers mois de 2019 que les GJQ ont commencé à se réunir tous les samedis devant les locaux du réseau TVA à Montréal, dans le but de dénoncer le mauvais traitement de l’information par cette chaîne. (Loin de nous bien sûr l’idée de défendre le réseau TVA ou les autres organes du groupe Québecor, que nous considérons comme l’un des principaux vecteurs du repli identitaire et xénophobe observé au Québec depuis la prétendue crise des accommodements raisonnables, en 2007, et conséquemment de la montée du national-populisme dans les récentes années. L’esprit obscurci par différentes théories du complot, ou peut-être en raison d’une médiocrité intellectuelle de base, les soi-disant Gilets jaunes du Québec ne semblent pas se rendre compte que TVA et le Journal de Montréal sont leurs alliés objectifs dans la consolidation d’un mouvement identitaire de droite au Québec. C’est d’ailleurs encore devant les studios de TVA à Montréal que la première « Vague bleue » a eu lieu le 4 mai 2019.)

Luc Desjardins et Pierre Dion, des “Gilets jaunes” du Québec.

Quelques Gilets jaunes parmi les plus stridents (Michel Meunier et Luc Desjardins) se joindront plus tard au groupuscule Les Gardiens du Québec (LGDQ, voir ci-dessous) et seront parmi les militant-e-s les plus dévoué-e-s de la « Vague bleue ».

L’hurluberlu hors catégorie Pierre Dion, qui est apparu sur notre radar en 2018 en tentant d’organiser une manifestation anti-immigration à Laval, et qui a acquis en 2019 la réputation de « troll » grâce à un reportage de Télé-Québec, a été l’une des figures de proue des Gilets jaunes. (Lire à ce sujet le bilan d’action rédigé suite à la veille de solidarité avec les victimes du massacre de Christchurch, le 16 mars 2019.)

Le 18 août, espérant apostropher Justin Trudeau au passage, Pierre Dion et une poignée de cabochon-e-s lié-e-s aux Gilets jaunes du Québec se sont rendu-e-s harceler des participant-e-s du défilé de la Fierté à Montréal.

 

Les Gardiens du Québec (LGDQ)

(De gauche à droite, avec les t-shirts blancs) : Jean-Marc Lacombe, Stéfane Gauthier, Carl Dumont et Luc Desjardins, des “Gardiens du Québec”. Au centre (en bleu), Jonathan Héroux, alias John Hex.

LGDQ sont un petit groupe d’une quinzaine de militant-e-s, organisé-e-s dans la région de Bécancour/Trois-Rivières autour du couple formé par Martine Tourigny et Stéfane Gauthier. La plupart des membres semblent appartenir à leur famille élargie. L’hypothèse la plus plausible voudrait que ces membres proviennent en partie de « La Horde », une éphémère scission de La Meute. LGDQ disposent d’une équipe médic et d’une équipe de sécurité judicieusement baptisée SOT (pour « Sécurité opérationnelle sur le terrain »; ce sont dans les faits la même poignée d’énergumènes qui se mobilisent derrière Stéfane Gauthier en mode justicier du dimanche pour « protéger » les rassemblements nationaux-populistes.)

En se ralliant quelques militant-e-s à Montréal (notamment dans les rangs des soi-disant Gilets jaunes du Québec) et en s’associant au militant John Hex (Jonathan Héroux, proche de Storm Alliance), LGDQ est devenu le principal véhicule pour l’organisation de la « Vague bleue » à Montréal (en mai) et à Trois-Rivières (en juillet).

Au courant de l’année, LGDQ ont dégénéré sous l’influence toxique du raciste Michel « Mickey Mike » Meunier, lequel a notamment recruté dans le groupe Joey McPhee (alias Joe Arcand, un poseur néonazi) et a probablement initié avec Luc Desjardins le lamentable rassemblement sous la croix du Mont-Royal en novembre 2019. Pour autant que nous avons pu voir, cette « manifestation » ne comptait en tout et pour tout que quatre participant-e-s, tout-e-s des LGDQ, soit Michel Meunier, Luc Desjardins, Nathalie Vézina et Joey McPhee. Le « groupe » était apparemment ulcéré par une (fausse) rumeur voulant que l’Université McGill ait eu l’intention d’acheter la croix du Mont-Royal pour la démanteler! Voulant sans doute tirer le meilleur parti de l’occasion, ces « gardiens du Québec » se sont fendu-e-s d’un salut hitlérien avant de redescendre le Mont Royal.

(De gauche à droite) Michel Meunier, Luc Desjardins, Nathalie Vézina et Joey McPhee, des “Gardiens du Québec”, donne le salut nazi sur le Mont Royal, le 3 novembre 2019.

Le 22 novembre, quelques semaines après leur « coup d’éclat » du Mont-Royal, LGDQ s’excitent à nouveau. Ce jour-là se tient une manifestation au départ du square Victoria contre « l’ensemble des politiques identitaires portées par Simon Jolin-Barrette et la CAQ », et plus particulièrement contre la réforme du PEQ (Programme de l’expérience québécoise, qui permet aux étudiant-e-s étranger-ère-s d’accéder plus rapidement à la sélection québécoise afin d’être admissible à la résidence permanente canadienne). Cette manifestation est organisée par des associations étudiantes de l’UQAM et par le Syndicat des étudiants et étudiantes employé-e-s. Environ 150 personnes s’y rassemblent. Venu-e-s pour soutenir le gouvernement, huit militant-e-s des LGDQ et/ou proche des Gilets jaunes du Québec se réunissent à quelques mètres du rassemblement et se mettent à crier « vous vous soumettrez » ou encore « au Québec, c’est la laïcité » aux étudiant-e-s réuni-e-s. Se rapprochant du rassemblement, LGDQ sont confronté-e-s par quelques antifascistes présent-e-s sur place et s’ensuit un peu de brasse-camarade avant que la police n’intervienne pour séparer les deux groupes. Le reste de la manifestation se déroulera sans incident, sous haute surveillance policière.

Tout au long de l’année, un conflit larvé s’est graduellement envenimé entre LGDQ et le Groupe Sécurité Patriote (GSP, dont nous reparlerons plus loin) jusqu’à ce que les deux groupes en viennent aux mains lors de la manifestation du 26 octobre à Saint-Bernard-de-Lacolle.

Michel “Mickey Mike” Meunier

Il convient de s’attarder un peu sur le cas de Michel « Mickey Mike » Meunier. Celui-ci s’est démarqué en 2019 comme l’un des militant-e-s d’extrême droite les plus actif-ve-s à Montréal, et certainement parmi les plus disjoncté-e-s de toute la ménagerie. Au cours de l’année, et notamment dans la période précédant la première « Vague bleue », Meunier a pris l’habitude de sillonner les rues du Centre-Sud et de Hochelaga, à Montréal, pour arracher ou recouvrir tout signe de la présence de la gauche dans ces quartiers et pour y laisser des collants, affiches et graffitis à teneur raciste et identitaire. Il a aussi publié plusieurs vidéos passablement surréalistes où il manifeste une obsession malsaine pour les antifascistes, dont l’une où il se met en scène en train d’uriner sur un autocollant antifasciste dans une toilette du Comité social Centre-Sud. Au mois de décembre, Meunier a été arrêté (mais semble-t-il pas accusé) suite à une enquête sur des menaces en ligne faites au PM Justin Trudeau. Depuis l’arrestation de Meunier, les « gardiens » se sont fait-e-s très discret-e-s et se manifestent principalement en ligne. Meunier est quant à lui revenu à la surface récemment sur Facebook en portant un ressentiment évident à l’égard de Storm Alliance, qu’il accuse de l’avoir trahi… Il a aussi repris son habitude de coller des collants identitaires dans le quartier Centre-Sud de Montréal.

Un échantillon des collants que pose Michel “Mickey Mike” Meunier dans Centre-Sud et Hochelaga, à Montréal.

 

La « Vague bleue »

(De gauche à droite) Guillaume Bélanger, Stéfane Gauthier, Michel Meunier, Jonathan Héroux et Luc Desjardins ont été parmi les principaux promoteurs de la “Vague bleue”.

La prétendue Vague bleue a été la principale mobilisation des groupes nationaux-populistes en 2019, ou du moins de ceux se trouvant en-dehors de l’orbite de La Meute, laquelle perdait déjà de plus en plus sa force gravitationnelle. Le mouvement de la « Vague bleue » se voulait initialement une espèce de véhicule populaire portant un projet de « constitution citoyenne » pour le Québec, mais a vite pris un tournant islamophobe en réorientant son message principal autour d’un soutien forcené au projet de loi 21 sur « la laïcité de l’État ».

Si la première itération a connu un succès relatif (entre 300 et 400 personnes à Montréal, le 4 mai) malgré une agressive contre-mobilisation antiraciste, la deuxième manifestation (à Trois-Rivières, le 27 juillet) s’est avérée un échec cuisant, n’arrivant pas à mobiliser plus de 80 personnes. C’est à cette occasion que Diane Blain a prononcé un tristement célèbre discours dégoulinant de racisme, qui a eu un certain écho médiatique et probablement nui aux futurs rebonds de la « Vague bleue ». (Diane Blain avait déjà fait les manchettes en tant que membre de La Meute lorsqu’elle avait apostrophé Justin Trudeau lors d’un événement de relations publiques à Sabrevois, pas très loin de Lacolle, le 16 août 2018. Comme plusieurs, elle a depuis quitté La Meute, mais demeure active et bien visible dans le courant national-populiste de l’extrême droite québécoise.)

La “Vague Bleue” 2, à Trois-Rivières, le 27 juillet 2019.

Montréal Antifasciste a produit de nombreux articles et communiqués sur la « Vague bleue » et ses militant-e-s :

 

Storm Alliance (SA)

L’année 2019 a confirmé l’absence de leadership au sein de ce groupe qui a grandi trop vite et n’a jamais trouvé de direction claire après le départ de son fondateur, Dave Tregget. Suite à l’implosion de La Meute, SA a reçu de nombreux transfuges, qui ont suivi l’exemple de Steeve « L’Artiss » Charland et d’autres figures clés du (jadis) plus gros groupe identitaire au Québec.

SA est de moins en moins pertinent, et à part sa contribution de fier-à-bras à la « Vague bleue », le groupe n’a rien fait de bien marquant. On peut toutefois mentionner une manifestation « pour les enfants » à Québec en septembre, sous l’impulsion du complotiste et plaideur quérulent Mario Roy, qui mène une croisade contre la DPJ depuis des années. (Roy, lui-même un membre influent de SA, avait fait les manchettes plus tôt en 2019 lorsque le quart de l’argent recueilli en dons pour soutenir la famille d’une fillette tuée à Granby lui ont été remis pour financer sa croisade personnelle!) SA a bien essayé de se relancer durant le temps des fêtes avec un projet de paniers d’épicerie pour des familles dans le besoin, énième tentative de réinventer la roue et de faire dans le social pour redorer leur image. À leur décharge, les « stormeurs » ne ragent pas contre les réfugié-e-s à la frontière quand ils et elles sont occupé-e-s à remplir des paniers au IGA ou à manifester « pour les enfants ». L’activité de leur groupe Facebook, principal outil de mobilisation, semble être au point mort.

 

La Meute

Le contingent de “sécurité” de La Meute, lors de la “Vague bleue”, à Montréal, le 4 mai 2019.

Inutile désormais de présenter La Meute, le groupe national-populiste de loin le plus structuré et le plus important numériquement… jusqu’à son effondrement brutal en juin 2019. L’année 2018 s’était pourtant plutôt bien passée, avec la sortie médiatique de leur manifeste et la tenue de plusieurs actions très visibles dans le cadre de la campagne électorale provinciale. Le groupe s’était d’ailleurs attribué la victoire de la CAQ et le départ du libéral Philippe Couillard, et promettait d’être très visible dans l’actualité de 2019. Le tandem Sylvain « Maikan » Brouillette, comme porte-parole et idéologue, et Steve « L’Artiss » Charland, comme figure fédératrice à l’interne, semblait très bien fonctionner, mais les dissensions internes se sont avérées plus redoutables que l’esprit de corps au sein du groupe. Dans un geste dramatique qui ne manquait pas de panache, Charland a quitté l’organisation et brûlé ses couleurs de La Meute le 24 juin 2019, en compagnie de plusieurs chefs de clan et membres du conseil. (Il serait fastidieux d’inclure ici le détail de ces conflits, mais les intéressé-e-s en trouveront une synthèse en note[i].) Aujourd’hui, le clan Charland semble avoir raccroché les gants ou être passé à Storm Alliance, tandis que Sylvain Brouillette semble bien seul à la tête d’une organisation désormais virtuelle, mais toujours tenue d’une main de fer par « la Garde », les fameuses « pattes rouges » qui lui sont restées fidèles.

Concrètement, La Meute n’a pas fait partie de l’actualité en 2019 et rien n’indique qu’un retour de l’organisation soit probable en 2020.

 

Groupe Sécurité Patriote (GSP)

Le Groupe Sécurité Patriote pose avec des membres des III % du Québec.

Le GSP était initialement le groupe (d’in) sécurité du Front patriotique du Québec (FPQ) avant de prendre peu à peu son indépendance, bien que les deux organisations soient encore proches et collaborent à l’occasion. Le GSP a également intégré une partie de la section montréalaise des III %. C’est un petit groupe d’une quinzaine de personnes, assez structuré et dirigé par Robert « Bob le Warrior » Proulx, qui s’est fait connaître pour sa fâcheuse propension à s’afficher avec le drapeau autochtone des Warriors dans des manifestations identitaires ainsi que ses affinités avec les boneheads des Soldiers of Odin.

Le boss de GSP, Robert Proulx, comme cul et chemise avec le néonazi Kevin Goudreau, à Saint-Bernard-de-Lacolle, le 24 août 2019 .

Pour le GSP, ce fut globalement une année d’échec marquée par une pitoyable manifestation pro-Loi 21 à Montréal, le 8 juin (avec une vingtaine de participant-e-s, essentiellement les membres actif-ve-s de GSP), le fiasco de la manifestation annuelle du FPQ, le 1er juillet, et leur exclusion de la « Vague bleue » en raison d’une attitude jugée trop paramilitaire le 4 mai, à Montréal. À la fin de l’été2019, le GSP se met en tête de manifester régulièrement au poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle pour protester contre l’immigration irrégulière et demander la fermeture du chemin Roxham. Le groupe organise finalement deux rassemblements. Le premier (le 24 août) avait initialement été proposé par Lucie Poulin du Parti Patriote, et réunit une cinquantaine de personnes, dont plusieurs en provenance de l’Ontario, y compris le néonazi de triste réputation Kevin Goudreau. Le second rassemblement (le 19 octobre) réunit près de 120 personnes et parvient à remobiliser une partie des composantes de l’extrême droite québécoise, très divisée depuis l’échec de la « Vague bleue » et l’éclatement de La Meute.

Cette manifestation aurait pu être considérée comme une réussite et faire craindre aux forces antiracistes une mobilisation susceptible de prendre de l’ampleur… mais elle portait plutôt en elle les germes de la discorde. En effet, les nombreuses tensions entre le GSP et LGDQ, qui avaient été en partie maintenues sous le couvercle jusque-là, ont éclaté au grand jour lors de cette manifestation et dans la foulée.

 

Le Parti populaire du Canada et les élections fédérales

Le 21 octobre 2019, Justin Trudeau a été réélu Premier ministre du Canada à la tête d’un gouvernement libéral minoritaire. Les élections de 2019 auront notamment permis de confronter les prétentions de Maxime Bernier à la réalité, lui qui avait longtemps été député conservateur en Beauce avant de quitter le bercail pour créer le Parti populaire du Canada en 2018, dans l’espoir de dépasser les conservateurs sur leur droite.

Dès le départ, le PPC a adopté une position anti-immigration et négationniste vis-à-vis des changements climatiques, et lorsque ses rassemblements ont été pris pour cible par la gauche radicale, Bernier ne s’est pas fait prier pour traiter explicitement les « antifas » de terroristes. Le PPC a obtenu le soutien de nationaux-ales-populistes de partout au Canada, bien qu’au Québec ce soutien ait été mitigé par une certaine opposition à son nationalisme canadien. (Le minuscule et incompétent Parti Patriote, dirigé par Donald Proulx, a d’ailleurs cherché sans succès à consolider cette opposition nationaliste.) Bernier lui-même a également été critiqué à plusieurs reprises pour avoir accueilli à bras ouverts le soutien de différents éléments d’extrême droite et accepté de poser avec, notamment, des membres du Northern Front et des Soldiers of Odin.

En dépit des ambitions de son chef, le PPC a échoué lamentablement, ne réussissant pas à faire élire un-e seul-e candidat-e ou à recueillir ne serait-ce que 2 % du vote populaire. Cet échec est sans doute en partie dû au sentiment, largement répandu à droite, que le PPC n’avait aucune chance de déloger les libéraux, ce qui semblait être la grande priorité. Ainsi, plusieurs nationaux et nationales-populistes ambivalent-e-s au Québec ont voté pour le Parti conservateur ou le Bloc Québécois. (Il est à noter que si la direction du BQ a déclaré qu’elle ne tolérerait pas la présence de militant-e-s d’extrême droite dans ses rangs, les médias ont découvert plusieurs candidat-e-s qui avaient affiché à plusieurs reprises des messages racistes et d’extrême droite sur les médias sociaux).

 

Les néofascistes

 La Fédération des Québécois de Souche

Un collant représentant le pianiste André Mathieu, vraisemblablement produit dans l’entourage de la Fédération des Québécois de souche et affichés notamment par des militant-e-s d’Atalante à Québec et Montréal à l’été 2019.

La FQS n’est pas un groupe de terrain (elle laisse ce rôle à son organisation sœur, Atalante) et joue plutôt un rôle de fédération et de diffusion idéologique avec sa page Facebook très consultée et son journal périodique Le Harfang. Au cours de l’année, elle diffuse de nouveaux autocollants, qui sont surtout trouvés à Québec, mène quelques actions d’affichage et organise un happening de soutien au mouvement naissant des Gilets jaunes, à Québec. En avril, la FQS voit son « mémoire » sur le projet de loi 9 sur l’immigration déposé en commission par la députée caquiste de Châteauguay, MarieChantal Chassé. Le mémoire est retiré du site de l’Assemblée nationale dès le lendemain, lorsque le caractère raciste de la FQS est relevé par Québec Solidaire.

 

 

Atalante

Quelques dizaines de fans assistent au concert de Légitime Violence et du groupe NSBM français Baise Ma Hache au Bar le Duck, à Québec, le 8 juin 2019, après que le réseau antifasciste soit parvenu à faire annuler la tenue du concert au Centre Durocher.

Atalante poursuit ses activités régulières (randonnées, affichage, distribution de sandwichs et camps de formation) principalement à Québec et à Montréal, ou sa tentative d’implantation n’a pourtant pas semblé fonctionner. En dépit de ces activités, on a pu remarquer une stagnation de ses effectifs et des tentatives de recrutement au Saguenay, où l’organisation ne compte probablement qu’une poignée de membres satellitaires. On peut noter deux évènements marquants pour Atalante cette année : la venue du band NSBM français « Baise Ma Hache » en juin 2019 (partiellement déroutée par le milieu antifasciste), et le procès du leader Raphaël Lévesque[ii].

Les antifascistes ne les ont pas laissé-e-s tranquilles :

 

 

 

 La mouvance Alt-Right

Julien Côté Lussier accompagné de Shawn Beauvais-MacDonald, à Verdun, le 19 octobre 2019.

Le noyau organisé de l’Alt-Right à Montréal a explosé en 2018, et la plupart des figures centrales ont fui le Québec ou se sont tapies dans l’ombre. L’actualité de l’année a été la candidature de Julien Côté aux élections fédérales et l’appel en renfort de son camarade néonazi Shawn Beauvais-MacDonald, aussi militant d’Atalante. Nous avons par ailleurs appris que ce dernier a quitté son emploi au groupe Securitas et fait un bref passage au Centre intégré de mécanique, de métallurgie et d’électricité, ce qui lui a d’ailleurs valu la visite de militant-e-s antifascistes! En dehors de cela, les activités de l’Alt-Right à Montréal ont suivi la même courbe qu’ailleurs en Amérique du Nord et ont été pratiquement inexistantes à l’extérieur du monde virtuel au Québec, mis à part le harcèlement des propriétaires d’un café de Val David, que l’on peut vraisemblablement imputer à des trolls  Alt-Right qui résident dans la région.

Sinon, la fuite des salons de discussion du forum Iron March en novembre a permis d’identifier quelques Québécois, dont au moins un était aussi actif dans le salon discussion du groupe Alt-Right Montréal sur Discord.

 

2020 jusqu’à maintenant…

Dans les premiers mois de 2020, l’actualité politique au Canada a été marquée par une importante vague de résistance autochtone déferlant sur l’ensemble du pays. Ce sursaut historique pourtant inéluctable a clairement pris l’extrême droite québécoise par surprise[iii].

Dans le Canada anglais, les nationaux et nationales-populistes et les néofascistes se sont ligué-e-s dans leur opposition féroce aux revendications des peuples autochtones pour la défense de leur souveraineté. À Edmonton, le 19 février, des éléments d’extrême droite associés au groupe United We Roll ont démantelé une barricade de solidarité, déclenchant du même coup des appels à les imiter partout au pays. De nombreuses menaces d’attentats à la bombe ont été formulées contre des militant -e-s autochtones, et les communautés autochtones de partout au Canada ont été la cible d’innombrables commentaires et injures racistes, tant en ligne que dans la rue. L’extrême droite canadienne-anglaise s’est montrée pratiquement unanime dans son hostilité aux blocus de solidarité, s’appuyant à la fois sur le racisme qui caractérise ces groupes et sur un puissant courant niant les changements climatiques, lequel est ancré dans des théories complotistes voulant que les élites « mondialistes » financent secrètement les troubles et les conflits mondiaux, les mouvements écologistes, etc.

Au Québec, la réaction observée initialement a suivi un schéma fort différent. Bien que de nombreux-ses nationaux et nationales-populistes québécois-e-s adhèrent au racisme, au déni du réchauffement climatique et aux délires complotistes de leurs cousin-e-s des autres provinces, la réaction aux blocages a été généralement confuse. Dans les premiers jours de la vague de résistance, l’un des principaux arguments relayés au sein de leurs réseaux était l’injustice supposée d’un « deux poids, deux mesures ». Ils et elles estimaient que si des blocages du même genre que ceux menés par les Autochtones et leurs sympathisant-e-s étaient réalisés, les gens seraient certainement arrêté-e-s et réprimé-e-s, tandis que les blocages de solidarité avec les Autochtones étaient tolérés. En même temps, on a vu des cas isolés d’activistes d’extrême droite déclarant leur solidarité avec la lutte des Wet’suwet’en. Cette réaction différenciée est sans aucun doute le résultat des différentes façons dont les nationaux-ales-populistes se positionnent par rapport à l’État-nation canadien à l’intérieur et à l’extérieur du Québec.

Néanmoins, après la première semaine d’actions de solidarité, notamment dans le contexte d’un important blocus à Kahnawake et d’une barricade de solidarité à Saint-Lambert, les nationaux et nationales-populistes québécois-e-s ont redécouvert leur antipathie historique pour la nation mohawk. Ce revirement a mis abruptement fin à la pantomime hypocrite qui se jouait depuis plusieurs années au Québec, où des leaders d’extrême droite comme de nombreux-ses simples militant-e-s s’étaient positionné-e-s comme des allié-e-s naturel-le-s des Autochtones contre l’État canadien. Ce n’était soudainement plus le cas, et les commentaires et menaces racistes anti-autochtones ont commencé à se multiplier dans la fachosphère québécoise. Rien de tout cela ne s’est pour autant traduit en actions tangibles, car certain-e-s acteur-trice-s clés ne savaient pas comment se positionner. De plus, l’extrême droite était mal préparée à intervenir sur le plan organisationnel.

À la mi-mars 2020, alors que d’un item d’actualité lointaine, la COVID-19 devenait rapidement une pandémie d’envergure mondiale exigeant un confinement généralisé de la population, l’extrême droite québécoise s’est montrée tout aussi inopérante. Tandis que les forces de gauche organisaient des groupes d’entraide dans les collectivités et menaient des « manifestations de voitures » en solidarité avec les migrant-e-s aux prises avec des conditions létales dans les centres de détention, l’extrême droite québécoise était confinée aux médias sociaux, où sa principale occupation consistait à propager diverses théories du complot sur le virus, dont l’idée parfaitement irrationnelle voulant que celui-ci soit propagé par la technologie sans fil 5G…

 

Un avenir incertain…

L’agitation d’extrême droite, qui a commencé à prendre de l’ampleur en 2016, semble s’être finalement aplatie en 2019. Depuis, nous avons simplement constaté une série de tentatives largement infructueuses ou éphémères de se regrouper et d’aller de l’avant. Cette faiblesse de nos adversaires s’est manifestée dans leur incapacité à répondre efficacement, jusqu’à présent, à l’un ou l’autre des deux principaux enjeux sociopolitiques de 2020. Cela dit, leur base n’est pas prête de disparaître et l’état d’esprit complotiste et raciste dont on observe aujourd’hui les diverses manifestations pourrait annoncer une expansion de l’extrême droite dans les mois à venir.

Comme nous l’avons déjà indiqué ci-dessus, il ne faut pas considérer le désarroi actuel des forces d’extrême droite comme une victoire de notre part. Aujourd’hui, deux des principales revendications portées par l’extrême droite depuis plusieurs années au Québec ont été satisfaites : la Loi 21 interdit aux personnes portant des « vêtements religieux » d’occuper divers emplois dans le secteur public (cette loi vise en tout premier lieu les femmes musulmanes portant le hijab) et, dans le contexte de la pandémie, le passage frontalier irrégulier du chemin Roxham a été fermé aux demandeur-euse-s d’asile. Il va sans dire que la gauche radicale, au sein du milieu antiraciste/antifasciste, mais aussi bien au-delà, a encore beaucoup de pain sur la planche.

La situation nouvelle créée par la pandémie est remplie de dangers et d’incertitudes. Dans les mois à venir, de nouvelles possibilités politiques vont se présenter et les propositions politiques ancrées dans la peur et la désignation de boucs émissaires auront probablement le vent en poupe. Nous vous encourageons à lire nos Réflexions préliminaires sur la situation actuelle (en date du 30 mars).

La vigilance, comme la solidarité, sera certainement toujours de mise.

 

 

 


[i]               Pour la postérité, et pour ceux et celles qui cultivent une fascination morbide pour ce genre de choses, voici grosso modo comment ça s’est passé.

Un conflit a éclaté au sein de La Meute en mai 2019, lorsqu’il est devenu clair que le porte-parole (et chef de facto) Sylvain Brouillette s’était montré incapable de remplir la paperasse pour La Meute Inc. pour l’exercice financier 2017-2018. Des membres de l’exécutif se sont inquiété-e-s de l’image que cela projetterait s’il-le-s n’étaient pas en mesure de répondre aux questions des membres des clans (comme sont appelées les sections régionales de La Meute), et que cela retarderait encore l’enregistrement de La Meute comme organisation à but non lucratif. Tandis que Brouillette se défendait en évoquant des problèmes d’ordre personnel (un divorce conflictuel et des difficultés professionnelles) et se plaignait de n’avoir jamais voulu être responsable de la comptabilité, d’autres membres de l’exécutif l’accusaient de monopoliser le pouvoir, de contrôler l’information et de diriger La Meute comme si c’était sa propre entreprise privée.

Au fur et à mesure que les tensions s’aggravaient, tou-te-s les membres de l’exécutif (à l’exception de Brouillette) ont démissionné. Brouillette a démis Stéphane Roch de ses fonctions comme administrateur de la page Facebook publique de La Meute, et en guise de représailles, Brouillette s’est à son tour vu retirer les privilèges d’administration de la page secrète de l’organisation. Le 19 juin 2019, tout semblait indiquer que Brouillette avait été évincé de l’organisation et que ses critiques (regroupé-e-s autour de Steeve « L’Artiss » Charland) avaient pris les rênes, mais en quelques jours seulement, Brouillette a réussi à reprendre le contrôle de la page Facebook secrète, et Charland et ses fidèles étaient sur la voie de sortie.

L’une des premières actions de Brouillette de retour aux commandes a été de publier les chiffres de l’exercice financier2017-2018. Bien que ce rapport ne soit pas assez détaillé pour satisfaire aux exigences de Revenu Canada, il révèle une organisation fonctionnant avec un budget dérisoire, avec à peine 10 000 $ en reçus. La moitié de ce budget est inscrite comme un « don des Chinois », une probable référence à la Chinese Canadian Alliance, un groupe « astroturf » qui a organisé une grande manifestation sur la Colline Parlementaire à Ottawa le 18 février 2018, à laquelle ont participé La Meute et Storm Alliance, entre autres. (À l’époque, Brouillette avait déclaré : « La Meute s’est créé une solide alliance avec la communauté chinoise et nous croyons que cela ouvrira la porte à des alliances avec d’autres communautés dans un futur proche »… pourvu qu’elles paient, pourrions-nous ajouter!)

Pour ponctuer spectaculairement ce conflit, un grand nombre d’ancien-ne-s membres se sont fait un point d’honneur de célébrer la Saint-Jean-Baptiste en brûlant et en détruisant leurs vêtements et accessoires aux couleurs de La Meute (casquettes, vestes de cuir, drapeaux, etc.), déclarant du même coup que La Meute était « morte ». Les clans ont toutefois semblé accepter le retour de Brouillette.

Quoi qu’il en soit, au moment d’écrire ces lignes (avril 2020), le groupe est resté essentiellement inactif depuis que les événements décrits ci-dessus sont survenus.

 

[ii]               Lévesque « est accusé d’introduction par effraction, de méfaits et de harcèlement criminel à l’égard du journaliste Simon Coutu et d’autres employés de VICE Québec. L’homme de 36 ans est également accusé d’avoir intimidé Simon Coutu pour le forcer à s’abstenir de “couvrir les activités du groupe Atalante Québec”. Ce dernier avait publié plusieurs reportages sur l’extrême droite dans les semaines précédentes. »
https://www.lapresse.ca/actualites/justice-et-faits-divers/201912/09/01-5253022-intimidation-a-vice-le-leader-dun-groupe-dextreme-droite-en-cour.php

 

[iii]              Comme l’explique Solidarité sans frontières : « En décembre 2019, un juge de la Cour suprême de Colombie-Britannique a accordé une injonction contre les défenseurs du territoire basés au campement Unist’ot’en, lesquels tiennent depuis plusieurs années un blocus pour empêcher la construction du projet de gazoduc Coastal Gas Link (de l’entreprise Trans Canada) devant traverser le territoire non cédé de la nation wet’suwet’en. Un deuxième campement de blocage a été dressé par un autre clan des Wet’suwet’en, les Gidimt’en, qui manifestent une opposition solidaire au gazoduc au sein de leurs structures de gouvernance traditionnelle, et au mépris d’une décision judiciaire qui refuse de reconnaître leur souveraineté et leur titre. (…) La GRC a imposé un black-out médiatique au moment même où elle entreprend une invasion à grande échelle du territoire des Wet’suwet’en pour démanteler les blocus. Les défenseurs du territoire ont lancé un appel urgent à la solidarité et au soutien, face à ce qu’ils considèrent comme “un acte de guerre” et “une violation des droits de la personne, un siège, et une extension du génocide auquel les Wet’suwet’en ont survécu depuis le contact”.

 

Nique la police – Demain et toujours [Vidéo]

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Mai 022020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Ceci s’inscrit dans la lignée d’actions pour le 1er mai 2020.

Le premier mai est l’occasion de se rappeler pourquoi nous luttons pour un monde plus juste, un monde qui ne serait pas soumis à la domination d’une élite capitaliste, un monde où on peut rêver. Toutefois, pour des raisons évidentes, nous ne pourrons pas nous réunir dans les rues cette année, mais la contestation n’est pas morte pour autant. Malgré ses ravages, la crise du coronavirus a fourni l’occasion a beaucoup de briser la normalité et de reconsidérer nos rythmes de vies anxiogènes, éffrénés et déshumanisés. Plus que jamais, ces temps troubles sont l’occasion de réfléchir à nos possibilités de créer un monde nouveau que nous seul.e.s pouvons façonner à travers l’entraide et la solidarité.

Toutefois, les temps de crise sont aussi propices au développement de solutions autoritaires. Il est donc important de se rappeler que la bonne gestion de cette crise passe par notre capacité d’action collective et que nous devrons nous préparer à répondre aux forces de l’ordre qui, elles, opèreront avec encore plus de violence et d’arrogance que jamais. Que ce soit ici, à Villeneuve-la-Garenne en France ou ailleurs dans le monde, les mesures de confinement ont donné aux services de police un large éventail de nouveaux pouvoirs, leur permettant d’agir impunément avec plus de brutalité. Devant cela, il était important pour nous d’exprimer à ces parasites que, même malgré la crise, ils ne seront jamais les bienvenus dans nos communautés.

Les bureaux de la CORPIQ inondés pour le 1er mai

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Mai 012020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

La pandémie met en lumière l’hostilité que réserve la CORPIQ (Corporation des propriétaires immobiliers du Québec) envers les locataires. Lorsque des dizaines de milliers de gens de plus en plus précaires peinent à joindre les deux bouts, la CORPIQ exerce des pressions sur la Régie du logement pour qu’elle reprenne les audiences d’expulsion, elle encourage les proprios à exiger les loyers comme à l’habitude et cherche à miner la crédibilité des appels à une grève des loyers internationale. La CORPIQ défend la classe qui profite de notre besoin essentiel d’avoir un toit et fait en sorte que plusieurs personnes soient privé-e-s d’un logement stable et sécuritaire.

L’hostilité est réciproque. La nuit pluvieuse du 29 avril, pour célébrer le premier mai, nous avons visité les bureaux de la CORPIQ à Ville St-Laurent. Nous avons d’abord mis la caméra de surveillance hors-service. Nous avons ensuite brisé une vitre et nous avons inséré l’extrémité d’un boyeau d’arrosage dans leur bureau. Nous avons attaché l’autre bout au robinet extérieur du bâtiment et avons ouvert son débit pour causer une inondation.* Bonne chance avec votre « retour à la normale », trous-de-culs.

Nous n’avons aucune demande à formuler aux gouvernements. Nous avons plutôt une proposition pour les autres locataires et exploité-e-s : que se passerait-il si les proprios devaient y penser deux fois avant d’harceler un locataire, de laisser un logement dans une état insalubre, de proférer une menace d’expulsion? Si les proprios étaient terrifié-e-s à l’idée de voir leurs bureaux vandalisés, leur(s) voiture(s) incendiées, leur(s) maison(s) attaquées lorsqu’ils nous mettent de la pression?

Salutations chaleureuses à tous-tes les grévistes des loyers qui s’organisent pour se soutenir les un-e-s les autres et qui répandent la grève.

Solidarité avec les prisonniers-ères et avec tout le monde qui se retrouve coincé dans des relations coercitives avec l’État et le capital. Les grévistes de la faim de Laval nous ont montré il y a quelques semaines qu’il est possible de résister même dans les conditions les plus sombres.

Nous dédions cette action à ceux et celles qui se sentent isolé-e-s, déprimé-e-s, sans espoir dans ces circonstances. Ca ne va peut-être pas « bien aller », mais nous n’abandonnerons jamais la lutte pour un monde sans systèmes qui profitent de la misère.

*Nous encourageons les personnes qui voudront essayer cette tactique dans le futur à utiliser la fente à courrier lorsque cela est accessible. Quand une fenêtre est brisée, il y a toujours des risques qu’une alarme soit déclenchée ou que quelqu’un-e appelle la police. Nous avons pris ce risque et avons fait le pari que si la police était alertée, elle n’arriverait pas assez vite pour prévenir les dégâts.

Dans chaque crise, des opportunités : Appel à l’action décentralisée pour le 1er mai

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Avr 222020
 

Soumission anonyme à North Shore Counter-Info

Peu importe l’histoire qu’on raconte du 1er mai, une chose ne change jamais: c’est un moment pour se réunir, soit pour défiler dans la rue ou fêter un nouveau printemps. Bien que le beau temps qui arrive nous réjouit, nous sommes pour la plupart bloqué·e·s chez nous. On suit l’actualité, on essaie de décider comment mieux agir, on regarde le 1er mai qui s’approche et on se demande de quoi il aura l’air cette année si on ne peut pas envahir le centre-ville pour profiter du jour comme nous le connaissons : une fête anticapitaliste.

La vie est une histoire qui ne cesse d’évoluer, une toile changeante. Nous avons toujours dû s’accoutumer et adapter nos tactiques à ces nouvelles réalités au fil qu’ils émergent. Ce moment n’a rien de neuf. Le contexte où on se trouve est influencé à la fois par le coronavirus et les mesures répressives de l’État en réponse à lui, mais la nécessité de résister est tout aussi présente.

Même si on ne peut pas se rassembler, il y a encore des manières de marquer le jour, de se sentir partie·s d’un ensemble plus vaste qui a toujours su accueillir le printemps, qui a toujours résisté aux oppresseurs, qui a toujours porté dans son coeur un nouveau monde.

Nous sommes déjà habile à l’action directe décentralisée et elle se fait dans de petits groupes, ce qui est pratique quand la pandémie rend raisonnable une réduction du nombre de personnes avec qui nous sommes en contact. Nous proposons une fenêtre de deux semaines centrée sur le 1er mai pour mener des attaques contre le capitalisme: des tags, de la casse, libérer des trucs, comme vous voulez. Nous avons également envie de voir des actions qui rendent hommage à l’histoire de la résistance et à la terre. Ou les deux.

Dans chaque crise, on trouve des opportunités, pour nous aussi bien que pour les forces auxquelles nous nous opposons. Chose délicieuse que faire du jogging le soir avec un masque et une capuche ne suscite aucune question dans ces rues tellement vides. Et suite au mouvement de solidarité avec les Wet’suwet’en, il y a beaucoup de résistance à célébrer, ainsi que de nouveaux contacts et compétences à approfondir.

Ce contexte montre aussi de vieilles formes de domination sous un nouveau jour: les frontières se durcissent, la police gagne de nouveaux pouvoirs pour contrôler le moindre détail de nos vies, les télécoms se raffolent de nous pister encore plus (pour notre santé), les patrons se réjouissent de voir leurs travailleur·se·s peu payés désignés comme “essentiels” pour qu’ils puissent profiter de la crise, les prêteurs à intérêt (tels les banques et les entreprises de prêt sur salaire) peuvent vendre de nouvelles formes de dettes à des personnes désespérées et l’État arrive à se positionner comme l’unique acteur légitime.

Alors on vous invite à rassembler quelques ami·e·s et sortir la nuit pour célébrer les feux qui brûlent en nous. Partagez vos récits sur des sites telles North Shore Counter-Info, Montréal Contre-info et It’s Going Down pour que nous recevons toutes et tous le rappel que quand on résiste, on n’est jamais seul·e·s.

Note de North Shore: Les appels pour un 1er mai décentralisé se multiplient. En voilà un de Seattle qui date d’avant covid: https://pugetsoundanarchists.org/for-an-autonomous-decentralized-may-day-in-seattle/

Et il y a aussi cet appel pour un mai dangeureux qui circule: https://mtlcontreinfo.org/en-mai-fais-ce-qui-te-plait-un-appel-au-conflit/

Salon du livre anarchiste de Montréal: Ce qu’on va faire en mai 2020

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Avr 202020
 

Du Collectif du Salon du livre anarchiste de Montréal

Bonjour à tous et toutes,

Pour une multitude de raisons, la plupart en lien avec la situation de la COVID-19, le collectif du Salon du livre anarchiste de Montréal a dû prendre la décision difficile, mais nécessaire, de ne pas organiser le rassemblementBonjour à tous et toutes,

Pour une multitude de raisons, la plupart en lien avec la situation de la COVID-19, le collectif du Salon du livre anarchiste de Montréal a dû prendre la décision difficile, mais nécessaire, de ne pas organiser le rassemblement annuel de deux journées qui a lieu autour du parc Vinet, depuis les deux dernières décennies. Néanmoins, nous désirons organiser tout de même un évènement le 17 mai 2020 qui prendra une forme différente dans les circonstances, mais qui permettra de préserver nos liens, politiques et solidarités.

En tant que petit collectif, nos capacités sont limitées, d’autant plus que nous faisons face à de nouvelles contraintes dans nos vies hors de celui-ci. Alors nous aurons besoin de votre aide essentielle et de votre soutien, comme c’est le cas à chaque année!

Ceci étant dit, voici ce que nous espérons réaliser pour le 17 mai prochain.

Comme nous l’avons toujours fait, nous voudrions fournir aux artistes, auteur-es, éditeur-ices de littérature anarchiste ainsi qu’à d’autres sortes de groupes et organisations un espace efficace pour y vendre et distribuer librement des libres, zines, affiches, autocollants et autres médiums aux personnes qui en veulent. Nous voyons cela comme une approche à deux dimensions : des « kiosques » en ligne et des livraisons en personne (à Tioh:tiàke, voire sur l’île de Montréal). Dans un contexte où l’infrastructure anarchiste se voit contrainte à fermer boutique, à proprement parler, nous voyons les ventes comme faisant partie de la solidarité, pour permettre aux projets de rester actifs à travers cette récente crise, ce qui est lié aussi à l’importance générale de diffuser les idées et inspirations anarchistes dans le monde extérieur.

Le collectif va devoir se fier en grande partie sur les éditeur-rices tout comme les livreur-euses pour que ça fonctionne, mais nous sommes aussi disposé-es à offrir nos ressources en termes de mise en place d’une infrastructure de télécommunications et d’autres formes de soutien technique.

Au-delà de continuer de distribuer livres, art et d’autre matériel de diffusion anarchiste, on aimerait aussi créer un espace ce 17 mai pour des conversations en temps réel, similaire à celui offert les années précédentes par le Salon. Nous envisageons cela comme un mélange de quelques conférences (qu’on souhaite rendre aussi accessible que possible, incluant des diffusions en temps réel sur la radio communautaire comme sur internet), des tables rondes plus participatives en petits groupes, tout comme des conversations de personne à personne entre organisateur-rices (en équipes formées à l’avance).

Aussi ce 17 mai nous aimerions voir un déferlement d’art de rue et d’affiches à travers Montréal, en une sorte de vernissage extérieur facilitant la distanciation sociale, et nous encourageons les artistes et autres de ne pas que faire ainsi, mais aussi de le documenter avec des photos, aussi.

Alors qu’on approche le premier mai, nous allons publier une nouvelle annonce avec plus de détails et probablement quelques nouvelles initiatives. D’ici là, par exemple, ça pourrait devenir plus clair si une quelconque forme de rassemblement en un lieu physique sera possible pour la fin de semaine du 16-17 mai, et nous considérons aussi l’idée d’un zine pour après le Salon du livre. Nous espérons aussi avoir notre affiche, dessinée par Kevin Lo, prête pour le premier mai, et aimerions la voir placardée un peu partout en ville.

Finalement, nous souhaitons remercier tous ceux et celles qui nous ont fait parvenir des suggestions et qui ce sont inscrit-es pour être bénévoles. Si vous êtes intéressé-es à faire de l’affichage à Montréal ou voudriez contribuer à ce projet en tant que modérateurs et modératrices, concepteur-rices web ou traducteur-rices (de l’anglais au français, mais aussi de l’anglais vers d’autres langues d’usage courant à Montréal), inscrivez-vous ici:

https://noise.autistici.org/mailman/listinfo/benevoles-volunteer-salonmtl

Prenez soin de vous, donnez du soin autour de vous,
Solidairement,

Le Collectif du Salon du livre anarchiste de Montréal

Surprise, on a encore des droits!

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Avr 172020
 

Du Collectif opposé à la brutalité policière (COBP)

Parce que vous êtes plusieurs à vous demander quels sont nos droits durant cette pandémie, nous avons cru bon de publier ce guide, en espérant que cela puisse vous éclairer !

On en profite pour souligner le travail acharné de : Me Franccesca Cancino, Me Émilie Breton-Côté, Me Alia Chakridi, Me Raphaëlle Desvignes, Émilie E. Joly, Jacinthe Poisson et Me Arij Riahi . Le document a été révisé par Me Denis Barrette et la professeure de droit Dominique Bernier.

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PDF: Surprise, on a encore des droits !!

Le confinement des consciences

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Avr 132020
 

Du Collectif Emma Goldman

Nous avons bien ri en Occident de ces images présentant la lutte désespérée de consommateurs des grandes chaînes pour l’accaparation de quantités irrationnelles de papier de toilette. Interrogés par certains médias, les consommateurs répondaient alors ne pas savoir pourquoi ils avaient besoin d’autant de rouleaux ou bien simplement suivre le mouvement de la foule.

Le sentiment de catastrophe est difficile à refouler. Les experts de l’État nous demandent de nous en remettre aux héroïnes, des héroïnes des soins de santé qu’ils ont surmenées, épuisées et découragées à force de coupures répétées dans les budgets et de dévalorisation de leurs métiers en vue des négociations de conventions collectives.

La dissonance est intense… la colère l’est aussi. Les directions « rationalisent » le matériel de protection des employé-e-s ; c’est-à-dire encore à ce jour pas de masque et peu de gants pour les soignants et soignantes dans bien des foyers de personnes âgées malgré l’hécatombe.

Des divertissements et des boucs-émissaires. Pendant que les « anges gardiens » se tuent à la tâche pour des salaires réels plus bas que ceux des décennies précédentes (prospérité l’oblige claironne le patronat québécois!), le peuple est prié de regarder ailleurs – de regarder des vidéos de bébés animaux. Ça va bien aller… et surtout attendez patiemment que l’État remette en place les conditions normales de votre exploitation. Ce n’est pas un beau rêve. L’État est le plus froid des monstres, pour paraphraser Nietzsche, des mensonges rampants de sa bouche, il nous dit : ‘moi l’État, je suis votre soignant ».

Le récit que tout un chacun se faisons des événements n’est pas personnel… il est façonné en grande partie par l’État. Face à la crise, celui-ci nous sort les mêmes vieilles recettes. Xénophobie au rendez-vous, le virus aurait la nationalité chinoise pour plusieurs, dont Trump, ou du moins la faute serait à rejeter sur ce peuple; une duperie qui fait bien l’affaire des populistes qui sentaient leur fierté nationale froissée par la montée de la Chine. Le racisme ne demeure jamais vraiment confiné dans le « domaine des idées ». Il s’est bien manifesté de plusieurs façons par l’expression et les gestes haineux envers les personnes d’origine chinoise ou associée à pour des raisons parfois stupides. Une chicoutimienne née en Chine a par exemple dénoncé plusieurs incidents survenus dans notre région [https://www.iheartradio.ca/energie/energie-saguenay/nouvelles/coronavirus-une-chicoutimienne-nee-en-chine-victime-de-racisme-1.10852664].

Fidèle à ses habitudes, l’État a également envoyé son bras armé pour « mater la crise ». Les appels à l’ordre public ont généré un véritable régime de délation où chacun est appelé à épier les gestes des autres et s’en remettre aux policiers. L’ennemi est potentiellement le voisin ou la voisine. La situation québécoise est actuellement tellement pitoyable que même les flics se disent dépassés par le flot d’appels sordides et demandent aux québécois et québécoises de « slacker » la délation! Certains politiques croient que l’État est trop mou et demandent l’intervention de l’armée. Faut croire que ce virus est une sorte d’anarchiste…

Enfin, les frontières. C’est par le pouvoir des politiciens, et non celui du corps médical, que le récit populaire des événements a acquis la croyance que le virus serait propagé par les personnes provenant de l’extérieur, voir particulièrement les personnes immigrantes, et que la fermeture des frontières nationales constituerait une façon d’enrayer sa propagation. Après les pressions populistes, le gouvernement canadien a même pris des mesures pour empêcher l’accès au Canada des demandeurs du statut de réfugié. Pensons-nous pouvoir vivre dans une bulle de verre hermétique? Le fantasme des populistes de droite est d’une stupidité sans nom. On demande le confinement forcé à des milliards de personnes du Sud global, qui pour une grande partie n’ont pas l’eau potable à la maison ou doivent se débrouiller au jour le jour pour répondre aux besoins de base de leur famille… Combien vont mourir de faim ou de soif plutôt que du coronavirus alors que des pays comme le Canada préféreront investir des milliards pour soutenir l’industrie délétère des énergies fossiles? Comment ensuite penser que cette absence de solidarité avec le Sud global dans le contexte de pandémie ne favorisera pas une propagation encore plus intense et encore plus difficile à combattre au Canada dans le futur? Fuck!

S’il vous plait, protégeons-nous contre le virus, mais combattons également le confinement des consciences par la solidarité de classe et la solidarité internationale. Ciblons les vrais ennemis.

Anarchiste du Pekuakami

En mai, fais ce qui te plaît – Un appel au conflit

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Avr 132020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Ici nous pouvons aisément réaliser que le gel hydroalcoolique sert aussi bien à se désinfecter les mains qu’à allumer des incendies.

En d’autres termes que nous n’avons pas besoin des directives de l’état pour prendre soin de nos proches, et, une fois réglée la question de la survie, nous n’avons rien de mieux à faire que de sortir trainer à l’affût d’un mauvais coup, nous avons plus que jamais besoin de vengeance et d’amitiés réellement vécues.

Maintenant que nous sommes pris dans ce système futuriste nous ne pouvons plus que déclarer la guerre à la normalité si nous ne voulons pas mourir d’un ennui aseptisé.

Nous sommes face à un double mouvement. D’un coté le pouvoir semble ne jamais avoir été aussi fort, ne jamais avoir tant conquis les coeurs et les esprits de ses citoyens dociles. De l’autre il semble ne jamais avoir du gérer une situation aussi complexe (du moins depuis notre naissance).
Face à cela peut-être pouvons nous conclure deux choses.

Premièrement qu’ il n’est plus question d’attendre une quelconque masse qui viendrait à s’éveiller pour l’affronter.

Deuxièmement que le moment semble propice pour attaquer.

Propice ici ne signifie pas le seul bon moment. Il est toujours temps pour s’opposer.
Non, propice signifie ici que notre adversaire est complètement occupé à d’autre choses et que nous n’avons aucun moyen de savoir ni ce que nos actes peuvent produire comme effet en chaîne (au vu de la situation assez inédite pour notre époque) ni si nous aurons prochainement une autre occasion.

Cela ressemble à un pari intéressant pour les ennemis du pouvoir. Se saisir de l’occasion et voir ce qui pourrait se passer …

À l’heure où les forces du contrôle qui quadrillent l’espace en véhicules, en drone ou à pieds n’ont jamais été aussi présentes et surmenées, que se passerait si elle étaient menacées dans leurs bastions par des messages de mort écrit à la peinture ? Prises à partie régulièrement par quelques pierres/cocktails/artifices/pétards en pleines nuit pendant leurs sommeils ? Se faisaient attaquer pendant leurs patrouilles ?

A l’heure où les cages sont pleines à craquer et où l’on crève derrière un grillage, que se passerait il si des voitures de matons venaient à rencontrer un tournevis/un marteaux/quelques allumes feux ? Si les personnes qui surveillent et enferment, déjà sous pressions constantes, se faisaient agresser en rentrant chez elles ?

A l’heure où tout le monde ou presque travaille/étudie/partage/se détend/s’instruit/s’insurge/fais du sexe/… face à un écran, que ce passerait il si quelques cables de fibres optiques sous une trappe faciles d’accès étaient saboté ?

A l’heure où tout le monde ou presque « communique » au travers de téléphones. Commande/ ordonne/planifie/organise pour produire (et parfois pour militer) ou « prends soin » via des applications ou des coups de fils incessants, que se passerait il si des antennes relais situées dans des endroits parfois fort peu fréquenté étaient rendu inopérantes ?

A l’heure où tout le monde ou presque vit confiné dans un bulle domotique connectée à la matrice comme un ersatz de vie que se passerait il si un pylone haute tension facile d’accès venait à tomber par terre ?

Nous ne savons absolument pas ce que cela pourrait produire. Et c’est précisément pour cela qu ‘il faudrait impérativement le tenter.

Diffuse et traduis ce texte si tu l’as aimé. Attaque et Conspire si tu veux participer.
Communique et développe tes idées si tu veux dialoguer avec d’autres rebelles.

Ce petit texte tient lieu de faire part pour un mois de mai dangereux.

Note numéro 1 : si tu est trop impatient.e pour attendre mai et que cette invitation t’as plu, n’hésite pas à attaquer en avril et à le signifier dans ton potentiel communiqué.
Note numéro 2 : si tu es trop impatient.e pour attendre tu peux attaquer en avril et en mai !

Social Virus

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Avr 122020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Début de la crise et Grande Répression

Cela a commencé en Chine. Des touristes, des banquiers, et d’autres, notables pour leur fortune, l’ont contracté. Le virus étant mortel, et requérant une médecine inconnue, l’on a voulu le contenir au plus vite, mais en vain.

Mon oncle fut parmi les premières victimes au Québec. Peu de temps après sa mort, mon père mourut aussi, sans avoir pu profiter de la fortune de son frère dont il venait d’hériter et sans avoir eu le temps de m’en faire à mon tour l’héritier…

Le virus se propage comme aucun autre connu. Au début de la crise, on disait « de façon aléatoire… ». On dit aujourd’hui que cela ressemble à une malédiction. Par habitude, on prôna l’évitement de la proximité, même si cela ne semblait pas le moyen de propagation du virus. En effet, puisqu’aucun cas n’était enregistré chez les serveurs, serveuses, les caissiers, caissières, bref chez ces travailleurs, travailleuses qui tâtent le moindre produit du capital pour le vendre, et autant de monnaie pour la remettre aux patrons, qui interagissent avec des centaines de gens par jour. Quand ce fut au tour des politiciens de tomber malades, alors qu’on n’enregistrait encore aucun cas chez les masses, on commença à s’intéresser avec zèle à l’origine du virus. Dans l’Est, on crut que c’était un coup des États-Unis. Aux États-Unis, on crut que c’était un coup de l’Est. Or réalisant bientôt que ni l’Ouest ni l’Est n’avait préparé un tel coup, on accusa une supposée Internationale révolutionnaire formée en secret.

La répression de tout regroupement à saveur anarchiste fut brutale. Si bien qu’on regretta de ne pas s’être effectivement organisé.e en Internationale secrète. Les autorités d’ici fermèrent d’abord l’UQÀM, lieu où, drôlement, elles soupçonnaient le plus d’« éléments séditieux ». Nos festivals, nos squats, nos cénacles, la police sabota le moindre de nos espaces. Les plus naïfs et naïves d’entre nous réalisèrent non seulement qu’il faillait bien que ces espaces aient été fortement surveillés déjà pour qu’on les sabote tous ainsi, systématiquement et dès l’émission de l’ordre, mais aussi, qu’il n’y a pas du tout lieu de penser pouvoir mener une activité révolutionnaire en toute sécurité sous domination. Du côté de nos camarades communistes, on vit flamber la Maison Norman Béthune le soir même de la déclaration du gouvernement contre la supposée Internationale. Les autorités sont allées jusqu’à persécuter dans leur demeure les camarades Côté et Gauthier, qui tenaient une librairie d’occasion à Salaberry-de-Valleyfield. Côté et Gauthier, qui apportaient tant à leur communauté par les ateliers qu’iels organisaient, par la distribution de savoirs, par toutes sortes de gestes solidaires, ont fini par mourir des blessures que leur ont infligées les gendarmes. Nous nous assurerons d’une transmission de leur héritage, c’est-à-dire les fruits de leur archivage que des proches conservent pour l’instant et, une fois Valleyfield définitivement gagnée, le maintient d’un lieu de rencontre et de savoir tel que Côté et Gauthier n’en ont jamais rêvé.

Ces écrasantes défaites, dont la liste est si longue qu’on ne saurait la transcrire au complet – je vous partage celles qui m’ont le plus directement touchées – valent mention en cas d’un retour à l’ordre ancien : s’exposer sans plan de secours a eu pour résultat la neutralisation par les autorités de camarades parmi les plus vaillants, vaillantes dès le commencement d’hostilités sérieuses. Et cela, sans qu’on ait pu faire quoi que ce soit pour empêcher ou prendre moins durement le coup. À noter que malgré que plusieurs membres de nos groupes prétendaient militer « au nom des masses », ces dernières ne furent d’aucune aide au commencement de la Grande Répression. Certes, les personnes itinérantes, les fugitives et fugitifs, les gens en refuges n’auraient de toute façon pas pu faire grand chose. Mais je parle de l’autre masse, celle des travailleurs, travailleuses quelque peu engraissé.e.s ou aspirant à le devenir ou entretenant une allégeance indéfectible envers la société de classes. Je parle de profs, d’employé.e.s d’usines, d’infirmières (contre toute attente) et de gens de cuisine! Tout ce spectre allant de l’aristocratie ouvrière à une confortable misère. Je parle de cette masse de traîtres qui ont largement diffusé et encouragé l’opinion du pouvoir à propos d’une crise qui, finalement, était la crise du pouvoir même. En effet, donc, notre exposition, nos façons d’aborder les masses au sein d’un système de domination auront à être repensées en cas de guérison de notre ennemi. Non pas que ces questions n’avaient jusqu’alors jamais été posées. Or on voit bien, à la lumière des événements récents, que ces questions n’avaient pas à être mises en dépôt, que nous révolutionnaires n’étions que toléré.e.s, que si la bourgeoisie nous avait combattu en fonction d’un danger moins grand, moins assuré que le virus, je ne serais pas là à rendre compte de la situation révolutionnaire dans Montréal et ses alentours.

Où en est-on?

Ce ne furent évidemment pas que les révolutionnaires confirmé.e.s qui souffrirent durement des mesures de sécurité bourgeoise. En Indonésie, l’État restreignit à ces agents l’accès à Internet. Tous les services de téléphonie y furent sommés d’enregistrer toute communication et des agents furent payés pour vérifier si le courrier papier ne contenait pas des marques de complots contre l’État. Ce n’est que tout récemment que nous avons pu entrer en contact avec des révolutionnaires de l’Indonésie, après des mois de silence de leur part. Plusieurs autres États ont suivi l’exemple et ont privé de contacts et de ressources des communautés sous prétexte qu’elles accueillaient des « éléments séditieux ». Aussi, dans tous les pays industrialisés, ce fut le confinement général renforcé par la police, la fermeture de tout sauf ce qui a trait aux besoins essentiels, puisqu’on ne savait pas encore si le virus n’allait pas s’attaquer aux masses et se transmettre ainsi davantage. Suite à cet ordre, plusieurs virent leur situation devenir encore plus précaire qu’elle ne l’était déjà : réduction des revenus, isolement en situation de violence conjugale ou parentale, empilement des charges émotives et de travail, etc. Heureusement, l’expérience indique que le virus avait bel et bien une destination et que celle-ci n’était pas le camp des dominé.e.s. C’est ainsi que le renversement de la classe dominante comme destin obligé pour l’atteinte d’une meilleure santé redevint, par un retournement que personne n’avait envisagé, une évidence; et qu’on donna malheureusement raison à cette publication d’avant la Grande Répression, au Lundi Matin : « l’humanité ne se pose que les questions qu’elle ne peut plus ne pas se poser. » Par ailleurs, si vous, travailleurs, travailleuses, et laissé.e.s pour compte, habitez dans une région du monde où la bourgeoisie est encore en puissance, et que vous avez heureusement accès à ce pamphlet, sachez que le virus, s’il demeure, aura vite raison de tout arrivisme. Dans tous les pays où le virus frappa durement, des membres de l’aristocratie ouvrière se sont dépêché.e.s à prendre la place des dominants défunts. Cela, à leur grand péril, comme ce fut le cas avec mon père. L’arrivisme perdure parce que des larbins, larbines sont en ce moment payé.e.s à développer des technologies et des traitements permettant une plus longue résistance au virus. Iels font croire ainsi à une pléthore de borné.e.s que la crise du pouvoir finira bien par passer, que « l’homme est un loup pour l’homme » et rien d’autre. Or à date, la plus longue résistance à la mort prévue fut d’un mois, et après trois semaines, le cerveau dégénère et le malade perd la mémoire, devenant inapte à remplir sa fonction de dominant.

No war, but class war

À l’heure qu’il est, c’est la guerre dans les rues de Montréal, et ailleurs. La police, malgré le déclin de ce pourquoi elle existe, patrouille arme au poing dans les quartiers qu’elle peut encore se permettre de patrouiller. Il faut les voir, les flics, avec leurs machins à respirer… Le mot d’ordre est que tant qu’un chef est proclamé, tant qu’on reconnaît à une personne sa propriété, on défendra le vieux monde. Or les faiseurs de lois et les extorqueurs sont de moins en moins forts et on reconnaît donc de moins en moins leur autorité; la classe dominante ayant perdu sa capacité de renouvellement, il ne reste au pouvoir, pouvoir s’amincissant de jour en jour, que des brutes assumées. C’est suite à un mois complet sans chef que les révolutionnaires sont sorti.e.s de leur trou : tout chef proclamé mourrait la nuit même de sa proclamation. C’est alors que la plupart des scientifiques mandaté.e.s à la recherche d’un antivirus reçurent pour tâche le simple rallongement de la vie des malades, afin que le monde ne sombre pas dans l’anarchie… Durant ce mois, aucune directive claire de la part des autorités. Les forces de l’ordre étaient laissées à elles-mêmes. Et nous réalisions enfin que le virus n’avait définitivement aucune intention belliqueuse à l’encontre de la classe des dominé.e.s. Le bioterrorisme imaginé au début de la crise était-il un fait? A-t-il existé une Internationale secrète qui, après son coup contre les dominants, a fait vœu de silence? Quoi qu’il en soit, les révolutionnaires ont fait, à la sortie de ce mois, ce qui devait être fait : nous nous sommes réuni.e.s et nous avons travaillé à une campagne de mobilisation pour la fin des sociétés de classes, applicable dans les plus brefs délais. Fini le confinement, finie l’attente du salaire. Le travail est à faire non plus selon les caprices d’une élite possédante, mais dans la mesure où nous avons tous et toutes besoin de logement, de nourriture, de loisir, de mener des projets personnels. C’est la guerre, donc, enfin. Le mois suivant fut le retour grandiose des révolutionnaires contre la police, contre tout ce qui nie la reconnaissance de nos besoins et désirs. Le premier meurtre d’un flic à Montréal fut lors du raid de l’épicerie Metro, à Hochelaga. Son corps pend encore sous l’enseigne. Le but avait été de réaménager l’endroit en une gigantesque cuisine et salle à manger commune.

Où en est-on?

Nous n’avons, ici à Montréal, aucune nouvelle des Wet’suwet’en qui bloquaient, dans l’ouest du pays, depuis bien avant la pandémie, la construction d’un pipeline. Il semble qu’iels aient disparu.e.s. Si vous avez de leurs nouvelles, prière, après l’obtention si possible de leur consentement, de le communiquer à des révolutionnaires. Nous devinons qu’il s’agit là d’un coup ordonné par la ridicule Union des Leaders, appareil étatique s’étant inféodé toutes les polices du pays et ayant annulé jusqu’à nouvel ordre toute élection par le peuple, se reconnaissant donc tous les pouvoirs dans le pays. Pour les anarchistes, le remplacement des partis par l’Union des Leaders fait peu de différence. Le gouvernement, le corps policier, qu’ils soient divisés ou non, sont liberticides. Bien sûr, l’aspect discrétionnaire de ce nouvel appareil en a fait souffrir plus d’un, plus d’une, nous le reconnaissons et nous travaillons à ce que les torts soient redressés. Or il faut admettre que cette possibilité n’est que dormante dans un État divisé, qu’elle est masquée, puisqu’il s’agit toujours bien, dans les deux cas, d’une classe qui en extorque une autre. À noter que des universitaires manifestèrent leur mécontentement lors de la formation du nouvel appareil politique, mais qu’iels se turent rapidement quand iels réalisèrent que cette fois-ci, les révolutionnaires ne prendraient pas les coups à leur place, vu leur état diminué. À ce propos, nous n’avons, depuis cet épisode, pas plus de nouvelles de Michel Lacroix, président du syndicat des profs de l’UQÀM. Et à vrai dire, nous nous en soucions peu. Nous avons autre chose à faire que de renouer avec celleux dont le travail payé était la reproduction par l’éducation des inégalités sociales. Prière de le communiquer à Lacroix s’il se sent encore l’âme d’un prof.

La semaine dernière, ce fut officiel : les flics, les soldats, les gardiens de prison, bref les défenseurs salariés des divisions sociales ne sont pas épargnés par le virus. Nous ne nous sommes alors plus gêné.e.s : nous avons fait sauter les murs de la prison de Laval. Cela aurait été impossible il y a quelques semaines. Ce qui reste de gouvernement avait donné l’ordre de fermer les villes et nos camarades lavalois, lavaloises avaient un effectif réduit. Or depuis que les effectifs du bras armé de l’État sont à la baisse, les frontières administratives sont devenues de véritables passoires et des camarades ont pu venir en aide aux révolutionnaires de Laval.

Certitudes et incertitudes

Selon le dicton, une victoire sans péril est une victoire sans gloire. Et force est d’avouer que le péril est moindre, puisque l’on sait que nos ennemis se mettent eux-mêmes en position de contracter le Social Virus (c’est son nouveau nom). Néanmoins, on ne saurait dire que la victoire proche des révolutionnaires ne sera pas glorieuse! Jamais dans ma vie je n’ai constaté une telle abondance de solidarité dans les rues, les milieux de travail. Face aux incertitudes que pose la vie, on a enfin décidé de prendre soin, de se respecter en reconnaissant les besoins et désirs de l’autre. Il n’y aura bientôt plus de gouvernement, plus de patrons, plus de flics, quoique le dernier fantôme du vieux monde puisse dire. Il n’y aura que des individus apprenant à s’organiser en fonction des intérêts de tous et toutes, une camaraderie se généralisant, parce qu’on réalise qu’il n’est pas nécessaire que le rapport à l’autre en soit un de compétition. À ce propos, rien de nouveau : « Deux hommes valent mieux qu’un seul, lisait-on déjà dans L’Ecclésiaste, car ils ont un bon salaire pour leur travail. En effet, s’ils tombent, l’un relève l’autre. Mais malheur à celui qui est seul! S’il tombe, il n’a pas de second pour le relever. » (Qo 4.5)

Parmi nos ennemis, seules les milices patriotiques ne semblent pas atteintes, du moins pas encore, par le virus. Nous n’attendrons pas que cela advienne. Comme j’ai dit, la vie est incertaine. Nous avons en cela le devoir de ne pas nous laisser avoir par le confort que nous procure une providence inconnue. Certains adeptes du vieux monde tentent de faire croire que le virus équivaut à une punition divine « pour avoir permis le ressassement d’idéologies victimaires. » Nous révolutionnaires pensons qu’il s’agit plutôt du dernier sursis accordé à notre cause. Et nous nous devons de lutter maintenant plus que jamais, ne pas attendre la possible guérison de nos ennemis, ou ce sera un douloureux recommencement pour celleux qui ont déjà tant travaillé au monde de demain, celui où la propriété ne sera plus qu’un fantôme, celui où l’économie nous servira plutôt que l’inverse.

Conclusion : continuons.

J’aimerais dire que tout est déjà gagné. Que le socialisme anarchiste et communiste a vaincu. Or je répète : la vie est faite d’incertitudes. Puisqu’on ne sait s’expliquer l’origine du virus, craignons un retour en force et inexplicable de nos ennemis, ne nous assoyons pas sur nos victoires et continuons de combattre, même s’ils sont à l’état de moribonds, les systèmes de domination. Aussi, adressons sérieusement, mais avec calme et recul, les tensions qui existent au sein de nos groupes – rien de trop hâtif ou découlant d’un défaitisme – afin que ne soient pas reproduites les inégalités sociales. Célébrons tout de même, car à quoi bon sinon?

À l’heure où j’écris ces lignes, adressées au peu de populations qui ne sont pas encore ouvertement en guerre contre la bourgeoisie et aux groupes isolés, des camarades de Montréal s’apprêtent à rejoindre des camarades innu.e.s pour la réquisition de la centrale hydroélectrique Manic-5. À l’heure où vous lirez ce pamphlet, l’unité de la milice patriotique gardant ce lieu aura été décimée.

Ceci conclut mon appel à continuer la lutte contre les sociétés de classes. Solidarité et courage, camarades : l’avenir radieux prend place.

Un membre de l’Association Révolutionnaire d’Hochelaga (l’ARH)

APPEL À L’ACTION: Des grévistes de la faim relâchés du centre de détention de Laval. L’ASFC continue à s’opposer aux demandes de libération des 22 personnes toujours détenues

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Avr 032020
 

De Solidarité sans frontières

#grèvefaimLaval #Libérezlestous #Statutpourtous

Les migrants détenus au centre de détention de Laval ont suspendu leur grève de la faim hier alors que deux d’entre eux, incluant leur porte-parole Abdul, ont été libérés hier et aujourd’hui. Une vingtaine de personnes demeurent détenues aux centres de détention Laval et de Rivière-des-Prairies.

— QUE POUVEZ-VOUS FAIRE

GALLERIE DE SOLIDARITÉ

UN MESSAGE D’ABDOUL, LIBÉRÉ HIER

La grève, qui aura durée 8 long jours, a entraîné un déferlement de soutien d’un océan à l’autre, appelant à la libération immédiate des détenus et leur situation de logement adéquate et garantie. L’Agence des services frontaliers canadiens (ASFC) relâche les migrant.es détenu.es un.e. par un.e à travers les audiences de révision de détention.

Les demandes des détenus sont encore plus urgentes tandis qu’ils sont à haut risque de contracter le virus. Au moins un employé du centre de détention d’immigration de Toronto a testé positif. Tous les individus incarcérés, à Laval comme ailleurs, dans les prisons ou les centres de détention, doivent être relâchés immédiatement et doivent avoir droit à un hébergement sécuritaire si besoin !

Cette crise expose la nécessité d’éliminer ces barrières et ces exclusions engendrées par la hiérarchie arbitraire des statuts d’immigration. Pour le bien de tous : Un statut pour toutes et tous!

Suivez la campagne ici et sur twitter

Mise à jour des hommes détenus au Centre de détention de Laval ici.


QUE POUVEZ-VOUS FAIRE:

MÉDIAS SOCIAUX
Utilisez le hashtag #grèvefaimLaval #Libérezlestous #Statutpourtous pour démontrer votre support pour la cause sur les médias sociaux! Encore mieux, taggez Bill Blair, Marco Mendicino, Justin Trudeau et d’autres représentants gouvernementaux qui refusent de libérer les détenus.

DESSINS ET ART

Artistes de tous âges! Partagez vos dessins et oeuvres de solidarité sur les médias sociaux avec les hashtags #grèvefaimLaval #Libérezlestous #Statutpourtous

APPELS
Continuons de mettre de la pression sur le gouvernement pour la libération immédiate de tous les détenus! Appelez le ministre de la Sécurité publique Bill Blair au : 613-995-0284.

COURRIELS

Envoyez des courriels de solidarité aux détenus! À l’addresse: detenuslaval@gmail.com.

Envoyez un courriel au Ministre de la Sécurité publique Bill Blair:
bill.blair@parl.gc.ca
Ou par fax: 613-996-6309

Je suis consterné de voir que le gouvernement continue d’ignorer ses propres recommandations en matière de santé publique. Nous vivons une période exceptionelle qui nécessite des moyens exceptionnels, et ce, partout, sans discrimination.  Et cela inclut les gens en prison, surtout compte tenu du fait que du personnel et des personnes incarcérées ont testé positif pour le COVID-19 à travers le pays. C’est scandaleux que ces hommes ont dû aller jusqu’à entâmer une grève de la faim pour faire pression sur le ministre de la Sécurité publique Bill Blair afin qu’il prenne les actions.

Les détenus migrants demeurent à haut risque de contracter le virus. Au moins un employé du centre de détention  de Toronto a testé positif. Le ministre Blair n’a pas répondu aux nombreux appels pour la libération immédiate et collective des personnes. De son côté, l’Agence des services frontaliers canadiens (ASFC) relâche les migrant.es détenu.es un par un à travers les audiences de révision de détention. C’est une réponse clairement insuffisante face à l’urgence de la crise.

Tous les individus incarcérés, à Laval comme ailleurs, dans les prisons ou les centres de détention, doivent être relâchés immédiatement et doivent avoir droit à un hébergement sécuritaire si besoin.

Jour de loyer – appel à l’organisation des locataires

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Avr 012020
 

De Grevedesloyers.info

En ce 1er avril, jour de loyer: des milliers de personnes partout au Québec ne peuvent pas payer leur loyer.

Montréal, 1er avril 2020 — En ce jour de loyer, des milliers de locataires partout au Québec ne sont pas en mesure de verser les sommes exigées par leur propriétaire. D’autres se retrouvent dans l’impossible dilemme de choisir entre payer leur loyer ou conserver l’argent nécessaire pour se nourrir, se soigner et satisfaire d’autres besoins fondamentaux. Ces locataires sont effrayés, craintifs et anxieux. Alors que toute la société tente de gérer une crise de santé publique, un des principaux indicateurs de la santé physique et mentale – le logement – devient une source d’anxiété et de dépression.

DES PERSONNES OUBLIÉES PAR LA PRESTATIONS CANADIENNE D’URGENCE

L’argument principal opposé aux locataires par les associations de propriétaires est que le versement de la Prestation canadienne d’urgence (PCU) par le gouvernement fédéral – une aide financière de 2000$ par mois pour les travailleurs victimes de la pandémie COVID-19 – permettra de payer leur loyer. Or, non seulement cette prestation n’arrivera dans les poches des bénéficiaires qu’à la mi-avril mais de nombreuses personnes en seront exclues et demeureront ainsi dans la précarité financière. Parmi elles se trouvent entre autres:

  •     Les travailleurs ayant démissionné avant le début de la crise.
  •     Les travailleurs ayant maintenu des revenus, même minimaux, dans les deux dernières semaines n’y auront pas immédiatement droit.
  •     Les personnes vivant sur des économies et n’ayant donc pas eu 5000$ d’entrées monétaires l’année dernière.
  •     De nombreux étudiant.es, particulièrement des étudiant.e.s internationaux qui se sont vu couper du financement provenant de leur pays d’origine ou celles et ceux qui reviennent d’un séjour d’études à l’étranger.
  •     Les travailleurs sans statut.
  •     Les travailleuses et travailleurs du sexe.
  •     Les personnes qui dépendaient de revenus non déclarés.
  •     Les personnes n’ayant pas déclaré leurs revenus aux impôts au cours des deux dernières années.
  •     Les personnes vulnérables qui pour des raisons de santé, de précarité ou autres ne seront pas en mesure de remplir la demande.

Ces travailleurs n’auront par ailleurs absolument aucun recours si la PCU leur est refusée. C’est pourquoi certains d’entre nous seront en grève de loyers forcée et que d’autres nous appuieront en faisant grève et/ou en arborant le drap blanc sur la façade de leur logement. Pour soulager les plus démunis nous croyons que le gouvernement doit agir de façon responsable en :

  • annulant immédiatement le paiement des loyers au Québec ;
  • décrétant un moratoire sur toute expulsion liée à l’incapacité de payer le loyer pendant la pandémie COVID-19. Donc que les personnes qui ne payent pas leur loyer pendant la crise ne soient pas non plus expulsables après celle-ci;
  • ouvrant un maximum de logements vacants — tels que les unités Airbnb vides, les condos vacants, les hôtels — pour y loger les personnes sans abri ou vivant actuellement dans des conditions de logement dangereuses, insalubres ou abusives.

UN ABANDON DE LA MINISTRE LAFOREST

Dans un communiqué envoyé à la veille du 1er avril (www.newswire.ca/fr/news-releases/pandemie-de-la-covid-19-1er-avril-le-gouvernement-du-quebec-rappelle-les-mesures-en-place-888418021.html), Andrée Laforest, ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, a laissé tomber les locataires. Elle exhorte ces derniers à contacter leurs banques. Cela signifie deux choses aussi insultantes l’une que l’autre : i) Laforest ignore la réalité vécue par les locataires pauvres, qui ne peuvent pas se qualifier pour les prêts bancaires. ii) Laforest suggère aux locataires de s’endetter afin de faire face à la crise actuelle. Ces dettes ne feront qu’augmenter l’angoisse qui repose sur les épaules des personnes les plus vulnérables et qui sont, bien souvent, déjà très endettées.

DES LOCATAIRES SE RASSEMBLENT

Des locataires de tout le Québec expriment leurs craintes, tout en demandant l’annulation immédiate des loyers. De nombreux témoignages peuvent être consultés ici :  https://grevedesloyers.info/temoignages-3/

Dans un immeuble du quartier Rosemont—La Petite-Patrie, des locataires précaires de 10 appartements ont pris la décision de faire une grève des loyers afin de signifier ensemble à leur propriétaire leur impossibilité de payer leur loyer du 1er avril:

« Nous travaillons ensemble pour assurer la sécurité de toutes et tous. Toutefois, les circonstances actuelles compromettent non seulement notre santé physique, mais aussi notre santé financière » explique Dexter Xurukulasuriya, un des locataires. Dans une lettre envoyée à leur propriétaire, ils et elles demandent qu’il soit entendu que « l’incapacité de certain·e·s à payer le loyer est due à une crise de santé publique indépendante de notre contrôle, et que pour le bien de la sécurité publique », les locataires doivent pouvoir rester chez eux, « sans craindre de ne pas pouvoir subvenir à leurs besoins de base.»

« Bien sûr, nous sommes conscient·e·s que [notre propriétaire] est également touché par cette crise, et nous sommes rassuré·e·s de savoir que [les propriétaires] ont accès à des outils et à des mesures d’aide comme le report d’hypothèque » ajoute Xurukulasuriya.

DES OUTILS MIS À LA DISPOSITION LES  LOCATAIRES

Des centaines de locataires de Montréal, du Québec et du Canada s’organisent collectivement. Face à l’injustice, à la peur et à l’isolement, nos meilleures armes sont la solidarité, l’attention et le soutien.

Les Draps blancs pour une grève générale ont élaboré une section qui décrit pourquoi et comment participer à une grève des loyers : https://grevedesloyers.info/pourquoicomment/

Nous avons également mis en place d’importantes considérations légales, afin que vous soyez au courant de vos droits, des risques et de la meilleure façon de vous organiser par rapport à ceux-ci :  https://grevedesloyers.info/legal

Nous encourageons les locataires qui s’organisent de manière autonome à nous faire part de leurs mises à jour ou de difficultés rencontrées à l’adresse suivante : grevedesloyers@riseup.net.

Un syndicat autonome des locataires de Montréal prend également forme ; pour en savoir plus : https://syndicatlocatairesmtl.wordpress.com

Il est possible de nous faire parvenir des photos de draps blancs. Le drap blanc est le symbole d’une trêve nécessaire des loyers et des paiements hypothécaires, de la grève des loyers et de la solidarité envers les personnes les plus affectées par cette crise.  Les photos que nous recevons sont rassemblées sous notre galerie : https://grevedesloyers.info/gallerie-2/

Les locataires autonomes de Montréal ont lancé une PÉTITION spécifique au Québec, avec trois demandes claires, dont l’annulation du loyer. La pétition atteint 10 000 signatures. Signez et partagez la pétition : http://chng.it/XJctK2Tw

Rappel de nos précédents communiqués de presse qui contiennent des informations qui demeurent pertinentes en date d’aujourd’hui :

– 31 mars 2020 :  https://grevedesloyers.info/ressources/communique31mars/

– 30 mars 2020 :  https://grevedesloyers.info/ressources/communique2/

– 26 mars 2020 :  https://grevedesloyers.info/ressources/communiquepresse/

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Bien que les Draps blancs soient une initiative qui émane du Québec, des grèves de loyers s’organisent partout en Amérique du Nord et dans le monde.

– Voici le site pancanadien ANNULEZ LES LOYERS : www.annulezlesloyers.ca

– Les efforts entourant la grève états-unienne des loyers sont rassemblés ici : https://www.rentstrike2020.org/

– Pour plus d’informations sur les efforts nord-américains et mondiaux, consultez : https://5demands.global/map/

COVID-19 : Éléments de réflexion préliminaires sur la situation actuelle

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Mar 312020
 

De Montréal Antifasciste

L’article qui suit est un assemblage de réflexions préliminaires; les choses évoluent rapidement et de manière largement imprévisible, et bien que nous ne prétendions pas que ces éléments de réflexion soient particulièrement originaux, nous croyons utile de communiquer certaines idées et relier certains éléments d’un point de vue antiraciste et antifasciste, afin de commencer à réfléchir dès maintenant à la manière dont nous pourrons aller de l’avant durant et après cette crise.

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La pandémie du COVID-19 a déclenché des vagues de réactions répressives et autoritaires répondant dans bien des cas à une logique nationaliste. S’il est vrai que le virus coûtera cher en vies perdues, il faut s’attendre à ce que les répercussions sociales soient au moins aussi importantes.

L’extrême droite extraparlementaire ne semble même pas avoir tenté de formuler une réponse cohérente à la crise, ou de présenter une position cohérente. Certaines sections nient carrément l’existence du virus, affirmant qu’il s’agit d’un canular, tandis que d’autres mettent de l’avant des théories du complot insistant sur le fait qu’il s’agit d’une arme biologique développée soit par la Chine, soit par la gauche.  La plupart sont tout simplement dépassés par la cascade rapide des événements. Pour l’instant, nous n’avons vu que des discussions disparates sur les médias sociaux, et c’est à peu près tout. Il ne faudrait pas croire pour autant qu’aucun de ces groupes ne se prépare à dépasser ces limites. Une exception notable est Atalante, l’organisation néofasciste basée à Québec, qui a collé plusieurs bannières à Montréal et à Québec dans la nuit du 21 mars, avec des slogans comme « Le Mondialisme Tue » et « Le Vaccin Sera Nationaliste ». Des antifascistes se sont empressé-e-s de les recouvrir.

Il faut ainsi noter que la réponse non étatique initiale à la crise du COVID-19 a été presque entièrement menée par des forces d’extrême gauche, qui ont mis en place des réseaux d’entraide et de solidarité dans un grand nombre de collectivités partout en Amérique du Nord, tout en mettant de l’avant des revendications socioéconomiques relatives, par exemple, à la grève des loyers et aux conditions de travail de celles et ceux qui sont considéré-e-s comme des « employé-e-s essentiel-le-s ». En même temps, différentes communautés se sont auto organisées en dépit des obstacles. Relevons par exemple la grève de la faim menée au moment d’écrire ces lignes par des personnes détenues à la prison pour migrant-e-s de Laval, et diverses autres initiatives de prisonniers et prisonnières en Amérique du Nord, qui refusent d’accepter sans broncher des circonstances où ils et elles sont considéré-e-s comme « sacrifiables ». (Voir le document COVID-19 Strike Document.)

Malgré l’illusion qu’elles se donnent de « servir la nation », les forces d’extrême droite de type national-populiste ont été incapables de faire quoi que ce soit d’utile dans cette crise, et se contentent plutôt de s’épancher sur les médias sociaux pour dire à quel point elles détestent Justin Trudeau et aiment François Legault. À cet égard, les éloges adressés à Legault et à la CAQ (pas seulement par la droite, il faut bien le dire) sont aussi pitoyables que révélateurs. Rappelons que l’establishment politique que représente la CAQ (avec le Parti libéral du Québec et le Parti québécois) est directement responsable du fait que, suite à des décennies de compressions budgétaires dans les services publics, le système de santé n’est pas aussi solide qu’il devrait l’être pour faire face à l’épidémie actuelle : les hôpitaux manquent de personnel et d’équipement, les stocks d’équipement de protection individuelle, ainsi que les respirateurs artificiels nécessaires pour sauver des vies, risquent de s’avérer nettement insuffisants dans les prochaines semaines, il y a beaucoup moins de lits en soins intensifs par habitant en 2020 qu’en 1992, etc. Le fait que le premier ministre projette (pour l’instant) aux yeux de plusieurs l’image d’une figure paternelle rassurante, en contraste flagrant avec l’inefficace professeur d’art dramatique qui tergiverse au palier fédéral, nous rappelle surtout que l’image est de toute première importance dans le spectacle électoral bourgeois.

Ce que nous avons constaté dans le monde entier, cependant, c’est que les réponses les plus décisives à la pandémie ont été apportées au niveau structurel étatique : fermeture des frontières, législation d’urgence, mobilisation des effectifs militaires, nouveaux pouvoirs policiers, etc. Au cours des deux dernières semaines, plus d’une douzaine de pays européens, ainsi que l’Union européenne, ont imposé de nouvelles restrictions de voyage et des contrôles frontaliers inédits. Ces mesures, qui font écho à des années de xénophobie populiste et d’« euroscepticisme » de plus en plus strident, ont été saluées par des politiciens d’extrême droite. En Italie, Matteo Salvinio, de la Ligue du Nord, a déclaré qu’il est « irresponsable de permettre aux migrants de débarquer d’Afrique, où la présence du virus a été confirmée ». « La pandémie confirme la nécessité des frontières », a déclaré Laura Huhtasaari, membre du Parlement européen et du Parti des Finlandais, « Le mondialisme s’effondre ». Le premier ministre hongrois Viktor Orbán a quant à lui accusé les étrangers et les migrants de propager le virus en Hongrie : « Nous menons une guerre sur deux fronts, l’un s’appelle la migration et l’autre appartient au coronavirus. Il y a un lien logique entre les deux, car les deux se propagent avec les mouvements ».

Ici au Canada, le gouvernement pseudo-progressiste de Justin Trudeau a fermé ses frontières le 18 mars aux voyageurs qui ne sont pas citoyens canadiens ou américains. Il a interdit quelques jours plus tard tous les déplacements non essentiels, puis annoncé un peu plus tard, dans un geste symbolique, que les réfugié-e-s en provenance des États-Unis seraient désormais refoulé-e-s aux passages frontaliers irréguliers comme celui de Roxham Road. Cela représente une concession importante aux revendications xénophobes et racistes au Canada, puisque la fermeture de ces points de passage irréguliers est une demande centrale des forces de droite et d’extrême droite depuis plusieurs années, et Roxham Road a été le site de nombreuses mobilisations anti-immigration au cours de la même période.

Dans le contexte actuel, les diverses mesures répressives décrétées par l’État sont chaudement accueillies. Ici au Québec, suite à un décret gouvernemental interdisant les rassemblements de deux personnes ou plus (à l’exception des personnes vivant dans un même foyer), les corps policiers ont appelé la population à dénoncer leurs voisins qui semblaient enfreindre cette nouvelle mesure. En quelques jours, la police est intervenue pour disperser des dizaines de ces « rassemblements ». Si nous sommes d’accord sur le fait que la socialisation imprudente représente un risque réel pour la santé, nous n’ignorons pas non plus que l’État s’arroge ces jours-ci des pouvoirs qui étaient inimaginables il y a quelques semaines à peine, en grande partie à la demande même de la population. Et cela est de mauvais augure pour l’avenir, avec ou sans pandémie.

D’une certaine façon, l’extrême droite québécoise organisée a été débordée par certains éléments du « courant dominant ». Si l’on compare les écrits d’Atalante à ceux de la chroniqueuse québécoise Denise Bombardier (voir son odieux « Tout va basculer »), on est bien en peine de dire qui, de l’organisation néofasciste ou de la chroniqueuse réactionnaire, est le plus à droite…

On ne peut rien exclure du domaine du possible, et nous devons toutes et tous garder cela à l’esprit. La répression pourrait s’intensifier très rapidement, à un point que la plupart d’entre nous n’ont jamais connu auparavant; rien n’est certain, mais rien n’est impossible non plus en ce moment.

Ici et maintenant, les trois derniers mois ont été marqués par une escalade constante du racisme et des attaques contre ceux et celles qui sont perçus comme des Asiatiques. Selon le site web Stop AAPI Hate : « Des personnes ont rapporté s’être fait tousser ou cracher dessus et s’être fait dire de sortir des magasins, d’autres se sont vues refuser les services de chauffeurs Uber et Lyft, et d’autres encore ont déploré des incidents de harcèlement verbal et en ligne, ainsi que des agressions physiques ». Plus d’un millier de ces incidents ont été répertoriés aux États-Unis entre le 28 janvier et le 24 février, et plus de 650 dans la semaine qui a suivi le lancement du site le 18 mars.

Mais ce phénomène ne se limite pas aux États-Unis. Alors que les nouvelles et la désinformation sur le coronavirus commençaient à se répandre après le Nouvel An, les Canadien-ne-s d’origine chinoise et asiatique ont commencé à évoquer la nécessité de faire face à une augmentation du racisme et de la xénophobie. Comme l’a signalé le Pan-Asian Collective : « À Montréal, deux hommes coréens ont été poignardés cette semaine, et le consulat sud-coréen a émis un avertissement demandant aux Coréen-ne-s d’être prudent-e-s pendant cette période. Au cours du mois dernier, le GaNaDaRa, un restaurant coréen de Montréal, a été cambriolé à deux reprises. Il n’est pas encore clair si ces vols étaient motivés par des raisons raciales, mais les Asiatiques de Montréal sentent clairement monter la tension. Des rapports non confirmés indiquent que KimGalbi, un autre restaurant coréen, a aussi été vandalisé cette semaine. En outre, des crimes haineux ont été commis dans le quartier chinois de Montréal, où un certain nombre de statues et de symboles culturels ont été vandalisés ces dernières semaines, et des attaques ont été perpétrées contre au moins trois temples bouddhistes. Lundi (le 16 mars), une femme asiatique marchait dans le Vieux-Port lorsque deux étrangers ont attiré son attention et lui ont montré un panneau qui disait : “Pas de coronavirus ici!” »

Il est prioritaire de s’opposer au racisme anti-asiatique dans un contexte où le président américain s’obstine à qualifier cette maladie de « grippe chinoise », d’autant plus que l’un des recours déterminants de l’extrême droite est le réflexe de désigner des boucs émissaires pour ensuite les blâmer et les attaquer en période de crise. Tandis que se déroule sous nos yeux le cirque tragique dont Donald Trump est le principal maître de cérémonie, les temps deviendront certainement encore plus critiques, et l’histoire nous enseigne que la réaction ne connaît pas de limite dans la perfidie en temps de crise.

Un certain nombre d’autres idées et arrière-pensées oppressives circulent de plus en plus, auxquelles nous devrions être tout aussi attentifs et attentives. Les formules âgistes et capacitistes à l’effet que le COVID-19 « est plus susceptible de tuer les personnes âgées et celles qui ont des conditions préexistantes » reposent en partie sur des attitudes populaires selon lesquelles les corps humains qui ne sont pas jeunes ou en bonne santé sont dégoûtants, défectueux et moins dignes de soins. Elles s’appuient également sur une éthique productiviste selon laquelle certaines personnes sont considérées comme « parasitaires » et, de ce fait, ne sont pas dignes de l’égalité des droits, dans certains cas même pas dignes de la vie. Historiquement, cette attitude s’est exprimée dans le mouvement eugénique (lequel a été largement soutenu par la gauche comme par la droite), et nous la retrouvons aujourd’hui dans les affirmations de certaines personnalités politiques à l’effet que le préjudice économique qu’entraîne la distanciation sociale est plus grave que la possibilité de voir mourir des personnes âgées et handicapées. (Il convient de noter ici que ces critères capacitistes et eugéniques sont ancrés dans l’État canadien lui-même, pour qui, par exemple, les immigrant-e-s ayant diverses conditions médicales sont automatiquement disqualifié-e-s et inadmissibles à la citoyenneté canadienne.)

Un autre cliché qui circule largement ces temps-ci, y compris dans les cercles progressistes, est l’idée que le virus est une sorte de punition ou de leçon livrée par une « nature » consciente ou métaconsciente pour apprendre aux humains à cesser de dégrader l’environnement. Il est vrai que la réponse au COVID-19 prouve qu’il serait tout à fait possible d’opérer des changements radicaux à d’autres fins (par exemple pour réduire les émissions de carbone et ralentir les changements climatiques), et aussi que la pollution et d’autres effets néfastes ont diminué grâce aux mesures drastiques adoptées dans un grand nombre de pays (tout comme après le 11 septembre). Une telle rhétorique rejette cependant la responsabilité sur les « êtres humains » (magiquement affranchis des divisons de classe, de genre ou nationales) de ce qui est en fait la conséquence d’un système économique mondial maintenu au profit d’une minorité et aux dépens tragiques de la majorité. Ce genre de discours quasi mystique sur la « nature » a historiquement servi à justifier la violence contre ceux et celles qui sont jugé-e-s « contre nature » ou « offensant-e-s pour la nature », et à détourner l’attention des possibles solutions sociétales aux problèmes de la société. À son extrême (que nous n’avons pas encore beaucoup observé, mais dont nous redoutons le potentiel), cette attitude peut s’exprimer dans des mouvements écofascistes misanthropes. (En octobre de l’année dernière, dans un texte commun avec l’IWW et la CLAC, Montréal Antifasciste a exposé une brève série de points concernant les changements climatiques et la crise environnementale; ceux-ci semblent d’autant plus pertinents aujourd’hui à la lumière de la pandémie actuelle).

Nonobstant ce qui précède, en ce moment de crise, l’État reste le terrain privilégié de l’action répressive et nationaliste (bien que la situation ne soit bien sûr pas statique). Certaines tendances d’extrême droite — en particulier celle que les médias ont récemment qualifiée d’« accélérationniste », c’est-à-dire la nébuleuse néonazie qui rêve de carnage et de chaos de masse — ont ouvertement discuté la possibilité de répandre intentionnellement le COVID-19, et nous savons qu’il est beaucoup question dans ces milieux de précipiter une situation de perturbations globales par des actes de violence destinés à semer la terreur. Dans une tentative apparente de réaliser cet imaginaire morbide, le néonazi Timothy Wilson a été tué le 25 mars dernier lors d’une confrontation avec le FBI, alors qu’il tentait vraisemblablement de bombarder un hôpital du Missouri où sont traité-e-s des patient-e-s atteint-e-s du coronavirus. Espérons qu’il s’agit d’un cas isolé, mais ne perdons pas de vue le potentiel ultraviolent de ces milieux.

Au niveau étatique, comme nous l’avons déjà souligné, toute une série de demandes répressives ont été accordées pratiquement du jour au lendemain. Il reste à voir si celles-ci resteront en place lorsque la pandémie se résorbera. Diverses revendications portées par la gauche pourraient également être satisfaites, et il est bien possible qu’une sorte d’État-providence autoritaire renouvelé soit mis en place, car un consensus semble s’être dégagé sur l’échec patent du néolibéralisme. L’État providence et la social-démocratie ont toujours eu une dimension exclusiviste et nationaliste, qui reflète l’ensemble des privilèges historiquement réservés aux citoyen-ne-s natifs en échange de leur loyauté. Il est important de s’en souvenir, car certaines forces de droite proposent des mesures qui pourraient superficiellement ressembler à celles que revendique la gauche.

En même temps, sous le couvert de l’urgence sanitaire mondiale, des programmes répressifs de longue date sont mis au goût du jour. Aux États-Unis, les gouvernements de certains États ont exclu les organisations pratiquant des avortements de la liste des services médicaux essentiels autorisés à rester ouverts. Dans diverses juridictions (notamment en Israël), les données des téléphones portables sont désormais utilisées à la fois pour retrouver les personnes dont le test COVID-19 s’est révélé positif, et pour déterminer où les gens se réunissent d’une manière qui enfreindrait les règles de distanciation sociale. Il serait naïf de croire que de telles solutions technorépressives ne sont pas aussi examinées par les technocrates au Canada et au Québec. Parallèlement, sous le couvert de mesures de relance économique, des milliards de dollars sont plus ou moins discrètement détournés vers des sociétés pétrolières et gazières dans le cadre de la stratégie canadienne d’ouverture des territoires autochtones à l’exploitation capitaliste.

Nous n’en sommes qu’aux premiers jours de cette pandémie, et on ne sait toujours pas de quoi l’avenir sera fait, mais une chose est claire : s’il est indéniable que nous devons assurer aujourd’hui notre sécurité au mieux de nos capacités, nous devons aussi nous préparer à nous battre sur le long terme, peut-être sur différents fronts à la fois.

Message concernant le Salon du livre anarchiste de Montréal

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Mar 312020
 

 

Du Salon du livre anarchiste de Montréal

Chère communauté,

Nous vous écrivons pour vous donner des nouvelles du Salon du livre anarchiste de Montréal en 2020. Comme nous sommes toustes au courant, la pandémie mondiale a mené à l’annulation ou le report de nombreux rassemblements. À l’échelle internationale, plusieurs salons du livre anarchistes, de l’Europe à l’Aotearoa, ont été forcés d’annuler leurs évènements. À Montréal, notre collectif n’a pas encore pris de décision. Il est néanmoins clair pour nous que si l’évènement a bel et bien lieu la fin de semaine du 16 et 17 mai prochain, il prendra une forme significativement différente de celle qu’il a eu dans les deux dernières décennies.

Le Salon du livre anarchiste de Montréal, l’un des plus grands rassemblement du genre sur l’Île de la Tortue, est, depuis ses débuts, un moment où la communauté anarchiste élargie peut se retrouver collectivement. Nous y célébrons et partageons de multitudes manifestations d’idées libertaires et de pratiques qui en découlent. Nous espérons donc parvenir à souligner tout de même ce moment important de nos calendriers et d’y retrouver une forme de connexion sociale et émotionnelle, celles-ci étant particulièrement difficile dans cette nouvelle réalité isolante. Nous aimerions aussi voir le Salon du livre anarchiste, aussi modestement soit-il, démontrer que, durant cette crise, l’anarchie et les multiples manifestations de liberté existent toujours. Nous voulons saisir ce moment historique que nous traversons ensemble afin de réfléchir à comment s’unir pour s’éduquer, militer, agiter et organiser le monde que nous souhaitons créer : après COVID-19, nous ne voulons pas de retour à la normale.

Il nous faudra donc faire preuve d’une grande créativité! Ce pourquoi nous vous sollicitons pour proposer des alternatives imaginatives. Comment pouvons nous saisir et partager un espace pour être ensemble? Existe-t-il d’autres configurations possibles pour nous mettre en dialogue afin d’échanger des idées, de jouer, d’être en deuil, de créer de l’art, de faire de la musique, de prendre soin, de danser, d’être solidaire, et ainsi de suite, afin de se sentir for.tes? Existe-t-il des façons pour que l’on puisse être ensemble, à une « distance sécuritaire », à Montréal? Existe-t-il des façons pour que d’autres puissent, à longue distance, participer activement à ces moments, même avec leurs corps, en synchronicité avec nous?

Faites-nous parvenir vos suggestions créatives au plus tard le 10 avril. Nous prendrons une décision finale sur la tenue du Salon du livre anarchiste le 15 avril. Nous sommes très reconnaissant.e.s de votre support!

Ci-dessous, vous trouverez deux annonces afin de nous garder en contact. D’ici là, prenez soin de vous et de votre entourage.

avec amour, deuil, lutte et soin
le Collectif du Salon du livre anarchiste de Montréal

courrier: [info AROBAS salonanarchiste POINT ca]
tw: https://twitter.com/@BookfairAnarMTL
fb: https://www.facebook.com/SalonduLivreAnarchisteMontrealAnarchistBookfair

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Notre première annonce est que le Salon du livre anarchiste de Montréal dispose désormais d’un salon de clavardage public. Nous voulons reste en contact avec les gens, maintenant et à l’avenir. Nous voulons pouvoir rencontrer de nouvelles personnes avec d’autres idées et d’autres perspectives. Nous ne voulons absolument pas compter entièrement sur Facebook ou Reddit à ces fins.

Les clavardoirs (et autres « plateformes en ligne ») peuvent être catastrophes, et ceci était particulièrement vrai à leurs débuts. Bien que nous ayons l’intention de modérer cette plateforme (afin de réduire le discours gênant et agaçant), nous espérons que les utilisateur.trice.s potentiel.le.s seront sensibles à la difficulté de cette entreprise. Heureusement, toustes les utilisateur.trice.s pourront ignorer d’autres utilisateur.trice.s s’il.elle.s le souhaitent. On peut aussi désactiver les notifications, et disposer d’outils nous permettant de prendre du recul plutôt que de se faire aspirer, mais sans avoir à se déconnecter complètement.

Si vous êtes intéressé.e.s à être un.e modérateur.trice, ou de nous aider à maintenir ou améliorer le clavardoir, n’hésitez pas à nous envoyer un courriel avec le mot « modération » dans la ligne du sujet. Nous aurons besoin de modérateur.trice.s qui parlent français, anglais et potentiellement d’autres langues. Aussi, n’hésitez pas en entrer en contact avec nous si vous connaissez comment Matrix, spécifiquement, fonctionne, ou si vous pensez pouvoir apprendre son fonctionnement. Notre système est loin d’être parfait en ce moment, et nous aimerions avoir des personnes qui peuvent nous aider à l’améliorer avec le temps, surtout concernant la sécurité de l’information dans les mouvements sociaux. Nous tentons de trouver un équilibre entre quelque chose de facile à utiliser pour tout le monde et la sécurité informatique, deux objectifs importants mais parfois mutuellement exclusifs.

Si vous aimeriez vous connecter au clavardoir à partir d’un ordinateur, la façon la plus simple d’y parvenir (mais pas nécessairement la meilleure) est de suivre ce lien : https://irc.anarchyplanet.org/#salon-anar-mtl

Si vous aimeriez le faire à partir d’un téléphone intelligent, la façon la plus simple d’y parvenir est probablement d’installer l’application Telegram, de s’y faire un profil, et ensuite de l’utiliser pour ouvrir ce lien : https://t.me/joinchat/PH2YmkyNkjns1N0yHAcbNA

Si vous êtes confortable avec un défi de plus grande taille, indépendamment de si vous utiliser un ordinateur ou un téléphone intelligent, nous recommandons d’utiliser une application Matrix à partir de https://riot.im et de se connecter par la suite à l’adresse Matrix suivante : #salon-anar-mtl:riot.anarchyplanet.org (nous recommandons l’application RiotX pour les appareils fournis avec Android)

Si vous avez quelconques questions sur ce sujet (incluant sur toutes les choses ci-dessus ou sur d’autres façons de vous connecter) ou si vous avez des besoins spécifiques d’accessibilité, n’hésitez pas à nous envoyer un courriel à [info AROBAS salonanarchiste POINT ca]. Nous ferons de notre mieux pour répondre adéquatement à vos besoins. Si votre question est à propos de comment faire pour vous connecter via Tor, veuillez inscrire « tor français » ou « tor english » dans la ligne du sujet du courriel. Sinon, veuillez inscrire « clavardoir » ou « chatroom » dans la ligne du sujet du courriel.

Il est important de noter que tout ce qui sera dit dans le clavardoir est public, même si les utilisateur.trice.s sont anonymes. N’importe qui peut se joindre, incluant des gens qui veulent du mal aux anarchistes ou qui sont tout simplement problématique. (Ceci est aussi vrai durant l’habituel Salon du livre anarchiste de Montréal. Nous pensons bien entendu que les grands espaces publics sont cruciaux malgré la réalité des très sérieuses questions de préjudices auxquelles tous ces espaces sont confrontés. Nous faisons de notre mieux durant le Salon du livre – et nous ferons de même dans le clavardoir – de faire face à ces problèmes lorsqu’ils se manifesteront.) L’important est toujours de créer quelque chose qui est difficile à surveiller/ficher efficacement. Malgré les théories de complôt, il existe encore des moyens de faire ce genre de choses sur l’internet, du moins des moyens suffisants pour nos besoins.

Mais, nous apprenons à fur et à mesure. Peu importe où vous en êtes dans le domaine de la technologie, vous pourriez continuer votre apprentissage à nos cotés, et en profiter pour partager votre texte anarchiste préféré qui vient d’être publié et aider les gens isolé.e.s socialement à se sentir plus connecté.e.s.

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Deuxièmement, nous avons mis en place, il y a quelques semaines, une liste courriel publique pour les bénévoles. Nous n’avons toujours pas envoyé de courriel, et il y a peu à faire pour l’instant. Par contre, à un certain point, le Salon du livre aura besoin de bénévoles pour toutes les choses que nous ne pouvons tout simplement pas faire par nous-même – même si le Salon du livre tel que nous le connaissons ne pourra pas prendre place dans les mois à venir. Faire de l’affichage dans la ville, servir de la nourriture, faire du gardiennage et faire de la traduction dans plusieurs langues sont des exemples de bénévolats qui ont été très utiles dans le passé.

Nous remercions toutes les personnes qui se sont déjà inscrites sur la liste, et demandons à ce que d’autres le fassent aussi. Pour ce faire, allez au https://noise.autistici.org/mailman/listinfo/benevoles-volunteer-salonmtl et enregistrez-vous, ou envoyez nous un courriel avec le mot bénévole dans la ligne du sujet.

Sachez que vous inscrire ne vous engage à rien, et que cette liste n’est qu’un bulletin d’information. Nous voulons simplement une façon direct et simple de communiquer aux gens ce avec quoi nous avons besoin d’aide, si ceux-ci sont intéressé à savoir comment ça avance.

Message des prisonniers au Centre de surveillance de l’immigration de Laval : Grève de la faim jusqu’à la libération

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Mar 242020
 

De Solidarité sans frontières

Laval, 24 mars 2020

Suite à la pétition que nous avons lancé [aux autorités concernées, le 19 mars 2020, pour réclamer notre libération dans un contexte de pandémie*], et qui n’ont pas donné de réponse sur notre situation de détention. Nous avons décidé de passer à la phase deux de notre plan; qui consiste à entamer une grève de la faim pour une durée indéterminée à compter d’aujourd’hui. Cela se fera dans la manière la plus pacifique et nous ne brisons aucune loi du Centre de détention.

Merci de votre soutien et toute aide sera la bienvenue.

* Pétition pour la libération des détenus, envoyée aux ministres de l’immigration et de la sécurité publique le 19 mars 2020 :

Nous sommes présentement détenus au Centre de surveillance de l’immigration à Laval. Étant donné la situation d’urgence due à la propagation de coronavirus, nous estimons que nous faisons l’objet d’un haut risque de contamination. Ici au centre de détention, nous vivons dans un espace restreint où tous les jours nous voyons l’arrivée de nouvelles personnes, venant d’un peu partout et qui n’ont passé ni de visite médicale, ni de dépistage pour déterminer s’ils seront de potentiels porteurs du virus. Sans oublier la présence du personnel de sécurité qui sont aussi en contact permanent avec le monde extérieur sans passer aucun test médical. C’est pour toutes ces raisons, que nous lançons cette pétition pour réclamer notre libération.

#GrèveFaimLaval #LiberezLesTous

3/25/2020 – appel à la solidarité

Grève des loyers à Montréal à partir du 1er avril 2020

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Mar 202020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Affiche 11″ x 17″

Dépliant bilingue / affiche 8.5″ x 11″ noir et blanc

Voir aussi : Grevedesloyers.info

Les pauvres, les sans-emploi, les précaires, les sans-papiers, les travailleur.ses à contrats et autres travailleur.ses — nous tous et toutes qui joignons les deux bouts un mois à la fois — nous ne serons pas en mesure de payer notre loyer ce 1er avril. Beaucoup d’entre nous avions déjà de la difficulté à payer le loyer avant que cette crise ne frappe, et accumulons probablement déjà du retard. Dans une perspective d’action directe et de solidarité sociale, TOUTES ET TOUS les locataires peuvent refuser de payer leur loyer ce 1er avril.

Même si vous avez les moyens de payer votre loyer, vous joindre à la grève est essentiel pour soutenir ceux et celles qui ne le peuvent pas. Nous devons être une masse critique de gens à participer afin de rendre la situation intenable et d’empêcher les autorités de nous réprimer.

Ensemble :

  • Arrêtons de payer nos loyers ;
  • Bloquons les expulsions et les rénovictions ;
  • Rendons disponibles les logements vacants — incluant Airbnb, condos vides et hôtels — pour héberger les itinérant.es ou les gens sans logement sécuritaire.

L’urgence du moment en appelle à une action collective décisive. Protégeons-nous et prenons soin de nous et de nos communautés. Maintenant plus que jamais, nous devons refuser l’endettement et l’exploitation. Les locataires ne doivent pas être forcé.es de payer le prix d’une crise sanitaire collective.

  • La Régie du logement a suspendu les audiences d’expulsions. Dans le futur immédiat, votre propriétaire ne peut pas vous faire comparaître à la Régie pour vous expulser si vous ne payez pas votre loyer.*
  • Si vous vivez tout de même du harcèlement ou de l’intimidation de la part de votre propriétaire, discutez avec vos voisin.es d’une réponse collective.

*En dernier recours, si les activités régulières de la Régie recommencent et que vous êtes convoqué.es à une audience d’expulsion, vous pouvez éviter l’expulsion en payant, sur le coup et en argent comptant, tous les loyers non-payés ainsi que les frais supplémentaires, tant que vous n’avez pas souvent payé votre loyer en retard. Mais si nous sommmes assez nombreux.ses à faire grève, nous pourrons nous supporter mutuellement et rendre impossible le déroulement normal des expulsions. De l’information juridique supplémentaire suivra. [Voir Enjeux légaux ; NdMTLCi]
greve_loyers_mtl@riseup.net

? POUR UN MONDE SANS LA PIRE DES ÉPIDÉMIES : PATRONS, PROPRIOS, FLICS ?

Affiche 11″ x 17″

Dépliant bilingue / affiche 8.5″ x 11″ noir et blanc

Voir aussi : Grevedesloyers.info

Allié.es contre l’État colonial

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Mar 042020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Chambord, route 155, pont du CN
mardi 3 mars 2020

    La cellule des tardigrades

Blocage des rails du CN à Rosemont

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Mar 012020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

De nouveaux blocages ont surgit au coeur même de Montréal cet après
midi, une fête est organisée pour les supporter au Champ-des-possibles.
Plus d’une centaine de personnes sont actuellement présentes et de plus
en plus de gens s’y joignent. Dans le cadre de la nuit blanche, les
festivités montréalaises sont détournées pour réaffirmer la souveraineté
territoriale wet’suwet’en et dénoncer le projet de pipeline Coastal
Gaslink.

En direct de ces festivités ferroviaires, Chantale Simard déclarait :
“La situation est très simple: le Canada retrouvera son calme colonial
quand le gouvernement de Trudeau écoutera les chefs traditionnels et
abandonnera son ridicule projet de pipeline”. S’arrêtant de dancer
quelques instants pour s’exprimer calmement, Juan Tremblay-Cortez
affirmait : “Nous sommes ici en tant que protecteurs et protectrices de
l’eau et de la terre. L’appel a été lancé partout, ceux et celles qui
ont à coeur les territoires et la vie qu’ils rendent possible doivent
agir par tous les moyens et bloquer ponts, ports, routes et rails. À la
télévision ils ont dit : partout, maintenant!”

Solidarité avec les Wet’suwet’en depuis la France

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Fév 292020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Samedi 22 Février dernier lors d’un grand gala de sports de combat autonomes et populaires en France, les boxeur.euse.s et spectateur.ice.s ont voulu faire preuve de leur solidarité avec le peuple Wet’suwet’en qui fait face à l’attaque du prétendu état de Colombie Britanique et de la police montée Canadienne.

Nous envoyons un message de paix et d’amour à tous ceux qui luttent pour la préservation de leur modes de vies face à l’oppression et donc contre le pipeline Coastal Gaslink .

Puissiez vous être fort.e.s et victorieu.se.s.x dans votre lutte qui nous suivons avec attention depuis notre côté de l’océan.

#WetsuwetenStrong #RCMPoffPlanetEarth #ACAB #shutdowncanada

Note:

Nous appelons à multiplier les actes de solidarité à travers le monde afin de leur signifier notre soutient et augmenter la pression sur le prétendu canada et ses colons.

Déclaration de solidarité avec les Wet’suwet’en et leur lutte contre l’agression coloniale

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Fév 282020
 

De Montréal Antifasciste

Tiohtià:ke (Montréal), le 27 février 2020 – Montréal Antifasciste tient à déclarer sa solidarité inconditionnelle avec la résistance continue de la nation wet’suwet’en contre le colonialisme canadien, ainsi qu’avec toutes les personnes qui ont entrepris des actions en appui aux Wet’suwet’en suite à l’invasion de leur territoire par la GRC le 6 février 2020. De toutes les barricades érigées au cours des dernières semaines d’un bout à l’autre du pays illégal qu’on nomme « Canada », nous voulons tout particulièrement saluer les campements installés sur les voies ferrées par des membres de la nation Mohawk à Tyendinaga – que la police coloniale a attaqué le 24 février 2010 – et à Kahnawake – qui est sous la menace d’une autre injonction coloniale au moment d’écrire ces lignes.

En tant que groupe antifasciste en lutte contre l’extrême droite, nous sommes bien souvent amené·e·s à braquer les projecteurs sur des individus que la société dominante ne considère au mieux que comme des ratés marginaux. Mais nous ne perdons jamais de vue en menant ce travail rebutant que le fascisme est, et a toujours été, intimement lié au colonialisme. Le poète Aimé Césaire a d’ailleurs judicieusement fait remarquer, au sujet de la montée d’Hitler, que les crimes du régime nazi n’étaient qu’un redéploiement en Europe des procédés employés par les puissances européennes partout contre les peuples colonisés. Cette observation s’applique certainement aussi au Canada, où l’extrême droite est ancrée dans la longue histoire de violence coloniale déployée contre des peuples opprimés aux quatre coins de la planète, et en premier lieu contre les premiers peuples des territoires que nous occupons.

Relevons au passage le rôle des militants d’extrême droite qui tentent de constituer des groupes de vengeurs populaires pour attaquer les barricades, comme cela s’est produit à Edmonton le 19 février 2020. La rhétorique vindicative s’épanche librement dans les médias sociaux, où des hordes de réactionnaires profèrent des menaces de violence à longueur de journée. Nous n’avons pas oublié 1990, lorsque des ex-policiers se sont alliés à des personnalités médiatiques de droite et ont mis sur pied des groupes de citoyens vengeurs pour terroriser des autochtones – en particulier les Mohawks – en collaboration avec un groupuscule du KKK implanté au Québec. C’est en gardant toujours à l’esprit cet énorme potentiel de racisme et de violence à la canadienne que nous définissons notre antifascisme et notre anticolonialisme.

Celles et ceux d’entre nous qui sont des colon·e·s connaissent bien leur position. Ne nous leurrons pas : la « gauche » dans ce pays, comme dans toutes les colonies de peuplement, s’est souvent compromise dans l’histoire coloniale et faite complice du colonialisme. C’estt un héritage que nous devons nous engager à combattre dans nos propres rangs. Lorsque les rêves d’un Québec socialiste indépendant se fondent sur la construction anticipée de barrages hydroélectriques en terres autochtones, lorsqu’on évoque une « tradition progressiste canadienne » qui ne s’est jamais vraiment montrée incompatible avec le génocide, ou lorsqu’un gouvernement provincial NPD lâche la police coloniale contre les protectrices et protecteurs du territoire, nous devons afficher clairement notre dissidence. Rappelons-nous encore qu’en 1990, une partie de « la gauche » s’était ralliée contre les Mohawks, tandis que d’autres renvoyaient dos à dos la Warrior Society et l’État canadien comme étant « également criminels ». Là encore, nous rejetons franchement cet héritage.

Celles et ceux d’entre-nous qui sont des colon·e·s vivant sur des terres autochtones jamais cédées doivent s’efforcer de mieux comprendre les responsabilités qui leur incombent, de se montrer à la hauteur de ces responsabilités – tout en appelant nos camarades et différentes communautés à incarner leur solidarité avec la résistance anticoloniale – et d’apprendre à faire leur part pour saborder le génocide qui se poursuit aujourd’hui sur ces terres.

En solidarité complète avec la résistance autochtone!
Contre le fascisme; Contre le Colonialisme!

 

Mashteuiatsh : Plus de 100 personnes manifestent en appui aux Wet’suwet’en et contre GNL Québec

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Fév 272020
 

Du Collectif Emma Goldman

Plus d’une centaine de personnes, Autochtones et Allochtones ensemble, ont manifesté hier à Mashteuiatsh, avec un fort soutien de la communauté. Ce rassemblement se voulait en appui à la lutte des Wet’suwet’en, qui se battent contre le passage d’un gazoduc (Coastal GasLink) sur leur territoire, mais également en opposition au projet de GNL Québec de faire passer un gazoduc sur les territoires ancestraux de plusieurs peuples Autochtones dont les Innus, les Atikamekws et les Anishnabeg. Selon les organisatrices et l’organisateur de la manifestation, ces luttes ont en commun la défense de la Terre Mère. En entrevue avec Le Quotidien, Paul Basilish, un aîné de la communauté, a affirmé : « Entre autochtones, on doit se tenir ensemble. On ne doit pas sacrifier notre territoire pour créer des jobs pour une génération. Je veux laisser un territoire en bonne santé à mes petits-enfants [1] ». Une dizaine de personnes ont simultanément manifesté à l’Anse-Saint-Jean, répondant à un appel du Collectif Bas-Saguenay pour s’opposer au projet de GNL Québec.

Le projet d’une usine de liquéfaction du gaz naturel à La Baie, d’un immense gazoduc traversant une grande partie du Québec et de transport du gaz par bateaux sur le Fjord du Saguenay, comme les autres grands projets, continue de soulever une vive opposition, malgré l’intense lobbying de ses promoteurs et de leurs allié-e-s. Alors que l’opposition est actuellement accusée de « polariser » le débat avec de maigres moyens de communication et quelques actions de sensibilisation, qui demeurent pour l’instant symboliques et non perturbatrices, les promoteurs bénéficient de l’action audacieuse et très partisane des élites régionales qui tentent de faire avancer le projet et de balayer l’opposition dans un déni de représentativité (une forme de bâillon light). Il est plus que jamais nécessaire de le nommer : la quête de « l’opinion publique » offre un piège clair et net pour les opposants et opposantes aux grands projets. L’exemple de la lutte des Wet’suwet’en est là pour nous éclairer davantage. Notre seule chance de se faire entendre et de faire échouer ceux-ci est de redoubler d’audace dans des actions qui auront un impact direct sur les parties prenantes au dossier ou qui dresseront les projecteurs sur leurs choix ignomieux. Ces actions, sous le prisme déformant des médias de masse et de leurs commères éditorialistes, pourront certes choquer quelques belles mères et mononcles, baignant depuis trop longtemps dans les litanies de la droite ambiante. Elles forceront néanmoins les promoteurs, élu-e-s, actionnaires et compagnies à remettre en question leurs plans, leurs investissements et les possibilités d’entreprendre ces grands projets dans nos milieux de vie. L’action directe peut en définitive nous redonner un contrôle (sans intermédiaire) sur nos vies.

La réconciliation est morte: proposition stratégique

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Fév 252020
 

Soumission anonyme à North Shore Counter-Info

LA RÉCONCILIATION EST MORTE

par tawinikay
(aka Southern Wind Woman)

La réconciliation est morte. Elle est morte depuis un certain temps.

Si une seule chose m’a apporté de la joie ces dernières semaines, c’est ce qui a commencé lorsque les matriarches de Unist’ot’en ont brûlé le drapeau canadien et ont déclaré la réconciliation morte. Comme une traînée de poudre, cette déclaration a traversé le cœur des jeunes aux travers des territoires. De leur bouche, les dents dénudées, ils ont fait écho : “la réconciliation est morte ! la réconciliation est morte !” Leurs yeux sont plus aiguisés à percevoir une vérité que beaucoup de nos aînés ont été trop timides pour nommer. L’ère Trudeau de la réconciliation a été une farce dès le début. Elle a toujours été plutôt destinée aux colons canadiens qu’aux autochtones.

“La réconciliation est morte” est un cri de guerre.

Cela signifie que la pression pour respecter notre part du marché est terminée. La jeune génération a jeté les menottes au sol. Nous entrons peut-être dans une nouvelle ère, où le militantisme remplace la négociation et la contestation juridique. Une époque où nous commençons à nous soucier moins du jugement juridique et moral du colonisateur et plus de nos responsabilités.

Critiquer la réconciliation, ce n’est pas faire honte aux anciens et aux personnes qui ont participé à la Commission Vérité et Réconciliation, c’est attaquer un gouvernement qui a profité de ce moment de vulnérabilité pour renforcer son image globale. Je l’ai déjà dit et je le répète, je ne blâme pas notre génération âgée d’espérer un avenir plus pacifique. Ceux qui ont vécu l’horreur des pensionnats et le scoop des années 60, les jours d’autorisation de circuler et les abattages de chiens de traîneau ne pouvaient que souhaiter une vie meilleure pour les générations à venir. Il est de la responsabilité de ces jeunes générations de se lever et de dire que ce qui leur est offert n’est pas suffisant. C’est à nous de dire que nous préférons encore cent ans de lutte plutôt que d’accepter la douce assimilation qui nous est offerte. C’est à nous de remercier nos aînés pour leur service et de nous tourner ensuite vers les lignes de front avec nos plumes, nos tambours et nos poings.

Parce que les idées seules ne changent rien. C’est un mensonge libéral. Il faut que les mots soient supportés par l’action pour faire la différence. Cette action doit être entreprise ensemble. Ni les idées ni la pratique ne sont créées par les individus. Tout ce qui est écrit ici est le résultat de discussions et d’interactions avec d’autres défenseurs des terres, des amoureux, des anarchistes, des mères, des enfants et des résistants. Nous devons être responsables de ce que nous disons tout en reconnaissant que le savoir est créé par les communautés. Il faut toujours voir les choses de cette façon afin de subvertir la hiérarchie, de ne jamais permettre qu’une personne soit élevée au-dessus d’une autre.

Ce qui est écrit ici vous appartient donc à tous. Prenez-le et faites-en ce que vous voulez.
Discutez. Défendez-le. Dénoncez-le. Faites-en votre affaire.

Oubliez les règles.

Le Canada est un État colonial. Il existe pour gouverner un territoire et gérer les ressources de ce territoire. Ce n’est ni plus ni moins que ça. Il a fait un excellent travail afin de convaincre ses citoyens qu’il défend quelque chose, quelque chose de bon. C’est ainsi qu’il maintient sa légitimité. Le mythe national de la politesse et de la civilité gagne le soutien des électeurs. Il a été soigneusement construit au fil du temps et il peut être déconstruit. En fait, les règles du Canada changent tout le temps. J’écrirais bien davantage à ce sujet, mais la vérité est que je ne pourrais pas faire mieux que ce que j’ai récemment découvert en ligne. @Pow_pow_pow_power a récemment écrit ce qui suit :

Les gouvernements des colons ont inventé les règles au fur et à mesure depuis le début de leurs invasions. Alors que chaque génération lutte pour s’éduquer au respect des règles, ils les ignorent et font ce qu’ils veulent quand ils veulent. Cela ne devrait pas être une surprise. Il en a toujours été ainsi parce qu’ils se placent au-dessus de tout – des autres personnes, de nos frères et soeurs animaux, de l’équilibre de la nature et certainement de “ce qui est juste”. Les lois ont toujours été adoptées pour légitimer leurs caprices et leurs intérêts en tant qu’intentions de dirigeants apparemment rationnels, et pour nous garder soumis à leurs besoins.

Nous vivons actuellement à une époque où nos structures impérialistes se sont montrées très soucieuses de paraître ordonnées et civilisées aux yeux des autres régimes de pouvoir afin de cultiver un sentiment de supériorité. C’est pourquoi la violence à laquelle nous nous sommes habitués ne prend plus la forme de massacres, de tortures publiques et d’exils, mais de raids nocturnes et de disparitions, de criminalisations et de l’enfermement dans des systèmes de négligence. Elle est devenue plus dépendante de la violence structurelle et de l’effacement que de la violence directe, et donc plus insidieuse. L’insidieux est plus efficace et plus difficile à identifier comme source d’injustice.

C’est pourquoi, lorsque nous les abordons, dans la légalité, la paix, la rationalité, l’équité et la douceur, avec autant de grâce et de calme que possible, nous sommes facilement rejetés avec des sourires blancs polis de “meilleures intentions”, de “regrets les plus profonds” et de “nous faisons de notre mieux”, en fait “nous faisons mieux que la plupart”. Et lorsque nous insistons, plus fermement, plus passionnément, plus justement, la réponse des gouvernements des colons est aussi claire que nous le voyons maintenant : “Pourquoi ne pouvez-vous pas simplement obéir ?”

Les Canadiens veulent croire que la violence coloniale est une chose du passé, donc le gouvernement la leur cache. C’est pourquoi la GRC n’autorise pas les journalistes à les filmer alors qu’ils lancent leurs chiens sur les femmes qui défendent leurs terres. C’est pourquoi ils s’en tireront à bon compte.

Le temps est venu d’arrêter de chercher la justice dans le droit des colons.

Pour les peuples autochtones du Canada, il est impossible d’éviter la violence que nous inflige l’État. Lorsque nous levons le poing et que nous ripostons, c’est toujours un acte d’autodéfense. Toujours. S’engager dans la non-violence ou le pacifisme face à un ennemi violent est une chose dangereuse. Pourtant, essayer d’éviter d’utiliser la violence jusqu’à ce que cela soit absolument nécessaire est un principe noble. Un principe qui porte en lui le plus d’espoir pour un nouvel avenir. Mais que signifie la violence pour l’État colonisateur ?

Pour eux, prendre d’assaut un territoire avec des armes à feu et en retirer ses occupants légitimes, ça, ce n’est pas violent. Raser les sommets des montagnes ou les forêts coupées à blanc, ou aspirer le pétrole du sol pour ensuite le brûler dans l’air, ce n’est pas violent. Confiner des poulets, des cochons et des vaches dans de minuscules caisses, sans leur permettre de voir la lumière du soleil, en les utilisant comme des machines à manger, ce n’est pas violent.

Mais briser une fenêtre d’un bureau du gouvernement…
Cela va trop loin.

Il est temps que nous voyions leurs lois pour ce qu’elles sont : imaginaires et hypocrites. Les lois sur les colons existent pour protéger les colons. Nous ne sommes pas des colons. Nous sommes Michif. Nous sommes Anishinaabek. Nous sommes Onkwehón. Nous sommes Nêhiyawak. Nous sommes Omàmiwininì. Nous sommes Inuits. Nous sommes Wet’suwet’en. Alors pourquoi continuons-nous à faire appel à leurs lois pour notre légitimité ?

À chaque fois, les communautés dépensent des centaines de milliers de dollars pour contester les droits fonciers. La Première nation Chippewa of the Thames a utilisé l’argent gagné dans le cadre d’une revendication territoriale pour lancer une contestation judiciaire contre le Canada disant qu’ils n’ont jamais été consultés de manière appropriée, et qu’ils n’ont pas consenti à ce que le pipeline de la ligne 9 traverse leur territoire. La Cour suprême s’est prononcée contre eux, affirmant que les peuples autochtones n’ont pas le droit de dire non à des projets industriels sur leurs territoires. La ligne 9 est toujours opérationnelle. Les Wet’suwet’en ont sans doute remporté la plus importante contestation judiciaire de l’histoire du Canada. Le verdict Delgamuukw a vu les tribunaux reconnaître que le territoire des We’suwet’en n’est pas cédé, qu’ils détiennent le titre et la juridiction légale, et pourtant, regardez comment le Canada honore cela. Ce n’est pas avec des victoires juridiques que nous gagnerons notre terre et notre dignité. Le Canada se soucie aussi peu du droit canadien que du droit autochtone…

Il en va de même pour les Nations unies et leur précieuse UNDRIP. Nous avons vu que l’État adoptera les principes de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones (UNDRIP) et les interprétera en fonction de leurs besoins. Ce document stipule que les gouvernements et les entreprises doivent obtenir un consentement préalable, libre et éclairé pour s’engager dans des projets sur leurs territoires. La Colombie-Britannique l’a adopté et, pourtant, proclame que cela ne signifie pas qu’ils doivent obtenir le consentement des Wet’suwet’en. Le consentement ne signifiera jamais réellement le droit de dire non. Et l’ONU n’a aucun moyen de le faire respecter.

Le temps est passé pour les contestations judiciaires devant leurs tribunaux qui ne font que drainer nos ressources et nous ralentir. Je rends hommage aux parents et aux ancêtres qui ont tenté de trouver une solution pacifique, qui ont fait confiance aux bonnes intentions des autres humains. Mais les colons ont prouvé que les options pacifiques qu’ils nous ont offertes sont des mensonges. Trompez-nous une fois, honte à vous.

Il ne s’agit plus seulement d’Unist’ot’en.

Il s’agit de nous tous. D’un jour à l’autre, la GRC pourrait tenter d’intervenir et d’expulser le blocus ferroviaire de Tyendinaga. Je suis solidaire avec eux autant qu’avec les Wet’suwet’en. Il ne s’agit pas seulement de faire reculer le gouvernement et ses hommes de main militarisés à Unist’ot’en et Gitdum’ten, il s’agit aussi de les amener à desserrer leur emprise sur nous tous. Il s’agit de proclamer la mort de la réconciliation et de reprendre notre pouvoir.

Cela ne veut pas dire que nous devons oublier Unist’ot’en et les abandonner au moment où ils ont le plus besoin de nous. Il s’agit d’une proposition visant à élargir notre champ d’action afin que nous ne perdions pas notre élan vers l’avant si ce qui se passe à l’Ouest ne répond pas à nos rêves les plus fous. Il s’agit d’élaborer un récit plus fort.

Cela signifie que nous devrions réfléchir avant de prétendre que les Wet’suwet’en ont le droit à leur terre parce qu’elle n’est pas cédée. N’avons-nous pas tous droit à la terre volée à nos ancêtres ? Pour qu’une terre soit non cédée, cela signifie qu’elle n’a jamais été vendue, cédée ou perdue par conquête. La Proclamation royale de 1763 a exhorté le Canada et le Dominion à ne s’approprier des terres que par la conclusion d’un traité. C’est ce que les agents du Canada ont entrepris de faire. Ils ont continué à conclure des traités sur tout le continent, parfois en mentant sur le contenu des traités à des ancêtres qui ne parlaient pas anglais, parfois en trouvant celui qui signerait le traité sans se soucier de savoir si cette personne agissait avec le soutien de la communauté. Après la signature du dernier traité, le Canada a interdit aux Indiens d’engager des avocats pour contester les revendications territoriales. Et ils ont ensuite volé le reste de ce qu’ils voulaient. Ils ont continué à inonder les terres avec des colons jusqu’à ce que les peuples autochtones ne disposent plus que de 0,2 % des terres qu’ils protégeaient et sur lesquelles ils vivaient.

Je n’ai que faire d’en appeler à la légitimité d’un territoire non-cédé. Toutes les terres ont été volées. Le Canada ne possède de juridiction sur aucune de celles-ci, parce que tous les accords conclus pour les acquérir ont depuis été brisés.

On peut adresser la même critique à l’idée que la gouvernance héréditaire est le seul vrai leadership des peuples autochtones. Je ne suis pas pour les conseils de bandes. Mais c’est important de comprendre que plusieurs de nos relations ont perdu le système héréditaire qui nous a jadis aidés à bien vivre. Nous devrons raviver notre gouvernance. Nous pouvons nous inspirer des formes du passé et nous pouvons aussi en inventer de nouvelles. Toutes les formes d’organisation choisies librement sont légitimes. Notre légitimité ne sort pas de la bouche de nos leaders, mais elle réside dans notre connexion au territoire et à l’eau, ainsi que dans notre engagement à nos responsabilités envers toute la vie, celle d’aujourd’hui comme celle des générations à venir.

Tout ceci peut constituer une bonne chose, si nous l’acceptons ainsi. C’est insensé de croire que nous n’avons pas changé et évolué en 300 ans. De toute façon, nos systèmes se seraient transformés. Voilà une opportunité de combiner de nouvelles et belles idées avec les traditions et les cérémonies ancestrales des anciens, des communautés spirituelles où la hiérarchie est subvertie et le genre est libéré!

C’est le moment de tout renverser.

Le Canada a toujours eu peur que prenions notre pouvoir en mains. La réconciliation a été une distraction, une carotte agitée devant notre nez, une ruse pour que nous nous comportions bien. Le moment est venu de leur montrer à quel point nous voyons clair. Être déterminés et assurés ne veut pas dire ne pas avoir peur. Les temps qui arrivent sont dangereux. Dire : « Je n’obéirai pas », c’est dangereux.

La première chose à faire est d’arrêter de nous poignarder dans le dos entre nous. Siégez au conseil de bande si vous le voulez, mais que ça ne vous monte pas à la tête. Ne vous percevez jamais plus qu’un serviteur, un distributeur d’argent et quelqu’un qui fait respecter la loi. Ce n’est pas parce que vous êtes élu que vous avez gagné le respect de votre communauté. Ça ne fait pas de vous un aîné. Laissez-moi prendre le temps de lancer un gigantesque fuck you aux nations Métis qui ont signé les accords de pipeline parce qu’elles étaient si heureuses que le gouvernement les considère autochtones. Les Métis n’ont pas de droits de territoire en Ontario et continuent de signer des accords comme si c’était le cas, en poussant les nations autochtones qui ont réellement un territoire à se jeter sous un train. Laissez-moi étendre ce « fuck you » aux nations autochtones qui ont signé les accords de pipeline et restent en silence alors que leurs relations se font attaquer pour protéger l’eau. Ou encore pire, qui donnent des entrevues avec des lobbyistes pro-pétrole et des médias conservateurs en dénigrant les défenseurs de la terre dans leur entourage. Ne voient-ils pas comment les Canadiens dévorent leurs mots et salivent en constatant notre division, et l’utilisent pour dénigrer notre manière de vivre? Je n’excuse pas les attaques contre nos pairs qui ont perdu le chemin rouge, mais nous devons trouver une façon de les rallier à nous. Tout le monde n’est pas obligé d’être sur la ligne de front dans sa communauté, mais on devrait au moins refuser de coopérer avec le gouvernement colonial et les entreprises à son service.

La deuxième chose que nous devons faire, c’est agir. Mais nous ne devons pas nous limiter aux actions qui demandent le retrait policier du territoire Wet’suwet’en. Le gouvernement fédéral mène le bal; pas seulement à Unist’ot’en mais à tous les niveaux où des autochtones sont opprimés à travers le territoire. Toute attaque contre l’État canadien est une action de solidarité. Solidarité encore, toute affirmation de la souveraineté autochtone.

C’est le moment de commencer l’occupation dont vous rêvez.

Un bout de votre territoire a été annexé? Reprenez-le. Un nouveau pipeline doit être construit dans votre cour? Bloquez le chemin. Des propriétaires de chalets souillent le lac près de votre communauté? Donnez-leur un avis d’expulsion et installez un campement. Sabotez les fermes aquacoles qui tuent les saumons. Détruisez le barrage qui bloque la rivière. Jouez avec le feu.

Lorsqu’on canalise tous nos espoirs et nos rêves de lutte vers un même endroit, on va tout droit à l’épuisement avec le cœur brisé. Luttons pour le peuple Wet’suwet’en, oui! Mais honorons leur courage et leurs actes en les laissant nous inspirer à faire de même. Luttons pour eux en luttant pour le manoomin, les milieux humides et les grizzlis.

Choisissez bien vos complices. Les libéraux qui reconnaissent qu’ils sont en terres volées ont souvent trop investi dans ce système pour le voir changer réellement. Les communistes imaginent un système sans un Canada capitaliste, mais ils veulent un État communiste, qui aura inévitablement besoin de contrôler le territoire et de l’exploiter. Construisez des liens de confiance avec des ceux qui veulent la destruction de l’État pour que des communautés autonomes prennent place et pour restaurer l’équilibre entre les humains et toutes nos relations. Choisissez ceux qui écoutent plus qu’ils ne parlent, mais pas ceux qui feront tout ce que vous leur direz sans réfléchir. Ceux-là sont motivés par la culpabilité. Trouvez ceux dont le feu intérieur brûle pour un monde plus sauvage et plus juste. La plupart sont anarchistes, mais pas tous. Et tous les anarchistes n’ont pas un bon esprit.

La création d’un champ de bataille à plusieurs fronts divisera leurs énergies. Les blocages de chemins de fer fonctionnent! Si les sabotages ferroviaires nocturnes, les fils de cuivre et les blocages continuent et se multiplient, cela entraînera l’arrêt de tout le trafic ferroviaire dans cette terrible économie. Plus il y en aura, mieux ce sera. Ne le faites pas que pour les Wet’suwet’en, faites-le pour les rivières et les cours d’eau qui sillonnent sous les rails. Faites-le pour les ancêtres qui ont vu ces chemins de fer envahissants annoncer leur disparition.

Et comme le dit cette critique venant de Montréal : ne vous organisez pas en vue d’une arrestation intentionnelle et symbolique.

S’ils viennent exécuter une injonction, déplacez-vous vers une autre partie du chemin de fer.
S’ils arrivent avec une deuxième injonction, bloquez l’autoroute la plus importante dans les environs.
S’ils arrivent avec une troisième injonction, déplacez-vous vers le port le plus proche.
Restez en liberté et soyez féroce. Les gens d’Unist’ot’en et de Gidum’ten n’ont pas eu cette option, mais vous, vous l’avez. Anticipez leur prochaine intervention et gardez une longueur d’avance.

C’est un moment parmi bien d’autres. Nos ancêtres ont été habiles, parfois dans l’attente silencieuse, parfois en luttant, tout en continuant de transmettre secrètement nos cérémonies et nos histoires. Je les honore autant que je vous honore maintenant. Nous sommes encore ici grâce à eux, et nos enfants et nos petits-enfants seront encore là grâce à nous. N’oublions jamais qui nous sommes. Luttons avec cérémonie.

Je suppose que ceci est une proposition d’adopter une stratégie d’anarchisme autochtone, ici, sur l’Ile de la Tortue. Un rejet des tactiques qui demandent des choses à des gens puissants et un retour à la fabrication d’une multitude de solutions locales et diverses. C’est un rejet du style d’organisation à la Idle No More. Ne reproduisons pas les erreurs du passé (pour une critique détaillée d’INM, voir https://warriorpublications.wordpress.com/2012/12/12/idle-no-more-speak-for-yourself/ , et pendant que vous y êtes, lisez tout le reste). C’est un appel à choisir nos propres leaders et à créer une gouvernance qui refuse la hiérarchie. C’est une demande qu’on rejette la réconciliation et qu’on aille vers une revendication militante. L’idée d’un anarchisme autochtone est encore jeune. Écrivez-moi à ce sujet.

Ceci est un de nos moments. Faisons en sorte que ce ne soit pas qu’une demande de quitter Unist’ot’en, mais une demande de quitter tout le territoire. L’idée n’est pas que CGL cesse de faire de l’argent, mais de dénoncer le rôle même de l’argent. Ce moment parle de la colonisation partout. Ce moment nous concerne tous.

Aux colons qui vont inévitablement lire ce texte.

Ce qui est écrit ici vous concerne aussi. Pas dans le sens de : « Soulevez-vous et reprenez vos terres ». Ça, ça a déjà été fait.

Mais je lis les messages des récits d’actions et les médias, et je vous vois tomber dans toutes sortes de vieux pièges. Vous n’êtes pas seulement un rouage dans la machine de la solidarité. Vous pouvez aussi entreprendre des luttes dans votre ville. Souvenez-vous du Two Row: vous pouvez mener des batailles parallèles vers les mêmes objectifs.

J’ai entendu plusieurs aînés dire que nous ne gagnerons pas cette bataille seuls, et c’est certainement vrai. Merci pour les façons dont vous avez attaqué l’économie et l’État. Merci d’avoir répondu à l’appel. Maintenant, prenez ces réflexions et faites-en ce qui vous plaira.

Vous aussi devriez chercher des moyens de défendre le territoire et l’eau là où vous vivez. Chercher les manières de miner et d’affaiblir le pouvoir du gouvernement sur ces terres. Ne vous découragez pas si la GRC ne quitte pas Unist’ot’en. Ce n’est qu’une bataille parmi d’autres. Ce n’est qu’un début. Ne tombez pas dans le piège de faire appel aux lois canadiennes ou internationales.

Voyez-vous tels que vous êtes, telle qu’est votre communauté. Agissez de manière à créer un monde où la réconciliation est possible, un monde dans lequel les vôtres redonnent les terres et vous démantelez l’État canadien centralisé. Ne romantisez pas les autochtones avec qui vous vous organisez. Ne croyez pas que vous ne pouvez pas questionner leur jugement, ou choisir de vous organiser avec certains plutôt que d’autres. Trouvez ceux qui gardent une flamme vive dans le cœur, ceux qui préfèrent continuer à lutter plutôt qu’accepter la carotte de la réconciliation. N’agissez jamais par culpabilité et par honte.

Et ne vous laissez pas croire que vous pouvez transcender votre colonialisme en faisant du travail de solidarité. Comprenez que vous pouvez et devez trouver vos propres façons de vous connecter à ce territoire. À partir de vos propres traditions, héritées ou créées par vous-mêmes.

Imprimez ce zine et distribuez-le à vos compagnons autochtones [PDFs ci-dessous].
Prenez des risques. Rêvez grand. Poursuivez l’anarchie. Restez humbles.

CE ZINE A ÉTÉ PUBLIÉ PAR APHIKONA DISTRO
Contactez-les à aphikonadistro@riseup.net

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Pour plus de lectures sur le sujet (principalement pour les colons), voyez les derniers écrits de l’auteure – Autonomously & with Conviction: a Metis Refusal of State-led Reconciliation

Montréal – Une boîte signalétique au bord des rails du CN part en fumée

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Fév 252020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Dans la nuit de dimanche à lundi, une boîte électrique de signalement se trouvant aux abords du chemin de fer du CN dans Pointe-St-Charles, a été cramée. Nous espérons que le trafic soit interrompu à nouveau, et cela, le plus longtemps possible. Nous avons ciblé les rails car, non seulement sont-elles les infrastructures coloniales par excellence, mais une grande partie du transport des ressources naturelles transit par les voies ferrée. Nous saluons chaleureusement celles et ceux qui luttent contre l’extractivisme et la domination ; les mines qui détruisent les territoires (et même les mines de lithium, nécessaire à la conception de batteries de voitures électriques), l’exploitation et le transport du pétrole et du gaz naturel, la dévastation des forêts, d’un bout à l’autre du pays. Nous voulons la liberté, la dignité, l’autodétermination et une vie saine, pour tous et toutes sans concession.

Les lignes ferroviaires du CN bloquées sur la Rive Sud de «Montréal» – appel public aux renforcements!

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Fév 202020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Une voie ferrée du CN traversant la ville de St-Lambert, connectant Montréal à l’Est du Canada et aux États-Unis, est présentement bloquée à l’intersection de la rue St-Georges. Nous agissons en solidarité avec les Wet’suwet’en qui luttent contre le projet de corridor énergétique de CGL et dont le territoire est envahi par la GRC.

Depuis le début de cette invasion, les blocages se sont multipliés à travers le pays. Nous sommes inspirés par les actes courageux de résistance autochtone dont nous avons été témoins, notamment les barrages ferroviaires en cours à Kahnawake et Tyendinaga. Nous avons installé ce nouveau campement bloquant les voies du CN, car nous pensons que ces défenseurs de l’eau et de la terre ne devraient pas avoir à se battre seuls.

Nous invitons tous ceux qui peuvent nous rejoindre sur le site de ce campement. Le blocage est érigé un bloc au sud de la rue Saint-Georges et de l’avenue St-Charles. Vous pouvez vous y rendre en prenant le bus 2 ou 54 sud du métro Longueuil (apportez de la monnaie pour un tarif supplémentaire). Nous encourageons tout le monde à apporter des vêtements très chauds, de l’eau, de la nourriture et tout équipement de camping d’hiver auquel vous avez accès.

Nous continuerons à bloquer la voie ferrée jusqu’à ce que la GRC se retire des territoires Wet’suwet’en. Nous encourageons les autres à prendre action afin de forcer le gouvernement à accepter les demandes des chefs héréditaires Wet’suwet’en.

Pour de plus amples informations, suivez le twitter @MTLanticolonial, qui fera un suivi en continu du blocage, ou écrivez à mtl-wetsuweten-solidarity@protonmail.com.

#ShutDownCanada #AllEyesOnWetsuweten #WetsuwetenStrong #Wetsuweten

Blocus a St-Pascal, Kamouraska

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Fév 172020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Aujourd’hui le dimanche 16 Fevrier vers 11h une vingtaine de personnes se sont rassemblé.e.s à la gare de St-Pascal du Kamouraska. Nous avons marché dans la ville en support à la lutte des Wet’suwet’en pour la reconnaissance effective de leur gouvernance traditionnelle et la défense de leurs territoires ancestraux contre le saccage de ceux-ci, lié à la construction d’un nouveau corridor énergétique, en Colombie-Britanique.

Ensuite, un barrage a été érigé pour une durée indéterminée sur les voies du CN, bloquant ainsi tout le traffic ferroviaire vers les maritimes.

Les Wet’suwet’en exigent l’arrêt des travaux par TransCanada sur le gazoduc Coastal GasLink et le retrait de la police de la GRC de leur territoire.Le pays a été créé par le génocide et l’invasion des premières nations. Les événements des derniers jours démontrent que le Canada applique encore la loi du plus fort. Notre présence ici, aujourd’hui, s’inscrit dans une continuité d’action de solidarité et de blocages économiques qui visent à établir un rapport de force avec TransCanada et les gouvernements en place!

#SHUTDOWNCANADA

#ShutDownCanada : Une énorme vague de solidarité avec les Wet’suwet’en perturbe les infrastructures canadiennes

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Fév 122020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Des centaines de manifestations, d’occupations, de blocages et de sabotages se déroulent partout à travers l’île de la Tortue, de Vancouver jusqu’à Halifax, en solidarité avec les Wet’suwet’en, dont le territoire est actuellement envahi par la GRC. Les Wet’suwet’en se battent depuis des années contre le projet de gazoduc de CGL. La GRC a commencé le 6 février un raid lourdement militarisé, faisant depuis plusieurs arrestations. Il y a deux jours, le 10 février, la police a procédé à l’arrestation de plusieurs femmes, dont la matriarche Freda Huson, alors qu’elles étaient en train de tenir une cérémonie en l’honneur des femmes autochtones disparues et assassinées, sur le pont menant au Unist’ot’en Healing Center.

Face à ces actes de violence coloniale, les Wet’suwet’en ont lancé des appels à la perturbation et au blocage des infrastructures canadiennes, auxquels les réponses se sont répandues comme une trainée de poudre à travers le pays. Le hashtag #shutdowncanada était en date d’hier le cinquième plus populaire sur twitter au soit-disant Canada. Les gens démontrent massivement leur solidarité en portant directement atteinte au bon fonctionnement du capitalisme et de l’état.

Pendant plusieurs jours, des dizaines de personnes ont maintenu un blocage du port Delta, à Vancouver, l’un des plus grands du pays. À Victoria, de jeunes militant.es autochtones maintiennent une importante occupation devant le parlement de la Colombie-Britannique. De l’autre côté du continent, une manifestation a bloqué hier, pendant environ cinq heures, le port de Halifax. Des occupations de bureaux gouvernementaux et les blocages ou sabotages de voies ferrées se multiplient.

L’impact sur l’économie canadienne est indéniable. Le CN a hier annoncé qu’il serait forcé de fermer de façon imminente des tronçons significatifs de son réseau ferroviaire national, si les blocages à Tyendinaga, en Ontario, et à New Hazelton, en Colombie-Britannique, continuent, lesquels affectent, toujours selon le CN, la capacité de tous les Canadiens à déplacer des marchandises et à faire du commerce. Le CN déclare :

« Aux deux endroits, il n’y a présentement aucun mouvement de train, marchand ou passager. Des centaines de trains ont été annulés depuis le début des blocages, il y a cinq jours. L’impact se ressent également bien au-delà des frontières canadiennes et il endommage la réputation du pays en tant que partenaire stable et viable de chaîne logistique. »

Seulement cette semaine, plus d’une centaine d’actions de solidarité se sont tenues à travers le soit-disant Canada. Avec une telle ampleur, il serait très difficile d’en faire une couverture exhaustive. Ce bref article se veut un survol, d’abord des blocages en cours à travers le pays en date du 12 février, ensuite des actions ayant eu lieu au soit-disant Québec et Ontario. Dans un contexte de peu de couverture médiatique en français, il semblait important de contribuer à la circulation de l’information, avec l’intention de contribuer à l’importante mobilisation en cours.

BLOCAGES EN COURS, 12 février

TYENDINAGA, SOIT-DISANT ONTARIO
De plus en plus de gens rejoignent le blocage de voie ferrée en cours depuis jeudi le 6 février, au passage à niveau de Wyman Road, dans le territoire mohawk de Tyendinaga. Le 9 février, une injonction a été accordée au CN, mais les occupant.es l’ont brûlée devant la police et les agents du CN. Tous les trains VIA Rail entre Toronto et Montréal, ainsi qu’entre Ottawa et Toronto sont aujourd’hui annulés.

« En ce qui concerne “l’injonction” remise aux gens de Tyendinaga, Nous, le peuple, refusons que vos lois nous soient imposées. Nous avons, et avons toujours eu, nos propres lois et coutumes, avant, pendant et après vos tentatives de génocide et d’assimilation. Un document nous ordonnant de quitter notre terre, et/ou de permettre le passage de biens étrangers sur notre territoire n’a aucun sens. Nous tiendrons nos positions et, comme indiqué, nous ne partirons pas tant que la GRC ne se sera pas retirée des territoires traditionnels Wet’suwet’en. »

https://realpeoples.media/video-injunction-served-and-burnt-at-tyendinaga-rail-blockade-as-numbers-grow/

https://www.cp24.com/mobile/news/via-rail-continues-to-cancel-trains-along-montreal-toronto-corridor-due-to-blockade-1.4806628

KAHNAWAKE, SOIT-DISANT QUÉBEC
Un blocage de la voie ferrée du CP traversant Kahnawake est en cours depuis le 9 février, causant la fermeture de la ligne de trains de banlieue Exo Candiac et empêchant les trains de marchandises du CN de circuler entre Toronto et Montréal. Une montagne de neige a été amassée sur les rails, un drapeau de la confédération Haudenosaunee a été hissé et un feu sacré, allumé.

« Ce petit timbre poste appelé Kahnawake n’est pas notre maison. De la côte est à la côte ouest, du nord au sud, voilà qui est notre maison. Nous ne disséquons pas notre mère pour couper son petit doigt et déclarer qu’il appartient aux Mohawks de Kahnawake, nous considérons notre mère dans son entièreté. Nous aimons notre, dans son entièreté, et nous respectons notre mère, dans son entièreté. C’est le message que nous essayons de faire passer à tout le monde.» Tekarontake, résident de Kahnawake
https://montrealgazette.com/news/local-news/candiac-trains-remain-suspended-during-blockade-in-support-of-wetsuweten/

https://ca.news.yahoo.com/protest-solidarity-wetsuweten-nation-blocks-111248189.html

LISTUGUJ, SOIT-DISANT QUÉBEC
Des manifestant.es mi’gmaq bloquent une voie ferrée depuis le 10 février au matin, bloquant toute circulation des trains de marchandises.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1516500/micmacs-listuguj-manifestation-appui-wetsuweten

NEW HAZELTON – SOIT-DISANT COLOMBIE-BRITANNIQUE
Les chefs héréditaires de la nation Gitxsan, alliés de longue date des Wet’suwet’en, ont lancé le 8 février une occupation de la voie ferrée marchande et passagère près de New Hazelton. Le chef héréditaire Spoowk a déclaré :
« Ce blocage va continuer jusqu’à ce que la GRC soit retirée des terres Wet’suwet’en et jusqu’à ce que CGL quitte le territoire Wet’suwet’en. »
https://twitter.com/BourquinMichae1/status/1226940784139591681

ACTIONS DE SOLIDARITÉ AU SOIT-DISANT QUÉBEC ET EN SOIT-DISANT ONTARIO (LISTE NON-EXHAUSTIVE)

SOIT-DISANT QUÉBEC

QUÉBEC
10 FÉVRIER – Extinction Rébellion Québec occupe les bureaux de quatre ministres fédéraux.

LISTUGUJ
9 FÉVRIER – Une manifestation distribue des tracts aux automobilistes.à l’entrée du pont J.C. Van Horne.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1513983/wetsuweten-camp-gazoduc-coastal-gaslink-arrestation-grc

RIMOUSKI
9 FÉVRIER – Une manifestation prend les rues de la ville pendant environ deux heures, après avoir affiché un avis d’éviction sur la porte du bureau de la GRC.

Geplaatst door Extinction Rebellion Rimouski op Maandag 10 februari 2020

 

KANEHSATÀ:KE
2 FÉVRIER – Des warriors de plusieurs communautés ont mené une opération escargot entre Kanehsatà:ke et Montréal. Pendant deux heures, un convoi de voitures arborant des drapeaux du Two Row Wampum, Warrior et Haudenosaunee a roulé à basse vitesse sur plusieurs voies de la 640 direction ouest puis de la 15 direction sud, pour finalement rejoindre un rassemblement de soutien devant les bureaux de la GRC dans le quartier Westmount.

https://contrepoints.media/posts/operation-escargot-a-kanehsata-ke-en-soutien-a-unistoten

MONTRÉAL
16 JANVIER – Durant l’heure de pointe matinale, une soixantaine de personnes ont bloqué l’entrée du port à l’intersection de Notre-Dame et Pie-IX, mettant le feu à des barricades temporaires.

30 JANVIER – Durant l’heure de pointe matinale, une cinquantaine de personnes ont bloqué une sortie de l’autoroute 720, mettant le feu à une barricade temporaire.

7 FÉVRIER – Une vigile organisée par Idle No More est tenue à la Place des Arts.

7 FÉVRIER – Dans la nuit, des personnes anonymes ont brisé les fenêtres du bureau du ministre fédéral de la justice, David Lametti, et ont aspergé l’intérieur de peinture à l’aide d’un extincteur.

SOIT-DISANT ONTARIO

TORONTO
11 FÉVRIER – Une manifestation paralyse le traffic à l’intersection de Yonge et Eglinton. Elle fait suite à une série de manifestations prenant les rues de la ville depuis quelques jours.

https://www.thepostmillennial.com/breaking-anti-pipeline-protestors-block-downtown-toronto-traffic-again/

11 FÉVRIER – Des jeunes de groupes de défense des droits autochtones et de Toronto Climate Justice occupent le bureau de la ministre des affaires autochtones.

8 FÉVRIER – Environ 200 personnes bloquent une voie ferrée pendant une bonne partie de la journée.

https://globalnews.ca/news/6525535/protesters-block-rail-lines-toronto/

OTTAWA
11 FÉVRIER – Une occupation du département de la justice se tient.

7 FÉVRIER – Une manifestation marche du Parlement jusqu’au centre-ville

SIX NATIONS OF THE GRAND RIVER
10 FÉVRIER – Entre 11h et midi, une ligne ferroviaire de transport de marchandises traversant Six Nations a été bloquée par une vingtaine de personnes, à la hauteur de Pauline Johnson Road. Un tipi avait été érigé sur la voie ferrée.

https://theturtleislandnews.com/index.php/2020/02/10/cn-freight-line-through-six-nations-shut-down-by-wetsuweten-supporters-today/

https://theturtleislandnews.com/index.php/2020/02/10/update-the-cn-rail-line-on-pauline-johnson-road-has-re-opened-as-of-noon-today/

CALEDONIA
10 FÉVRIER – Des défenseur.s de la terre de la confédération Haudenosaunee bloquent le bypass de Caledonia pendant trois heures, paralysant le trafic sur l’autoroute 6.

https://www.thespec.com/news-story/9849119-caledonia-bypass-closed-for-protest/

KINGSTON
9 FÉVRIER – Une manifestation bloque une voie ferrée et le boulevard John Counter, pendant une heure.

https://www.thewhig.com/news/local-news/anti-pipeline-demonstration-blocks-tracks-road-in-kingston

21 JANVIER – Une cinquantaine de personnes marche depuis l’hôtel de ville jusqu’à l’université Queen, où elles perturbent une conférence du vice-président des communications corporatives de TC Energy, actionnaire majeur de CGL.

https://north-shore.info/2020/01/21/kingston-hands-off-wetsuweten-demo-report/

17 JANVIER – Une quinzaine de personne effectue un blocage filtrant d’une grande artère et d’une voie ferrée, distribuant des tracts aux automobilistes passant.

https://north-shore.info/2020/01/21/slow-down-for-wetsuweten/

GUELPH
9 FÉVRIER – Des allochtones ont saboté les rails du CN à trois différents endroits.

https://north-shore.info/2020/02/10/solidarity-rail-sabotage-in-guelph/

24 JANVIER – Une banque RBC est occupée.

https://north-shore.info/2020/01/25/solidarity-with-wetsuweten-action-targeting-rbc-guelph/

HAMILTON
8 FÉVRIER – Une opération escargot menée par des femmes et des personnes Two-Spirits Haudenosaunee, Anishinaabe, and Métis bloque le traffic sur l’autoroute 403, pendant environ une heure, durant l’heure de pointe.

https://north-shore.info/2020/02/08/hamilton-native-women-block-the-highway-403/

2 FÉVRIER – Une marche festive a bloqué une route à fort achalandage de camions de marchandises ainsi qu’une voie ferrée, pendant une bonne partie de l’après-midi.

BURLINGTON
22 JANVIER – Le feu est mis à une station de signalisation d’une intersection très achalandée de voies ferrées.

https://north-shore.info/2020/01/23/keep-your-fire-bright-railway-sabotage-in-burlington/

AKWESASNE
7 FÉVRIER – Un groupe de personnes en provenance d’Akwesasne bloque la frontière entre le Canada et les États-Unis pendant environ une heure.

#ShutDownCanada : Carte interactive des blocages ferroviaires

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Fév 102020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Voir en plein écran

Une carte interactive montrant les différents blocages ferroviaires qui sont en cours à travers le soi-disant Canada et les lignes de chemin de fer touchées. Il y a cinq blocages répertoriés… jusqu’à présent.

Liens utiles :

Un appel à perturber les voies ferrées en solidarité avec les Wet’suwet’en (incluant un guide pratique)

Points faibles de l’économie extractiviste au Canada (en anglais)

Goulots d’étranglement dans l’infrastructure de transport au Canada (en anglais)

#SHUTDOWNCANADA

Une injonction remise, puis brûlée, au blocage ferroviaire de Tyendinaga, alors que de plus en plus de gens s’y joignent

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Fév 102020
 

*Appel aux dons – fonds de défense légale*

De Real People’s Media

Une injonction obtenue par le CN est retournée à la terre, alors que de plus en plus de gens se rassemblent au passage à niveau de Wyman Road.

TYENDINAGA MOHAWK TERRITORY – Le blocage ferroviaire au passage à niveau de Wyman Road, dans le territoire mohawk de Tyendinaga, a pris de l’ampleur depuis qu’il a commencé jeudi après-midi. Une caravane, un toilette portable et une tente sont arrivés sur place. Et le nombre de personnes présentes est en augmentation.

La raison du blocage est simple, selon Dalton McKay.  « Je suis ici pour en soutien et en solidarité avec les Wet’suwet’en pour les aider à lutter contre la destruction de leur vie et de leurs maisons pour un pipeline » a-t-il déclaré à Real People’s Media.

Plus de 50 Mohawks et sympathisant.es étaient rassemblé.es aujourd’hui à l’endroit où la ligne ferroviaire du CN traverse la Wyman Roas, juste au nord du territoire Mohawk de Tyendinaga. Le drapeau des Mohawk Warriors flottait tout en haut du poteau signalant le passage à niveau, et un grand camion charrue était stationné juste au sud de la voie ferrée.

La présence médiatique et policière sur les voies ferrées était beaucoup plus importante que les jours précédents. Une injonction a été émise hier contre  « John Doe, Jane Doe et personnes inconnues » .

Un important contingent d’agents du OPP (Ontario Provincial Police) et du CN est arrivé avec l’intention de remettre davantage de documents, mais l’injonction a été brûlée sur les voies ferrées, sous les yeux des médias et de la police. Après que l’injonction ait été brûlée devant eux, l’OPP et le CN sont remontés dans leurs véhicules et sont partis rapidement sans remettre plus de documents.

Une déclaration a été diffusée sur les médias sociaux en réponse :

     « En ce qui concerne “l’injonction” remise aux gens de Tyendinaga, Nous, le peuple, refusons que vos lois nous soient imposées. Nous avons, et avons toujours eu, nos propres lois et coutumes, avant, pendant et après vos tentatives de génocide et d’assimilation. Un document nous ordonnant de quitter notre terre, et/ou de permettre le passage de biens étrangers sur notre territoire n’a aucun sens. Nous tiendrons nos positions et, comme indiqué, nous ne partirons pas tant que la GRC ne se sera pas retirée des territoires traditionnels Wet’suwet’en. »

L’ambiance sur le site était bonne toute la journée, des gens venant continuellement apporter leur support, arrivant avec de la nourriture, du bois et d’autres nécessités. McKay a déclaré :  « Le soutien de la communauté a été d’une grande aide, chaque jour nous recevons de la nourriture, de l’eau, des couvertures… ce dont nous avons encore le plus besoin en ce moment, ce sont des prières, du soutien et du bois de chauffage.»  Interrogé sur le moral des troupes au blocage, quelqu’un a pointé vers les coyotes qui avaient commencé à hurler au loin.

Les jeunes reconnaissent l’importance de cette action. Comme l’a expliqué un jeune Mohawk :  « C’est notre terre, c’est notre eau, nous sommes ici à nous battre pour récupérer ce qui nous appartient et ce dont nous avons besoin pour que les sept générations puissent encore se battre et avoir un territoire.»

Le ministre fédéral de la justice ciblé en réponse à l’invasion de la GRC en territoire Wet’suwet’en

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Fév 072020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

L’État canadien n’est pas invulnérable. Alors que le Canada envoie une armée sur les territoires Wet’suwet’en pour essayer de forcer le passage du pipeline de Coastal GasLink, c’est le moment de trouver les points faibles du pouvoir économique et politique de ce pays et d’attaquer.

Hier soir, en réponse au début du raid de la GRC, nous avons visité le bureau de circonscription de David Lametti, ministre fédéral de la justice, à Montréal. Nous avons vidé un extincteur rempli de peinture à l’intérieur après avoir brisé la vitrine.

Aucune facette de la « justice » canadienne – ni ses cours, ni ses lois, ni ses flics, ni ses ministres – n’a de légitimité sur des terres volées et nous allons faire en sorte que ça se sache.

Nique la GRC. Solidarité inconditionnelle avec les défenseur.se.s de la terre Wet’suwet’en.

[Vidéo] Une sortie de l’autoroute 720 bloquée en appui aux Wet’suwet’en

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Jan 302020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info. Vidéo de subMedia.

En pleine heure de pointe, jeudi matin, une cinquantaine de personnes ont bloqué une sortie de l’autoroute 720 au centre-ville de Montréal, en solidarité avec les peuples autochtones Wet’suwet’en qui sont en lutte contre la construction d’un oléoduc sur leur territoire non-cédé. Des barricades enflammées ont été errigées au coin des rues St-Marc et René-Levesque afin de bloquer la circulation automobile. Une bannière #WetsuwetenStrong a été déployée sur un panneau de signalisation afin d’exprimer la solidarité avec les souverainetés autochtones.

Cette action s’inscrit dans la lignée d’événements organisés en appui aux Wet’suwet’en qui résistent et luttent contre la destruction de leur territoire depuis plus de 10 ans. À Montréal et à travers le Canada, plusieurs actions répondent à l’appel à la solidarité lancé par les Wet’suwet’en en réaction à l’intervention de la GRC pour empêcher l’accès à leur territoire le 13 janvier dernier.

L’état canadien, via ses forces armées et sa justice coloniale, s’attaquent présentement aux defenseur.es des territoires Wet’suwet’en afin d’assurer le déploiement des 670 kilomètres de pipeline de gaz naturel liquéfié de Coastal GasLink (CGL).

Dans ce moment critique, continuons de répondre à l’appel des Wet’suwet’en et supportons leur lutte par tous les moyens nécessaires.

Plus d’infos sur https://unistoten.camp

#WetsuwetenStrong

Solidarité avec les Wet’suwet’en : Les voies ferrées sabotées à répétition en Ontario

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Jan 242020
 

Soumissions anonymes à North Shore Counter-Info

Appel à la perturbation des voies ferrées ici.

01/07/2020 – Hamilton : sabotages simultanés de goulets d’étranglement ferroviaires en solidarité avec les défenseur.ses de la terre Wet’suwet’en

Il y a une décennie, les Wet’suwet’en en ont inspiré plus d’un.e lorsqu’il.les ont réoccupé leurs territoires non-cédés, afin d’amorcer un processus de guérison et de s’assurer que la terre soit protégée ainsi qu’elle le nécessite pour assurer le maintien de la vie et des pratiques du peuple Wet’suwet’en, la continuité de leur existence sur leur territoires traditionnels.

Il y a un an, la GRC a violemment envahi ces territoires pour permettre à l’industrie d’y avoir accès.

Il y a une semaine, l’état canadien a criminalisé Anuk’nu’at’en – la loi héréditaire Wet’suwet’en – en accordant une injonction criminalisant les personnes autochtones et leur allié.es advenant que celles-ci protègent le Yintah des forces destructives de l’industrie.

Nous honorons ces anniversaires par un énorme fuck you à l’état.

Tôt ce matin, des colons ont répondu à plusieurs appels à l’action : ceux qu’ont émis de multiples groupes de maisons (house groups) [NdT: Chaque clan Wet’suwet’en compte un certain nombre de groupes familiaux appelés Yikhs, ou groupes de maisons] Wet’suwet’en après avoir courageusement évincé l’industrie de leurs territoires non-cédés, ainsi que celui émis par des colons pour les colons.

Nous avons contribué d’un petit geste à la résistance menée contre notre gouvernement et la violence qu’il perpétue. Nous avons simultanément perturbé trois goulets d’étranglement des voies ferrées du CN et du CP, situés à des endroits stratégiques, avec l’intention de bloquer toute circulation entrant et sortant de soit-disant Hamilton. Nous l’avons fait en utilisant des fils de cuivre et des câbles de démarrage [NdT: communément appelés “câbles à booster”] attachés aux câbles des éclisses du chemin de fer, afin de créer un court-circuit – vidéo démonstratif (ouvrir avec TOR). Cette méthode est sécuritaire, facile, relativement peu risquée et facilement reproductible.

Le CN a expédié et continuera d’expédier des tuyaux vers des parcs de stockage en préparation pour de la construction. Il est aussi doté de très grands segments d’infrastructure isolés. Les premières installations ferroviaires ont eu un impact profond et durable sur la colonisation de l’île de la Tortue ; les prendre pour cible aujourd’hui a un impact direct sur l’économie du soit-disant canada.

Bien que les perturbations causées par ces actions ne soient que temporaires, nous espérons envoyer un message fort : le respect de la souveraineté autochtone – partout sur l’île de de la Tortue – n’est pas facultatif. Nous ne serons pas passifs.

Nous espérons que d’autres, à travers l’île de la Tortue – en particulier les colons – se joindront à nous pour garantir qu’il ne s’agit que du début, et pour rendre l’oléoduc de Coastal GasLink intenable à la fois pour l’industrie et pour l’état, de toutes les manières possibles.

***

01/14/2020 – Toronto : Explorations sur les perturbations ferroviaires en solidarité avec les Wet’suwet’en

Ce week-end à Toronto, inspiré.e.s par les actions des défenseurs de la terre Wet’suwet’en ainsi que par un récent appel à la perturbation des chemins de fer, certain.e.s anarchistes ont pris les rails pour contribuer à l’élan des manifestations, des blocages et des actes de sabotage ayant eu lieu sur l’île de la Tortue.

Nous avons hésité à rédiger cet article car, en raison de notre manque d’expérience et de l’endroit choisi, nous ne pouvons pas être absolument certain.e.s que notre tentative de sabotage ait réussi. Mais finalement, nous avons voulu partager notre message de solidarité et notre engagement dans cette lutte, ainsi que nos propres réflexions et connaissances acquises lors de cette première tentative.

Les articles publiés précédemment sur ce site constituent un excellent point de départ pour apprendre à exécuter ce type de mission. Nous avons choisi un site à proximité d’un nœud ferroviaire et avons utilisé du fil de cuivre pour imiter la présence d’un train sur les rails, ce qui bloquerait (avec un peu de chance !) tout trafic ferroviaire jusqu’à ce que la perturbation soit éliminée. Comme nous n’avions pas de câbles de raccordement, qui assurent une connexion plus fiable, nous avons rapidement frotté nos points de jonction avec de la laine d’acier pour nous assurer qu’aucune rouille n’entravait la connexion.

Tel que mentionné dans les articles précédents, et ça s’est avéré juste dans notre cas, il peut falloir un certain temps avant de trouver un endroit où les éclisses (qui sont un endroit idéal pour se connecter) s’alignent sur les deux rails. La prochaine fois, nous chercherons probablement d’autres endroits où quitter la voie ferrée en toute sécurité, ce qui nous donnera des options plus proches de là où nous nous sommes retrouvé.e.s, au lieu de devoir revenir en arrière jusqu’à l’endroit où nous étions entré.e.s.

Un peu plus tard, en quittant les lieux, nous avons vu un camion avec les phares allumés au bord de la voie ferrée. Il est difficile de dire s’il était stationné ou s’il se dirigeait vers le site de la perturbation, mais il est bon de savoir qu’il était là.

Enfin, il aurait été bon de savoir avec certitude si l’action a réellement fonctionné. Si une connexion est établie avec succès, les barrières des passages à niveau à proximité vont s’abaisser, et il aurait donc été utile de viser un endroit proche d’une telle barrière. Sinon, on aurait pu placer un guetteur ou une guetteuse à une certaine distance du site de l’action, pour garder un œil sur un passage à niveau, ou sur toute autre activité indiquant le succès de l’action.

En conclusion, nous disons : Faites attention et lancez-vous ! Les yeux sur la ligne de front, les pieds dans la rue et… sur les voies ferrées !

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01/18/2020 – Sabotage d’une voie ferroviaire à haute capacité

Il y a quelques nuits, un.e colon.ne anarchiste a saboté la principale voie ferroviaire transcontinentale du CN. Si TC Energy voulait transporter quoi que ce soit depuis le sud de l’Ontario, ou depuis plus loin à l’est, jusqu’au site de CGL en Colombie-Britannique, elle utiliserait probablement cette voie ferroviaire. J’ai pris soin de choisir un site isolé, comme agir seul prendrait plus de temps. J’ai utilisé la méthode avec les fils de cuivre décrite ici. Afin d’assurer une bonne connexion, j’ai utilisé de la laine d’acier et du vinaigre pour enlever la rouille des voies ferrées. Je crois que la perturbation a fonctionné, puisque le fil a émis des étincelles quand il a été connecté aux voies ferrées. Je suis parti.e rapidement – même quand on ne se sent ni pressé.e ni stressé.e, il est important de partir aussi rapidement que possible – et je suis retourné.e à la maison. Cette action était facile à faire, même pour une personne complètement inexpérimentée.

Et particulièrement en tant que colons, nous devrions continuer à trouver des opportunités de perturber ce projet. CGL continue de menacer de détruire les territoires et le mode de vie Wet’suwet’en.

Solidarité avec les Wet’suwet’en ! Nous continuerons de montrer à l’état colonial violent et à CGL que nous ne reculerons pas. Il est si facile de bloquer l’infrastructure permettant les projets d’exploitation comme CGL.

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01/23/2020 – Gardez votre feu vif : sabotage d’un chemin de fer à Burlington

La nuit dernière, nous avons fait un sabotage au niveau d’un goulot d’étranglement de la voie ferrée à Burlington. Ce lieu a été choisi car c’est là que les lignes de Detroit et de Buffalo se rejoignent pour aller vers Toronto et Montréal. Nous avons entendu dire que c’est le carrefour de ce genre le plus fréquenté au Canada. Cette action a été faite en solidarité avec les Wet’suwet’en qui luttent en première ligne contre l’État canadien et les entreprises qu’il soutient, suite à un appel au sabotage de chemins de fer.

Pour ce faire, nous avons identifié un poste de signalisation et mis le feu à son alimentation électrique pour détruire les câbles qui l’alimentaient. En espérant que cela leur prendra un certain temps pour réparer et que la ligne restera fermée le plus longtemps possible.

Nous avons fait cela pour montrer aux personnes qui luttent sur le front qu’elles ne sont pas seules, et que d’autres sont prêtes à faire des gestes forts de solidarité si la GRC agit contre elles. Nous avons choisi ce moment tendu des négociations qui ont commencé aujourd’hui pour nourrir le feu sur les premières lignes.

Continuons à bloquer les rails, la solidarité est un outil puissant qui nous permet à toutes et tous de construire notre autonomie. La GRC, hors du territoire Wet’suwet’en et partout ailleurs !

Assurance, courage, lien, confiance : une proposition de culture de sécurité

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Jan 222020
 

Soumission anonyme à North Shore Counter-Info

Quand on parle de culture de la sécurité, les gens vivent généralement l’une de ces deux expériences : soit iels construisent des murs et tiennent les autres à l’écart, soit iels sont iels-même exclu·e·s et n’ont pas la confiance des gens. Dans les deux cas, il y a des sentiments négatifs — la peur et la suspicion pour le premier et un sentiment d’aliénation et du ressentiment pour le second. Je dirais que ce sont les deux côtés d’une même médaille, deux expériences d’une culture de la sécurité qui ne fonctionne pas bien.

Je veux être accueillante et ouverte aux nouvelles personnes quand je m’organise. Je veux aussi me protéger du mieux possible des efforts visant à perturber cette organisation, surtout de la part de l’État, mais aussi des patrons ou de l’extrême-droite. Ça signifie que je veux avoir le genre de pratiques de sécurité qui me permettent d’être ouverte tout en sachant que j’ai évalué les risques auxquels je suis exposée et que je prends des mesures intelligentes pour les minimiser. La culture de la sécurité devrait faciliter et non pas limiter l’ouverture aux autres.

Cette proposition de culture de la sécurité repose sur un recadrage — sur le passage de la peur à l’assurance, de l’aversion au risque au courage, de l’isolement aux liens, et de la suspicion à la confiance.

Il est logique d’avoir peur — l’État est très puissant, la répression est fréquente et elle a le pouvoir de nous écraser, nous et tous nos projets. Mais je ne veux pas être paralysée par cette peur. Avec des informations précises et un bon plan, on peut commencer à transformer la peur en assurance, en sachant qu’on a des pratiques de sécurité à la hauteur des risques auxquels on fait face. En fait, sans transformer la peur, il est difficile d’imaginer comment même agir face au pouvoir de nos ennemis.

Je ne veux pas avoir peur du risque. Je veux faire le choix de mes actes en fonction de leur efficacité, de leur pertinence, de mon analyse et de mon éthique. Une bonne culture de la sécurité nous permet de faire preuve de courage dans nos tactiques collectives, car on sait qu’on peut gérer les risques. Lorsqu’on ne transforme pas l’aversion au risque, on s’auto-police et on reste confiné à l’espace d’opposition symbolique qui nous est fourni.

La répression fonctionne en isolant les gens. Je ne veux pas contribuer à cet isolement par ce que je fais pour ma sécurité et celle de mes ami·e·s. Je veux une culture de la sécurité enracinée dans l’approfondissement de nos liens les un·e·s avec les autres. Quand on ne dépasse pas l’isolement, l’organisation risque de ressembler au travail et de ne pas permettre le genre de relations qui nous transforment vraiment, d’une manière qui nous fait ressentir le monde que nous voulons créer.

Je ne veux pas me méfier des gens que je rencontre. C’est toxique et ça désagrège les espaces de lutte qu’on crée. Plutôt que de ressentir de la méfiance envers quelqu’un, je préfère me demander : « Qu’est-ce que ça prendrait pour que je fasse confiance à cette personne ? » Je veux aller vers les gens et essayer de transformer la méfiance en confiance.

Je voudrais proposer une définition de la culture de la sécurité pour donner une perspective à cette conversation. La culture de la sécurité est un ensemble de pratiques développées pour évaluer les risques, contrôler les flux d’informations dans nos réseaux, et construire des relations de lutte fortes. Il existe d’innombrables cultures de la sécurité possibles, mais ce qui est important c’est qu’elles viennent de discussions claires et explicites à propos des risques et s’adaptent au changement. Dans l’exemple qui suit, le rapport au risque s’adapte à l’évolution des actions et à la répression. Les pratiques de culture de la sécurité qui y sont mentionnées seront expliquées plus loin.

Dans une mobilisation contre un oléoduc, là où je vis, on a voulu mettre l’accent sur les actions directes de masse visant les infrastructures pétrolières. On a établi que, pour les premières étapes de cette mobilisation où on se concentrait sur la sensibilisation et la recherche, le risque qu’on courait était très faible et qu’on pouvait en toute sécurité faire participer de nombreuses personnes à ces étapes, et partager ouvertement les infos par n’importe quel moyen. Quand on a commencé à planifier des actions symboliques, cette considération n’a pas beaucoup changé, mais quand on a commencé à planifier des choses comme bloquer des routes ou manifester devant un commissariat, l’élément de surprise est devenu une considération plus importante. En dehors des risques pénaux encourus, nos actions seraient tout simplement moins efficaces si elles étaient connues à l’avance. On a donc cessé d’utiliser des moyens de communication publics ou facilement surveillés et on a commencé à demander que les gens ne communiquent les détails qu’à des personnes de confiance ayant l’intention de participer.

Peu après le début de cette phase de la mobilisation, un dispositif policier national appelé Joint Intelligence Group (JIG) s’est formé pour défendre les oléoducs, avec la participation de différents services de police et de renseignement. Les JIG et les dispositifs de ce genre constituent une menace spécifique envers les luttes de toutes sortes, car ils visent directement à perturber les luttes et disposent d’importantes ressources. Donc, même si nos actions n’ont pas changé, on a repensé notre rapport au risque et on a décidé d’isoler les organisateur·ice·s des actions de possibles accusations de conspiration en planifiant les actions au sein d’un petit groupe opaque. On pouvait inviter à participer des personnes en qui on avait confiance, et on pouvait prendre des mesures pour établir cette confiance, comme vérifier les identités les uns des autres. Mais on ne planifierait plus les actions ouvertement au niveau du réseau plus large de personnes intéressées par le travail de sensibilisation. Grâce à ce changement, quand on s’est orienté vers le sabotage d’infrastructures critiques, il nous a suffi d’élargir le noyau qu’on avait formé et d’encourager d’autres groupes à s’organiser de la même manière. La coordination des groupes (groupes passés par un vouching, voir ci-dessous) se faisait via des réunions rassemblant des représentant·e·s de chaque groupe, où le rôle de chacun était décidé.

(Ce modèle d’organisation, comme tous les autres modèles, vient évidemment avec ses forces et ses faiblesses. Mon intention dans ce texte n’est pas de faire l’apologie d’une manière de s’organiser en particulier, bien que j’aie plus d’expérience avec certaines qu’avec d’autres.)

Avant d’approfondir des idées et des pratiques spécifiques, je veux parler d’une objection courante que les gens ont à l’égard des discussions sur la culture de la sécurité dans leur lutte : « Je ne fais rien d’illégal donc je n’ai pas besoin de penser à la sécurité ». Ou alors plus spécifiquement, mais l’objection sous-jacente est la même : « Je ne parle de rien d’incriminant, inutile de me préoccuper de la surveillance », ou « En général, je ne me fais pas arrêter à la frontière, donc je n’ai pas à me soucier des tas de brochures anarchistes dans ma voiture ».

C’est l’État et nul autre qui décide de réprimer ou de saper les luttes — ce qui ne passe pas forcément pas la criminalisation d’actions spécifiques. Personnellement, j’ai eu un certain nombre de condamnations pénales : j’ai passé environ un an en prison, deux ans en détention à domicile, et à peu près cinq ans avec diverses restrictions de liberté. Toutes ces condamnations étaient pour des activités de lutte de routine que l’État a choisi de réprimer pour des raisons qui lui sont propres. J’ai été condamnée à huit mois de prison pour avoir aidé à organiser des réunions et pour avoir écrit et distribué un appel à une manifestation lors d’un contre-sommet ; quelques années plus tard, j’ai été condamnée à un an pour avoir distribué un tract annonçant une manifestation et y avoir ensuite participé. Dans ces deux cas, il y a eu des dégâts matériels lors des manifestations, mais je n’en ai jamais été accusée. L’État a plutôt choisi d’utiliser des accusations de conspiration pour cibler des gens s’organisant de manière visible et routinière comme je l’ai fait à maintes reprises. Une dynamique similaire s’est manifestée dans d’autres affaires de conspiration aux États-Unis et au Canada. Mon expérience n’a rien d’exceptionnel.

Je ne raconte pas ça pour me positionner comme victime — je veux m’organiser pour menacer le pouvoir, donc il me semble logique d’être ciblée pour ça. Ce qui est notable, c’est que l’État choisisse de criminaliser la distribution de tracts et l’organisation de réunions afin d’intimider ou de faire des exemples. Même si ce genre de répression ne se produisait que dans 1% des cas (bien que ça semble arriver plus souvent), on doit faire attention et s’organiser en conséquence avec des pratiques de sécurité adaptées. Sinon on aura plus d’autre choix que de préventivement restreindre nos activités, intérioriser la répression et intégrer la crainte et la faiblesse à nos pratiques.

Ceci dit, la culture de la sécurité ne consiste pas seulement à se protéger des accusations pénales. Il s’agit d’empêcher que nos activités soient perturbées. La criminalisation est une menace particulière, mais c’est loin d’être la seule.

Pendant le contre-sommet où j’ai été accusée de conspiration, seuls deux des seize infiltré·e·s du JIG étaient impliqués dans le procès lui-même. Les autres avaient changé des mots de passe de sites Web et d’adresses électroniques, dirigé des autobus vers les mauvais endroits, volé du matériel médical, répandu des rumeurs pour aggraver certains conflits, et même tenté de piéger des jeunes dans un étrange complot autour d’un attentat à la bombe. Toutes ces actions policières ont eu un effet extrêmement perturbateur, sans jamais avoir besoin de recourir au pouvoir des tribunaux, et on ne connaîtra sans doute jamais l’étendue de leur impact.

On a déjà vu que le maintien de l’élément de surprise est souvent une considération importante en matière de sécurité. Un exemple dans notre région est l’organisation de manifs devant des prisons en soutien aux personnes à l’intérieur : en les organisant discrètement, on peut avoir une liberté de mouvement et d’action pendant un certain temps avant que la police ne soit en mesure d’intervenir. Ou imaginons qu’une section de l’IWW tente de lancer une mobilisation de type « Réclame ta paye » contre un patron — iels devront prendre des mesures pour se protéger contre des poursuites au civil ou le risque d’être ciblé·e·s par une entreprise de sécurité privée. Ou bien prenons le travail que font les antifascistes pour identifier l’extrême-droite — iels doivent se prémunir contre la divulgation de leurs propres informations personnelles et contre les violences dont iels pourraient faire l’objet dans la rue. Il y a aussi de plus en plus d’entreprises de sécurité privées engagées pour défendre des intérêts privés (et celles-ci peuvent faire des choses que la police ne peut ou ne veut pas faire), ce qui est arrivé à plusieurs reprises ces dernières années dans les luttes de défense de terres menées par les autochtones.

Les préoccupations en matière de sécurité sont déjà en grande partie intégrées dans nos modes d’organisation. Pour bâtir une culture de la sécurité, il faut évaluer les risques de manière explicite au-delà de quelques actions spécifiques, et adopter des pratiques claires conçues pour nous garder en liberté et assurer l’efficacité de nos actions, quelles que soient les formes que prennent nos luttes. Pour ça, il faut se concentrer sur la mise en place de liens solides, tout en créant un climat de confiance où il est possible d’agir avec assurance.

Voici selon moi quelques principes de base de culture de la sécurité :

Les « Deux Jamais ». Même s’ils sont relativement bien connus, ces deux points sont aussi un peu inadéquats. Dans leur forme a plus simple, ils sont : « Ne jamais parler de sa propre implication dans une activité illégale. Ne jamais parler de l’implication de quelqu’un d’autre dans une activité illégale. »

Mais c’est inadéquat, parce que la majorité de ce qu’on fait n’est pas clairement illégal. On pourrait donc reformuler les « Deux Jamais » comme : « Ne jamais parler de sa propre implication ou de l’implication de quelqu’un d’autre dans une activité qui risque d’être criminalisée. Ne jamais parler de l’intérêt de quelqu’un d’autre pour une activité criminalisée. »

Mais cette reformulation est encore inadéquate, parce que les accusations pénales ne sont pas le seul risque. Bien sûr, avoir une règle claire et respectée par tou·te·s de ne pas parler inutilement de trucs illégaux est une bonne idée, peu importe où on se trouve. Ça inclut ce qu’on croit parfois être des blagues — des paroles en l’air à propos de combattre les flics ou d’attaquer la propriété privée peuvent sembler moins légères lorsqu’elles sont consignées dans le rapport d’un infiltré.

L’une des raisons courantes qui font qu’on se met à douter d’une personne c’est quand cette personne essaie de prendre des gens à part pour discuter de tactiques illégales. Plutôt que de dire : « Cette personne est un flic qui tente de me piéger », on peut reformuler nos propos et dire : « J’ai besoin de clarifier ma vision de la culture de la sécurité avec cette personne si on continue à travailler ensemble ». La version reformulée des « Deux Jamais » peut permettre cette clarification. Elle nous aide aussi à nous souvenir de ne pas spéculer sur qui est à l’origine d’actions anonymes accomplies autour de nous. Ça, c’est le rôle de la police. Si autour de nous, des gens se demandent qui sont derrière des actions illégales anonymes, on peut leur rappeler simplement que l’action a été faite anonymement, que ce n’est pas important de savoir qui l’a faite et que l’action parle d’elle-même.

(Une chose dont on parle moins est comment les reproches autour de la culture de la sécurité peuvent renforcer des dynamiques de pouvoir néfastes. On doit absolument parler entre nous des interactions qui nous posent problème en terme de sécurité, mais ça devrait toujours être mutuel et fait en privé si possible — décris ce que tu as entendu, présente ton idée de culture de la sécurité, demande si l’autre pense que c’est une limite raisonnable, sois prêt·e à écouter son désaccord. L’objectif est de construire une compréhension partagée pour élargir les formes d’organisation dans lesquelles on peut s’engager ensemble, pas que les autres se sentent honteux (ni se sentir soi-même plus hardcore). Une forme encore plus extrême de ça est de faire courir des ragots comme quoi quelqu’un·e serait un·e informateur·trice sans preuve à l’appui, ce qui peut avoir d’importantes conséquences sur la vie des gens ; ça a été une des causes de l’éclatement des mouvements révolutionnaires des années 1970. Un moindre exemple peut être qu’une personne plus « expérimentée » en rabaisse une autre devant un groupe pour avoir parlé d’actions qu’iel a trouvé inspirantes ou parce qu’iel parle aux mauvaises personnes.)

Un autre principe de base est de privilégier les rencontres en face-à-face. Peu importe la sécurité de tel ou tel outil de communication, on construit une meilleure confiance, des relations plus solides et on prend de meilleures décisions quand on prend le temps de se rencontrer en personne. Quand les outils de communication électroniques remplacent le face-à-face, nos conversations sont plus faciles à surveiller, génèrent plus de malentendus, et peuvent être perturbées par des décisions ou des problèmes liés aux entreprises qui gèrent ces outils. Chaque fois que tu utilises des outils électroniques pour t’organiser, demande-toi si cela remplace les rencontres face à face. Si c’est le cas, demande-toi si c’est vraiment nécessaire. Envisage de réduire ta dépendance à ces outils. (On reviendra un peu plus loin sur la sécurité informatique…)

Une des objections à ça est que plein de gens ont de l’anxiété sociale et préfèrent communiquer via leurs appareils ; une autre est que se déplacer physiquement est impossible pour certaines personnes. Comme pour d’autres sujets difficiles qui émergent quand on parle de culture de la sécurité, je t’encourage à faire face à ces obstacles et à chercher d’autres moyens de satisfaire ces besoins en essayant tout de même de prioriser les rencontres en face-à-face. Après tout, ces technologies sont très récentes et les gens ayant des handicaps de toutes sortes ont depuis longtemps développé des moyens pour se retrouver et s’organiser autour de sujets qui les affectent.

La répression est inévitable, essayer de l’éviter à tout prix ne vaut pas la peine. Peu importe la lutte, si elle est menée au-delà des limites de la légalité, elle deviendra une lutte contre la police, dont le rôle est de défendre ce monde tel qu’il est. Si on part avec l’idée que l’on évitera la répression à tout prix, on n’utilisera que des formes de luttes approuvées par la police, ce qui rend quasi impossible la construction d’un pouvoir collectif capable d’un changement transformateur. Pour ne pas subir ces limites, on doit être prêt·e·s à faire face à la répression.

Une façon de s’y préparer est de mettre la police et les prisons au centre de nos luttes dès le départ. Là-dessus, on peut apprendre des mouvements antiracistes qui gardent toujours en tête la violence raciste et physique de ces institutions et cela même lorsqu’ils choisissent de se concentrer sur des sujets plus larges. L’avantage c’est qu’on construit une culture de lutte qui n’est pas choquée par la violence policière et qui est réaliste quant à la prison. On peut aller un peu plus loin et incorporer des pratiques de solidarité dans nos luttes. Si on s’organise sur un lieu de travail on peut s’intéresser aux luttes de travailleur·euse·s ailleurs et réfléchir à des actes de solidarité pratiques avec celleux qui font face à la répression. Si on s’organise autour des questions queer on peut trouver et soutenir des prisonniers queers, et au passage apprendre à connaître les prisons de la région au cas où ça nous soit utile un jour. Si on s’intéresse aux luttes écolo et de défense de terres, il y a des défenseur·e·s de terres en prison qui font face à des accusations et à la violence physique de l’État à travers tout le continent ; incorporer des pratiques de solidarité avec elleux dans nos projets peut donner une puissante inspiration en vue d’une résistance forte et courageuse.

Un autre avntage est qu’on recevra sans doute plus de solidarité en retour puisque la prison est une grande force unificatrice qui relie toutes les formes de luttes contre la domination et l’oppression. Prendre part à une culture de résistance qui démontre de la solidarité active face à la répression peut jouer gros dans le fait de nous garder en sécurité. Comme toujours, c’est en ayant de bonnes informations qu’on combat la peur. Plus on en sait à propos du fonctionnement de la police et des prisons, plus on peut transformer notre peur en préparation et en confiance en nous-même.

Avec ça en tête, observons plus en détail ce que signifie évaluer les risques. Ce qui importe ici est de le faire ouvertement et régulièrement puis de se focaliser sur comment rendre possibles les actions qu’on pense efficaces et appropriées. Ça peut être facile d’être dans un état d’esprit réticent au risque et de s’auto-policer encore plus de ce que l’État arrive à nous contrôler. Être explicites quant aux risques peut faire en sorte que ce soit plus facile de mettre l’accent sur le courage et les possibilités.

Si vous vous posez pour prévoir une manif, pensez au ton qu’elle prendra. Est-ce que vous l’imaginez calme et ordonnée ? Ou combative et incontrôlable ? Si la police tente de vous bloquer, est-ce que vous resterez passifs où est-ce que vous essaierez de leur rentrer dedans ? Est-ce qu’il y a des actions que vous seriez excités de voir advenir pendant la manif, mais qui risquent d’être criminalisées plus que le défilé en lui-même ? Ça peut être aussi basique que de poser des autocollants ou bien ça peut être de faire des tags ou de briser des vitrines. Est-ce que votre plan sera menacé si vous perdez l’élément de surprise ? Qui ne doit pas être mis au courant de ce plan ? Comment est-ce que vous allez joindre les personnes que vous devez contacter sans risquer que les mauvaises personnes aient vent de l’initiative ? Communiquer clairement à propos du ton que prendra une action peut aider les autres à élaborer des plans autonomes appropriés.

C’est important d’éviter le laisser-aller et de ne pas prendre les choses pour acquis. Voici un exemple de 2018 :

Les organisateur·trice·s d’un salon du livre anarchiste ont décidé d’appeler à une manif de nuit après l’événement. Iels avaient mis beaucoup d’énergie dans les autres aspects de la journée et ont négligé les risques de la manif, parce qu’iels avaient organisé un tas de manifs auparavant. Néanmoins, la manif a été beaucoup plus combative que toutes les autres et il y a eu beaucoup de dégâts matériels — iels n’avaient pas évalué explicitement les risques alors que l’heure du rendez-vous approchait. Iels n’avaient pas non plus pris en compte que le JIG se focalisant sur un sommet du G7 qui allait avoir lieu dans une autre province cet été-là, ça pouvait faire que des ressources policières additionnelles les cibleraient durant cette période. Du coup les pratiques de sécurité dans l’organisation de la manif n’étaient pas adaptées aux risques que l’action a fini par comporter et tous les organisateurs du salon du livre ont été accusé·e·s de conspiration.

Il s’agit d’un exemple extrême, mais des imprévus vont toujours advenir et c’est généralement une bonne chose, vu qu’on ne peut pas vraiment prévoir notre chemin vers les situations insurrectionnelles. Rester actif·ve dans notre évaluation des risques peut réduire les chances d’être pris par surprise. Mettre régulièrement en pratique une culture de la sécurité rigoureuse peut limiter les dégâts dans ce genre de situation. Dans cet exemple, une bonne sécurité informatique, une culture de non-coopération avec la police, une solidarité persistante et active, une bonne dissimulation des visages, et un refus d’abandonner ou de se soumettre ont fait que cette situation inattendue s’est avérée bien moins problématique qu’elle aurait pu l’être, et les peronnes ont surmonté la situation la tête haute.

Comme autre exemple, prenons le développement d’une organisation de masse, par exemple une organisation antifasciste. Quel genre de questions doit-on se poser pour évaluer les risques, même si aucune mobilisation n’est prévue ? De quel niveau de confiance a-t-on besoin entre nous par rapport au genre de choses que l’on veut faire ? On risque peut-être d’être infiltré par la police donc savoir qu’on est tou·te·s les personnes qu’on prétend être peut être important. On pourrait aussi être infiltré par l’extrême droite, auquel cas comprendre nos lignes politiques respectives et construire graduellement une confiance mutuelle via des actions qui augmentent doucement en intensité peut être une solution. Le principe de privilégier les rencontres en face-à-face plutôt que la communication en ligne rendra sans doute ces objectifs plus atteignables.

Si le but est de développer les actions pendant les manifs alors il est possible de discuter de discipline et de planification. Quelles sont les attentes des un·e·s envers les autres dans des situations tendues ? Il est difficile de respecter des attentes lorsqu’elles sont vagues, et plus facile d’agir intelligemment quand on a un plan clair et qu’on arrive à estimer si ce plan fonctionne ou pas. Développer de bonnes habitudes pour gérer des situations au sein d’un groupe a d’énormes conséquences en terme de sécurité lors des manifs — ce n’est pas la culture de la sécurité, mais c’est assez lié. Par exemple, les risques des manifs antifascistes peuvent inclure d’être trop peu nombreux·ses, être encerclé·e·s ou séparé·e·s, être suivi·e·s ou identifié·e·s par l’extrême droite ou par la police, subir des blessures inutiles ou se faire arrêter.

Quelques pratiques qui tiennent compte des risques lors des manifs :

  • Un nombre minimum de participants : l’action est annulée ou modifiée par un plan B de moindre intensité si le nombre de participants minimum nécessaire n’est pas atteint.
  • Des stratégies de fuite : à quel moment partir, comment le communiquer aux autres, où se séparer, comment éviter d’être suivis, comment vérifier que chacun·e est rentré à la maison sans problème ?
  • Des points de rassemblement : se regrouper avant de se rendre vers le site d’une action.
  • Des tactiques de rue appropriées : se positionner en deux lignes avec des rôles complémentaires par exemple.
  • Des pratiques de communication claires : comment communiquer dans la rue, est-ce que vous amènerez vos téléphones, quels noms utiliser entre vous ?
  • Un moment de débriefing : comment vérifier entre vous après l’action que tous sont en sécurité, se rassembler plus tard pour faire un retour sur l’action ou offrir du soutien.

Différents groupes vivent différentes expériences de culture de la sécurité et je ne tenterai pas de parler de tout. J’aimerais plutôt en partager quelques-unes dont j’ai fait l’expérience avec les gens qui m’entourent et qui nous ont réussi. Il s’agit de la vérification d’identité, du vouching, des cercles de confiance, des structures organisationnelles flexibles et du fait d’aborder les mauvaises dynamiques de façon proactive.

La vérification d’identité sert à établir qu’une personne est bien qui elle prétend être. Lors de la mobilisation contre l’oléoduc décrite plus haut, au moment où on a voulu passer à des actions directes plus intenses, on a eu besoin d’approfondir la confiance au sein du groupe. Parce qu’on parlait régulièrement de risques, on a compris que les pratiques de sécurité utilisées pour les manifs, les petites occupations et les événements de sensibilisation n’étaient pas adaptées à nos nouveaux objectifs. Comme on s’inquiétait du risque d’infiltration, on a décidé de vérifier les identités des uns et des autres. Par exemple, je pouvais inviter une personne à prendre un café et, sans prévenir, montrer ma carte d’identité et peut-être une photo de famille ou une photo de classe. Je pouvais lui dire que je voulais qu’iel puisse avoir confiance que j’étais réellement celle que je prétendais être parce que je voulais qu’on puisse mener ensemble des actions plus risquées. On discutait ensuite de ce que cette personne pourrait me montrer. Parfois, il s’agissait d’un coup de fil à son travail ou à un membre de sa famille en haut-parleur. Je pouvais ainsi entendre la voix de la personne à l’autre bout du fil donner des détails sur la vie ou le travail de la personne. D’autres fois, la pièce d’identité était suffisante. Parfois on s’est montré nos appartements respectifs. L’idée était que ce soit aussi mutuel que possible (ce qui est difficile, car en pratique, il y a toujours une personne qui initie le processus) et de se concentrer sur la construction de la confiance.

C’est inutile de faire de telles vérifications d’identité avec des personnes en qui on n’a pas confiance ou avec qui on ne se sent pas à l’aise de faire des actions risquées. Le but n’est pas de démasquer des flics mais d’approfondir notre confiance et notre assurance. Vérifier nos identités de cette façon devrait être un signe de respect.

Plusieurs facteurs peuvent venir compliquer ce processus. Par exemple, les gens qui ont immigré n’ont peut-être pas de famille à proximité ou le même type de documents. Souvent, les personnes queers et trans n’utilisent pas les noms inscrits sur leurs documents officiels et iels ne se sentent peut-être pas à l’aise de partager leurs noms légaux ou de vielles photos. Néanmoins, ce sont des éléments à prendre en compte et auxquels s’adapter, pas des raisons de faire des exceptions. Une flic infiltrée dans ma région prétendait fuir une relation abusive et a utilisé les pratiques de solidarité avec les survivant·e·s d’agression pour éviter de parler des détails de son passé. Notre inconfort quant aux sujets plus sensibles et complexes crée des angles morts qui peuvent être utilisés par celleux qui nous veulent du mal — on doit être courageux et trouver les moyens d’aborder cette complexité. On ne doit pas l’éviter.

Un·e ami·e qui a expérimenté les vérifications d’identité pense qu’il y a peut-être des moments où c’est OK d’être moins mutuel, lorsqu’on ne veut pas donner aux gens trop de contrôle sur le type de preuve à apporter. Iel met aussi l’accent sur le fait que les vérifications d’identité n’aident pas forcément dans le cas des balances (en opposition aux infiltrés) qui sont bien celleux qu’iels prétendent être, mais qui ont de mauvaises intentions. Il faut aussi prévoir quoi faire si quelqu’un ne peut ou ne veut pas jouer le jeu, ou si on découvre quelque chose qui nous fait ré-évaluer la confiance qu’on avait en la personne.

Le vouching est une technique pour intégrer de nouvelles personnes dans un groupe déjà existant ou dans un espace d’organisation. Tout comme nos autres pratiques, c’est mieux lorsque c’est explicite et fait de manière systématique. La première étape est d’avoir des bases de confiance claires au sein d’un groupe. La base de confiance peut être que les membres aient des idées compatibles et soient fiables. Ou alors de s’assurer que les membres sont bien ceux qu’ils prétendent être, qu’ils ne paniquent pas en cas de stress, qu’ils ont certaines expériences d’organisation et qu’ils sont à l’aise avec certains types d’actions. Peu importe cette base, le vouching c’est quand un ou plusieurs membres existants introduisent une nouvelle personne au groupe, et affirment que celle-ci correspond aux bases de confiance du groupe. Les autres membres doivent explicitement accepter ou rejeter ce vouch. L’aspect explicite du vouching évite le risque de faire implicitement confiance aux gens pour des raisons superficielles, par exemple parce qu’ils correspondent aux normes culturelles d’un milieu, parce qu’on présume de leur personnalité, ou parce qu’on présume que d’autres personnes leur font confiance.

Voici un exemple de vouch, c’est-à-dire d’assurances données par des membres existants du groupe vis-à-vis d’une nouvelle personne :

« Je connais cette personne depuis cinq ans, durant ce temps on a travaillé ensemble sur des projets publics et je lui fais confiance pour me soutenir dans des moments difficiles. Je suis allé dîner chez son père une fois et je suis souvent allé la chercher au travail. »

Voici un autre exemple :

« J’ai rencontré cette personne l’an dernier à un événement sur le changement climatique et on s’est vu plusieurs fois à des événements écolos depuis. On a souvent discuté de différents sujets et je l’aime bien. Je sais qu’elle cherche à gagner en expérience dans l’organisation d’actions et je crois que ça pourrait fonctionner avec nous. »

Une exception au fait d’être explicite sur les raisons qu’on a de faire confiance à quelqu’un est de ne pas briser les « Deux Jamais ». Si vous organisez des actions clandestines, inviter de nouvelles personnes ou présenter un groupe à un autre est délicat : le vouching reste une bonne idée mais il est important de ne pas parler des actions auxquelles une personne a participé afin de ne pas la mettre en danger. Comme il est nécessaire d’avoir une forte base de confiance pour faire ce type d’actions, il est possible de faire confiance au jugement de quelqu’un sans demander de détails d’actions spécifiques.

Les cercles de confiance sont surtout destinés aux réseaux informels et à l’organisation sur des bases affinitaires (ce qui correspond à la plupart de mes expériences d’organisation). Cette technique consiste à écrire les noms des individus dans votre réseau autour d’un cercle puis à tracer différents types de lignes entre ceux-ci pour symboliser les types de relations qu’ils ont entre eux. Une ligne continue pourrait représenter une relation forte et basée sur la confiance. Une ligne brisée pourrait signifier un certain niveau de confiance et une ligne pointillée que vous ne vous connaissez pas bien. Ce processus collaboratif peut en dire long sur les dynamiques de groupe et visibiliser les liens qu’il faudrait renforcer pour développer de la confiance.

Ça peut révéler que seule une personne a des relations fortes avec tout le monde et que les autres liens sont moins solides. Cela voudrait dire qu’il y a un travail à faire pour équilibrer le réseau, ce qui le rendrait aussi plus résistant (au cas où cette personne est arrêtée ou simplement tombe malade ou fait un burn out) et plus égalitaire, car la capacité à lancer des projets est liée au nombre de personnes qui font confiance à la personne qui les lance. Cet exercice peut également montrer qu’il y a quelqu’un en qui personne ne fait confiance.

Souvent, un infiltré se rapproche d’un premier milieu, puis utilise les noms des contacts établis au sein celui-ci pour se rapprocher d’un deuxième milieu. Le vouching et les cercles de confiance protègent bien contre ça. Au-delà de démasquer les individus hostiles, les cercles de confiance nous permettent de renforcer nos réseaux en transformant ces lignes brisées en lignes continues autant que possible.

Les structures organisationnelles flexibles permettent à nos luttes de s’adapter aux besoins de différents types d’activité. L’organisation informelle sur des bases affinitaires est un modèle développé pour répondre à ce besoin. Dans un réseau informel (c’est-à-dire sans structure fixe), les individus communiquent leurs idées et leurs intentions puis des groupes affinitaires se forment autour d’un projet quelconque ou d’un désir partagé d’intervenir sur des bases communes. La force de ce modèle est qu’il est très facile d’initier des projets avec des degrés de risques variés, chacun avec sa culture de la sécurité adaptée. Cela implique aussi qu’il n’y ait que les gens concernés qui connaissent les détails ou les personnes impliquées, à moins qu’il en soit décidé autrement.

Une flexibilité semblable peut être incorporée dans d’autres modèles d’organisation. La clé est de respecter et de légitimer les initiatives individuelles, en n’exigeant pas que chaque activité soit approuvée par une entité centralisée. Une autre clé est le respect de la liberté d’association : considérer comme normal de travailler en petits groupes choisis aux côtés de groupes plus larges ayant des structures plus ouvertes. Ça peut ressembler à des comités ou à des groupes de travail ayant la capacité de définir leurs propres critères de participation. Ça peut aussi être d’être ouvert à certains éléments de l’organisation affinitaire décrite plus haut ou d’être explicite quant à quelles informations partager à qui.

Enfin, aborder les mauvaises dynamiques de façon proactive est généralement une bonne habitude à avoir, mais c’est si important en terme de sécurité qu’on devrait insister dessus dans chaque conversation sur la culture de la sécurité. De nombreuses dynamiques peuvent éroder la confiance et rendre l’organisation plus difficile. Par exemple le bullying (harcèlement, brimades), ou les comportements oppressifs enracinés dans le patriarcat ou la suprématie blanche. Un autre exemple est la centralisation des ressources et des contacts, qui fait que les projets ne peuvent être initiés que par certaines personnes. Ou encore de dire du mal des autres dans leur dos, de se vanter, ou de briser les « Deux Jamais » en posant des questions à propos des activités criminelles d’autrui. Quiconque ayant été impliqué dans un milieu militant peut facilement lister les mauvaises dynamiques qui s’y trouvent.

Comme je l’ai dit plus haut en parlant des difficultés liées à la vérification d’identité, nos difficultés liées aux mauvaises dynamiques et à l’oppression dans nos milieux sont des points faibles que la police et le renseignement connaissent de plus en plus. J’ai mentionné la flic qui prétendait fuir une relation abusive pour s’immiscer dans la vie des gens (elle avait même intégré la coloc d’une personne). Une autre expérience d’infiltration impliquait un flic dans la quarantaine à la peau foncée. Lorsque les gens parlaient de comment celui-ci les mettait mal à l’aise (entre autres pour avoir brisé les « Deux Jamais »), il arrivait à détourner ces préoccupations en répondant qu’ils étaient racistes envers lui. Il a trouvé du soutien chez un groupe d’activistes antiracistes dans une autre communauté que celle qu’il ciblait principalement et il a réussi à résister à plusieurs tentatives pour l’expulser des espaces d’organisation. Il a fini par témoigner dans un dossier qui a envoyé six personnes en prison. Il a certainement vécu du racisme dans notre milieu, ce qui, combiné à sa manipulation cynique de l’antiracisme, devrait nous pousser à examiner les faiblesses de nos politiques antiracistes. Avoir des politiques claires sur le racisme, les oppressions de genre et d’autres oppressions (c’est-à-dire être à l’aise de discuter de nos analyses sur ces sujets) ainsi que des pratiques pour adresser ces sujets de front quand ils surviennent peut réduire les chances de réussite de telles stratégies d’infiltration.

Il peut y avoir plein de raisons de ne pas faire confiance à quelqu’un, et plein de comportement prédateurs qui n’impliquent pas qu’une personne soit un flic infiltré. Le cas de Brandon Darby en est un exemple. Dans le texte « Pourquoi les misogynes font des super indics », les auteur·ice·s affirment que les gens auraient dû faire plus d’efforts pour aborder les comportements très sexistes de Darby avant même qu’il commence à coopérer avec le FBI et qu’il piège plusieurs personnes. Darby est un exemple extrême, mais il arrive très souvent dans notre milieu que des gens se sentent mal à l’aise à cause de comportements patriarcaux. Parfois, les gens vont développer des soupçons envers ceux qui ont ces comportements, ce qui est compréhensible, mais c’est une erreur de chercher des infiltrés lorsque ce qui est devant nos yeux, c’est du sexisme : les comportements destructeurs doivent être abordés en tant que tels. Et si ça nous aide contre des indics comme Darby, tant mieux.

Un mot sur les organisations de masse formelles. Ces organisations sont souvent imperméables aux débats sur la culture de la sécurité car elles associent ces débats à des modes d’organisation qui ne leur correspondent pas. La culture de la sécurité peut être perçue comme une critique générale de leurs organisations plutôt que comme un moyen de les renforcer. Certaines des pratiques ci-dessus ne s’appliquent peut-être pas aux organisations de masse formelles, mais j’argumenterais que tous les principes généraux s’appliquent. En fait, je crois que si de telles organisations font attention à leurs modes de fonctionnement, elles verront certaines de ces pratiques y existent déjà.

Par exemple, dans les sections du IWW, il est fréquent de s’organiser en secret au sein d’un lieu de travail. Parfois des noms de code sont utilisés, et seules des informations générales sont rendues publiques. Il est aussi fréquent pour de telles organisations d’assigner des petits comités à certaines tâches comme l’organisation d’une manif, et les réunions de ces comités ne sont pas forcément ouvertes aux personnes non-impliquées, ou bien des moyens de communication spécifiques sont utilisés pour éviter les grosses listes mail et les réseaux sociaux.

Ce que je suggère, c’est que des conversations explicites à propos des risques et de la sécurité soient incorporées dans les différents projets menés par ces organisations. La formation de comités autonomes qui décident de leurs propres pratiques de sécurité est une étape importante, tout comme accueillir des initiatives individuelles par des membres qui s’associent sur des bases affinitaires. C’est-à-dire que la structure doit être assez flexible pour accommoder différentes formes d’organisation pour différents types d’activité.

Certaines objections à la culture de la sécurité viennent souvent de celleux qui utilisent des réseaux sociaux comme le populaire Facebook. J’aimerais apporter quelques critiques de l’organisation par Facebook et proposer une manière pour les grosses organisations qui en dépendent de faire autrement.

Le point crucial est que les réseaux sociaux contrôlés par des entreprises réduisent les possibilités d’organisation. Puisque s’organiser par ces réseaux est à peu près aussi privé que de s’organiser dans la salle d’attente d’un commissariat (chose qui est largement admise de nos jours), il y a des limites strictes à ce qui peut y être discuté. Ce qui veut dire que si on est dépendants de Facebook parce que c’est notre principal moyen d’organisation, les limites de ce qui peut être pensé et planifié deviennent nos propres limites. Ce genre de désarmement préventif est une vraie position de faiblesse.

Sur de telles plateformes, on prend aussi le risque d’être submergé de réactions hostiles. On ne peut pas contrôler comment nos actions seront reçues, et parfois nos actions ne sont pas très populaires — après tout, on veut un monde sans capitalisme organisé sur des bases radicalement différentes. Les réactions sur Internet après une action impopulaire peuvent être déstabilisantes. Lors d’une récente mobilisation antifasciste dans ma ville, l’extrême-droite et les médias de masse ont réussi à provoquer un contre-coup contre les antifascistes qui a inondé les réseaux sociaux de menaces et de colère. Les antifascistes dépendaient fortement de Facebook pour s’organiser et iels ont dû faire face à un choix : rester hors ligne et éviter le contre-coup, mais être isolés de leurs camarades ou aller en ligne et discuter avec les gens, mais en ayant des conversations dominées par le stress et l’hostilité. Cette dynamique rend la lutte moins résiliente et notre travail plus perturbable par la mauvaise presse.

Le contrôle des plateformes par les entreprises est un autre problème. Facebook est une entreprise énorme et riche dont les intérêts sont opposés aux nôtres — ce qui est bon pour nous est mauvais pour elle. Si on dépend de ses infrastructures, elle est capable de nous faire taire à n’importe quel moment pour n’importe quelle raison. De telles entreprises sont très sensibles à la pression du public. On n’a pas besoin de réfléchir longtemps pour trouver des exemples de projets qui sont devenus impopulaires et qui ont perdu leurs pages et ainsi, leur capacité à communiquer avec leur base. Si on est trop dépendants de ces entreprises, ça peut être un désastre. Demandez-vous ce que vous feriez si toutes vos pages et vos comptes disparaissaient ce soir — comment est-ce que vous vous organiseriez demain ?

Il y a aussi le problème de la surveillance, qui ne devrait pas être controversé. Tout ce qui est écrit sur Facebook est sauvegardé pour toujours dans une base de données à laquelle la police peut avoir accès en tout temps. Facebook (tout comme Google et d’autres) vous traque et espionne vos appareils. Ces données sont également accessibles aux agences de renseignement et de sécurité. Ce n’est pas une théorie, ça a été prouvé à maintes reprises, et des accusations contre des militants basées sur ces données sont de plus en plus courantes en Europe et en Amérique du Nord ces dernières années.

Ma proposition pour les réseaux sociaux est la suivante. Privilégier les rencontres en face-à-face. Se rencontrer régulièrement si possible, ainsi le prochain rendez-vous est déjà prévu au cas où la communication en ligne soit perturbée. Quand on utilise les réseaux sociaux, demandons-nous si c’est vraiment nécessaire si c’était possible d’utiliser un autre moyen de communication. Je vous encourage à voir un réseau social comme un mégaphone, une façon d’amplifier votre voix. Ce n’est pas comme dans un salon où on discute et on apprend à connaître les gens. Utilisez ces réseaux pour promouvoir, annoncer, disséminer, mais ayez vos conversations ailleurs. Dans les luttes auxquelles je participe, on efface presque tous les commentaires des pages qu’on administre et on les déplace vers d’autres plateformes dès qu’on les reçoit. On utilise des comptes partagés quand c’est possible et on limite notre dépendance aux comptes liés à des informations personnelles. Peut-être que vous ne voulez pas aller aussi loin, peut-être que vous voulez aller plus loin, mais c’est en tout cas une façon d’utiliser la puissance des réseaux sociaux tout en évitant leurs principaux désavantages.

L’évolution de nos usages des réseaux sociaux peut se faire graduellement, en observant ces usages de manière critique et en les déplaçant petit à petit vers d’autres platformes, ou mieux, en les transformant en rencontres en face-à-face. Ça a pris du temps pour que tant d’aspects de nos vies soient capturés par ces entreprises dégueu, et développer de nouvelles habitudes et cultures de luttes qui résistent à ces entreprises nous prendra peut-être beaucoup de temps aussi.

Enfin, parlons un peu de sécurité informatique. Le sujet est complexe et c’est facile de s’embourber. Néanmoins, il y a quelques règles simples que l’on peut suivre pour améliorer notre sécurité informatique. Voici trois points.

Un : Utilise le chiffrement de bout en bout à moins que tu aies une raison de ne pas le faire. Cette technologie peut être compliquée, mais de nos jours plusieurs applications de messagerie la rendent très accessible. Je recommande Signal, de Open Whisper Systems, même si WhatsApp utilise le même type de protocole de chiffrement, mais sans protection des métadonnées. L’inconvénient est que ce ne sont pas des logiciels multiplateformes, alors qu’avec PGP, puisque c’est possible de copier-coller des blocs de textes, on peut l’utiliser avec tout — les différents clients de messagerie, Facebook, Twitter et même les messages textes. Mais c’est plus difficile de se mettre à PGP et l’expérience a démontré que les gens ne sont pas prêts à faire beaucoup d’efforts pour leur sécurité informatique.

Deux : Chiffre les données là où elles sont enregistrées. À moins d’avoir une raison de ne pas le faire, tu dois immédiatement chiffrer ton téléphone (Android a une option pour ça, de nombreux iPhones sont chiffrés par défaut). Pour les données enregistrées sur les ordinateurs, les disques durs externes, les clés USB ou en ligne, je recommande VeraCrypt. Ça te permet de faire des « boîtes » chiffrées où tu mets tes fichiers. Par contre, ça ne t’aidera pas si ton chiffrement est déverrouillé au moment où ton ordinateur est saisi. Si tu penses que tu risques d’être arrêté, ne circule pas entre différents endroits avec ton téléphone (chiffré) allumé. Envisage de récupérer un vieux réveille-matin. Ainsi, tu peux éteindre ton téléphone et ton ordinateur pendant la nuit (ce qui ré-active le chiffrement, typiquement désactivé au démarrage), particulièrement si tu risques d’être perquisitionné. Fais des sauvegardes de tes données et garde-les dans un autre lieu.

Trois : Dissimule ton identité en ligne lorsque c’est possible. Ton adresse IP est visible par tous les sites web et les services que tu utilises et relie tes activités du point de vue de ton fournisseur d’accès à Internet et de l’État, même si tu utilises la « navigation privée ». Je recommande l’utilisation de Tor pour toute navigation ou recherche. Les réseaux sociaux d’entreprises bloquent généralement Tor (Reddit est une exception et Twitter te laissera utiliser Tor si tu le leur demandes), donc si tu essaies d’avoir un compte anonyme sur ces réseaux, une option est d’utiliser un VPN — il y en a un gratuit et disponible chez Riseup pour l’usage des anarchistes et des militants.

Beaucoup plus de choses peuvent être faites pour la sécurité informatique, mais ces trois étapes sont déjà un bon début. Il y a quelques années, la police a fait une perquisition chez nous. Ils ont saisi une quinzaine d’ordinateurs portables et de téléphones ainsi que plusieurs clés USB et disques durs. Parmi tout ça, un seul ordinateur portable n’était pas chiffré car il était resté allumé. Mais sur tout le reste, aucune information n’a pu être récupérée. Les historiques des SMS et des appels qui été obtenus via nos opérateurs téléphoniques n’ont rien révélé puisqu’on utilise le chiffrement de bout en bout avec un service qui protège les métadonnées. On utilise pas les réseaux sociaux ou Google pour communiquer. Lorsqu’ils ont fait des recherches sur ces plateformes, ils n’ont rien trouvé. Ces pratiques de sécurité informatique fonctionnent lorsqu’elles sont appliquées correctement et de façon constante. Il y a une vraie différence entre les appliquer et ne pas les appliquer, en terme de résultat. Ces méthodes nous mettent en confiance lorsqu’on se lie aux autres et contribuent à construire la confiance.

Merci de votre lecture! Ce texte est plus long que prévu, mais j’espère qu’il a été utile. Je l’ai écrit car il n’y a pas une tonne de bonnes ressources à propos de culture de la sécurité. J’espère que ça inspirera les gens à discuter de quelles pratiques sont appropriées pour elleux, animés par un esprit d’assurance, de courage, de liens et de confiance. Par nos actes, gardons le cap sur le monde qu’on tente de créer plutôt que de craindre les mouvements de nos ennemi·e·s. Bonne chance !

Perturbation matinale du Port de Montréal en solidarité avec les Wet’suwet’en en lutte contre Coastal GasLink (vidéo)

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Jan 162020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Ce matin vers 7h30, une soixantaine de personnes enragées par l’invasion des territoires Wet’suwet’en par Coastal GasLink et la GRC se sont rassemblées dans l’est de Montréal. Elles ont bloqué l’intersection du Boulevard Pie-IX et de la rue Notre-Dame Est en pleine heure de pointe, afin de perturber l’accès au Port de Montréal ainsi qu’au centre-ville via l’autoroute 720.

Sur des bannières on pouvait lire « GTFO of Wet’suwet’en land » et « Solidarité avec les souverainetés autochtones », et des tracts expliquaient aux automobilistes les raisons de l’action.

Laissant derrière des barricades enflammées, le groupe a marché vers l’ouest sur Notre-Dame, formant un blocage déambulant en érigeant d’autres barricades sur sa route.

L’appareil répressif anti-manifestation du SPVM n’était heureusement pas au rendez-vous, puisque l’appel à l’action n’a pas été diffusé sur les médias sociaux. Quelques chars de flics sont apparus vers la fin.

Face à l’État qui cherche à détruire toute relation au territoire qui n’est pas soumise à l’économie, notamment les formes relationnelles ancestrales autochtones sur leurs propres territoires, perturber l’économie coloniale est une réponse appropriée et nécessaire.

Ce n’est qu’un début, multiplions les offensives contre l’État canadien, son économie, sa paix sociale, et chacune des facettes de la catastrophe coloniale !

Le monument de Macdonald vandalisé avec de la peinture en solidarité avec les défenseur.e.s des terres autochtones qui luttent contre les pipelines

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Jan 162020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

-> Photos: https://postimg.cc/gallery/odqgsg22/

16 janvier 2020, Tiohtiá:ke/Montreal — Plus tôt ce matin, un petit groupe d’artistes anticoloniaux a attaqué le Monument de John A. Macdonald à Montréal avec de la peinture bleue. Cette attaque s’insère dans une série d’au moins une douzaine d’autres actions à caractère antiracistes et anticoloniales ciblant spécifiquement la statue.

Nous avons entrepris notre action en solidarité avec les défenseur.e.s des terres autochtones qui, au front, continuent de s’opposer et de résister à la construction de pipelines sur leurs terres ancestrales. Nous pensons spécifiquement aux nations Wet’suwet’en et Secwepemc (entre autres) qui maintiennent depuis des années l’unique opposition à la construction du gazoduc Coastal GasLink (CGL) et du projet d’expansion de l’oléoduc Trans Mountain sur leurs territoires respectifs. Ils ne sont toutefois pas impliqués directement ou indirectement dans notre action. Nous vandalisons la statue de Macdonald comme un simple message de soutien anticolonial en provenance de l’autre côté de l’Île de la Tortue. Nous encourageons toutes et tous, à faire de même.

John A. Macdonald était ouvertement raciste et il prônait le génocide des peuples autochtones. Nous avons ciblé le monument de Macdonald, mais notre message s’adresse plus spécifiquement à Justin Trudeau et au gouvernement fédéral qui est directement responsable du Square Dorchester et de ses monuments situés au centre-ville de Montréal. Pendant que Trudeau fait l’éloge de la réconciliation, le capitalisme corporatif, en ce qui concerne la construction des pipelines et l’extraction des ressources en général, piétine tous engagements significatifs pris avec les nations autochtones.

Toute la force répressive de l’État canadien est actuellement déployée contre les défenseur.e.s des terres autochtones (et leurs complices) qui sont au front de la lutte contre les pipelines. Nous faisons référence ici aux services de polices militarisées, aux injonctions judiciaires, aux accusations criminelles, aux zones d’exclusion, aux barrages policiers et à la complaisance des médias dominant. Le moins que nous puissions faire est de poser des gestes symboliques de solidarité et ce que nous en tant que non-autochtones résidant sur l’île de la Tortue DOIVENT faire, est de se livrer à des actes significatifs de perturbation économique. C’est parti !

– Certaines personnes anticoloniales de Montréal
info: MacdonaldMustFall@riseup.net

Un appel d’allochtones à allochtones à perturber les voies ferrées en solidarité avec les Wet’suwet’en

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Jan 142020
 

Soumission anonyme à North Shore Counter-Info

Soyons clair·e·s : ce texte est écrit par des allochtones. Nous n’avons pas le vécu de personnes autochtones, ni donc des Wet’suwet’en. Ces mots nous viennent du cœur et nous nous sentons en affinité avec cette lutte tant au niveau personnel que pour ce qui est des idées et des relations. Nous estimons qu’il est de notre responsabilité d’agir contre les systèmes et les corporations qui nuisent aux gens et à la terre. Nous reconnaissons notre responsabilité et notre complicité en tant qu’allochtones, et nous cherchons des opportunités et des stratégies en accord avec nos idées pour montrer notre solidarité. Pour autant, nous ne parlons pas à la place de personnes autochtones et nous sommes ouvert·e·s à la critique.

Tout d’abord, voyons les raisons pour lesquelles il y a pu avoir parfois un manque de clarté sur ce que veulent les gens dans l’Ouest.

Nous souhaitons simplement rappeler aux ami·e·s qui lisent ces lignes que certaines personnes ont l’interdiction de mettre en œuvre ou d’encourager des actions contre le projet — et même de le critiquer. Ce bâillon prend la forme d’ordonnances judiciaires qui les menacent financièrement, et fait courir le risque à la communauté de perdre un centre de guérison basé sur le territoire. Nous nous rappelons que les gens à qui on aurait pu donner le rôle de “chefs” n’ont pas forcément envie de se retrouver sur un piédestal, ni d’être fétichisés par des allochtones désireux·euses de réponses concrètes — ce qui entraîne des risques considérables pour plusieurs d’entre eux.

Au sein de cette lutte et ailleurs, on encourage souvent les allochtones à s’occuper de leurs semblables, du processus de colonisation en cours et de ses maux. En tant qu’allochtones, nous entendons par cela une exhortation à défier — avec une position offensive — l’État et les industries qui sont prêts à tuer pour le profit tout en prétendant agir dans notre intérêt.

Nous reconnaissons aussi le sentiment de désespoir que beaucoup d’entre nous ont ressenti lorsque, après une décennie de ligne dure, les chefs ont accepté que la barrière d’Unist’ot’en soit ouverte. Vous savez déjà qu’acquiescer sous peine de violences, ce n’est pas du consentement. Mais il y a aussi d’autres faits à considérer, comme la GRC qui venait chez les chefs la nuit pour les menacer de manière plus ou moins explicite. On peut se demander si le désespoir et la déception n’existaient pas dans les deux sens, et jusqu’où le faible nombre de sympathisant·e·s voulant ou pouvant se rendre sur la zone après une décennie de promesses n’a pas influencé l’issue de l’affaire et ses suites. Pour notre part, nous passons à l’action quand nous nous sentons à notre plus fort·e·s — bien reposé·e·s, centré·e·s, encouragé·e·s, appuyé·e·s. En quoi sommes-nous aussi responsables de la décision d’ouvrir cette barrière, nous les allochtones, allié·e·s ou sympathisant·e·s, qui n’avons pas été présent·e·s ou n’avons pas agi de notre côté ?

Malgré tout ça, les Wet’suwet’en n’ont jamais cessé de demander du soutien et des actions de solidarité, et ielles n’ont jamais cessé de défendre leur territoire. Et le 5 janvier, les Wet’suwet’en et leurs sympathisant·e·s ont de nouveau pris physiquement position pour protéger le Yintah et leur mode de vie, pour garantir la survie des générations futures. Contre la violence impérialiste et coloniale de l’État canadien menée au service d’entités privées, c’est leur simple existence qu’ielles défendent, et l’autorité et la juridiction du Canada et de CGL sur leur territoire non cédé qu’ielles rejettent.

Nous luttons à leurs côtés et nous sommes prèt·e·s à exprimer notre solidarité par des actes.

En plus, ami·e·s et camarades, nous voulons vous donner envie de passer à l’action, vous aussi!

Anarchistes, camarades, radicaux·ales, celleux en soi-disant Ontario qui pensent comme nous ont une longue histoire d’actions de solidarité avec, pour et inspirées par les blocages et les projets fonciers indigènes. Ces actions de soutien ont été des moments beaux et courageux, et de là sont nés des relations et des réseaux durables.

Rêvons en grand et faisons en sorte que cela se reproduise!

CGL a coupé à blanc de larges pans de forêt cette année, dispersé la faune, établi un camp pour travailleurs et déplacé ou détruit des lignes de trappe. La GRC est venue établir un “bureau pour la protection de l’industrie”, le tout sur des terres non cédées. Cette année, on a également appris que la GRC, au service des corporations, était prête à tuer des personnes autochtones.

En outre, s’inscrivant dans la lignée des génocides commis contre les peuples autochtones, la juge Marguerite Church vient d’octroyer une injonction interlocutoire contre les Wet’suwet’en, ce qui rend illégal, selon le droit colonial, la défense de leurs terres contre l’industrie ou contre le Canada en tant que nation envahisseuse. Dans cette injonction, il est écrit que “le droit autochtone n’a aucun effet sur le droit canadien”. Ceci permettra la destruction du camp Gidimt’en, ainsi que les cabanes éparpillées sur le territoire, et menace le centre de guérison.

On ne s’étonnera pas de ce ramassis de conneries impérialistes.

Pourquoi chercher d’autres raisons d’agir?

Seule nous reste la question de quoi faire.

En tant qu’allié·e·s lointain·e·s, il faut reconnaître qu’on n’obtiendra peut-être jamais de manière large et explicite la permission d’agir, ni une quelconque autorisation “officielle” (interrogeons-nous d’ailleurs sur notre désir d’obtenir une telle approbation). Mais quelques considérations peuvent nous donner une bonne idée de ce qui est nécessaire et souhaité.

1) L’intensité de la situation actuelle. À l’heure actuelle, les chefs héréditaires Wet’suwet’en se sont réuni·e·s pour une dernière confrontation, et pour chasser l’industrie de leurs territoires afin d’empêcher de nouveaux dommages à la terre et à l’eau, ce qui assure leur sécurité et leur mode de vie. Les actions en justice n’ont pas marché, alors le moment est peut-être venu — la dernière chance de protéger leur Yintah.

2) Ce développement entraînera de nouveaux appels à solidarité, plus intenses et plus enflammés.

3) Parmi les actions qui, par le passé, ont suscité appui et enthousiasme, on trouve des perturbations conflictuelles, telles des blocages de ports ou d’autoroutes, des occupations et tentatives de fermeture d’installations pétrolières et la fermeture d’un terminal Shell. Aucune action n’a encore été dénoncée.

4) Les demandes précédentes conseillaient de respecter les accords et les responsabilités du territoire où on se trouve, de respecter la terre, l’eau et la vie, et d’honorer et de mettre en avant les perspectives autochtones.

Il ne manque pas de possibilités, mais en réfléchissant à ce qu’on a déjà vu marcher par ici, ce qui serait pertinent et stratégique, ce qui peut incorporer différents tons et tactiques, nous sommes arrivé·e·s au sabotage ferroviaire.

La circulation ferroviaire offre une excellente opportunité de perturber l’État et l’économie : l’étalement des infrastructures est tel qu’elles sont quasiment indéfendables, surtout en dehors des villes. Partout sur l’Île de la Tortue, les particularités géographiques créent des milliers de goulots d’étranglement. Ce sont des cibles hyper efficaces et vulnérables à toute une gamme de méthodes. L’histoire nous montre que même des perturbations de courte durée — à cause d’actions ou de grèves — ont un impact économique démesuré. Récemment, après deux jours de grève dans le secteur ferroviaire, le gouvernement fédéral s’est mis à élaborer une législation d’urgence par souci pour l’économie. En 2012, une perturbation de neuf jours a fait chuter le PNB de 6,8%.

Imaginons que des allié.e.s perturbent et détruisent les infrastructures ferroviaires et les goulots d’étranglement au nord du Colombie-Britannique, entre Kitimat-Chetwynd-Houston-Stewart; les sections de d’oléoduc resteraient en rade aux ports, devant l’impossibilité de les cheminer aux chantiers.

Il n’est pas nécessaire de se mettre en première ligne, on peut lutter là où on est.

Le sabotage ferroviaire fonctionne à la fois comme tactique et stratégie, alors nous appelons à des perturbations ferroviaires continues en solidarité avec le peuple Wet’suwet’en qui défend son territoire non cédé contre l’industrie et une invasion policière.

Nous recommandons l’emploi de fil de cuivre pour activer les blocs signaux et détruire les postes d’aiguillage et les rails d’acier — mais même de grands groupes de désobéissance civile peuvent bloquer des voies ferrées essentielles, ce qui est beaucoup mieux que de ne rien faire. Continuez à lire pour avoir les détails, les mises en garde et les liens.

Comme à chaque fois, nous vous encourageons à penser à vos cœurs, ainsi qu’à la pérennité de ses actions et de la lutte de manière générale. Un petit rappel de prendre soin de vous, de vos empreintes digitales et de vos traces d’ADN — pour la sécurité de tous·tes — car la répression suit souvent l’action.

Empreintes digitales

On peut enlever les empreintes digitales d’une surface à l’aide d’isopropanol. Bien essuyer chaque objet au cas où quelque chose serait laissé sur les lieux ou se fasse découvrir. Gardez les items dans des sacs propres et neufs et enlevez-les en portant des gants.

ADN

Il y a de nombreuses façons de laisser son ADN. Soyez dilligent·e·s; ne vous touchez pas la figure et ne toussez pas dans vos mains lorsque vous portez des gants. Brossez bien vos cheveux pour enlever les cheveux morts et attachez-les. Ne fumez pas et ne crachez pas aux environs de la cible. Ne laissez derrière vous. Attention de ne pas vous blesser. Débarassez-vous des masques, chapeaux, matériaux ou vêtements comme il faut (eau de Javel, chaleur ou feu). Les jours de pluie sont salissants mais utiles : la pluie va laver, déplacer et contaminer les fibres et l’ADN. L’eau de Javel peut détruire l’ADN en empêchant sa reproduction en laboratoire et donc son analyse. La chaleur et le feu détruisent l’ADN aussi.

Si vous n’êtes pas sûr·e·s, assurez-vous.

Méthode fil en cuivre

– À NE JAMAIS ESSAYER SUR LES VOIES DE METRO, elles sont électrifiées.
– Cette méthode est utile pendant la désobéissance civile en groupe pour envoyer le signal d’arrêter la circulation des trains

Les rails en acier font partie du circuit d’un dispositif nommé le “système de bloc automatique|” (ABS). Un faible voltage traverse les rails entre des capteurs pour créer des cercles divisés en blocs géograhiques. Lorsqu’un train traverse un bloc, les essieux du train interrompent ou raccourcissent le circuit, les capteurs remarquent que le bloc est occupé et arrêtent de manière automatique la circulation des trains dans la zone.

Avec un fil en cuivre à jauge élevée (épaisse!) qu’on passe autour et puis entre les rails, il est possible de tromper les capteurs et de les déclencher. À retenir: il n’est pas nécessaire de trouver les capteurs de blocs eux-mêmes.

Astuce: il faut que le fil en cuivre soit en contact avec des sections des deux rails sans rouille ni oxydation. Du fil en cuivre de jauge élevée est nécessaire. Servez-vous d’un·e guetteur·euse pour vous assurer qu’il n’y ait pas de trains ni de patrouilles de sécurité. Faites un plan avant de commencer à passer le fil. Trouvez un bon endroit, creusez sous les deux rails pour passer le fil autour de l’un puis de l’autre. Souvenez-vous qu’au moment où vous attachez le fil au deuxième rail vous interrompez le circuit, et que les capteurs se déclencheront pour signaler le problème. Disparaissez le plus vite possible. Si vous enterrez la cable avec de la pierre concassée, de la neige ou de la terre, cela rendra sa localisation plus difficile dans le bloc.

Détruire les postes d’aiguillage

Les postes d’aiguillage font partie du circuit des rails. Si vous vous baladez le long des voies ferrées, vous les aurez sans doute vues : ce sont des structures grises, grosses comme un abri, ou de petites boîtes grises attachées à des poteaux. Ces boîtes reçoivent et interprètent les signaux du circuit. Leur revêtement est en métal et leurs portes sont scellées d’une manière ou d’une autre. Les petites boîtes sur les poteaux ont des câbles qui sortent et descendent au sol vers les rails. Comme ces câbles ont des composants électriques, on ne recommande pas de simplement les couper, à moins que vous ne maîtrisiez bien l’électricité. On peut aussi se servir d’un feu brûlant pour abîmer les cordes et les circuits électriques. Il ne faut pas se contenter de les tremper d’essence et s’en aller — il faut partir un feu plus chaud et le faire durer longtemps. La bonne technique pour allonger le temps de combustion d’un liant fibreux (nous, on aime bien les balles de tissu ou de coton), c’est d’ajouter de la gelée de pétrole et bien imbiber le tissu. Vous pourrez juste l’allumer, ça fonctionnera comme mèche. Pour augmenter la chaleur, on peut ajouter du caoutchouc de pneu ou de chambre à air de vélo. Avec un petit feu comme ça dans les boîtes du circuit ou bien à l’endroit où le câble entre dans le sol, on devrait endommager le circuit et empêcher la circulation ferroviaire en activant durablement le système de blocage automatique.

À noter: il faut se pratiquer à faire de tels feux pour voir ce qui est possible. Brûler du caoutchouc provoque des émanations toxiques. Il s’agit ici d’un incendie volontaire, ce que les autorités prendront plus au sérieux que la méthode du fil en cuivre. Faites attention : trouvez un bon endroit, ayez des guetteur.euse.s en place et un plan d’arrivée et de fuite où vous n’aurez pas à croiser du monde. Assurez-vous de ne pas laisser d’empreintes digitales ni d’ADN, débarrassez-vous des équipements comme il faut et mettez en place une excellente culture de sécurité avec votre bande.

Détruire les rails d’acier

Comment détruire des rails en acier sur lesquels passent des milliers de tonnes tous les jours? De la même manière qu’ils sont soudés, à la thermite.

La thermite est un mélange de carburant et d’oxydant dont on peut modifier les proportions pour qu’il dégage une chaleur suffisante pour brûler le bloc moteur d’une voiture. Ce n’est pas dangereux à produire, mais ça dégage énormément de chaleur et de luminosité en brûlant, alors faites attention. Cette méthode exige très peu de temps sur place, juste un moment pour l’allumer et partir. Cela produit un maximum de dégâts matériels, car il faudra remplacer le rail ou le poste d’aiguillage.

Le carburant le plus simple est la poudre d’aluminium. On peut le trouver dans des vieux etch-a-sketch ou le produire à base de (vrai) papier d’aluminium dans un moulin à café. Plus la poudre ou les flocons sont fins, plus rapidement ça brûlera.

L’oxydant le plus simple, avec la poudre d’aluminium, c’est l’oxyde ferrique : la rouille rouge sur le fer. Là encore, vous pouvez le récolter et le réduire en poudre fine, ou bien le fabriquer à base de laine d’acier à grain 0000 trempée dans de l’eau de Javel. Laissez-la reposer pendant une journée pour créer une pâte, qu’on peut laisser sécher et utiliser ainsi.

Vous aurez également besoin d’une mèche d’allumage. Pour mettre feu à un carburant métallique, il faut une flamme vraiment chaude, alors un briquet ou même la mèche d’un feu d’artifice ne marchera pas. Utilisez un cierge magique, ou bien une mèche faite maison avec des têtes d’allumettes enroulées dans du papier d’aluminium. Le cierge magique risque d’allumer la thermite avec ses étincelles avant le moment voulu.

La thermite en poudre

Mélanger trois doses d’oxyde ferrique à deux doses de poudre d’aluminium. Coupez ou percez un trou dans un réceptacle (une boîte de conserve, par exemple). Insérez quelques pouces de votre mèche dans le trou pour qu’elle soit en contact avec le mélange dans la boîte, puis remplissez-le de poudre. Placez-le et allumez-le à l’endroit voulu.

La thermite dure

Trois doses d’oxyde ferrique, deux doses de poudre d’aluminium, deux doses de plâtre de Paris. Versez le mélange dans un moule (boîte de conserve…), insérez quelques pouces de mèche en angle. Laissez sécher puis enlevez-le du moule.

La thermite moulable

Huit doses de poudre d’aluminium, trois doses d’oxyde ferrique, quatre doses d’argile. Mélangez bien les poudres et ajoutez-les à l’argile. Insérez la mèche de quelques pouces. Placez le mélange où vous voulez et allumez-le.

Notes: Comme ces méthodes s’attaquent directement aux rails, elles comportent un risque de déraillement. Pour éviter ça, vous voudrez peut-être activer le système de bloc automatique en attachant les rails avec du fil de cuivre, comme dans la première méthode. Encore une fois, les flics sont susceptibles de bien fouiller si vous employez de la thermite. Assurez-vous que tous les items que vous laissez sur place n’aient aucune trace d’empreintes digitales ni d’ADN. Employez des guetteur.euse.s et choisissez des chemins d’approche sans caméra. Débarrassez-vous des vêtements et des bottes. La thermite brûle rapidement et en dégageant beaucoup de lumière — ne fixez pas la flamme des yeux après l’allumage. La poudre en aluminium très fine est réactive à l’oxygène et risque de s’allumer facilement. Si de l’eau (pluie, neige, flaques) touche le mélange, l’explosion résultante va projeter du fer fondu dans tous les sens. N’essayez jamais d’éteindre un feu de thermite avec de l’eau.

Sherbrooke contre le monde et sa prison

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Jan 132020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Afin de débuter de manière combative nos années 20 et son flot de désastres à venir, notre petite troupe de complices décidé.es s’offrit une visite surprise à la prison Talbot de Sherbrooke/Nikitotegwak (à la rivière qui fourche) ce 31 décembre peu avant minuit.

Bien dissimulé.es dans un boisé environnant, nous attendirent que sonne 2020 pour souhaiter nos vœux de bonne année; soit en allumant et dirigeant nos pièces pyrotechniques festives vers cette infrastructure liberticide de malheur. Bien vite nous entendirent venir de la prison des acclamations enthousiastes de la part des détenu.es, en espérant que cet instant de joyeuse surprise permit à tous et toutes d’oublier momentanément la violence du monde carcéral et de sa justice pourrie.

En solidarité avec les détenu.es du monde entier. Une attention particulière pour les autochtones, dont les Mohawks et les Abénaquis, à qui appartiennent les terres que nous squattons actuellement, les toxicos, les femmes et la communauté LGBTQ+, les personnes vivant.es avec des troubles de santé mentale, les itinérant.es, les immigrant.es et personnes racisé.es, les prolétaires marginaux et autres sujets sur-judiciarisés, enfermés, violentés, surveillés, ostracisés et assassinés par les forces armées du capital.

Comme résolution de la décennie à venir, nous nous sommes entendu.es de ne plus attendre pour affirmer et entretenir un rapport de conflictualité permanent contre les institutions bourgeoises et coloniales. Le Vieux-Monde ne s’écroulera pas tout seul.

Fuck le projet-consortium de gentrification accélérée de la Well Sud, et la répression policière envers les habitant.es du centro, faisant place nette aux investisseurs, bourgeois.es et autres jeunes cadres branché.es du secteur technologique.

Cette occupation policière se développe et s’enracine dans la quotidienneté de nombreuses manières, que ce soit au niveau de la vidéo-surveillance étendue à l’ensemble du centre-ville, aux lois municipales discriminantes et/ou avantageuses pour certaines parties des habitant.es, au profilage suprémaciste lors des contrôles, ou encore lors des arrestations arbitraires, parfois violentes, des forces de l’(dés)ordre, ce sont toujours les mêmes qui en payent le prix fort et qui sont systématiquement visé.es. Ainsi, lors de ces grands projets-chocs de privatisation de l’espace social-collectif, les SDF, consommateur.trices de drogues, travailleur.euses du sexe, les jeunes marginalisé.es, racisé.es, et les locataires précaires sont encore plus à risque qu’à la normale, déjà bien périlleuse, de finir piégé.es dans le système judiciaire et /ou carcéral.

En réaction à cette répression, des collègues auraient, à l’aide de projectiles remplis de peinture, attaqué.es le pavillon de technique policière du Cégep de Sherbrooke il y a quelques semaines, et cela ne semble être qu’un début.

Contre la nouvelle prison pour migrants à Laval ainsi que tout autres projets visant à entretenir le système mortifère des frontières internationales, qui laisse activement périr des genses par milliers en mer ou dans le désert, alors que la marchandise, elle, n’a aucune misère à traverser les océans!
Pour l’abolition du système pénal et des institutions autoritaires et disciplinaires de l’État!
Pour un futur conflictuel et créatif!

Réseau Autonome de Sherbrooke -Le-Bol !

Invitation à la Foire d’hiver: Partager, Lutter, Soigner

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Jan 122020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

L’hiver offre la possibilité de ralentir et de prendre le temps de réfléchir. Inspirer, fermer les yeux, porter l’attention sur soi, sur les relations qui nous composent, avant que ne reviennent la fougue du printemps et le fourmillement d’activités, que le regard ne soit à nouveau porté vers l’extérieur. Pourtant le froid rend difficile de se réunir en grand nombre pour discuter et partager, faute de lieux disponibles – de parcs, de ruelles, de places publiques, de squares, de plages, de forêts. Les grands moments de rassemblement entre les différentes lignées de résistance ont généralement lieu quand il fait chaud, même si dans les creux d’hiver on en aurait tant besoin.

En février prochain, la Foire d’Hiver organisera un espace de réflexion et de partage sur la manière dont les conflits sont vécus au quotidien, pour contribuer à bâtir des communautés résilientes et responsables. L’espace de la foire souhaite contribuer à transformer la culture autour des conflits qui reproduit souvent une norme de justice punitive. Comment répondre à la culture de _call-out_ qui ostracise et génère de la honte, de la culpabilité et une anxiété constante? Comment répondre à la professionalisation du care qui dépossède des capacités d’écoute et de soin, à l’appareil institutionnel médical qui individualise et pathologise la douleur? Quelles pratiques sont les plus propices à atténuer et soigner les blessures que nous nous causons? Comment interrompre la reproduction des cycles de violence et affirmer communément la responsabilité, la sensibilité et le soin?

L’événement s’inscrit dans une tradition anarchiste, où la lutte contre les diverses formes de domination et d’exploitation s’allie à des pratiques de soin et de guérison, en nourrissant la puissance du coeur, du corps et de l’esprit, tant à un niveau collectif qu’individuel. La foire ouvrira un espace de partage et de dialogue qui se veut bienveillant et où pourront se croiser différentes tendances anti-autoritaires – anarchistes, communistes anti-étatique, autonomes, queers, féministes, socialistes libertaires, anticoloniaux, anti-racistes, etc.

Retrouvons-nous le 8 février 2020, à Hochelaga au 1611 avenue d’Orléans (coin Adam), pour mettre en commun nos expériences et réflexions et enrichir les cultures de conflit.

Rêvons en grand: un appel à l’action pour les Wet’suwet’en

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Jan 072020
 

Soumission anonyme à North Shore Counter-Info

À lire également: Rien (d’important) ne change: Une analyse des changements de propriétaires de l’oléoduct CGL – texte en anglais

Où êtes-vous parti·e·s?

Janvier dernier, nous étions si nombreux·euses.

Dans la rue. À bloquer les ponts, les ports, les autoroutes, les quartiers des affaires, les terminaux de carburant et même à prendre d’assaut le complex de TC Energy. On fonçait sur des immeubles de bureaux, on pendait des banderoles, harcelait des politiciens, la police et les tribuneaux. On sensibilisait, engageait, incitait. Des réunions se tenaient sans doûte tard le soir et nos rêves nous gardaient éveillé·e·s. On développait des stratégies. Nous étions en colère, passioné·e·s et déterminé·e·s. C’était tellement beau! Ça nous a inspiré, nous a donné de l’espoir.

Qu’est-ce qui s’est passé?

Pas possible que ce soit fini, car tout continue! La force n’est pas le consentiment. La GRC — les mêmes commandants qui se sont octroyé le droit de tuer — sont encore implantés dans le territoire Wet’suwet’en à harceler les gens. Leur audace est telle qu’ils ont établi un poste de surveillance dans un lieu où ils n’ont pas affaire et où ils n’ont aucune juridiction.

Le poste 9A fonctionne déjà au dela de la zone autour de Unist’ot’en et CGL anticipe d’en construire un autre plus important, dans les environs du printemps prochain. Une centaine de personnes liées à l’industrie sont installées à 9A et d’autres arrivent tous les jours par camion, tandis que d’autres prennent des hélicos qui polluent par leur bruit et particule.

CGL et ses sous-traitants détruisent la terre tous les jours avec des coups-à-blanc et en faisant sauter les montagnes avec de la dynamite tout au long du droit de passage de l’oléoduc. Cette activité stresse les animaux sauvages et les poussent vers de nouvelles zones et sur les routes, où la circulation ne cesse de croître.

Rien de cela ne devrait arriver.

Ces terres sont des terres autochtones non cedées.

Pour tout le monde qui y a mit pied, il est facile de vouloir défendre le yintah, facile d’en tirer de l’inspiration.

On peut boire directement des sources des rivières Skeena et Bulkley, lieux de reproduction pour 30% des saumons. Dans le silence des journées d’hiver, les pins imposants laissent tomber de leurs branches tout en douceur des couches de neige et les corbeaux sautent d’arbre en arbre. En août, les sommets des montagnes glaciales restent enneigés, l’eau du Wedzin Kwah coule froid et turquoise et les fleurs magentas de l’épilobe s’ouvrent comme des taches de peinture sur le paysage tandis que les aigles parcourent la longueur de la rivière.

C’est pittoresque — et il faut que chaque détail soit maintenu tel quel pour permettre au Wet’suwet’en de survivre et prospérer. Et à cette heure, à ce moment même, il nous est possible de les aider à rendre ceci possible. Et ils nous demandent de les appuyer, ils n’ont jamais cesser de le demander. C’est nous qui avons arrêté·e·s.

Pourquoi?

Si vous avez arrêté parce que vous n’étiez pas sûr·e·s quel camp soutenir, soutenez-les tous.

S’il n’est pas clair ce qui est voulu:

  • Ils ont besoin de gens sur place, surtout à long terme (il y a de l’argent dispo pour aider des personnes autochtones à s’y rendre);
  • Des actions respectant le droit naturel et avec les accords d’allié en place (ce qui ne veut pas forcement dire de demander la permission);
  • Les camps ont aussi publié des listes de souhaits sur leurs sites web;

Si vous ne savez pas par où commencer, commencez ici (les liens sont tous en anglais):

L’alternatif à essayer (ce qui n’est pas la même que l’abilité) c’est la complicité. Nous sommes nombreux·euses à profiter de nos vies et des privilèges qui vont avec, tel la possibilité de voyager, avancer sa carrière, aller en classe ou avoir du temps de loisir.

Ceci n’est pas un argument à se culpabiliser et “tout sacrifier pour la révolution” — c’est un argument à faire de cette lutte une priorité et d’y accorder autant d’importance que les autres élèments de sa vie: carrière, études, sociabilité, aventures, voyages… C’est un argument à prendre ceci au sérieux, car ce l’est, et il faut qu’on se prenne donc nous-même au sérieux; on parle de la survie des gens et de leur culture. On parle de souverainté et guérison autochtones. Cette lutte est anticoloniale, mais elle est aussi anticapitaliste et antiétatique, avec de la place pour plein d’actions différentes.

Considérez ce texte donc comme un appel à l’action.

Considérez-le un encouragement ponctuel à construire des réseaux et un momentum capable de s’adapter, prendre des risques et ainsi capturer l’énergie.

Retrouvez-vous entre proches et discutez:

Qu’est-ce qui vous permet de prendre des risques? Comment peut-on mettre ces choses en place? Comment peut-on incorporer plus d’énergie et de capacité dans nos actions sans se compromettre au niveau de la sécurité? Quelles pratiques et cultures voulons-nous développer pour nous permettre de procéder? Qu’est-ce qui a bien marché ici ou ailleurs? Si ailleurs, quelles leçons sont pertinentes à en tirer?

Qu’est-ce que l’État? Quels sont ses composants, aux niveaux physiques et symboliques? Quels sont les autres éléments et participants dans cette lutte? Si c’est le capital qui pousse ce projet vers l’avant, comment peut-on entraver soit les capitaux, soit les profits?

Dormez bien les ami·e·s et rêvez en grand. Une autre fin est possible.

Tous les regards sur les Wet’suwet’en : Appel à une semaine de solidarité internationale !

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Jan 052020
 

Du Camp Unist’ot’en

Voir aussi :

Du MARDI le 7 JANVIER 2020 (date anniversaire de la descente de la GRC et de CGL) au DIMANCHE le 12 JANVIER 2020

Nous appelons toutes les communautés qui défendent la souveraineté autochtone et qui reconnaissent l’urgence de freiner les projets extractivistes menaçant la vie des générations futures à entreprendre des actions de solidarité.

Le territoire souverain et non cédé des Wet’suwet’en est sous attaque. Le 31 décembre 2019, la juge Marguerite Church de la Cour suprême de la Colombie-Britannique a accordé une injonction contre les membres de la nation Wet’suwet’en, laquelle assume l’intendance et la protection de ses territoires traditionnels contre de multiples pipelines destructeurs, dont celui de Coastal GasLink (CGL), qui transporte du gaz naturel liquéfié (GNL). Les chefs héréditaires des cinq clans Wet’suwet’en rejettent la décision de Church, qui criminalise les Anuk’nu’at’en (loi Wet’suwet’en) ; en ce sens, ils ont émis et appliqué une ordonnance d’expulsion des travailleurs de CGL du territoire. Le dernier entrepreneur de CGL a été escorté hors du territoire par les chefs Wet’suwet’en le samedi 4 janvier 2020.

En janvier 2019, lorsque la GRC a fait une violente descente sur nos territoires et nous a criminalisés pour avoir assumé nos responsabilités envers nos terres, nous avons vu des communautés du Canada et du monde entier se soulever en solidarité avec nous. Aujourd’hui, notre force d’action découle du fait que nous savons que nos alliés du Canada et du monde entier se lèveront à nouveau avec nous, comme ils l’ont fait pour Oka, Gustafsen Lake et Elsipogtog, en fermant des lignes de chemin de fer, des ports et des infrastructures industrielles et en faisant pression sur les représentants élus du gouvernement pour qu’ils respectent la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. L’État doit cesser d’imposer sa violence en soutenant les membres du 1 %, qui volent nos ressources et condamnent nos enfants à un monde rendu inhabitable par les changements climatiques.

À l’heure où la GRC se prépare à commettre de nouveaux actes de violence coloniale contre le peuple Wet’suwet’en, allumez vos feux sacrés et venez à notre aide.

Nous demandons que toutes les actions entreprises en solidarité avec nous soient menées de façon pacifique et dans le respect des lois de la ou des nations autochtones du territoire en question.

Pour plus d’informations :

Wet’suwet’en Supporter Toolkit

Faire un don à Unist’ot’en

Faire un don à Gidimt’en

Spectacle lumineux du Nouvel An pour les DétenuEs du Centre de Détention de Québec

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Jan 042020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

31 decembre 2019

Vers 19h00, un groupe de personnes s’est rassemblé dans les boisés en périphérie du Centre de Détention de Québec dans le but d’afficher leur support aux personnes détenues. L’établissement accueille des détenuEs qui purgent des sentences de moins de deux ans et des prévenus en attente de leurs procès. L’établissement peut accueillir plus de 710 détenus masculins, il est le deuxième plus grand établissement de détention provinciale au Québec, après la Prison de Bordeaux. La prison comporte également une section féminine qui comporte 56 places régulières. Au moment de la visite nocturne, une quinzaine de prisonniers se trouvaient dans la cour extérieure lorsque des feux d’artifice et des fusées de détresse ont été allumés, leur offrant un lumineux message de bonne année. Des souhaits et des cris enthousiastes furent échangés de part et d’autre des grillages avant que la sécurité ne tente de prendre la situation en charge. L’action s’est conclue sans arrestations.

Parce que nous vivons toujours dans un contexte colonial et raciste où les Premiers Peuples sont incarcérés par le gouvernement Canadien de façon disproportionné comparé au reste de la population, nous voulons réaffirmer notre solidarité en dénoncant la juridiction du “Canada’’ sur ces terres et sa main mise sur la vie et la détermination des peuples qui y vivent.

On ne peut plus nier l’impact du colonialisme !

Nous voulons aussi saluer le courage de Shanet Pilot, une autochtone guerrière, qui est toujours incarcérée 3 heures par semaines à la prison de Québec pour avoir défendu son territoire, le Nitassinan, et s’être opposée à un développement hydroélectrique d’Hydro-Québec. Depuis 2012 que le Gouvernement la fait payer par la prison le prix de ses dettes, quand en ce moment même, Hydro-Québec ne paie que des miettes en retour pour le vol de ses territoires. SOLIDARITÉ AVEC SHANET PILOT!

La pratique de mettre des détenu.es dans le “trou” de façons excessives est une pratique récurrente, qui se passe ici même au centre de détention de Québec et qui doit être abolie tout comme les prisons. Le rappeur Souldia raconte son expérience du “trou” alors qu’il avait 24 ans: « On m’a emmené au trou pour 21 jours. Ça sent les restants de nourriture de la veille, ça sent la pisse, ça sent la marde. Les murs sont sales. Y a du sang séché, de la bave. En moins de 10 jours, tu délires. »

La prison de Québec a aussi reçu l’indice “E” de la part de la société québécoises des infrastructures du Québec, ce qui signifie qu’elle a eu la note la plus basse et qu’elle est en très mauvaise état.

Un recours collectif est intenté contre le gouvernement du Québec pour dénoncer les préjudices vécus par les détenus vivent dans cette prison. La requête qui est mené par Samuel Cozak, un ancien détenu, révèle une mesure nommé le « camping » où les détenus doivent dormir à même le sol dans la cellule d’une autre personne incarcérée et ce à moins de 20 centimètres d’une toilette. M. Cozak dénonce aussi la sous-alimentation des détenus, l’insalubrité des cuisines et les interventions des agent.es qui sont teintées d’intimidation, d’utilisation de la peur et de mise en isolement excessive. On déplore aussi qu’un seul médecin soit présent par semaine pour répondre aux problèmes de santé de quelque 800 détenus incluant les services de santés mentales.

Un autre recours collectif est en cours en lien avec le suicide de Gaétan Laurion qui était incarcéré dans le secteur de l’infirmerie de la prison sous surveillance accrue après plusieurs tentatives de s’enlever la vie. Au moment de son décès, le gardien avait travaillé 45 heures dans les trois jours précèdent et dormait au poste de surveillance. La famille réclame réparation pour négligence.

Les prisons au Québec sont en général surpeuplées, il est estimé que le taux d’occupation de la prison de Québec est de 104%. Cette situation crée beaucoup de répercussions sur la vie des personnes criminalisées et se traduit notamment par d’importants transferts de détenuEs, soit l’équivalent d’une prison entière déplacée par jour dans la province.

Finalement, nous tenons à affirmer notre solidarité avec les personnes trans et la communauté LGBTQIA2 qui vivent d’autant plus de discriminations dans le milieu carcéral genré et qui font face aussi à des humiliations quand vient le temps de devoir se plier à des fouilles à nues. Un réseau est en place et se développe de plus en plus pour soutenir ces personnes en prison par l’entremise de correspondances écrites qui servent à créer des liens et même créer une certaine sécurité pour ces détenu.es, nous vous invitons donc à contacter le Prisoner Correspondance Project pour plus d’infos.

ENCORE UNE FOIS BONNE ANNÉE ET SOLIDARITÉ!
LE POING EN L’AIR PARCE QU’ON EST TOUS ET TOUTES NÉES POUR ÊTRE LIBRE!
NI PRISONS! NI ÉTATS! NI QUÉBEC! NI CANADA!

Comment former un groupe affinitaire

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Déc 302019
 

De CrimethInc., traduit par Wallonie Libertaire

La pierre angulaire de l’organisation anarchiste

Les temps sont turbulents. On voit d’ors et déjà, des barrages , des manifestations , des émeutes et des affrontements se produire régulièrement. Il est temps d’organiser les bouleversements qui se préparent.

Mais s’organiser ne signifie pas se joindre à une institution préexistante et recevoir des ordres. Cela ne devrait pas signifier que votre pouvoir et votre perspicacité personnels soient perdus pour devenir un rouage dans une machine. D’un point de vue anarchiste, la structure organisationnelle doit maximiser à la fois la liberté et la coordination volontaire à tous les niveaux, du plus petit groupe à la société dans son ensemble.

Vous et vos ami.e.s formez déjà un groupe affinitaire, la pierre angulaire de ce modèle. Un groupe affinitaire est un cercle d’amis qui se comprennent comme une force politique autonome. L’idée est que les personnes qui se connaissent déjà et se font confiance devraient travailler ensemble pour réagir immédiatement, intelligemment et avec souplesse aux situations qui apparaissent.

Ce format sans chef.fe s’est avéré efficace pour toute sortes d’activités de guérilla, ainsi que pour ce que la RAND Corporation appelle une tactique «fourmillante» dans laquelle de nombreux groupes autonomes imprévisibles submergent un adversaire centralisé. Vous devriez participer à chaque manifestation dans un groupe affinitaire, avec une acceptation partagée de vos objectifs et de vos capacités. Si vous appartenez à un groupe affinitaire qui a déjà agi ensemble, vous serez mieux préparé à faire face aux situations d’urgence et à tirer le meilleur parti des opportunités inattendues.

Ce guide est une adaptation d’une version antérieure de notre Recipes for Disaster: An Anarchist Cookbook..

Les groupes affinitaires sont puissants

Par rapport à leur petite taille, les groupes affinitaire peuvent avoir un impact disproportionné. Contrairement aux structures traditionnelles hiérarchique, ils sont libres de s’adapter à toutes les situations, ils n’ont pas besoin de faire passer leurs décisions au travers d’un processus bureaucratique compliqué, et tou.te.s les participant.e.s peuvent agir et réagir instantanément sans attendre d’ordres, mais avec une idée claire. de ce à quoi s’attendre les un.e.s des autres. L’admiration mutuelle et l’inspiration sur lesquelles ils sont fondés les rendent très difficiles à démoraliser. Contrairement aux structures capitalistes, fascistes et socialistes, ils fonctionnent sans aucun besoin de hiérarchie ni de contrainte. Participer à un groupe affinitaire peut être gratifiant, amusant et efficace.

Par dessus tout, les groupes affinitaire sont motivés par le désir et la loyauté partagés, plutôt que par le profit, le devoir, ou toute autre compensation ou abstraction. Il n’est pas étonnant que des groupes affinitaire aient fait reculés de unités entière de police anti-émeute en ayant pour seul arme les munitions de gaz lacrymogène que celleux-ci leur avaient tirées dessus .

Le groupe affinitaire est un modèle flexible

Certains groupes affinitaire sont formels et immersifs: les participant.e.s vivent ensemble, partagent tout en commun. Mais un groupe affinitaire ne doit pas nécessairement être un arrangement permanent. Il peut servir de structure de commodité, assemblée à partir de personnes intéressées et de confiance pour la durée d’un projet donné.

Une équipe particulière peut agir ensemble en tant que groupe affinitaire, mais les membres peuvent également se diviser en groupes affinitaire plus petits, participer à d’autres groupes affinitaire ou agir en dehors de la structure du groupe affinitaire. La liberté de s’associer et de s’organiser à la convenance de chacun.e est un principe anarchiste fondamental; cela favorise la redondance, de sorte qu’aucune personne ou aucun groupe n’est essentiel au fonctionnement de l’ensemble et que les différents groupes peuvent se reconfigurer selon les besoins.

Le groupe affinitaire est un modèle flexible.

Choisissez l’échelle qui vous convient

Un groupe affinitaire peut aller de deux à peut-être jusqu’à quinze personnes, en fonction de vos objectifs. Cependant, aucun groupe ne devrait être d’une taille si importante qu’une conversation informelle sur des questions urgentes en devient impossible. Vous pouvez toujours vous séparer en deux groupes ou plus si besoin est. Dans les actions qui nécessitent de conduire, le système le plus simple consiste souvent à avoir un groupe affinitaire pour chaque véhicule.

Apprendre à se connaître intimement

Apprenez les forces, les vulnérabilités et les antécédents de chacun.e pour savoir en quoi vous pouvez compter les un.e.s sur les autres. Discutez de vos analyses de chaque situation dans laquelle vous vous trouvez et de ce qui vaut la peine d’être accompli: identifiez leur correspondance, leur complémentarité et leur différence, afin que vous soyez prêt à prendre des décisions à la fraction de seconde.

L’un des moyens de développer une intimité politique consiste à lire et à discuter des textes ensemble, mais rien ne vaut l’expérience sur le terrain. Commencez lentement afin d’éviter d’en faire trop d’un coup. Une fois que vous avez défini un langage commun et une dynamique interne saine, vous êtes prêt à identifier les objectifs que vous souhaitez atteindre, à préparer un plan et à passer à l’action.

Décidez du niveau de sécurité approprié

Les groupes affinitaire résistent à l’infiltration car tou.te.s les membres partagent une histoire et une intimité entre elleux, et personne en dehors du groupe n’a besoin d’être informé de leurs projets ou activités.

Une fois réunis, un groupe affinitaire devrait établir un ensemble commun de pratiques de sécurité et s’y tenir. Dans certains cas, vous pouvez vous permettre d’être public et transparent sur vos activités. dans d’autres cas, il ne faudra jamais parler de ce qui se passe au sein du groupe, même après que toutes ses activités aient été menées à terme. Dans certains cas, personne excepté les participant.e.s du groupe ne devrait savoir qu’il existe. Vous et vos camarades pouvez discuter et vous préparer à des actions sans faire connaitre à des gens extérieur que vous constituez un groupe affinitaire. N’oubliez pas qu’il est plus facile de passer d’un protocole de haute sécurité à un protocole de basse sécurité que l’inverse.

Prendre des décisions ensemble

Les groupes affinitaires fonctionnent généralement par consensus, les décisions étant prises collectivement en fonction des besoins et des désirs de chaque personne impliqué.e.s. Le vote démocratique, dans lequel la majorité obtient ce qu’elle souhaite et où la minorité doit tenir sa langue, est un anathème pour les groupes affinitaire – car si un groupe doit fonctionner sans heurts et rester soudé en cas de stress, chaque personne impliquée doit être satisfaite du fonctionnement. Avant toute action, les membres d’un groupe doivent définir ensemble leurs objectifs personnels et collectifs, les risques qu’iels sont à l’aise de prendre et leurs attentes les un.e.s envers les autres. Une fois ces questions réglées, iels peuvent mettre au point un plan.

Étant donné que les situations d’action sont toujours imprévisibles et que les plans ne se concrétisent que rarement, il peut être utile de recourir à une double approche de la préparation. D’une part, vous pouvez planifier différents scénarios: Si A se produit, nous nous informerons par X et nous passerons au plan B; si X moyen de communication est impossible, nous nous réunirons de nouveau sur le site Z à 14 heures. D’autre part, vous pouvez mettre en place des structures qui seront utiles même si ce qui se passe ne ressemble à aucun des scénarios que vous avez imaginés. Cela peut impliquer la préparation de ressources (bannières, fournitures médicales ou équipement offensif), la division des rôles internes (par exemple, repérage, communications, médecin, liaison avec les médias), la mise en place de systèmes de communication (tels que les téléphones prépayés ou des phrases codées pouvant être crier pour transmettre des informations en toute sécurité), élaborer des stratégies générales (pour garder un oeil les un.e.s sur les autres dans des environnements confus, par exemple), définir des itinéraires d’évacuation d’urgence ou préparer un soutien juridique au cas où une personne serait arrêtée.

Après une action, un groupe affinitaire astucieux se réunira (si nécessaire, dans un endroit sûr et dépourvu d’électronique) pour discuter de ce qui s’est bien passé, de ce qui aurait pu mieux se passer et de ce qui vient après.

Il est plus sûr d’agir dans des environnements de protestation chaotiques au sein d’un groupe affinitaire très uni.

Tact et tactiques

Un groupe affinitaire ne répond qu’à lui-même, c’est l’une de ses forces. Les groupes affinitaire ne sont pas gênés par le protocole procédural d’autres organisations, les difficultés à parvenir à un accord avec des personnes extérieurs ou les limites imposées par un organisme qui ne participe pas immédiatement à l’action.

En même temps, tout comme les membres d’un groupe affinitaire s’efforcent de parvenir à un consensus, chaque groupe affinitaire devrait s’efforcer de créer une relation similaire avec les autres individus et groupes, ou du moins de compléter les approches des autres, même si les autres ne reconnaissent pas la valeur de cette contribution. Idéalement, la plupart des gens devraient être heureu.x.ses de la participation ou de l’intervention de votre groupe affinitaire dans une situation donnée, plutôt que d’avoir des ressentiments envers vous ou d’avoir peur de vous. Iels devraient en venir à reconnaître la valeur du modèle de groupe affinitaire et être pousser à l’utiliser, après l’avoir vu réussir et tirer profit de ce modèle.

S’organiser avec d’autres groupes affinitaires

Un groupe affinitaire peut travailler avec d’autres groupes dans ce qu’on appelle parfois une grappe. La formation de grappes permet à un plus grand nombre d’individus d’agir avec les mêmes avantages qu’un groupe affinitaire unique. Si la rapidité ou la sécurité est requise, des représentant.e.s de chaque groupe peuvent se réunir à l’avance, plutôt que l’ensemble des groupes; si la coordination est essentielle, les groupes ou les représentant.e.s peuvent organiser des méthodes de communication dans le feu de l’action. Au fil des années de collaboration, différents groupes affinitaire peuvent se connaître aussi bien entre groupe qu’iels se connaissent à l’intérieur de leur propre groupe, devenant de ce fait plus fonctionnels et plus efficaces ensemble.

Lorsque plusieurs groupes de groupes affinitaire doivent coordonner des actions particulièrement massives, avant une grande manifestation, par exemple, ils peuvent organiser une réunion-débat au cours de laquelle différents groupes affinitaires et grappes peuvent s’informer mutuellement de leurs intentions. Les conférences produisent rarement un consensus parfaite, mais elles peuvent informer les participant.e.s des divers désirs et perspectives en jeu. L’indépendance et la spontanéité offertes par la décentralisation sont généralement nos plus grands avantages pour combattre un adversaire mieux équipé.

Synthétiser

Pour que les groupes affinitaire et les grandes structures fondées sur le consensus et la coopération fonctionnent, il est essentiel que toutes les personnes impliquées puissent compter les unes sur les autres pour concrétiser leurs engagements. Lorsqu’un plan est approuvé, chaque personne d’un groupe et chaque groupe d’une grappe doivent choisir un ou plusieurs aspects critiques de la préparation et de l’exécution du plan et proposer de les résumer. Faire la synthèse de l’approvisionnement d’une ressource ou de la réalisation d’un projet, c’est garantir que cela sera accompli d’une manière ou d’une autre, quoi qu’il en soit. Si vous faites une légal team téléphonique pour votre groupe pendant une manifestation, vous devez lui répondre, même si vous tombez malade; si votre groupe promet de fournir des banderoles pour une action, assurez-vous qu’elles soient prêtes, même si cela signifie rester debout toute la nuit la veille car le reste de votre groupe affinitaire ne pouvaient être présent.e.s. Au fil du temps, vous apprendrez à gérer les crises et sur qui vous pourrez compter sur les autres, tout comme iels apprendront à quel point iels peuvent compter sur vous.

Aller en action

Arrêtez de vous demander ce qui va se passer ou pourquoi rien ne se passe. Rassemblez-vous avec vos amis et commencez à décider de ce qui va se passer. Ne traversez pas la vie en mode spectateur passif, à attendre qu’on vous dise quoi faire. Prenez l’habitude de discuter de ce que vous voulez qui se passe et concrétiser ces idées.

Sans une structure qui encourage les idées à passer à l’action, sans les camarades avec qui se prendre en charge, s’enflammer et prendre de l’élan, vous risquez d’être paralysé.e, coupé.e de votre potentiel. Avec elleux, votre potentiel peut être multiplié par dix ou mille. « Ne doutez jamais qu’un petit groupe de personnes réfléchies et engagées puisse changer le monde », a écrit Margaret Mead: « C’est la seule chose qui ait jamais existé. » Elle faisait allusion, qu’elle le sache ou non, à des groupes affinitaires. Si chaque personne dans chaque action contre l’État et le statu quo participait en tant que membre d’un groupe affinitaire très uni, la révolution serait accomplie en quelques années à peine. (NdT: vision peut-être un peu trop optimiste)

Un groupe affinitaire peut être un cercle de couture ou un collectif de réparation de vélo; il peut se réunir dans le but de servir des repas sur une occupations ou de contraindre une multinationale à la faillite par le biais d’un programme de sabotage soigneusement orchestré. Des groupes affinitaire ont planté et défendu des jardins communautaires, construit, occupé et incendié des bâtiments, organisé des programmes de garde d’enfants dans les quartiers, organisé des grèves sauvages; Des groupes affinitaire individuels initient régulièrement des révolutions dans les arts visuels et la musique populaire. Votre groupe préféré était un groupe affinitaire. Un groupe affinitaire a inventé l’avion. Un autre maintient ce site.

Que cinq personnes se rencontrent, résolues à faire face à la foudre de l’action plutôt qu’à l’agonie de la survie – à partir de ce moment, le désespoir prend fin et la tactique commence.

Voir aussi

Invitation aux Jeux d’hiver de la révolte sociale

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Déc 192019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Imprimer : 11 x 17″

Texte de l’affiche :

INVITATION AUX JEUX D’HIVER DE LA RÉVOLTE SOCIALE
20 décembre 2019 – 15 mars 2020
Lancez le défi à vos compagnon.ne.s, à vos voisin.e.s, aux autres bandes.
Sabotons le contrôle social, dégentrifions nos quartiers !

 

Trois terrains de jeu attendent les athlètes.

no 1 Camover, la reprise

Détruire les caméras de surveillance

  • fausse-caméra = 2 points
  • caméra fonctionnelle = 6 points
  • sonnette intelligente avec caméra (Amazon Ring / Google Nest) = 6 points

no 2 Personne ne paie

  • chaque tourniquet de métro mis hors-service = 3 points
    • tous les tourniquets de la station = bonus +4
  • chaque distributeur de billets mis hors-service = 6 points
    • tous les distributeurs de la station s’il y en a plus qu’un = bonus +2

no 3 L’hiver est long pour les promoteurs de condos

  • coller les serrures d’un bureau de vente de condo (toutes les portes) = 6 points
  • redécorer l’extérieur (cannettes de peinture, grafs ou extincteur) = 4 points
  • redécorer l’intérieur (à l’extincteur) = 10 points

Bonus

  • revendiquer son action avec un meme = 2 points
  • brûler un arbre de noël exposé sur la place publique = 4 points
  • mettre hors-service un char de flic pendant une tempête de neige = 10 points

*ceci n’est pas un encouragement à trop se vanter de ses actions ni à mettre sa sécurité en péril ou celle des compagnon.ne.s.

Avis de non-responsabilité : cette affiche est produite uniquement à titre informatif et n’incite quiconque à enfreindre quelconque loi.

Messe des morts : le néonazi Pascal Giroux mange une volée

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Déc 132019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le vendredi 28 novembre, le festival de black metal La Messe des Morts avait lieu au théâtre Paradoxe. Trois néonazis avaient été signalés sur place ou avaient annoncé leur intention d’être là sur les réseaux sociaux. L’un d’eux, Pascal Giroux a mangé toute une volée en quittant le théâtre.

Pascal Giroux est un militant néonazi assumé depuis la grande époque des boneheads à Montréal. Dernièrement il avait rejoint le groupe islamophobe les Soldiers of Odin et il participait à tous leurs mauvais coups, jusqu’à leur dissolution en 2018. Sur les photos on peut le voir avec un chandail Section Saint-Laurent, un hoodie SOO, poser devant un drapeau du Soleil Noir et protéger la maison du néonazi Phillipe Gendron en 2018, lors d’une manifestation antiraciste.

Les communautés antifascistes et black métal sont vigilantes et il n’y aura plus de safe space pour les nazis. Fred, Maxime, William, Joey, vous êtes prévenus.

Montréal est antifasciste.

Varennes : un nazi d’Atalante sur la rue Sainte-Anne

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Déc 112019
 

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Vincent Cyr, résident de la rue Sainte-Anne à Varennes est un néo-nazi dangereux, membre de l’organisation Atalante Québec. Vincent fait parfois de la boxe dans le parc de la Commune avec ses amis nazis. Il participe régulièrement aux activités d’Atalante à Montréal.

Dans la nuit de lundi 11 décembre 2019, 1000 tracts ont été distribués dans sa rue, son quartier, aux abribus et devant les lieux importants de la ville. Parce que le monde comme lui se cache et que la population doit savoir.

Chassons les nazis, où qu’ils soient!

signé : des antifascistes de la rive sud

Insécurité nationale : Visites à domicile de la GRC à Montréal

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Déc 072019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Problèmes en vue pour l’État canadien, dans ses QG de police et ses coulisses technocratiques, en ce qui concerne son régime colonial et raciste de frontières et de prisons. Avec leur réseau de postes frontaliers, de patrouilles, de technologies de surveillance, de centres de détention, de tribunaux, de soi-disant alternatives à la détention et d’escouades d’expulsion, les dirigeants de ce pays comptent bien consolider l’autorité nécessaire pour déterminer qui peut vivre ou non sur le territoire qu’ils gouvernent frauduleusement, décider de qui peut trouver un logement, envoyer ses enfants à l’école, accéder aux soins médicaux et vivre au quotidien sans crainte. Ils sont soutenus dans ce projet par les médias de masse toujours prêts à faire un drame des passages de frontières irréguliers, en renforçant des mythes qui présentent le Canada comme un pays amical et accueillant, dissimulant une réalité meurtrière et cruelle – et bien sûr aussi par l’extrême droite, qui a pour tâche essentielle de canaliser la colère des pauvres et des travailleur.se.s vers leurs semblables, victimes tout comme eux du système économique mondial à l’origine de leur sentiment d’impuissance.

Pourtant, ce réseau de domination est loin d’être impénétrable. La frontière terrestre du Canada avec les États-Unis est trop vaste pour être complètement contrôlée ; les points de passage clandestins abondent. De même, il n’est pas impossible de dépasser la durée de validité d’un visa et de se tenir à l’écart des activités de l’ASFC. Partout au pays, les migrant.e.s organisent des réseaux de solidarité pour que personne n’ait à faire face aux défis sérieux que sont l’accès aux services sans statut et le fait d’être confronté, seul, à un système d’immigration raciste.

Cette année, une liste des noms des agents de l’ASFC a été publiée, encourageant les gens à les tenir responsables de leurs effets destructeurs sur nos communautés et nos camarades. Et au cours des deux dernières années, en réponse aux efforts du gouvernement pour construire de nouvelles prisons pour migrant.e.s, les entrepreneurs de la région de Montréal ayant accepté de travailler à la construction de celle qui doit ouvrir ses portes à Laval en 2021 ont fait face à des manifestations et à une série d’attaques, à commencer par le déversement de criquets dans la firme d’architecture Lemay au printemps 2018. En juillet dernier, la BMW d’un vice-président de Lemay a été incendiée à l’extérieur de son domicile. Dans la nuit du 26 octobre, l’entrepreneur général de la prison, Tisseur, semble avoir perdu un camion en raison d’un incendie criminel ciblé. Plus récemment, ce mois-ci, les véhicules stationnés au siège social du sous-traitant DPL se sont fait crever les pneus.

De telles actions ont un impact à la fois matériel et psychologique ; comme l’a dit le président de la société d’excavation Loiselle aux médias après le vandalisme de son siège social : « Je ne veux pas de trouble avec ces gens-là ». Si ces attaques se poursuivent et se propagent, l’État pourrait rapidement avoir du mal à maintenir et à étendre l’application des frontières, l’immigration et la citoyenneté.

Il n’est pas surprenant que les services de police, dont quatre au moins dans la région de Montréal se retrouvent dans leur juridiction territoriale (SPVM, SPL (Laval), SPAL (Longueuil) et SQ) avec des événements non résolus liés à la prison des migrant.e.s, unissent leurs forces pour partager leurs ressources et coordonner une enquête plus intensive. D’ailleurs, un article paru dans La Presse en juillet dernier a révélé qu’une telle action était en cours de préparation.

Dans la semaine du 28 octobre, on a pu voir les premiers signes évidents de cette escalade des ressources répressives : un petit nombre de militant.e.s de longue date ont en effet reçu des visites à domicile et des appels téléphoniques d’agents de la GRC sur l’île de Montréal. Les agents font partie d’une EISN (Équipe intégrée de la sécurité nationale), une unité qui a coordonné la sécurité de sommets comme le G7 et enquêté sur d’autres cas de ce qu’ils appellent de « l’extrémisme violent ». Chaque EISN est composée d’agents de la GRC, d’agents du SCRS et de membres des services de police locaux, ainsi que de membres de l’ASFC et de Citoyenneté et Immigration Canada [source: Wikipedia].

Les agents qui ont effectué ces visites en octobre n’avaient pas de mandat, et ils ont dit qu’ils voulaient discuter du militantisme pour la justice migrante ainsi que des mouvements anti-gentrification, en relation avec des actes criminels en cours d’enquêtes. Les personnes visitées n’ont pas laissé entrer les flics et ne leur ont pas parlé.

Nous considérons qu’il est important de partager ces événements publiquement afin que nos camarades puissent prendre des précautions appropriées, reconnaître les méthodes utilisées et éviter la diffusion de fausses informations. Quiconque est contacté par la GRC, d’autres services de police ou le SCRS d’une façon semblable ou dans le cadre de cette enquête est fortement encouragé à en informer ses camarades dès que possible.

Dans le cadre d’enquêtes antérieures, l’EISN de Montréal a eu recours à différentes tactiques : écoutes téléphoniques, filatures de suspects, entrées dans des maisons et des bureaux à l’insu des suspects, ainsi qu’à des infiltrations et des informateurs payés. Même en combinant ces méthodes à d’autres depuis plusieurs années, l’EISN a été incapable de porter des accusations dans le passé. Collectivement, notre pouvoir face à ce type d’enquête est clair : on n’insistera jamais assez sur la valeur du silence et de la non-coopération absolue avec la police. Il n’y a rien à gagner à laisser entrer des agents chez vous ou à leur dire quoi que ce soit. Sans mandat valide, la police n’a pas le droit d’entrer dans votre domicile ou votre bureau (voir « Surprise ! On a des droits ?! » du COBP). Communiquez avec un avocat de confiance si vous n’êtes pas certain de vos droits dans une situation donnée.

De plus, nous bénéficions d’une réflexion continue sur nos pratiques en matière de sécurité. Efforçons-nous de bâtir une culture aussi sécuritaire que possible pour nous et nos camarades qui nous permette aussi de combattre avec conviction et d’accroître notre capacité. Cette réflexion récemment publiée sur la culture de la sécurité [elle sera bientôt disponible en français ; NdMtlCi.] a beaucoup à offrir à la fois comme introduction au sujet et comme incitation à réévaluer et à affiner nos pratiques.

En mettant en lumière d’autres luttes auxquelles les anarchistes ont contribué, notamment l’anti-gentrification, et en brandissant le spectre du « terrorisme », même s’il ne s’agit que de simples enquêtes sur des incendies criminels et des vitres brisées, la GRC montre qu’elle ne cherche pas seulement à résoudre des crimes précis, mais bien qu’elle veut perturber la capacité de nos mouvements à contester les fondations racistes et colonialistes de l’État canadien et les impératifs capitalistes qui le gouvernent partout. Avec ou sans poursuites judiciaires, ils veulent criminaliser les idées qui les menacent. Ils veulent que nous ayons peur de prendre les risques nécessaires pour construire quelque chose de différent. Ils veulent briser la solidarité entre celles et ceux qui parlent publiquement et celles et ceux qui agissent clandestinement, afin que l’organisation publique se limite aux canaux de protestation approuvés, et que les interventions anonymes soient dénoncées et isolées. Il est important de noter qu’ils nous montrent également que nos mouvements menacent effectivement leur capacité à remplir leurs fonctions, ce qui prouve bien que ce n’est pas le moment de se retirer.

Nous savons que la simple menace de la répression peut être efficace pour perturber les mouvements. Bien que les informations sur cette enquête et les tactiques de l’EISN soient préoccupantes, nous ne voyons aucune raison d’être paranoïaque ni de paniquer. C’est simple : si les policiers ont des questions, cela montre qu’ils ne savent pas ce qu’ils veulent et qu’ils manquent d’informations. La lutte se poursuit, et c’est grâce à la participation continue et croissante d’une grande variété de groupes et d’individus dédiés à assurer leur sécurité mutuelle, à partager informations et ressources, et à refuser que l’État sème la division entre nous que nous serons toutes et tous les plus redoutables opposant.e.s à la police et au régime frontalier.

Lorsqu’on est pris pour cible par les forces de répression, il peut être tentant de faire appel à des discours enracinés dans la légalité, de dénoncer les soi-disant excès de l’État ou de réclamer la protection des « libertés civiles ». Mais nos mouvements seront plus forts à long terme en admettant que, si nous voulons voir leur monde de confinement et de contrôle disparaître dans les flammes, il est inévitable qu’ils tenteront de nous arrêter par tous les moyens à leur disposition. Une fois libéré.e.s du mythe de l’opinion publique, il deviendra clair que nous n’avons rien à gagner de nous faire passer pour des victimes. Il s’agira simplement de pratiquer une solidarité inébranlable et de priver l’État du pouvoir qu’il recherche.

 

Appel à la solidarité

En cas de raids ou d’arrestations en lien avec l’enquête de l’EISN/GRC, nous appelons à une offensive de solidarité à Montréal et ailleurs, contre les infrastructures frontalières, ou toutes autres cibles pertinentes dans votre région. ?

Des distributeurs de billets mis hors service dans le métro de Montréal

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Déc 032019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Depuis quelques jours, l’appel de grève internationale contre les tarifs de transport a encouragé quelques actions de sabotage. Les distributeurs de billets de quelques stations de métro ont été mis hors service en bloquant leurs lecteurs de carte débit/crédit et les fentes à monnaie.

La STM continue d’augmenter les tarifs de transport et de déployer des « inspecteurs » wannabe-flic pour harceler et tabasser des gens pour $3.50. Présentement, la STM cherche même à donner à ses inspecteurs plus de pouvoirs pour arrêter et détenir les gens et avoir accès aux fichiers de la police. Tout effort pour maintenir et étendre le contrôle du mouvement des gens se doit d’être opposé. Heureusement, on ne manque pas d’inspiration d’ailleurs dans le monde, et surtout de la révolte au Chili.

Ces actions étaient des expérimentations pour trouver des manières simples, efficaces et relativement discrètes de saboter la collection de tarifs. Pour l’instant, la méthode la plus efficace semble être de mettre de la colle sur les deux côtés de cartes cadeaux non activés et de les insérer complètement dans les lecteurs de carte débit/crédit, et ensuite de mettre de la colle dans la fente à monnaie après l’avoir fait ouvrir comme si on voulait payer un tarif en argent comptant. Nous espérons que cette technique pourra être reproduite largement en parallèle avec d’autres moyens pour mettre hors service les divers dispositifs de la STM.

Live free, ride free.

Alexander Liberio : metalhead, nazi… séminariste orthodoxe

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Nov 242019
 

De Montréal Antifasciste

Sous les pseudonymes « Neuromancer » et « iamneuromancer », Alex Liberio s’est associé à d’autres néonazis sur différents serveurs Discord et sur le forum Iron March en plus de participer activement aux activités militantes du groupe «Alt-Right Montreal» entre 2016 et 2018.

En mai 2018, les efforts pugnaces de militant-e-s antifascistes de Montréal ont permis d’exposer l’existence d’un salon de discussion Alt-Right privé sur un serveur Discord[1], lequel devait servir de tremplin pour les activités « IRL[2] » d’un petit groupe de militants néonazis de la région de Montréal. Une série d’articles publiés par The Montreal Gazette a forcé à l’exil deux des principaux organisateurs de ce groupe : Gabriel Sohier Chaput, alias « Zeiger », et Athanasse Zafirov, alias « Date » (aussi « LateOfDies » ou « Sam Houde/Hoydel »). Zeiger était une figure centrale, non seulement de ce petit groupe montréalais, mais aussi du réseau international qui se constituait entre 2015 et 2018, notamment en tant que prolifique producteur de contenu pour le site The Daily Stormer, modérateur du forum Iron March et propagandiste clé du courant explicitement national-socialiste et accélérationniste du mouvement Alt-Right. Il est aujourd’hui sous le coup d’un mandat d’arrêt au Québec et est disparu dans la nature. Quant à « Date » (aussi « LateOfDies »), qui semble s’être graduellement radicalisé politiquement en passant par le milieu des « Pickup Artists » personnifié par le misogyne Roosh V, il était l’un des organisateurs clés du milieu Alt-Right local et national, notamment en tant que coresponsable du rassemblement pancanadien qui a eu lieu en juillet 2017 en Ontario. Il s’est relocalisé en Californie en 2018, où il a pu s’installer confortablement au programme de doctorat de l’Anderson School of Management de l’UCLA, malgré notre article exposant sa nouvelle vie.

D’autres militants notoires de ce petit groupe ont aussi été exposés par la communauté antifasciste, dont Shawn Beauvais MacDonald, alias « FriendlyFash » (aussi « Bubonic ») et Vincent Bélanger Mercure, alias « Le Carouge à Épaulettes » (autre part « BebeCoco »), qui ont participé avec Sohier Chaput et d’autres militants canadiens aux manifestations du rassemblement « Unite the Right » à Charlottesville, Virginie, les 11 et 12 août 2017, et Julien Côté Lussier, alias « Passport », lequel a agi comme porte-parole de l’organisation ID Canada (une tentative de légitimation du mouvement « ethnonationaliste/identitaire » au près du grand public canadien) et s’est récemment illustré en se portant candidat aux élections fédérales de 2019 dans le sud-ouest de Montréal. Des sympathisant-e-s antiracistes de sa circonscription ont révélé que Côté Lussier est toujours à l’emploi du ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté malgré son militantisme fasciste.

Un autre des membres les plus actifs du salon de discussion « Montreal Storm », l’utilisateur « Neuromancer », participait aussi au forum Iron March sous le pseudonyme « iamneuromancer », comme l’a révélé la récente fuite de l’archive complète du forum :

Le message d'introduction d'Alexander Liberio, alias Neuromancer, au forum néonazi Iron March.

Le message d’introduction d’Alexander Liberio, alias « iameuromancer », au forum néonazi Iron March.

Montréal Antifasciste est aujourd’hui en mesure d’affirmer que « Neuromancer » est Alexander Liberio, un musicien de la scène métal montréalaise et étudiant en science cognitive de l’Université McGill jusqu’à l’an dernier. Sentant peut-être la soupe chaude suite au doxxing de Zeiger et à la publication du contenu du forum « Montreal Storm », Liberio s’est éclipsé aux États Unis pour s’enrôler au séminaire Holy Trinity Orthodox de Jordanville, dans l’état de New York. Cette conversion reste toutefois parfaitement cohérente avec sa vision du christianisme, qui est selon lui synonyme de « culture blanche », « fasciste de manière inhérente » et sans doute le meilleur véhicule pour « réaliser les 14 words » (le credo nationaliste blanc formulé par le terroriste néonazi David Lane[3]).

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Alex Liberio (date de naissance : 6 août 1989) est connu sous le pseudonyme « Neuromancer Wintermute » au sein de la scène métal montréalaise comme membre de différents projets musicaux depuis le début des années 2010.

Le profil d'Alexander Liberio, alias Neuromancer Wintermute sur le site metal-archives.com.

Le profil d’Alexander Liberio, alias « Neuromancer Wintermute », sur le site metal-archives.com. NOTE: En février 2022, le groupe Vehemal a communiqué avec MAF pour préciser ce qui suit: « Bien qu’il soit vrai qu’Alex Liberio a été notre guitariste pendant une certaine période, nous n’étions pas au courant de ses activités en ligne. Nous tenons à affirmer que Vehemal condamne tous propos et gestes haineux. »

Il semble qu’il ait été président du conseil étudiant du Collège Vanier en 2012-2013, après quoi il s’est consacré à sa musique et s’est inscrit au programme de science cognitive de l’Université McGill. Difficile de dire quand exactement il a pris le tournant nazi, mais il s’est plaint à quelques reprises d’avoir été trahi par un ami et « fully doxxed[4] » en 2016 suite à une intervention à caractère nationaliste blanc lors d’un événement public antiraciste. Étrangement, nous ne savons rien de ce prétendu doxxing et n’en retrouvons aujourd’hui aucune trace…

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », prétend avoir été doxxé en 2016.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », prétend avoir été doxxé en 2016.

En ce qui nous concerne, nous l’avons aperçu pour la première fois le 4 mars 2017, dans la manifestation « coming out » de La Meute à Montréal, près du petit contingent de PEGIDA Québec et en compagnie de quelques individus formant sans doute déjà le noyau initial du groupe « Montreal Storm », ou Alt-Right Montreal, dont Vincent Bélanger Mercure et Athanasse Zafirov. Il a d’ailleurs accordé à cette occasion une entrevue à Global TV, ce qui nous a permis de mettre un visage sur le pseudonyme :

Alexander Liberio, alias Neuromancer, participe à la manifestation de La Meute à Montréal, le 4 mars 2017.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », participe à la manifestation de La Meute à Montréal, le 4 mars 2017.

Sur Discord, Alexander Liberio, alias « Neuromancer » dit avoir donné une entrevue à Global News.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer » donne une entrevue à Global News le 4mars 2017.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », accorde une entrevue à Global News, le 4mars 2017.

Sur Iron March, Alexander Liberio, alias « Neuromancer » relate sa participation à la manifestation de La Meute à Montréal le 4mars 2017.

Sur Iron March, Alexander Liberio, alias « Neuromancer », relate sa participation à la manifestation de La Meute à Montréal le 4mars 2017.

C’est quelques semaines plus tard qu’il s’est inscrit, le même jour (le 26 mars), au forum Iron March et au salon de discussion Montreal Storm sur Discord :

Alexander Liberio, alias « Neuromancer » rejoint le forum néonazi Iron March, le 26 mars 2017.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », rejoint le forum néonazi Iron March, le 26 mars 2017.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », rejoint le forum « Montreal Storm » sur Discord, le 26 mars 2017. L’utilisateur « Fahrenheit » sur Discord est Loïc Pardiac.

 Nazi sans compromis

Par sa participation à Iron March, « Neuromancer »/Alex Liberio a côtoyé certains des néonazis les plus influents et les plus dangereux dans le monde, dont le créateur et principal administrateur d’Iron March, Alexander Slavros, et les membres de cette communauté « accélérationniste » qui allait créer Atomwaffen Division, un réseau néonazi sous-terrain lié à une série de  meurtres et de projets d’attentats. Par sa proximité avec Sohier Chaput, et par volonté de passer à l’action « IRL », il allait par ailleurs participer assidûment aux activités du « Montreal Stormers Book Club » (dans le vocabulaire de The Daily Stormer, ou « Pool Parties », dans le vocabulaire commun aux adeptes du forum Alt-Right The Right Stuff), dont le projet ID Canada notamment porté par Athanasse Zafirov, Julien Côté Lussier et d’autres. Voici un certain nombre de captures d’écran de ses échanges sur Iron March et le forum « Montreal Storm » :

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », suit Gabriel Sohier Chaputs, alias « Zeiger », sur Iron March.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », suit Gabriel Sohier Chaput, alias « Zeiger », sur Iron March.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », dit avoir perdu des amitiés et en avoir tissé de nouvelles sur la base d'un intérêt commun pour le fascisme et Adolph Hitler.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », dit avoir perdu des amitiés et en avoir tissé de nouvelles sur la base d’un intérêt commun pour le fascisme et Adolph Hitler.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », reproche à Gabriel Prévost-Mathieu, alias « Canadian Übermensch » sur Iron March, le peu de sérieux de son engagement.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », reproche à Gabriel Prévost-Mathieu, alias « Canadian Übermensch » sur Iron March, le peu de sérieux de son engagement.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », reproche à Gabriel Prévost-Mathieu, alias « Canadian Übermensch » sur Iron March, de circonscrire son engagement à Internet.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », reproche à Gabriel Prévost-Mathieu, alias « Canadian Übermensch » sur Iron March, de circonscrire son engagement à Internet.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », se plaint que les antifascistes s'en soient pris à un festival de Black Metal en 2016, parce que le groupe Graveland, qui s'y produisait, n'est « même pas nazi ».

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », se plaint que les antifascistes s’en soient pris à un festival de Black Metal en 2016, parce que le groupe Graveland, qui s’y produisait, n’est « même pas nazi ».

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », évoque le lien direct entre le groupe Alt-Right Montreal dont il fait partie et le groupe ID Canada, une tentative de légitimation du nationalisme blanc « identitaire »au près du grand public canadien.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », évoque le lien direct entre le groupe Alt-Right Montreal dont il fait partie et le groupe ID Canada, une tentative de légitimation du nationalisme blanc « identitaire » auprès du grand public canadien. Alexander Liberio, alias « Neuromancer », rejoint le forum « Montreal Storm » sur Discord, le 26 mars 2017. L’utilisateur « Le Carouge à épaulettes » sur Discord est Vincent Bélanger Mercure.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », évoque le processus de « vérification de sécurité extrême » qu'observe le groupe Alt-Right Montreal.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », évoque le processus de vérification de sécurité « extrême » qu’observe le groupe Alt-Right Montreal.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », explique que 2017 est l'année des rencontres en personne pour l'Alt-Right, en vue de développer un plan stratégique pour « prendre la Maison blanche ».

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », explique que 2017 est l’année des rencontres en personne pour l’Alt-Right, en vue de développer un plan stratégique pour « prendre la Maison blanche » en 2020! Alexander Liberio, alias « Neuromancer », rejoint le forum « Montreal Storm » sur Discord, le 26 mars 2017.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », considère les Juifs comme « sataniques », « génocidaires contre [notre] peuple » et « digne d'être haïs ».

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », considère les Juifs comme « sataniques », « génocidaires contre [notre] peuple » et « digne d’être haïs  ». Alexander Liberio, alias « Neuromancer », rejoint le forum « Montreal Storm » sur Discord, le 26 mars 2017.

Personne ne sera surpris de constater qu'Alexander Liberio, alias « Neuromancer », est également homophobe.

Personne ne sera surpris de constater qu’Alexander Liberio, alias « Neuromancer », est également homophobe…

La chrétienté comme véhicule privilégié du fascisme

Liberio/« Neuromancer » fait partie d’un courant non négligeable au sein de la mouvance Alt-Right/néonazie qui s’identifie à la tradition chrétienne orthodoxe. Il ne cache d’ailleurs pas sa conviction que la chrétienté est le meilleur véhicule pour le nazisme :

Alexander Liberio, alias« Neuromancer », croit que le retour à la chrétienté est la meilleure méthode pour réaliser le credo nazi des « 14 words ».

Alexander Liberio, alias« Neuromancer », croit que le retour à la chrétienté est la meilleure méthode pour réaliser le credo nazi des « 14 words ».

Alexander Liberio, alias« Neuromancer », considère que l'idélogie nazie est la loi biblique appliquée.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », considère que l’idélogie nazie est « la loi biblique appliquée ».

Alexander Liberio, alias « Neuromancer » explique que la Bible est la meilleure synthèse de la culture et de l'histoire « occidentale/européenne/blanche », sans laquelle le concept de race blanche (la chrétienté) n'aurait pas vu le jour.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », explique que la Bible est la meilleure synthèse de la culture et de l’histoire « occidentale/européenne/blanche », sans laquelle le concept de race blanche (la chrétienté) n’aurait pas vu le jour.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », explique que la chrétienté est synonyme de « blancs ».

Alexander Liberio, alias« Neuromancer », considère le christianisme « fasciste de manière inhérente ».

Alexander Liberio, alias« Neuromancer », considère le christianisme « fasciste de manière inhérente ».

Alexander Liberio, alias« Neuromancer », vante les mérites de l'Église orthodoxe.

Alexander Liberio, alias« Neuromancer », vante les mérites de l’Église orthodoxe.

Pas étonnant, au vu de cette profession de foi, que Liberio ait choisi de devenir séminariste dans l’Église orthodoxe russe. Il s’est ainsi inscrit à la première année de séminaire à l’automne 2018, au Holy Trinity Orthodox Seminary, à Jordanville, NY, lequel est rattaché au Diocese pour l’est des É-U. de l’Église orthodoxe russe. Pour autant que nous sachions, il y est toujours inscrit à ce jour.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », s'est inscrit au séminaire Holy Trinity de l'Église orthodoxe russe, de Jordanville, NY, à l'automne 2018.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », s’est inscrit au séminaire Holy Trinity de l’Église orthodoxe russe, à Jordanville, NY, à l’automne 2018.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », est toujours inscrit au séminaire Holy Trinity de l'Église orthodoxe russe, à Jordanville, NY, pour l'année académique 2019-2020.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », est toujours inscrit au séminaire Holy Trinity de l’Église orthodoxe russe, à Jordanville, NY, pour l’année académique 2019-2020.

Le code disciplinaire du séminaire stipule qu’un diplôme peut être « retenu » devant la preuve accablante d’une inconduite morale sérieuse. Reste à voir si le séminaire considère que la participation à diverses activités et organisations néonazies constitue « une inconduite morale sérieuse »… ou si l’Église orthodoxe russe est effectivement un véhicule approprié pour réaliser la vision d’Adolph Hitler et de ses partisans contemporains.

Démonstration de la preuve

À partir du courriel inclus par « iamneuromancer » dans le forum Iron March (iamneuromancer@gmail.com), nous avons trouvé une annonce publiée en ligne en 2015 afin de recruter un joueur de cornemuse pour un groupe folk métal (vraisemblablement le groupe Bibracte, que Liberio a animé pour un temps avec sa partenaire) :

Cette annonce comportait également un numéro de téléphone. Une recherche avancée pour ce numéro révèle une annonce de sous-location d’un appartement dans Hochelaga, publiée sur un forum de discussion chinois.Non seulement les photos de l’appartement publiées dans cette annonce correspondent directement au décor que l’on aperçoit dans les quelques vidéos publiées sur la chaîne YouTube Icon Iconium, où l’on reconnaît Liberio et ses rats, mais l’on y trouve également l’adresse alexander.liberio@mail.mcgill.ca :

Une recherche pour Alexander Liberio confirme ensuite hors de tout doute les liens actuels avec le séminaire orthodoxe de Jordanville, NY.

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Quelles conséquences pour ces nazis? Quelles implications pour nos collectivités?

De Charlottesville à El Paso, en passant par les attentats d’Atomwaffen Division et de Christchurch, les activités en ligne de la génération d’Alexander Liberio ont régulièrement franchi le seuil de la « vie réelle », semant carnage et terreur dans plusieurs pays. Ce qui peut frapper, au-delà de ce constat, est la fragmentation et l’extrême fragilité de leurs rapports, compte tenu de la relative facilité avec laquelle il est possible de perturber et disperser les réseaux exposés dans ces différents forums de discussion. Comme nous le montre la cascade de nouvelles révélations issues du forum Iron March dans la foulée de la plus récente fuite, il est cependant extrêmement facile pour ces jeunes hommes blancs « normaux » de mener leur vie régulière de classe moyenne, comme étudiants, fonctionnaires, hipsters, etc., tout en poursuivant activement leur fantasme de guerre raciale et de génocide, de « charia blanche » et de « soldats sur le terrain ». La question qui se pose aujourd’hui est la suivante : quelles sont les conséquences concrètes pour ces wannabe paladins de la guerre raciale?

Et surtout, peut-être, nous invitons nos lecteurs et lectrices à considérer quelles sont les implications pour nos collectivités si ces nazis peuvent poursuivre leurs activités en toute impunité

Nous avons bien l’intention de continuer à redoubler d’effort pour faire en sorte que ces individus ne puissent pas simplement continuer à fomenter la haine comme si de rien n’était et surtout, pour que leurs réseaux ne soient pas seulement perturbés, mais incapables de se reconstituer. Car, comme le montre la série actuelle d’attentats et de meurtres de masse, même si ces réseaux sont stratégiquement précaires, ils peuvent avoir des conséquences désastreuses d’un point de vue tactique.

Cela étant dit, une réponse efficace demandera nécessairement une mobilisation beaucoup plus vigoureuse des communautés antiracistes et antifascistes, de sorte que nos modes et moyens d’action correspondent à l’ambition d’éradiquer pour de bon les nazis de nos vies et de garantir un avenir viable pour tous les enfants.

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[1]               Discord est un logiciel conçu pour faciliter la communication vocale des communautés de joueurs en ligne. Ses fonctionnalités, ainsi que le caractère privé des communications, ont attiré en masse les membres du mouvement Alt-Right, qui en ont fait un usage intensif entre 2016 et 2018.

[2]               « In Real Life » par opposition aux activités virtuelles ou strictement en ligne.

[3]               La tristement célèbre injonction de David Lane va comme suit : « We must secure the existence of our people and a future for white children » (nous devons assurer la survie de notre people et garantir l’avenir des enfants blancs). Il a composé cette phrase tandis qu’il était incarcéré pour ses activités au sein de « The Order », une organisation terroriste néonazie active dans les années 1980, responsable de nombreux meurtres et attentats armés, dont l’assassinat de l’animateur de radio Juif Alan Berg.

[4]               Le doxxing est une tactique qui consiste à rendre public les renseignements personnels d’un personne pour lui nuire d’une manière ou d’une autre. https://fr.wikipedia.org/wiki/Doxing

Attaque contre les véhicules stationnées chez le président de DPL, sous-contractant impliqué dans la construction de la prison pour migrant.es

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Nov 192019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Tôt, un matin enneigé de novembre, on a visité le bureau de DPL, la compagnie sous-contractée pour la mise en place des coffrages de la nouvelle prison pour migrant.es à Laval. On a de la chance: le siège social de la compagnie (située au 370 rang Rivière Bayonne Nord à Berthierville) est aussi la maison de Pierre-Luc Désy, président de DPL, de sa femme Christiane Désy qui est administratrice de DPL et de leurs enfants.

Nous avons crevé les pneus d’un véhicule de la famille ainsi que de deux remorques de DPL stationnées dans la cour. Nous avons aussi peint des messages contre la prison sur les véhicules, notamment “Nique les prisons” et “Fuck prisons”.

Comment avons-nous su que la compagnie DPL est impliquée dans ce projet de merde si elle est seulement sous-contractante et que ce contrat n’est pas publique? Aux éventuels sous-entrepreneur, posez-vous la question.

Si vous croyez pouvoir cacher votre implication dans le projet, vous vous trompez gravement. Il serait sage de reconsidérer si votre implication en vaut la peine.

Vous devez comprendre que votre rôle dans ce projet ne restera pas un secret. Une fois votre implication révelée, vous serez aussi vulnérables que Loiselle, Lemay et Tisseur qui ont été victimes de plusieurs attaques durant la dernière année.

Pierre-Luc et Christiane, pendant que vos enfants jouent au hockey dans votre cour et vivent en sécurité avec le confort des parents qui les aiment, vous aidez à bâtir les fondations d’une prison qui va séparer d’autres familles, une prison dans laquelle les enfants seront traumatisés et vont possiblement mourir. Cela vous rend fiers? Pensez-vous que vos enfants seront fiers quand ils comprendront vos choix? N’auront-ils pas honte d’avoir porté les t-shirts avec le logo de votre compagnie?

Jusqu’à la fin de cette prison, de toutes les prisons et du monde qui en a besoin.

Julien Côté Lussier : l’excès d’orgueil du néonazi qui a voulu jouer la game électorale

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Nov 072019
 

De Montréal Antifasciste

LE MILITANT NATIONALISTE BLANC EST TOUJOURS À L’EMPLOI D’IMMIGRATION CANADA

Grâce aux efforts diligents de militant-e-s antiracistes et de son réseau local de sympathisant-e-s, Montréal Antifasciste est en mesure de confirmer que le candidat indépendant dans LaSalle-Émard-Verdun aux dernières élections fédérales, Julien Côté (Lussier), est un militant nationaliste blanc de longue date, un participant actif à différents forums de discussion Alt-Right (néonazi), un organisateur clé de ce milieu à Montréal et au Canada… et un employé du ministère de l’Immigration du Canada.

 

Le 15 octobre dernier, à six jours seulement des élections fédérales canadiennes, la CBC publiait un article révélant que le candidat indépendant dans LaSalle-Émard-Verdun, Julien Côté, était jusqu’à l’année dernière le porte-parole national d’ID Canada, une organisation « identitaire » qualifiée par la CBC de « groupe nationaliste blanc et xénophobe », lequel adhère notamment à la théorie du « grand remplacement » très répandue chez les extrémistes de droite. (Cette théorie fumeuse a d’ailleurs motivé plusieurs des massacres fascistes de ces dernières années, dont ceux de Christchurch et d’El Paso.)

Nous devons humblement admettre que la candidature de Julien Côté nous avait échappé jusqu’à la parution de cet article. Malheureusement pour Côté, cependant, le projecteur national soudainement braqué sur sa candidature nous a rappelé son rôle dans le milieu Alt-Right montréalais…

Dans les heures suivant la parution de l’article, un certain nombre de statuts publiés par Montréal Antifasciste, et d’autres sympathisant-e-s antiracistes/antifascistes ont révélé l’étroitesse de ses liens avec l’extrême droite[1], ce qui a exercé une telle pression sur Côté qu’il s’est senti obligé de recourir aux services de Shawn Beauvais-MacDonald pour « sécuriser » l’opération de démarchage qu’il avait prévu de mener à Verdun le 19 octobre.

Drôle idée, direz-vous, que celle de s’adjoindre les services d’un nazi notoire après avoir nié être raciste sur toutes les tribunes. Il a peut-être eu raison d’appeler des renforts, au vu de la mobilisation populaire qui s’est organisée spontanément dans le quartier pour confronter directement Côté et son sbire, mais admettons que le choix du garde du corps laissait fort à désirer si l’intention du candidat était de dédiaboliser sa démarche.

Une résidente du quartier nous a expliqué pourquoi elle et d’autres résident-e-s excédé-e-s se sont mobilisé-e-s suite à la parution de l’article de la CBC :

« Pour nous, il était clair que Julien Côté Lussier utilisait la campagne électorale comme prétexte pour recruter d’éventuel-le-s sympathisant-e-s. Il avait imprimé son numéro de téléphone sur ses affiches, faisait campagne sur les rues en offrant des cafés et des discussions, il s’infiltrait dans toutes les plateformes web des citoyens du quartier et même son site web invitait les internautes à prendre contact en privé pour connaître sa plateforme électorale. Nous nous sommes mobilisé-e-s rapidement pour faire connaître le vrai visage de Côté, pour exposer son jeu et limiter sa visibilité. Nous avons également contacté Montréal Antifa car nous avons vite compris qu’il ne s’agissait pas d’une simple affaire de quartier et qu’il était important que l’activité de Julien Côté soit répertoriée ».

Nous ne pouvons qu’applaudir cette initiative de la base et tenons à souligner que le présent article n’aurait peut-être pas été produit, n’eût été de la diligence et la pugnacité des résidentes et résidents qui nous ont écrit et offert leur collaboration. C’est précisément à ça que doit ressembler un mouvement antiraciste et antifasciste vigoureux.

À partir de là, et en revisitant les informations que nous avions déjà sur Côté, nous avons vite compris que les révélations de la CBC n’étaient que la pointe de l’iceberg.

 

Un compte Twitter (trop peu trop tard) nettoyé

Le 20 octobre, l’utilisateur Twitter @Un_Migrant a révélé que le compte Mox_Nisi appartenait vraisemblablement à Julien Côté. Il n’est sans doute pas fortuit que Mox_Nisi ait commencé à faire une promotion excessivement enthousiaste de la candidature de Côté… précisément le même jour où celui-ci a fait connaître ladite candidature! Voici une série de captures d’écran illustrant cette curieuse concordance :

 

La connexion néonazie se confirme

En fait, ça n’a rien d’un hasard si Beauvais-MacDonald est le goon qui est venu protéger Côté de la colère des résident-e-s de Verdun le 19 octobre : si le premier représente l’aspect bête et méchant du milieu Alt-Right montréalais, l’autre fait sans doute partie de ce qui sert d’avant garde intellectuelle à ce mouvement nationaliste blanc. Les deux se sont vraisemblablement connus en 2016-2017, au sein du petit groupe de militants Alt-Right qui animaient le salon de discussion « Montreal Storm » avec d’autres « ethnonationalistes » (que l’on décrirait plus correctement comme les plus récents héritiers de la tradition néonazie historique…) tels que Gabriel Sohier Chaput, alias « Zeiger », Vincent Bélanger Mercure et Athanasse Zafirov, alias « Date ».

Trompé par son ego, Côté a été le principal artisan de sa propre chute. En retraçant les miettes numériques qu’il a laissées derrière lui au fil des ans, nous avons pu établir hors de tout doute raisonnable que Côté (date de naissance, 22 septembre 1981) est l’utilisateur « Passport » sur le forum « Montreal Storm » et dans d’autres salons Discord privés réservés aux membres cautionnés (vouched) du mouvement Alt-Right canadien.

Ne serait-ce que pour les raisons tactiques évidentes, nous n’énumérerons pas ici toutes les preuves accumulées, mais la somme et la nature de ces preuves forment un dossier accablant. Seulement en comparant l’avatar de Côté qui apparaît sur son compte Skype dans l’entrevue qu’il a accordée à CityNews Edmonton en janvier 2018 et l’avatar choisi par « Passport » sur Discord, il saute aux yeux que c’est la même illustration, soit la toile Der Wanderer über dem Nebelmeer, du peintre romantique allemand Caspar David Friedrich. Une référence extrêmement nichée, vous en conviendrez avec nous. En suivant un lien affiché par « Passport » sur Discord vers la vidéo d’une conférence de Jordan Peterson à Ottawa, où il s’est rendu en compagnie de Zafirov pour adresser une question à Peterson, nous avons pu confirmer que la voix de « Passport » que l’on entend sur la bande audio est bel et bien celle de Côté.

Par sa participation à différents salons de discussion canadiens et à différents projets d’organisation politique, Côté/Passport était non seulement une figure centrale du petit club Alt-Right de Montréal, mais aussi de la communauté Alt-Right qui essayait alors de se consolider nationalement. Il était notamment, comme l’a relevé la CBC, au cœur du projet d’ID Canada, un groupuscule malhabilement calqué sur les organisations du mouvement « identitaire » européen, comme Génération Identitaire. (C’est d’ailleurs pour défendre une affiche d’ID Canada posée à Edmonton que Côté, en tant que porte-parole de l’organisation, avait accordé une entrevue à CityNews en janvier 2018. Le subtil en-tête de l’affiche était : « VOUS VOUS FAITES REMPLACER ».) Mais ça n’est pas tout. Il était aussi l’un des principaux organisateurs d’un rassemblement national du milieu Alt-Right canadien tenu en Ontario en juillet 2017[2], et l’un de ceux qui ont organisé la conférence du professeur nationaliste blanc Ricardo Duchesne à Montréal un mois plus tôt. Côté s’est aussi rendu à plusieurs reprises dans des rassemblements de l’Alt-Right aux États-Unis, notamment à des rencontres du National Policy Institute de Richard Spencer.

Par son activité virtuelle et « dans la vraie vie », il est clair que Julien Côté, alias « Passport », a joué un rôle de tout premier plan, aux côtés d’autres néonazis confirmés, dans la tentative d’expansion du mouvement nationaliste blanc au Canada. Mais il n’avait pas fini de nous surprendre.

 

La curieuse histoire du militant anti-immigration qui travaille pour le ministère de l’Immigration

Plusieurs sources internes ont pu confirmer à Montréal Antifasciste que Julien Côté est employé au ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté du Canada. Non seulement Côté s’en est-il lui-même vanté sur Facebook (voir les captures d’écran ci-dessous), mais une recherche dans la Gazette du gouvernement du Canada révèle que la Commission de la fonction publique a « accordé à Julien Lussier, analyste de soutien opérationnel, la permission (…) de se porter candidat (…) à l’élection fédérale dans la circonscription de LaSalle-Émard-Verdun (Québec). » Il s’avère donc que son nom complet est Côté Lussier. Décidément, les noms composés ont la côte chez les néonazis de bonne famille.

La Gazette du Canada, Partie I, volume 153, numéro 37 : COMMISSIONS, 30 août 2019

En fouillant un peu plus dans le passé de Côté Lussier, quelle ne fut pas notre surprise de découvrir qu’il était loin d’en être à ses premières frasques en matière de ruades anti-immigration.

En septembre 2012, lui et sa partenaire, Magdalena Baloi-Lussier (Madi Lussier, qui a par ailleurs agi à titre d’agente officielle de la candidature de Côté Lussier), se sont vu retirer une invitation à témoigner devant un comité parlementaire sur l’immigration lorsqu’une députée néo-démocrate s’est rendu compte que le couple Baloi-Lussier était responsable d’un site anti-immigration épousant des thèses racistes. Selon un article paru dans le Journal Métro :

« Le site des Lussier comprend des sections appelées “Chinafication” et “Arabization” de même qu’une interview vidéo avec le Canadien suprémaciste blanc Paul Fromm réalisée lors d’une conférence “raciste” du groupe [American Renaissance]. »

La version archivée du site « Canadian Immigration Report », ainsi que le contenu de la chaîne YouTube liée au projet, confirme la teneur des inquiétudes des membres du comité, qui ont ainsi convaincu leurs collègues de retirer le statut de témoins au couple Baloi-Lussier.

La nature de ce site correspond par ailleurs à celle d’un autre projet que Côté Lussier a voulu mettre sur pied avec ses camarades nazis du forum Discord (le site aujourd’hui zombifié borderwatch.ca) pour répertorier les passages irréguliers à la frontière Canada/E.U.

Autre lien pour le moins curieux, le député qui les avaient invités à témoigner, le Conservateur Chungsen Leung (qui soit dit en passant était le secrétaire parlementaire de Stephen Harper en matière de multiculturalisme de 2011 à 2015), est celui-là même que « Passport » décrit sur Discord comme un député « fermement de [notre] côté » qui « aimerait que les blancs aient une colonne vertébrale » et qui « reconnaît que [nous] sommes une race supérieure ».

Ainsi donc, un individu raciste ayant causé une polémique en marge d’une audience officielle du comité sur l’Immigration en 2012, laquelle polémique a même fait l’objet de nombreux articles de presse à l’époque, a pu rester à l’emploi du ministère de l’Immigration jusqu’à aujourd’hui. Se pourrait-il que le ministère de l’Immigration du Canada, l’une des nombreuses agences gouvernementales responsables de réguler et de perpétuer un système d’apartheid fondé sur l’emprisonnement de migrant-e-s et un régime de déportations sans cesse renouvelé, une organisation dont l’histoire est ancrée dans le racisme, le sexisme et le capacitisme, ait un tel niveau de tolérance pour le suprémacisme blanc? Quand on y pense un peu, ça n’est pas particulièrement étonnant.

 

///

Il est fort regrettable qu’un individu comme Julien Côté Lussier ait pu continuer pendant de nombreuses années à promouvoir le racisme sans être tenu responsable de ses actions. En travaillant au ministère de l’Immigration du Canada, en voyageant à l’étranger pour participer à des colloques d’extrême droite et en occupant une position stratégique au sein d’organismes racistes au pays, il était bien placé pour jouer un rôle central dans la reconsolidation d’un milieu néonazi fragmenté et désorganisé au Canada. Allez savoir ce qui lui est passé par la tête pour décider de se porter candidat aux élections fédérales, un choix funeste qui allait assurément attirer une attention non désirée et provoquer l’intervention des antiracistes de sa circonscription. Quoi qu’il en soit, nous avons bien l’intention d’exploiter ce grave manque de discernement…

Gageons qu’il va regretter d’avoir mis sa face sur le proverbial poteau.

 

 

 


[1]               Une séance de questions et réponses sur Reddit a d’ailleurs vu Côté littéralement accablé par une bordée de questions embarrassantes sur sa plateforme.

[2]               Ce milieu a fait les manchettes en août de la même année, lorsque Beauvais MacDonald et Bélanger-Mercure ont été identifiés par des antifascistes parmi un groupe de Québécois ayant fait le voyage à Charlottesville, Virginie, pour participer aux manifestations suprémacistes blanches du tristement célèbre rassemblement « Unite the Right ». Gabriel Sohier Chaput, du même groupe, a plus tard été identifié comme un prolifique propagandiste du courant néonazi de l’Alt-Right, notamment en rééditant l’ouvrage Siege de James Mason (l’une des principales inspirations du groupe terroriste Atomwaffen Division et d’une grande partie du mouvement national-socialiste contemporain) et en signant de nombreux articles pour le site The Daily Stormer d’Andrew Anglin.

En mai 2018, Sohier-Chaput a été doxxé par des antifascistes de Montréal et forcé à l’exil sous le coup d’une série d’articles publiés dans la Montreal Gazette. En même temps, le contenu du salon « Montreal Storm » a été rendu public sur le serveur Unicorn Riot, qui mène un projet d’archive des forums nazis sur Discord.

D’autres individus de ce milieu, dont le principal modérateur du forum Discord national et coanimateur du podcast néonazi This Hour Has 88 minutes, « Axe in the Deep », de son vrai nom Clayton Sanford, ont été identifiés dans les mois suivants par des journalistes diligents de Vice.

Revendication d’une attaque incendiaire contre un constructeur de prison pour migrant.es

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Oct 312019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

En acceptant le contrat d’entrepreneur général pour le nouveau centre de detention pour migrant.es de Laval, Tisseur Inc. ont commis une grave erreur. Le soir du 26 octobre nous avons décidé d’offrir notre contribution à la lutte contre le système frontalier et carcéral sous toutes ses formes. Nous avons mis le feu à une camionnette sur les berges du canal Lachine où se trouve un autre projet de Tisseur. Nous n’avons pas fini.

– des anarchistes

Des zombies anticoloniaux attaquent le monument de John A. Macdonald avec de la peinture orange

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Oct 312019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Halloween, 31 octobre 2019, Montréal — Lors d’une action revendiquée par des zombies anticoloniaux, des morts-vivants se sont réveillés du cimetière Saint-Antoine (1799-1855) situé sous ce qui est aujourd’hui le square Dorchester et la Place du Canada.

Les zombies anticoloniaux ont émis un communiqué pour les médias indépendants du monde vivant :

« Aux vivants—Nous sommes les mort-e-s que vous avez oublié.

Nos squelettes, enterrés entre 1799 et 1855, sont ici par milliers.

Vous nous avez recouverts d’asphalte et de béton. Vous avez érigé des parcs à la gloire du colonialisme au-dessous de nos corps. Vous avez profané notre mémoire avec le monument d’un des architectes du génocide autochtone, John A. Macdonald.

Vous avez échoué. Vous continuez d’allouer la présence de la statue de Macdonald dans un endroit public important de Montréal, par-dessus nos corps, comme un symbole de la suprématie blanche.

Les quelques tentatives des vivants anticoloniaux d’attaquer le monument raciste pour le faire retirer ont échoués à ce jour. Alors nous, les morts, avons dû prendre acte et asperger le monument de peinture orange.

La couleur orange représente notre journée sacrée de la Samhain (Halloween), mais c’est aussi une façon appropriée de profaner John A Macdonald qui était membre de l’ordre raciste et anti-catholique “Orange Order”. Après tout, les squelettes sous la place du Canada et le square Dorchester sont à grande majorité irlandaise catholique. Beaucoup d’entre nous ont été victimes des épidémies du choléra du 19e siècle.

Nous nous soulèverons encore et encore, pour attaquer cette statue, tant qu’elle ne sera pas retirée ou que la peinture sera laissée comme signe visible de contestation de l’héritage de Macdonald.

Nous sommes morts-vivants et vos lois ne s’appliquent pas à nous.

Nous avons une longue mémoire et beaucoup de motivation.

Nous n’oublions pas, nous ne pardonnons pas.

Joyeux Halloween anticolonial !

— Signé des zombies anticoloniaux du vieux cimetière Saint-Antoine (sous le square Dorchester et la Place du Canada). »

Extinguishing Rebellion

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Oct 242019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Extinction Rebellion [XR], une mouvance internationale écologiste se disant non-violente et aussi extrême que la situation, a fait son apparition sur la scène montréalaise il y a environ un an. Le 8 octobre 2019, une poignée de leurs activistes ont réussi un coup d’éclat, forçant la fermeture du Pont Jacques-Cartier pendant plus d’une heure en pleine heure de pointe matinale. Leurs actions démontrent une volonté de se mettre physiquement en jeu devenue nécessité incontournable dans la lutte écologique. En ce sens, leur courage et leur détermination ne peuvent qu’être rassurants. Cependant, des critiques fusent d’un peu partout à l’endroit de leur idéologie et leurs pratiques, soulevant des enjeux importants à aborder.

À Paris, où des militant.es de XR ont, entre autres, effacé des tags anti-police pendant l’occupation d’un centre commercial, une lettre ouverte note une banalisation des violences policières, une non-violence dogmatique qui révèle une violence insidieuse, et l’exclusion des classes populaires du cadre d’action. On leur reproche aussi un manque de lecture stratégique de la situation et des rapports de force.

Une critique de la branche anglaise de XR fait état de leur incompréhension profonde du fonctionnement et des impacts de la répression judiciaire des militant.es.

À peu près tout le monde se moque de leur envie de se faire arrêter par la police, mais il ne s’agit pas d’une blague : c’est le fruit d’une interprétation bizarre et dangereuse de l’histoire des mouvements sociaux, et ça favorise la construction d’un mouvement blanc et de classe moyenne peu importent les efforts pour donner à l’organisation une apparence intersectionnelle.

Même face à des partisans d’un pacifisme particulièrement intransigeant, il est bouleversant de constater à quel point on peine à distinguer entre une vraie initiative de XR et un canular :

D’autres ont abordé les justifications que XR font de la non-violence. Regardons ceci de plus près. Le groupe cite une étude académique de Erica Chenoweth intitulée « Why Civil Resistance Works », pour affirmer que les mouvements non-violents ont réussi deux fois plus souvent que les mouvements ayant eu recours à la violence, entre 1900 et 2006, dans le cadre de conflits entre des forces étatiques et non-étatiques. On aimerait bien que, dans un monde si complexe, des statistiques aussi claires puissent nous guider dans le choix de nos moyens d’action. Il y a juste quelques petits problèmes.

Numéro un : l’étude définit « un mouvement violent » là où plus de 1 000 combattants armés sont morts sur le champ de bataille. Ainsi sont exclus les émeutes urbaines, de même que des groupes armés allant de la Fraction Armée rouge aux Zapatistes. Et effectivement, les luttes qui entraînent plus de 1 000 morts ont tendance à témoigner de la militarisation profonde d’un conflit insoluble, ce qui rend extrêmement difficile pour le camp non-étatique d’atteindre les objectifs qui l’ont poussé à se mobiliser au début. La force d’une insurrection est sociale, non pas militaire.

Deuxièmement, pour les fins de l’étude les « mouvements non-violents » incluent ceux qui sont principalement, mais pas entièrement non-violents. Notons que personne ne propose un mouvement pour le climat qui serait principalement violent, il s’agit plutôt de faire place à une diversité de tactiques, où plusieurs types de moyens d’action sont valorisés et se renforcent idéalement les uns les autres.

C’est-à-dire un mouvement qu’un statisticien pourrait en effet classifier comme principalement non-violent, mais où il y a bien des gens en black bloc sur la ligne de front affrontant la police, et des bandes nocturnes sabotant les infrastructures sans se faire prendre, ce qui leur permet d’attaquer à plusieurs reprises. Nulle part dans l’étude la non-violence ne se traduit-elle par l’obligation de se rendre à la police lorsqu’on enfreint la loi.

On pourrait aussi se questionner sur :

  • la tendance du pouvoir à nommer comme « violente » toute contestation qui perturbe réellement le cours normal des choses, sans égard aux gestes concrètement posés;
  • le fait que c’est souvent la violence des forces policières qui suscite une réponse « violente » d’un mouvement social, autrement dit la violence est souvent imposée à un mouvement lorsqu’il pose une vraie menace aux pouvoirs en place;
  • la définition de la victoire vis-à-vis nos objectifs pluriels à moyen et à long terme, ainsi que la capacité du pouvoir à offrir des concessions au prix de la pacification et la récupération : lorsqu’il s’agit du futur de la vie sur terre, le compromis est-il possible?

En tout cas, se baser sur « Why Civil Resistance Works » pour justifier qu’on doit s’asseoir dans la rue en faisant des signes de paix aux flics est une insulte à l’intelligence des militant.es. Que les leaders de XR n’essaient pas de nous faire croire qu’ils.elles sont guidé.es par la science sociale quant ils.elles ne font qu’acter une moralité arrimée à l’état policier ou un désir de servir d’interlocuteur légitime du pouvoir. XR demande aux gouvernements de « dire la vérité », mais lorsqu’il est question de stratégies de contestation, ils ne s’intéressent pas à une réflexion honnête sur les choix qui se présentent à nous.

Pourtant, il suffit de regarder à peu près n’importe où ailleurs où les rebelles ont réussi à faire reculer le pouvoir dans les derniers mois, que ce soit à Hong Kong, en Équateur, au Chili, ou les gilets jaunes en France, ou bien de comprendre les luttes autochtones de défense des territoires au « Canada », pour faire un simple constat : il est essentiel d’avoir une capacité d’auto-défense si on veut forcer l’État et le capital à réellement céder du terrain.

Nous ne voulons pas trop répéter les critiques de XR qui ont déjà été bien exprimées ailleurs. De plus, XR présente ses apparitions locales comme étant autonomes, donc on aimerait donner à leurs structures au Québec le bénéfice du doute et ne pas trop les juger à partir des actions des groupes dans d’autres pays, même si celles-ci semblent souvent être les conséquences logiques de l’idéologie fondatrice du groupe, à laquelle les différentes branches souscrivent.

Nous sommes aussi conscient.es que des lignes de fracture existent au sein de toute organisation politique de masse, donc cette intervention ne vise pas l’ensemble des individus du groupe. Au contraire, nous n’avons pas de doute que plusieurs de ces militant.es seront des camarades et des complices formidables qui nous apprendront beaucoup au cours des prochaines années de développement d’une lutte acharnée et diversifiée contre le monde qui détruit la planète.

En observant les débuts de XR à Montréal, par contre, nous entretenons quelques craintes vis-à-vis l’organisation locale.

En entrevue à TVA Nouvelles suite au blocage du Pont Jacques-Cartier, un porte-parole de XR Montréal défend les activistes ayant grimpé sur le pont contre l’accusation d’extrémisme en précisant que « c’est des gens comme vous et moi, qui ont été 100% non-violents, ils n’ont pas résisté à la police, ils ont discuté raisonnablement. » On a des questions quant à ce qui est sous-entendu par « comme vous et moi » et quelles personnes ou classes de personnes échapperaient à cette désignation. Il faut aussi penser aux effets de ce genre de discours sur ceux et celles qui ne sont pas 100% non-violents, qui résistent à la police, qui ne voient pas l’avantage de discuter raisonnablement. Logiquement, ce serait ces gens-là les « extrémistes », et ils.elles mériteraient le traitement médiatique et judiciaire plus sévère appelé par ce terme.

Ce discours alimente la construction d’une division entre la bonne et la mauvaise militance, ce qui a tendance à augmenter la répression subie par ceux et celles qui prennent déjà les plus gros risques, qui cherchent une rupture totale avec l’ordre dévastateur du capital et de l’État, sabotant du même coup le tissage de liens entre les groupes et individus qui renforcerait la lutte.

On a aussi vu des efforts de conscientisation et quelques actions de style « sit-in », la dernière ayant eu lieu l’après-midi du 8 octobre suivant le blocage du pont en matinée. Le rassemblement de 250 personnes a été incapable d’atteindre le cible de l’action après que les lignes de l’escouade anti-émeute du SPVM n’ont pas cédé face à des cris de « nous sommes non-violents, s’il-vous-plaît, laissez-nous passer ! », suivis du slogan « Police, doucement, on fait ça pour vos enfants ». La scène mortifère en disait long sur les limites de la désobéissance « civile », celle-ci de fait enfermée dans une servilité éteignant toute réelle perspective de rébellion.

Nous serions ravi.es si des événements à venir nous contredisaient, mais nous croyons voir les mêmes dynamiques ayant suscité des critiques légitimes de XR ailleurs dans le monde s’installer dans leurs discours et leurs modes d’action à Montréal. Il ne s’agit pas d’écarter toute façon de faire qui diverge des nôtres, mais plutôt de nommer des échecs stratégiques et tactiques pour ce qu’ils sont, de refuser la désolidarisation à l’encontre des militant.es qui n’adoptent pas un pacifisme total, et de poser les bases d’une réelle intelligence collective de lutte. À l’heure de l’urgence climatique, on n’a pas le temps de se faire des illusions.

Histoire des émeutes carcérales au Québec

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Oct 212019
 

De Archives Révolutionnaires

« On crée ça non pour emprisonner l’homme, mais pour le détruire totalement, pour en faire un esclave de la pénitenciaire. » (Jacques Mesrine)

Cet article cherche à présenter les résistances, notamment émeutières, des détenu.es dans l’histoire récente du Québec. Pour se faire, une présentation historique du développement de la prison s’impose d’abord. Les luttes, résistances et émeutes pourront alors être traitées dans le contexte qui est le leur. Enfin, une réflexion théorique sur le rôle de la prison et les possibilités sociales et politiques des résistances dans les milieux carcéraux sera posée. Par ailleurs, dans cet article, la féminisation systématique ne sera pas employée, en raison du caractère extrêmement genré de l’histoire carcérale. Ainsi, lorsqu’il sera question d’un groupe très nettement majoritaire masculin, nous parlerons de détenus ou de prévenus. Pour le cas des prisons mixtes, apparues au XIXe siècle, nous parlerons de prisonnier.ères. Enfin, pour les prisons non-mixtes, plus contemporaines, nous parlerons de détenus lorsqu’il sera question de prisons pour hommes et de détenues dans le cas des prisons pour femmes.

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La prison, en Occident, a très longtemps servi à enfermer des prévenu.es en attente de leur procès. Suite au procès, si le.a prévenu.e était condamné.e, il ou elle était forcé.e soit de réparer le tord causé, soit châtié.e en guise d’exemple. Ainsi, les voleur.euses pouvaient être condamné.es à l’amende, les personnes incapables de rembourser leurs dettes pouvaient voir leurs biens saisis ou encore être mises en esclavage, alors que les crimes moraux étaient généralement punis physiquement, par des mutilations par exemple. La peine de mort était aussi souvent appliquée pour des crimes de trahison ou d’hérésie et pour des crimes graves (le meurtre) ou encore pour les récidivistes. Pourtant, l’emprisonnement prolongé était très rare et peu institutionnalisé. Certains individus étaient condamnés à la réclusion (au monastère par exemple) ou exceptionnellement enfermés seuls dans un lieu construit à cet effet, sans qu’un régime carcéral au sens moderne du terme existe.

Ce n’est qu’aux XVIIe et XVIIIe siècles que l’idée du système carcéral se développe en Occident. D’abord développé pour enfermer les pauvres et les sans-abris, le système carcéral a commencé à servir de plus en plus de régime punitif pour les crimes de droit commun. On peut dire que le système carcéral tel que nous le connaissons s’est mis en place à partir de la fin du XVIIIe siècle. Un tel système, conçu pour surveiller, contrôler et punir les groupes sociaux déviants et marginaux, se met en place parallèlement à l’idéologie du contrôle et de la surveillance qui s’établit dans le monde occidental. C’est d’ailleurs ce qu’a décrit avec brio Michel Foucault dans son ouvrage classique de 1975, Surveiller et punir. L’idée de l’enfermement comme punition, ainsi que l’idée d’un isolement prolongé permettant au détenu de réfléchir à ses crimes et de changer sa mentalité, s’établissent à la fin du XVIIIe siècle. C’est notamment le britannique John Howard qui théorise ces idées dans son livre fameux de 1777, State of Prisons in England and Wales.

John Howard (1726-1790), théoricien du système carcéral contemporain, basé sur l’enfermement punitif.

En ce sens, il est établi en Nouvelle-France, par l’ordonnance de 1670, « qu’il n’est point l’usage de condamner un coupable à une prison perpétuelle ». Ici comme en Europe, les prisons ne servent qu’à maintenir à disposition les prévenu.es en vue de leur procès. On trouve donc à cette époque des cellules dans le château Saint-Louis (résidence du gouverneur général à Québec) ainsi qu’une petite installation carcérale sur la rue Notre-Dame à Montréal. Vers 1716-1718, on construit trois installations carcérales en Nouvelle-France, à Québec, Trois-Rivières et Montréal. Les trois installations possèdent une salle d’audience, des espaces pour les gardiens et quelques cachots ; les trois installations relèvent encore du vieux modèle d’emprisonnement conçu pour maintenir à disposition les prévenu.es avant leur procès. D’un autre côté, le régime punitif reste relativement mal organisé, avec un seul bourreau pour la province, en général un ancien détenu dont la peine à été annulée en échange de ses services d’exécuteur… La peine la plus fréquente en Nouvelle-France est l’amende. La mutilation physique est parfois pratiquée, ainsi que la peine de mort (en général pour les récidivistes et les meurtrier.ères).

Le régime carcéral basé sur l’enfermement punitif ne se développe au Canada qu’au XIXe siècle, comme c’est d’ailleurs le cas dans le reste de l’Occident. C’est aux États-Unis, sous l’impulsion de la philosophie de John Howard, que les premières prisons servant à des emprisonnements punitifs prolongés sont construites. Le pénitencier modèle est le Eastern Penitentiary de Philadelphie, achevé en 1821. On y enferme des détenus afin de les punir. Les détenus, isolés les uns des autres jour et nuit, sont supposés y réfléchir à leurs crimes et s’amender lors de leurs années de détention. Ce nouveau modèle intéresse les autorités du Bas-Canada et deux commissaires sont envoyés en 1834 aux États-Unis pour l’étudier et juger de son applicabilité ici.

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Une cellule de la prison des Plaines d’Abraham (4 pieds par 8 pieds), en usage jusqu’en 1970.

En effet, la province est dans un processus de renouvellement des prisons, alors qu’on commence à enfermer les détenu.es pour les punir. Une nouvelle prison a été construite à Québec dès 1808 (la Vieille Prison de Québec, qui sera active jusqu’en 1867) ainsi qu’une seconde à Trois-Rivières, construite en 1822 (la Vieille Prison de Trois-Rivières, en activité jusqu’en 1986). Montréal veut elle aussi s’équiper d’un nouveau pénitencier, inspiré des pratiques américaines cette fois. C’est pourtant une installation complètement mésadaptée qui est construite en 1835. En effet, dès son ouverture, la prison du Pied-du-Courant est dysfonctionnelle. On n’y trouve ni cuisine ni laverie ; les espaces y sont mal conçus et la séparation entre hommes et femmes peu respectée. La prison se trouve par ailleurs surpeuplée suite à la Révolte des Patriotes de 1837-1838 ; la prison le restera d’ailleurs jusqu’à sa fermeture en 1912.

Dans les trois grands établissements carcéraux du Québec du XIXe siècle (la Vieille Prison de Québec est remplacée en 1867 par la prison des Plaines d’Abraham, active jusqu’en 1970), les conditions de vie sont très dures et l’auto-organisation des détenu.es relativement rare. D’un côté, même si la nouvelle mentalité de l’emprisonnement prolongé comme punition se généralise, les établissements ne s’adaptent pas. Les espaces y sont donc très réduits et peu de choses sont prévues pour les longues peines (comme des cours pour l’exercice). De plus, l’idée que l’isolement est bénéfique à la réhabilitation des prisonnier.ères fait que ceux.elles-ci sont rarement mis.es en contact les un.es avec les autres, sauf pour des travaux forcés. La situation diffère quelque peu au pénitencier du Pied-du-Courant, où plusieurs anciens patriotes se retrouvent et agissent solidairement. Par ailleurs, on retrouve dans cet établissement une vie sociale plus développée, alors que les détenus de droit commun et les travailleuses du sexe enfermées devront s’occuper de l’organisation de la vie quotidienne (alimentation, ménage, etc.). À cette époque, deux autres facteurs (en plus de l’isolement) nuisent à l’organisation des prisonnier.es, à savoir les conditions de vie si dures que la survie est la priorité (lutte contre le froid, la faim et les maladies) ainsi que le fait que les détenu.es ne purgent pas encore des peines très longues, les crimes graves étant souvent punis par la déportation ou la pendaison.

La prison des Plaines d’Abraham, en activité de 1867 à 1970.

C’est donc surtout au XXe siècle qu’on verra les prisonnier.ères, de plus en plus nombreux.euses et purgeant des peines toujours plus longues, prendre conscience de leur condition politique et s’organiser dans les pénitenciers au Québec. La ville de Montréal pense d’ailleurs à construire une nouvelle prison tout au long du XIXe siècle pour remplacer le très défaillant établissement du Pied-du-Courant. La nouvelle prison sera finalement achevée à Bordeaux en 1912. Cette prison, non-mixte, est conçue pour accueillir plusieurs centaines de détenus ainsi que pour l’enfermement à moyen / long terme. C’est la naissance des prisons telles qu’on les connait au Québec : un immense lieu, non-mixte, avec des centaines de détenu.es dont certain.es purgent de longues peines, des espaces communs et un programme cohérent de travail pour les détenu.es. Ce nouvel univers carcéral permettra aussi l’émergence d’un nouveau rapport à soi et aux autres pour les prisonnier.ères. Au début du XXe siècle, le gouverneur de la prison du Pied-du-Courant, qui sera aussi le premier gouverneur de la prison de Bordeaux, remarque justement l’émergence d’une pensée politique nouvelle chez certains prisonniers. Le gouverneur Charles Vallée écrit en 1910 :

« La mentalité de nos prisonniers est elle-même plus différente aujourd’hui, de ce qu’elle était autrefois. Il y pointe maintenant un esprit de révolte pour ainsi dire chronique contre l’autorité sous toutes ses formes… je n’ai sans doute pas à déterminer ici jusqu’où cette agressivité particulière et généralement imputable aux doctrines subversives que des fauteurs de grèves ouvrières d’unionismes internationalistes (sic) ou de communisme obligatoire (sic) ont importé chez nous de la vieille Europe ; mais, personnellement, je suis bien convaincu que, entre cette mentalité nouvelle que je signale chez nos détenus et la vulgarité des doctrines précitées, il doit exister autre chose de plus substantielle que de simples rapports de coïncidence éventuelle… ».

Nous voyons dans ce discours du gouverneur Vallée une crainte paniquée des organisations ouvrières, ainsi qu’une paranoïa anti-communiste qui n’a que peu à voir avec la réalité de 1910. Pourtant, on peut en déduire que les détenus commencent à être plus contestataires à la prison du Pied-du-Courant, et cela probablement à cause des peines plus longues que certains d’entre-eux doivent y purger dans des conditions exécrables. Il n’est pas impossible non plus que certains éléments politisés commencent effectivement à être emprisonnés à cette époque et que ceux-ci tentent d’y organiser les forçats qui s’y trouvent.

La première moitié du XXe siècle voit s’achever l’organisation carcérale telle que nous la connaissons aujourd’hui. Des pénitenciers fédéraux sont construits pour les détenu.es condamné.es à des peines lourdes (en général plus de deux ans) alors que les pénitenciers provinciaux se spécialisent dans les peines dites légères (moins de deux ans). La non-mixité devient la règle et des institutions psychiatriques / carcérales, tel que l’Institut Pinel à Montréal, sont finalement créés pour les détenu.es souffrant de problèmes de santé mentale. Notons que ces institutions psychiatriques sont loin de prendre en charge toutes les personnes criminalisées qui auraient besoin de soins de santé mentale, alors que l’on retrouve, tout au long du XXe siècle et jusqu’à ce jour, un nombre effarant de prisonnier.ères souffrant de problèmes de santé mentale dans toutes les prisons du Québec, du Canada et d’ailleurs. Notons aussi que les résistances des détenu.es prendront des formes différentes selon les types de prisons (fédérales, provinciales ou psychiatriques). On verra une organisation socio-politique plus forte dans les pénitenciers provinciaux, alors que l’on verra une résistance plus violente et désespérée dans les pénitenciers fédéraux. La solidarité extérieure sera aussi plus active avec les détenu.es des prisons provinciales et psychiatriques, alors que les détenu.es fédéraux.ales seront plutôt laissé.es de côté, du fait de leur isolement institutionnel, mais peut-être aussi parce qu’ils et elles sont davantage perçu.es comme des personnes dangereuses, criminel.les professionnel.es ou éléments anti-sociaux ; perception, surtout concernant le banditisme professionnel, partagée même dans les milieux de gauche…

La prison de Montréal, vers 1927.
La prison de Bordeaux en 1927.

Dans ces conditions, deux possibilités s’offrent aux prisonnier.ères pour résister aux conditions de vie toujours terribles qui leur sont imposées. D’abord, les détenu.es peuvent faire connaître leur situation aux institutions et au public pour mettre de la pression sur les autorités carcérales. Ensuite, les détenu.es peuvent lutter dans les prisons, par des actions directes qui mettent de la pression sur les gardien.nes et la direction des prisons, allant jusqu’à l’émeute. Un des premiers épisodes de ce genre a lieu à la prison de Bordeaux le 4 mai 1952. Les détenus, notamment en colère en raison du traitement humiliant qu’ils subissent aux mains des gardiens et de la nourriture dégoûtante qui leur est servie (souvent moisie, et on trouve même des asticots dans les plats), se soulèvent soudainement et défoncent une partie de la prison. Des feux sont allumés et les détenus armés de couteaux repoussent les gardiens, pris au dépourvu. Si l’émeute est matée, la nourriture est modifiée dès les jours suivant. Bien sûr les humiliations restent la norme, ce qui mènera à de nouvelles luttes…

Dans les années 1950, les conditions de vie des détenu.es sont réellement misérables. Les détenu.es sont mal logé.es et mal nourri.es. Mais ce qui leur rend la vie particulièrement dure, ce sont les violences arbitraires des gardien.nes. En effet, aucun contrôle n’est exercé sur les gardien.nes par une instance extérieure. Ceux.elles-ci peuvent donc voler les détenu.es comme bon leur semble, les humilier verbalement et physiquement, les passer à tabac et même les tuer sans conséquence. Ces conditions inhumaines sont dénoncées par Jacques Hébert dans son petit livre Scandale à Bordeaux (éditions de l’Homme, 1959). Ce livre sera à l’époque une importante pièce à conviction dans le procès social qui suivra certaines émeutes des années 1960, procès social qui changera les conditions de vie des détenu.es.

Au cours de l’année 1960, les détenus de la prison de Bordeaux n’en peuvent plus de ces conditions. Le 26 juin 1960, après le repas, trois détenus attaquent un gardien. Celui-ci tire des coups de semonce mais est vite repoussé. Rapidement, un grand nombre de détenus se met de la partie. Les gardiens sont repoussés et arrivent à peine à tirer sur les détenus qui tentent de franchir le mur d’enceinte. Pour le reste, ils ont perdu le contrôle. Des feux sont allumés un peu partout dans la prison et une guérite brûle. Pourtant, après des négociations avec les détenus, les gardiens reprennent le contrôle de la prison. Trois détenus sont blessés ; les autorités se disent conscientisées aux problèmes soulevés et promettent moins d’arbitraire… mais il n’en n’est rien. Ce n’est donc que partie remise pour la confrontation entre détenus et gardiens. Six jours plus tard, de nouveaux troubles éclatent, puis encore en novembre 1960, et enfin le 12 décembre de la même année. Les détenus n’en peuvent plus du froid, des privations et de la maltraitance. L’émeute de décembre dure toute la journée et ne peut être matée qu’avec l’aide de la Sûreté de Montréal. Plus de 100 hommes sont déployés en soutien aux gardiens. Les détenus ont aussi droit à la première page de plusieurs journaux le lendemain. Mais la répression est dure, les hommes sont envoyés au trou, ne reçoivent pas de traitements médicaux et plusieurs seront affamés en guise de punition. La tension est à son comble à Bordeaux, d’ailleurs complètement surpeuplée avec 1 500 détenus.

La prison de Bordeaux, après les émeutes de juin 1960.

Certains prisonniers réussiront à dénoncer les violences qu’ils subissent à Bordeaux lors de leur comparution. Les juges seront bien forcés de les écouter. Depuis le livre d’Hébert, l’opinion publique est par ailleurs préoccupée. Avec les histoires de tortures suite aux troubles de l’année 1960, c’en est trop. En novembre 1961, une réforme de la prison de Bordeaux est annoncée. La direction de la prison est remplacée ainsi que plusieurs dizaine de gardiens. C’est une victoire en demi-teinte pour les détenus. Les plus sales parmi les gardiens, les tortionnaires psychopathes qui s’en sont pris aux détenus durant des années, sont licenciés. Mais les conditions restent dures, surtout pour les prisonniers rebelles, ceux qu’on met au trou…

Ainsi, le 28 septembre 1967, dans un mémoire qu’elle remet à la commission d’enquête Prévost sur la justice au Québec, la CSN parle de la violence qui sévit toujours contre les prisonniers à Bordeaux :

« Le sous-sol est une cave humide où est installé le « donjon » (ou le « trou »), qui comprend dix cellules d’isolement pour les cas agressifs ou « dangereux ». Dans ces cellules, il n’y a ni lavabo, ni toilette, mais seulement des trous dans le plancher. Et ces trous sont souvent bloqués. On peut facilement imaginer l’état des cellules et l’odeur qui s’en dégage. C’est au sous-sol, aussi, qu’il y a le plus de rats, de coquerelles et de punaises. Et quand il y en a trop, une équipe spécialisée fait à l’occasion une tournée de l’institut pour exterminer toute cette vermine ».

De telles conditions font écho à celles d’une autre institution carcérale du Québec : l’Unité Spéciale de Correction de la prison de Saint-Vincent-de-Paul. Ces installations récentes ont en effet pour objectif de briser les plus coriaces parmi les détenus. L’évasion y est réputée impossible et les hommes, tous condamnés à de longues peines, y sont torturés sans plus de manière. On y trouve 65 gardiens pour 62 détenus : c’est dire le rapport de force qui y existe.

Les luttes carcérales vont d’ailleurs se déporter de manière spectaculaire à la prison Saint-Vincent-de-Paul quelques années plus tard. Effectivement, le célèbre braqueur de banque Jacques Mesrine y est enfermé depuis le début des années 1970 en compagnie de plusieurs autres criminels de profession. Mesrine et les autres détenus y subissent une torture abjecte, faite de privations sensorielles, de jeûnes forcés et de passages à tabac fréquents. Les détenus de cette prison n’ont aucun moyen de faire connaître les tortures qu’ils y subissent puisqu’ils sont drastiquement isolés du monde extérieur. Pourtant, le 21 août 1972, Jacques Mesrine et cinq de ses codétenus s’évadent de Saint-Vincent-de-Paul (la prison dont nul ne peut s’évader !). Jacques Mesrine essaiera alors d’informer les autorités de la torture qui sévit à Saint-Vincent-de-Paul. Il envoie notamment des informations à cet effet au Solliciteur général du Canada Jean-Pierre Goyer et produit un enregistrement diffusé publiquement, Mesrine parle encore, dans lequel il dénonce les conditions de vie à l’Unité Spéciale de Correction. Même si Mesrine y expose (entre autre) l’existence d’une chambre à gaz, le Solliciteur ignore les propos du célèbre bandit, fait saisir les copies de l’enregistrement… et interdit aux journalistes de visiter la prison Saint-Vincent-de-Paul pour voir ce qui s’y passe.

Mesrine parle encore, enregistrement de 1972 dans lequel Jacques Mesrine dénonce le régime de torture qui sévit à Saint-Vincent-de-Paul.

Mesrine décide donc, à l’automne 1972, d’attaquer le pénitencier Saint-Vincent-de-Paul, d’abord pour faire évader un maximum de prisonniers, ensuite pour dénoncer l’institution et les politiques ultra-violentes qui y sont la norme. L’attaque a lieu le 3 septembre 1972. Une violente bataille oppose Mesrine et ses complices aux gardiens. Des échanges de mitrailleuses et des tirs de grenades ont lieu de part et d’autre. Si deux gardiens sont grièvement blessés, l’évasion est un échec. Pourtant, l’attaque de Mesrine a attiré l’attention sur la vie à Saint-Vincent-de-Paul. Lorsqu’un autre ancien détenu de l’Unité Spéciale, Richard Blass, s’attaque à un bar tenu par un ancien policier et y brûle 13 personnes qu’il a enfermées dans le sous-sol, la pression médiatique est à son comble. Les journalistes cherchent à savoir quelles conditions horribles ont créé un homme si violent. Finalement, en 1974, la torture pratiquée à Saint-Vincent-de-Paul est prouvée. Après des années de dénégation, le Ministère de la Sécurité publique doit avouer ses crimes envers les détenus. L’Unité Spéciale de Correction est enfin fermée et la prison redevient un établissement aux normes plus conventionnelles.

Les résistances carcérales ne s’arrêtent bien sûr pas à ces épisodes célèbres. Il y a une lutte continuelle des détenu.es contre les gardien.nes dans les prisons, afin d’obtenir des conditions de vie décentes et une certaine dignité. Pourtant, ces luttes sont invisibilisées, à cause de la manière même dont le système carcéral est conçu. Effectivement, les détenu.es sont présenté.es et socialement reconnu.es comme des parias. De fait, ils et elles sont isolé.es du reste de la population. Leurs situations, leurs luttes et leurs espoirs ne sont donc par relayés. De plus, le fait que le système de justice ne soit pas réfléchi comme organe politique de répression, mais comme une institution garantissant le vivre-ensemble, fait en sorte qu’une critique globale de la prison est rare, qui ferait des prisonnier.ères des camarades pour les militant.es ; des personnes victimes de la répression d’état avec qui nous devrions lutter. Cela est toujours le cas dans les années 1980, alors qu’il y a une reprise des luttes des détenu.es.

Par exemple, le soir du 25 juillet 1982, un groupe de détenus tente une évasion de la prison Archambault (pénitencier fédéral à sécurité maximale situé à Sainte-Anne-des-Plaines). Les détenus prennent en otage plusieurs gardiens et tentent d’obtenir en échange de ceux-ci leur libération. Mais le pénitencier est vite sécurisé et les détenus se retrouvent alors coincés. Une émeute s’ensuit durant laquelle trois gardiens seront tués. L’émeute sera pourtant un échec et le contrôle est rétabli durant la nuit. Face à cette situation, deux détenus condamnés à la perpétuité choisissent de se suicider. Les motivations des détenus ici sont d’abord leurs conditions de vie, comme toujours, mais aussi une lutte pour leur vie elle-même. Effectivement, les détenus qui participent à cette émeute sont condamnés à des peines très lourdes, et ce qui leur reste à vivre ne sera qu’une longue déchéance jusqu’à la mort. Ainsi, l’exemple d’Archambault est frappant, dans la mesure où il montre que les longues peines sont la pire des tortures, insupportables, et que ceux qui y sont confrontés sont prêts à tuer et à mourir pour ne pas vivre ainsi durant vingt ou trente ans.

La Presse (mai 1992)
Les détenus se sont révoltés pas moins de six fois entre 1985 et 1992 à la prison de Bordeaux, en raison des conditions de détention insupportables (La Presse, 1er mai 1992).

Les émeutes reprennent aussi à Bordeaux dans les années 1980-1990. On en dénombre six majeures entre 1985 et 1992, sans compter les autres formes d’organisation politique ou les grèves de la faim. La raison principale en est cette fois le surpeuplement de la prison et ses conséquences. Les détenus vivent alors les uns sur les autres, ils manquent d’espace pour l’exercice, les promenades sont réduites… Les exactions des gardiens aussi se multiplient, alors que ceux-ci se sentent sous pression en raison du surpeuplement. À la fin avril 1992 se produit d’ailleurs la pire émeute à Bordeaux depuis les années 1960. On dénombre pour plus de deux millions de dollars en dommage et de nombreux blessés, détenus comme matons. Et depuis (depuis presque 30 ans donc), les choses n’ont pas tellement changé. C’est pourquoi une gronde perpétuelle à cours dans les prisons, alors que le surpeuplement reste le principal problème dans les prisons québécoises (fédérales, provinciales ou psychiatriques, masculines comme féminines). Ce surpeuplement implique bien sûr une dégradation continuelle des conditions des vie : moins d’espace, moins de temps de sortie ou d’exercice, moins de visites, une nourriture de qualité inférieure, préparée en masse pour une population trop grande… Et si les autorités constatent le problème, elles ne font rien. Parce que les détenu.es dans nos sociétés restent ces parias qu’on ne veut ni voir ni entendre, qui n’ont pas droit à la dignité, leur statut de déviant.es justifiant de la part de l’état les pires exactions.

Dans les prisons pour femmes (dont la funestement célèbre prison Leclerc à Laval) les luttes sont aussi perpétuelles. Pourquoi donc n’en entendons-nous jamais parler ? Évidemment parce que les femmes, dans le milieu carcéral, sont les parias des parias. Leurs luttes ne sont ni diffusées ni relayées. Elles ne relèvent pas de la même aura sociale que le gangstérisme masculin. De plus, les épisodes d’émeutes violentes se sont montrés moins fréquents dans les établissements pour femmes au Québec que dans les pénitenciers masculins. Les conditions imparties aux femmes sont pourtant tout aussi violentes. La surpopulation les affectent de plein fouet, ainsi que les violences et les pénuries. Le manque chronique de serviettes sanitaires à la prison Leclerc est un exemple parmi bien d’autres de la manière dont les détenues sont traitées au Québec. La violence directe est aussi exercée contre les détenues à Leclerc comme ailleurs.

Notons sur un autre plan qu’un très grand nombre de femmes sont enfermées pour avoir réagi à la violence sociale qu’elles subissaient. Ainsi, les assassines d’un proche violent, les voleuses, les travailleuses du sexe ou encore les femmes venant de milieux paupérisés et arrêtées pour consommation ou vente de drogues représentent la grande majorité des femmes détenues. Les femmes pauvres, racisées et autochtones sont naturellement sur-représentées dans les prisons au Québec ; ce qui nuit d’autant plus à leurs chances d’être entendues dans la société lorsqu’elles veulent dénoncer leurs conditions de détention. Sans compter sur le fait que les détenues (comme leurs homologues masculins d’ailleurs) ont toutes les chances de revenir en prison, puisque la prison marginalise et induit des comportements criminels ; ce qui reconduit d’autant plus les détenu.es en prison et reproduit leur isolement / invisibilisation sociale. Toutes ces conditions sont longuement dénoncées en 1983 dans le numéro de la revue féministe La vie en rose sur les détenues, mais restent toujours aussi ignorées.

Prison femmes
La vie en rose, dossier sur les prisons pour femmes, 1983.

Pour conclure, il est bon de revenir un peu sur le statut des détenu.es, leur traitement social, leurs droits et leur potentiel. Les détenu.es sont en très grande majorité des personnes d’origine modeste, issues de classes défavorisées (économiques ou raciales). Elles sont en général condamnées pour des crimes qu’elles ont commis en réaction à la violence que le monde leur a fait subir. De plus (et surtout), les personnes détenues, par-delà leur culpabilité, changent socialement de statut lorsqu’elles sont incarcérées. Reconnues coupables et enfermées, elles sont séparées du reste de la population et deviennent des êtres rejetés du corps social, qu’on ne voit pas et pour qui le respect est nié. Ainsi, les personnes devenues détenues ont un nouveau statut qui les invisibilise et les soumet à la violence et à l’arbitraire de l’état. Coupables ou innocent.es, les détenu.es ont en commun d’être déshumanisé.es, de se voir retirer le droit à la sociabilisation et à la dignité. En isolant ainsi les gens, on les prive de tout ce à quoi un être digne a droit : la liberté, la parole, les liens d’amitié désintéressés, la famille, l’amour… Bien sûr, dans leur résilience, les détenu.es se donnent certaines possibilités sociales, mais l’institution qui les déshumanise n’en cherche pas moins à les en priver. Qu’un groupe social subisse une telle violence montre le caractère inhumain de l’état. Un tel isolement entraîne naturellement le renfermement sur le groupe déviant, et ce qui devait être combattu se reproduit.

Appel à une grève nationale des détenu.es, le 21 août 2018, alors que les prisonnier.ères servent encore de main-d’oeuvre corvéable partout à travers le pays.

Bien sûr, il existe certaines difficultés liées au statut des prisonnier.ères, comme le masculinisme du milieu criminel et le fait que plusieurs personnes soient en prison pour avoir pratiqué une forme de capitalisme illégal. Pourtant, nous ne croyons pas que ce sont les points qui doivent a priori retenir notre attention. Nous pensons qu’il vaut mieux comprendre globalement le système carcéral comme un système de répression sociale, qui vise en général les plus pauvres et les plus démuni.es, et qui isole plus encore les gens de la marge. Nous pensons que la prison est un lieu de fabrication d’une classe sociale déshumanisée, vouée à la torture d’état et vouée à se reproduire en vertu même de la structure carcérale. En ce sens, nous croyons que toutes les luttes des détenu.es pour la dignité, une vie meilleure et finalement la liberté sont justes. En effet, le système carcéral n’est pas une institution de préservation de la paix sociale, mais une institution d’isolement et de violence. Il est donc de notre devoir de comprendre l’origine de la prison, de dénoncer son action et d’agir solidairement avec les prisonnier.ères en lutte. Des luttes qui n’en finiront que lorsque la prison et son monde auront disparu. Les grèves carcérales continuent, les luttes judiciaires, les publications contestataires ainsi que les émeutes. Soyons attentif.ves à ce qui se fait derrière les murs, pour aider à faire tomber les murs.

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Sur l’origine idéologique des prisons et les débuts du système carcéral, on consultera avec profit l’article Les origines de la prison de Bordeaux (Pierre Landreville et Ghislaine Julien, 1972). Pour un historique des prisons au Québec, ainsi qu’un aperçu des émeutes les plus importantes qui s’y déroulèrent, on consultera… le site de la Sécurité publique (sans commentaire sur l’idéologie qui y est véhiculée). Sur l’émeute de Bordeaux de 1960, on pourra consulter cet article, sur le site Histoire du Québec.

Sur les idées abolitionnistes (en faveur de l’abolition du système carcéral dans son ensemble), on pourra consulter cet article de 2017 ainsi que les documents laissés en ligne dans le cadre du Mois contre les prisons (2015). En Anglais, on consultera Prison Justice, qui milite contre les abus en prison et contre le système carcéral, et qui documente les luttes en cours dans les prisons du Canada. Pour entendre les voix dissidentes d’ex-détenu.es et d’actuelles personnes incarcérées, on pourra écouter l’émission Prison Radio ; on trouvera aussi sur le site des informations sur les luttes carcérales passées et actuelles.

Des anarchistes anti-coloniaux votent en vandalisant (encore) les statues de John A. Macdonald et Reine Victoria

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Oct 202019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Quelques anarchistes anti-coloniaux de Montréal ont décidé de “voter” par anticipation aux élections fédérales en utilisant de la peinture. Encore une fois, et ce pour environ la 10e fois en trois ans, le monument de John A. Macdonald a été attaqué, cette fois-ci en bleu. La statue de la reine Victoria située sur rue Sherbrooke Ouest a également été prise pour cible.

-> Photos: https://postimg.cc/gallery/285o60j9e/

Selon Jagandrew Trumanychet du groupe #MacdonaldMustFall à Montréal: “Nous avons décidé d’utiliser de la peinture bleue pour démontrer notre opposition à l’idée offensante du conservateur bleu Andrew Scheer que plus devrait être fait pour honorer John A. Macdonald” (mise en contexte: https://ici.radio-canada.ca/espaces-autochtones/1334769/parti-conservateur-gratuite-musees-nationaux-grc-regina)

Tel que mentionné dans les communiqués précédents, le groupe #MacdonaldMustFall à Montréal rappelle aux médias et au public que John A. Macdonald était un suprémaciste blanc. Il a directement contribué au génocide des peuples autochtones avec la création du système brutal des pensionnats ainsi que d’autres mesures destinées à détruire les cultures et les traditions autochtones. Il était raciste et hostile envers les groupes minoritaires non blancs au Canada, promouvant ouvertement la préservation d’un Canada dit «aryen». Il a adopté des lois pour exclure les personnes d’origine chinoise et il a également été responsable de la pendaison du martyr Métis Louis Riel.

Et dans les mots de la Brigade de Solidarité Anticoloniale Delhi-Dublin: “La présence de statues de la Reine Victoria à Montréal est une insulte aux luttes d’autodétermination et de résistance des peuples opprimés dans le monde entier, y compris les nations autochtones en Amérique du Nord (l’Île de Tortue) et en Océanie, ainsi que les peuples d’Afrique, du Moyen-Orient, des Caraïbes, du sous-continent indien, et partout où l’Empire britannique a commis ses atrocités. Le règne de la reine Victoria a représenté une expansion massive de l’Empire britannique barbare. Collectivement, son règne a représenté un héritage criminel de génocide, de meurtres de masse, de torture, de massacres, de terrorisme, de famines forcées, de camps de concentration, de vols, de dénigrement culturel, de racisme et de suprématie blanche. Cet héritage devrait être dénoncé et attaqué.”

Les statues de Macdonald et Victoria devraient être retirées de l’espace public. En tant qu’artefacts historiques, elles devraient être entreposées, soit dans les archives ou les musées. L’espace public devrait plutôt célébrer les luttes collectives pour la justice et la libération et non pas la suprématie blanche et le génocide.

Un compte-rendu de la grève du climat à Montréal

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Oct 052019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

“La lutte contre les changements climatiques doit déborder de son lit. Elle doit aussi combattre le système de frontières qui valorise certaines vies plus que d’autres. Elle doit renverser le capitalisme qui cherche toujours à produire plus.”
– Appel au contingent anticapitaliste et antiraciste

“L’air, la terre et les rivières
Ont besoin de révolutionnaires”
– Slogan entendu en manif

“Manif zéro-déchet : police dehors!”
– Slogan entendu en manif

Le vendredi 27 septembre à Montréal, entre 300 000 et 500 000 personnes étaient présentes à la marche pour le climat, des anarchistes et d’autres radicaux ont décidé d’y participer aussi. Au milieu d’un citoyennisme de masse et son défilé discipliné du Mont Royal au Vieux Port, il était difficile de faire changer le ton vers un affrontement réel avec les systèmes du pouvoir et les institutions qui rendent la planète inhabitable. Néanmoins, des milliers de copies de Vers un mouvement écologique révolutionnaire et de Climat de révolte ont été distribués, les deux argumentaient contre le réformisme, et le dernier donnait un lien vers une cartographie des points faibles de l’économie extractiviste canadienne. Puis, dans le contingent antiraciste et anticapitaliste, il y a eu des lueurres d’espoir d’une lutte pour le climat qui ne se contente pas de demander une solution imposée par le gouvernement, mais qui s’oppose aux opérations coloniales, capitalistes, et de suprématie blanche, des quelles dépendent l’écocide.

Plusieurs centaines de personnes ont répondu à l’appel pour un contingent antiraciste et anticapitaliste qui invitait les gens à se masquer et à étendre la lutte vers des perspectives libertaires. On a aussi entendu dire que beaucoup de gens qui essayaient de rejoindre le contingent n’y parvenaient pas, en raison de la grandeur et la densité de la foule. Tôt dans la journée, il était très difficile de se déplacer dans la foule dense, en particulier pour un groupe ou des gens tenant une bannière. Sachant qu’on était entouré de centaines de milliers de personnes, le sentiment semblait plus apocalyptique que libératoire. Après une heure interminable à attendre que la manif parte, le contingent a décidé de se séparer vers l’est sur l’avenue des Pins. Près de mille personnes ont décidé de se joindre à cette rupture (les flics ont averti les manifestants de ne pas se joindre aux antifas).

D’un pas plus determiné, avec des drapeaux noirs, des fumigènes vertes, et de la musique, des bannières et des slogans de qualité, nous avions l’impression de pouvoir respirer à nouveau. Les gens se sont mis à arracher des pancartes électorales avec joie, et une banque TD a reçu des bombes de peinture verte. Au même moment, dans la manif principale, un individu courageux a lancé un oeuf au premier ministre Justin Trudeau, qui s’est fait huer durant tout son absurde photo-op #marchepourleclimat protégé par des tas de flics. Environ vingt minutes plus tard, des autobus d’anti-émeutes sont apparus derrière nous, en gardant leur distance, alors que nous rejoignions la manif principale au coin de Ste-Catherine et St-Laurent.

En marchant vers le sud sur St-Laurent, des graffitis “fuck le capitalisme” et “Miguel Peralta libertad”, appelant à la liberté pour l’anarchiste autochtone prisonnier de l’état mexicain, ont embelli les murs. Sur le boulevard René-Lévesque, le contingent a pris le côté gauche de la rue alors que le reste de la manif se tenait à droite, séparés par une haute clôture au milieu. D’autres bombes de peinture ont frappé une banque HSBC. Peu de temps après, des gens les ont aussi utilisés pour redécorer les bureaux d’Immigration et Citoyenneté Canada, qui ont aussi été couverts de graffitis “migrant.es bienvenus”, “fuck CBSA”, et “queer and trans resistance” en or. Un communiqué publié le jour suivant a expliqué les liens entre les changements climatiques et le régime frontalier. Le contingent encourageait ces actions alors que ceux et celles de l’autre côté de la rue semblaient soit curieux ou s’en foutaient. On se demande ce qu’il serait arrivé si une attaque comme celle-ci en pleine journée se serait intensifiée.

Au lieu de s’attarder autour de la fin de manif sur Robert-Bourassa pour écouter des heures de discours, le contingent a divergé vers l’est vers le Square Victoria. Là, nous avons trouvé des gens en train d’occuper l’espace autour de la statue de la Reine Victoria avec plein de bouffe à donner gratuitement, une bannière lisant “Zone d’autonomie temporaire” drapée sur la statue, et des barrières de contrôle de foule détournées pour bloquer la rue traversant le square. C’était magnifique de pouvoir s’étendre dans le gazon après tant d’heures sur nos pieds, un écart apprécié avec nos expériences de fin de manif plus habituelles. Au cours de l’après-midi, la statue a été vandalisée un graffiti à la fois, les gens ont dansé autour d’un système de son, et une structure en bois a été construit dans la rue. Il y avait beaucoup de flics qui nous observaient, mais il n’a jamais paru probable qu’ils attaqueraient le rassemblement festif, étant donné qu’on était à un coin de rue d’où des dizaines de milliers de gens de la manif principale se rassemblaient toujours, et que notre impact perturbateur n’était forcément rien comparé à celui de la manif monstre.

Une manif de soir anticapitaliste avait été appelée pour 18h30 à Square Victoria. L’incendie de la structure en bois au milieu de la rue voulait donner le ton. Malheureusement, l’ambiance générale n’était pas forte. Les centaines de flics mobilisés pour la manif principale avaient pu se concentrer sur le square pendant des heures, attendant 18h30 quand ils s’attendaient à ce que la majorité de la foule soit parti. De plus, les gens se masquaient de manière inefficace, souvent avec des bandanas, ceux-ci souvent retirés autour du cou. Des pratiques de masquage laissant à désirer multiplient les risques quand les flics ont eu des heures pour établir la surveillance d’un point de rassemblement immobile. Ça affaiblit notre capacité d’agir et d’agir pendant de longues périodes dans la rue. La manif a duré trois minutes, un beau feu d’artifice et quelques roches ont atteint un groupe de flics à vélos, l’anti-émeute a fermé une station de métro en tirant du poivre de cayenne près du système de ventilation, et deux personnes ont été arrêtées.

Les questions d’où, quand et comment participer et intervenir dans les mobilisations de grève pour le climat méritent encore de la réflexion et de l’expérimentation. Toutefois, le 27 a démontré que les initiatives anticapitalistes et antiautoritaires pendant une grosse manif, à l’intérieur de celle-ci et en marges, ont quand même le potentiel de donner de nouvelles dimensions à la lutte. La possibilité de diverger et de rejoindre la manif principale de façon imprévisible brouille les calculs policiers relatifs à une attaque sur la manif. Un gros contingent clairement démarqué permet une séparation d’espace entre les tactiques combatives et les manifestant.es cherchant à participer avec moins de risque. Et l’immense nombre de gens dans la rue veut dire que plusieurs se font exposé.es directement à d’autres moyens de lutter au lieu de par le biais des images déformées médiatiques.

Déploiement de bannières à Alma

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Oct 052019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Alma, le 26 septembre 2019. Deux bannières ont été déployées ce matin au centre-ville d’Alma près des locaux de Développement économique Canada pour les régions du Québec. On peut y lire : « Le développement industriel nous tue ! C’est pas une job qu’on veut, c’est une vie ! ». L’organisation gouvernementale qui a accordé dernièrement un financement de 2 millions $ dans les secteurs de la métallurgie a été ciblé symboliquement. L’action, signée par le Comité des eaux vives, s’inscrit dans le mouvement de grève pour le climat et vise à dénoncer les projets industriels et extractifs en cours d’analyse dans la région.

Le comité anonyme dénonce les projets de Gazoduc qui traverserait les régions de l’Abitibi, de la Mauricie et du Saguenay–Lac-Saint-Jean, du terminal de liquéfaction de Gaz naturel à Saguenay de GNL Québec, de la mine au Lac à Paul et du port en eaux profondes à Ste-Rose-du-Nord d’Arianne Phosphate ainsi que la mine et le transport par train de Métaux Black Rock entre Chibougamau et Saguenay. Selon l’un des instigateurs de l’action, « Ces projets sont une nuisance pour l’environnement et pour toutes les populations de la région. L’argument des jobs payantes ne vaut rien. Le prix à payer c’est la destruction des milieux de vie aquatique, de paysages époustouflants, d’écosystèmes fragiles et d’espèces vulnérables. Il faut qu’on arrête l’extraction des ressources naturelles au plus vite et qu’on comprenne que nous sommes dans une relation d’interdépendance avec les écosystèmes qui nous entourent. Nous devons arrêter les rapports de domination sur notre environnement maintenant. »

Le comité lance un appel à l’action dans une diversité de tactiques pour mettre fin au massacre environnemental le plus rapidement possible ! « Nous devons nous mobiliser tout de suite contre tout nouveau développement industriel et investir le temps, l’énergie et l’argent nécessaire pour développer des initiatives locales durables qui ne se font pas au détriment des autres espèces de la flore et de la faune. »

Pour terminer, le comité des eaux vives annonce que d’autres actions ciblées sont en cours de préparation.

– Le Arlequin plongeur.

Chasser Atalante: pour qui travaillent les fachos?

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Oct 022019
 

De Montréal Antifasciste

En décembre 2018, Montréal Antifasciste a fait paraître un dossier sur l’organisation néofasciste Atalante retraçant à la fois l’historique du groupe et le parcours de certains des individus qui se trouvent au cœur du projet, dont les membres du gang Québec Stomper Crew et du groupe Légitime Violence. Une série d’articles annexes sont parus depuis exposant différents personnages évoluant dans la sphère d’influence d’Atalante.

Nous sommes maintenant en septembre 2019, et si les activités d’Atalante ont quelque peu ralenti au cours des derniers mois, les militant-e-s du noyau dur ne montrent aucun signe de vouloir raccrocher leur faisceau, et il nous faut encore augmenter la pression pour leur faire comprendre ainsi qu’à leur entourage que nous n’avons pas l’intention de lâcher le morceau.

Pour rendre insupportable le coût social d’être fasciste ou nazi dans nos collectivités et communautés, la plus efficace des tactiques est encore d’exposer les fachos à leurs communautés, collègues et employeurs, familles et voisins, à qui ils et elles cachent généralement la vraie nature de leurs activités ou utilisent des euphémismes comme « nationalistes » pour ne pas dire qu’ils et elles sont fascistes. Puisqu’ils et elles ont fait le choix d’être des nazi-e-s et de persister dans cette voie, nous avons la ferme intention de leur en faire subir les conséquences. L’histoire nous montre que les idéaux fascistes conduisent toujours tôt ou tard à la violence -parfois jusqu’au génocide- contre différentes catégories de personnes qui subissent déjà leur lot de misère et d’oppression dans la société capitaliste soi-disant démocratique, et il n’est pas question que nous laissions cette histoire se répéter.

En nommant les différents emplois des fachos d’Atalante, notre intention est assurément de chasser les fascistes de leur lieu de travail, car les projets qu’ils portent en privé mettent en danger à la fois leurs collègues et les membres du public qu’ils y côtoient, tout particulièrement les personnes racisées, musulmanes, juives, queers et/ou identifiées à gauche.

Nous croyons que les campagnes visant à les isoler, à les expulser et à cibler les entreprises qui les soutiennent et les abritent sont nécessaires tant du point de vue de la sécurité publique que de la solidarité de la classe ouvrière.

Ceci est un rappel que les fascistes ne sont pas et ne seront jamais bienvenu-e-s dans nos milieux de vie et de travail.

 


Roxanne Baron, infirmière auxiliaire

Roxanne Baron

Roxanne Baron

Hôpital de l’Enfant-Jésus (Centre Hospitalier Universitaire de Québec)
1-418-525-4444
info@chudequebec.ca
https://www.facebook.com/HEJQc

Roxanne Baron, la seule femme du Québec Stomper Crew, n’est pas la moindre de ses membres. Elle est aussi une figure centrale d’Atalante ayant participé à quasiment toutes les actions de l’organisation depuis ses débuts.

Son rôle précis au sein d’Atalante n’est pas clair, mais nous savons qu’elle faisait jusqu’à tout récemment office d’influenceuse sur Instagram en partageant un très grand nombre de photos d’elle et de ses camarades en pleine action à Québec et Montréal, par exemple, ou en pèlerinage en Italie auprès de la « maison mère », CasaPound. (Son indiscrétion sur Instagram a d’ailleurs coûté leur anonymat à quelques-uns de ses camarades… oups.)

Fait particulièrement sidérant à plusieurs égards, Baron n’a pas hésité à mentionner à de nombreuses reprises au fil des mois et des années les lectures douteuses qu’elle faisait à même son lieu de travail : l’Hôpital de l’Enfant-Jésus. Elle a affirmé y lire à l’insu de ses collègues et usagers des ouvrages de l’organisation néofasciste CasaPound, du nazi belge Léon Degrelle, de l’historien fasciste Robert Brasillach, de l’intellectuel ultranationaliste Charles Maurras et de l’auteur antisémite français Jacques Ploncard. Elle s’est même carrément vantée de faire passer ses lectures nazies inaperçues au travail :

« Journée tranquille… Quand on croit que tu lis de petits romans comme tout le monde au travail (MDR) »

Nous savons aussi de son compte Instagram que Baron s’est fait tatouer un certain nombre d’images appartenant à l’iconographie fasciste et néonazie (voir le caroussel d’images ci-dessous), dont : un faisceau, le symbole à l’origine du mot ‘fascisme’; la croix celtique, la marque universellement reconnue du mouvement « White Power »; l’inscription « le diable rit avec nous », une référence aux paroles de l’hymne nazi SS marschiert in Feindesland; l’inscription « presente per tutti camerati caduti », un salut traditionnel du fascisme italien; et un mjölnir, ou marteau de Thor, une illustration qui n’est pas foncièrement raciste, mais qui est systématiquement arborée par les odinistes suprémacistes blancs. Pour compléter l’arbre de Noël, ce qui n’est pas sans intérêt pour les contempteurs de « signes religieux ostentatoires » en milieu de travail, Baron porte au cou un pendentif représentant le sonnenrad, ou soleil noir, un symbole occulte commun à l’ensemble des courants néonazis contemporains.

Il est pour le moins alarmant de penser que cette personne, qui dans sa vie privée adhère ouvertement à un projet politique foncièrement raciste, antisémite, islamophobe et homophobe, travaille dans un établissement du réseau de la santé et est donc quotidiennement au contact du grand public, dont une partie considérable appartient forcément aux différents segments de populations désignés comme groupes à éliminer par l’idéologie nazie.


Antoine Mailhot-Bruneau

Antoine Mailhot-Bruneau

Antoine Mailhot-Bruneau, paramédic

Dessercom
1-418-835-7154
https://www.dessercom.com/nous-joindre/
https://www.facebook.com/dessercom/

Alias « Tony Stomper ». Après avoir grandi à Mont-Laurier avec son frère cadet Étienne (lui aussi membre central d’Atalante), Antoine Mailhot-Bruneau amorce des études collégiales à Lionel-Groulx et participe au mouvement étudiant durant la grève de 2007. Il déménage par la suite à Québec, où il rejoint les Québec Stompers, qui forment déjà un gang de rue se rapprochant des idéaux ultranationalistes et d’extrême droite. Il amorce plus tard des études de matelot à Rimouski puis passe à l’Université Laval, au programme d’enseignement de l’histoire, qu’il abandonne rapidement.

Lors d’un voyage en Italie il découvre le Blocco Studentesco, une organisation étudiante néofasciste qui est en fait la branche jeunesse de CasaPound (voir le caroussel d’images ci-dessous). Petit à petit, il devient l’idéologue d’Atalante et dirige selon toute vraisemblance l’écriture du pamphlet Saisir la foudre sous le pseudonyme Alexandre Peugeot, lequel signe également quelques articles dans le journal Le Harfang de la Fédération des québécois de souche.

Beaucoup plus discret que son ami Raphaël Lévesque, Antoine a toujours pris grand soin de garder secret son rôle dans Atalante, en n’apparaissant que rarement dans les actions publiques du groupe, en floutant son visage dans les rares photos et vidéos où il apparaît furtivement et en opérant sous différents pseudonymes. Malheureusement pour lui, c’est à partir d’une entrevue qu’il a lui-même accordé en août 2017 à Zentropa Serbie (un satellite de CasaPound), sous le pseudonyme « Alexandre », que nous avons pu déterminer sans difficulté le rôle prépondérant qu’il joue dans Atalante.

Malgré sa grande circonspection, nous avons par ailleurs pu confirmer qu’il est paramédic sur la rive sud de Québec, dans la région Chaudière-Appalaches, à l’emploi de l’organisation Dessercom de Lévis.

Comme dans le cas de Roxanne Baron, les fonctions professionnelles d’Antoine Mailhot-Bruneau, un militant fasciste et membre d’un gang violent, l’amènent nécessairement à côtoyer des membres du public appartenant à des catégories stigmatisées et victimisées par les fascistes.

Imaginez si vous le pouvez le sentiment d’un immigrant de première génération, d’une musulmane ou d’un Juif souffrant d’un arrêt cardiaque ou d’un autre malaise voyant débarquer comme premier répondant un militant et idéologue fasciste, foncièrement raciste, antisémite et islamophobe. Imaginez que votre vie dépende des soins prodigués par cet individu qui adhère sans réserve, par exemple, à la nécessité d’une « remigration » de toutes les personnes migrantes ne faisant pas partie de la population de vieille souche canadienne-française et catholique.

Nous croyons quant à nous que cette situation est intolérable et s’inscrit contre les principes éthiques et les normes professionnelles à la base même du métier de paramédic.


Yan Barras

Yan Barras

Yan Barras, travailleur social (non membre de l’Ordre des travailleurs sociaux)

Habitations Meta Transfert inc.
1-418-649-9402
metatransfert@hotmail.com

Dans la nuit du 31 décembre 2006 au 1er janvier 2007, un petit groupe de Stompers et d’associés, dont Raphaël Lévesque et Yan Barras, faisait irruption au café-bar L’Agitée de Québec, une coopérative de solidarité réputée pour être administrée et fréquentée par des militant-e-s antiracistes. En moins de temps qu’il ne vous faudra pour lire cette fiche, les boneheads avait saccagé le bar et Yan Barras avait poignardé pas moins de six personnes avec un x-acto avant de déguerpir.

Malgré le caractère sordide de l’incident, les Stompers ont tiré une certaine fierté de cette agression sauvage, allant même jusqu’à y faire référence dans les paroles de la chanson éponyme Légitime Violence :

« Ces petits gauchistes efféminés,
qui se permettent de nous critiquer,
ils n’oseront jamais nous affronter,
on va tous les poignarder! »

Après avoir plaidé coupable d’agression armée, Yan Barras a été condamné à deux ans de prison ferme. Le juge l’avait même invité à suivre une thérapie en prison pour soigner ses tendances à la brutalité aveugle. À sa sortie de prison, Barras a d’ailleurs fait mine de rentrer dans le droit chemin en s’inscrivant au programme de travail social du CEGEP de Sept-Îles.

Mais loin de s’amender, Barras s’est plutôt fait tatouer l’inscription « No Remorse » dans le front, sous la représentation d’un crâne mordant les trois flèches symbolisant l’antifascisme (voir le caroussel d’images ci-dessous), et s’est empressé de regagner les rangs de son crew raciste, dont les membres allaient plus tard créer Atalante. Non seulement Barras ne s’est-il jamais éloigné de Raphaël Lévesque, des frères Mailhot-Bruneau et consorts, il a à maintes reprises participé aux activités d’Atalante au cours des dernières années, en plus de continuer à provoquer et intimider la gauche de Québec, notamment en défilant avec les Stompers au milieu d’une petite manifestation pour le droit à l’avortement, en août 2015, et plus récemment en narguant les participant-e-s de la manifestation du 1er mai 2019 avec ses frères, dont l’un s’est même fendu d’un salut hitlérien.

Barras travaille aujourd’hui pour l’entreprise de réinsertion sociale Habitations Méta Transfert inc., à Québec, où il est « coordonnateur de liaison ». Il va sans dire que cela le place dans une position d’autorité auprès d’une clientèle vulnérable, une position dont il peut se servir pour recruter quiconque correspond à ses fantasmes de « race supérieure » ou refuser des services à ceux et celles qu’il juge « inférieur-e-s ». Il est d’ailleurs permis de se demander combien d’autres néonazis cette entreprise emploie…


Shawn Beauvais-MacDonald. La citation est d'Adolph Hitler.

Shawn Beauvais-MacDonald. La citation est d’Adolph Hitler.

Shawn Beauvais-MacDonald, agent de sécurité; étudiant au Centre intégré de mécanique, de métallurgie et d’électricité (CIMME)

Securitas (banque CIBC du Chinatown, Montréal)
**Il est très possible qu’il ne soit plus à cet emploi depuis quelques mois ou ne l’occupe désormais qu’à temps partiel.**

1-888-935-2533
info@securitas.ca
https://www.facebook.com/Securitasjobs.ca
https://twitter.com/Securitas_Group

Centre intégré de mécanique, de métallurgie et d’électricité (CIMME)
1-514-364-5300
https://www.facebook.com/cimmelasalle/
https://twitter.com/csmbcimme
Commissaire : Joanne Bonnici

Shawn Beauvais-MacDonald a souvent été mentionné sur ce site. Il a d’abord accédé à la notoriété en août 2017, lorsqu’il a été aperçu parmi un groupe de Québécois ayant fait le voyage jusqu’à Charlottesville pour participer au rassemblement « Unite the Right »[1]. Il s’est avéré à peu près au même moment qu’il avait joué dans les mois précédents un rôle stratégique dans l’organigramme de La Meute, notamment en tant que gestionnaire « anglophone » de la page Facebook de l’organisation islamophobe (voir le caroussel d’images ci-dessous).

Mais Beauvais-MacDonald n’avait pas fini de nous réserver des surprises! Il s’est plus tard avéré qu’il était un membre très actif du salon de discussion « Montreal Stormer Book Club », sous le pseudonyme FriendlyFash, et du petit club social néonazi qui essayait à l’époque de s’organiser à Montréal. Beauvais-MacDonald ne cachait d’ailleurs pas ses penchants nazis sur Facebook ou ses autres comptes de médias sociaux.

Dans la foulée d’une manifestation d’extrême droite à Québec, à l’automne 2017, il a commencé à se faire voir de plus en plus souvent auprès d’Atalante et dans les différentes actions du groupuscule néofasciste. Il a participé à plusieurs campagnes d’affichage, distributions de denrées et autres actions de visibilité d’Atalante à Québec, Montréal et Ottawa. Il est vite devenu évident que Beauvais-MacDonald militait désormais activement pour Atalante, et ce, jusqu’à ce jour.

Lors de sa participation au podcast This Hour has 88 Minutes, le 4 janvier 2018, Beauvais-MacDonald a parlé des conséquences du doxxing dans sa vie quotidienne. Il a dit avoir perdu un de ses deux emplois (comme portier dans un bar), mais que les gens qu’il côtoyait dans son autre emploi trouvaient ça « hilarant » :

« The other job, I work with Chinese people and they find it hilarious, so whatever. »

Malgré qu’il ait été très largement dénoncé et exposé en août 2017, il semble que Beauvais MacDonald soit resté jusqu’à très récemment employé par la firme Securitas comme gardien de sécurité, notamment à la succursale de la CIBC située dans Chinatown à Montréal. La question se pose si la compagnie Securitas est restée aussi longtemps ignorante des activités de son employé (malgré de très nombreuses mentions dans les médias traditionnels et sur les sites antifascistes), ou si elle a sciemment fermé l’œil sur ces activités.

Il est aussi légitime de se demander si son job de gardien de sécurité (pour une entreprise cotée en bourse, soit dit en passant) n’a pas donné à Beauvais-MacDonald l’accès à du matériel ou à des données privilégiés qu’il aurait pu faire profiter à son réseau de néonazis[2]. Aurait-il eu accès à des bases de données informatiques ou à d’autres ressources grâce à son emploi chez Securitas?

Nous ignorons à ce stade-ci si Beauvais-MacDonald est toujours à l’emploi de Securitas, mais nous savons en revanche qu’il est aujourd’hui inscrit au Centre intégré de mécanique, de métallurgie et d’électricité, à LaSalle.

Reste maintenant à savoir comment l’administration de l’école et la communauté étudiante réagira à la présence régulière de ce nazi notoire dans leur enceinte.


Étrienne Mailhot-Bruneau

Étrienne Mailhot-Bruneau

Étienne Mailhot-Bruneau, graphiste

Sunny Side Up Creative
1-418-522-8541
info@sunnysup.com
https://www.facebook.com/SunnySideUpCreative/
https://twitter.com/sunnysideupcrea
https://www.instagram.com/sunnysideupcreative/

Frère cadet d’Antoine, Étienne Mailhot-Bruneau est un autre acteur important d’Atalante et membre en règle du Québec Stomper Crew. Finissant en 2017 au bac en art et science de l’animation à l’Université Laval, Étienne est le graphiste de facto d’Atalante, dont il a réalisé des dessins, logos et affiches sous le pseudonyme « Sam Ox ». Suite à la sortie du dossier « Démasquer Atalante » qui a établi le lien entre lui et son avatar, Étienne s’est fait discret et a désactivé tous ses comptes sur les principales plateformes professionnelles.

Malgré la tache « brune » sur son CV, il semble avoir trouvé un emploi auprès de la compagnie Sunny Side Up Creative de Québec.


Vincent Cyr

Vincent Cyr

Vincent Cyr, boucher

Fruiterie Milano
1-514-273-8558
info@fruiteriemilano.com
https://www.facebook.com/FruiterieMilano/

L’un des militants les plus actifs d’Atalante dans la région de Montréal, Vincent Cyr participe à de nombreuses activités du groupe et à la plupart des sorties d’affichage nocturne. Originaire de la rive sud de Montréal, il a longtemps traîné dans la scène hardcore et punk longueilloise avant de se radicaliser au contact de boneheads, pour finalement s’assumer pleinement comme facho. Très isolé dans son milieu (il est fils d’un militant syndical!), il semble s’être trouvé une famille avec Atalante.

Cyr est boucher à l’emploi de la fruiterie Milano, une épicerie de quartier située dans la Petite Italie à Montréal, où son frère travaille également.


Jean Mecteau

Jean Mecteau

Jean Mecteau, tatoueur

1-418-265-5222
https://www.facebook.com/jhanmecteau/
1709, rue Bergemont, Québec

Bassiste de Légitime Violence, le groupe phare d’Atalante, Jean Mecteau est issu de la scène hardcore.  Adepte de « grandeur nature », il partage sa vie entre le cosplay, son rôle de second violon dans un pitoyable band néonazi, et son business de tatoueur sous la bannière Jhan Art.

Mecteau est l’un des tatoueurs réguliers de l’entourage d’Atalante et des Stompers, ce qui explique peut-être pourquoi il a retrouvé  son salon de tatouage quelque peu « entaché » à son retour d’un récent séjour à Bicolline (le plus important site de GN au Québec)… 


Sven Côté

Sven Côté

Sven Côté, cuisinier

Restaurant Le Fin gourmet
1-418-682-5849
https://www.facebook.com/LeFinGourmet/
https://www.instagram.com/lefingourmet_qc/

« Svein Krampus » sur Facebook, Sven Côté est un bonehead de longue date proche de la scène NSBM (black métal national-socialiste). Il milite dans Atalante depuis l’hiver 2016, après une radicalisation vers le fascisme amorcée virtuellement en 2013. Protégé de Raf Stomper, avec qui il échange des publications ouvertement antisémites sur les réseaux sociaux, il est resté fidèle au groupe et n’hésite plus aujourd’hui à montrer son visage dans les activités d’Atalante. Il a grandi et vit toujours à Québec, dans la basse ville. Côté est fortement soupçonné d’être parmi les auteurs de l’attaque contre la librairie La Page Noire à Québec dans la nuit du 8 au 9 décembre 2018. Nous pensons que cette attaque faisait office de rite de passage pour être admis dans le Québec Stomper Crew, groupe dont il a reçu les couleurs le soir même de l’attaque.

Il est cuisinier au restaurant Le Fin Gourmet, dans le quartier Saint-Sauveur de Québec.

 

D’autres révélations suivront…

 

Virer les fachos : une tâche qui incombe à nos communautés

Les militants et militantes fascistes ne sont pas de simples quidams avec qui nous sommes en désaccord sur des points de détail : ce sont des individus haineux qui souhaitent réaliser un nouvel ordre social partiellement déterminé par l’oppression, la persécution et l’élimination de millions de personnes. Leur idéologie en tant que telle constitue un danger immédiat et une forme de violence contre un grand nombre d’entre nous : queers, racisé-e-s, « de gauche », musulman-e-s, Juif-ve-s, et bien d’autres identités encore.

En même temps, le capitalisme en soi constitue une forme de violence contre un grand nombre des personnes ciblées par l’extrême droite. En tant qu’anticapitalistes, nous ne reconnaissons pas l’autorité des patrons, de l’État ou des ordres professionnels, et ne leur cédons en rien la responsabilité d’expulser les fascistes de nos espaces de vie et de travail. Cela dit, nous reconnaissons que très souvent, les travailleuses et travailleurs doivent s’unir et prendre les mesures nécessaires pour forcer les employeurs à garantir leur sécurité.

L’exclusion des fascistes et autres militant-e-s d’extrême droite est une tâche qui incombe avant tout aux travailleurs et travailleuses ainsi qu’aux membres du public qui sont mis en danger par leur présence et leur activité. C’est dans cet esprit que nous partageons ces renseignements.

Ami-e-s, il est temps de nous mettre au travail.

 

 

 

 

 


[1]               Cette mobilisation se voulait une démonstration de force de tout ce que l’Amérique du Nord compte de suprémacistes blancs, de nationalistes « ethniques », d’identitaires, de néonazis et autres néofascistes alignés sur le courant « Alt-Right » américain. Les événements du 11 et du 12 août 2017 à Charlottesville sont passés à l’histoire comme un fiasco historique pour l’Alt-Right, notamment parce que le suprémaciste blanc James Alex Fields a choisi l’occasion pour perpétrer un attentat à la voiture-bélier entraînant la mort de la militante antiraciste Heather Heyer.

[2]              Il y a quelques années à peine, il a été révélé que la société de sécurité HESS en Allemagne fournissait des gardes d’extrême droite à Amazon pour surveiller les travailleurs étrangers dans les entrepôts de l’entreprise, où ils intimidaient et maltraitaient les travailleurs. Plus près de chez nous, dans les années 1980 au Canada, William Lau Richardson, le chef de la “Klan Intelligence Agency” du KKK, était employé par la société de sécurité Centurion, un poste qu’il occupait pour mener des opérations contre la gauche. Dans les années 1990, il a été allégué que le détective privé néonazi Al Overfield a également utilisé son accès aux bases de données informatiques de la police pour fournir des renseignements sur les antifascistes à ses amis du Heritage Front, et Bryan Taylor, chef du Ku Klux Klan en Colombie-Britannique, a utilisé son poste chez ADT Security Systems pour diffuser de la propagande raciste.

Comment trouver et faire des actions contre l’infrastructure frontalière à travers le Canada

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Sep 282019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

En banlieue de Montréal, à Laval, on érige présentement une nouvelle prison pour migrant·e·s et réfugié·e·s. Au fil du projet, un large éventail d’actions de résistance s’est déployée, alors que la lutte pour en empêcher la construction prenait de l’ampleur. Cette prison s’inscrit dans le cadre d’un programme de 138 millions de dollars, le Cadre national en matière de détention liée à l’immigration (CNDI), lancé par l’État canadien en 2016 suite à une vague de révolte contre l’emprisonnement des migrant·e·s. Le CNDI a pour effet d’étendre et de renforcer la capacité gouvernementale à surveiller, emprisonner et déporter les migrant·e·s, entre autres par la construction de deux prisons d’immigration, ainsi qu’une série de nouvelles formes de surveillance et de contrôle telles que le port obligatoire de bracelets émetteurs à la cheville, un système biométrique de reconnaissance vocale et des maisons de transition pour migrant·e·s.

Il peut être difficile de discerner comment intervenir dans un tel contexte, que ça soit en groupe ou individuellement. Dans une volonté de répandre toute forme de résistance possible contre les régimes frontaliers et carcéraux canadiens, nous vous proposons une liste sommaire de quelques façons dont chacun·e peut contribuer à la lutte.

On retrouve des infrastructures frontalières et carcérales dans la majorité des villes du Canada. Voici quelques façons de les identifier, dépendamment de votre contexte (et quelques idées de comment utiliser ces informations).

COMMENT IDENTIFIER LES INSTALLATIONS FRONTALIÈRES DE VOTRE RÉGION

Les États-Unis ont vu une lutte féroce et généralisée se déployer contre l’agence policière frontalière, surnommée ICE (Immigration and Customs Enforcement), menant les habitant·e·s de pratiquement chaque grande ville du pays à occuper les bureaux de l’agence pour en empêcher le fonctionnement, manifester bruyamment devant les centres de détention migratoire, et entreprendre de nombreuses tactiques créatives pour contrecarrer le régime de détention et de déportation américain. Les effets de cette résistance se sont clairement faits ressentir dans les bureaux de l’État. S’il est vrai qu’il nous reste beaucoup de chemin à faire pour y arriver, nous sommes d’avis qu’il est autant possible que nécessaire de résister avec la même force contre les frontières soi-disant canadiennes.

Le gouvernement:

  • L’agence des services frontaliers du Canada (ASFC) – Détient le pouvoir principal en matière de détention, de surveillance et de déportation des immigrant·e·s au Canada. On retrouve ses bureaux, ses agent·e·s et ses installations partout dans le pays.

Saviez-vous qu’en 2017, une demande d’accès à l’information a permis la publication des noms et des postes de centaines d’employé·e·s de l’ASFC? Pour vérifier si quelqu’un de votre entourage devrait être exposé·e pour son rôle dans la déportation et la détention d’immigrant·e·s, lisez les documents disponibles via le lien suivant: https://mtlcounterinfo.org/doxxing-the-canadian-border-services-agency/

  • Les centres de détention pour migrant·e·s de l’ASFC – Il existe actuellement trois prisons fédérales pour migrant·e·s: une à Toronto, une à Laval et une dans l’aéroport de Vancouver. La construction d’une nouvelle prison vient d’être complétée à Surrey, en Colombie Britannique, et la construction de celle de Laval est en cours.
  • Les prisons provinciales – Chaque année, l’ASFC verse des millions de dollars aux gouvernements provinciaux, dans le cadre d’accords permettant à l’Agence d’utiliser les prisons provinciales pour l’emprisonnement de migrant·e·s. En Ontario, la majorité des migrant·e·s détenu·e·s par l’AFSC se trouvent dans des prisons provinciales.

Les ONGs qui profitent du segment des “solutions de rechange à la détention” du CNDI, et le renforcent: https://communemag.com/the-same-prison-with-a-nicer-facade/

  • La société John Howard – Cet organisme à but non-lucratif s’est vu octroyer 5 millions de dollars pour implanter le nouveau programme de “Gestion des cas et de surveillance dans la collectivité”, un régime de programmes et de maisons de transition pour migrant·e·s qui immite le système canadien actuel des libérations conditionnelles. Elle possède des installations dans toutes les provinces du pays, à l’exception du Nunavut et du Yukon. http://johnhoward.ca/services-across-canada/
  • Le Programme de mise en libération sous caution de Toronto: A reçu environ 7 millions de dollars pour implanter le programme de “Gestion des cas et de surveillance dans la collectivité” dans la ville de Toronto.
  • L’Armée du salut: A reçu plus d’un million de dollars pour implanter le programme de “Gestion des cas et de surveillance dans la collectivité” dans la majorité des villes canadiennes.

Les entreprises qui profitent de la construction de la nouvelle prison pour migrant·e·s de Laval

  • Tisseur – Entrepreneur général. Val-David, Qc. https://www.construction-tisseur.com/
  •  Lemay – Firme d’architecture mandatée pour la nouvelle prison pour migrant·e·s. Possède des bureaux dans les villes de Montréal, de Québec, d’Edmonton, de Calgary et de New York. Pour en obtenir les adresses, consultez ce lien: https://www.stopponslaprison.info/en/lemay-2/
  • Groupe A/Annexe U – Firme d’architecture mandatée pour la nouvelle prison pour migrant·e·s. Située au Québec. http://www.groupea.qc.ca/
  • Stantec – Cabinet d’experts-conseils en ingénierie. Possède des bureaux partout au Canada et aux États-Unis. https://www.stantec.com/en/offices/office-finder
  • BPA/Bouthillette Parizeau – Fournisseur alimentaire. L’entreprise possèdes des bureaux dans les villes de Montréal, de Longueuil, de Laval, d’Ottawa, de Gatineau, de Québec, de Lévis et de Vancouver. http://bpa.ca/
  • Englobe – Entreprise de traitement de sols, mandatée de remettre en état le sol du site de la future prison. Possède des bureaux partout au Canada. https://englobecorp.com/canada/en/contact-us/our-sites
  • KJA Experts-Conseils – Firme d’ingénierie mandatée d’élaborer les systèmes d’ascenseurs et d’escaliers roulants pour la nouvelle prison. Possède des bureaux dans les villes de Montréal, d’Ottawa, de Toronto, d’Edmonton, de Vancouver et de Calgary. https://www.kja.com/offices-s13922
  • Loiselle – Entreprise de décontamination des sols, située à Salaberry-de-Valleyfield, Québec. http://www.loiselle.ca/en/contact-us

Autres:

  • GardaWorld – Cette entreprise de sécurité privée, qui est mandatée de fournir les gardes de sécurité dans la prison actuelle pour migrant·e·s de Laval et de monter la garde du site de construction de la nouvelle prison, possède des bureaux partout au Canada. Les exemples de projets haineux auxquels elle est liée ne manquent pas. Allez visiter leur site web pour vérifier si elle possède des bureaux dans votre région.
  • G4S – Fournit les gardes de sécurité dans la prison pour migrant-e-s à Toronto.

Après avoir découvert les organismes et les entreprises qui profitent du régime frontalier autour de vous, pensez à rechercher les noms et les adresses des individus impliqué·e·s. Essayer de trouver l’adresse de leurs directeur·rice·s généraux·les, allez poser des affiches dans leur quartier et organisez une manif-surprise devant leur porte. On peut aussi leur envoyer des courriels et des lettres à partir d’un ordinateur anonyme.

Entourez-vous d’ami·e·s de confiance et agissez directement contre les entreprises et les agences concernées!

Le lien suivant vous mènera vers une liste de communiqués revendiquant des actions entreprises pour freiner la construction de la nouvelle prison pour migrant·e·s : https://www.stopponslaprison.info/nouvelles-et-analyses/

Si vous avez envie d’entreprendre des actions directes contre les installations frontalières de votre région, consultez le “Guide d’actions directes nocturnes”, qui comprend de nombreuses informations utiles sur comment planifier et mener des actions directes efficaces tout en vous assurant de vous maintenir en sécurité autant que possible. https://mtlcontreinfo.org/recettes-pour-des-actions-directes-nocturnes/

Si vous n’êtes toujours pas certain·e·s d’où se trouvent les installations frontalières les plus près de chez vous, consultez votre groupe local de Personne n’est illégal·e ou un autre organisme de défense des droits des migrant·e·s pour obtenir plus d’informations. Ou alors, organisez une petite soirée de recherche avec vos ami·e·s!

Si vous vivez dans une petite communauté où il n’y a pas de installation frontalière, vous pouvez tout de même agir. Voici quelques pistes:

1. Faites circuler le matériel d’information

Consultez la page “Matériel d’information” sur le site stopponslaprison.info. Il est possible d’y obtenir des pamphlets, des affiches, des tracts et des autocollants que vous pouvez imprimer et faire circuler dans votre réseau.

Réunissez-vous entre ami·e·s pour poser des affiches dans votre quartier ou près d’arrêts d’autobus. Suivez ce lien obtenir des instructions sur comment faire de la colle de blé (qui est très difficile à enlever): https://mtlcounterinfo.org/how-to-wheatpaste/

Prenez quelques heures pour poser des autocollants dans le métro, dans les couloirs de votre école, à votre lieu de travail ou dans votre quartier.

Posez une bannière dans un endroit visible près de chez vous, qui exprime un message contre les frontières et les prisons. Voici quelques informations sur comment poser une bannière: http://destructables.org/node/56

Organisez une journée de mobilisation et de distribution de tracts. Imprimez des tracts disponibles en ligne, ou créez-en vous-mêmes! Avec quelques ami·e·s, allez dans le métro, dans les autobus ou dans les trams de votre ville et passez quelques heures à distribuer de l’information à propos du projet.

2. Harcelez les entreprises

Innondez le fax, les lignes téléphoniques, la boîte courriel et les réseaux sociaux des entreprises et de leurs employé·e·s.

Il est facile de se procurer un compte de messagerie temporaire en utilisant Protonmail ou Guerrilamail.

On peut aussi envoyer des fax gratuitement en ligne grâce aux sites https://www.gotfreefax.com/ ou https://faxzero.com/. En envoyant des fax avec beaucoup de contenu aux entreprises, on utilise toute leur encre noire et on peut temporairement bloquer la ligne de fax, les empêchant de recevoir les fax habituels.

Si vous pensez harceler les entreprises en ligne, n’oubliez pas qu’il serait peut-être mieux de ne pas utiliser vos propres comptes de réseaux sociaux ou votre propre adresse IP pour le faire. Consultez le guide EFF à propos de communications en ligne plus sécuritaires, et familiarisez-vous avec des outils tels que le navigateur Tor ou TAILS pour vous créer un compte de messagerie anonyme temporaire, ou pour envoyer des fax.
https://ssd.eff.org/
https://www.torproject.org/
https://tails.boum.org/

3. Partagez ce texte avec vos ami·e·s et votre famille, et réunissez-vous ensemble pour discuter d’un plan d’action à mettre en branle dans votre ville ou village!

Stantec et le complex Guy-Favreau ciblés durant la marche pour le climat: Voici pourquoi le mouvement pour le climat devrait combattre le régime frontalier

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Sep 282019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le Canada contribue de façon majeure à la crise climatique, jouant un rôle actif en chassant des populations de leurs foyers à travers le monde. Le Canade héberge plus de 70% des industries minières du monde, industries qui sèment la dévastation environnementale et économique à l’échelle mondiale. Le pays est responsable de plus d’émissions de gaz à effet de serre que tout autre pays du G20, contribuant ainsi à la multiplication du nombre de réfugié.es climatiques. À l’intérieur de ses frontières, le gouvernement fédéral continue d’approuver projet de pipeline par-dessus projet de pipeline, malgré la résistance constante des communautés autochtones.

Alors que la crise climatique ne fait qu’empirer, favorisée par les forces extractivistes du capitalisme et du colonialisme, la crise migratoire empire de façon accélérée elle aussi. En réponse à cela, le Canada ne fait que renforcer l’imperméabilité de ses frontières, tentant d’empêcher celles et ceux qu’il a lui-même déplacé.es de trouver refuge.

Ce développement des infrastructures frontalières ne se limite pas à la frontière elle-même. Depuis deux décennies, la détention de personnes migrantes est l’une des formes d’incarcération ayant la croissance la plus rapide au Canada. L’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) entretient trois prisons uniquement pour migrant.es et loue des espaces servant à leur détention à travers le pays. En 2016, le gouvernement a investi 138 millions de dollars supplémentaires afin de renforcer et de développer ce système, menant à la construction de deux nouvelles prisons pour personnes migrantes (dont l’une se trouve à Laval, QC) ainsi que de nouveaux systèmes de surveillance et de contrôle comme les bracelets de cheville obligatoires et les analyses biométriques vocales pour les migrant.es.

Tandis que le Canada répond à la crise climatique en fortifiant ses frontières, celles et ceux qui défendent les politiques suprémacistes blanches derrière cette décision continuent d’envahir l’espace public. Au Québec, nous avons vu l’importante couverture médiatique accordée aux groupes islamophobes comme La Meute, le succès de la campagne électorale anti-immigration de la CAQ, ainsi que les conséquences violentes de l’adoption de sa loi 21. Alors que la mascarade que sont les élections fédérales commence, nous avons déjà pu voir la place de plus en plus importante prise par le nationalisme blanc, alors que les politicien.nes sèment la peur et la haine des migrant.es qui traversent la frontière à Roxham Road.

Les frontières comme les prisons ont été imposées sur ces territoires par le colonialisme et sont des systèmes fondamentalement axés sur la domination et le contrôle. Tandis que le Canada continue d’investir des milliards dans l’extractivisme, celles et ceux qui subissent le poids de la crise sont encore et toujours les communautés autochtones. Que ce soient les pipelines installées de force sur des territoires autochtones, les entreprises minières ou forestières opérant sur ces territoires sans le consentement des communautés concernées, ou encore la dévastation environnementale créée par la construction de raffineries près des réserves, les communautés autochtones sont constamment en première ligne, souffrant des effets néfastes de l’extractivisme tout en menant la résistance contre celui-ci.

Voici pourquoi Stantec et le complex Guy-Favreau ont été pris pour cible par des participant.es de la marche pour le climat. Les bâtiments ont reçu des bombes de peinture vertes et “Bienvenue aux migrants” a été écrit sur les façades. Au complex Guy-Favreau, la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada tient des séances pour déterminer les conditions et périodes de détention des migrant.es, ce qui résulte souvent par une prolongation de leur emprisonnement. Stantec est une firme de génie-conseil qui travaille sur le projet de la nouvelle prison pour migrant.es à Laval.

Cette nouvelle prison fait partie de la fausse solution du Canada face à la menace posée par les changements climatiques, une tentative d’intensifier encore d’avantage le développement de ses infrastructures frontalières en gardant hors de celles-ci celles et ceux que le pays continue de chasser de leurs maisons. La réelle menace contre la Terre et les personnes qui l’habitent sont le capitalisme, la destruction de l’environnement et les politicien.nes qui, inévitablement, continuent de défendre ces systèmes tout en rejetant la faute sur les populations qu’ils et elles déplacent.

Nous croyons qu’il est nécessaire de pousser beaucoup plus loin que de simples demandes aux politicien.nes, et d’aller vers une remise en question du rôle joué par le Canada au sein de la crise mondiale. Nous espérons que la lutte pour le climat pourra élargir ses tactiques, approfondir ses analyses et continuer de créer des liens avec d’autres luttes actuelles contre le suprémacisme blanc, le colonialisme de peuplement, et l’impérialisme de frontières.

 

Climat de révolte

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Sep 262019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

  • AUCUN GOUVERNEMENT NE SAUVERA LA PLANÈTE –
    NOUS DEVONS SAUVER LA PLANÈTE DES GOUVERNEMENTS!
  • QUAND LA POLICE ATTAQUE
  • UNE RÉPONSE ANARCHISTES AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES
  • NOS MASQUES NOUS PROTÈGENT
  • L’HISTOIRE NOUS LE DIT CLAIREMENT L’INSURRECTION POUR LE CLIMAT DOIT SAVOIR SE DÉFENDRE
  • LA RÉCUPERATION ET SES MULTIPLES FORMES
    LES VAUTOURS TOURNENT DÉJÀ EN ROND AU-DESSUS DE NOS TÊTES.

Lire.

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Une réponse anarchiste aux changements climatiques

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Sep 232019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Traduction de “An Anarchist Solution to Global Warming

Si la réponse du Capitalisme Vert face aux changements climatiques ne fera qu’ajouter de l’huile sur le feu, et si le gouvernement restera incapable de résoudre le problème à une échelle globale (comme je l’ai débattu dans les articles [1] [2]), qu’est-ce que suggèrent les anarchistes pour réorganiser la société afin de diminuer la quantité de gaz à effet de serre dans l’atmosphère et pour survivre dans ce monde qui n’est déjà plus le même?

Il n’existe pas une seule position anarchiste, et plusieurs anarchistes refusent même d’offrir une réponse en affirmant que si la société se libère de l’État et du capitalisme, elle se transformera de manière organique, et non pas en suivant les lignes d’un plan quelconque. D’ailleurs, cette attitude de contrôle politique, qui consiste à voir le monde de haut en y imposant plans et changements, est indissociable de la culture responsable de la destruction de la planète et l’oppression de ses habitant-e-s.

Malgré tout, je voudrais esquisser une manière possible d’organiser nos vies, non pas dans le but d’offrir une proposition concrète, mais parce que les visions nous rendent plus fort-e-s, et que nous avons tou-te-s besoin de courage afin de rompre une fois pour toutes avec les institutions existantes et les fausses solutions qu’elles nous offrent. Je vais décrire comment une société écologique et antiautoritaire pourrait se manifester avec les mots qui émergent de la complexité non idéale du moment présent. À des fins de simplification, je n’entrerai pas dans des débats d’ordre scientifique concernant ce qui est durable et ce qui ne l’est pas.

Je base la description de ce futur monde possible à la fois sur des nécessités physiques et sur ce qui est éthiquement désirable, en accord avec les prémisses suivantes.

  • L’extraction et la consommation de combustibles fossiles doivent être cessées complètement.
  • La production alimentaire industrielle doit être remplacée par des méthodes de cultivation durables et à échelle locale.
  • Les structures de centralisation du pouvoir sont par nature des structures qui exploitent l’environnement et qui oppriment les gens.
  • Les mentalités de valeur quantitative, d’accumulation, de production et de consommation – en d’autres mots, la mentalité marchande – sont par nature des mentalités qui exploitent l’environnement et qui oppriment les gens.
  • La science médicale est imprégnée d’une haine du corps, et même si elle a perfectionné une réponse efficace aux symptômes, sa pratique actuelle nuit à notre santé.
  • La décentralisation, l’association volontaire, l’organisation autonome, le soutien mutuel, et la non-coercition sont tous des projets et des pratiques réalisables ayant fonctionné par le passé, à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de la civilisation occidentale, et ce à de nombreuses reprises.

Bienvenue dans le futur. Personne n’aurait pu deviner que la société globale ressemblerait à ça. Sa caractéristique déterminante est son hétérogénéité. Certaines villes ont été abandonnées; des arbres poussent au travers des avenues, des rivières se précipitent là où l’asphalte recouvrait jadis le sol, et les gratte-ciels s’effritent pendant que des cerfs se nourrissent à leurs pieds.

D’autres villes sont en plein essor, mais elles ont tellement changé qu’elles sont méconnaissables. Des toits, des friches désertes, et des trottoirs se sont transformés en jardins. Des arbres fruitiers et à noix bordent chaque pâté de maisons.

Les coqs annoncent chaque lever du soleil. Environ un dixième des rues – les artères principales- restent pavées ou sont faites de gravier, les théâtres et les édifices communautaires peuvent obtenir du courant même quand il se fait tard, sur une base rotative afin qu’ils puissent rester ouverts pour des soirées cinéma et d’autres évènements. Tout le monde a des chandelles et des lampes rechargeables, il y a alors toujours des lumières qui éclairent des fenêtres le soir. Nous sommes loin du ciel urbain d’aujourd’hui: la nuit on peut voir des étoiles dans le ciel, et les enfants, incrédules, restent bouche bée quand les ancien-ne-s leur racontent comment les gens ont abandonné l’ancien monde.

L’électricité est produite grâce à un réseau avoisinant de stations où l’on brûle les déchets agricoles (comme les épis de maïs) et des biocarburants, ainsi qu’à partir d’une petite quantité d’éoliennes et de panneaux solaires. Mais la ville utilise seulement une fraction de ce qu’elle consommait avant. Les gens chauffent et refroidissent leur maison sans électricité, grâce à une conception intelligente qui utilise la passivité solaire. Dans les régions plus froides, pendant l’hiver, les gens complètent cela avec de la combustion de carburants renouvelables, mais les maisons sont bien isolées et les fours sont conçus avec la plus grande efficacité: il n’y a donc pas grand-chose à faire.

Personne ne possède de réfrigérateur, mais à tous les étages des bâtiments, on peut trouver un congélateur collectif. On entrepose les denrées périssables comme le yogourt, les oeufs et les légumes dans une glacière ou dans une cave, et les aliments sont mangés frais ou bien cannés. Les gens font pousser la moitié de leur propre nourriture dans les jardins de leur quartier. Presque toute la nourriture provient d’un rayon de 30 km. Aucun aliment n’est modifié génétiquement ou produit à partir d’ingrédients chimiques, et les aliments sont cultivés pour leur goût et leur apport nutritif – pas selon leur longévité et leur durabilité par transport. En d’autres mots, les aliments sont plus goûteux, et la nourriture est plus saine.

Toutes les maisons ont une toilette compostable et de l’eau courante, mais pas de service d’eaux usées. Une quelconque loi non écrite assure que chaque communauté à travers le monde remédie à la production de ses propres déchets. L’envoi de déchets polluants en aval est le plus grand tabou. Les rares usines restantes utilisent des champignons et des microbes situés sur de grandes parcelles boisées autour de l’enceinte de l’usine pour assainir les polluants qu’elles produisent. Les quartiers transforment tous leurs déchets en compost ou en carburant. La quantité d’eau potable disponible étant limitée, les bâtiments sont équipés de capteurs d’eau de pluie pour les jardins.

Dans la plupart des villes, les gens tiennent des assemblées de quartier périodiques ou ad hoc afin de maintenir les jardins, les routes et les bâtiments, d’organiser les services de garderie, et de médier les disputes. Les gens participent également à des réunions avec les conseils de travail ou les projets infrastructuraux auxquels illes décident de consacrer une partie de leur temps. Ceux-ci peuvent inclure: le conseil de l’eau, des transports, de l’électricité, un hôpital, un conseil de travailleur-ses de construction, de guérisseur-ses (la grande majorité des soins de santé est assurée par des herboristes, des naturopathes, des homéopathes, des acupuncteur-rices, des massothérapeutes, des sages-femmes et d’autres spécialistes effectuant des visites à domicile) ou encore une usine. Autant que possible, les conseils de travail sont décentralisés, avec des individus et des petits groupes à qui on fait confiance de bien faire leur travail. Lorsque nécessaire, illes coordonnent également leurs activités au sein de réunions se déroulant généralement sous la forme d’assemblées ouvertes utilisant le consensus et privilégiant le partage des perspectives et des informations, plutôt que la prise de décision. Parfois, des rencontres interrégionales sont organisées (pour les communautés autour d’un même cours d’eau, par exemple). Elles fonctionnent selon une structure de délégation, quoique les rencontres restent ouvertes à tout le monde et cherchent toujours à atteindre des décisions qui satisfont l’ensemble des gens, considérant qu’il n’y a pas d’institutions coercitives et que la coercition sous n’importe quelle forme est mal vue. Elle signifie “ramener les vieux jours”.

Puisque le pouvoir est toujours localisé au maximum, la grande majorité des décisions sont prises par des individus ou des petits groupes partageant des affinités et travaillant régulièrement ensemble. Depuis qu’on n’accorde plus d’importance à l’homogénéité de la population, qui servait autrefois à des fins de contrôle et d’accumulation du pouvoir, les gens ont réalisé qu’une bonne partie de la coordination prend place de manière organique: différentes personnes prenant différentes décisions et travaillant à réconcilier leurs décisions avec celles des autres.

Même si les sociétés sont structurées de manière à créer des sentiments de communauté et de mutualité, il existe également une grande marge de manoeuvre pour la vie privée solitaire. Plusieurs quartiers ont des cuisines et des salles à manger collectives, mais les gens cuisinent parfois elleux-mêmes et peuvent manger seul-es lorsqu’illes en ont envie. Dépendamment des préférences culturelles, certaines sociétés ont des bains publics et d’autres non. La mise en commun forcée des expériences passées sous les utopies socialistes est absente de ce monde. La propriété privée a été abolie dans le sens classique (c’est-à-dire où les gens reposent sur les moyens de production pour leur survie), mais n’importe qui peut avoir autant d’effets personnels qu’ille peut et veut en obtenir – vêtements, jouets, réserve de bonbons, vélo, etc.

Plus une communauté est petite, plus elle a tendance à utiliser une économie du don – tout ce que tu n’utilises pas, tu l’offres en cadeau, solidifiant ainsi les liens que tu entretiens avec les autres et augmentant la quantité d’objets en circulation – qui est possiblement le système économique le plus vieux et le plus répandu dans toute l’espèce humaine.

Il n’y a plus de police. Généralement, les gens sont armés et entrainés à l’autodéfense. La vie quotidienne de chacun-e comprend des activités qui favorisent un sens de l’intérêt personnel et collectif. Les gens dépendent de la coopération et de l’aide mutuelle pour leur survie et leur bonheur, alors celleux qui endommagent leurs liens sociaux se font surtout du mal à elleux-mêmes et s’isolent. Les gens ont combattu pour renverser leurs oppresseur-es. Illes ont défait la police et les forces militaires de la classe dirigeante, et illes se rappellent de leur victoire. L’impératif de ne plus jamais être gouverné-es constitue une part importante de leur identité. Illes ne sont pas sur le point de se sentir intimidé-es par un-e psychopathe occasionnel-le ou une bande de malfaisant-es.

En bref, la ville a une empreinte écologique négligeable. Une densité élevée de personnes habite dans des régions qui ont une biodiversité impressionnante, avec de nombreuses espèces animales et végétales qui cohabitent dans la ville. Illes ne produisent pas de pollution à laquelle illes ne peuvent remédier elleux-mêmes. Illes se procurent de l’eau dans les bassins versants, mais en quantité bien moins grande que dans une ville capitaliste, et en accord avec les autres communautés qui partagent le même cours d’eau. Illes produisent des gaz à effets de serre en quantité réduite par la combustion de carburant. Cependant illes en retirent davantage de l’atmosphère par le biais de leur agriculture (puisque tous leurs biocarburants sont agricoles et que le carbone rejeté dans l’atmosphère est le même que celui que les plantes ont absorbé pendant leur croissance).

Presque toute la nourriture est produite de manière durable et locale. Il existe quelques usines de production, mais la plupart utilisent des matériaux recyclés.

À l’extérieur de la ville, le monde est encore plus transformé. Les déserts, les jungles, les régions montagneuses, les marais, la toundra, et les autres régions qui ne peuvent pas supporter une population de haute densité, sont redevenus sauvages. Aucun programme gouvernemental n’a été nécessaire pour préserver la nature; ça ne valait tout simplement pas la peine d’habiter là-bas une fois la production de combustibles fossiles terminée. Beaucoup de ces zones ont été reprises par les autochtones qui les habitaient jadis. Dans plusieurs de ces régions, les habitant-es peuvent de nouveau pratiquer la chasse et la cueillette, retrouvant la forme d’économie la plus intelligente pour cette biorégion et renversant ainsi la notion conventionnelle de ce qui est considéré “futuriste”.

Le transport persiste encore entre les biorégions. Les villes sont reliées par des trains qui fonctionnent par biocarburant, et les gens traversent régulièrement les océans sur des bateaux alimentés principalement par le vent. Une quantité quelconque des échanges interrégionaux se déroule de cette manière, mais le transport entre les régions permet surtout un mouvement de personnes, d’idées et d’identités. Les gens sont moins mobiles qu’illes ne l’étaient dans les derniers jours du capitalisme, mais d’un autre côté, illes ne sont plus obligé-es de suivre les caprices de l’économie, ni d’être déraciné-es par la recherche de travail. Économiquement, les biorégions sont presqu’entièrement auto-suffisantes et les gens se supportent elleux-mêmes. S’illes se déplacent, c’est parce qu’illes veulent voyager, voir le monde, et sont libres de le faire car il n’y a plus de frontières.

Les communications de plus longue distance se font principalement par radio. La majorité des communautés urbaines ou semi-urbaines ont des téléphones et internet. La production hautement toxique d’ordinateurs a pratiquement cessée, mais quelques villes utilisent de nouvelles méthodes, plus lentes mais plus responsables, afin de manufacturer des ordinateurs à une échelle minimale. Des populations rurales habitent assez proches d’une ville pour accèder à ces formes de communication, de temps en temps. Les gens recoivent encore des nouvelles provenant du monde entier, et illes continuent de cultiver une identité qui est partiellement globale.

Les bases économiques de la société se sont grandement diversifiées au sein de chaque communauté linguistique. En d’autres mots, une personne peut vivre dans une commune agricole avec un niveau technologique similaire à celui de l’occident du 19ième siècle, mais à côté d’elle se trouve une forêt habitée par des chasseur-es-cueilleur-ses, et quelque fois par année elle se rend dans une ville qui est elle-même organisée par des conseils de travail et des assemblées de quartiers, où l’on trouve de l’électricité, des autobus, une station de train ou un port, et où elle peut regarder des films ou lire le blog de quelqu’un qui vit à l’autre bout du monde.

Des images et des nouvelles provenant du monde entier circulent dans les communes sur une base régulière. Les gens parlent la même langue et partagent une culture et une histoire similaires avec ces communautés qui autrement sont bien différentes. Il en résulte qu’une identité clanique et insulaire, susceptible de poser de sérieux problèmes -notamment la régénération potentielle de comportements dominateurs et impérialistes-, est constamment évitée par la cultivation d’une identité globale et par le mélange avec des membres très différents d’une communauté plus large. En effet, puisque presque toutes les communautées linguistiques s’étendent bien au-delà d’une seule biorégion, et puisque les gens connaissent une mobilité sociale sans précédent, il y a une circulation infinie des gens entre ces différentes communautés. Chaque individu décide, à un certain âge, s’ille veut vivre dans la ville, la campagne ou la forêt. Non seulement les frontières n’existent plus entre des nations construites artificiellement mais les frontières sociales n’empêchent plus le mouvement entre différentes identitées et catégories culturelles.

Pour les personnes agées, ce mode de vie est un paradis, mélangé aux détails croustillants de la réalité – conflits, labeur, chagrins et drames du quotidien. Pour les plus jeunes, c’est simplement vivre selon le bon sens.

Et d’année en année, le monde guérit un peu plus des ravages du capitalisme industriel. La quantité de forêt et de zones humides a augmenté au même rythme que la régénération de certaines zones, alors que les régions densément peuplées sont devenues des écosystèmes en santé grâce au jardinage, à la permaculture et à l’élimination des voitures.

Les niveaux de gaz à effet de serre dans l’atmosphère sont réellement en train de diminuer, bien que lentement, pour la première fois depuis des années, alors que le carbone est renvoyé dans le sol, dans les forêts et dans les zones humides et urbaines. La combustion d’énergie fossile a cessé. Plus du tiers des espèces de la planète se sont éteintes avant que les gens ne modifient enfin leur mode de vie, mais maintenant que la perte d’habitat est renversée, plusieurs espèces reprennent des forces. À condition que l’humanité n’oublie pas sa plus grande leçon jamais apprise, dans quelques millions d’années, la biodiversité de la planète Terre sera plus grande que jamais.

Une vie digne a remplacé le profit comme nouveau critère social et, en coup de poing contre tou-tes les ingénieur-es de la planification sociale, chacun-e est autorisé-e à déterminer comment y parvenir. Les gens ont retrouvé l’habilité de se nourrir et de se loger elleux-mêmes et les communautés individuelles ont prouvé qu’elles étaient les mieux placées pour élaborer un mode de subsistance plus adapté aux conditions locales et aux changements variés induits par le réchauffement planétaire. Au final, c’est une évidence: l’unique solution qui était écartée par ceux et celles qui profitaient des changements climatiques était la seule qui avait une chance de réussir.

Pendant trop longtemps, les gens n’ont pas cru ceux et celles qui les mettaient en garde contre les changements climatiques, l’effondrement écologique et les autres problèmes créés par le gouvernement et le capitalisme – ceux et celles qui réclamaient des solutions radicales. Au final, illes ont compris que la meilleure décision qu’illes avaient prise était de cesser de faire confiance aux gens au pouvoir, soit les responsables pour tous ces problèmes. À la place, illes se sont fait confiance et ont plongé.

Les lecteur-ice-s qui doutent de la possibilité de réalisation de cette vision peuvent se réferer au livre Champs, Usines et Ateliers de Pierre Kropotkin, qui énonce une proposition similaire, mais il y a plus de cent ans. Illes peuvent aussi voir comment les territoires autochtones sur lesquels illes vivent étaient organisés avant la colonisation. D’où je viens, la confédération des Powhatans a maintenu la paix et coordonné les échanges commerciaux entre plusieurs nations de la partie sud du bassin versant de la baie de Chesapeake. Au Nord, les Haudensaunne ont maintenu la paix entre cinq (et plus tard six) nations pendant des centaines d’années. Les deux groupes ont supporté de fortes densités de population grâce à l’horticulture intensive et à la pêche sans dégrader leur environnement.

Où je vis aujourd’hui, à Barcelone, les travailleur-ses ont repris la ville et les usines et ont tout dirigé elleux-mêmes en 1936. Et là où je me trouve en écrivant cet article, à Seattle, une grève générale d’un mois a eu lieu en 1919. Les travailleur-ses là-bas se sont également montré-es capables de s’organiser et de maintenir la paix. Tout ça n’es pas un rêve. C’est une possibilité imminente, mais seulement si nous avons le courage d’y croire.

Entre national-populisme et néofascisme : État des lieux de l’extrême droite au Québec en 2019

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Sep 152019
 

De Montréal Antifasciste

Définitions et traits caractéristiques

Originellement constitué à partir de différentes expériences militantes visant à confronter des manifestations d’extrême droite à Montréal, le collectif Montréal Antifasciste s’est principalement attaché au cours des deux dernières années à documenter et à révéler au grand jour les différents mouvements et organisations qui mettent de l’avant des croyances et des politiques d’exclusion plus radicales que ce que proposent généralement les programmes de la droite « classique ». De plus, surtout parce que nos ressources sont limitées, nous avons omis de cibler les mouvements n’ayant actuellement que peu ou pas d’activité publique dans notre ville, comme le mouvement antiavortement ou, plus largement, la droite catholique, bien que nous nous efforcions de les garder à l’œil. Ainsi, il s’agit moins d’une approche théorique que d’une démarche pragmatique. Notre objectif n’est pas de produire une grande théorie sur le développement de l’extrême droite au XXIe siècle, mais plutôt de fournir des munitions intellectuelles et pratiques au milieu militant et à la population afin d’empêcher la normalisation du racisme, de la xénophobie et de l’islamophobie et de contribuer à la consolidation des mouvements antiracistes et antifascistes.

Il nous faut aussi insister sur le fait que notre approche relève d’un souci de commodité et de rapidité. Nous ne prétendons pas réduire le problème à l’extrême droite comme telle. Nous sommes conscient-e-s du fait que certaines politiques publiques (comme la Loi sur la laïcité de l’État [projet de loi 21]) et pratiques de l’État (comme la brutalité policière et les contrôles frontaliers) ainsi que différents systèmes d’oppression au sens large ont des répercussions bien plus dommageables que l’extrême droite à elle seule. Toutefois, nous croyons que des groupes numériquement restreints, mais déterminés, ont la capacité d’influencer la société de manière disproportionnée, et que même lorsque cela paraît improbable, ces groupes représentent une menace qu’il faut neutraliser en tant que telle. C’est le mandat que nous nous sommes donné.

Une cartographie exhaustive de l’extrême droite québécoise pourrait facilement faire l’objet d’un essai beaucoup plus long; ce qui suit n’est qu’un modeste aperçu. Notre priorité, en l’occurrence, est de cerner les traits caractéristiques des différents milieux d’extrême droite et de nommer les groupes actuellement les plus actifs au Québec. Nous avons dû ignorer ou mettre de côté de nombreux éléments en raison des contraintes d’espace. Nous vous invitons à consulter notre site Internet (http://montreal-antifasciste.info) pour un examen plus détaillé et approfondi.

Bien que certain-e-s d’entre nous étudient et confrontent l’extrême droite depuis des dizaines d’années, notre travail dans le cadre de Montréal Antifasciste revêt un caractère pratique, et c’est la pratique qui a conditionné à la fois ce que nous avons pu apprendre et notre manière de conceptualiser la situation. Sur la base de cette expérience, nous avons déterminé que les croyances fondamentales de l’extrême droite québécoise sont :

  • L’islamophobie;
  • L’opposition à un « système global » défini en termes simplistes et étroitement identifié aux partis libéraux fédéral et provinciaux (personnifiés pour plusieurs par Justin Trudeau, qui est universellement honni, diabolisé, ridiculisé et accusé tous les maux imaginables; entre autres lubies, Trudeau serait le fils illégitime de Fidel Castro et il soutiendrait secrètement la pédophile et l’introduction de la charia au Canada);
  • La croyance qu’un processus insidieux est en marche pour remplacer graduellement des groupes de personnes auxquels les droitistes s’identifient (les Québécois-e-s « de souche », les personnes blanches, etc.) par des personnes issues d’autres cultures ou « races » (la mesure dans laquelle ce remplacement serait planifié, et par qui, varie d’un groupe à l’autre et entre les individus).

Au-delà de ces traits généraux qui unissent les diverses tendances de l’extrême droite, il existe un certain nombre de différences, la plus saillante étant sans doute l’écart entre, d’un côté, un groupe de militants beaucoup plus grand, mais beaucoup moins cohérent politiquement, partageant de nombreuses caractéristiques avec la « droite classique », et, d’un autre côté, une tendance plus restreinte, mais adhérant à des positions idéologiques beaucoup plus rigoureuses s’inspirant explicitement du fascisme historique et du suprémacisme blanc. Dans notre travail, nous désignons le premier groupe comme « national-populiste » et le deuxième comme « fasciste », « néofasciste » ou « néonazi », selon les cas.

D’après ce que nous avons pu voir, autant dans leurs croyances fondamentales que dans la bifurcation politique décrite ci-dessus, l’extrême droite québécoise répond aux mêmes schémas qui existent ailleurs au Canada.

Les principales organisations nationales-populistes du Québec sont La Meute (fondée en 2015) et Storm Alliance (fondée en 2016). Si, initialement, la première s’opposait avant tout à « l’islam radical » tandis que la seconde disait se battre contre « l’immigration illégale », leurs priorités politiques sont aujourd’hui plus ou moins identiques. Le groupuscule Front patriotique du Québec (FPQ), beaucoup plus petit et marginal, a aussi joué un rôle important dans ce milieu à plusieurs égards; il a régulièrement critiqué La Meute pour son « fédéralisme » et plusieurs de ses membres et sympathisants ont participé à la création de groupes de « sécurité » d’extrême droite dans le but de « protéger » leurs organisations et d’intimider leurs opposant-e-s. Il nous faut également mentionner la prétendue Vague bleue, une mobilisation qui a eu lieu à Montréal le 4 mai 2019 et dont une seconde édition a eu lieu à Trois-Rivières le 27 juillet suivant. Adoptant une approche éprouvée par le FPQ, ces rassemblements sont organisés par des éléments du milieu national-populiste, mais servent à rassembler des personnes mal informées au sujet des principes politiques qui les sous-tendent, en les flanquant de divers groupes de « sécurité » d’extrême droite comptant des éléments néofascistes. Bien que la seconde édition se soit avérée un échec lamentable (de quelque 300 participant-e-s à Montréal, le rassemblement a rétréci à moins de 75 personnes à Trois-Rivières), cette formule risque fort d’être reprise à l’avenir.

La tendance néofasciste, quant à elle, est beaucoup plus étroite que le milieu national-populiste, et on n’y retrouve actuellement que deux organisations notables : Atalante (basée à Québec et active depuis 2016), et la Fédération des Québécois de souche (décentralisée, mais comportant vraisemblablement un centre au Saguenay). Parallèlement, il y a eu un certain nombre de projets politiques semi-formels plus discrets animés au fil des ans par des néofascistes et des néonazis. L’exemple le plus important des dernières années est sans doute le groupe Alt-Right Montreal/Stormer Book Club, dont l’existence a été révélée en mai 2018 par la Montreal Gazette. Tous les groupes associés à cette tendance s’identifient d’une manière ou d’une autre à la tradition du fascisme et/ou du nationalisme blanc.

 

Le milieu national-populiste

L’apparition de La Meute (et, à un moindre degré, de Storm Alliance) a signalé un changement important au sein de l’extrême droite québécoise. Il s’agissait des premiers groupes depuis les années 1990 qui semblaient capables de s’adresser à une base plus large que leurs propres membres. En d’autres termes, ils étaient les premiers groupes depuis longtemps à présenter un véritable potentiel de croissance. Les groupes qui avaient été actifs dans les années précédentes, comme l’Ordre des Templiers, PEGIDA Québec, la Coalition des citoyens concernés (sic) ou le Mouvement républicain du Québec, n’avaient jamais vraiment été autre chose qu’une poignée d’individus (parfois même un seul individu) se présentant comme une « organisation ». Le seul groupe ayant eu une certaine portée avant 2016, Les Insoumis, n’a quant à lui jamais vraiment été en mesure de recruter au-delà de la région de Sherbrooke, même si ses membres sont venus à Montréal à plusieurs reprises pour participer aux événements organisés par d’autres groupes. Ce qui ressemble le plus à un présage de ce qui allait venir est la « Marche du silence » organisée à Montréal le 24 septembre 2015 contre le projet de loi 52 du Parti libéral du Québec (comptant sur la participation de membres des Insoumis et d’autres militant-e-s anti-immigration), même si les différentes manifestations organisées en faveur de la Charte des valeurs québécoises en 2013 constituaient en quelque sorte d’autres signes avant-coureurs.

Le milieu national-populiste comporte une importante diversité de perspectives sur différents enjeux, que reflète la volonté sans cesse répétée de préserver « l’unité » en acceptant des personnes affichant des opinions divergentes pourvu qu’elles adhèrent à « la cause » (laquelle est rarement présentée de façon précise). Par conséquent, ce milieu est beaucoup moins cohérent, mais aussi beaucoup plus grand et susceptible de se transformer que la droite néofasciste. Afin de contrer la fâcheuse tendance à décrire tous les groupes d’extrême droite comme « fascistes », il est utile de passer en revue certains des attributs du milieu national-populiste :

  • Les nationaux-populistes sont nombreux et nombreuses à insister sur le fait qu’ils et elles « ne sont pas racistes », et l’opposition à la discrimination raciale fait même partie des déclarations de principes de La Meute et de Storm Alliance. Bien que cette posture s’appuie sur l’affirmation fallacieuse voulant que « l’Islam [n’est] pas une race », ils sont très nombreux à le croire sincèrement, et cette attitude les différencie d’autres courants de l’extrême droite. Cela fait en sorte qu’un certain nombre de personnes de couleur, d’anciens musulmans ou d’Autochtones sont les bienvenus dans les mobilisations nationales-populistes (même si cette inclusion symbolique, vue de l’extérieur, a souvent un caractère particulièrement embarrassant…). Cela rend par ailleurs ces groupes plus acceptables aux yeux d’une partie de la société blanche qui, bien qu’elle soit raciste, n’est pas prête à l’admettre ouvertement.
  • Une importante partie du mouvement national-populiste adhère à un discours homonationaliste et/ou fémonationaliste, et prône ainsi un idéal du Québec que rejettent d’emblée d’autres segments de l’extrême droite. L’opposition à « l’Islam radical » et à « l’immigration illégale » est souvent formulée sous l’angle des droits des femmes et des personnes LGB (en excluant plus souvent qu’autrement les droits des personnes trans) et même parfois dans un cadre « féministe ». À de rares exceptions près, les membres de ce milieu prétendent être en faveur des droits des femmes (c’est d’ailleurs une politique officielle de La Meute et de Storm Alliance) et l’opposition aux pratiques misogynes est l’un des clichés antimusulmans les plus répandus. De plus, de nombreuses femmes sont actives dans ce mouvement et plusieurs occupent des rôles d’autorité. Cela dit, le mouvement reste dominé par des hommes; outre les cas rapportés d’agressions et de harcèlement sexuel entre les membres, un bref examen des comptes sur les médias sociaux révèle un large éventail de mèmes, gags et commentaires que la plupart des gens trouveraient sexistes ou sexuellement objectivants, et il reste que les principaux leaders de ces groupes sont pratiquement tous des hommes.
  • Ce milieu n’est pas soudé autour d’une position unique concernant l’indépendance du Québec. Bien qu’on n’y trouve que très peu de fédéralistes purs et durs, voire aucun, les opinions varient d’un soutien aveugle à l’indépendance (le FPQ et le Parti patriote) à une position mitigée selon laquelle ces questions sont secondaires, car dans l’immédiat le Canada comme le Québec doivent être défendus contre les « immigrants illégaux » et « l’Islam radical » (La Meute/Storm Alliance). Ce manque d’unité a d’ailleurs été à l’origine de nombreux conflits entre individus et même entre groupes; La Meute a ainsi souvent été accusée d’être « fédéraliste ».
  • Le milieu national-populiste affiche généralement une certaine sympathie à l’égard des peuples autochtones, qui sont dépeints comme les victimes de ce même système « globaliste » qui maintient les Québécois-es (et les Canadien-ne-s) sous son joug. On trouve aussi la position, que partagent même certains néofascistes, voulant que les mouvements contemporains doivent s’inspirer des alliances historiques entre Canadiens-Français et peuples autochtones contre les Anglais. Cette position s’appuie sur une interprétation superficielle et complaisante de l’histoire du Québec, qui nie le rôle des Canadiens français dans la colonisation et le génocide des Premières Nations, et sur une logique d’appropriation voulant que « tous les Québécois » soient eux-mêmes d’une certaine manière « autochtones » en raison d’une supposée (et largement mythique) ascendance autochtone. Cette version alambiquée de l’histoire les mène à conclure qu’aucun tort historique ne mérite vraiment de redressement, mais qu’il faut plutôt chercher à construire une alliance contre les « mondialistes » (ou les libéraux, les envahisseurs, etc.). Quoi qu’il en soit, certain-e-s Autochtones (ou personnes se présentant comme telles) ont effectivement participé à des manifestations nationales-populistes sur une base individuelle, arborant même à l’occasion le drapeau de la Société guerrière Mohawk. De plus, un certain nombre de tentatives ont été faites pour tisser des relations au sein de communautés autochtones, mais les liens concrets, si tant est qu’il y en ait, revêtent jusqu’à ce jour un caractère extrêmement marginal. En outre, ces efforts semblent aussi superficiels qu’intéressés, car les authentiques revendications politiques et réclamations territoriales formulées par certaines communautés autochtones font vite ressortir le caractère réactionnaire de nombreux militants nationaux-populistes.
  • L’antisémitisme n’est pas une orientation dominante du mouvement national-populiste, et les Juifs sont rarement ou jamais mentionnés dans les communications officielles de ces organisations. Contrairement aux nationaux-populistes du Canada anglais, toutefois, il ne semble pas y avoir eu de connexion entre les nationaux-populistes du Québec et l’extrême droite juive. Cela dit, les grilles d’analyse complotistes développées par l’antisémitisme chrétien au fil des siècles se voient clairement transposées dans la croyance en un complot « mondialiste » très répandue dans ce mouvement, lequel complot est très souvent illustré par l’évocation du milliardaire juif hongrois George Soros en sinistre manipulateur de la gauche politique et sociale du monde entier. De plus, il faut tout de même noter qu’un grand nombre d’individus au sein de ce mouvement affichent ouvertement des sentiments antisémites et il n’est pas rare de tomber sur, par exemple, des références « humoristiques » à l’Holocauste. Nous observons par ailleurs que l’imaginaire antisémite, sous l’influence de certains individus, prend de plus en plus de place dans les médias sociaux du milieu national-populiste.
  • De nombreuses personnes du courant national-populiste ne se considèrent pas elles-mêmes comme étant « d’extrême droite ». Quelques rares individus disent même se considérer « de gauche », bien que cette posture semble être, plus souvent qu’autrement, un stratagème malhonnête pour prétendre « savoir de quoi [ils] parlent » lorsqu’ils se moquent de la vraie gauche (laquelle aurait en fait été détournée par les islamistes, les hipsters et le féminisme intersectionnel!). Le plus souvent, les nationaux-populistes se disent « ni de gauche, ni de droite », mais simplement « pour le peuple » et « contre la corruption ». Un refrain souvent entonné est que le gouvernement ou les antifascistes sont « fascistes » et « racistes » envers les Québécois, les Canadiens, ou simplement, « les blancs ».
  • Bien que le mouvement national-populiste tende à se positionner contre « l’élite » et « les politiciens », ses membres sont très majoritairement sympathiques à l’appareil répressif de l’État, soit l’armée et la police. De nombreuses figures de proue du mouvement sont d’anciens membres des forces armées, et lorsqu’ils manifestent, les membres de ces groupes se font un point d’honneur de remercier la police, allant parfois jusqu’à scander des slogans pro police. Rappelons d’ailleurs que La Meute a été fondée par d’anciens militaires et a compté d’ex-policiers parmi ses figures dirigeantes.
  • Enfin, les membres du mouvement national-populiste ne rechignent pas à collaborer avec des groupes et individus ouvertement racistes ou fascistes. Bien que la très grande majorité se dise « pas racistes », ils défendent régulièrement la participation d’organisations ouvertement racistes à leurs mobilisations, ont souvent des liens dans les médias sociaux avec des membres de ces groupes, et plaident en faveur de « l’unité » avec les fascistes contre leurs opposants (les antifascistes, le gouvernement, etc.). En tant que tel, le mouvement national-populiste constitue un immense bassin de recrues potentielles, ou du moins d’alliés potentiels, pour les forces d’extrême droite plus radicales. (Notons d’ailleurs qu’un très grand nombre de nationaux-populistes, y compris de nombreuses personnes en position d’autorité ou perçues comme des leaders, suivent les pages d’Atalante et de la FQS sur Facebook, par exemple.)

Les individus qui adhèrent à ce genre de croyances ne sortent bien sûr pas de nulle part, et on les trouvait auparavant en périphérie de partis politiques plus « légitimes ». On peut supposer que le principal facteur qui a fait croître leur nombre est une série de campagnes islamophobes orchestrées de haut en bas par certains politiciens et conglomérats médiatiques depuis le premier « débat sur les accommodements raisonnables » en 2007. Il s’est en fait agi d’un processus continu, où le Parti québécois sous la direction de Pauline Marois (2007-2014) et l’empire médiatique Québecor (sous la gouverne de Pierre-Karl Péladeau, un riche homme d’affaires ayant lui-même brièvement dirigé le PQ de 2015 à 2016) ont tous deux joué un rôle de premier plan. Québecor Media, le plus important conglomérat médiatique au Québec (et le troisième plus important au Canada), offre une plateforme extraordinaire à de nombreux propagandistes de droite, comme Richard Martineau, Mathieu Bock-Côté, Lise Ravary et d’autres, tout en publiant un flux constant d’articles stigmatisant divers groupes minoritaires dans la société québécoise, en particulier les personnes musulmanes. S’étant retiré du Conseil de presse du Québec en 2010, l’entreprise Québecor ne rend pratiquement plus de comptes à personne et poursuit impunément, jour après jour, son entreprise de conditionnement idéologique de la population québécoise. En plus de ce géant médiatique, un autre facteur pouvant servir à mesurer à la fois l’attrait potentiel du mouvement national-populiste et sa récente expansion a été le développement du phénomène des radios poubelles, principalement dans la région de Québec. (Les radios poubelles sont une forme particulière de radio conçue sur mesure pour les hommes de 18 à 45 ans des classes ouvrière et moyenne vivant en banlieue et qui cultive leurs pires instincts avec un bombardement constant de propos violemment réactionnaires sur divers sujets, tombant souvent dans la diabolisation et le harcèlement de boucs émissaires désignés, comme les féministes, les gauchistes, les environnementalistes, les étudiants, les immigrants et les musulmans.) Non seulement ces radios ont-elles fait la promotion des idées d’extrême droite, elles se sont aussi régulièrement employées à légitimer les organisations nationales-populistes en invitant leurs porte-parole à s’exprimer en ondes et à défendre leurs activités lorsqu’elles ont fait l’objet de critiques.

Finalement, les échecs répétés du mouvement indépendantiste de tendance social-démocrate, avec le déclin du soutien populaire au projet souverainiste, d’une part, et l’incapacité du Parti québécois à résister au virage austéritaire néolibéral, d’autre part (certaines des mesures d’austérité les plus draconiennes ayant été imposées par des gouvernements indépendantistes entre 1994 et 2003, puis entre 2012 et 2014), ont créé les conditions propices à la réémergence d’un nationalisme identitaire ayant davantage en commun avec le mouvement conservateur des années 1920 qu’avec le projet indépendantiste porté par la génération du baby-boom.

Certaines villes et régions ont aussi eu leurs propres personnalités et enjeux localisés qui ont favorisé le développement du milieu national-populiste. Par exemple, sur la Côte-Nord, Bernard « Rambo » Gauthier a su exploiter sa popularité en tant qu’« homme du peuple » bourru et mal dégrossi pour catalyser une certaine influence politique (limitée, mais bien réelle) avec laquelle il a popularisé un sentiment islamophobe et anti-immigrant formulé en termes familiers : « Moé sauver des étrangers au détriment des miens, ben y’en est crissement pas question! On est assez dans marde comme ça pour en rajouter! » En 2007, le conseil municipal de la petite localité de Hérouxville, en Mauricie, adoptait un foncièrement raciste « code de conduite pour les immigrants », lequel jouait sur divers préjugés et stéréotypes au sujet des minorités ethniques et religieuses, en particulier les personnes musulmanes, en insinuant qu’il fallait expressément leur interdire de se livrer à des pratiques misogynes comme la lapidation des femmes et la mutilation génitales. (Le conseiller municipal à l’origine du code de conduite d’Hérouxville, André Drouin, s’est plus tard impliqué dans le groupe d’extrême droite RISE Canada et s’est pour un temps associé à la Fédération des Québécois de souche qui, après sa mort en 2017, a fait son éloge dans sa revue Le Harfang en le désignant comme un « courageux combattant ».)

Malgré ce contexte déjà passablement sordide, ça n’est qu’en 2016, dans le contexte des campagnes électorales de Donald Trump et de Marine Le Pen et suite à la création de La Meute, que ce milieu amorphe a graduellement commencé à prendre conscience de lui-même et à se constituer en mouvement.

Un tournant décisif a été le massacre au Centre culturel islamique de Québec, le 29 janvier 2017, lorsqu’Alexandre Bissonnette est entré dans la mosquée et a ouvert le feu sur les fidèles, tuant six personnes et en blessant plusieurs autres. (Bien que le caractère islamophobe de cette attaque soit indiscutable, Bissonnette n’était affilié à aucun groupe connu.) La tuerie de la mosquée de Québec a en quelque sorte précipité les choses pour l’extrême droite. Les militant-e-s se sont senti-e-s attaqué-e-s lorsque la police a annoncé avoir entrepris des enquêtes sur les discours haineux en ligne, et c’est à ce moment que leurs appréhensions se sont cristallisées autour de la Motion M-103, un projet de loi (non contraignant) d’initiative parlementaire condamnant l’islamophobie qui avait été déposé à la Chambre des communes quelques mois plus tôt. Pour bon nombre de ces militant-e-s, l’introduction de ce projet de loi représentait un moment charnière.

Ainsi, l’année 2017 a été une période de croissance rapide tandis que les organisations nationales-populistes ont pris la rue à plusieurs reprises, ce qui a contribué à accroître leur visibilité et l’influence de leur discours. Bien que cela ait représenté un important pas en avant pour ces groupes, un examen de la participation à leurs mobilisations révèle qu’ils sont restés incapables de mobiliser à la même échelle que les principaux mouvements sociaux, dont la gauche radicale :

  • Le 4 mars 2017, dans le cadre d’une journée nationale d’action contre la Motion M-103, près de 200 personnes se sont réunies sous la bannière de La Meute à Montréal, tandis qu’une centaine d’autres manifestaient à Québec (le même jour, environ cent personnes ont marché à Saguenay et des groupes plus modestes se sont mobilisés à Trois-Rivières et Sherbrooke).
  • Le 23 avril 2017, une manifestation organisée par le Front patriotique du Québec sur le thème « Un peuple se lève contre le PLQ » a réuni environ 100 personnes au centre-ville de Montréal.
  • Le 28 mai 2017, environ 50 personnes ont participé à une autre manifestation contre le PLQ organisé par le Front patriotique du Québec à Montréal.
  • Le 1er juillet 2017, environ 60 personnes, dont des membres de La Meute, ont répondu à l’appel lancé par Storm Alliance et se sont réunies à Roxham Road, à la frontière avec les États-Unis et près de la petite ville d’Hemmingford, pour « surveiller » les passages irréguliers et intimider les réfugié-e-s, dont le nombre avait considérablement augmenté en raison des mesures anti-immigration instaurée par l’administration Trump aux États-Unis. (Une contre-manifestation tapageuse organisée par Solidarité sans frontières a empêché les militant-e-s anti-immigration de se rendre directement au point de passage.)
  • Le 20 août 2017, à Québec, La Meute a réussi à mobiliser un large éventail de personnages d’extrême droite pour une manifestation contre « l’immigration illégale »; après avoir été confinés à un stationnement sous-terrain pendant plusieurs heures par une contre-mobilisation antifasciste déterminée, entre 200 et 300 membres et sympathisant-e-s de La Meute ont pu marcher brièvement en silence dans les rues avoisinant l’Assemblée nationale.
  • Le 30 septembre 2017, Storm Alliance a organisé sa plus grande manifestation à la frontière à ce jour, lorsqu’une centaine de personnes se sont réunies au passage frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle, où un camp (vide au moment de la manifestation) avait été érigé provisoirement pour accueillir les réfugié-e-s. À nouveau, plus d’une centaine d’antiracistes et d’antifascistes de Montréal et des collectivités frontalières avoisinantes leur ont bloqué le passage.
  • Le 25 novembre 2017, à Québec, une manifestation conjointe organisée par Storm Alliance et La Meute pour « soutenir la GRC » et dénoncer « l’immigration illégale » a attiré tous les principaux pans de l’extrême droite québécoise, y compris un contingent néofasciste; en tout, entre 300 et 400 personnes y ont participé.
  • Le 15 décembre 2017 (et ce, bien que le réseau TVA se soit préalablement rétracté), des douzaines de personnes se sont rassemblées devant une mosquée de Montréal que le réseau d’information islamophobe avait fautivement accusé de vouloir exclure des femmes d’un chantier routier adjacent à la mosquée.

Il est important de noter que toutes les mobilisations mentionnées ci-dessus comportaient des petits groupes de néofascistes ainsi que des individus clairement sympathiques au suprématisme blanc et au néonazisme.

Les manifestations nationales-populistes se sont poursuivies en 2018. Le Front patriotique du Québec a réussi à réunir une centaine de personnes le 15 avril, lors d’une manifestation contre les Libéraux, et Storm Alliance et La Meute ont continué à coopérer en organisant une manifestation conjointe à la frontière, le 19 mai, toujours contre « l’immigration illégale », et ont mobilisé pour une autre manifestation à la frontière le 3 juin, celle-là organisée par la propagandiste suprémaciste de Toronto, Faith Goldy. Il faut aussi souligner qu’en 2018, les organisations nationales-populistes ont mobilisé leurs membres à deux reprises pour se rendre à Ottawa dans le cadre de manifestations organisées par des groupes du Canada anglais :

  • Le 18 février, lors d’une manifestation organisée par la Chinese Canadian Alliance, un groupe qui semble n’avoir été formé que pour réagir à une fausse accusation ayant fait les manchettes plus tôt la même année voulant qu’un homme d’origine asiatique ait arraché le hijab d’une jeune fille à Toronto. (Notons au passage que des documents rendus publics récemment par le leadership de La Meute révèlent que le groupe a reçu 5 000 $, soit près de la moitié de son budget annuel, « des Chinois » [sic], vraisemblablement en échange de son appui à la manifestation de la Chinese Canadian Alliance sur la colline parlementaire.)
  • Le 8 décembre, lors d’une manifestation organisée par le groupe ACT! for Canada contre le Pacte mondial sur les migrations des Nations Unies; cette manifestation est notable pour la présence d’une diversité de militant-e-s d’extrême droite, dont les nationalistes blancs d’ID Canada et le politicien danois d’extrême droite, Rasmus Paludan.

Malgré ces exemples et différentes tentatives infructueuses menées par La Meute et Storm Alliance pour mettre en place des sections locales fonctionnelles à l’extérieur de la province, les activités du mouvement national-populiste québécois sont restées distinctes et généralement séparées des mouvements semblables dans le Canada anglais, sans toutefois leur être hostiles. (Selon l’évolution de la situation, il n’est pas impossible que le Parti populaire du Canada de Maxime Bernier brasse un peu les cartes, car ce parti a accueilli dans ses rangs des individus nationaux-populistes de partout au pays, ce qui les regroupe dans un cadre pancanadien commun.)

Cela dit, après une période de croissance rapide entre 2016 et 2018, le milieu national-populiste a souffert d’épuisement et de conflits internes. Sa principale organisation, La Meute, a été secouée par des crises répétées et de nombreux militants clés ont abandonné le milieu en citant des problèmes personnels ou des frustrations face à l’incapacité du mouvement à dépasser ses limites actuelles. En moins de deux ans, les deux fondateurs de La Meute (Éric Venne et Patrick Beaudry) ont quitté l’organisation ou été forcés de partir sous le coup d’accusations de malversation financière (à cet égard, on ne saura peut-être jamais s’il s’est agi de fraude ou d’incompétence). Puis, en novembre 2017, l’organisation a été visée par des révélations d’agressions sexuelles, dont plusieurs plaintes à l’endroit d’Éric Proulx, un membre du conseil de La Meute, qui a finalement été expulsé.

En juin 2019, La Meute a connu une autre crise importante, lorsque la majeure partie des dirigeants du groupe (plus de 35 sur une quarantaine, dit-on) ont démissionné en masse juste avant la Saint-Jean-Baptiste et dans la foulée d’une tentative ratée d’évincer Sylvain Brouillette, qui avait assumé le rôle de grand chef depuis l’expulsion de Beaudry en 2017. Les membres s’étaient plaints que Brouillette refusait de partager les responsabilités ou de divulguer des renseignements, malgré le fait qu’il était lui-même manifestement incapable de s’acquitter de toutes les tâches qui lui incombaient. L’un des principaux points de litige concernait le fait qu’il tardait à révéler des renseignements financiers, ce qui retardait toujours plus la création officielle de La Meute en tant qu’organisation à but non lucratif. Brouillette a réussi à reprendre le contrôle en moins d’une semaine, après quoi plusieurs de ses rivaux ont publié sur Facebook des vidéos et des photos d’eux-mêmes détruisant leurs casquettes, chandails, drapeaux et écussons de l’organisation en signe de protestation. La poussière n’est pas encore complètement retombée au moment d’écrire ces lignes, mais il semble qu’un grand nombre des membres clés de La Meute aient décidé par la suite de se joindre à Storm Alliance.

L’opposition constante des antifascistes a certainement contribué à miner ces groupes. Par exemple, lors de la dernière tentative de La Meute d’organiser une « grande » manifestation à Montréal, le 1er juillet 2018, les quelques 150 participant-e-s se sont trouvé-e-s à nouveau confiné-e-s dans un espace restreint (lors de la journée la plus chaude d’une intense canicule) par une coalition ad hoc de groupes de la gauche montréalaise. Après ce fiasco, un certain nombre de personnes ont publiquement démissionné de La Meute et celle-ci est passée à des activités beaucoup moins visibles dans la région de Montréal (comme du tractage et des prétendues « manifestations mobiles », lesquelles n’étaient en fait rien d’autre qu’une poignée d’individus conduisant des voitures arborant des pancartes mal orthographiées…). Plusieurs militant-e-s ont en effet invoqué l’opposition antifasciste pour justifier leur décision de « prendre une pause » ou de quitter définitivement l’organisation.

Le taux élevé d’épuisement parmi les nationaux-populistes et les conflits houleux au sein de leurs organisations (ponctués d’accusations de malversations, de harcèlement sexuel et d’exercice dictatorial du pouvoir) mettent en relief l’une des caractéristiques de ce mouvement. En effet, il s’agit de la toute première expérience de militantisme pour plusieurs acteurs clés. Cela explique en partie l’apparente bouffonnerie de ces groupes ainsi que certaines des erreurs (tactiques et organisationnelles) qu’ils ont commises, que leurs adversaires prennent parfois trop facilement pour de la stupidité.

Enfin, il convient de souligner qu’à l’heure actuelle, la très grande majorité des activités des groupes d’orientation national-populiste se déroule sur les médias sociaux. Bien que la dynamique de ces médias et des espaces numériques en général donne parfois une importance disproportionnée à certaines personnes et à certaines déclarations, elle n’en demeure pas moins fondamentale pour saisir le développement de ce milieu militant ainsi que l’adhésion à des croyances totalement infondées et déconnectées de la réalité. La caisse de résonnance qu’incarne notamment Facebook vient ainsi consolider et approfondir les préjugés les plus intolérants et les théories complotistes les plus délirantes. Il s’opère alors une (re)socialisation politique à peu de frais qui serait beaucoup plus laborieuse à réaliser ailleurs, dans des espaces « en personne ». Notons aussi que les médias sociaux favorisent énormément la diffusion et la normalisation des discours haineux en permettant aux gens de s’approprier le contenu et de le partager au sein de leurs réseaux comme s’il s’agissait de leur propre production plutôt que le discours officiel d’organisations militantes.

Dans ce vaste espace numérique, profitant du scepticisme croissant à l’égard de tout ce qui est « officiel » ou « mainstream », certains individus ont su se tailler une niche en tant que « journalistes indépendants ». Un certain nombre de « journaux » en ligne ont été créés qui se spécialisent dans le recyclage d’histoires sensationnalistes (et souvent carrément fausses) et de théories complotistes. Parmi ces nombreux sites de désinformation (dont certains disparaissent aussi vite qu’ils apparaissent), nommons Les Manchettes (administré par André Boies, qui a traduit et diffusé le manifeste du tueur de Christchurch le jour même du massacre) et Le Peuple. À ceux-ci viennent s’ajouter un grand nombre de vidéoblogueurs et utilisateurs Facebook qui publient régulièrement des vidéos en direct à l’intention de leurs adeptes. Parmi les plus notables, mentionnons André Pitre et Ken Pereira, qui produisent depuis peu une série de programmes examinant en détail diverses théories du complot qu’ils diffusent sur la chaîne YouTube de Pitre. (Fait à noter, Ken Pereira se porte candidat pour le Parti populaire du Canada aux élections fédérales de 2019, aux côtés de Raymond Ayas, lui-même animateur d’un média national-populiste anglophone, The Post Millenial.)

 

Les néofascistes

Parallèlement au milieu national-populiste, sans pour autant en être complètement séparé, il existe un nombre beaucoup plus restreint de personnes adhérant à une vision du monde plus étroite et rigoureuse. Puisqu’ils s’inspirent explicitement du fascisme, du nationalisme blanc, du traditionalisme catholique et, dans certains cas, du nazisme, nous appelons ces réseaux fascistes ou néofascistes.

Le mouvement néofasciste au Québec comporte deux pôles principaux.

D’une part, un certain nombre d’individus sont issus des sous-cultures de jeunes ancrées dans la violence de rue et d’autres activités criminelles ainsi que dans les activités culturelles associées à la musique « underground » ou indépendante (organisation de concerts et de partys, tournées, production de zines, etc.). L’organisation à l’échelle locale et les liens internationaux avec des individus partageant ces mêmes idées ailleurs dans le monde ont souvent été facilités, sinon modelés, par ces activités culturelles et criminelles. Au Québec, ce pôle remonte aux années 1980 et, dans les années 1990, des membres de cette sous-culture se sont régulièrement livrés à des actes de violence et d’intimidation contre la gauche et contre des personnes racisées et/ou queer, allant jusqu’au meurtre. Si à une certaine époque la scène était dominée par la culture skinhead (bonehead), il convient de mentionner que depuis plusieurs années la scène black métal et le néo-folk sont aussi des espaces culturels ciblés par les néofascistes et les suprémacistes blancs.

Bien qu’il s’agisse d’une tradition sporadique comportant plusieurs épisodes distincts, on peut affirmer que le deuxième pôle du mouvement fasciste au Québec remonte aux années 1920. Depuis les années 1980, il s’est généralement fait très discret, au point même d’opérer en secret. Ce pôle est composé d’individus qui, culturellement, se situent à plusieurs égards à l’opposé des voyous skinheads et de leur mode de vie antisocial, et qui sont amenés à soutenir le militantisme fasciste et nationaliste blanc pour des raisons intellectuelles et souvent religieuses. Cette tendance s’est organisée publiquement pour la dernière fois autour du Cercle Jeune Nation (de 1980 à 1990) et certains de ses membres ont aussi été actifs dans les cercles traditionalistes catholiques, comme la Société Saint-Pie X, alors que d’autres ont trouvé leur place dans l’aile droite du mouvement nationaliste québécois. En raison de leur position sociale plus respectable (et plus privilégiée), les individus gravitant vers ce pôle ont un réel intérêt à rester circonspects sur leurs croyances. Cela ne signifie pas pour autant qu’ils sont inactifs, loin de là.

On a pu observer un certain rapprochement entre ces deux pôles au cours des vingt dernières années. Par exemple, bien qu’Atalante et la Fédération des Québécois de souche aient toutes deux été créées par des skinheads nationalistes blancs, ni l’une ni l’autre ne se limite ou ne se confine aujourd’hui à ce milieu. De plus, ce noyau organisé peut compter sur l’appui d’un nombre important d’individus sympathiques aux idées fascistes et néonazies qui choisissent pour le moment de rester inactifs politiquement.

Parallèlement, un pôle plus explicitement néonazi s’est formé au cours des dernières années dans la région de Montréal, prenant exemple sur d’autres groupes basés principalement sur Internet, comme The Right Stuff et le Daily Stormer. La nature secrète de ces groupes (principalement organisés dans des salons de discussion privés et des forums cachés en ligne) a offert un espace confortable tant aux individus qui aspirent à créer un mouvement politique « dans la vraie vie » qu’à un certain nombre d’individus qui s’y cachent pour laisser libre cours à leur intolérance, avant que des antifascistes ne perturbent sérieusement leurs projets en 2018. Il y a fort à parier que ce noyau dur néonazi est toujours actif dans d’autres forums privés et continue de recruter parmi des jeunes adultes sympathiques à ces idées.

La formation d’un milieu national-populiste au Québec a donné l’occasion aux néofascistes de mieux se faire connaître. Tandis que certains néonazis, comme ceux de la scène Alt-Right montréalaise, se moquent des nationaux-populistes comme autant de « boomers » déconnectés et insignifiants et expriment leur volonté de s’en dissocier complètement, l’existence d’un tel milieu ouvre un espace politique et offre des occasions pratiques (comme des manifestations) où les deux courants peuvent se rencontrer et créer des liens. L’année 2017, en particulier, a été remarquable par la façon dont les néofascistes ont réussi à plusieurs reprises à revendiquer leur légitimité au sein de l’extrême droite plus large. Alors que le 4 mars, à Québec, les membres d’Atalante ont choisi de manifester à l’écart de La Meute (en la critiquant implicitement avec un slogan piqué à la gauche sur une bannière où était écrit : « Immigration : Armée de réserve du Capital »), à Montréal, des membres du groupe Alt-Right Montréal étaient au beau milieu du foutoir, auprès de La Meute et de Storm Alliance, et ont pris part à des confrontations physiques avec des contre-manifestant-e-s antifascistes. Huit mois plus tard, à Québec, Atalante et les Soldiers of Odin mettaient en scène leur propre entrée spectaculaire dans la manifestation nationale-populiste du 25 novembre, après s’être positionnés sur les remparts de l’esplanade et en surplomb d’une plus petite contre-mobilisation antiraciste. Il convient de mentionner qu’à leur entrée dans la plus grande manifestation, les néofascistes ont été chaudement applaudi-e-s par les membres de La Meute et de Storm Alliance, dont un grand nombre sont ensuite allés « aimer » leur page Facebook et les féliciter.

Les principales caractéristiques de la tendance néofasciste sont :

  • Une opposition à la démocratie et une croyance en la « loi naturelle »;
  • Une acceptation de la violence comme élément nécessaire du changement politique, doublée d’une glorification de la violence en tant que telle, comme qualité virile et guerrière;
  • Une croyance en la race et en la nation comme deux catégories fondamentales de l’existence humaine; la manière dont les différentes races et nations interagissent (dans un esprit « égaux, mais différents », dans une hiérarchie rigide, ou dans un état de guerre) peut varier;
  • Antisémites; au mieux, ils soutiennent que les Juifs ont une influence néfaste sur la nation, et au pire, ils adhèrent à la théorie du complot voulant que les Juifs forment une race sournoise et ennemie qu’il faut exterminer;
  • Unanimes dans leur homophobie et leur transphobie;
  • Islamophobes, mais avec l’indication (souvent explicite) que les musulmans sont manipulés par les Juifs (ou les « mondialistes ») pour miner et détruire la race ou la nation;
  • Très majoritairement masculins, avec une ouverture à l’égard de la misogynie politique; le féminisme est souvent décrit comme une autre manipulation juive;
  • La plupart des néofascistes du Québec sont en faveur de l’indépendance et s’opposent au Canada, qui est considéré comme une force d’occupation, bien que cette position ne soit pas partagée par tous.

Comparés aux nationaux-populistes, les néofascistes ont des liens beaucoup plus étroits avec des organisations et des réseaux américains et européens, et on peut dire qu’ils appartiennent à un mouvement politique et intellectuel international. Les membres d’Atalante, par exemple, ont des liens étroits avec le réseau « Rock Against Communism » et s’inspirent directement du mouvement néofasciste italien CasaPound, empruntant à la fois des éléments de discours (rhétorique reliant le sentiment anti-immigrant à l’anticapitalisme, etc.) et des tactiques de mobilisation (initiatives charitables exclusivement pour les citoyens « de souche », etc.). Pour sa part, la FQS publie fréquemment dans sa revue Le Harfang des entrevues avec des intellectuels de l’extérieur du Québec. Ce qui distingue les néofascistes du Québec des néofascistes d’ailleurs en Amérique du Nord, c’est la place importante qu’occupent les mouvements européens dans leur vision du monde. Par exemple, alors que l’Alt-Right aux États-Unis introduisait assez récemment certains textes de la Nouvelle droite européenne dans l’extrême droite américaine, ces idées sont connues de nombreux néofascistes québécois depuis les années 1970 et 1980.

 

Perspectives pour l’avenir

L’augmentation de l’activité des groupes et réseaux d’extrême droite au Québec au cours des dernières années est attribuable à plusieurs facteurs externes au mouvement, dont certains sont d’ordre international et d’autres propres à notre situation particulière : la « guerre contre le terrorisme », l’essor des médias sociaux, la crise financière de 2008, les échecs répétés de la gauche indépendantiste québécoise et l’élection de Trump aux États-Unis, pour n’en nommer que quelques-uns.

Nous ne nous attendons pas à ce que cette croissance ralentisse. En fait, nous croyons que l’avenir nous réserve d’autres « bonds » dans la mauvaise direction, car les crises financières et écologiques mondiales ne cessent de s’intensifier. Dans un avenir immédiat, nous prévoyons que la bifurcation de l’extrême droite décrite dans cet article se poursuivra, qu’un mouvement beaucoup plus vaste, avec un éventail de perspectives plus large, continuera de se développer, et que cette croissance profitera également à des organisations plus petites et plus rigoureuses, aux aspirations politiques plus radicales. Ces mouvements s’inscrivent dans une dynamique qui pèse directement sur l’ensemble du débat politique, normalisant certaines idées et légitimant des mesures « moins radicales »; l’élection de populistes néolibéraux un peu partout au Canada, y compris ici au Québec avec la CAQ, témoigne de cette réalité.

Le Québec n’est pas une anomalie : aujourd’hui, l’extrême droite, dans ses variantes nationales-populistes et néofascistes, a un impact concret sur l’équilibre politique du pouvoir, non seulement en Europe et en Amérique du Nord, mais aussi dans certains pays « émergents » du Sud (BRICS), où ses représentants ont été portés au pouvoir. La tâche qui nous incombe aujourd’hui est d’affronter l’extrême droite et d’apprendre à (re)construire des mouvements d’émancipation radicaux qui pourront faire des gains concrets et gagner sur ce terrain.

« You’re not tough now » : deux policiers en civil se font défoncer (vidéo)

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Août 302019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

La vidéo des événements étant malheureusement déjà en possession des flics, nous avons décidé d’en faire un petit remix.

24 août 2019. Centre-ville de Montréal. Une foule reconnait deux flics du SPVM en civil, à l’extérieur d’un bar. Basés au poste 21, situé à proximité, ils passent leur quarts de travail à harceler et à brutaliser les gens pauvres et marginalisé.es du coin. En civil, ils n’ont pas de fusil, pas de taser, pas de radio pour appeler des renforts. Voyons ce qui arrive quand ils ne peuvent se cacher derrière une insigne.

« Ce n’est pas juste une attaque contre ces policiers — c’est contre tout le système judiciaire. »

— Porte-parole du SPVM

ACAB.

Restez à l’affut.

Good Night Atalante

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Août 192019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Dans la nuit de lundi 12 aout 2019, trois membres d’Atalante Québec ont été attaqué.e.s.

Atalante est un groupuscule fasciste dont les membres ont pris part à de nombreuses agressions dans les dernières années (à commencer par l’attaque au couteau de la Coop L’Agité à Québec). Ce groupe s’inspire de CasaPound en italie et de Bastion social en france afin de tenter de faire revivre l’idéologie fasciste. Ses membres sont antisémites, homophobes, transphobes et colonialistes. Ils ne passeront pas.

Roxanne Baron et Jonathan Payeur ont eu leur jeep détruit (fenêtres brisées et du jus de moufette déversé à l’intérieur).

Jean Mecteau a eu son domicile et son tattoo shop vandalisé (grafitti NAZI SCUM et 161 (Action Antifasciste) et de la peinture noire sur sa porte et ses fenêtres).

Pourquoi eux ?

N’importe lequel des membres ou des sympathisants d’Atalante auraient pu etre visés. Cette fois ci, c’est tombé sur ces trois ordures là.

Roxanne Baron et Jonathan Payeur sont des membres des Québec Stomper, le gang de rue associé à Atalante. Jo est également un ancien skinhead antiraciste qui est passé du mauvais coté. Aujourdhui il se considere comme le sergent d’arme d’Atalante, c’est lui qui a accompagné Baptiste Gilistro et Louis Fernandez, deux jeunes recrues, lors de l’attaque du bar le Lvlop en décembre 2018.

Jean Mecteau est bassiste dans le band Légitime Violence, le groupe phare des fascistes de la province. Il est aussi propriétaire du salon de tatoo Jhan Art et il est fréquent qu’il réalise des tatoos aux références nazis ou fascistes pour ses ami.e.s.

Cette action est en solidarité avec toutes les victimes de l’extrême droite, à Québec, Hamilton, Montréal, Lyon et partout ailleurs.

Parlons de Signal

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Juil 302019
 

De Information Anti Autoritaire Toulouse et Alentours

La brochure qui suit a été initialement publiée en anglais sur le site North Shore Counter Info Je suis tombé dessus par hasard en me promenant sur les internets. Assez vite j’ai été frappé de voir à quel point l’auteur·e pointait du doigt les mêmes problèmes auxquels j’ai pu être confronté avec Signal – pour celleux qui l’ignorent encore Signal est une messagerie chiffrée utilisable depuis un smartphone ou un ordinateur, la première partie de la brochure revient plus longuement sur son origine et son usage. Ces derniers mois, la majorité de mon entourage s’est mis à utiliser Signal. L’existence de cette application m’a pas mal convaincu de posséder un smartphone, et je ne crois pas être le seul.

Visiblement en Amérique du Nord le phénomène s’est déjà produit il y a quelques années, entraînant un certain bouleversement des pratiques et des relations sociales dans les milieux autonomes. La même chose commence à arriver ici, en France, et comme l’explique l’auteur·e, il n’y a pas que du bon là-dedans. Si j’évoque l’injonction à être joignable en permanence, la surévaluation de la protection amenée par Signal, l’exclusion sociale des personnes non pourvu·e·s de Signal, les groupes où se répandent des vents de panique, etc, je suis sûr que ça parlera à beaucoup de monde. Tout ceci, et beaucoup d’autres choses sont discutées dans cette brochure, plus quelques conseils pour éviter les erreurs les plus grossières, et à minima inciter chacun·e à questionner et discuter son usage de Signal.

N’étant pas vraiment bilingue, quelques erreurs de traductions se sont sûrement glissées à quelques endroits, notamment lorsqu’il s’agissait de retranscrire de l’argot. Le texte original ayant été écrit depuis le Canada anglophone les références ne collent pas toujours avec la France, surtout lorsque sont évoqués des textes de lois. J’ai fait le choix modifier le texte à la marge, en ajoutant parfois des notes propres au contexte français.

Brochure format A4

Brochure format livret A5

Olympia, Washington : Nous sommes le feu qui fera fondre l’ICE, Rest In Power Will Van Spronsen

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Juil 142019
 

De Puget Sound Anarchists

Tôt ce matin vers 4 heures, notre ami et camarade Will Van Spronsen a été tué par balle par la police de Tacoma. Tout ce que nous savons sur le déroulement des évènements vient des flics, qui sont des sources notoirement corrompues et peu fiables pour un tel récit. Ce que nous savons c’est que Will a tenté de mettre le feu à plusieurs véhicules, dépendances et un réservoir de propane à l’extérieur du centre de détention Nord-Ouest de Tacoma, qui abrite des centaines d’immigrés en attente d’audience ou de déportation. Il a réussi à mettre le feu à un véhicule, puis à échanger des coups de feu avec des policiers de Tacoma qui l’ont abattu. Il a été déclaré mort sur les lieux. Nous trouvons ses actions inspirantes. Les véhicules situés à l’extérieur du centre de détention sont utilisés pour évacuer de force des personnes de chez elles et les déporter, souvent dans des situations où elles risquent de subir un danger grave ou la mort. Ces véhicules détruits ne sont que le début de ce qui est nécessaire. Nous aurions souhaité que les incendies débutés par Will aient libéré tous les détenus et rasé tout le centre de détention du Nord-Ouest. Notre ami nous manque et nous souhaitons du fond du cœur que son action ne s’arrête pas avec sa mort.

Will Van Spronsen était un anarchiste de longue date, un antifasciste et une personne aimante et gentille. Ici à Olympia, certains d’entre nous se souviennent de lui comme d’un habile constructeur de structures en bâche lors du campement Occupy en 2011. D’autres se souviennent de lui lors des manifestations à l’extérieur du centre de détention l’été dernier, où il était accusé d’avoir étranglé un policier entourant ses bras autour du cou et des épaules d’un officier qui tentait d’arrêter un manifestant âgé de 17 ans. Dès le lendemain de sa sortie de prison, il est immédiatement retourné au campement situé à l’extérieur du centre pour soutenir les autres manifestants. On se souvient également de lui comme d’un auditeur patient et réfléchi, toujours à l’écoute des gens.

Nous sommes endeuillés, inspirés et enragés par ce qui s’est passé tôt ce matin. L’ICE [police de l’immigration] emprisonne, torture et déporte des centaines de milliers de personnes et la brutalité et l’ampleur de leurs dommages ne font qu’augmenter. Nous avons besoin de toutes les formes de résistance, de solidarité et de passion pour lutter contre l’ICE et les frontières qu’ils défendent. Will a donné sa vie en combattant l’ICE, nous ne saurons peut-être jamais ce qui lui passait par la tête au cours des dernières heures de sa vie, mais nous savons que le centre de détention doit être détruit et les prisonniers libérés. Nous n’avons pas besoin de héros, seulement d’amis et de camarades. Will était simplement un être humain et nous souhaitons qu’il soit toujours avec nous. Il ne fait pas de doute que les flics et les médias essaieront de le décrire comme un monstre, mais c’est en réalité un camarade qui s’est battu pendant de nombreuses années pour défendre ses convictions, et ce matin, il a été tué en faisant ce qu’il aimait: se battre pour un monde meilleur.

Ce soir, vers 20 heures, une trentaine d’anarchistes se sont réunis au terminus de Percival à Olympia dans le Washington pour commémorer Will Van Spronsen et s’opposer à l’ICE. Nous avons brandi des fusées éclairantes et des banderoles sur lesquelles étaient inscrits «Rest In Power Will Van Spronsen», «Abolissons l’ICE», «RIP Will», «Feu aux prisons» et «Stop à la déportation et à l’incarcération». Nous avons partagé des histoires et des souvenirs de Will, ri, et pleuré. Certaines personnes sont partis de leur côté dans le centre-ville et ont collé des autocollants «Immigrants Welcome», tandis que d’autres ont circulé en véhicules avec une banderole «Rest in Power Will» à l’arrière d’un camion.

Puisse son souvenir être une bénédiction

De l’amour pour celleux qui se battent encore.

Attribution du contrat d’entrepreneur général pour la construction de la prison pour migrant-e-s

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Juil 112019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Il y a trois ans, l’État canadien investissait 138 millions de dollars pour élargir son système de détention des migrant-e-s, dont notamment le projet d’une nouvelle prison pour migrant-e-s à Laval. Depuis lors, une lutte multiforme s’est engagée pour arrêter la construction de cette prison. On a constamment rappelé à des entreprises comme Lemay, Loiselle et Englobe que quiconque choisit de s’impliquer dans ce projet peut s’attendre à des retards importants à chaque étape du projet.

Il y a deux ans, les bureaux d’architecture et d’ingénierie Lemay et Groupe A ont obtenu les premiers contrats pour la conception de la nouvelle prison. En janvier de cette année, un contrat d’entrepreneur général a été ouvert aux soumissions. Tout comme les architectes et les ingénieurs, l’entrepreneur général sera étroitement associé à toutes les étapes de la construction. De concert avec un certain nombre de sous-traitants dont on n’a pas encore révélé les noms, l’entrepreneur général entreprendra directement la construction d’installations destinées à enfermer les migrant-e-s.

Il y a un peu plus d’une semaine, l’ASFC a attribué dans la plus grande discrétion le contrat d’entrepreneur général à une entreprise basée à Val David : Tisseur Inc. Il s’agit d’une entreprise de construction qui a déjà construit des écoles et des ponts et, avec 50 millions de dollars, c’est de loin le plus gros contrat qu’elle ait reçu à ce jour. Ils ont déjà mis en ligne plus d’une dizaine d’offres d’emploi depuis la signature de ce contrat.

Tout comme Lemay, Tisseur veut se présenter comme une entreprise “socialement responsable”. Leur site Web se vante de leurs projets de construction écologique et met en évidence leur code d’éthique. Mais tout comme Lemay et d’autres, Tisseur est impatient de profiter de la misère et de la violence que l’État canadien inflige aux migrant-e-s. Qu’ils ne s’attendent pas à le faire sans que ça se sache.

Tisseur peuvent bien s’imaginer qu’en décrochant un projet gouvernemental d’une telle envergure, ils font leur grande percée, mais l’histoire récente d’entreprises comme Lemay, Loiselle et Englobe suggère que cela pourrait plutôt être le début de tribulations coûteuses.

Fuck les frontières. Fuck les prisons. Fuck tous ceux qui en profitent et qui les font exister.

À très bientôt.

Rester libre, c’est se battre ! Solidarité avec Cedar

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Juil 112019
 

Soumission anonyme à North Shore Counter-Info

Discours prononcé à la Manif en solidarité avec Cedar et pour l’abandon de toutes les accusations contre les défenseur.ses de Pride, tenue à Montréal le 28 juin.

Bonsoir tout le monde,

Merci d’être venu.es! Il est un grand plaisir de vous voir en grand nombre pour prendre la rue ensemble. Pour démontrer notre solidarité avec les accusées de Fierté Hamilton et notre amie Cedar qui reste en prison.

On est ici aujourd’hui, sur la terre ancestrale des peuples autochtones Anishnabeg et Haudonousanee, plus précisement la terre qui n’a jamais été cédée de la nation Kanien’kehà:ka pour manifester notre rage queer et trans suite aux événements de la semaine passée. Le mécanisme colonial qui a volé cette terre pour construire le ‘Montreal’ a aussi ciblé le terrain culturel du genre et de sexualité pendant des centaines d’années. Même si toutes nos identités sont différentes, les notions ou concepts de queer ou gai ou trans que les personnes non autochtones utilisent sont construites en réaction aux et à partir des cultures blanches, chrétiennes, coloniales et capitalistes. Que le tissu et la fibre de ces mots, certes imparfaits, ne sont pas nouveaux, et ils rendent hommage aux personnes qui, grâce à leur existence naturelle, ont toujours mis en question le projet hetérocolonial. On reconnait que de nombreuses cultures autochtones respectaient plus que deux genres et sexualités, souvent célébrant leurs membres de communauté qui étaient de deux-esprits. Il y a 500 ans que le projet colonial de l’État continue d’attaquer ces personnes, de les éteindre ou de les assimiler. La souveraineté autochtone de la terre est inespérable de la souveraineté autochtone corporelle, sexuelle et de genre. Nous honorons les combattants qui se luttent pour le rétablissement de diversité sexuelle et la fluidité de genre dans leurs cultures et notre lutte queer est aussi une lutte anticoloniale.

Le 15 juin 2019, un festival de Fierté de la communauté queer et transgenre de Hamilton, “Ontario” a été attaqué par un groupe de homophobes de l’extrême droite, de fondamentalistes chrétiens et de néo-nazis. Comme ils ont fait en 2018, ils sont arrivés avec de grandes pancartes et des bannières homophobes, commençant immédiatement de lancer des insultes et des injures. Ils ont agressivement harcelé les individus au festival Fierté, faisant des blagues sur le viol et menaçant la violence physique. Afin de bloquer ces bigots et de protéger la communauté, une grande bannière noire a été érigée par quelques queers. Les homophobes n’ont pas aimé ça, et ils ont attaqué ces personnes. Ils ont commencé une bagarre, mais les personnes gaies, trans, et antifascistes qui ont refusé de permettre la présence de ces cons ont fièrement riposté. Certain.e.s ami.e.s ont été blessé.e.s et ont eu besoin des premiers soins. La police de Hamilton n’a rien fait pendant le conflit d’une heure et ils se sont présentés quand il n’y avait plus rien à faire. Les homophobes ont accueilli l’escorte policière pour quitter le parc. Malheureusement, ils ont harcelé et chassé d’autres queers dans le quartier plus tard dans la journée et la semaine après ils ont attaqué d’autres gens à Fierté Toronto.

Après ces événements, la police de Hamilton ont senti menacée – les communautés qui se sentent autonomisées et capables d’utiliser de la force pour se défendre affaiblit l’autorité de la police. Par conséquent, les policiers ont focalisé toute leur énergie sur la poursuite de certaines personnes queers, trans et anarchistes de la ville, les harcelant toute cette semaine comme punition. Samedi le 22 juin la police a mis en prison Cedar, un.e ami.e qui n’a pas été au festival, mais qui la police veut cibler parce que Cedar a publiquement critiqué leurs actions. Ille a été en grève de la faim pendant 5 jours afin de protester contre cette mesure vengeresse et ille reste présentement encore en prison. Il se peut qu’il aille prendre des semaines avant que Cedar puisse avoir une audience de libération conditionnelle. Plus tard dans la semaine deux autres ami.e.s ont été arrêté.e.s et accusé.e.s de bris de probation basé sur un soupçon d’avoir été au festival. Aucun de ces homophobes n’avait été initialement accusé par la police ou appréhendé à l’événement, malgré la circulation majeure de leurs visages, leurs noms et des vidéos de leurs actions violentes, jusqu’à hier quand la pression publique a obligé la police à charger Chistopher Vanderweide avec agression armée. Le maire de Hamilton a reçu une petite visite ce matin – vingt personnes ont visité sa maison à 7h le matin pour lui faire comprendre ce que c’est une visite de la police le matin et comment ça peut être dérangeant. Ils ont placé beaucoup de pancartes sur son gazon qui disaient : Le maire s’en fou des queers. La réaction du maire? Il a publiquement annoncé que ces manifestants ne sont pas des vraies queers et il a appelé pour une enquête. Conséquemment la police a arrêté DEUX AUTRES AMIS cette après-midi. Nous opposons au système carcéral et colonial de l’État, mais la répression unilatérale dirigée premièrement vers ceux et celles que la police soupçonne d’être les défendeurs de Fierté est révélateur une fois encore de leur position et leur objectif : protéger les personnes racistes, homophobes et misogynes.

Le concept de “queer” peut comprendre notre sexualité ou notre genre, mais pour nous il veut dire beaucoup plus que ça. Il est un territoire de tension qu’il faut défendre. On est en solidarité avec Cedar et les personnes accusées en connexion avec cet événement, aussi bien que toute personne gaie ou trans qui est en prison pour une contre-attaque. On sait que les queers de hier se sont courageusement battues pour notre existence, contre les homophobes et les néonazis aussi bien que contre la police. On se souvient du 28 juin 1969, la Rébellion de Stonewall à New-York, à son 50e anniversaire aujourd’hui – comme étant une émeute de quatre jours contre la police mené en grande partie par des personnes trans de couleur. Elle a été une rébellion à la fois trans et queer parce que, dans les mots de Queen Allyson Ann Allante, une participante de 14 ans en 1969, « Il a été la première fois que les deux groupes se sont réunies pour lutter contre l’oppresseur et il a établi un bon précédent pour l’avenir. Il a été un événement marquant parce que les deux communautés étaient unies pour combattre l’oppresseur, qui était la police et la mafia, qui ont contrôlé les clubs gais. » Quand on se souvient des briques volantes et talons hauts dans l’air découlant de l’explosion de rage gaie et trans, il faut se souvenir que le militarisme gai qui a été inauguré ces jours là –  donnant naissance à la Fierté que nous connaissons aujourd’hui – a essayé de faire taire et isoler les personnes transsexuelles, transgenres de couleur afin de favoriser un discours plutôt blanc, gai et cisgenre. On voit encore cette tendance 50 ans plus tard et on sait que nos communautés ont beaucoup de travail à fare pour resister le misogyne trans et le racism. Il est primordial que nous luttions les unes pour les autres, contre nos oppresseurs commun, épaule à épaule. N’oublions pas que Montréal n’était pas épargnée des descentes policières ; notons celle du bar Truxx en 1977 durant laquelle 143 personnes ont été arrêtées et accusées ou encore celle de la soirée Sex Garage en 1990, le « Stonewall québécois », où plus de 400 personnes se feront violemment charger par le SPVM et ses matraques, commençant un conflit de 36 heures. On sait que les personnes gaies et trans qui sont sans abris ou travailleur/se de sexe font face à la répression policière de jour en jour. La seule raison que le village gai est ici – dans l’est du centre-ville est parce que, avant l’Exposition ’67  et les jeux olympiques de 1976 le SPVM a mené une campagne pour nettoyer la ville – attaquant et arrêtant les queers dans les bars. On sait aussi que dans le monde les personnes gaies et trans, surtout celles qui sont racialisées, sont attaquées, criminalisées, incarcérées et même assassinées de manière disproportionnelle. Les attaques de haine américaine transphobe ont triplé pendant les derniers 5 ans. Hier, une autre personne trans a été tuée – Brooklyn Lindsey –  le 11e femme trans noire tuée cette année aux États-Unies – a été trouvé à Kansas City. On se souvient de Sisi Thibert qui a été tué à Pointe St. Charles en 2017. Cette douleur et cette rage reste toujours avec nous. Notre autodéfense est nécessaire pour assurer notre existence. Les groupes marginalisés s’organisent activement et présentement et ils se défendent. Le groupe de l’extrême droite à Hamilton n’est pas si différent des groupes ici au Québec, qui se trouvent face à une résistance féroce. Les personnes queers, comme à Hamilton et maintes fois auparavant, se réunissent pour se soutenir, se nourrir, s’appuyer et se défendre. On veut mettre fin à la domination dans toutes ses formes entrelacée et on sait que Personne n’est libre avant que tout le monde soit libre. L’autodéfense et toujours légitime. Ce soir on va danser, prendre beaucoup d’espace, circuler le mot, être beau et belle et révoltante – pour exprimer notre amour et rage queer pour les attaques fucked-up à Hamilton et la répression policière. On sait que on est fort et forte ensemble, et on va le montrer. On est ici pour dire :

Liberté pour Cedar! Abandonnez toutes les charges retenues contre les défenseur.es de Fierté!

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Une guerre contre les queers

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Juil 022019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Depuis quelques semaines, l’État renouvelle encore une fois sa guerre contre les queers. Quelques jours avant l’arrestation de Cedar par la police de Hamilton, la police de la ville de Québec s’est vantée en ligne d’avoir utilisé des flics en civil afin de piéger onze hommes queers qui draguaient de façon consensuelle. Ces attaques ciblées ne seront pas tolérées. Nique la police.

Solidarité avec Cedar et avec tou.te.s les queers faisant face à la répression.

Après Amherst, au tour de Macdonald! La statue de Macdonald est à nouveau vandalisée

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Juin 282019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Pour la huitième fois au moins, et ce, en moins de deux ans, le monument à connotation raciste et colonial de John A. Macdonald à Montréal (1895) a été vandalisé par des artistes anticoloniaux.

C’est entre les deux fêtes nationalistes au Québec, soit la Saint-Jean-Baptiste le 24 juin et la fête du Canada le 1er juillet, que le groupe #MacdonaldMustFall de Montréal a de nouveau ciblé la statue controversée, cette fois-ci peinturée en bleu, dans le but de laisser un message anticolonial clair.

Depuis la dernière cible du monument Macdonald en mai 2019, la rue Amherst à Montréal a été officiellement renommée la rue Atateken. Atateken signifie « frères et sœurs » et l’égalité entre les peuples en Kanien‘kehá:ka (Mohawk).

James Amherst, un général britannique, a fait la promotion et a été actif dans le contexte du génocide des peuples autochtones. Si son nom de rue peut être remplacé, le monument John A. Macdonald peut également être retiré de l’espace public et être placé dans des archives ou des musées. L’espace public devrait plutôt célébrer les luttes collectives pour la justice et la libération et non pas la suprématie blanche et le génocide.

Tel que mentioné dans les communiqués précédents, le groupe #MacdonaldMustFall à Montréal rappelle aux médias et au public que John A. Macdonald était un suprémaciste blanc. Il a directement contribué au génocide des peuples autochtones avec la création du système brutal des pensionnats ainsi que d’autres mesures destinées à détruire les cultures et les traditions autochtones. Il était raciste et hostile envers les groupes minoritaires non blancs au Canada, promouvant ouvertement la préservation d’un Canada dit «aryen». Il a adopté des lois pour exclure les personnes d’origine chinoise et il a également été responsable de la pendaison du martyr Métis Louis Riel.

Contact: MacdonaldMustFallMontreal@protonmail.com

Solidarité avec les défenseur.es de fiérté, liberté pour Cedar!

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Juin 272019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le 15 juin 2019, un festival de Fierté de la communauté queer et transgenre de Hamilton, “Ontario” a été attaqué par un groupe de homophobes de l’extrême droite, de fondamentalistes chrétiens et de néo-nazis. Comme ils ont fait en 2018, ils sont arrivés avec de grandes pancartes et des bannières homophobes, commençant immédiatement de lancer des insults et des injures. Ils ont agressivement harcelé les individus au festival Fierté, faisant des blagues sur le viol et menançant la violence physique. Afin de bloquer ces bigots et de protéger la communauté, une grande bannière noire a été érigiée par quelques queers. Les homophobes n’ont pas aimé ça, et ils ont attaqué ces personnes. Ils ont commencé une bagarre, mais les personnes gaies, trans, et antifascistes qui ont refusé de permettre la présence de ces cons ont fièrement riposté. Certain.e.s ami.e.s ont été blessé.e.s et ont eu besoin des premiers soins. La police de Hamilton n’a rien fait pendant le conflit d’une heure et ils se sont presentés quand il n’y avait plus rien à faire. Les homophobes ont accueilli l’escort policière pour quitter le parc. Malheureusement, ils ont harcelé et chassé d’autres queers dans le quartier plus tard dans la journée et la semaine après ils ont attaqué d’autres gens à Fierté Toronto.

Après ces événements, la police de Hamilton ont senti menacée – les communautés qui se sentent autonomisées et capables d’utiliser de la force pour se défendre affaiblit l’autorité de la police. Par conséquent, les policiers ont focalisé toute leur énergie sur la poursuite de certaines personnes queers, trans et anarchistes de la ville, les harcelant toute cette semaine comme punition. Samedi le 22 juin la police a mis en prison Cedar, un.e ami.e qui n’a pas été au festival, mais qui la police veut cibler parce que Cedar a publiquement critiqué leurs actions. Ille a été en grève de la faim pendant 5 jours afin de protester contre cette mesure vengeresse et ille reste présentement encore en prison. Il se peut qu’il aille prendre des semaines avant que Cedar puisse avoir une audience de libération conditionnelle. Plus tard dans la semaine deux autres ami.e.s ont été arrêté.e.s et accusé.e.s de bris de probation basé sur un soupçon d’avoir été au festival. Aucun de ces homophobes n’avait été initialement accusé par la police ou appréhendé à l’événement, malgré la circulation majeure de leurs visages, leurs noms et des vidéos de leurs actions violentes, jusqu’à hier quand la pression publique a obligé la police à charger Chistopher Vanderweide avec aggression armée. Nous opposons au système carcérel et colonial de l’État, mais la repression unilatérale dirigée premièrement vers ceux et celles que la police soupçonnent d’être les défendeurs de Fierté est revelateur une fois encore de leur position et leur objectif : proteger les personnes racistes, homophobes et misogynes.

Le concept de “queer” peut comprendre notre sexualité ou notre genre, mais pour nous il veut dire beaucoup plus que ça. Il est une territoire de tension qu’il faut défendre. On est en solidarité avec Cedar et les personnes accussées en connection avec cet événement, aussi bien que toute personne gaie ou trans qui est en prison pour une contre-attaque. On sait que les queers de hier se sont courageusement battues pour notre existence, contre les homophobes et les néonazis aussi bien que contre la police. On se souvient de la Rebellion de Stonewall comme étant une émeute de quatre jours contre la police et l’explosion de la rage gaie et trans qui a donné naissance aux mouvements de liberation à venir. On sait que les personnes gaies et trans qui sont sans abris ou travailleur/se de sexe font face à la repression policière de jour en jour aussi bien que les personnes gaies et trans, surtout celles qui sont racialisées, sont attaquées, criminalisées, incarcérées et même assassinées de manière disproportionnelle. Notre défense est nécessaire pour assurer notre existence. Personne n’est libre avant que tout le monde soit libre.

Liberté pour Cedar! Abandonnez toutes les charges retenues contre les défenseur.es de Fierté!
Le contexte en anglais:
https://north-shore.info/2019/06/19/hamilton-pride-2019-reportback/
https://north-shore.info/2019/06/22/this-is-why-you-werent-invited-hamilton-police-target-queers-fighting-back/
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N’appelle pas les flics!

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Juin 222019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Tôt le matin du lundi 10 juin, la police de Montréal a tiré sur un homme. Un voisin avait une crise. Plutôt que de faire quelque chose d’utile, les flics l’ont harcelé pendant des heures. Leurs armes étaient pointés vers sa tête. Ils lui ont finalement tiré dans la jambe à travers la porte de son propre appartement tôt lundi matin. Dimanche le 17 juin, des anarchistes du quartier St-Henri à Montréal ont collé des affiches rappelant au quartier d’y penser à deux fois avant d’appeler la police.

St-Henri est actuellement dans un processus d’embourgeoisement rapide et brutal. L’embourgeoisement va de paire avec le nettoyage sociale. Cela signifie les arrestations et les relocalisations de personnes ayant des troubles de santé mentale, de pauvres, d’utilisateur.trice.s de drogue, de travailleur.euse.s du sexe et de tous.tes celleux d’entre-nous qui essaient de s’en sortir dans un monde cruel. Un façon de résister au poliçage et à l’embourgeoisement de notre quartier est d’arrêter d’appeler les osti de flics. On a fait des affiches qui nomment toutes les personnes non-armées ayant été tuées par le SPVM depuis les dernières années, parce que c’est sérieux. Les flics escaladeront toujours la situation. Nous ne pouvons pas leur faire confiance. Bâtissons plutôt des relations de confiance entre voisins : rendons la police inutile! SVP téléchargez et partager ces affiches — faites savoir à vos voisins que LES FLICS TUENT et partagez des alternatives à appeler la police pour que plus personne n’ait le sang de leur voisin sur les mains.

À imprimer (11 x 17″)

Douze alternatives (en anglais)

11 juin : La voiture du vice-président de Lemay brûlée

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Juin 182019
 

 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Sur la journée de solidarité avec les prisonnier-e-s anarchistes de longues peines, le BMW appartenant à André Cardinal, stationné devant chez lui à NDG, a été mis en feu. André Cardinal est vice-président de Lemay, la compagnie d’architecture responsable du design de la prison pour migrant-e-s à Laval.

Que le feu brille en hommage à tout ce que le monde de prisons et de frontières nous a volé.

De semences contre la nouvelle prison migrante de Laval

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Juin 122019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Ce n’est plus un secret pour personne : l’État canadien a décidé d’investir plus de 56 M$ de dollars pour enfermer des centaines de personnes dans sa toute nouvelle prison migrante en cours de construction à Laval. Le 7 juin dernier nous avons décidé de nous réapproprié ce lieu de souffrance et de deuil afin d’en faire une terre d’espoir et de vie.

Grâce à un don de semences biologiques d’une coopérative agricole québécoise, nous avons semé 490 kg de l’avoine, des pois et des fèves sur les 23 700 mètres carrés du site de construction. Nous espérons ainsi poursuivre les efforts qui sont actuellement déployés par d’autres membres de la communauté. Nous désirons également inspirer d’autres actions visant à bloquer la construction de cet édifice et encourager à la réappropriation collective de ce lieu pour les fins communautaires. Ni prisons, ni frontières !

Rappelons quelques éléments :

En 2017, le Canada détenait près de six milles personnes migrantes, dont 162 mineur·e·s, dans différents types d’institutions carcérales.

La construction de la nouvelle prison à Laval fait parti d’un investissement de 138 M$ de dollars annoncé en 2016 par le gouvernement fédéral dans le cadre du nouveau Cadre national de détention liée à l’immigration (CNDLI). De ce montant, 122 M$ serviront à la construction de prisons pour migrant·e·s. À l’heure actuelle, les firmes québécoises Lemay et Groupe A ont signés des contrats d’une valeur de 5 M$ pour construire la prison de Laval. Le nom de l’entrepreneur général sera annoncé prochainement.

Véritable coup de marketing social, le CNDLI a été élaboré afin de déplacer la discussion sur la légitimité même de la détention de personnes migrantes vers les conditions de détention. Ainsi, le gouvernement fédéral se targue de construire une prison qui n’a pas l’air d’une prison.

Les personnes détenues vivent généralement plusieurs violences physiques et psychologiques aux mains des agent·e·s de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC). Depuis 2000, au moins seize personnes sont mortes alors qu’elles étaient détenues par l’ASFC.

Pourquoi nous nous opposons cette prison ?

La machinerie étatique canadienne est depuis longtemps au service d’élites économiques dont le seul objectif est, avec la complicité des gouvernements, d’exploiter les ressources des peuples autochtones d’ici et des pays du Sud jusqu’à l’épuisement de toute forme de vie et de richesse. Nul n’est sans savoir aujourd’hui les violences (meurtres, viols collectifs, évictions forcées, etc) et les ingérences politiques dont sont accusées les compagnies canadiennes (Barrick Gold, Goldcorp, Pacific Rim, SNC Lavalin, etc.) en Afrique, au Moyen-Orient, et en Amérique du Sud. Le colonialisme d’hier a fait place à une nouvelle forme de contrôle des corps et des richesses des pays du Sud, celle d’un capitalisme et d’un néolibéralisme débridés qui nous conduit tout droit vers un cataclysme humain et écologique.

Parallèlement, au Nord, les gouvernements favorisent une vision de l’immigration utilitariste où les immigrant·e·s sont uniquement de la main-d’oeuvre bon marché, remplaçable et temporaire. Or, cette main-d’oeuvre immigrante est constituée, rappelons-le, en raison de désastres écologiques (désertification, déforestation, contamination des eaux et de l’air par des polluants, inondations de terre, etc.), de crises économiques et politiques, de famines, de guerres, bref du dérèglement complet de la planète – résultat, disons-le franchement, de la rapacité d’un groupuscule de compagnies et de leurs dirigeant·e·s qui « structurent » l’ordre mondial.

Dans ce contexte, la prison, avec tout ce qu’elle porte en elle de déshumanisant et de mortifère, apparaît comme une stratégie mondiale des pays occidentaux. Leur objectif est double : d’abord, poursuivre un programme économique caractérisé par la spoliation et la capitalisation à outrance par le secteur privé de ressources là où il en reste; ensuite, l’établissement de zones extrajudiciaires dans lesquelles confinées des individus jugés « jetables » ou trop encombrants.

L’investissement de millions de dollars dans la construction de prisons pour migrant·e·s n’est donc pas fortuite, mais répond à des exigences strictement économiques. Il est aussi l’héritage de plusieurs décennies de politiques racistes, xénophobes et coloniales.

En somme, notre opposition à la détention des personnes migrantes s’inscrit donc dans les luttes contre l’impérialisme et le colonialisme.

— Le Collectif Lève-toi contre les prisons et les frontières

Plus d’information :
www.stopponslaprison.org
www.solidarityacrossborders.org/fr/background-immigration-detention-in-canada-and-the-new-refugee-prison-in-laval
https://mtlcounterinfo.org/info-on-the-laval-immigration-detention-centre/
www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/503523/un-nouveau-centre-construit-a-laval-pour-maintenir-la-detention-des-immigrants
https://ici.radio-canada.ca/amp/1176138/centre-surveillance-immigration-englobe-opposants-vandalisme-vehicule

Déclaration à signer contre la nouvelle prison :
http://www.solidarityacrossborders.org/fr/no-to-a-new-prison-for-refugees-and-migrants-in-laval

Une belle manière de passer la soirée

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Mai 302019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Il y a quelques nuits, nous sommes tombées sur un véhicule de la compagnie Englobe. Englobe est une compagnie d’ingénierie de l’environnement qui a reçu le contrat pour effectuer l’évaluation du site de la future prison pour migrants de Laval. Nous avons détruit son pare-brise, lacéré chacun de ses pneus et taggé sur son flanc “No Migrant Prison”. C’était une manière spontanée et plutôt facile d’exprimer notre colère contre ceux et celles qui sont impliqué-es dans la construction de cette prison. Nous espérons que ça aura empêché au moins un-e travailleur-euse à se rendre au travail le lendemain.

C’était peut-être un petit geste, mais il était facile à faire. Les voitures de ces compagnies sont partout. Fuck toutes les prisons et tous-tes ceux et celles impliqué-es dans leur construction.

Retour sur le Premier mai contre les frontières à Montréal

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Mai 142019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le premier mai 2019 à Montréal, il y a eu 4 manifestations à des moments et endroits différents dans la ville. La CLAC (Convergence des Luttes Anti-Capitalistes) a appelé à sa manifestation anticapitaliste annuelle sous le thème “Sans frontières”. Ce thème s’inscrit dans le cadre de la montée de l’extrême droite au Québec et plus précisément du projet de nouvelle prison pour migrant.es à Laval.

Peu après le départ, des centaines de manifestant.es se dirigeant sur Atwater vers St-Henri, un black bloc se forma à l’arrière de la manif, protégé par une bannière sur laquelle était écrit “All Bosses are Bastards”. Des clôtures de construction, des pylones et d’autres matériaux de construction ont été mis dans la rue, permettant de créer une distance entre la manif et les flics qui suivaient. Des tracts avaient d’ailleurs été passés au point de rassemblement, encourageant les gens à prendre les deux côté de la rue et le trottoir afin d’empêcher les flics d’encercler la manif à partir du trottoir. Pis ça a super bien fonctionné, y’a aucun cops qui ont réussi à se positionner.

La manif a tourné vers l’ouest sur Notre-Dame et ensuite vers le nord sur Greene, se dirigeant vers les bureaux de Lemay, une compagnie d’architecture produisant les plans pour la prison pour migrants. Alors que la manif s’approchait du bâtiment, une poubelle a été mise en feu et poussée vers les flics en vélo qui suivaient, permettant de créer une distance qui a permis de poser les gestes à venir. Des gens ont attaqué l’édifice de Lemay, brisant les grandes vitres de devant et du côté du batiment avec des pierres, des balles de billard et des bêliers improvisés. Des graffitis ont aussi recouverts deux facades du bâtiment. Des tracts ont ete distribués pour expliquer le rôle de Lemay dans la construction de la prison pour migrant.es.

Les flics anti-émeute se sont deployés, trop tard, devant les bureaux de Lemay, où ils ont été acceuillis avec des jets de pierres. Ils ont répondu à l’escalade de la tension avec des tirs de lacrymos, faisant dévier la manifestation de la rue Saint-Jacques vers le nord. Même si le cortège a été divisé et quelques personnes isolées a cause des gaz, deux grands groupes se sont retrouvés quelques instants plus tard sur Saint-Antoine, une artère majeure qui mène a l’autoroute : échec de la tentative de dispersion! Le groupe motivé, qui se freyait une chemin contre le traffic a trainé les poubelles et bacs de recyclage dans la rue, en en allumant quelques uns. Même si le groupe était de moins en moins grand, un nombre considérable a continué vers l’est sur Notre-Dame, laissant quelques graffitis sur son chemin et se défendant en tirant des feux d’artifice dans la face des flics, permettant de donner l’espace suffisant à ce que la manif continue.

Ce premier mai à donc marqué une grande amélioration par rapport à l’année dernière, où la confrontation entre les polices marchant sur le trottoir et le black bloc à la tête de la manifestation avait éclaté après seulement deux minutes, isolant le bloc du reste de la manifestation. Depuis cette confrontation, les flics ont constamment gardé leur distance dans les grandes manifestations, témoignant du succès d’une culture de manif combative. Ceci étant, ils s’ajustent maintenant en réagissant de manière très offensive dès les premières attaques. Il nous faudra continuer de répondre à ce changement de stratégie.

Cette année, la répartition de différent groupes anonymes et des bandes avec une volonté de confrontation dispersées au travers de la manif a permis de prévenir l’isolation du bloc du reste de la manifestation. Ça a aussi aider à nuire aux tentatives des disperstions. Avoir, à divers endroits dans la manif, différents groupes de personnes prêtes à rester ensemble malgré les gaz et les charges signifie que beaucoup d’autres peuvent gagner la confiance nécessaire à la reproduction de ces gestes. L’expérience de cette année, avec les regroupements par la suite et la continuation de la manif même après avoir attaqué Lemay en est une preuve excellente!

***Nous avons aussi remarqué cette année que beaucoup de monde dans la manif avaient des caméras ou filmaient avec leur cellulaire. Filmer et prendre des photos met les gens en danger, que ça soit fait par des médias de masse ou pas. Même si vous ne voulez pas donner vos images aux flics, ou que vous avez l’intention de brouiller les visages du monde avant de partager les photos, il demeure le risque que vous soyez arrêté et que votre stock incrimine des gens. Pour simple rappel : ne filmez pas les visages dans les manifs, et ne soyez pas surpris si vous vous faites tasser des manifs parce que vous le faites.

Le succès de l’attaque contre Lemay est un développement excitant dans le cadre de la lutte contre la prison pour migrant.es. Lemay avait déjà été attaqué plusieurs fois dans les dernières années : ses projets de condos ont été défoncés, des criquets ont été mis dans leur siège social pis leurs serrures ont aussi été brisées. Mais ces attaques n’ont pas été aussi publique que pendant cette manif. Et on imagine qu’elles impliquaient un nombre plus petit de personnes. On a vraiment été touché par la force et la solidité des centaines de personnes qui se sont tenues et sont restées ensemble pendant que cette firme d’architecture dégeulasse se faisait démolir en pleine journée. C’est le genre de force collective et de détermination qui sera à notre avis nécessaire dans la suite de la lutte contre la prison pour migrants qui continuera de se dérouler dans les prochains mois.

Longue vie aux manifs incontrôlables ! Longue vie à la lutte contre les prisons pour migrant.es !

Détruisons les prisons, débordons les frontières !

Fuck Lemay, bon premier mai à tout le monde !

Pour une Nuit de la Terre (à chaque nuit) : les pneus de 40 voitures crevés sur l’île de Montréal

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Avr 232019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le Jour de la Terre, 2019 : des inondations se répandent à travers le sud de la province, la police fédérale protège les pétrolières contre les défenseurs de la terre autochtones d’un océan à l’autre du soi-disant Canada, les réfugié.es du climat se font contrôler avec des fusils sur la tempe par les milices d’extrême-droite en Arizona, 150 espèces s’éteindent à chaque jour alors que les gens se préparent dans divers endroits dans le monde à affronter les records de feux de forêts, d’ouragans et de typhons. Pendant ce temps, une poignée d’ONG pour l’environnement et leurs activistes salarié.es financé.es par des élites philanthropes sous le joug de grandes entreprises veulent qu’on croit que nous convaincrons les gouvernements de faire les changements nécéssaires pour sauver la planète si nous marchons en tournant en rond, assez de fois et avec assez de gens, en nous livrant nous-même à la police si on dérange temporairement la routine quotidienne de quelqu’un.

Nous prenons au sérieux la proposition des grévistes du climat, qui refusent d’aller à leurs cours sans demander la permission. Même si c’est seulement pour un après-midi par semaine pour l’instant, iels démontrent la nécessité d’agir directement pour interrompre la réproduction normale de cette société qui tue la terre. Nous pensons aussi qu’il faut délaisser le chemin de la légalité, autant que celui de la désobéissance civile, celui qui propose des sit-ins pour les médias qui mènent à passer un soir au poste de police et des dates de cour interminables, ce qui complique la tâche de continuer à lutter.

Ainsi, plutôt que de participer aux festivités du Jour de la terre, la nuit du 22 avril, nous avons crevé les pneus de 40 voitures dans divers quartiers de Montréal. Nous ne prétendons pas que cette action ait été significative en soi quant à la défense d’un futur viable. Nous ne souhaitons pas non plus mettre les choix de consommation personnels tel le fait de posséder une voiture au centre d’une stratégie pour combattre la destruction énvironnementale. Nous avons choisi de commettre ces petits gestes pour offrir un reflet de la perturbation que cette économie et cette société requièrent si nous voulons faire en sorte que les générations futures ainsi que la nôtre aient la chance d’avoir une vie plus digne sur cette planète.

Nous avons choisi des quartiers occupés par les riches, majoritairement des voitures de luxe dans les entrées de maisons de millionaires. Nous avons ciblé ceux et celles qui profitent du niveau de dévastation impensable faite à la terre par le capital et la colonisation et qui sont le plus à l’abri des impacts de la catastrophe climatique qui débute, s’ils parviennent à s’en protéger. Les riches peuvent se permettre de déménager quand leurs maisons sont inondées chaque année. Les riches auront un coussin économique lorsque l’État tentera d’invidualiser les responsabilités de la crise climatique et les taxes sur le carbone ou autres tentatives de dernière minute pour préserver cette société placent le fardeau sur les pauvres.

Le Jour de la Terre, 2020 : des émeutes du climat dans toutes les grandes villes. Pratiquement personne ne peut entrer au travail le matin, même si son usine ou son startup n’a pas encore été mis hors-d’usage et pillé par des ancien.nes pacifistes. Les défenseurs de la terre et leurs alliés ont combattu les divers incursions des pétrolières et leurs espaces d’autonomie de l’État canadien élargissent de plus en plus. Des réseaux de solidarité et de sabotage empêchent considérablement la capacité de surveillance aux frontières. Les émissions de carbone ont commencé à baisser drastiquement du à la chute abrupte de l’activité industrielle mondiale causée par la révolte. L’effet des changements climatiques se fera encore sentir pendant des siècles; des gens meurent dans les inondations et les ouragans, en conflit avec les forces réactionnaires et avec l’État, d’autres meurent de vieillesse, mais tous.tes savent qu’iels ont combattu et que d’autres continueront la lutte.

Nous pouvons rêver (et crever des pneus).

Prison pour migrant.es : sabotage de nuit aux bureaux de Lemay

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Avr 182019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

La nuit du 14 avril, nous avons rendu visite aux bureaux de Lemay à St. Henri afin de contribuer à la lutte contre la contruction d’une prison proposée pour migrant.es, qui ouvrirait en 2021 à Laval, QC. Lemay est un cabinet d’architectes majeur impliqué dans la conception de la prison. Nous avons fermé les accès à l’édifice en collant toutes les serrures, en brisant les lecteurs de cartes d’accès et en bloquant les poignées de porte avec des cadenas de vélo à plusieurs entrées. L’entrée du garage a été bloquée par la combinaison d’une herse et de bombes fumigènes qui se déclencheraient si la porte s’ouvrait. Nous présumons que les employé.es et les client.es de la compagnie ont eu du mal à accéder au batiment le jour suivant et nous espérons que ces personnes continueront à ressentir les effets d’une escalade d’actions contre elles et d’autres qui s’impliquent dans le projet.

Nous voulons empêcher cette prison d’avoir lieu. Nous voulons défaire les institutions d’exclusion, d’enfermement et de surveillance sur lesquelles reposent la suprématie blanche et le capitalisme et nous envoyons notre solidarité à tous et toutes en lutte contre la violence qui dépend de celles-ci.

Mettons fin à toutes les formes de domination.

Ni frontières, ni prisons.

Chassons le PCR de nos milieux

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Avr 182019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Il est à noter que cet article traite du dossier de la section montréalaise du Parti Communiste Révolutionnaire qui a été expulsée du PCR canadien en 2017. Les deux groupes continuent néanmoins d’utiliser le même nom. Ce texte ne vise pas à faire une critique des doctrines maoistes, mais à mettre en lumière les actions du PCR-Montréal.

Le PCR-Montréal est malade, achevons-le !

Si le PCR a longtemps pacifiquement cohabité avec la gauche anticapitaliste montréalaise, c’est loin d’être le cas depuis quelques années, Longtemps toléré, y compris par les anarchistes, il semble que son côté folklorique et rigolo (voire pathétique) a finit par tomber dans le sectarisme et même le conservatisme social.

En effet, le parti n’arrête pas d’enchaîner les coups d’éclat les plus malaisants. Son aile jeunesse (ou ce qu’il en reste) joue un rôle particulièrement toxique en essayant de jouer aux gros bras, en agissant violemment avec les militant.e.s progressistes autour d’eux. Pourtant, quand de véritables néonazis viennent les confronter, allant même jusqu’à leur voler une bannière, ces derniers ne réagissent pas et se laissent faire. Ça en dit long sur ce qui les anime…

Pendant ce temps, la vieille garde du parti continue de produire des textes tous plus illisibles les uns que les autres tout en laissant la jeunesse agir à sa guise. S’il est sensé régner une discipline de fer au sein des groupes maoistes, force est de constater que l’establishment du parti n’a plus aucun contrôle sur sa jeunesse, ou encore qu’elle considère ses actions comme bénéfiques.

Voici une chronologie non exhaustive des derniers événements liés au PCR et qui nous apparaissent problématiques :

– 4 Mars 2017 : Le PCR essaie d’aller contre-manifester contre La Meute à son lieu de rassemblement secret, sans avertir les autres groupes antifascistes mobilisés cette journée-là. Résultat, La Meute peut facilement manifester dans le Vieux-Montréal alors qu’elle aurait pu être stoppé à cet endroit si le mot s’était passé aux autres groupes.

– 4 mars 2017 : Le PCR Montréal expulse violemment de la Maison Norman Bethune des militants anglophones du même parti. Ils les accusent d’êtres des « révisionnistes petits-bourgeois » parce que ces derniers veulent prendre position pour l’inclusion des personnes trans. À la suite de cette attaque, la section montréalaise est expulsée du PCR Canada. Pourtant, les vieux stalinistes montréalais continueront d’utiliser le même nom et prendront aussi le contrôle du site web de l’organisation ainsi que de la Maison Norman Bethune.

– 8 mars 2017 : Le PCR scinde la manifestation féministe pour se mettre en avant d’un second contingent comprenant une majorité de personnes qui ne sont pas au courant de la manoeuvre. Leur bannière de tête est tenue par une majorité d’hommes. Depuis, le parti a été expulsé de la coalition qui organise la manifestation annuelle.

– 28 mars 2017 : Un membre du PCR Montréal agresse un employé du Café Aquin de l’UQAM directement sur son lieu de travail.

– Été 2017 : Le PCR Montréal est expulsé de la Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC). Ce sont les actes transphobes du parti ainsi que leur entêtement à ne pas respecter les décisions prises en coalition qui motivent ce geste. À partir de 2018, le PCR Montréal organisera seulement des manifestations autonomes et utilisera des plans de caméras avantageux pour faire croire qu’il mobilisent les masses, alors qu’en fait, le parti n’a jamais été aussi petit en nombre.

– Été 2017 : Dans le cadre de la campagne du PCR Montréal sur les 100 ans de la Révolution russe, des membres effectuent une activité de tractage dans le métro. C’est alors qu’un membre des Soldiers of Odin (groupe néo-nazi), seul, décide d’aller les intimider et leur vole leur bannière. Celle-ci servira éventuellement comme tapis à l’entrée d’un concert d’Atalante Québec. Les membres qui s’étaient montrés si prompt à utiliser la violence face aux militant.e.s de gauche décident de se coucher devant un véritable néo-nazi.

– 23 février 2018 : Le MER-PCR (Mouvement Étudiant Révolutionnaire, un sous-groupe du PCR) s’invite au sein du Cégep St-Laurent pour prononcer une conférence « féministe ». Le hic, c’est que suite aux événements transphobes liés au PCR Montréal, une assemblée générale étudiante prend position pour refuser l’accès au groupe (au même titre que les autres partis politiques). S’en suit des échauffourées durant lesquelles les membres du MER filment et essaient d’identifier publiquement les militantes qui les interpellent. Le MER sera expulsé du Cégep par la sécurité.

– 16 avril 2018 : Deux membres du PCR Montréal sont licenciés par leur employeur, l’association étudiante du Collège Lionel-Groulx. Une enquête subséquente prouvera que les deux employés, dont un important cadre du parti ont détourné plusieurs dizaines de milliers de dollars vers les caisses du PCR. L’association étudiante était reconnue pour être gangrenée et infiltrée par le PCR depuis de nombreuses années.

– Août 2018 : Une nouvelle scission frappe le PCR Montréal encore sur le thème de la transphobie affichée par l’organisation. Une dizaine de personnes quittent alors le parti et fonderont éventuellement un autre collectif.

– Septembre 2018 : Ça chauffe à l’UQAM pour le PCR Montréal qui envahit une assemblée générale de l’association étudiante de sciences-humaines (AFESH) pour y exhiber une bannière contre les élections. Ils seront éventuellement expulsés, une bagarre s’en suivra et ils y perdront une autre de leurs bannières. Par la suite, les mêmes membres continueront d’aller imprimer les affiches du parti dans les locaux de l’AFESH et iront même jusqu’à agresser une militante qui les interpelle en l’expulsant physiquement du local. Suite à ces événements, les membres du PCR sont persona non grata dans les locaux de l’association étudiante.

– 1er Octobre 2018 : Le PCR Montréal organise une manifestation contre les élections provinciales à Montréal. Deux trolls de l’Alt-Right sont sur les lieux et exhibent un drapeau du Kekistan pour narguer les communistes. Le PCR, si rapide sur la gâchette quand vient le temps de s’en prendre à des groupes de gauche, ne fait strictement rien.

– 28 novembre 2018 : Une dizaine de membres du PCR Montréal agressent deux militants syndicaux pour ensuite les livrer à la police en pleine manifestation de solidarité avec les employé.e.s en lock-out d’ABI.

– Printemps 2019 : Des membres du PCR commencent l’affichage de leur manifestation autonome du 1er mai. Ils en profitent pour recouvrir les affiches des autres groupes militants comme la CLAC et l’IWW qui appelle à un 1er mai féministe intersectionnel. Certains membres en profitent aussi pour arracher les autocollants du groupe Montréal Antifasciste.

En bref, attitudes sexistes et transphobes, vols et fraudes d’organismes collectifs, violence envers la gauche et aplaventrisme face à la droite, collaboration avec la police pour faire arrêter des militant.e.s, propagande douteuse, autoritarisme, sectarisme, dogmatisme, incapacité à prendre la critique, la liste est longue de ce qui est reproché au PCR.

En ce moment, il semble que le parti est plus faible que jamais. Ses membres ont été éjectés de la plupart des coalitions auxquels ils participaient. C’est le cas de la CLAC et de la coalition qui organise la manifestation du 8 mars. Résultat, le groupuscule n’attire guère plus qu’une vingtaine de personnes dans ses actions devenues de facto autonomes puisque plus personne ne veut rien savoir d’eux.

Ils trouvent quand même le moyen de flatter leur égo stalinien en parlant de reconstruction et en citant Lénine… Ça pourrait presque être triste si ce n’était pas si drôle. Préférant rester doctrinaires plutôt que d’admettre que le PCR Montréal ne fait plus que de la merde, ses membres n’auront d’autre choix que de se regarder dans le miroir lorsque le parti s’éteindra une bonne fois pour toutes et qu’ils chercheront les coupables. Ils pourront en profiter pour faire leur autocritique…

Le PCR est à terre, il est temps d’agir pour qu’il ne se relève plus jamais. C’est pourquoi nous appelons à une diversité d’actions visant à ne plus tolérer leur présence dans nos activités, dans nos milieux et même dans nos villes. Il est temps de faire le ménage et de ne plus accepter ce groupe qui fait figure d’anachronisme dans le paysage politique. Il est temps de ne plus les laisser salir l’opposition au capitalisme et souiller les idées révolutionnaires. Il est temps de les traiter comme n’importe quel autre secte transphobe, autoritaire et à la limite de la théorie du complot.

Arrachons leurs affiches et autocollants, sortons les des manifestations, fermons leur la gueule quand ils essaient de faire leurs beaux discours, détruisons leur matériel, recouvrons leurs graffitis, ne leur laissons plus ne serait-ce qu’un centimètre pour agir.

Détruisons le PCR-Montréal.

– Des militant.e.s anarchistes, communistes, socialistes, révolutionnaires, féministes, queers, antifascistes et syndicalistes

Doxxer l’Agence des services frontaliers du Canada

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Avr 132019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Tout comme ICE, aux États-Unis, l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) opère une force de déportation arrachant les migrants de leurs ami.es et de celleux qui les aime à tous les jours au nom de la loi d’un État-nation colonial. Bien qu’il soit brutal et bien organisé, ce système d’immigration n’est pas une machine sans visage. Les agent.e.s qui exécutent ses fonctions vitales ont des noms et des adresses, ce qui nous concerne aujourd’hui. Du moins, leur noms.

En préparation du prochain 1er mai sans frontières, vous trouverez ci-dessous les noms de tous les membres de la division de l’exécution et du renseignement de la branche opérationnelle québecoise de l’ASFC, catégorisé par titre du poste. Cette information vient d’une réponse à une demande d’accès à l’information publiée par le compte Twitter @cdnati, n’ayant aucun lien avec nous. Ces documents, en lien ici, contiennent les noms de tous les employé.e.s de l’ASFC à travers le Canada. Les chartes organisationnelles ci-dessous datent de novembre 2017.

Nous souhaitons que ces informations servent de ressources pour une diversité de projets opposant le système frontalier. Qu’un « Agent d’application des lois intérieures » en particulier ou qu’un « analyste du renseignement » soit un suprémaciste blanc actif, qu’il n’ait pas d’objectif politique clair et pense que son travail est un travail comme un autre, ou même qu’il ressente de la honte et qu’il ait des remords par rapport à son travail, les activités continues de ces agent.e.s au sein de l’ASFC mettent à risque les migrant.e.s et leurs communautés.

Il n’est pas surprenant que des gens identifient ces agent.e.s et clarifient que leur rôle dans un système colonial violent et raciste ne sera pas toléré.

Love & rage,

des anarchistes

Enquêtes et déportations

Superviseur.e.s d’exécution de la loi des service intérieurs
  1. Cathy Chan
  2. Shawn Erridge
  3. Eric Gagnon
  4. Daniel Godin
  5. Genevieve Gratton
  6. Tonina Iermieri
  7. Leon Kabongo Katalay
  8. Roberto Mancini
  9. Audrey Sawyer
  10. Louise Starnino
  11. Valerie Surpris
  12. Miruna Vasilescu
Agent.e.s d’exécution de la loi des service intérieurs
  1. Karine Amato
  2. Francis Bard
  3. Catherine Barthelemy
  4. Reed Barthelemy
  5. Carole Bergeron
  6. Josée Blackburn
  7. Karine Blackburn
  8. Daisy-Ivy Bode
  9. Daniel Bordeleau
  10. Daniel Eduardo Borja Torres
  11. Stéphane Boudreau
  12. Mina Boukdjadja
  13. David Bowles
  14. Maryse Breault
  15. Dominic Brisebois
  16. Valeriano Cassetta
  17. Roger Casseus
  18. Benoit Chausse
  19. Jean-Luc Day
  20. Mathieu Dépatie
  21. Steven Derick
  22. Patrick Desjardins
  23. Daniel Deslauriers
  24. Josiane Desnoyers Gaulin
  25. David Dickson
  26. Antoine Doyon
  27. Alexandre Duchaine
  28. Luc Ferlatte
  29. Dominique Fillion
  30. Sébastien Fortin
  31. Michel Gagnon
  32. Patricia Garofano
  33. Nicolas Geoffroy
  34. David Ghilarducci
  35. Vincenzo Giobbi
  36. Nicolas Girard
  37. Matthew Goodsell
  38. Nadine Gregoire
  39. Penelope Gutierrez
  40. Simon Halle
  41. Josée Hogue
  42. Alexandre Horvath Callender
  43. Goulnara Iskakova
  44. Pascal Jacques
  45. Nadia Jarwa
  46. Jeff Jean Baptiste
  47. Isabelle Joseph
  48. Tarrah Khan
  49. Henry Kwan
  50. Eric Lacombe
  51. Eric Lafreniere
  52. David Laroche
  53. Francois Légaré
  54. Normand Lesperance
  55. Louis Lessard
  56. Francis Letellier
  57. Liette Malenfant
  58. Nancy Marois
  59. Jessica Martin
  60. Véronique Massignani
  61. Adlane Merioud
  62. Caroline Messier
  63. Martin Meunier
  64. Josée Moreau
  65. Matthieu Ouellon
  66. Alfred Pichard
  67. Roberto Raschella
  68. Nadine Sarette
  69. Esther St-Onge
  70. Aristophanes Tsiampouras
  71. Edith Turcotte
  72. Kari Warren
  73. Chrisandra Watson
Agent.e.s d’exécution
  1. Chantal Bissonnette
  2. Stéphanie Bousquet
  3. Catherine Chilakos
  4. Natacha Da Silva
  5. Bruno Estebeteguy
  6. Snejinka Koen
  7. Marie-Claude Turgeon
  8. Isabelle Valade
  9. Dominik Verville
Conseiller.e.s en immigration
  1. Sandrine Chapados
  2. Linda Coulombe
  3. Nathalie Daoust
  4. Julie Plouffe
Assistant.e.s d’enquête
  1. Nadine Behnam
  2. Lyne Bellisario

Renseignement

Directeur.trice.s de programmes régionales
  1. Gabriel Duteau
  2. Adriano Giannini
  3. Jimmy Giguere
  4. Nicolas Légaré
  5. Silvain Loiselle
  6. Khalid Meniai
  7. Danielle Pouliot
Agent.e.s de renseignement
  1. Harinder Bhangoo
  2. Julie Charette
  3. Francois Comeau
  4. Chantal Coulombe
  5. Pierre Fortier
  6. Daniel Gariepy
  7. Serge Goneau
  8. Melanie Granger Meunier
  9. Justin Hawkins
  10. Denis Hetu
  11. Ann Joly
  12. Jeanne L Heureux
  13. Mathieu Lachance
  14. Suzanne Laferriere
  15. Richard Lamoureux
  16. Lyne Landry
  17. André Latour
  18. Lucie Leblanc
  19. Robert Leduc
  20. Silvain Loiselle
  21. Benoit Marchand
  22. Eric Martineau
  23. Hugo Morissette
  24. Eve Morrier
  25. Karine O’Connor
  26. Jeremy Pearce
  27. Sébastien Pelletier
  28. Martin Prud Homme
  29. Yannick Riopel
  30. Jessica Robichaud
  31. Louis Sanson
  32. Mark Solomon
  33. Mario St Denis
  34. Marcel Theberge
  35. Roberto Villa
Analystes du renseignement
  1. Anna Biello
  2. Marie-Julie Bouffard
  3. Manon Brunet
  4. Karine Caron
  5. Francois Chamberland
  6. Marie-Josee Delorme
  7. André Desgreniers
  8. Charles Dudemaine
  9. Nelson Guay
  10. Frédéric Letarte
  11. Barbara Martel
  12. Linda Ouellet
  13. Jean-Francois Pinard
  14. Scott Ramaglia-Mega
  15. Julie Roy
Chercheurs de renseignement
  1. Kenneth Alarcon Vilchez
  2. Éric Coutu
  3. Victoria Do Rosario
  4. Lucia Graziani
  5. Sylvie Grégoire-Trudel
  6. Hicham Kahwaji
  7. Sebastien Lavergne
  8. Mélanie Nizza
  9. Nancy Racine
Commis au renseignement
  1. Denise Lecavalier
  2. Dimitri Levin
  3. Maria Paula Manzanares

Audiences et détentions

Directeur.trice.s de programmes régionales
  1. Melanie Gosselin
  2. Isabelle Trottier
  3. Sandra Guilmette
  4. Lyne Campbell
Agent.e.s d’audience
  1. Lisa Abraham
  2. Josee Barrette
  3. Jean-Claude Bastien
  4. Jean-Christophe Berthold
  5. Josée Blackburn
  6. Chantal Boucher
  7. Myriam Paris Boukdjadja
  8. Maude Brais
  9. Maxime Brodeur
  10. Daphnee Clement
  11. Lucie Cliche
  12. Ariane Cohen
  13. Salvatore D’Aloia
  14. Jean-Francois David
  15. Miriam Ettinger
  16. G Guerrier
  17. Phoebee Jean-Pierre
  18. Sylvie Lacaille
  19. Marie-France Lambert
  20. Alexandre Lampron
  21. Anthony Lashley
  22. Melanie Leduc
  23. Farah Merali
  24. Mike Milette
  25. Valery Naamo
  26. Sonia Parsakhian
  27. Lyzann Penwarm
  28. Jessica Plourde
  29. Isabelle Poulin
  30. Zofia Przybytkowski
  31. Nadine Saadé
  32. J-D Saint-Pierre
  33. Karine Santerre
  34. Chantal Sarrazin
  35. Léa Adrienne Spigelski
  36. Gabriele Spina
  37. Ludmilla St Sauveur
  38. Ewa Staszewicz
  39. Anne-Renée Touchette
Assistant.e.s d’audiences
  1. Marylyn Andrada
  2. Beverly Beauchamp
  3. David Bouchard
  4. Fanta Camara
  5. Ketly Castel
  6. Mario Chabot
  7. Marthe Contre
  8. Anica Felicin
  9. France Fortin
  10. Diane Francoeur
  11. Daniel Hurtubise
  12. Jenneil Ifill
  13. Margaret Jones
  14. B Lebel
  15. Arnold Ng
  16. Arnaud Normand
  17. N Okbi
  18. Linda Pelletier
  19. Line Piche
  20. Sebastien Plourde
  21. Sébastien Roy
  22. Sabrina Soria
  23. Peggy Pik Wah Woo
Conseiller.e.s d’audiences
  1. Naomi Alfred
  2. Krystel Baaklini
  3. Nathalie Belanger
  4. Nada Berechid
  5. Brigitte Bilodeau
  6. Josée Cholette
  7. Michèle-Andrée Cromp
  8. Stéphanie Doiron
  9. Josiane Gauthier
  10. Nathalie Guillaume
  11. Natacha Jankovics
  12. Johanne Laforce
  13. Marie Chantal Laroche
  14. Patricia Papanagiotou
  15. Martin Rémillard
  16. Sylvie Roy
  17. Nathalie Sabourin
  18. Yan Ste Croix
  19. Michèle Théroux
  20. Lien Danielle Tremblay
  21. Alain Vadeboncoeur

Enquêtes criminelles

Directeur.trice.s de programmes régionales
  1. Genevieve Cogne
  2. Hathia Brillon
  3. Peter Storr
  4. Éric Béliveau
  5. Sébastien Foisy (Montréal)
Enquêteur.e.s (** = Montréal)
  1. Eric Allard
  2. M Aubry
  3. Annie Aubut
  4. Claude Beausejour
  5. Calvin Bedros
  6. Patrycja Brones
  7. Jean-Francois Carrier
  8. Shirley Cavanagh**
  9. Sandra Chaillou
  10. Christina Chiechi**
  11. Daniel Cote
  12. Jeremie Dion
  13. Marie-Josee Dionne
  14. Tony Dos Santos
  15. Stéphane-Patrick Dubuc
  16. Caroline Faille**
  17. Estelle Forget
  18. John Gagnon**
  19. Claudine Gariépy
  20. Sabrina Gauthier**
  21. Francois Julien Girard
  22. David Giroux
  23. Stéphane Guitard**
  24. Isabelle Jamison
  25. Alexandre Lefebvre
  26. Christine Levac
  27. Danielle Masson
  28. Edmund James Mclaughlin**
  29. Anthony Mercier
  30. Veronique Moreau
  31. Jocelyn Nadeau-Lapensée
  32. Patrick O Neill
  33. Sylvie Paquette
  34. Marie France Parent**
  35. Richard Patenaude
  36. Martin Pelletier**
  37. Michele Proulx
  38. Guy Ratte
  39. Philippe Recupero
  40. V Sabourin
  41. Mariejosee Simard**
  42. Stephanie St Pierre
  43. Nathalie Surprenant**
  44. Sylvie Thibeault**
  45. Pascale Trachy
  46. Isabelle Trinque
  47. Brigitte Watkins
Commis de supports d’enquêtes
  1. Denise Boivin
  2. S Bombardier
  3. Adela Lemus
  4. G-V Revatta
  5. Nathalie Roy

Direction*

Directrice

Annie Beausejour

Assistant.e.s directeur.trice.s
  1. Éric Caron (Enquêtes criminelles)
  2. Christine Groleau (Audiences et détentions)
  3. Maurizio Mannarino (Enquêtes et déportations)
  4. Alain Surprenant (Renseignement)

*La majorité de ces noms sont déjà publiquement accessibles.

Divers

Assistant.e.s de service C et I
  1. Masha Abdulhaq
  2. Jean-Francois Aubé
  3. Neelam Bansal
  4. Alexandre Baril
  5. Sébastien Bois
  6. Valérie Brodeur
  7. Valérie Brunet
  8. Sophie Cauchon
  9. Diane Colella
  10. Myriame Denis Charles
  11. Alain Desgagné
  12. Annie Francoeur
  13. Mirlène Gilles
  14. Marie Guenette
  15. Deborah Loverso
  16. Giovanna Marigliano
  17. A Mastrogiacomo
  18. Cong Minh Nguyen
  19. Benjamin Nicolas
  20. Daniel Nobert
  21. Julie Pilon
  22. Caroline Veillette
  23. Jocelyne Yeon
Assistant.e.s de bureaux/Assistant.e.s administratifs/Officier.e.s administratifs
  1. Sophie Archambault
  2. Julie Bois
  3. Francine Bres
  4. Judith Gosselin
  5. Céline Grégoire
  6. Diane Hachey
  7. Assunta Iasenzaniro
  8. Pauline Paradis
  9. Émilie Pélissier
  10. Diane Perron
  11. Lise Régnier
Commis d’obligation général
  1. Robert Leblanc

Un membre des III % du Québec propose de mener un « faux » attentat terroriste

 Commentaires fermés sur Un membre des III % du Québec propose de mener un « faux » attentat terroriste
Avr 082019
 

De Montréal Antifasciste

Il eut suffi d’un clin d’œil pour passer à côté de cette histoire en novembre dernier, celle de Stéphane Dufresne (proche des III % Québec et du Front patriotique du Québec), de sa discussion privée au sujet de la nécessité d’un « fake attentat terroriste » et de ses nombreuses allusions à « des plans concrets ». Même si l’histoire est d’abord apparue en ligne en mars 2018, la seule mention de cette affaire dans les médias de masse est arrivée six mois plus tard dans un article de la Gazette. Montréal Antifasciste a par ailleurs été en mesure de tracer un lien direct entre Stéphane Dufresne et un homme soupçonné par la GRC d’avoir voulu importer des armes au Canada dans un dessein terroriste. Le contexte entourant ce fait divers étant pour le moins préoccupant, nous avons cru bon nous y pencher un peu plus attentivement.

La fuite du groupe de discussion

Tout a commencé en mars 2018, lorsque le compte Twitter Le Troupeau révélait le contenu d’une discussion privée impliquant un certain nombre d’individus actifs dans différents groupes d’extrême droite québécois. Le salon de discussion en question s’appelait « Patriotes du Québec » et était hébergé sur la plateforme MeWe (une sorte d’imitation de Facebook). Au fil de la discussion, l’utilisateur « Phénix le Patriote » (qui a plus tard changé son pseudonyme pour « Stéphane le Patriote ») laisse tomber : « Il faudrait un fake Attentat [sic] terroriste pour réveiller les crisses d’endormis question de leur fourrent [sic] la trouille », ce à quoi l’utilisateur Heinrich Himmler répond : « Ouan mais au [sic] ultra grosse précaution ». Il est bien sûr souvent difficile de différencier les paroles creuses des authentiques menaces d’action dans les réseaux sociaux, mais la réponse de « Phénix » à cette mise en garde suggère l’existence de vrais plans : « Oui, évidemment!!!! Mais t’inquiète, plusieurs actions s’en viennent ».

« Phénix le Patriote » exprime un point de vue étonnant sur le terrorisme.

Dans le même salon de discussion, « Phénix » se vante de ses prouesses au champ de tir (image 2cibles chat.jpg) et mentionne qu’il s’entraîne au Krav Maga (un assemblage de différentes techniques d’arts martiaux).

« Le Patriote » exhibe ses cibles de pratique de tir.

« Le Patriote » s’entraîne au KravMaga.

Qui participait à cette discussion?

Qui donc se trouvait dans ce groupe de discussion à l’abri des regards indiscrets? « Phénix Le Patriote », qui a changé son pseudo pour « Stéphane Le Patriote » au courant de la discussion, laisse une série d’indices exposés dans la fuite du Troupeau. Le plus flagrant de ces indices est la photo de lui-même que « Le Patriote » affiche dans le groupe de discussion, car il a eu la maladresse d’afficher une autre image de lui portant les mêmes vêtements sur son compte personnel (Stéphane Dufresne) sur Facebook:

Tuque rouge et blouson gris-vert avec un insigne des Patriotes sur le bras gauche, dans le groupe de discussion MeWe.

Tuque rouge et blouson gris-vert avec un insigne des Patriotes sur le bras gauche, sur le compte Facebook personnel de Stéphane Dufresne.

En jetant un coup d’œil au compte Facebook de Stéphane Dufresne, on s’aperçoit d’ailleurs assez vite que son profil d’utilisateur reprend le surnom « Le Patriote », tout comme son compte MeWe:

Son nom d’utilisateur Facebook est « Stéphane Dufresne (Dit Le Patriote) »

Et qu’il suit des cours de Krav Maga à Joliette:

Dufresne “feeling awesome at Dojo Yosanryu”, à son cours de Krav Maga.

La mention de Joliette correspond également avec les photos des cibles mentionnées ci-dessus, qui sont marquées du logo du Club de tir de Lanaudière, précisément situé à Joliette, Québec:

Le logo des cibles de pratique du « Patriote » correspond à celui du Club de Tir de Lanaudière.

Le blouson distinctif de Dufresne est aussi un indice clé permettant de le détecter dans les nombreuses manifestations auxquelles il a participé (voir ci-dessous), puisqu’il porte invariablement le même écusson du tricolore patriote sur le bras gauche et le drapeau du Québec sur le bras droit, comme ici, lors de la manifestation « Tout le monde se lève contre le PLQ », à Montréal, le 23 avril 2017.

Dufresne, à droite, avec le même blouson que dans le groupe de discussion sur MeWe. On reconnaît sur la même photo Robert Poulx, à gauche, et le bonehead Philippe Gendron, pantalon rouge, dans le service de « sécurité » de la manifestation « Tout le monde se lève contre le PLQ » du Front patriotique du Québec, le 23 avril 2017.

Voilà qui règle le cas de Dufresne, mais qui sont les autres individus qui prennent part à cette discussion? La personne se cachant derrière le pseudo « Heimlich Himmler » (l’un des membres dirigeants du parti nazi, numéro un des SS et principal maître d’œuvre de l’Holocauste), qui conseille à Dufresne de prendre de « grosses précautions » est lui aussi assez facile à identifier, puisque Dufresne s’adresse à lui par le nom d’Alan Kovak:

Dufresne réfère à « Heinrich Himmler » comme Alan Kovak.

Alan Kovak (de son vrai nom Martin Minna) a traîné pendant un temps avec des militant-e-s d’Atalante, comme on peut le constater dans cette photo qu’il a lui-même publiée sur Facebook, avec Shawn Beauvais-MacDonald et d’autres bozos racistes, lors d’une soirée d’affichage à Montréal ciblant des personnalités « de gauche », en janvier 2017:

La publication Facebook de Martin Minna (à droite), alias Alan Kovak.

Le voici encore qui exhibe ce qui semble être ses propres tatouages nazis – zéro points pour l’originalité, soit dit en passant:

Les (présumés) tatouages nazis de Martin Minna.

Il a aussi utilisé une photo de sa face de marde dans le salon de discussion MeWe:

L’image de profil de « Heinrich Himmler » correspond à la photo de Minna/Kovak sur Facebook.

… et fait certainement référence à la bévue épique dont il s’est rendu responsable en publiant une photo de son groupe de tarlactivistes d’Atalante lorsqu’il dit : « Me su fait prendre quand j’ai fait une job ak atalante .. next time c ultra secret [sic] »:

« Himmler » évoque sa besogne bâclée pour Atalante.

Des captures d’écran montrent aussi que Lucien Lalonde et Carl Blanchette participaient à la discussion sur MeWe; ces deux personnages sont membres ou sympathisants du Front patriotique du Québec. Lalonde a un penchant évident pour la posture macho, par exemple dans cette capture datant d’août 2017 où il suggère d’utiliser un AK-47 comme « remède » aux migrant-e-s (pour la plupart des réfugié-e-s d’origine haïtienne) qui traversaient la frontière à ce moment-là:

Lucien Lalonde est membre du Front patriotique du Québec.

Lucien Lalonde propose d’utiliser un AK-47 contre les migrant-e-s.

Carlito (Carl) Blanchette est membre du Front patriotique du Québec.

Portrait de Stéphane Dufresne

En y regardant de plus près, il y a beaucoup à apprendre sur Stéphane Dufresne à partir de ses activités en ligne.

La page « À propos » du compte Facebook de Stéphane Dufresne.

On peut voir ci-dessous qu’il travaille pour la Société de reconstitution du Bas-Canada, à « reconstituer » la Rébellion des Patriotes de 1837-1838, et qu’il gère une entreprise de construction « Constructions Stepco » à partir de son adresse résidentielle à Saint-Charles-Borromée, à proximité de Joliette:

Constructions Stepco est enregistrée comme appartenant à Stéphane Dufresne à son adresse résidentielle.

La vie est belle à Saint-Charles-Borromée, bien qu’il semble irrité par la maison bâtie à côté de chez-lui, au point d’être « a veille d’y mettre le feu » [sic]:

Dans son jacuzzi, Dufresne parle de ses projets pour la maison de ses voisins…

La liste de ses intérêts sur Facebook révèle qu’il est un partisan du nationalisme québécois « dur », du Front patriotique du Québec (le groupe où il s’implique le plus) jusqu’aux néonazis de la Fédération des Québécois de souche, ainsi que pas un, mais quatre groupes de milice : la Milice du Québec, la Milice Québecoise [sic] des Droits et Liberté du Québec, la Milice Patriotique Québécoise et la Milice Patriotique du Québec (sans parler du groupe III % Québec dont il fait partie). (Cliquez sur l’image pour l’agrandir). Ça ne l’empêche pas d’être également partisan du Parti Québécois, tout comme la plupart des autres membres du FPQ.

Un échantillon des intérêts de Dufresne sur Facebook.

Dufresne n’est pas un simple membre du Front patriotique du Québec, il est aussi administrateur de son groupe Facebook. La faible participation aux événements du FPQ et le profil démographique vieillissant des participant-e-s expliquent peut-être en partie pourquoi il réitère constamment l’urgence de « réveiller » la population.

Dufresne est l’un des administrateurs de la page Facebook du Front patriotique du Québec.

Dufresne est aussi devenu très proche des III % Québec; il se présente régulièrement pour participer à leurs contingents de « sécurité » lors de différents événements organisés par la droite identitaire, piétinant autour de manifestations dégarnies, accoutré en militaire de pacotille et prenant part à des photos de groupe… À un moment donné, il semble même s’essayer à reproduire le signe de main distinctif des III %:

Dufresne (tout à gauche) avec les GI Joe d’opérette des III % Québec.

Qui sont les III% Les III %, ou Three Percenters, sont une milice armée fondée aux États-Unis en 2008. Une bizarre imitation de leurs congénères étatsuniens, les III % canadiens, même s’ils se décrivent comme des « patriotes défendant nos droits », sont principalement obsédés par deux choses : ce qu’ils s’imaginent être une invasion de l’Islam au Canada (comme la plupart des groupes d’extrême droite), et les armes à feu. La plupart des sections locales exigent de leurs membres qu’ils aient un permis de possession et d’acquisition, et le groupe fonctionne suivant une organisation hiérarchique imitant celle de l’armée. Les III % se mobilisent généralement pour assurer la « sécurité » pour des personnalités ou des événements d’extrême droite, comme Faith Goldy ou La Meute. Au Québec, en novembre 2017, plusieurs membres ont signifié leur intention de participer à un rassemblement pro armes à feu (annulé) au site d’une commémoration de l’attentat antiféministe de Polytechnique, lors de l’anniversaire du massacre des 14 victimes (l’organisateur de cet événement manqué, Guy Morin, était aussi membre du groupe Facebook des III % Québec).

L’ironie n’échappe probablement pas à Dufresne qu’il fait maintenant partie d’un groupe « patriote » pancanadien (les III %) qui est patriotique… à l’égard du Canada! On ne peut qu’imaginer la grimace qu’il devait faire, debout sur le parterre du parlement canadien avec ses fiers congénères threepers, derrière un drapeau du Canada, alors que toute sa raison d’être semble se résumer à l’espoir d’un soulèvement armé pour réaliser l’indépendance et la séparation du Québec!

Le patriote québécois Dufresne devant le parlement canadien et derrière le drapeau du Canada. Malaise.

Dufresne est aussi membre du groupe secret de La Meute, même si le grand « manie-tout » de La Meute, Sylvain Brouillette a dit que Dufresne « n’est pas le genre de personne que l’on recherche comme membre », dans l’article de la Gazette mentionné ci-dessus.

Dufresne était toujours membre du groupe secret de La Meute au 1er janvier 2019.

Des manifs, et encore des manifs

Dufresne est certainement l’un des individus les plus présents, voire LE plus assidu, aux manifs d’extrême droite au Québec au cours des quelques dernières années. Même s’il a commencé comme une espèce d’agent libre, s’affichant autant auprès de La Meute (« Contre la motion M-103 ») que des Soldiers of Odin (pour essayer d’intimider les participant-e-s à l’événement « Learn to Resist » à l’Université Concordia) ou d’autres islamophobes random (à l’extérieur de la mosquée Ahlillbait à Montréal), il semble avoir trouvé sa place définitive avec les services de « sécurité » des III % (« Unis pour la protection des frontières », au poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle, « Dehors les libéraux », à Montréal, ou contre le « Pacte mondial sur les migrations de l’ONU », à Ottawa).

Dufresne a participé à au moins dix événements publics d’extrême droite au cours des dernières années.

Le bavardage en ligne de Dufresne

Il devient vite évident, lorsqu’on examine les publications de Dufresne, qu’il est amèrement déçu de l’état actuel du mouvement indépendantiste. L’échange ci-dessous, suivant la manifestation contre le projet de loi M-103, est un exemple éloquent de cette frustration : « C’est Fini le Quebec [sic] j’ai l’impression…. ils ont trouvé le moyen de Nous [sic] écraser », « On est mal foutu ». Plus loin dans la même discussion, il dit : « va falloir sortir les “teasers” pour en réveiller une crisse de gang » (le « teaser » étant vraisemblablement un pistolet à impulsion électrique « taser »).

Dufresne croit qu’il faut sortir les “teasers” [sic] pour en réveiller « une crisse de gang ».

Il ne cache pas son islamophobie, un sentiment universellement répandu dans les cercles de la droite national-populiste, comme en fait foi l’échange ci-dessous où il déclare : « Ma religion m’interdit de me faire servir par quelqu’un qui ne respecte par [sic] mes valeurs fondamentales et qui veux [sic] m’imposer les siennes dans MON PAYS!!!!!! », suivi de : « Moi je dis : si tu n’es pas content DÉCRISSE Mais à voir ce qu’ils ont fait au Moyen-Orient … on est [sic] pas sorti de l’auberge et nos estis de gouvernements qui les laissent rentrer à pelleter [sic] ».

Dufresne : « si tu n’es pas content DÉCRISSE ».

Dufresne est aussi clairement acquis à l’idée que le Québec a besoin d’une milice. La discussion ci-dessous reprend quelques-uns de ses thèmes préférés : sa déception quant à l’état actuel des choses, ses « plans » qui sont en chantiers, et la nécessité d’une milice. Il commence ainsi : « Et boy, on en est vraiment rendu à se justifier dans notre pays?!?!?! C’est rendu grave. » De nouveau, il suggère d’acheter « des teasers » parce que « y en a qui dorment en crisse ». Plus loin dans la discussion, il dit : « Il serait temps d’une brigade (milice) Québecoise [sic] ». Plus loin encore, Martin Bédard affiche une vidéo de la Milice patriotique québécoise, une milice armée aujourd’hui défunte dirigée par un militant d’extrême droite, le Major Serge Provost. Dufresne répond : « J’ai vu tout ça déjà jsi [sic] essayé de joindre Serge provost [sic] l’automne dernier. »

Dufresne au sujet des milices.

Il a aussi publié sur la page Facebook de la Milice du Québec , qu’il « et prêt » et que « des structure [sic] sont déjà en place ».

 

Il fait par ailleurs souvent mention de ses « plans », comme dans l’échange ci-dessous où Alf Turcotte dit : « En pré élection, on croise le fer plus souvent », ce à quoi Dufresne répond : « Je l’espère .. on a plusieurs actions en branle !!!!! Ces prochaines élections auront très [sic] grande influence sur notre existence même. Et le monde dors [sic] encore au gaz!!! Chu en TBNK. »

Dufresne dit avoir « plusieurs actions en branle ».

Ou comme dans cet échange avec Dave Tregget (l’ancien leader de Soldiers of Odin Québec et fondateur de Storm Alliance) révélé par Le Troupeau, où il dit : « Dave, on a des projets-clé [sic] en mains… Voyons ce que cela donnera », ce à quoi Tregget répond : « Il faut en parler Stéphane… ». Dufresne dit alors : « très bientôt ».

Une autre référence de Dufresne à ses projets en chantier.

Des discussions ci-dessus, on constate que Dufresne est désabusé par le déclin du mouvement indépendantiste, qu’il veut donner un choc électrique aux gens pour les « réveiller », qu’il souhaite créer une milice québécoise et qu’il fait plusieurs fois allusion au fait qu’ils a « des plans ».

Liens de proximité avec un individu arrêté en vertu d’accusations liées au terrorisme

En 2017, la GRC a été alertée par les autorités américaines à l’effet qu’un Montréalais répondant au nom d’Alexandre Louis Fallara essayait de faire entrer des armes au Canada à partir des É.-U. Une enquête plus approfondie a révélé que Fallara n’était pas un simple nationaliste, mais une espèce de « National Bolchévique, ou « Nazbol », qui publiait un grand éventail de commentaires où il disait notamment être prêt à tuer ou à sacrifier sa vie pour le Québec.

Qu’est-ce qu’un « nazbol »? Bien qu’historiquement, le national-bolchévisme désigne une tendance particulière à l’intérieur du mouvement communiste international, dans le contexte de la lute antifasciste contemporaine, ce terme (souvent abrégé sous la forme « nazbol ») est une souche du néofascisme qui a surgi après la chute de l’Union soviétique, en partie sous l’influence d’éléments issus des services de sécurité de l’État soviétique. Les « nazbols » reprennent les symboles et s’identifient avec certaines parties de l’histoire des mouvements communistes et anti-impérialistes, souvent avec un accent marqué sur la période stalinienne et s’appuyant sur un antisionisme grossier. Le contenu social et internationaliste des mouvements communistes est minimisé, déformé ou éliminé, alors que les aspects conservateurs et xénophobes de leur histoire sont accentués et souvent recadré dans une perspective raciste. Le national-bolchévisme est une idéologie très éclectique; ses principales manifestations aujourd’hui présentent un nationalisme extrême, une opposition à « l’immigration de masse » (surtout celle des musulmans en Europe), un antiaméricanisme violent et une hostilité à l’égard de la « décadence » et du « libéralisme occidental », ce qui se traduit généralement par une haine des Juifs et des personnes LGTBQ. Sans y être identique, le national-bolchévisme se rapproche de l’idéologie de la « quatrième position » d’Alksandr Dugin, et les deux ont été soutenus par certains éléments de l’État russe sous la gouverne de Vladimir Poutine.

Comme La Presse l’a rapporté dans un article daté du 22 juillet 2017, la GRC a appréhendé Fallara en vertu de l’article 810.2 (3) du Code criminel, qui donne à l’État le pouvoir d’imposer des conditions à une personne soupçonnée d’avoir l’intention de commettre un crime violent, même si la personne n’a encore commis aucun geste criminel. Ses conditions lui interdisent d’avoir en sa possession des armes, des explosifs ou ce que la Couronne décrit comme « du matériel terroriste ». (Même si nous sommes complètement opposés à ce que nous connaissons des orientations politiques de Fallara, les possibles répercussions de cet instrument de contrôle en matière de répression ne devraient pas échapper aux lecteurs et lectrices…)

Enterré dans le dernier tiers de l’article, on apprend que Fallara s’est aussi vu interdire de parler avec son ami, Stéphane Dufresne. Cela soulève évidemment la question : serait-il possible qu’il s’agisse du Stéphane Dufresne qui fait l’objet de cet article?

Par chance, les comptes Facebook et VK de Fallara sont toujours en ligne et non censurés (il lui est interdit d’utiliser les médias sociaux, mais ses comptes sont restés intacts depuis la date de son procès). Sur son profil VK.com, sous le pseudonyme Vladimir-Velikayavich Zaytsev-Zorrov, on peut le voir avec le même déguisement que sur la photo illustrant l’article de La Presse.

Une photo de Zaitsev/Fallara avec le même costume que dans l’article de La Presse.

Son profil VK.com compte encore un grand nombre de statuts de type « appels aux armes », comme celui-ci, où il indique : « je m’en fou [sic] si je vais en prison ou [sic] si je me fais tué [sic] ou si je me fais éxécuté [sic]. (…) J’en serais fier si le people Québécois [sic] se lève enfin ». Il mentionne également, assez mystérieusement : « Cependant je ferais un autre souhait. Notre deuxième en commande [sic] prendra ma relève si quelque chose devrait [sic] m’arriver. » Plus tard dans ce même statut, il écrit : « Si ce que j’ai l’intention de préparer se produit et que j’arrive à avoir de quoi (je ne vais rien élaborer icitte sur FB) sâches [sic] que notre révolution commencera avec un gros BOOM. »

Un statut de Fallara qui a probablement attire l’attention de la GRC.

Il a raccourci son nom à Vladimir Zaitsev sur Facebook, et son compte est encore tel qu’il l’a laissé quand ses conditions lui ont été imposées. Son mur est tapissé d’un mélange toxique de nationalisme québécois, d’islamophobie et d’homophobie.

Quelques unes des centaines de photos haineuses que Fallara a relayées sur Facebook.

Il se trouve Que Falarra était bel et bien ami avec notre Stéphane Dufresne : on peut voir qu’il a commenté une photo de la façade de son domicile que Dufresne a publié en privé.

Vladimir Zaitsev (Alexandre Fallara) affichant un commentaire encourageant sous une photo privée de Dufresne.

Il semblerait que les deux soient en fait de très bons amis, se référençant mutuellement sur de nombreux statuts, comme dans celui-ci où Dufresne est taggué, qui semble indiquer une espèce de lien d’amitié (les deux s’appellent « tovarisch » à tours de bras, ce qui signifie camarade, ou ami).

Amitié évidente entre Dufresne et Fallara.

Dans un autre statut, Fallara indique qu’il est « avec Stéphane Dufresne et 3 autres personnes » et il appelle Dufresne « l’un ne nos camarades patriotes les plus déterminés ».

Fallara et Dufresne s’échangent des bons mots.

Comme l’on pourrait s’y attendre, ils discutent également d’éventuels soulèvements violents, comme dans l’interaction suivante, où Fallara demande en russe, « Quand est-ce qu’on va à la guerre… », ce à quoi Dufresne répond, « Actuellement ».

Fallara demande « Quand est-ce qu’on va à la guerre… »

Dufresne est aussi taggué dans une vidéo super louche où Fallara fait des katas dans son salon avec un couteau de cuisine, sous laquelle il dit que « ça sera pratique en combat rapproché ».  Dufresne « like »la vidéo…

Fallara se fait aller le couteau, ce que “like” Dufresne.

Dans un autre statut de Fallara, où il vante les vertus du soulèvement armé (et où il taggue à nouveau Dufresne), on constate que Dufresne rétorque peu après avec le commentaire laconique : « milice citoyenne ». Commentaire apprécié en retour par Fallara.

Stéphane Dufresne et Alex Fallara semblent tous les deux avoir une affection particulière pour les milices et les soulèvements armés.

Fallara a finalement été cueilli par la GRC et est visé par des accusations liées au terrorisme, et l’une de ses conditions est de ne pas s’associer  avec son ami Stéphane Dufresne. Cela soulève immédiatement des questions : pourquoi Stéphane Dufresne a-t-il été nommé dans le dossier de Fallara? Et était-il impliqué dans le même type d’activité qui a valu à Fallara les soupçons de la police et ces graves accusations?

Conclusion

Lorsque la fuite de la discussion privée a été révélée par Le Troupeau, nous avons appris que Stéphane Dufresne parlait de la nécessité de faire un faux attentat terroriste pour « réveiller les crisse d’endormis » et qu’il avait « plusieurs actions en branle ». C’est en soi assez préoccupant, mais un examen plus attentif de son activité en ligne permet de dégager le portrait d’un homme présentant d’autres signes alarmants : qui répète constamment qu’il veut réveiller les gens, qui se pratique au tir et aux techniques de combat à mains nues, qui cherche la parfaite formule pour une milice québécoise (mais qui en attendant s’est associé à une organisation de milice pancanadienne), et fait plusieurs allusions à de mystérieux « plans ».

Nous sommes bien conscient.e.s que cette histoire est trouble : nos propres convictions politiques s’inscrivent directement contre le programme répressif et soi-disant antiterroriste de l’État, c’est d’ailleurs pourquoi nous éprouvons le besoin de mener nos propres enquêtes. Bien que nous ne soyons pas en mesure d’exploiter les sources de l’État, nous ne pouvons pas exclure ce que nous apprenons de leurs enquêtes et manœuvres. Dans un contexte où les actes violents de l’extrême droite « révolutionnaire » se multiplient, nous devons rester vigilant.e.s, tout en cherchant à répondre aux difficiles questions : quoi faire et comment intervenir efficacement.

Voilà par ailleur un autre exemple de la pollinisation croisée et de la socialisation entre les différents groupes d’extrême droite au Québec : nous voyons de plus en plus les miliciens des III % assurer la « sécurité » dans les manifestations des groupes nationalistes « durs », et dans ce cas-ci on voit un néonazi impénitent (Martin Minna) discuter secrètement de plans indéfinis avec des « patriotes » (Dufresne et Lalonde). L’extrême droite locale continue de se fragmenter et de se reconfigurer de différentes manières, et doit être confrontée sous toutes ses formes à chaque occasion.

Aidez à construire un nouveau camp de résistance sur le territoire Wet’suwet’en!

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Avr 082019
 

De Sovereign Likhts’amisyu

Camp de construction Likhts’amisyu ce printemps : 28 AVRIL 2019 – 18 MAI 2019

Le Clan Likhts’amisyu, un des cinq clans de la nation Wet’suwet’en, fera bientôt une nouvelle réclamation territoriale permanente sur son territoire pour affirmer sa souveraineté. Pour ce faire, ils et elles demandent du support pour le Camp printanier de construction qui devrait débuter le 28 avril 2019.

Depuis près de dix ans, les Wet’suwet’en ont résisté à la construction de nombreux projets d’oléoducs et de gazoducs censés transporter le bitume des sables bitumineux de l’Alberta et le gaz du nord-est de la Colombie-Britannique vers la côte du nord-ouest à fins d’exportation. Le Camp Unist’ot’en a été le point focal de ces efforts, comme camp de réoccupation territoriale construit directement sur le trajet de l’oléoduc proposé. Ces années de résistance ont causé le retard ou l’annulation de projets de plusieurs milliards de dollars. Or, cet hiver, la compagnie de l’oléoduc Coastal GasLink a obtenu une injonction et la GRC a fait une descente sur le point d’accès Gidim’ten, établi sur la route menant au camp Unist’ot’en. Plusieurs jours plus tard, CGL et la GRC ont franchi le portail donnant accès au camp Unist’ot’en.

Il est important que les gens se rendent compte que cette bataille est loin d’être terminée. Les événements de décembre et janvier doivent être compris comme une phase dans une lutte qui dure depuis une décennie. Une nouvelle phase de la lutte commencera au printemps cette année, et elle pourrait s’avérer décisive puisque l’une des stratégies consiste à bloquer CGL à plusieurs endroits. Au début décembre il y avait un seul camp de résistance sur le territoire Wet’suwet’en. Aujourd’hui, il y en a trois et un quatrième s’apprête à commencer. Nous encourageons toutes les personnes voulant défendre les territoires à planifier de participer à la lutte en territoire Wet’suwet’en au printemps et à l’été prochains.

Le Camp souverain Likhts’amisyu bénéficie du leadership des deux chefs warriors renommés Smolgelgem et Dsahayl. Smolgelgem (aussi connu sous le nom de Toghestiy et Warner Naziel) est un cofondateur du camp Unist’ot’en. Il a été une force motrice de la résistance Wet’suwet’en et de la souveraineté autochtone sur l’île Tortue. Dsahayl, aussi chef Likhts’amisyu, a pour expérience des décennies de lutte pour les droits des Wet’suwet’en, particulièrement en ce qui a trait à la conservation et à la pêche. Les deux chefs s’organisent avec l’appui entier de leur clan.

Le nouveau camp Likhts’amisyu sera positionné stratégiquement afin d’empêcher la compagnie Coastal GasLink de forcer le passage de leur oléoduc sur les territoires Wet’suwet’en.

Les chefs déclarent : « Nous construirons des bâtiments permanents sur notre territoire afin de faire valoir nos droits précoloniaux et notre juridiction sur nos terres. Nous demandons l’aide de bénévoles pour lever des fonds, construire une cabane, une cuisine/salle à manger, et une maison-dortoir, de même que les bâtiments adjacents.

Nous planifions que la construction se déroulera entre le 28 avril et le 18 mai. Cette initiative démarrera avec la préparation du site et la planification logistique avant le 28 avril 2019. Ça se poursuivra probablement après le 18 mai 2019, pour terminer la construction des projets.

Nous cherchons des personnes avec de l’expérience en charpenterie, en électricité et en construction en pièce sur pièce. Nous sommes aussi disposés à inviter des gens ayant peu d’expérience dans les métiers de la construction mais qui sont solides et qui veulent aider avec les projets de construction. Voici une bonne opportunité pour apprendre des savoir-faire avec des gens de métier qualifiés. Nous espérons aussi faire un grand jardin sur le site pour cultiver de la nourriture. Les personnes ayant des compétences en cuisine et en premiers soins sont aussi essentielles pour le camp. »

Nous cherchons de l’aide dans d’autres domaines aussi, comme avec le financement. Si vous voulez aider d’une quelconque façon, s’il-vous-plaît n’hésitez pas à communiquer avec nous.

Pour plus d’information, visitez le www.likhtsamisyu.com ou envoyez un email à likhtsamisyu@gmail.com et/ou lihtsamisyu@riseup.net.

Aidez à construire un nouveau camp de résistance sur le territoire Wet’suwet’en!

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Avr 082019
 

De Likhts’amisyu souverain

Camp de construction Likhts’amisyu ce printemps : 28 AVRIL 2019 – 18 MAI 2019

Le Clan Likhts’amisyu, un des cinq clans de la nation Wet’suwet’en, fera bientôt une nouvelle réclamation territoriale permanente sur son territoire pour affirmer sa souveraineté. Pour ce faire, ils et elles demandent du support pour le Camp Printanier de Construction qui devrait débuter le 28 avril 2019.

Depuis près de dix ans, les Wet’suwet’en ont résisté à la construction de nombreux projets d’oléoducs et de gazoducs censés transporter le bitume des sables bitumineux de l’Altanta et le gaz du nord-est de la Colombie-Britannique vers la côte du nord-ouest à fins d’exportation. Le Camp Unist’ot’en a été le point focal de ces efforts, comme camp de réoccupation territoriale construit directement sur le trajet de l’oléoduc proposé. Ces années de résistance ont causé le retard ou l’annulation de projets de plusieurs milliards de dollars. Or, cet hiver, la compagnie de l’oléoduc Coastal GasLink a obtenu une injonction et la GRC a fait une descente sur le point d’accès Gidim’ten, établi sur la route menant au camp Unist’ot’en. Plusieurs jours plus tard, CGL et la GRC ont franchi le portail donnant accès au camp Unist’ot’en.

Il est important que les gens réalisent que cette bataille est loin d’être terminée. Les événements de décembre et janvier doivent êtres compris comme une phase dans une lutte qui dure depuis une décennie. Une nouvelle phase de la lutte commencera au printemps cette année, et elle pourrait s’avérer décisive puisque l’une des stratégies consiste à bloquer CGL à plusieurs endroits. Au début décembre il y avait un seul camp de résistance sur le territoire Wet’suwet’en. Aujourd’hui, il y en a trois et un quatrième s’apprête à commencer. Nous encourageons toutes les personnes voulant défendre les territoires à planifier participer à la lutte en territoire Wet’suwet’en au printemps et à l’été prochains.

Le Camp Souverain Likhts’amisyu bénéficie sur leadership des deux chefs warriors renommés Smolgelgem et Dsahayl. Smolgelgem (aussi connu sous le nom de Toghestiy et Warner Naziel) est un cofondateur du camp Unist’ot’en. Il a été une force motrice de la résistance Wet’suwet’en et de la souveraineté autochtone sur l’île Tortue. Dsahayl, aussi chef Likhts’amisyu, a pour expérience des décennies de lutte pour les droits des Wet’suwet’en, particulièrement en ce qui a trait à la conservation et à la pêche. Les deux chefs s’organisent avec l’appui entier de leur clan.

Le nouveau camp Likhts’amisyu sera positionné stratégiquement afin d’empêcher la compagnie Coastal GasLink de forcer le passage de leur oléoduc sur les territoires Wet’suwet’en.

Les chefs déclarent : « Nous construirons des bâtiments permanents sur notre territoire afin de faire valoir nos droits précoloniaux et notre juridiction sur nos terres. Nous demandons l’aide de volontaires pour lever des fonds, construire une cabane, une cuisine/salle à manger, et une maison-dortoir, de même que les bâtiments adjacents.

Nous planifions que la construction se déroulera entre le 28 avril et le 18 mai. Cette initiative démarrera avec la préparation du site et la planification logistique avant le 28 avril 2019. Ça se poursuivra probablement après le 18 mai 2019, pour terminer la construction des projets.

Nous cherchons des personnes avec de l’expérience en charpenterie, en électricité et en construction en pièce sur pièce. Nous sommes aussi disposés à inviter des gens ayant peu d’expérience dans les métiers de la construction mais qui sont solides et qui veulent aider avec les projets de construction. Voici une bonne opportunité pour apprendre des savoir-faire avec des gens de métier qualifiés. Nous espérons aussi faire un grand jardin sur le site pour cultiver de la nourriture. Les personnes ayant des compétences en cuisine et en premiers soins sont aussi essentielles pour le camp. »

Nous cherchons de l’aide dans d’autres domaines aussi, comme avec le financement. Si vous voulez aider d’une quelconque façon, s’il-vous-plaît n’hésitez pas à communiquer avec nous.

Pour plus d’information, visitez s’il-vous-plaît le www.likhtsamisyu.com ou envoyez un email à likhtsamisyu@gmail.com et/ou lihtsamisyu@riseup.net.

Ctrl-Alt-Delete : Le développement de l’intelligence artificielle à Montreal

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Avr 052019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Nos vies sont de plus en plus affectées par les algorithmes qui influencent nos relations des uns avec les autres et avec le monde qui nous entoure. En analysant nos comportements, nos préférences, nos réseaux et plusieurs autres aspects de nos vies, celleux qui exercent du pouvoir sur nous se gardent toujours une longueur d’avance. Ce qui est en jeu, c’est notre capacité d’avoir des secrets, de résister, d’agiter, d’attaquer ce qui détruit tout ce que nous aimons et qui protége tout ce que nous détestons. On doit lutter contre le nouveau panoptique.

Depuis quelques années seulement, Montréal est devenu une plaque tournante du développement en la matière, reconnu mondialement. Des centaines de milliers de dollars ont été alloué à multiples entreprises qui offrent maintenant des tonnes d’emplois pour jeunes professionnels branchés spécialisés dans ce domaine. À la fin de 2018, une entente de principe concernant le développement de l’IA à Montréal a été rédigée. Ces principes ont été écrits par quelques-un des plus gros joueurs en IA dans l’intention d’adresser les préoccupations du publique quant au potentiel de ces nouvelles technologies. Le document ayant pour titre La déclaration de Montréal, énumère dix principes ridicules et inatteignables telles que: « Le développement de l’IA devrait ultimement viser le bien-être de tous les êtres sentients ». Ces maigres tentatives de manœuvres de relations publiques par les ingénieurs du contrôle social ne sont pas surprenantes. L’IA pourra être intégrée sous peu à presque toutes les sphères; santé, sécurité, industries, finance, etc. Dorénavant, n’importe quelle entreprise qui désire être compétitive sur le marché devra intégrer l’IA à son fonctionnement. Toutes les sphères de l’État en feront usage également. Nous entendons par cela que les capacités de contrôle, de surveillance et d’intervention militaire seront rapidement accentuées. Nous croyons qu’il peut être utile de mettre en lumière différents projets dans la ville afin de démontrer l’intention de certains joueurs importants. Dans l’objectif de susciter la conversation et de développer des idées d’interventions, nous avons choisi de cartographier l’industrie de l’IA à Montréal ainsi que ses alliés.

Le milieu de l’IA à Montréal est extrêmement interconnecté. Des dizaines de compagnies travaillent ensemble pour développer simultanément des systèmes d’IA pour une variété de fins économiques, sociales et politiques. L’institut québécois en intelligence artificielle (Montreal Institute of Learning Algorithms- MILA), rattaché à l’Université de Montréal (UdM), est l’une des plus importantes institutions en terme de recherche et de coordination de projets. D’après Valérie Pisano, la présidente du MILA, « aujourd’hui, il y a un buzz autour de Montréal et l’intelligence artificielle, nous sommes un des leader mondial en terme de création, de production et d’inspiration de talents ».

La mission du MILA, d’après leur site internet, est de fédérer les chercheur.euse.s dans le domaine du Deep Learning et du Machine Learning (voir FAQ pour les définitions). Ils veulent partager leurs infrastructures, leurs connaissances et leurs savoirs avec de multiples entreprises pouvant bénéficier des opportunités ouvertes par leurs recherches.

« Le laboratoire de Machine Learning à l’Université de Montréal est dirigé par quelques professeurs, Prof.Yoshua Bengio, Prof. Aaron Courville, Prof. Pascal Vincent, Prof. Roland Memisevic, Prof. Christopher Pal, Prof. Laurent Charlin et Prof. Simon Lacoste-Julien, qui sont tous des experts internationaux en Machine Learning et plus spécialement dans le champs du Deep Learning qui se développe rapidement. » Le MILA a aussi des bureaux dans le O Mile-Ex, situé dans le quartier Parc-Extension, au 6666 Saint-Urbain.

Le O Mile-Ex fait partie de la stratégie du MILA de mettre en place une plateforme pour la collaboration, le partage des infrastructures et pour fournir l’accès aux résultats de leurs recherches à un ensemble de compagnies. Cet espace accueille de nombreuses entreprises spécialisées en recherche et en développement dans les domaines du deep learning, de la défense, de la sécurité et du transport.

Des institutions telles que Thales, QuantumBlack, l’Institut de la valorisation des données (IVADO) et Element AI ont leurs bureaux au O Mile-Ex. Cet immeuble, dont les plans architecturaux avaient été conçus par la firme Lemay (connue pour avoir dessiné les plans de postes de police, d’une prison pour migrant.es, etc) est une force hostile aux résident.es de Parc-Ex. Non seulement ces projets vont sans doute affecter négativement les vies des gens qui y vivent, mais ils contribuent à l’embourgeoisement de ce quartier à forte population immigrante dans l’objectif d’accommoder les développeurs techno et les étudiant.es qui y travaillent.

Yoshua Benjio, professeur et directeur au MILA, est l’un des pionniers reconnu internationalement dans la recherche en intelligence artificielle. Son expertise a été sollicitée par plusieurs institution depuis une dizaine d’années. Bien que Benjio et son équipe prétendent être fermement opposés à l’utilisation de l’IA pour le développement d’armes, le MILA semble collaborer avec Thales. Thales Canada développe et offre des systèmes d’information pour la défense et la sécurité, l’aérospatiale et le marché du transport au Canada et à travers le monde. Ils offrent des systèmes de commande, de contrôle, de communication et de systèmes informatiques intelligents de surveillance et de reconnaissance, des produit de protection des forces armées, des radars et des appareils de vision nocturnes. Thales a ouvert son propre laboratoire privé dans le O Mile-Ex. Cette proximité physique du MILA laisse croire qu’il y a de la collaboration entre les chercheurs.

Le MILA a aussi accepté 4,5 millions de dollars en trois ans de la part de Google – qui nous amène à nos prochains joueurs dans l’industrie de l’IA à Montréal : Hugo Larochelle, Shibl Mourad et Aaron Brindle. Hugo est le directeur de recherche en intelligence artificielle de Google à Montréal et il travaille au laboratoire Google Brain; Shibl est l’ingénieur techno en chef des bureaux de Google à Montréal; et Aaron est le responsable des communications chez Google Canada. Google planifie doubler ses capacités d’opération à Montréal d’ici 2020, alors qu’ils déménageront leur bureau actuel du 1253 McGill College vers un espace deux fois plus grand au 425 Viger ouest.

Google fourni sa technologie d’IA au département de la défense des États-Unis pour le ciblage des attaques de drones. Ils ont tenté de faire de l’ombre sur cette collaboration en passant par un intermédiaire, une compagnie de tec du nord de la Virginie nommée ECS Federal. Ils utilisent le deep learningpour aider les analystes de drones à interpréter les nombreuses données d’images prises par les flottes de drones militaires dans des pays tels que la Syrie et l’Irak. Que ce soit le député américain et secrétaire de la défense Robert Work qui parle de travailler avec ECS/Google sur la guerre algorithmique développée pour « accélérer l’intégration du big data et du machine learning dans le département de la défense » et de « transformer l’énorme volume de données accessibles au département de la défense en renseignements rapidement exploitables, » ou bien les appareils Google qui normalisent l’usage des traces numériques telles que les empreintes vocales, la localisation GPS, les historiques de recherches, les préférences et beaucoup plus, ces types de développement ainsi que les futurs projets de Google devraient être reconnus pour ce qu’ils sont: des outils de contrôle fait pour réinventer les façons de faire circuler le capital et de gouverner le monde. Il n’est pas évident de savoir quels projets sont spécifiquement développés à Montréal, mais les avancées technologiques faites dans un champ peuvent facilement être recyclées et adaptées à plusieurs autres champs. Cet arsenal de domination est développé par des compagnies et des personnes qui travaillent ici à Montréal. De tels développements sont utilisé partout dans le monde pour surveiller les communautés, pour faire taire la dissidence et pour limiter la capacité des gens d’attaquer l’ordre existant.

Google, une filiale de Alphabet, est si omniprésent qu’il fait maintenant parti de notre langage en verbe. Mais derrière son image techno cool du 21e siècle, se cache un modèle d’entreprise basé sur le capitalisme de la surveillance. Les exemples incluent :

Depuis le début de 2017, les téléphones Android collectent les adresses des antennes de téléphone à proximité – et cela même lorsque le service de GPS est désactivé – puis envoie ces données à Google. Le résultat est que Google, l’unité d’Alphabet derrière Android, a accès à des données de localisation et de mouvements des individus allant bien au-delà de ce à quoi les utilisateurs s’attendent en termes de vie privée.

À Toronto, Google est impliqué dans le projet de ‘Smart City’. Sa compagnie-sœur Side Walk Labs est spécialisée en la matière. Ce terme cool désigne une ville où le mobilier urbain est équipé de capteurs pouvant détecter, analyser et collecter les informations en temps réel, se trouver à tous les coins de rues, installés dans le sol ou attachés aux murs. Tous le monde sera surveillé, dans l’intérêt de l’efficacité ou de la réduction des coûts.

Les machines prennent de plus en plus de décisions qui influencent tous les aspects de nos vies. Les gens sont devenus de simples numéros : qui peut avoir accès au crédit, combien coûte les assurances, qui a le droit de prendre l’avion, qui se fait tuer par un drone? Cela peut seulement être possible par la collecte d’informations par des compagnies comme Google.

(de FuckoffGoogle.de, site web de lutte contre Google en Allemagne)

Tous les suspects habituels sont aussi très actifs à Montréal. Pour l’instant, le projet de recherche en intelligence artificielle de Facebook (FAIR) dirigé par Joëlle Pineau, travaille activement sur le projet de l’Internet des objets (voir définition), et Microsoft possède le laboratoire Maluuba spécialisé en deep learning et a pour objectif de doubler sa taille d’ici 2020 pour accueillir 80 ingénieurs. Le président de Microsoft, Brad Smith, « est enthousiaste de s’engager avec des facultés, des étudiants et avec la communauté tec en générale à Montréal, qui devient une plaque tournante mondiale de recherche et d’innovation en IA. »

Plusieurs entreprises autant gigantesques mais moins connues, travaillent aussi à Montréal. CGI est une compagnie basée ici, avec des centaines de bureaux à travers le monde. Fondée en 1976 par Serge Godin et André Imbeau en tant que firme de consultation en technologie de l’information, ils ont rapidement étendu leurs activités vers de nouveaux marchés et ont acquis d’autre compagnies. Ils possèdent de la clientèle dans un vaste éventail d’industries dont plusieurs dans le service financier, la sécurité publique (les forces policières) et la défense. CGI développe aussi des produits et des services pour les marchés de la communication, de la santé, manufacturiers, pétroliers, gaziers, de la poste et de la logistique, de la vente au détail et du service à la clientèle, des transports et des services publics. Sur leur site web, CGI dit travailler au développement du deep learning, de l’internet des objets, de la réalité augmentée, de villes intelligentes et d’outils d’analyse de données automatisés.

Une autre firme, Deloitte, a des bureaux à Montréal et des clients de San Diego à Buenos Aires en passant par l’Inde. Ils s’inspirent de cas d’étude dérangeants de prédictions policières et de répression par la foule. Voici quelques exemples venant de leur site web :

Les émeutes de 2011 à Londres fut un moment incroyablement chaotiques. Il y a eut plus de 20 000 appels d’urgence à la police, soit une hausse de 400% par rapport à un jour normal; et presque 2200 appels au London Fire Brigade, ce qui est quinze fois plus qu’à l’habitude. Pour faciliter l’arrestation des personnes impliquées, l’aide d’une application de téléphone intelligent était de mise. La police métropolitaine de Londres a pu identifier 2880 suspects dans la foule. Les autorités ont demandé aux citoyens de télécharger l’application Face Watch ID et de les aider à identifier les personnes dans les images captées depuis les caméras de surveillances. Si une image leur était connue, les citoyens écrivaient le nom ou l’adresse de la personne, qui était envoyé à la police immédiatement et en toute confidentialité. Cela a effectivement permis à la police d’appréhender les suspects et de déposer des accusations contre 1000 personnes.

Dans une ville de plus de 4 millions d’habitants avec un niveau de crime ayant augmenté en 2015, toutes catégories confondues, le département de la police de Los Angeles a su qu’il devait agir. Pour aider à la lutte contre le crime, Los Angeles a piloté un nouvel outil en incorporant l’un des meilleur outil de la pensée sécuritaire intelligente (Smart Security) : PredPol. La mission de PredPol est simple: positionner des officiers au bon endroit au bon moment pour leur donner la meilleur chance de prévenir le crime. Cet outil, piloté par les départements de la police de Los Angeles et de Santa Cruz, utilisent trois points de données – les types, les emplacement et les heures de crimes passés – dans le but de prédire le comportement criminel. Ces points de données alimentent un algorithme unique qui incorporent les modèles de comportements criminels. Les forces de l’ordre reçoivent ensuite des prédictions de crime adaptées, générées automatiquement pour chaque quarts de travail dans leur juridiction. Ces prédictions sont extrêmement spécifiques et révèlent les lieux, cartographiés à coup de 500 par 500 pieds et les moment desquels les crimes sont les plus susceptibles de survenir. Bien qu’il ne soit qu’un projet pilote, PredPol a déjà fait baisser le niveau de crime de 13% dans une de ses divisions.

L’outil d’évaluation du risque et des sentences ( Risk Assessment and Sentencing Tool or RAST) est un moteur complexe d’analyse de données qui aide à classifier les délinquants en tant que risque faible, moyen, ou haut, et suggère des recommandations de sentences ciblées basées sur une foule de facteurs spécifiques à chaque cas. Le RAST explore une vaste mine de données à travers de multiples États et juridictions, en comptant autant sur les facteurs statiques que dynamiques. Les facteurs statiques sont des circonstances inchangeables liées aux crimes et aux délinquants, comme le type d’offense, l’age actuel, l’historique criminel et l’age de la première arrestation. Les facteurs dynamiques, appelés parfois les facteurs criminologéniques, peuvent être influencés par des interventions et incluent l’attitude, les associations, les substances utilisées et les types de personnalités antisociales. Le RAST est plus avancé et plus utile pour les juges, les jurées et agents de libération conditionnelles de trois façons spécifiques. D’abord, depuis que l’institut de la Justice du département de la justice nationale l’administre au niveau fédéral, il compte sur un ensemble particulièrement large de données à l’échelle nationale. Ensuite, les données sont continuellement réévaluées pour leur validité prédictive : elles sont révisés annuellement pour déterminer à quelle fréquence RAST classifie correctement les délinquants, s’il compte sur les facteurs dynamiques et statiques et s’il prend des décisions de sentence efficaces par la mesure du taux de récidive. Finalement, RAST diffère des outils traditionnelles d’évaluation des risques parce qu’il tient compte de plus d’éléments que les réponses de questionnaire. Les facteurs statiques et dynamiques sont utilisés en combinaison avec les données spécifiques en temps réel comme par exemple le comportement d’un délinquant et la localisation.

D’ailleurs, le barreau canadien discute présentement de l’application de l’intelligence artificielle dans le domaine juridique. L’expert de la question, Karim Benyekhlef est responsable du laboratoire en Cyberjustice, à l’UdM.

La compagnie Fujitsu se fait aussi remarquer dans la ville. Montréal prévoit signer un contrat de 2 millions $ avec la compagnie japonaise pour rendre la ville plus intelligente. Fujitsu est sensé développer un système qui aiderait à ordonner la circulation dans l’objectif d’améliorer le temps de réponse en cas d’urgence. La compagnie mettra en réseau toutes les caméras de circulation de la ville afin d’analyser les flux dans le but d’augmenter leur efficacité et de surveiller de près les mouvements.

Pourquoi toutes ces institutions choisissent Montréal? En partie à cause de la recherche en cours et de la main d’œuvre qualifiée qui s’est établie depuis plus de dix ans, mais aussi grâce à la promotion créée par l’État et les ONG. En septembre 2016, le Fonds d’excellence en recherche Apogée Canada a alloué 84 M$ à l’université McGill pour leur initiative Healthy Brains for Healthy Lives (HBHL) et 93,5 M$ à l’Université de Montréal pour l’Institut de valorisation des données (IVADO). En mars 2017, 40 M$ des 125 M$ de la stratégie pan-canadien d’IA du gouvernement du Canada administrée par l’Institut canadien pour la recherche avancée (CIFAR) ont été alloués à Montréal. Au printemps 2017, 100 M$ ont été alloués par le gouvernement du Québec pour la création d’un nouvel institut québécois pour l’IA. En mars 2018, le gouvernement du Québec a annoncé un don de 5 M$ pour l’établissement d’une organisation internationale sur l’intelligence artificielle et de 10 M$ sur les prochains cinq ans à NEXT.AI et à CLD, des initiatives du HEC Montréal. SCALE.AI, maintenant partenaire de NEXT.AI, est un nouveau consortium qui formera une plate-forme mondiale de châines logistique fonctionnant avec l’IA. En décembre 2018, le Gouvernement du Canada a remis 230M$ à ce nouveau géant dirigé par Hélène Desmarais, épouse de Paul Desmarais – président de PowerCorp. Cette dernière est aussi présidente exécutive d’IVADO.

Allons un peu plus loin

Cette recherche du réseautage des joueurs importants en intelligence artificielle à Montréal n’est absolument pas complète. Cette liste se rallonge et l’industrie n’a pas fini de se développer. Cela peut servir de point de départ pour continuer à approfondir le sujet. Bien que la portée de ces projets semblent couvrir tous les domaines, les chances sont que la plupart des développements et des applications de ces technologies sont encore à leurs débuts et assez vulnérables. Néanmoins, la possibilité que ces projets atteindront leur aboutissement dans un futur proche est très probable. Nous aimons penser que par nos actions, nous pouvons inspirer les gens à attaquer ces nouveaux systèmes de domination et de contrôle social. À travers les conversations et la recherche, nous pouvons trouver les faiblesses de ces architectes de la complaisance et attaquer.

– des individus contre l’autorité

Avril 2019, Montréal // Tio’ti:ake

 

FAQ

Qu’est-ce que le l’apprentissage automatique (Machine Learning ou littéralement apprentissage machine)?

L’apprentissage automatique est un champ d’étude de l’intelligence artificielle dans le champs de l’informatique qui se fonde sur des approches statistiques pour donner auxordinateurs la capacité d’«apprendre» à partir de données, c’est-à-dire d’améliorer leurs performances à résoudre des tâches sans être explicitement programmés pour chacune.

Si l’apprentissage automatique est souvent décrite comme une sous- discipline de l’IA, c’est mieux de la penser comme sa forme actuelle. C’est le champ de l’IA qui aujourd’hui promet le plus et qui fournit les outils que l’industrie et la société peut utiliser en ce moment.

Qu’est-ce que l’apprentissage profond (deep learning)?

L’apprentissage profond est un sous-ensemble particulier de l’apprentissage automatique. Alors que cette branche de la programmation peut devenir très complexe, elle commence par une question simple : « Si nous voulons qu’un ordinateur agisse de façon intelligente, pourquoi ne pas le modeler d’après le cerveau humain? » Cette seule pensée a engendrée de nombreux efforts dans les dernières décennies pour créer des algorithmes qui miment la façon dont le cerveau humain fonctionne – et qui peuvent résoudre des problèmes de la manière dont le cerveau humain peut le faire. Ces efforts ont donné lieu à des outils d’analyse de plus en plus compétents qui sont utilisés dans de nombreux domaines différents.

Qu’est-ce que l’Internet des Objets?

L’Internet des Objets, c’est le concept de connecter n’importe quel appareil avec un interrupteur ouvert et fermé à internet (et/ou les uns aux autres). Cela inclut n’importe quoi; téléphones portables, cafetières, machines à laver, écouteurs, lampes, technologie portable et presque n’importe-quoi d’autre à quoi on peut penser. Cela s’applique aussi aux composantes de machines comme par exemple le moteur d’un avion ou la foreuse d’une plateforme pétrolière. Le point est que les données circulent dans un réseau d’items interconnectés pour rendre le tout « intelligent ».

Exemple:

Vous rentrez chez vous le soir. Votre maison intelligente vous reconnaît et règle automatiquement éclairage, température, ambiance sonore. Tous vos objets jacassent entre eux. « Quoi de neuf ? », demande votre ordinateur à votre téléphone portable, votre appareil-photo, votre MP3 et tous vos objets nomades intelligents, qui lui communiquent leurs données du jour. Votre frigo intelligent, lui, note que vous mangez le dernier yaourt, et passe aussitôt commande via Internet. Il vous propose les recettes réalisables avec vos provisions. Vos enfants sont rentrés, mais vous le saviez déjà grâce au message reçu sur votre mobile, lorsqu’ils ont scanné leur cartable en arrivant à la maison. Ils sont occupés avec leur lapin électronique qui leur lit un livre intelligent, scanné lui aussi grâce à sa puce RFID. Un coup d’œil à l’un de vos écrans vous rassure sur votre vieille maman qui vit seule : les capteurs de son habitat intelligent sécurisé ne signalent rien d’anormal du côté de sa pression artérielle et de sa prise de médicament, elle n’a pas besoin d’aide. Bref, votre vie se déroule comme il faut, sans vous. C’est tellement plus pratique.

(IBM et la société de contrainte)

Collabos de la CAQ

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Avr 042019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

** À partager largement dans le milieu de l’enseignement et ailleurs **

La Coalition Avenir Québec va de l’avant avec son interdiction du port de signes religieux chez plusieurs travailleuses et travailleurs du secteur public.

Peu importe le parti au pouvoir, nous nous opposons à ce que le gouvernement dicte aux gens comment s’habiller, en plus d’alimenter la peur et la haine des personnes musulmanes, et plus particulièrement des femmes musulmanes, sous le prétexte de la «laïcité».

Toute politique gouvernementale ne prend effet qu’à travers ceux et celles qui l’appliquent et qui y collaborent. C’est pourquoi nous lançons un appel à identifier ceux et celles qui, dans les établissements publics, participent à l’application de cette loi. Cela peut se traduire par exemple par une personne qui appelle la police si unE employéE de son établissement porte un signe religieux, qui l’harcèle, qui la dénonce à son supérieur, qui la met à la porte ou encore qui refuse de l’embaucher pour cette raison.

Nous vous invitons à nous transmettre les informations dont vous disposez sur celui ou celle qui applique la loi (nom, organisme, poste, photo, etc.) avec une description de ses actions et leurs conséquences à doxxlescollabos@riseup.net. Nous ferons nos propres recherches pour pouvoir ensuite publier le plus d’information possible sur la personne donnant acte au racisme d’État.

Nous sommes conscientEs que la loi s’appliquera entre autres à des flics de tout genre. Les flics sont les chiens de garde de ce système pourri basé sur le colonialisme et le racisme, alors faut dire qu’on s’en câlisse de la sécurité d’emploi d’un flic, peu importe sa religion. En conséquence, précisons pour la forme que toute information reçue relative à un corps policier ou un gardien de prison servirait uniquement à alimenter les recherches sur les liens entre ces agences et les groupes d’extrême-droite au Québec.

Nous ne nous calmerons pas. Si vous collaborez avec le gouvernement en faisant la police des signes religieux dans un milieu de travail, on vous watch!

Sodexo attaqué

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Avr 012019
 

Suzanne Bergeron, présidente de Sodexo Canada

Suzanne Bergeron, présidente de Sodexo Canada

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Au petit matin du 29 mars, la présidente de Sodexo Canada a été visitée chez elle, à Brossard. Tous les pneus des deux voitures dans son entrée ont été percés, leurs pare-brises défoncés et les inscriptions FUCK SODEXO et (A) ont été tracées sur leurs capots.

Sodexo bénéficie de l’enfermement à travers le monde. Ils offrent entre autre des services de gestion de prisons privées, de centres de détention pour migrant.es et des services de cafétéria pour les prisons.

Au Canada plus particulièrement, ils bénéficient de l’économie extractive en offrant des services de sécurité et de cafétéria pour les sites extractifs.

Cette action est en solidarité avec les prisonniers anarchistes partout.

Les profiteurs de l’enfermement ne doivent pas dormir paisiblement. Les entreprises qui considèrent prendre des contracts pour la construction de la nouvelle prison pour migrant.es à Laval devraient y penser à deux fois.

Prison pour migrant-e-s: Attaques sur deux développements de condos de Lemay

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Mar 262019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

La nuit du 19 mars, les bureaux de vente de Humaniti se sont fait défoncer leurs fenêtres et deux tours Lowney ont été redécorées avec de la peinture dans un extincteur de feu. Qu’ont en commun ces développements de condos? Ils ont tous les deux été designés par la firme d’architecture Lemay, qui est en train d’aider à la construction d’une prison pour migrant.e.s.

Pourquoi perturber la paix des citoyens qui occupent ces condos de luxe, qui ont une richesse et un confort qui est fondé sur la dépossession, l’exploitation et l’emprisonnement de celles et ceux qui sont ici depuis avant la colonisation de ce continent, ces nouveaux arrivants qui veulent une meilleure vie, de survivre ou qui sont poussés ici par l’empire, et toutes celles et ceux qui résistent à l’ordre des choses?

Lemay, nous espérons que vous aimerez informer vos potentiels clients que leurs projets vont être sabotés si ils vous engagent. Si vous choisissez de ne pas les informer, on leur donnera une surprise qui leur coûtera cher.

À tout.e.s celles et ceux qui se battent contre les frontières au soi-disant Québec et au soi-disant Canada: attaquons les compagnies et les agences impliqués de n’importe quel façon dans la construction de cette prison pour migrant.e.s, pour qu’elle ne soit jamais construite.

Feu aux prisons! Sabotons les frontières, ceux qui les gardent et leurs collaborateurs.

1er mai anticapitaliste 2019 – Square Cabot – 18h30

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Mar 262019
 

De la Convergence des luttes anti-capitalistes

Ce mercredi 1er mai, à 18h30 au Square Cabot, la caravane anticapitaliste emmerde vos frontières et vos prisons !

Pour une personne tentant de fuir des conditions de vie misérables, qu’est-ce qu’une frontière si ce n’est une clôture autour d’une prison ? Après tout, quelle est la différence entre forcer des personnes à vivre dans un endroit contre leur gré et un emprisonnement ?

Être forcé de travailler pour une compagnie canadienne, au Honduras, en Haïti, en Colombie ou ailleurs n’est guère mieux qu’être en détention. Une prison dont l’objectif est de produire toutes les cochonneries qui forment la base de notre confort moderne. Ce type de séquestration rend l’exploitation moins visible pour nos sociétés occidentales, mais montre bien que l’esclavage n’a pas disparu ; il a simplement changé d’habits. Ces personnes exploitées ramassent nos fruits, fabriquent nos t-shirts, pêchent nos poissons, meurent pour que les riches puissent être toujours plus riches, jour après jour, après jour, après jour …

Lorsque les exploitéEs tentent de se rebeller, les États impérialistes ne sont que trop contents de vendre aux gouvernements, aux groupes armés ou aux gardienNEs de prisons locaux les armes et les outils pour réprimer toute vélléité de changer le système. Des policièrEs en Amérique centrale, des armes en Afrique, des fonds en Asie … tout ce qu’il faut pour maintenir les populations locales sous contrôle. Tout ce qu’il faut pour soutenir la pyramide chancelante du capitalisme.

Dans ces circonstances, comment ne pas voir les caravanes de personnes migrantes comme des personnes fuyant une prison de pauvreté et de misère ? Fuyant une exploitation éternelle ? Or, cette fuite est inacceptable pour notre système impérialiste actuel. Il se construit alors un réseau financé par les États pour kidnapper toutes les personnes qui tentent de se libérer. Un réseau dont l’unique but est de les ramener à leur esclavage initial. Un réseau formé d’agentEs frontalièrEs, de prisons pour familles migrantes, de police de l’immigration. Toute une chaîne s’étirant du Canada jusqu’aux néo-colonies internationales. Une chaîne formée d’enfants emprisonnés pendant des années, de familles éparpillées à travers le monde, de femmes violées, d’hommes tués, d’espoirs assassinés.

Le capitalisme, c’est l’accumulation de la richesse dans le Nord aux dépens du Sud. C’est la construction d’une forteresse capitonnée destinée à une poignée de privilégiéEs, aux dépens de toute décence humaine. Le capitalisme, c’est l’éternelle exploitation pour les trois quart de l’humanité. Ce 1er mai, attaquons les sinistres agents du capital, les mains visibles de ces esclavagistes : l’infrastructure frontalière, les entreprises qui s’enrichissent en construisant des prisons, la machine inhumaine derrière les déportations. Ce 1er mai, nous emmerdons les frontières, les prisons et tous ces systèmes qui continuent de construire des barrières entre les peuples.

Ce 1er mai, marchons pour la liberté ! Marchons pour la mort d’un système qui n’a plus rien d’humain ! Marchons contre le Capital !

Point de départ principal

Autres rassemblements et départs

  • Manif de l’IWW (détails à venir)

Le jour même du massacre de Christchurch, un propagandiste islamophobe du Québec a traduit et publié le manifeste du terroriste

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Mar 262019
 

De Montréal-Antifasciste

Le vendredi 15 mars 2019, moins de 24 heures après la tuerie islamophobe perpétrée à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, l’animateur d’un site Internet québécois a publié et diffusé une traduction française du manifeste du tueur.

Pour quelle raison voudrait-on amplifier le message du tueur en se précipitant pour en produire une traduction? Ça n’est pas un innocent faux pas qu’on pourrait simplement imputer à la maladresse d’un mauvais journaliste : c’est une amplification volontaire du signal (signal boost) du manifeste islamophobe. D’autant plus que le traducteur a une histoire chargée et documentée d’islamophobie en ligne.

Rappelons que dans le cadre de son opération de propagande et de relations publiques, le tueur avait lui-même publié son manifeste de 74 pages, où il expose sa démarche, prête allégeance à l’idéologie fasciste et appelle les suprémacistes blancs du monde entier à imiter son geste abominable.

Mais qui a bien pu publier le manifeste en français?

Un tweet de Lesmanchettes.com encourageant la lecture du manifeste du terroriste de Christchurch.

 

Un tweet de Lesmanchettes.com encourageant le téléchargement du manifeste du terroriste de Christchurch.

Il s’agit du site internet Les Manchettes, qui existe depuis 2017 et se spécialise dans le partage et le spin de fausses nouvelles, de théories du complot et de textes d’opinions, nationalistes, conservatrices et islamophobes. Tout indique que le site Les Manchettes soit le projet d’une seule et unique personne, qui en assure la maintenance et semble signer pratiquement tous les articles, soit André Boies, alias Bo Bois sur Facebook.

Le site Lesmanchettes.com est enregistré au nom d’André Boies.

André Boies fait circuler sur Twitter sa traduction du manifeste du terroriste de Christchurch

Il ne fait aucun doute que Boies est l’auteur de la traduction française du manifeste et que c’est lui qui l’a mise en ligne et diffusée. D’une part, il n’a pas hésité à s’en vanter sur Facebook :

André Boies avoue avoir traduit le manifeste du terroriste de Christchurch.

Et si cela ne suffisait pas à prouver qui est l’auteur de la traduction, Boies a oublié ou n’a pas cru bon de supprimer les métadonnées du document PDF publié en ligne, lesquelles identifient le propriétaire du logiciel employé pour le produire :

Les métadonées de la traduction du manifeste du tueur de Christchurch publié par Lesmanchettes.com indiquent “André Boies” comme auteur.

Dans une discussion avec d’autres islamophobes, Boies explique qu’il a aussi fait une copie de la vidéo de l’attentat « au ka qu’on censure » (sic) :

Qui est André Boies?

 

André Boies est “Bo Bois” sur Facebook.

André Boies, alias Bo Bois, est un designer graphique qui vit actuellement à Montréal. Il est très actif dans la fachosphère nationaliste québécoise, sur Facebook et Twitter, et publie au moins un article par semaine sur le site Les Manchettes. Il travaille dans le domaine de la création Web avec sa compagnie « Graphixab », laquelle est la dernière d’une longue liste d’entreprises éphémères. Il fait aussi profiter la fachosphère québécoise de ses talents de graphiste, en offrant ses services aux militant.e.s d’extrême droite pour réaliser des autocollants lèttes.

André Boies produit des décalques aux thèmes nationalistes.

André Boies produit des décalques aux thèmes nationalistes.

Boies, comme la majorité des énergumènes qui composent la nébuleuse d’extrême droite québécoise, est obsédé par l’Islam, comme le démontre entre autres son commentaire ci-dessous (Coudonc, tout le monde la [sic] dit que l’islam c’est de la grosse marde!). Il utilise par ailleurs ses façades de compagnie, comme le compte Twitter « Sticker Decal », pour propager des théories du complot, comme l’idée que l’attentat de Christchurch serait une « attaque sous fausse-bannière » (Sondage : Pensez-vous que l’attentat survenu en Nouvelle-Zélande soit un possible false flag?).

Exemple de commentaire islamophobe publié par André Boies sur Facebook.

 

Le compte Twitter Sticker Decal est l’une des façades d’entreprise d’André Boies.

En ligne depuis à peine quelques années, son site Web compte des dizaines d’articles où il relaie sans aucune retenue l’islamophobie décomplexée qui définit une immense partie des cercles nationalistes de droite et d’extrême droite au Québec, et qui est de plus en plus normalisée partout en Occident. Boies propage aussi sur son site des théories du complot absurdes et diffamantes, comme l’idée que la certification halal au Canada soit un moyen de financer le terrorisme! Il suffit de faire une recherche Google pour se rendre compte de l’obsession que cultive Boies pour l’Islam et les musulmans.

Un exemple de manchette islamophobe trouvée sur le site d’André Boies.

Voici un échantillon de ses publications xénophobes et islamophobes (y compris un graphique à l’appui de la théorie du “grand remplacement”, laquelle est l’élément central du manifeste du terroriste de Christchurch):

La tumultueuse histoire criminelle de Boies révèle que le bonhomme n’est pas étranger à la diffamation! Il s’est même chicané avec la SQ en 2012 à savoir qui était le pire diffamateur entre les deux. Cet incident a dû l’échauder, car il semble être encore aujourd’hui préoccupé par la question…

André Boies est préoccupé par la diffamation.

Un « de souche » qui embarrasse même le Parti Québécois

Boies fait manifestement partie de la mouvance « patriote » la plus dure. Celle qui trouve que La Meute n’est pas assez radicale et est trop fédéraliste. Au moment où surgissaient plusieurs fractures internes au sein de l’extrême droite, à l’été et l’automne 2018, Boies a choisi de militer agressivement pour le PQ en vue des élections provinciales.

André Boies, militant du Parti Québécois.

André Boies milite pour le PQ…

Il s’est entre autres pathétiquement illustré en recouvrant son char d’autocollants aux couleurs du Parti Québécois pour aller intimider des bénévoles de Québec Solidaire dans Rosemont! (VICE a d’ailleurs documenté son humiliation quand, en août 2018, le PQ l’a intimé d’enlever le logo du parti de son véhicule.)

Le véhicule d’André Boies recouvert des couleurs du Parti Québécois.

 

André Boies relate sa rencontre avec des policiers suite à des plaintes pour intimidation en marge d’une réunion de Québec Solidaire dans Rosemont.

Mais pourquoi avoir voulu publier le manifeste du terroriste?

Boies se défendra peut-être d’avoir traduit et publié le manifeste dans un intérêt purement journalistique, mais n’importe quel professionnel ou spécialiste de l’information vous dira qu’une pareille démarche d’amplification du message est extrêmement douteuse sur le plan éthique et cache sans doute un autre motif.

Le compte Twitter Lesmanchettes.com (André Boies) diffuse le manifeste du terroriste suprémaciste de Christchurch.

En ce qui nous concerne, la publication du manifeste en français n’est pas une simple erreur de jugement. Compte tenu de l’historique islamophobe de Boies, il est permis de croire que son empressement à traduire et à republier le manifeste du meurtrier relève d’une volonté de diffuser plus largement les idées et les motivations de celui-ci, dont l’acte terroriste a coûté la vie à 50 personnes de confession musulmane en Nouvelle-Zélande.

Ça n’est pas non plus une coïncidence si le lendemain de l’attentat, André Boies est venu écornifler du côté des (faux) gilets jaunes islamophobes, devant TVA, face à un rassemblement de solidarité avec les victimes de la tuerie. Clairement pas venu là pour s’y recueillir, il est plutôt resté quelques minutes en retrait pour prendre en photo les militant.e.s antiracistes et antifascistes. Il a publié le même jour un article déplorant le gaspillage de fonds publics que représentait pour lui le rassemblement public en solidarité aux victimes.

Appel à la vigilance et à l’action contre l’islamophobie

L’islamophobie est aujourd’hui tellement banalisée au Québec, qu’un militant nationaliste proche de l’extrême droite peut, dans la journée même où a eu lieu le massacre de 50 personnes, traduire précipitamment le manifeste du terroriste et diffuser sa traduction bancale sur les réseaux sociaux, sans que cela ne trouve un écho dans les médias traditionnels ou soit même dénoncé par qui que ce soit. (En même temps, en Ontario, les autorités ont « ouvert des enquêtes » sur un néonazi notoire qui a partagé le manifeste sur son site, et un autre qui listait les cibles que devraient prioriser les loups solitaires.)

Il est grand temps que nous prenions collectivement la mesure du problème de l’islamophobie dans la société québécoise et canadienne, et que les forces antiracistes se regroupent pour contrer  la haine et l’intolérance qui se normalise de plus en plus à l’égard des communautés musulmanes.

L’une des choses les plus simples que nous avons le pouvoir de faire est de pointer du doigt et de dénoncer les facilitateurs de l’islamophobie comme André Boies.

P.-S. Boies est aussi venu scèner autour de la Manifestation contre le racisme et la Xénophobie, à Montréal, le dimanche 24 mars. Il a été surpris que des antifascistes l’interpellent par son nom et lui demandent de dégager. Il en a même fait un article pour son site de merde…

 « Je n’ai vraiment aucun commentaire négatif contre ces antifas, ils ont été quand même sympathiques, ils m’ont quand même demandé très poliment de quitter les lieux. »

Merci, André. Tu sauras maintenant qu’on a souligné ton nom au crayon rouge dans notre petit carnet des ordures à surveiller.

La statue de la reine Victoria à Montréal attaquée à la peinture verte avant la Manifestation contre le racisme et la xénophobie

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Mar 242019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Montréal, le 24 mars 2019 — Une statue en bronze emblématique de la reine Victoria, inaugurée en 1900 et située sur la rue Sherbrooke sur le campus de l’Université McGill, a été vandalisée hier soir, en avance de la prochaine manifestation contre le racisme et la xénophobie.

Les statues de la reine Victoria à Montréal ont déjà été visées au moins trois fois en 2018: la veille de Noël par les Lutins rebelles du père Noël, le jour de la fête de Victoria par la Brigade Henri Paul contre la monarchie, et le jour de la Saint-Patrick (2018) par la Brigade de Solidarité Anticoloniale Delhi-Dublin

Séamus Singh, de la brigade, a déclaré: “Cette année, nous avons décidé d’attendre une semaine après le jour de la Saint-Patrick afin de mieux planifier notre action juste avant la manif antiraciste d’aujourd’hui.” La brigade souligne cependant qu’elle ne participe ni directement ni indirectement à l’organisation de la marche antiraciste.

Lakshmi O’Leary, également membre de la Brigade de Solidarité Anticoloniale Delhi-Dublin, a expliqué: “En fait, nous avons dû passer un temps considérable à enlever le épais revêtement de plastique qui a caché la statue depuis décembre après une attaque de peinture rouge la veille de Noël.” Elle a ajouté: “Nous avons laissé la cagoule sur le visage de la reine Victoria, car si les rebelles irlandais et indiens du siècle dernier avaient réussi, elle aurait été bien pendue pour sa criminalité.”

Selon la Brigade de Solidarité Anticoloniale Delhi-Dublin, la présence de statues de la Reine Victoria à Montréal est une insulte aux luttes d’autodétermination et de résistance des peuples opprimés dans le monde entier, y compris les nations autochtones en Amérique du Nord (l’Île de Tortue) et en Océanie, ainsi que les peuples d’Afrique, du Moyen-Orient, des Caraïbes, du sous-continent indien, et partout où l’Empire britannique a commis ses atrocités.

Les statues sont également une insulte à l’héritage de la révolte par les combattant.e.s de la liberté irlandaise, et les mutin.e.s anti-coloniaux d’origine britannique. Les statues ne méritent particulièrement aucun espace public au Québec, où les Québécois.e.s étaient dénigré.e.s et marginalisé.e.s par des racistes britanniques agissant au nom de la monarchie putride représentée par la reine Victoria.

Le règne de la reine Victoria a représenté une expansion massive de l’Empire britannique barbare. Collectivement, son règne a représenté un héritage criminel de génocide, de meurtres de masse, de torture, de massacres, de terrorisme, de famines forcées, de camps de concentration, de vols, de dénigrement culturel, de racisme et de suprématie blanche. Cet héritage devrait être dénoncé et attaqué.

L’action d’hier est motivée et inspirée par des mouvements à travers le monde qui ont fait tomber et ont autrement ciblé des monuments par actes anticoloniaux et antiracistes: Cornwallis à Halifax, John A. Macdonald à Kingston (Ontario) et à Victoria (Colombie-Britannique), le mouvement Rhodes Must Fall en Afrique du Sud, la résistance aux monuments racistes de la Confédération aux États-Unis, et plus.

Selon Udham Connolly, un autre membre de la Brigade de Solidarité Anticoloniale Delhi-Dublin: “Notre action est une simple expression de la solidarité anti-coloniale et anti-impérialiste, et nous encourageons d’autres à entreprendre des actions similaires contre les monuments racistes et les symboles qui devraient être dans les musées, et non prendre de l’espace dans nos lieux publics.”

Séamus Singh conclut: “Cette fois, cependant, nous ne demandons pas que cette statue en particulier soit enlevée; tant qu’elle reste vandalisée avec de la peinture verte, avec la tête de la reine Victoria sous une cagoule, elle peut rester debout.”

Le Monument à John A. Macdonald vandalisé à l’occasion de la Journée internationale contre le racisme

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Mar 222019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

MONTRÉAL, 17 mars 2019, 5h — Aujourd’hui, à l’aube de la Journée internationale contre le racisme, le monument raciste et colonial à John A. Macdonald (1895) a été vandalisé par de la peinture.

Cette fois, le groupe #MacdonaldMustFall à Montréal réclame l’action. Notre action est entreprise en solidarité et en soutien aux actions et mobilisations mondiales contre le racisme et le fascisme, notamment les manifestations #UniteAgainstRacism à travers le Canada, coordonnées par le Migrant Rights Network.

Le vandalisme de ce matin marque au moins la sixième fois que le monument à Macdonald a été vandalisé au cours des deux dernières années (actions antérieures de notre chef: le 12 novembre 2017, le 27 juin 2018, le 17 août 2018, le 7 octobre 2018. et le 24 décembre 2018).

Le groupe #MacdonaldMustFall rappelle aux médias: John A. Macdonald était un suprémaciste blanc. Il a directement contribué au génocide des peuples autochtones avec la création du système brutal des pensionnats ainsi que d’autres mesures destinées à détruire les cultures et les traditions autochtones. Il était raciste et hostile envers les groupes minoritaires non blancs au Canada, promouvant ouvertement la préservation d’un Canada dit «aryen». Il a adopté des lois pour exclure les personnes d’origine chinoise. Il a été responsable de la pendaison du martyr Métis Louis Riel.

Les statues de Macdonald devraient être retirées de l’espace public. En tant qu’artefacts historiques, elles devraient être entreposées là où elles appartiennent soit dans les archives ou les musées. L’espace public devrait plutôt célébrer les luttes collectives pour la justice et la libération et non pas la suprématie blanche et le génocide.

Quelques notes sur notre 15 mars

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Mar 182019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Je veux me souvenir du sentiment d’être ébranlé.e par la beauté de la foule. La peur et l’anxiété se dissipent quand un black bloc d’une centaine de personnes prend la rue, réalisant sa force collective qui oblige les flics à rester loin. C’est maintenant que ça se passe. On peut y arriver.

D’attaquer des voitures de luxe, des hôtels, et des banques quand la police est incapable de les défendre est une attaque contre la police, qui doit montrer son habileté à défendre la loi et l’ordre pour être respectée par les bon.nes citoyen.nes et crainte par les exclu.es. Des échos de vitrines fracassés se font entendre sur la rue Peel, alors que des rafales de projectiles volent en direction des banques. Pas besoin de s’inquiéter, des roches, des flares, et au moins un feu d’artifice de qualité sont aussi réservés pour le SPVM.

La spontanéité, ça fonctionne bien parfois. C’est cool quand des gens sortent un dumpster d’une ruelle, que d’autre y balance un flare allumé pendant que quelqu’un y tag un “ACAB”, et que finalement, plusieurs personnes utilisent le tout pour charger les flics devant la manif, presque comme une chorégraphie. Notre temps ensemble est limité, mais riche en possibilités.

Des anti-émeutes sont arrivés par derrière sur Maisonneuve et nous ont rapidement balancé des lacrymos, ce qui a eu l’effet escompté sur cette manif relativement petite. Deux arrestations ont eu lieu, et des gens ont été blessé.es. Ce qui nous amène aux suggestions tactiques pour la prochaine fois:

Rendre la dispersion dangereuse (pour les flics) : quand une manif se sépare après que les flics l’aient attaqué, on devrait essayer de rester calme, de voir qui est encore avec nous et où nous sommes rendu, et de voir si on peut se regrouper avec ceux et celles qui ont pris le même chemin. On a beau être moins nombreux.euses, mais l’attention des flics est divisée, et ils auront moins de chances d’être en position pour nous attaquer encore immédiatement. On peut même croiser un groupe de flics isolé qui ne sont pas prêts à faire face à une foule hostile. L’état utilise des armes chimiques et des coups pour anéantir une initiative qui diverge joyeusement de la routine dévastatrice d’une société-prison, et ça, en blessant nos ami.es. Répliquons à la hauteur de leur aggression.

Des fluides combustibles : amenons-en/utilisons-les? Le dumpster dont on a parlé plus tôt aurait pu être un meilleur bélier si il avait été complètement en feu.

Retour au Manuel du black bloc, 13e édition, chapitre 12 : Choisir les bons outils. Tout objet n’est pas forcément une alternative pour un bon marteau. Deuxièmement, mettre un masque ne suffit pas pour être anonyme. Si votre masque ou d’autres vêtements sortent de l’ordinaire par rapport aux autres casseurs, ça pourra aider la police à vous trouver (soit par des agents en civil, des livestreams, ou des vidéos accessibles après les faits), ce qui peut être dangereux pour vous vers la fin de la manif ou par après.

L’arrière de la manif : Les tactiques de dispersion de vendredi et du soir de la dernière élection étaient identiques: les anti-émeutes arrivent un coin de rue derrière la manif et balancent des lacrymos. La panique qui s’en suit leur donne l’opportunité de foncer dans la foule avec leur véhicules, et d’accélérer la dispersion. Qu’est ce qui serait possible si il y avait un crew combatif à l’arrière de la manif? Pas de propositions spécifiques ici mais nous pensons que c’est une question à se poser pour la prochaine fois.

Salutations chaleureuses à tous les autres groupes affinitaires et individus qui sont venus, et à tout le monde qui était là en esprit. Prenons soins les un.es des autres et détruisons toutes les formes d’autorité. On aimerait bien entendre d’autres récits de ce 15 mars.

Une petite pensée pour tou.tes les rebelles qui sont derrière les barreaux. Feu aux prisons.

Finalement, on se souvient du sacrifice de Anna Campbell, une anarchiste qui a combattu avec le YPJ au Rojava et qui a été tuée avec quatre camarades par l’armée fasciste turque il y a un an, le 15 mars 2018.

On se voit le premier mai ou plus tôt! Nique la police.

Lettre ouverte aux grévistes du climat

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Mar 152019
 

Soumission anonyme à  North Shore Counter-Info

Préface: Nous avons écrit ce texte pour le distribuer à la manifestation de la grève du climat ce vendredi 15 mars. C’est un travail en cours, mais nous désirons le partager à l’avance au cas où d’autres aimeraient s’en inspirer pour d’autres villes. Adaptez ce texte à votre contexte.

Premièrement, Merci. Merci d’en avoir quelque chose à foutre. Merci de décider qu’il y a des futurs pour lesquels ça vaut la peine de se battre, même quand le futur qu’on nous propose semble de plus en plus sombre. La bonne nouvelle c’est que vous êtes ici, avec votre corps, en même temps que tellement d’autres à travers le monde. Aujourd’hui, nous avons l’occasion de reconnaître que nous sommes connectés les un.es aux autres et aux autres êtres vivants et non-vivants de cette planète, d’une manière beaucoup plus complexe et belle que ce que n’importe quel #hashtag pourrait exprimer.

Plusieurs fois par semaine, une nouvelle histoire d’horreur ou une ­autre prédiction catastrophique nous rappelle que nous sommes face à une menace existentielle. Les expert.es n’étudient plus comment prévenir les changements climatiques, mais bien comment nous pourrions en atténuer les effets. Nous savons déjà que tout va changer. La question pour 2019 et pour cette génération est : changer vers quoi ?

Les vautours tournent déjà en rond au-dessus de nos têtes.

Les corporations demandent : « Comment pouvons-nous en profiter ? » Leur but sera toujours le profit, que ce soit en forant un nouveau puits de pétrole sous les glaciers qui fondent ou en commercialisant un nouveau produit « vert » pour nous apaiser.

Les gouvernements demandent : « Comment gardons-nous le contrôle ? » Leur but sera toujours de consolider leur pouvoir, que ce soit en augmentant leurs programmes de surveillance ou en encourageant le « dialogue démocratique », tant que celui-ci ne devienne pas hors contrôle bien entendu. Les gouvernements les plus adaptés feront ceci au nom de la lutte contre les changements climatiques. Ici au so-called Canada, le gouvernement n’est pas aussi subtil et pousse encore pour une expansion massive de l’exploitation des hydrocarbures et des projets miniers, les imposant de force aux communautés autochtones par la force des armes si ils et elles ne peuvent pas être acheté.es.

Les politicien.nes, incluant les carriéristes qui se définissent comme activistes, demandent : « Comment exploiter la peur grandissante et l’insatisfaction générale à notre seul avantage ? » L’histoire nous démontre clairement que si ces personnes parviennent à prendre le leadership d’un mouvement, ils et elles récupéreront le pouvoir exactement au moment où nous devenons une véritable menace pour l’ordre établi. Ceux et celles au pouvoir dépendent de cette récupération, dépendent du fait que notre rage soit dirigée vers des cul-de-sac. Organisons-nous, mais pas derrière ces politicien.nes qui tentent de nous vendre la version de l’Espoir™ la plus tendance.

Nous ne savons pas exactement de quoi un « monde meilleur » aurait l’air. Mais comme vous, nous avons le sentiment qu’il faut essayer. Nous ne voulons pas simplement être du « bon côté de l’histoire », ce piège narcissique. Nous voulons être efficaces dans un cadre éthique qui met en valeur la liberté, l’autonomie et la solidarité. Commençons à prendre au sérieux l’idée que nous pourrions avoir un impact. Pour ce faire, nous proposons une résistance joyeuse, stratégique et féroce qui pourrait inclure ces ingrédients :

Des transformations, pas des réformes. Le capitalisme tue la planète. C’est un système basé sur une croissance infinie, et ne sert que les riches et les puissant.es. Aucun changement de mode de vie et aucune réforme gouvernementale ne parviendra à changer cela. Le capitalisme doit partir. Ceux et celles au pouvoir ne seront pas simplement persuadé.es de changer leurs façons de faire ou d’abandonner leurs pouvoirs et richesses accumulés à travers les siècles grâce au patriarcat, au pillage colonial et à l’exploitation des masses.

La police nous bloque le chemin. Peut-être retenez-vous déjà votre souffle quand vous croisez la police. Si ce n’est pas le cas, rappelez-vous que même la police la plus sympathique devra suivre des ordres pour éviter d’être renvoyée. Les policier.ères sont les chiens de garde violents de ce système pourri. Pour faire une simple brèche, beaucoup de gens devront briser de nombreuses lois, et pas simplement dans le style symbolique du « arrêtez-moi devant les caméras ».

Construisons des vies qui en valent la peine. Nous sommes cyniques, mais pas dépourvu.es d’espoir. Lorsque nous refusons d’abdiquer et construisons plutôt des vies qui valent la peine d’être vécues maintenant, nous avons un aperçu d’un futur différent et le désir grandissant de nous défendre. Nous voulons des vies collectives remplies d’empathie, de créativité et d’ouverture.

Merci encore d’être ici, d’être venu.es. Ceci est le début d’une longue route ou encore d’une corde raide. Marchons ensemble, et tentons d’éviter les pièges qui nous guettent.

-quelques anarchistes

Déploiement de bannière en solidarité avec Unist’ot’en

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Mar 152019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

14 mars 2019
Tiohtiá:ke, sois-disant Montréal

Ce matin à 7h34 au coin des rues Papineau et Saint-Grégoire une bannière portant l’inscription « Solidarity with Unist’ot’en » (Solidarité avec Unist’ot’en) a été accrochée et tendue sur un viaduc.

Cette action se veut un geste symbolique pour annoncer la journée du 15 mars, au cours de laquelle sont prévues deux importantes manifestations, soit la manifestation étudiante pour le climat ainsi que la manifestation anuelle contre la brutalité policière.

Il est important de rappeler qu’alors que débutera cette journée chargée d’implications, des personnes autochtones se trouvent tous les jours sur la ligne de front et se défendent contre le colonialisme environnemental exécuté par les institutions policières et étatiques.

Le 7 janvier dernier, des agents de la Gendarmerie Royale Canadienne ont démantelé par la force le point d’accès Gidumt’en du territoire non-cédé de la nation Wet’suwet’en, où se trouve le camp Unist’ot’en. Les personnes autochtones qui gardaient le point d’accès ont été violement arrachées à leur territoire par les forces armées de la GRC pour permettre le début des travaux de construction du gazoduc (projet Costal GasLink) de la compagnie TransCanada.

Le camp Unist’ot’en, établi sur le territoire Wet’suwet’en depuis 2009 est un milieu de vie comportant un centre de guérison par la reconnection au territoire. Un des buts du camp est d’assurer une présence sur le territoire afin de le protéger des multiples projets à hauts risques environnementaux qui sont planifiés sans le consentement des premières nations. Jusqu’à maintenant, leur présence a mené à l’abandon de plusieurs projets de gazoduc.

L’affichage de cette bannière se veut aussi une dénonciation de l’hypocrisie du gouvernement Trudeau alors que le Premier Ministre feint des mesures de réconciliation avec les Nations Autochtones tout en demeurant muet face aux récents évènements d’Unist’ot’en. De plus, son appui aux nombreux projets destructeurs pour l’environnement témoigne d’un immobilisme opportuniste qui défie toute logique dans la crise environnementale actuelle.

« L’invasion du territoire des Wet’suwet’en par TransCanada n’est qu’un des nombreux exemples prouvant l’étroitesse des liens entre les violences climatiques, la brutalité policière et les luttes autochtones. L’affichage d’une telle bannière se veut un rappel de la convergence de ces luttes et un message de solidarité avec les personnes qui se battent présentement en territoire Wet’suwet’en. » affirme une participante de cette action.

Il manquait juste l’étincelle

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Mar 102019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

On était tous et toutes là, à la manifestation Défonçons des portes ouvertes que des gens avaient organisée pour la rémunération des stages. C’était drôle. Le monde pétait les portes que les gens avaient sorti un moment dans la manif, beau coup! Pis là on a commencé à les entasser faire une petite pile. Y’a même une couple de personnes qui ont roulé en petites boules les tracts qu’illes avaient pis les ont pitché dans le tas de morceau de bois qui avaient été y’a 5 minutes des portes. Les bons vieux trucs de camping.

On était tous et toutes là, autour de la pile de bois, avec nos clopes, à regarder nos ami.es pis le potentiel incendiaires de ce qu’il y a avait devant nous. Mais personne a rien faite. On était pas tant aussi, pis la police était pas loin. Mais je nous ai déjà vu pas mal plus audacieux et audacieuses. Je nous ai déjà vu pas mal plus excité.es par une situation comme ça.

On était tous et toutes là, mais il manquait l’étincelle. L’étincelle qui manque d’ailleurs à cette grève depuis le début. En même temps c’est toujours notre premier réflexe au début de chaque mouvement social. On veut pas avoir l’air méchant.es. On veut bien paraître pis à un moment donné à force de se faire mépriser on s’en calisse pis on mets toute en feu. La rémunération des stages c’est genre la revendication la plus légit de l’histoire du mouvement étudiant. Arrêtons d’essayer de faire les beaux pis les belles pi devenons réellement combatif.

L’étincelle va sûrement venir sous peu. Il faut juste que la prochaine fois qu’on croise le regard de nos ami.es on se transforme en complices. Pis qu’on mette ensemble le feu au poudre !

Je nous souhaite une grève enflammée !

Le 15 mars contre la police

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Mar 052019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Parce qu’une police moins brutale, c’est pas ça le point du tout, et ben voici une affiche qui réflète mieux l’intention de plusieurs d’entre-nous.

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What the fuck leur 15 mars et le nôtre !?

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Mar 032019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

On se demande si on veut y aller, à la manif du climat du 15 mars. On a essayé d’aller à une manif réfo sur la planète y’a une couple de mois. Ça l’a tellement pas faite. Ça nous était déjà arrivé de pas feeler dans une manif et de se sentir pas à notre place (genre dans une manif syndicale). Mais là, c’était vraiment d’un tout autre ordre. Genre incommunicabilité totale entre nos corps et les leurs (ou un truc de même). Genre on se sentait même pas du même côté de la barricade.

Pis là, on a réalisé que le truc, c’est que dans cette lutte-là, il n’y a pas de barricade du tout.

C’est une lutte sans conflit, sans antagonisme (d’ailleurs, ce n’est pas une lutte). Ces citoyen.ne.s se pensent à la fois tous d’accord et tous coupables (d’ailleurs, c’est le propre de la citoyenneté). On n’en veut donc pas à ce mouvement de ne pas aller assez loin, comme on le reproche si régulièrement aux restes de lutte de classe subsistant dans le syndicalisme. On lui en veut pour ce qu’il empêche, en mobilisant les gens en tant qu’intérieurs au système et en les amputant par cela de la négativité de leurs combats. On lui en veut de diffuser si largement le mythe d’une action entièrement positive, où les « initiatives » ne sont pas corollaires de la destruction de ce à quoi elles prétendent être des alternatives.

Ceci dit, aussi débile que nous paraisse cette base sur laquelle ils se fondent, on dirait ben que les gens, y’ont l’air de faire des shits. Ils deviennent zéro-déchet, ils refusent de manger du rôti de porc dans leurs soupers de famille, ils lâchent leurs études en sciences humaines pour aller étudier en agriculture à VICTORIAVILLE (?!?) .

C’est peut-être pas juste poche.

On se devrait de penser le fait que l’anticipation anxiogène face au désastre environnemental actuel est un affect largement partagé par notre génération. Se demander pourquoi un certain anti-capitalisme intemporel ne réussit pas à résonner sur cet affect. On devrait peut-être considérer l’obsession de nos contemporain.e.s pour la modification de leurs habitudes de vie individuelles non pas uniquement comme une variante de leur obsession pour l’aménagement de leurs propres identités, mais aussi comme le désamorçage néolibéral d’une rage dont on les a dépossédé.e.s. Penser l’agitation compulsive autour des préoccupations environnementales non pas comme une mode de plus, mais comme la dernière option du système pour canaliser une panique qui traverse notre génération. Une panique qui est d’ailleurs aussi la nôtre même si, quand on y pense pendant plus que 15 secondes, on s’en dédouane en se disant que c’est le capitalisme le problème.

Quoi qu’on en dise, celle-ci ne commence pas la première fois qu’on apprend de quelconques statistiques catastrophistes sur le changement climatique : elle se sent, elle circule, elle existe entre nous. La sensibilisation incessante dont on est la cible ne la déclenche pas : elle la pacifie. Car c’est bien ça, un exploit de pacification jamais égalé, qu’une génération à qui on a annoncé dès son plus jeune âge l’écroulement prochain du monde dans lequel elle vit n’en soit pas déjà à la lutte armée.

Leur 15 mars et le nôtre ne devraient pas s’ignorer sagement. Parce que tsé, notre infinie capacité à nous désintéresser de ce qui se passe hors de nos milieux ne fait peut-être pas partie de nos qualités. C’est peut-être, en fait, intéressant que dans l’écologisme mainstream semble s’ouvrir la possibilité d’une certaine offensivité (offensivité qui existe bien sûr déjà dans les luttes de défense du territoire etchez les écologistes radicaux).

Guys! On veut vraiment pas être les 50 caves qui font juste leur manif annuelle du 15 mars en croyant expérimenter les gestes de leur guerre civile et qui sont même pas capables de se sentir concerné.e.s par le fait que du monde qui ont jamais fait la grève se mettent à se dire que le climat, c’est une question structurelle. On ferait peut-être mieux de s’avouer que les préoccupations environnementales sont une des rares choses en ce moment qui poussent les gens à faire des mooves dans leurs vies. On devrait peut-être ne pas laisser cet élan nous échapper complètement, même s’il semble parfois poussé uniquement par les vents du néolibéralisme. Avoir le souci de participer à lui redonner la dimension conflictuelle qui devrait en toute logique être son fondement.

Même si, le 15 mars au soir, on va être très content.e.s de se retrouver entre nous, faut se souvenir que quand il se passe vraiment quelque chose, on est toujours les premier.e.s surpris.e.s et, donc, rester à l’écoute de ce qui pourrait nous dépasser.

Entrepreneurs généraux : n’essayez pas de construire une prison pour migrant-es !

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Mar 012019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

INFORMATIONS DE BASE

Le gouvernement canadien tente de construire une nouvelle prison pour migrants à Laval, au Québec. L’édifice, dont la construction est prévue d’ici 2021, pourrait accueillir 158 personnes, y compris des enfants, ce qui augmenterait la capacité du gouvernement à expulser des migrants dans un contexte de montée de la xénophobie et du racisme au Canada, et particulièrement au Québec. Bien que la prison soit décrite comme « plus humaine » que le centre de détention actuel, il est clair que les améliorations esthétiques ne changent rien au fait qu’une prison reste une prison : elle arrachera toujours des gens à leurs familles et à leurs communautés et fera partie intégrante de la machine à déportation.

Le terrain du site de la nouvelle prison pour migrants proposée à Laval a été décontaminé, et le processus d’appel d’offres est en cours pour le poste d’entrepreneur général pour la construction de la prison. Le 20 février, un groupe de personnes a réussi à stopper une visite prévue sur le chantier de construction pour les soumissionnaires intéressés. Ils-elles ont également discuté avec de nombreux représentants des entreprises des raisons pour lesquelles ils ne devraient pas soumissionner pour ce contrat. Toutefois, de nombreuses entreprises iront probablement de l’avant avec cette soumission.

C’est l’occasion de les convaincre de ne pas le faire ! Montrons à ces entreprises qu’il y a une désapprobation généralisée pour ce projet, et qu’il y aura de la résistance pendant la construction si elle commence.

NOUS AVONS JUSQU’AU 20 MARS, date limite des soumissions, pour que ces entreprises se retirent du processus d’appel d’offres.

CE QUE VOUS POUVEZ FAIRE

INDIVIDUS

Réunissez-vous avec vos amis et votre famille, envoyez des courriels, faites des appels ou envoyez des fax jusqu’au 20 MARS.

Les télécopies gratuites peuvent être envoyées en utilisant l’un des sites Web suivants :

https://www.gotfreefax.com/
https://faxzero.com/

Lorsque vous entrerez en contact avec ces entreprises, voici un exemple
de message sur lequel vous appuyer si vous le souhaitez :

Bonjour,

Je vous appelle/envoie un courriel aujourd’hui pour vous dire que vous devriez abandonner votre soumission pour le centre de détention pour immigrants de Laval. C’est un projet moralement répréhensible, et il se heurte à une opposition généralisée. Être impliqué dans ce projet aura des répercussions négatives sur votre entreprise. Il est conçu pour emprisonner et expulser les personnes qui tentent d’immigrer ici, il va déchirer les familles et arracher violemment les gens à leurs communautés. Cela fait partie d’une vision raciste de l’immigration de la part du Canada, et nous devons la contester plutôt que la soutenir. Je suis contre cette vision, et je suis loin d’être seul.e dans cette position. Faites le bon choix et retirez votre candidature de ce projet.

GROUPES/ ORGANISMES

Si vous êtes un organisme communautaire ou un groupe d’activistes, inscrivez-vous pour organiser une soirée d’appel et invitez des gens dans votre espace pour faire des appels ensemble! Avec plusieurs groupes qui y participent, nous pourrions avoir une présence continue pendant le mois de mars!

Votre organisation ou votre groupe peut s’inscrire à une journée particulière à l’aide de ce calendrier, et nous vous aiderons à passer le mot :

https://framadate.org/rxAzKaJGOlXJkGzx

LES COMPAGNIES

Ces entreprises veulent construire une nouvelle prison pour migrants à Laval. Contactez-les pour leur dire d’abandonner le processus d’appel d’offres !

1.

COMPAGNIE : Corporation de construction Germano
NOM DU REPRÉSENTANT : Richard A. Germano
TITRE : Président
COURRIEL : info@germanoconstruction.com
TÉLÉPHONE : 450 668-7807
TÉLÉCOPIEUR : 450 668-5002

2.

COMPAGNIE : Construction SOCAM ltée
NOM DU REPRÉSENTANT : Richard Paradis
TITRE : Estimateur Senior
COURRIEL : r.paradis@socam.ca
TÉLÉPHONE : 450 662-9000 #223 ou 450 662-9000
TÉLÉCOPIEUR : 450 662-9838

3.

COMPAGNIE : Groupe Geyser
NOM DE LA REPRÉSENTANTE : Lina Tremblay
TITRE : Estimatrice
COURRIEL : ltremblay@groupegeyser.com
TÉLÉPHONE : 450 625-2003
TÉLÉCOPIEUR : 450 625-2883

4.

COMPAGNIE : Tisseur Inc.
NOM DU REPRÉSENTANTE : Jacques Hosson
TITRE : Estimateur
COURRIEL : estimation@constructiontisseur.ca
TÉLÉPHONE : 819 322-1523 #258

TÉLÉCOPIEUR : 819 322-6766

5.

COMPAGNIE : Construction CYBCO
COURRIEL : info@cybco.ca
TÉLÉPHONE : 514 284-2228

6.

COMPAGNIE : VCI Contrôles inc.
NOM DU REPRÉSENTANT : Joseph Jacob
TITRE : Chargé de projet
COURRIEL : jjacob@vcicontrols.ca
, pcraig@vcicontrols
TÉLÉPHONE : 450 442-3555 poste 101
TÉLÉCOPIEUR : 450 442-3337

7.

COMPAGNIE : Bruneau électrique Inc.
COURRIEL : info@bruneauelectrique.com
TÉLÉPHONE : 514 353-4343, 450 759-6606
TÉLÉCOPIEUR : 450 759-2653

8.

COMPAGNIE : Standard Building Contractors
NOM DU REPRÉSENTANT : Shane Ross
TITRE : Président
COURRIEL : shane@standard.builders
TÉLÉPHONE : 613 847-7258

9.

COMPAGNIE : Securassure
NOM DU REPRÉSENTANT : Matthew Poplaw
TITRE : Ventes
COURRIEL : matthew@securassure.ca
TÉLÉPHONE : 514 373-3131
TÉLÉCOPIEUR : 1 855 439-9500

Prison pour migrant.e.s : une manif de bruit empêche la visite du site de construction, avec une mise à jour sur les nouvelles compagnies impliquées et les enchères en cours

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Fév 212019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Depuis des semaines, le sol est recouvert d’une épaisse plaque de glace et des montagnes de neige s’accumulent autour du site de construction pour la nouvelle prison pour migrant.e.s à Laval; mais cela n’empêche pas le gouvernement du Canada de travailler d’arrache-pied pour préparer les prochaines étapes de la construction de cette monstruosité. Nous ne devons pas détourner notre attention sous prétexte d’attendre le dégel du printemps.

Vers début février, il est devenu public que la période d’enchères pour le contrat d’Entrepreneur général avait débuté et qu’il y aurait une visite du site pour les soumissionnaires le 20 février à 10 heures du matin. Suivant cette information, tôt le matin du 20 février, un groupe de personnes s’est rassemblé afin de prendre un bus pour rejoindre le site de construction à Laval.

Le groupe s’est rapidement frayé un chemin sur la route menant au contrôle de sécurité pour les soumissionnaires, et a établi un piquet pour bloquer les véhicules des compagnies souhaitant soumissionner de se rendre au site. Les véhicules là pour chercher des ami.es et membres de famille sortant de la prison ont été les bienvenus de traverser le blocage, et ont répondu avec des klaxonnes et cris de soutien pour la manif. Les personnes présentes ont bruyamment communiqué la nature déplorable du projet de prison et ont fait comprendre à tous ceux et celles considérant y travailler qu’il y aurait des gens présent.e.s pour bloquer ce projet à chacune de ses étapes.

Le groupe a crié, tapé sur des poêles et casseroles et soufflé dans des cornes pendant plus d’une heure, brandissant des signes et bannières contre les prisons et les frontières ainsi que des affiches présentant les silhouettes de personnes déportées au courant des dernières années. Des représentants de compagnies ont été apostrophé.e.s personnellement, afin de leur laisser savoir que les personnes opposées au projet savaient qui ils et elles étaient. Certains représentants présents, y envoyés par leur patron, ont exprimé leur soutien pour la manif suite à des discussions avec des manifestant.e.s. Après une heure, la plupart des soumissionnaires potentiels avaient quitté dans leur voitures, après avoir accepté qu’ils ne passeraient pas. À 11h, une heure après le début planifié de la visite, les manifestant.e.s sont parti.e.s, ne laissant derrière eux qu’un petit groupe, principalement composé de policiers.

Avec un mois restant dans la période de soumission, c’est le moment d’évaluer ce que nous savons et ce que nous pouvons faire pour perturber le projet. En continuant à lire, vous trouverez des mises à jour importantes sur l’état du projet de prison ainsi que des informations nouvellement publiques à propos d’autres compagnies impliquées.

Ce qui est arrivé jusqu’à maintenant

Depuis l’été 2017, le groupe Lemay, basé à Montréal, et le Groupe A, basé à Québec, travaillent sur les plans architecturaux de la prison. En décembre 2018, Englobe Corporation et Excavation Loiselle ont complété leurs travaux d’assainissement sur les vastes terrains du CSC, qui pourraient servir à accueillir une prison additionnelle sur la Montée St-François. Ces terrains accueillent déjà la prison pour migrant.e.s actuelle, les prisons fédérales pour hommes à sécurité minimale et moyenne et l’institution provinciale Leclerc. Depuis un certain temps déjà, le calendrier censé indiquer les dates réelles du début de la construction est incertain.

Le 31 janvier 2019, toutefois, le ministère des Travaux publics et services gouvernementaux Canada a lancé l’appel d’offres pour les soumissionnaires qui seront en charge de la plus grande partie du travail relatif à la construction de la prison (l’Entrepreneur général). Les documents remis aux soumissionnaires intéressés fournissent de l’information importante sur les prochaines phases du travail.

La période d’enchères en cours

Le 31 janvier est donc le jour 1 de la période d’enchères de six semaines pour la position d’Entrepreneur général. Les soumissions seront acceptées jusqu’au 20 mars, date à laquelle la compagnie avec l’offre la plus petite obtiendra le contrat.

Au cours de la période d’enchères, les compagnies intéressées à faire des offres pour le projet sont invitées à enregistrer leurs informations sur la liste publique des soumissionnaires intéressés. Sur cette liste, accessible sur le site du gouvernement, on peut trouver le nom de la compagnie, la personne ressource, un courriel et un numéro de téléphone pour chaque compagnie qui démontre publiquement son intérêt envers le projet. Notons que certaines compagnies peuvent être intéressées au projet sans le déclarer publiquement sur cette liste.

En date du 20 février, les informations suivantes sont disponibles pour six soumissionnaires potentiels :

  1. Contact Shane Ross, President
    Compagnie Standard Building Contractors
    Courriel shane@standard.builders
    Téléphone 6138477258
  2. Contact Richard Paradis, Estimateur Senior
    Compagnie Construction SOCAM ltée
    Courriel r.paradis@socam.ca
    Téléphone 450-662-9000 #223
  3. Contact Matthew Poplaw, Sales
    Compagnie Securassure
    Courriel matthew@securassure.ca
    Téléphone 5143733131
  4. Contact Lina Tremblay, Estimateur
    Compagnie Groupe Geyser
    Courriel ltremblay@groupegeyser.com
    Téléphone 4506252003
  5. Contact Richard A. Germano, Président
    Compagnie Corporation de construction Germano
    Courriel info@germanoconstruction.com
    Téléphone 450-668-7807
  6. Contact Jacques Hosson, Estimateur
    Title Estimateur
    Company Tisseur Inc.
    Email estimation@constructiontisseur.ca
    Phone 8193221523 #258

Aussi présents pour la visite au site:

Compagnie Bruneau électrique Inc.
Email info@bruneauelectrique.com
Phone 514 353-4343, 450 759-6606

Compagnie Construction CYBCO
Email info@cybco.ca
Phone 514 284-2228

Peu importe qui obtiendra le contrat, la compagnie sera impliquée dans le projet jusqu’à la fin projetée de celui-ci (à la fin de mars 2021). Elle sera responsable de la sous-contraction de plus petites parties du travail de construction, contrats qui ne seront probablement pas rendus publics.

Autres compagnies impliquées dans le projet

Parmi les documents publiés avec l’appel d’offres se trouve une liste d’autres compagnies avec des contrats reliés à la prison, ainsi qu’à la personne responsable pour le dit contrat au sein de chaque compagnie. Certaines, comme Lemay ou le Groupe A, sont des noms que nous avons déjà vus, leurs contrats étant publics depuis un certain temps déjà.

Lemay et le Groupe A

Ces deux compagnies sont listées comme étant en charge de la partie « architecture » du projet, représentées respectivement par les architectes Pierre Larouche et Patrice Beauchemin.

Mylène Carreau, une architecte paysagiste affiliée à Lemay, représente sa firme pour le rôle additionnel que joue cette dernière en tant que chargée de l’architecture du paysage pour le projet.

LEMAY
3500, rue Saint-Jacques
Montréal (QC) h4c 1h2
t. (514) 932-5101
f. (514) 935-8137

Groupe A
819, avenue Moreau
Québec (QC) g1v 3b5
t. (418) 653-8341
f. (418) 653-1989

Certaines compagnies présentes sur la liste sont nouvelles et seraient possiblement membres d’un groupe de firmes avec lesquelles le gouvernement entretient ce qu’on appelle un « offre permanent ».

KJA Consultants Inc.

L’ingénieur Louis Beauchemin, du bureau montréalais de KJA Consultants Inc., est mis à l’honneur dans le document présentant sa compagnie de design d’ascenseurs et d’escaliers mécaniques, ainsi que son travail sur un éventuel système de convoyage pour la prison.

KJA CONSULTANTS INC .
1410, rue Stanley, bur. 1003
Montréal (QC) h3a 1p8
t. (514) 284-3119

BPA (Bouthillette Parizeau)

La firme de consultation en ingénierie BPA, autrement connue en tant que Bouthillette Parizeau, sera impliquée dans les services alimentaires et la mise en service de la prison. Pour cette dernière, ce sera l’ingénieure Dalia Ramy qui représentera la firme, tandis que Sylvie Savoie sera en charge des services alimentaires.

BPA
6655, boul. Pierre-Bertrand
Bureau 250
Québec (QC) g2k 1m1
t. (514) 383-3747

Stantec

Stantec, une importante firme de design, consultation et ingénierie dont les bureaux se trouvent à Longueuil, semble être fortement impliquée dans plusieurs aspects du projet.

Les ingénieurs Alexandre Manseau-Nguyen et Bruno Lehoux sont respectivement en charge des travaux électriques et d’alarme d’incendie, ainsi que des services de protection contre les incendies, tandis que Jonathan Hallee est en charge de l’aspect télécommunication.

Stantec est aussi impliqué dans plusieurs aspects des travaux d’ingénierie, avec les représentants suivants responsables des différentes sous-sections : Louis-Stéphane Raciot comme Gestionnaire de projet en ingénierie, l’ingénieur Alexandre Jean en charge de la mécanique, Michel Gendron de l’électrique, Patrick Bourgeois de la structure et Martin Charron pour le génie civil.

STANTEC
400-375, boul. Roland-Therrien
Longueuil (QC) j4h 4a6
t. (514) 281-1033

Horaire de travail et sécurité du site

Il n’est toujours pas clair quel type de travail sera réalisé à quel moment, mais les documents de l’appel d’offres indiquent que lorsque la construction débutera, les travaux se termineront avant 21 heures, du lundi au vendredi. Les travaux causant du bruit seront réalisés entre 7 heures du matin et 18 heures, et aucun travail ne sera effectué le dimanche ou les jours fériés.

Il y aura des bureaux sur le site afin de conserver les documents de manière sécuritaire, ainsi que deux caméras qui feront du live streaming et dont les images seront accessibles à des représentants du gouvernement en tout temps.

Des barrières obstruant la vue du site seront érigées. Les documents mentionnent que tous les travailleurs et travailleuses devront passer un contrôle de sécurité et seront interdits de communiquer avec les détenus de la prison Leclerc (située juste à côté du site).

Qu’attendre de l’avenir proche

Il est raisonnable de s’attendre à ce que des travaux de re-excavation et de fondations débutent assez rapidement suivant l’octroiement du contrat d’Entrepreneur général à la fin du mois de mars. Cela signifie que celles et ceux opposé.e.s à la construction d’une nouvelle infrastructure créée uniquement dans le but d’augmenter la capacité du gouvernement à détenir et déporter des migrant.e.s, doivent se mettre aussi rapidement au travail, la construction pouvant débuter sérieusement dès le mois prochain.

Les compagnies considérant s’impliquer dans ce projet totalement inacceptable, servant uniquement à déchirer des familles et des communautés, feraient bien de rester à l’écart. Elles pourraient risquer leur réputation, leur clientèle et leur argent en choisissant d’offrir leur expertise à ce projet qui est sans ambiguïtés violent et raciste, à un moment où il est extrêmement important pour tout le monde de se positionner contre la suprématie blanche et la xénophobie. Les compagnies fournissant des matériaux pour la construction, ou qui seraient intéressées à sous-contracter pour travailler au projet même à un niveau plus limité devraient aussi y penser à deux fois avant de prendre une décision immorale et indéfendable.

Pour un monde sans prisons ni frontières
Pour la liberté de mouvement et la liberté de vivre pour toutes et tous

Pour plus d’information concernant le projet de prison pour migrant.e.s, et pour télécharger du matériel et des documents de recherche reliés à la lutte contre celui-ci, visitez stopponslaprison.info

Pour lire les documents résumés ici, vous pouvez les télécharger directement sur le site du gouvernement du Canada à partir de ce lien. Nous recommandons d’utiliser la navigateur TorBrowser afin d’éviter de donner votre adresse IP.

Athan Zafirov, l’ordure néonazie de Montréal qui croyait pouvoir s’en sauver…

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Fév 182019
 

De Montréal-Antifasciste

(Avertissement : de nombreux liens dans cet article mènent à du contenu extrêmement raciste, antisémite et misogyne. Suivez-les en connaissance de cause et avec précaution.)

En mai 2018, des antifascistes de Montréal ont divulgué le contenu complet d’un salon de discussion néonazi privé, actif d’août 2016 à janvier 2018 et comptant 55 utilisateurs, appelé « Montreal Storm » (raccourci de Montreal Stormer Book Club*).

La fuite a permis de confirmer l’identité de plusieurs membres du salon de discussion, dont Shawn Beauvais MacDonald, Vincent Bélanger Mercure et Gabriel Sohier Chaput. La Gazette a en même temps fait paraître une série d’articles révélant le rôle important de ce dernier, sous l’alias Zeiger, comme propagandiste de l’aile radicale de l’Alt-Right et collaborateur régulier à The Daily Stormer, l’un des plus influents sites Internet néonazis de 2016  à aujourd’hui.

Les trois militants nommés ci-dessus, suite à leur malencontreuse participation à un reportage de la chaîne Vice, ont par ailleurs été aperçus dans la manifestation « Unite The Right », à Charlottesville, en Virginie, le 12 août 2017, où la contremanifestante antiraciste Heather Heyer a été tuée et de nombreuses autres personnes ont été grièvement blessées lors d’un attentat à la voiture-bélier perpétré par le suprémaciste blanc James Alex Fields.

>> Le contenu complet du salon de discussion « Montreal Storm » est accessible en ligne sur le site d’Unicorn Riot, depuis mai 2018.
(Avertissement : racisme, antisémitisme et misogynie extrême.)

Plusieurs autres membres de ce salon de discussion et du « Book Club » de Montréal ont été identifiés par des antifascistes, y compris l’un de ses principaux modérateurs, « Date », alias « DateOfLies », alias « LateOfDies », de son vrai nom Athanasse “Athan” Zafirov.

Faites la connaissance d’Athan Zafirov, l’ordure néonazie de Montréal qui croyait pouvoir s’en tirer à bon compte…

« Date » et son rôle dans le club Alt-Right de Montréal font en partie l’objet d’un article paru dans le National Post du 14 mai, 2018, mais le nom de Zafirov n’y apparait nulle part.

>> Consultez les échanges de Zafirov, alias « Date », dans le salon de discussion « Montreal Storm »
(Avertissement : racisme, antisémitisme et misogynie extrême.)

Quelques mois plus tard, en juillet 2018, dans le cadre d’un appel plus large à identifier les membres du groupe ID Canada (une organisation « identitaire » de style européen qui cherche à fédérer les « patriotes » néofascistes et autres « ethnonationalistes » du Canada), les camarades d’Anti-Racist Canada (ARC) ont publié un exposé beaucoup plus complet sur  « DateOfLies ».

L’article d’ARC montre d’abord que « Date » est un personnage central d’ID Canada (groupe auparavant connu sous le nom Generation Identity Canada), en reprenant un extrait du podcast Alt-Right/néonazi “This Hours Has 88 Minutes”, où « Date » se vante d’en être l’un des principaux organisateurs. ARC et ses collaborateurs anonymes montrent ensuite, à partir de messages affichés par nul autre que Zeiger sur « Montreal Storm », qu’Athan (mal orthographié « Athen ») est l’organisateur d’un groupe Facebook secret appelé « Alt-Right Montreal ».

Un message de « Date » du 11 juillet 2017 révèle en outre qu’il a participé à l’organisation d’une délégation canadienne au rassemblement « Unite The Right » à Charlottesville :

Du même élan, « Date » exhibe ses lettres de noblesses et vante ses projets en cour, dont la visite à Montréal de Ricardo Duchesne, un professeur ultraconservateur de l’Université du Nouveau-Brunswick, en juin 2017**, et l’organisation d’un événement « Alt-Right Canada » avec Jared Taylor (maître à penser de l’Alt-Right) en Ontario. Il se vante également de « mener » le groupe de « bad goys » local.

ARC et sa source anonyme développent ensuite une démonstration détaillée prouvant qu’Athanasse Zafirov et « Date » (et ses divers autres alias) sont une seule et même personne.

Une autre pièce clé de cette histoire est le fait qu’Athan Zafirov a été identifié à l’hiver 2016 comme l’un des organisateurs de la visite à Montréal de Roosh V. Valizadeh, un misogyne professionnel, gourou de la culture « pickup artist » et apologiste du viol. (Fait amusant, Zafirov a été piégé par un groupe de féministes, qui ont pu le confronter directement. Voir la vidéo ci-dessous pour constater le fiasco.)

De plus, Zafirov a fait la grave erreur de venir chahuter en personne une manifestation anticoloniale dans le Vieux Montréal, le 1er juillet 2017, avec d’autres membres du « Book Club » de Montréal, dont Shawn Beauvais MacDonald, Alex Boucher, Sergej Schmidt et d’autres spécimens de leur gang de mutants d’égouts.

Nous savons de plusieurs sources que Zafirov habitait jusqu’à récemment dans un immeuble à appartements sur la rue Saint-Urbain, à Montréal, où il a accueilli au moins une rencontre du « Book Club ». Sa trace était perdue depuis la fuite du salon de discussion.

Jusqu’à maintenant.

Zafirov a récemment émergé de la pénombre à l’autre bout du continent, espérant sans doute avoir échappé à la traque des antifascistes. Nous croyons quant à nous que son comeback est l’occasion parfaite de redonner à une pareille ordure nazie l’attention qu’elle mérite.

Faites donc la connaissance du nouvel avatar d’Athan Zafirov, « Dimitri » :

Ce militant nationaliste blanc et sympathisant néonazi avéré est aujourd’hui inscrit au programme de doctorat à l’Anderson School of Management de l’UCLA, ce qui est en phase avec son précédent parcours à l’École de gestion John-Molson de l’Université Concordia.

Manifestement, la photo de Zafirov a été supprimée de la page des étudiants et étudiantes de l’École. Serait-ce qu’Athan sentait la soupe chaude? Malheureusement pour lui sa petite crisse de face de baveux poppe encore dans le moteur de recherche d’images de Google, ainsi que dans le moteur de recherche interne du site de l’UCLA. Il semble par ailleurs avoir changé de programme d’étude.

Si vous jugez pertinent d’écrire une ligne aux professeseur-e-s de Zafirov pour leur signaler ses intérêts « ethnonationalistes », nous sommes confiant-e-s qu’ils et elles seront intéressé-e-s d’apprendre la nature des activités extracurriculaires de leur jeune collègue canadien. Vous trouverez ci-dessous une liste utile d’adresses et de liens vers la liste des membres de l’administration d’Anderson et du corps professoral du programme de comptabilité :

https://www.anderson.ucla.edu/about/whos-who

ms.phd.admissions @ anderson.ucla.edu (PhD Program)
al.osborne @ anderson.ucla.edu  (Interim Dean)
john.mamer @ anderson.ucla.edu (Faculty Chairman)
heather.caruso @ anderson.ucla.edu (Equity, Diversity and Inclusion)

Professeur-e-s:
https://www.anderson.ucla.edu/faculty-and-research/accounting/meet-the-faculty

Étudiant-e-s:
https://www.anderson.ucla.edu/faculty-and-research/accounting/meet-the-students

 

 

* Les Stormer Book Clubs sont des clubs sociaux permettant aux partisans de la ligne néonazie de l’Alt-Right (pour hommes blancs exclusivement) de se rencontrer et faire des plans en personne. L’idée originale vient d’Andrew Anglin, le fondateur de The Daily Stormer, en 2016. Les TRS Pool Partys, issus de la plateforme nazie The Right Stuff, reprennent essentiellement le même concept.

** Une vidéo de cette conférence se trouvait sur la chaîne YouTube de Zeiger, mais celles-ci a été supprimée après son doxing.

Prison pour migrants : Les bureaux de l’entreprise d’excavation Loiselle redécorés

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Fév 072019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Selon cet article d’un journal local de Salaberry-de-Valleyfield paru le 29 janvier, la façade de l’édifice de l’entreprise d’excavation Loiselle, situé au 280 boulevard Pie-XII à Saint-Timothée, a été redécorée. On peut y lire l’inscription « NON À LA PRISON POUR MIGRANTS ».

L’article soutient que ce crime a été posé avec des intentions racistes, précisant que l’entreprise n’a aucune idée de pourquoi elle aurait été visée.

Nous ne connaissons pas les intentions des vandales, mais nous savons qu’une nouvelle prison pour migrants est en voie de se construire à Laval, et que cette entreprise a obtenu le contrat de décontamination et d’excavation de ce projet. N’est-ce pas le fait d’enfermer et de déporter plus de migrants qui est raciste ? Il est bien logique que les entreprises impliquées dans la construction de cette prison soient ciblées.

FUCK LOISELLE, FUCK L’AGENCE DES SERVICE FRONTALIERS DU CANADA, FUCK LES PRISONS.
SOLIDARITÉ AVEC LES MIGRANT.ES AVEC OU SANS PAPIERS

Histoire radicale : le Computer Riot

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Jan 302019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Avec cette série de texte, nous tentons de rendre compte de l’histoire de la résistance militante prenant place sur les territoires du soit-disant « Canada », ainsi que de la réfléchir. Bien que les événements que nous explorerons n’impliquent pas nécessairement des anarchistes, nous croyons qu’ils revêtent une importance certaine. Ils constituent des repères culturels, des points de référence à partir desquels réfléchir idées et tactiques. Comme le dit le vieux diction, nous apprenons du passé, afin de se préparer, dans le présent, pour défendre le futur.
Le texte qui suit raconte le Computer Riot (émeute des ordinateurs, communément référée en français comme l’affaire Sir George Williams), qui s’est déroulée à l’Université Sir George Williams (aujourd’hui Université Concordia), en 1969. Afin de contextualiser cette histoire, nous commençons avec une (très courte) histoire du racisme anti-noir dans l’est du Canada.

Durant la première moitié du 19e siècle, des dizaines de milliers d’esclaves noirs s’enfuirent des plantations américaines vers le nord, en quête de libération. Plusieurs traversèrent la frontière canadienne, l’esclavage ayant officiellement été aboli au Canada en 1834. Il.les s’installèrent dans les centres urbains des provinces de l’est – en Ontario, au Québec et en Nouvelle-Écosse – formant de petites communautés tissées serrées.

Ces migrant.es noir.es nouvellement arrivé.es étaient généralement reçu.es avec racisme par la société blanche. Bien que la ségrégation n’ait jamais été consacrée par la loi canadienne, les noir.es se voyaient refuser l’accès à l’emploi, au logement et aux services gouvernementaux. Pendant que l’état mettait en place son système d’éducation public, les enfants noirs étaient forcé.es de s’empiler les un.es sur les autres dans des écoles à part, de moindre qualité. Les établissements réservés aux blanc.hes étaient chose commune, plusieurs hôtels, restaurants et hôpitaux refusant de servir les client.es noir.es.

En réponse, les communautés noires commencèrent à former leur propres organismes sociaux. À Montréal, de nombreux centres communautaires furent fondés afin de combattre l’exclusion sociale : le Women’s Coloured Club en 1902, le Union United Congregational Church en 1907, le Negro Community Centre en 1927. Ces organismes offraient plusieurs ressources, telles qu’une éducation et des soins gratuits, en plus de distribuer de la nourriture.

À la même époque, différents groupes racistes, s’établissant dans plusieurs villes, tentaient de s’implanter dans la sphère politique canadienne. Le Ku Klux Kan établit une section montréalaise, bien qu’il ne réussit pas à gagner de pouvoir de façon significative. Le Klan fut brièvement populaire en Saskatchewan, jusqu’à 25 000 personne y adhérant, aidant ainsi James Anderson à l’emporter sur le parti libéral aux élections provinciales de 1929.

La population noire de Montréal ne s’accroîtra pas de façon significative jusqu’à ce que soit levées, dans les années 1960, les restrictions fédérales en matière d’immigration. Entre 1961 et 1968, la population noire passe 7000 à 50 000 individus. Cette période est celle d’une prolifération d’idées anti-racistes et anti-coloniales, arrivant des États-Unis, de l’Afrique et des Caraïbes. Les intellectuels noirs puisent dans les analyses sur la race et l’impérialisme élaborées par les membres du mouvement Black Power et par ceux des différents mouvements indépendandistes d’Afrique. Ils organisent des conférences à travers la ville, faisant écho aux principes de la pensée révolutionnaire noire : l’autonomie, l’auto-suffisance et la défense.

Plusieurs jeunes immigrant.es noir.es s’inscrivirent à l’Université Sir George Williams (SGW), laquelle offraient des cours de soir et une politique d’admission plus souple. La population hétérogène de l’université détonnait avec celle majoritairement blanche et favorisée de l’Université McGill. Malgré sa réputation d’être une des universités les plus inclusives et progressistes du pays, il n’était pas chose rare pour les étudiant.es et pour l’administration de faire preuve de racisme.

En mai 1968, six étudiant.es noir.es des Caraïbes soumirent une plainte officielle contre le professeur de biologie Perry Anderson. Ils accusaient Anderson de discrimination envers les étudiant.es noir.es de son cours, leur attribuant des notes plus faibles pour un travail de même qualité que celui produit par leurs collègues blanc.hes. Après des mois d’inaction de la part de l’administration, l’insatisfaction des étudiant.es quant à la façon dont leur plainte était traitée ne faisait que croître. Il.les décidèrent d’en faire un enjeu public et commencèrent à organiser des sit-ins et à distribuer des pamphlets expliquant leur situation. L’université établit en réponse un comité d’audiences responsable de voter sur la meilleure façon de résoudre le conflit.

Plusieurs audiences et assemblées furent tenues, en janvier 1969. Les professeurs et les membres des autres facultés défendaient Anderson, tandis que les étudiant.es de couleur partageaient leurs propres expériences de discrimination sur le campus. Plusieurs prises de parole faisaient écho aux propos du Black Panther Party, lequel avait gagné en importance au sud de la frontière. Ils appelaient les étudiant.es à se méfier de l’administration et à prendre eux-même et elles-même la situation en mains.

Le 29 janvier, 200 étudiant.es partirent en manifestation à la sortie d’une audience. Le processus semblait avoir comme objectif d’innocenter Anderson et ainsi d’éviter de faire porter quelque blâme que ce soit à l’administration. Près de dix mois après le dépôt de la plainte, les étudiant.es voyaient bien que le problème ne résidait pas dans les agissement d’un professeur en particulier, mais plutôt dans le racisme systémique courant à l’université.

Une occupation étudiante pris place dans le laboratoire informatique de l’école, au 9e étage du pavillon Henry F. Hall. Neuf jours plus tard, l’occupation s’étendit au salon de la faculté, situé au 7e étage. Le 10 février, les étudiant.es proposèrent de mettre fin à leur action de protestation si l’université acceptait de mettre en place un différent comité d’audiences et de ne pas pénaliser les étudiant.es pour les cours manqués durant l’occupation. L’université promit aussi de ne pas poursuivre les participant.es à l’occupation ou d’avoir recours à la police.

Tandis qu’il restait moins d’une centaine de personnes dans le pavillon, l’anti-émeute commença à se mobiliser dans les rues avoisinantes. L’université avait manifestement décidé de rompre sa promesse. Face à la menace, les étudiant.es barricadèrent les escaliers et coupèrent l’alimentation du système d’ascenseurs. Alors que les policiers s’engouffraient dans les escaliers, les étudiant.es choisirent de faire usage du peu d’avantage leur restant, menaçant de détruire les millions de dollars d’équipement informatique si on ne les laissait pas sortir en sécurité.

Leurs efforts s’avérèrent vains : l’expulsion avait déjà commencé. Les étudiant.es commencèrent à fracasser l’équipement et à jeter des milliers de cartes d’ordinateur par les fenêtres. Alors que la police se rassemblait au 9e étage, un incendie se déclara à l’étage du dessous. Pendant ce temps, un rassemblement blanc s’étant formé à l’extérieur du pavillon se mit à scander « Laissez les nègres brûler ! ». Les étudiant.es tentèrent alors de s’échapper en démontant les barricades, mais s’aperçurent que la hache et l’extincteur de la pièce avait disparus. La police les avait confisqués la journée d’avant.

L’occupation se conclut avec 97 arrestations et approximativement deux millions de dollars de dommages matériels. Anderson, qui avait été suspendu pendant la crise, fut rétabli dans ses fonctions le 12 février. Le 30 juin, le comité d’audiences déclara « que rien dans les preuves présentées ne justifiait une accusation de racisme  » et le reconnut non-coupable.

Cette histoire est légèrement différente de la « version officielle ». Avec une rapide recherche sur Google, on accèdera à des douzaines d’articles traitant du Computer Riot, presque tous relayant le récit des événements fourni par l’université. Selon cette dernière, la police n’aurait été appelée qu’au moment où les étudiant.es commencèrent à barricader les escaliers. Il s’agit ici d’une tactique couramment utilisée afin de légitimer une intervention policière musclée ayant pour but de contrôler une action directe : prétendre que certaines tactiques de contrôle étaient nécessaires afin de pacifier une foule « turbulente ».

Il est également souvent prétendu que ce serait les étudiant.es qui auraient allumé l’incendie ayant causé des dommages considérables à l’édifice, alors que les étudiant.es eux.elles-même affirmèrent qu’il s’agissait de l’oeuvre de la police. Cet aspect de l’histoire est traité dans le récent documentaire Ninth Floor.

Attaques contre les panneaux publicitaires d’OSHA Condo

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Jan 262019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Cette nuit et lors de celle qui précèdent, différentes bandes ont bombardé de peinture les publicités à thématique coloniale du nouveau projet de condo OSHA

Le projet d’OSHA Condo est simple : la destruction d’Hochelaga. Comment? Avec l’implantation de plus de 200 unités de condo (valant entre 200 000$ pour un 2 et demi et plus de 500 000$ pour un 4 et demi). C’est-à-dire 300 à 500 petit.es parvenu.es de plus dans notre quartier, dans un coin particulièrement sensible où se cotoient toutes ceux et celles qui ont été mis de côté dans les dernières décennies par les différents projets immobiliers. Implanter l’opulence, là ou la misère règne. Augmenter le nombre de flics et de patrouilles, de magasins écolo-éthico-responsable-biodégradable cher, de restos chics qui osent se nommer «Les AffamÉes» dans un des plus gros désert alimentaires de Montréal. Une nettoyage sociale en bonne et du forme.

Pour rajouter l’insulte à l’injure, les propriétaires ont choisi d’utiliser la thématique autochtone. L’utilisation de l’imaginaire de la rencontre entre les peuples par les publicitaires réitère l’idée d’un échange pacifique et consensuel entre colons et premiers peuples. Nous fracassons cet imaginaire. L’Amérique s’est construite dans la violence. Montréal est une ville rendues possible par un génocide. Sa modernisation repose depuis ses fondements sur l’exploitation de territoires volés. Le projet de condo OSHA n’en est que le dernier et plus pathétique exemple.

Et vous pensiez qu’on vous laisserait faire ? La pluralité des groupes qui s’organisent actuellement contre la construction de ces condos témoigne du sentiment de colère, largement partagé dans le quartier, face à cette nouvelle offensive de gentrification. Dans les prochains mois, les formes de constestations et de sabotages se multiplieront. Malgré les avancées des projets gentrificateurs dans Hochelaga, il s’est développé une expertise de lutte contre ces derniers que nous comptons bien mettre à profit dans les temps qui suivent.

Ces attaques ne sont qu’un premier avertissement
Nous sommes nombreux et nombreuses à être déterminé.es
Ces condos ne verront pas le jour

Retour sur la manif de bruit du Nouvel An de 2018

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Jan 132019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le 31 décembre 2018, à la veille du Nouvel An, environ 150 personnes se sont rassemblées près du métro Henri-Bourassa sur l’île de soi-disant Montréal (Tio’tia:ke) afin de prendre 3 autobus jusqu’à Laval, Qc. Chaque année depuis 2014, et de manière sporadique pendant les années précédant 2014, nous nous rassemblons devant les prisons de Laval afin d’allumer des feux d’artifices, souhaiter une joyeuse nouvelle année aux gens à l’intérieur des murs, et montrer notre opposition aux prisons, aux frontières, ainsi qu’aux industries et aux gouvernements qui les nourissent.

Après une brève balade d’autobus, nous sommes débarqué.es au lieu de manifestation, notre premier arrêt étant le Centre fédéral de formation (sécurité minimale), situé au 600 Montée St-François. Étendu aux abords de la Montée St-François, avec une simple clôture séparant les unités d’habitation de la route, le Centre fédéral de formation (sécurité minimale) est le seul arrêt sur notre route où nous pouvons apercevoir le visage des gens aux travers des fenêtres. Cette année ne fût pas exception. Des dizaines de personnes nous saluaient de la fenêtre de leurs cellules et gueulaient de joie avec nous à la vue des feux d’artifices, alors que de la musique jouait et que nous scandions nos voeux de Bonne année. Une bannière exprimant “Happy New Year! Free all prisoners!” (Joyeuse année ! Libérons tout.es les prisonnièr.es !) était brandie, alors que nous chantions “Pour une monde sans patrons, ni flics, ni prisons!”

Notre second arrêt était à Leclerc, une prison provinciale pour femmes. Cette année, nous avons été capables de nous rendre plus près de la barrière que l’an dernier et, après avoir lancé des feux d’artifices et monté le volume de la musique, nous avons pu apercevoir des lumières clignotées à répétition dans certaines fenêtres de la prison! Cette prison se situe en retrait de la route et nous étions excité.es de savoir que les gens à l’intérieur pouvaient nous entendre et nous voir. Leclerc a été fréquemment dénoncé dans le passé pour avoir des conditions de vie exécrables, dont tout récemment en décembre 2018 par une coalition de groupes au Québec. Les cellules sont si froides que les prisonnièr.es doivent dormir avec leur manteau et l’eau y est inbuvable. Bien que nous ne ferions pas de compromis pour des prisons plus “humaines” dans notre lutte pour un monde meilleur, on pense quand même que c’est horrible pour les détenu.es d’être soumis.es à des conditions de vie aussi dégueux!

Nous nous sommes ensuite arrêtés sur le site de construction de la nouvelle prison pour migrant.es. Nous avons pointé le chantier à la foule et avons informé celle-ci des plans de la nouvelle prison. Supervisé par des firmes d’architecture et d’ingénierie Lemay et Groupe A, le nouveau centre de détention pour migrant.e.s fait partie du plan gouvernemental de reserrer les politiques sur l’immigration et d’alimenter la machine de déportation. Le gouvernement prétend que le nouveau bâtiment aura un intérieur en bois chaleureux et sera conçu pour «ne pas se sentir comme une prison» malgré les plans incluant autant de caméras de sécurité et de clôtures qu’on pourrait s’y attendre. Nous pensons que ces projets sont tous de la foutaise et nous nous attendons à ce que la nouvelle prison soit identique aux prisons régionales pour femmes construites dans les années 90 et 2000. Autrement dit, une prison avec des unités de haute sécurité, des caméras partout et aucun budget pour la programmation à cause que les coûts de sécurité seront trop élévés. Bien évidemment, tout cela si nous ne parvenons pas d’abord à arrêter la construction!

Ensuite, nous avons emprunté la route qui mène à la prison pour migrant.e. présentement utilisée. Nous avons lancé des feux d’artifices et crié notre soutien aux gens (y compris les enfants!) à l’intérieur. Des tambours dans la foule ont su créé une ambiance festive. Les personnes ayant pris parole au mégaphone nous ont rappelé la grève de la faim menée en septembre dernier contre le plan du gouvernement intitulé «alternatives à la détention». Ce plan comprend la mise en place d’un programme de surveillance électronique et la sous-traitance de la Société John Howard et de l’Armée du Salut afin de créer des programmes de type de “parole” pour les migrant.es. Nous pensons que tout cela est un moyen de contrôler et de surveiller les migrant.es d’avantage, alors que ceuzes-ci sont souvent en train de fuir des situations de violence que le gouvernement Canadien a aidé à créer à la base. Honte à la Société John Howard et l’Armée du Salut d’avoir pris ces contrats ! Et fuck les plans du gouvernement d’augmenter les déportations de 30% dans les prochaines années. Pour un monde sans frontières et sans prisons !

Notre cinquième arrêt était devant le Centre fédéral de formation (niveaux mixtes). Cette prison a une cloison ainsi que deux clôtures qui l’entourent. Alors, il est toujours difficile pour nous de nous approcher, ainsi que de savoir si le monde à l’intérieur peut nous voir ou nous entendre. Malgré cela, nous avons allumé des feux d’artifice et nous avons crié nos meilleurs vœux aux personnes à l’intérieure de cette prison. Notre système de son est devenu à plat à ce moment, alors nous n’avons pas pu lire une déclaration de notre camarade Cedar, qui est en prison en Ontario, parce que nous n’avions pas la puissance de voix pour le faire sans le système de son. Solidarité à Cedar et à tout.es celleux qui ont dû passer les fêtes derrière les barreaux ! Nous pensons à vous et nous luttons afin que personne ne doive jamais passer la veille du Nouvel An en prison !

En dernier lieu, nous sommes repassé.es devant le Centre fédéral de formation (sécurité minimale) afin de dire nos au revoir. À notre deuxième arrêt devant cette prison, quelques personnes sont sorties des unités d’habitation pour venir dans la cour, en bravant le froid pour nous envoyer la main et nous saluer. Un fuck you bien ressenti à tout.es les policier.es qui ont insisté à se tenir près de la clôture, entre euzes et nous. Quelques personnes dans la foule ont chanté la Chanson de l’hélicopter et ont essayé d’apprendre aux autres de nouvelles paroles sur l’air de We R Who We R de Ke$ha. Nous avons alors lancé nos derniers feux d’artifices, puis nous nous sommes déplacé.es vers les autobus.

Cette tradition de la manif de bruit du Nouvel An nous tient à coeur! Nous voulons remercier toutes les personnes qui sont venues. Nous étions excité.es par le nombre de gens qui se sont pointés la bette cette année! Solidarité avec tout.es les détenu.es qui combattent le système de l’intérieur des murs!

Appel à l’action international – Soutien à la nation Gidimt’en

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Jan 072019
 

Alerte – Attaque imminent de la GRC – Restez à jour (7 janvier 11h)

Du Point d’accès Gidimt’en (page Facebook)

Aujourd’hui, des agents de liaison de la police ont rencontré des Chefs traditionnels Wet’suwet’en et leur ont indiqué que des forces spécialement entrainées allaient être déployées pour déplacer les Wet’suwet’en de leur terres.

La police a refusé de donner des détails sur cette opération aux chefs traditionnels. Ainsi, le nombre de policiers, la stratégie ou encore la date de l’attaque sont inconnus à ce jour.

En ne répondant pas aux demandes de précisions des chefs
traditionnels, la police a ainsi confirmé que l’effet de surprise était recherché pour pouvoir déborder les Wet’suwet’en qui protègent leurs terres.

Cette opération de police n’a d’autre but que de permettre à TransCanada d’accéder au territoire des Wet’suwet’en, qui n’ont jamais cédés leurs terres. C’est un ultimatum que la police impose : céder les terres ou faire face aux forces de police. C’est un acte de guerre.

Malgré les belles paroles portées par le comité de « Vérité et Réconciliation », le Canada continue à faire ce qu’il a toujours fait : utiliser la violence contre les peuples des Premières Nations et les criminaliser, afin que leurs terres incédées puissent être exploitées pour le profit de quelques uns.

La police a été avertie que des enfants, des aînés, des familles étaient présents sur le camp Gidimt’en, lieu de l’attaque annoncée. Ce à quoi aucune réponse n’a été apportée.

Depuis sa mise en place, ce point d’accès pour rentrer sur les terres des Wet’suwet’en a accueilli des rassemblements, des ateliers et est le lieu de nombreuses activités traditionnelles.

L’article 10 de la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones énonce clairement « Les peuples autochtones ne peuvent être déplacés par la force de leur terres ou territoires » Tout déplacement des Wet’suwet’en par les forces de police viole directement cette Déclaration que le gouvernement de Trudeau a promis de respecter.

Nous nous préparons à un affrontement dans la durée. Les chefs traditionnels et les défenseurs des terres n’ont pas l’intention de laisser la souveraineté Wet’suwet’en être violée une fois de plus.

Pour le dire simplement, la menace gouvernementale d’envahir les territoires Wet’suwet’en est une violation de droits, un siège, et une extension du génocide auquel les Wet’suwet’en ont survécus.

Le Canada sait très bien que son action est illégale. La Nation Wet’suwet’en a longtemps bataillé sur le dossier juridique Delgamuukw-Gisday’wa afin que leur souveraineté soit reconnue et affirmée par les lois canadiennes.

En 1997, la Cour Suprême du Canada a acté que la Nation Wet’suwet’en, représentée par ses chefs traditionnels, n’avait jamais cédé ses droits sur ses 22.000 km2 de terres situées dans le nord de la Colombie Britannique.

Mais ces actions judiciaires coutent de l’argent. Et la construction du pipeline peut être terminée avant toute avancée légale significative. Alors Transcanada, soutenu par les gouvernement locaux et fédéraux, viole ouvertement ces droits de propriété.

La création du camp Gidimt’en a été soutenu par tous les chefs. Selon la loi des Wet’suwet’en, les 5 clans qui composent cette Nation s’opposent de manière unanime contre l’implantation du pipeline sur leurs terres.

Les avocats de Transcanada ont argumentés que l’un de ces clans, les Unist’ot’en étaient un groupe marginal, qui ne pouvait bénéficier de ces droits de propriété.

Le Camp Gidimt’en prouve que les Unist’ot’en ne sont pas isolés et que les chefs héréditaires de l’ensemble des clans les soutiennent et refusent l’accès de leurs terres aux pipelines.

Les Wet’suwet’en ont mis en avant le chemin respectant la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones, ainsi que la nécessité d’un consentement libre, préalable et informé des habitants. Le Canada a choisi d’ignorer ce chemin vers la réconciliation.

Nous appelons la population à agir en solidarité grâce à une journée d’action internationale ce mardi 8 janvier 2019.

Soutenez les Wet’suwet’en en vous rendant physiquement sur les camps, ou par des dons, ou encore en menant des actions là où vous vivez. Ces actions sont non-violentes.

Cette violation des terres et des droits des Wet’suwet’en doit être arrêtée. Nous devons nous opposer aux gouvernements fédéraux et provinciaux.

L’heure est venue : comment supporter le camp Gitimt’en

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Jan 042019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Un face-à-face se déroule présentement et son dénouement déterminera l’avenir du nord de la Colombie-Britannique pour des générations à venir. La région entière sera-t-elle envahie par la fracturation hydraulique, ou les peuples autochtones affirmant leur souveraineté seront-ils victorieux en repoussant l’assaut sur leur terres ?

Le futur reste à être écrit. Ce qui suivra sera grandement influencé par les actions entreprises dans les prochains jours et des prochaines semaines. Il s’agit d’une lutte à long terme, mais elle se trouve à un moment critique. C’est pourquoi nous disons : l’heure est venue. Si vous êtes une personne conscientisée et que vous comprenez l’ampleur de ce qui est en jeu, demandez-vous quelle serait la meilleure façon supporter les grassroots Wet’suwet’en. Pour certaines personnes, cela veut dire venir au front. Pour d’autres, cela veut dire apporter du support matériel ou monétaire, ainsi que contribuer aux efforts de sensibilisation et de partage d’information.

HISTORIQUE DE LUTTE :

Le camp Unist’ot’en existe depuis 2009 et des personnes y résident de façon continue depuis 2012. Il a été construit directement sur le trajet proposé d’un corridor de pipelines, lequel incluait une multitude de méga-projets, dont deux projets déjà soumis, soient le Northern Gateway et le Pacific Trails Pipeline.

Unist’ot’en, connu comme le Peuple des Eaux en Amont, est un groupe familial au sein d’un des cinq clans de la nation Wet’suwet’en. Leurs territoires englobent une grande partie du nord de la Colombie-Britannique. En 2005, plusieurs grosses compagnies pétrolières annonçaient leurs intentions de construire un immense corridor de pipeline à travers ces territoires. Certaines personnes Wet’suwt’en ont adopté la mission de faire en sorte que ce futur imaginé par ces capitalistes ne voit jamais le jour. Des cinq clans Wet’suwet’en, les Unist’ot’en furent les premiers à s’opposer officiellement à TOUT pipeline proposé traversant leurs territoires. Aujourd’hui, les cinq clans font front unis dans cette opposition. Cette unité a été réalisée grâce à des années de diplomatie constante et de recherche de consensus de la part des grassroots Wet’suwe’ten. Le succès de leur résistance est attribuable, en grande partie, à un engagement inébranlable envers la structure de gouvernance traditionnelle des Wet’suwet’en.

En 2009, une habitation fut construite aux coordonnées exactes du chemin que serait censé prendre le corridor énergétique. En raison de la géographie de la région, laquelle est accidentée, montagneuse et sismiquement active, modifier la trajectoire du corridor n’a jamais été envisagé. Le site est situé dans le territoire Unist’ot’en connu sous le nom Talbits Kwa, dont les frontières suivent les berges de la Wedzin Kwa (connu sous le nom colonial de la rivière Morice). Un pont à voie unique constitue le seul moyen d’entrer et de sortir du territoire, celui-ci n’étant accessible que par un chemin forestier partant de Houston (C.-B.) vers le sud. Depuis des années, le camp Unist’ot’en maintient un poste de contrôle sur ce pont. Les leaders du camp ont clairement indiqué qu’il ne s’agissait pas d’un blocage, car l’accès au pont est accordé à de multiples parties, incluant des travailleur.ses forestier.es, des pêcheur.ses et des chasseur.ses, dans la mesure où ceux-ci et celles-ci respectent le protocole du Consentement Libre, Préalable et Éclairé.

Qu’est-ce que le Coastal GasLink (CGL) pipeline ?

Le peuple Wet’suwet’en, sous la gouvernance de leurs chefs héréditaire, se dresse sur le chemin d’un des plus large projet de fracturation hydraulique de l’histoire canadienne. Le pipeline Coastal GasLink (CGL) tente de connecter les opérations de fracturation hydraulique du nord-est de la Colombie-Britannique avec une installation de gaz naturel liquéfié (GNL ou LNG en anglais) située dans la ville côtière de Kitimat. Ce terminal d’exportation, appelé LNG Canada, est possédé par un consortium de géantes multinationales pétrolières (Shell, PetroChina, Petronas, KOGAS, et Mitsubishi). Malgré la propagande tentant de faire croire aux citoyen.nes que cet investissement de 41 milliards $ est inévitable, l’instabilité du marché global du GNL demeure une réalité. De nombreux pays sont bien établis dans ce marché extrêmement compétitif.

CGL est le premier d’une série de projets de pipelines visant à traverser les territoires traditionnels Wet’suwet’en. S’il était construit, il faciliterait et accélèrerait la construction de pipelines subséquents, transportant bitume et produits de fracturation, en plus d’encourager les compagnies gazières à exploiter les gaz de schistes le long du tracé du pipeline. Ce projet constitue une tentative d’ouvrir la voie à un corridor énergétique qui traverserait certaines des dernières zones vierges de toute la région. L’achèvement et la mise en fonction du CGL transformerait de façon irréversible l’écologie et le caractère même du nord de la Colombie-Britannique.

Qu’est-ce que le camp Gitimt’en ?

Gitimt’en est un des cinq clans de la nation Wet’suwet’en. La création du camp Gitimt’en a été annoncée dans la salle de banquets Wet’suwet’en, tous les chefs présents l’appuyant. En réponse à l’injonction de CGL, le camp Gitimt’en fut établi sur la route menant au camp Unist’ot’en, créant ainsi une nouvelle ligne de front. Les avocats de CGL soutiennent que les Unist’ot’en sont essentiellement une bande de voyous sans revendication légitime du titre aborigène. L’intervention des Gitimt’en démontre que les Unist’ot’en ne sont pas seul.es et que les chefs héréditaires sont prêt.es à faire respecter la loi Wet’suwet’en en refusant l’accès à CGL. Le camp Gitimt’en a clairement indiqué qu’il ne s’agissait pas d’un blocage, car l’accès au pont est accordé à de multiples parties, incluant des travailleur.ses forestier.es, des pêcheur.ses et des chasseur.ses, dans la mesure où ceux-ci et celles-ci respectent le protocole du Consentement Libre, Préalable et Éclairé.

Vendredi le 21 décembre denier, un juge a accordé à CGL une extension de leur injonction contre le camp Unist’ot’en, l’appliquant dorénavant à tous les camps de résistance au sud de Houston. Pour cette raison, le camp de Gitimt’en est en état d’alerte, prêt à défendre son territoire non-cédé contre la menace d’une invasion policière. La ligne de front est actuellement tenue par un certain nombre de chefs Wet’suwet’en, de familles et de militant.es expérimenté.es, et le camp grandit de jour en jour. C’est un camp éloigné, en plein air, où il fait généralement moins de zéro degré celsius. Bien entendu, ce ne sont pas des conditions faciles. Dans une région isolée de l’hiver nordique, la survie est difficile, et s’organiser politiquement l’est encore davantage. Les infrastructures du camp contribueront grandement à la capacité des gens présents à s’organiser efficacement.

Comment supporter ?

Une injonction étant en place, une intervention policière pourrait être déclenchée à tout moment. Les renseignements obtenus localement suggèrent qu’une escalade de la menace est plausible dès le début de janvier. Les leaders Wet’suwet’en demandent à ce que les supporteur.rices traitent cette situation comme étant urgente.

– Venez supporter le front *
– Commanditez un membre de votre communauté pour qu’il ou elle rejoigne le front (en donnant priorité aux personnes autochtones).
– Planifiez un moment de travail collectif au camp. Organisez-vous avec votre groupe d’ami.es pour venir au camp avec un projet en tête, comme la construction d’une structure. Cette option est idéale pour des gens qui aimeraient supporter le camp mais qui ne peuvent quitter leur maison pour une longue période de temps. Par exemple, des projets de construction qui seraient appréciés : une yourte, une tente prospecteur, une shed à bois, un abri de garde. Gardez en tête que les structures ont toutes besoins d’être chauffées, les poêle à bois sont donc en grande demande.
– Créez un pamphlet (à propos de la fracturation, du GNL, du Coastal GasLink pipeline, des camps de résistance de Unist’ot’en et de Gitimt’en, etc.) qui pourrait être utile pour partager de l’information en personne. Si un pamphlet est mis en ligne sous forme de PDF prêt à être imprimé, celui-ci peut facilement être reproduit par des gens de partout. Faites approuver votre pamphlet en l’envoyant à yintahaccess@gmail.com
– Traduisez des textes existant à propos du camp.
– Planifiez une action de solidarité. Si la police et l’industrie forcent leur chemin sur le territoire, il est temps de bloquer des autoroutes, des ponts et des voies ferrées. Il est temps d’occuper des bureaux, de perturber, et d’envoyer un message clair qui ne peut être ignoré. Commencez à penser à des actions appropriées à effectuer près de chez vous. Gardez en tête que d’utiliser des cibles secondaires et tertiaires (c’est-à-dire de cibler des compagnies qui sont en partenariat avec la compagnie que vous visez) peut parfois être plus efficace.
– Planifiez des événements de levée de fond et de partage d’information, comme la projection d’un film.
– Donnez de l’argent ou des biens matériels. Les besoins actuels : des matériaux de construction, une camionnette, un camion de campement, un skidoo, de la nourriture, de l’essence, de l’argent pour le transport.
– Si vous faites partie d’une organisation telle q’une ONG ou qu’un syndicat, plaidez pour que celle-ci publie une déclaration officielle en appui aux chefs héréditaires Wet’suwet’en.
– Si vous êtes une personnalité publique, s’il-vous-plaît, utilisez votre influence pour attirer l’attention vers cette cause. Par exemple, si vous êtes largement suivi.e sur les médias sociaux, publiez-y votre support.
– Si vous faites partie d’une organisation qui envoie des observateurs.rices des droits humains dans des zones de conflits, s’il-vous-plaît, contactez immédiatement yintahaccess@gmail.com
– Augmentez la visibilité de ce qui se passe en publiant sur les médias sociaux, avec des hyper-liens et des hashtags. Les trois hashtags officiels du Yintah Access Checkpoint sont #notrespass #wedzinkwa #wetsuwtenstrong.

Comment faire des dons au Wet’suwet’en Access Point sur le territoire Gitimt’en :

– (Préféré) Envoyez un e-transfer à yintahaccess@gmail.com
– Postez un chèque. Écrivez à yintahaccess@gmail.com pour obtenir le nom et l’adresse postale.
– Paypal – codym@uvic.ca
– Faites un don à la campagne GoFundMe : https://www.gofundme.com/gitdumt039en-access-point
– Si vous faites une levée de fond, pensez à établir un objectif précis. Par exemple : un campeur, une motoneige, une scie à chaîne, une génératrice, une soudeuse. Se doter d’un objectif précis peut contribuer à ce que la levée de fond soit plus gratifiante.

Note : Le camp Gitimt’en et le camp Unist’ot’en se supportent entre eux. Il est par contre important de noter que ce sont deux camps séparés et distincts. Les deux camps sont situés sur les territoires de deux différents clans et ceux-ci répondent à leurs chefs respectifs. Ceci est important pour des raisons légales. L’injonction a failli à faire la différence entre les deux camps, mais ceci n’est ni exact ni défendable. Les finances des deux camps sont séparées. Si vous désirez donnez au camp Unist’ot’en, ce qui est grandement encouragé, veuillez le faire à eux et elles directement. Vous pouvez le faire via leur site web : unistotencamp.com.

* Considérant que la vie au front peut être particulièrement difficile physiquement, émotionnellement et mentalement, ce n’est pas tout le monde qui est encouragé à venir. Posez-vous certaines questions comme : Dans une situation intense, avec un haut niveau de stress, suis-je capable de penser rationnellement et d’agir de façon intelligente ? Suis-je prêt.e au risque de me faire arrêter ? Est-ce que je suis doté.e de compétences pouvant s’avérer utiles ? Est-ce que le front est l’endroit où je serais le ou la plus utile ? Est-ce qu’une personne autochtone pourrait prendre ma place ?

Quiconque veut venir au camp doit préalablement contacter yintahaccess@gmail.com. Visitez la page Facebook du camp en cherchant Wet’suwet’en Access point on Gidumt’en territory.

Les Lutins Rebelles du Père Noël vous souhaitent un joyeux Noël anticolonial

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Déc 252018
 

Soumission anonyme à No Borders Media

Les monuments de John A. Macdonald et de la reine Victoria sont à nouveau vandalisées à Montréal avec peinture rouge et verte

24 décembre 2018 – À la veille de Noël, des vandales de la région de Montréal ont recouvert le monument John A. Macdonald (1895) et la statue de la reine Victoria à McGill (1900) avec des peintures rouge et verte respectivement.

Cette action, revendiquée par les lutins rebelles du père Noël, poursuit une série d’attaques à la peinture sur les symboles du colonialisme britannique raciste à Montréal. Le monument Macdonald a été vandalisé au moins six fois, tandis que les deux statues de la reine Victoria à Montréal ont été peintes au moins trois fois (y compris à la peinture verte le jour de la St-Patrick 2018).

À propos de la statue de la reine Victoria, la brigade de solidarité anticoloniale Delhi-Dublin, responsable du vandalisme de la Saint-Patrick, a écrit:

“La présence de ces statues racistes de la reine Victoria à Montréal est une insulte aux luttes d’autodétermination et de résistance des peuples opprimés dans le monde entier, y compris les nations autochtones en Amérique du Nord (l’Île de Tortue) et en Océanie, ainsi que les peuples d’Afrique, du Moyen-Orient, des Caraïbes, du sous-continent indien, et partout où l’Empire britannique a commis ses atrocités.Les statues sont également une insulte à l’héritage de la révolte par les combattant.e.s de la liberté irlandaise, et les mutin.e.s anti-coloniaux d’origine britannique. Les statues ne méritent particulièrement aucun espace public au Québec, où les Québécois.e.s étaient dénigré.e.s et marginalisé.e.s par des racistes britanniques agissant au nom de la monarchie putride représentée par la reine Victoria.Le règne de la reine Victoria représente une expansion massive de l’Empire britannique barbare. Collectivement, son règne représente un héritage criminel de génocide, de meurtres de masse, de torture, de massacres, de terrorisme, de famines forcées, de camps de concentration, de vols, de dénigrement culturel, de racisme et de suprématie blanche. Cet héritage devrait être dénoncé et attaqué.”

En ce qui concerne le monument Macdonald, une affiche vue dans les rues de Montréal résume de manière concise son héritage raciste comme suit:

“John A. Macdonald était un suprémaciste blanc. Il a directement contribué au génocide des peuples autochtones avec la création du système brutal des pensionnats ainsi que d’autres mesures destinées à détruire les cultures et les traditions autochtones. Il était raciste et hostile envers les groupes minoritaires non blancs au Canada, promouvant ouvertement la préservation d’un Canada dit «aryen». Il a adopté des lois pour exclure les personnes d’origine chinoise. Il a été responsable de la pendaison du martyr Métis Louis Riel. Les statues de Macdonald devraient être retirées de l’espace public.En tant qu’artefacts historiques, elles devraient être entreposées là où elles appartiennent soit dans les archives ou les musées. L’espace public devrait plutôt célébrer les luttes collectives pour la justice et la libération et non pas la suprématie blanche et le génocide.”

(Lien à l’affiche: http://bit.ly/2MRBoH6)

Démasquer Atalante

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Déc 202018
 

De Montréal Antifasciste

Le meneur ostensible du groupe néofasciste Atalante, Raphaël Lévesque, aime beaucoup l’attention que ses frasques lui procurent (c’est d’ailleurs pourquoi il ne se cache plus depuis longtemps), mais la centralité du personnage ne devrait pas nous empêcher de considérer les individus qui gravitent autour de son leadership, car un mouvement comme Atalante n’est rien sans les militants et militantes qui lui insufflent leur énergie.

Les nombreuses actions de visibilité menées par le groupe à Québec et Montréal au cours des deux dernières années laissent croire qu’au-delà de ses membres les plus visibles et les plus actifs, Atalante peut compter sur une milice de réserve constituée de quelques dizaines d’individus gagnés à la cause ultranationaliste. Malgré le petit nombre de ses militant-e-s, le groupe a réussi à capter l’attention d’une partie des médias traditionnels et est parvenu par son activité dans les médias sociaux à jouer un rôle important dans la promotion d’une position dite « nationaliste révolutionnaire » au sein de l’extrême droite québécoise.

Comme l’indique leur pratique consistant à se masquer à chaque sortie publique, la plupart de ces militants et militantes souhaiteraient sans doute garder le secret sur leur association avec un groupe ouvertement fasciste. Nous croyons quant à nous qu’il est grand temps d’exposer les militant-e-s et sympathisant-e-s d’Atalante à la lumière du soleil.

Il nous importe également de dissiper ici toute confusion sur le projet politique d’Atalante et de mettre au clair la filiation directe du groupe avec différents courants fascistes contemporains.

Actions sans éclat et publicité gratuite…

Malgré son caractère marginal, Atalante est parvenu à faire les manchettes à plusieurs reprises en 2017 et 2018, notamment en mai dernier, lorsqu’une poignée de ses militants a fait irruption dans les bureaux montréalais du média numérique VICE pour intimider les employés qui s’y trouvaient. Un reportage de VICE publié quelques jours plus tard relate ainsi l’incident :

« Après qu’une employée eut ouvert la porte à un homme tenant un bouquet de fleurs, un groupe de six ou sept hommes, tous masqués sauf un, a fait irruption dans la pièce principale au son du thème musical de l’émission The Price is Right diffusée sur une petite enceinte Bluetooth. Les hommes se sont ensuite déplacés dans la salle des nouvelles en projetant partout des nez de clowns et des centaines de tracts…

Ils ont surtout essayé d’intimider le journaliste Simon Coutu – qui a déjà écrit sur le groupe – en se massant autour de son bureau pour lui remettre un trophée portant l’inscription “VICE : Média poubelle 2018”.

Raphaël Lévesque, surnommé Raf Stomper, dit avoir fait cette visite pour remercier Coutu au nom de “toutes les victimes de la guerre qu’[il] essaie de commencer”. »

Des militants d'Atalante se prennent en photo dans les bureaux de VICE, le 23 mai 2018.

Des militants d’Atalante se prennent en photo dans les bureaux de VICE, le 23 mai 2018.

Suite à cette terne performance de théâtre politique, Atalante a été mentionné dans les médias partout au Canada, aux États-Unis et même en Europe. L’action a de plus été dénoncée par les premiers ministres Philippe Couillard et Justin Trudeau. Sur le plan de la propagande, Atalante venait de réussir un bon coup avec seulement six personnes et un strict minimum d’imagination[i].

Comme nous le verrons, c’est une sorte de modus operandi pour Atalante : avec un investissement minimal d’énergie, ces petites actions de propagande attirent une attention médiatique considérable et offrent une tribune par lequel le groupe peut diffuser ses idées et projeter une impression de force sur Facebook.

Le visage grimaçant d’Atalante

Raphaël Lévesque brandissant des tracts d'Atalante dans les bureau de VICE, le 23 mai 2018.

Raphaël Lévesque brandissant des tracts d’Atalante dans les bureaux de VICE, le 23 mai 2018.

La figure de proue d’Atalante, Raphaël « Raf Stomper » Lévesque, est actuellement visé par diverses accusations pour avoir mené l’action contre VICE décrite ci-dessus, ayant été le seul du groupe à y participer à visage découvert. Il est accusé d’entrée par effraction, de méfait, de harcèlement criminel et d’intimidation. C’est le genre d’offensive judiciaire démesurée qui risque de renforcer son statut (et gonfler son ego déjà surdimensionné) plus qu’autre chose.

Lévesque, 35 ans (DDN, 5 août 1983), est bien connu des antifascistes québécois-e-s. Il a été plusieurs fois condamné pour agression, menaces et trafic de stupéfiants, et a passé du temps en prison aussi récemment qu’en 2016. En 2017, il a proposé d’incendier les bureaux du Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence si celui-ci s’avisait de s’installer à Québec. Même si le directeur du centre, M. Deparice-Okomba, a affirmé que ces propos constituent une menace criminelle, aucune procédure judiciaire ne semble avoir été entamée à cet égard.

Au-delà de ses déboires avec la justice, Lévesque est aussi le chanteur de Légitime Violence, un groupe de musique oï[ii] associé à la mouvance « Rock Against Communism »[iii], et est un leader connu du Québec Stomper Crew, une bande de boneheads[iv] active depuis plusieurs années dans la région de Québec et notamment connue pour ses liens avec le crime organisé et le trafic de stupéfiants.

Le Québec Stomper Crew, la connexion RAC et Légitime Violence

Pour comprendre ce qu’est Atalante aujourd’hui, il est toujours utile de rappeler que le groupe a été fondé à partir du band Légitime Violence et de la scène bonehead formée autour du Québec Stomper Crew (lequel en constitue toujours le cœur).

Au début des années 2000, deux gangs de jeunes skinheads dits « apolitiques » se forment dans la province. Il s’agit de Coup de Masse (CdM) à Montréal et des Québec Stompers (2004) à Québec. Bien que se disant apolitiques, les deux gangs ont un fort penchant pour le nationalisme québécois, ce qui fait en sorte qu’ils sont assez rapidement expulsés de la scène underground de leur ville respective. Bien qu’à leurs débuts, les deux bandes, très proches l’une de l’autre, rejettent autant la gauche que la droite (des récits témoignent notamment de batailles entre les Québec Stompers et les néonazis du Sainte-Foy Krew à la fin des années 2000), les Stompers en viendront rapidement à se rapprocher des milieux boneheads et à adopter une position dite « anti-antifasciste ». À cette époque, les membres de Québec Stompers sont Raphaël Lévesque, Yan Barras, Martin Léger, tranquillement rejoints par Benjamin Bastien, Antoine Mailhot-Bruneau, Yannick Vézina, Olivier Gadoury, Jonathan Payeur et Roxanne Baron. Encore aujourd’hui, il semble y avoir une distinction entre le membership d’Atalante et celui des Québec Stompers, ce dernier étant plus restreint et contre-culturel. Bien que tous les membres actuels des Québec Stompers s’impliquent dans Atalante, le contraire n’est pas vrai.

Québec Stompers: Étienne Mailhot-Bruneau, Olivier Gadoury, Raphaël Lévesque, Sven Côté, Antoine Pellerin, Jonathan Payeur, Benjamin Bastien et Yan Barras

Photo récente des Québec Stompers: Étienne Mailhot-Bruneau, Olivier Gadoury, Raphaël Lévesque, Sven Côté, Antoine Mailhot-Bruneau, Jonathan Payeur, Benjamin Bastien et Yan Barras.

Les deux bandes fréquentent assidûment une scène musicale composée de groupes de Rock Anti-Communiste (RAC) et de Rock Identitaire Français (RIF). Ces deux styles musicaux sont des créations directes de l’extrême droite. Au Québec, on y retrouve notamment les groupes de musique Coup de Masse, Section de Guerre, Fleurdelix et les Affreux Gaulois et Bootprint, auxquels s’ajoutera Légitime Violence à la fin des années 2000. L’un des groupes, qu’on pourrait qualifier d’influence importante au sein de cette scène, s’appelle Trouble Makers et est plutôt axé sur le RIF. Ce style se veut une tentative de faire passer des propos d’extrême droite dans une enveloppe musicale plus mainstream et plus léchée que le RAC. Fondé à la fin des années 1990, Trouble Makers est composé de Simon Cadieux, Maxime Taverna, Jonathan Stack et François-Pierre Stack, les trois derniers étant des militants identitaires de longue date. Ceux-ci sont reconnus pour avoir entre autres fait partie de différents groupes d’extrême droite tel que Québec-Radical et les Affranchistes. Trouble Makers serait aussi le premier band québécois à avoir traversé l’Atlantique pour aller se produire dans des événements organisés par CasaPound en Italie.

Trouble Makers: Jonathan Stack, Maxime Taverna, Richard Stack, Simon Cadieux

Trouble Makers: Jonathan Stack, Maxime Taverna, Richard Stack, Simon Cadieux.

Maxime Taverna, portant un t-shirt de ZetaZeroAlfa, le groupe phare de CasaPound

Maxime Taverna, portant un t-shirt de ZetaZeroAlfa, le groupe phare de CasaPound.

Au début des années 2010, et après plusieurs tentatives d’établissement de collectifs d’extrême droite à Montréal tel que Troisième Voie Québec, Légion Nationale ou encore Faction Nationaliste, Maxime Taverna fonde le groupuscule néofasciste La Bannière Noire, qui deviendra éventuellement le chapitre montréalais de la Fédération des Québécois de Souche (FQS) et un précurseur direct d’Atalante. On peut déjà y retrouver l’embryon de ce que sera éventuellement Atalante Montréal, avec des membres comme Rémi Chabot, Mathieu Bergeron, François-Pierre Stack et Francis Hamelin. Bien que peu actif, le collectif se donne comme mission de fédérer l’extrême droite issue de la scène bonehead en organisant des soirées de réseautage identitaire et en animant une émission de radio, La bouche de nos canons, diffusée par Bandiera Nera, une chaîne liée à Zentropa, média d’extrême droite lui-même lié à CasaPound. C’est La Bannière Noire qui est le premier collectif à faire aussi ouvertement le lien avec l’extrême droite italienne et à utiliser une imagerie similaire à celle d’Atalante. Il est indéniable que ce groupe et son fondateur, Maxime Taverna, ont joué un rôle important dans la création d’Atalante, voire qu’ils en sont jusqu’à ce jour parmi les principaux idéologues[v].

Affiche annonçant une conférence de militants de CasaPound organisée par La Bannière Noire et la Fédération des Québécois de souche, le 28 février 2015

Affiche annonçant une conférence de militants de CasaPound organisée par La Bannière Noire et la Fédération des Québécois de souche, le 28 février 2015.

Une histoire de violence

Plusieurs membres et associés, anciens et actuels, de la nébuleuse bonehead qui se perpétue depuis les années 1990 ont été impliqués dans différentes attaques violentes, notamment contre des personnes racisées.

Jonathan Côté et Steve Lavallée en 1998

Jonathan Côté et Steve Lavallée en 1998.

En 1997, huit associés des Vinland Hammer Skins et des Berzerker Boot Boys sont accusés d’avoir lancé une série d’attaques à coups de battes de baseball et de barres de fer et blessé une trentaine de personnes dans des bars de la métropole. Parmi eux, Jonathan Côté, alias « Jo Wennebago » (Chevrotine Jo sur Facebook), est encore très proche des Stompers. Steve Lavallée (Steve Bateman sur Facebook) était une figure centrale des groupes néonazis de l’époque, notamment en tant que membre du groupe Coup de Masse et leader d’une éphémère section québécoise de Blood & Honour. Lavallée semble aujourd’hui s’être calmé le pompon et reconverti dans les « grandeur nature », mais il traîne manifestement encore avec les gars de Légitime Violence et Atalante.

Jonathan Côté et Steve Lavallée en 2017

Jonathan Côté et Steve Lavallée en 2017.

Jonathan Côté avec Raphaël Lévesque et Benjamin Bastien

Jonathan Côté avec Raphaël Lévesque et Benjamin Bastien.

Steve Lavallée en 2017, portant un t-shirt d'Atalante

Steve Lavallée en 2017, portant un t-shirt d’Atalante.

Le 22 juin 2002, Rémi Chabot et Daniel Laverdière attaquent gratuitement et poignardent un travailleur haïtien, Evens Marseille, à l’extérieur d’un bar dans l’est de Montréal. Rémi Chabot appartient encore à ce jour à la nébuleuse néonazie québécoise dont Atalante est le plus récent porte-étendard.

Raphaël Lévesque et Rémi Chabot.

Raphaël Lévesque et Rémi Chabot.

La nuit du Nouvel An 2007, six membres des Stompers, dont Raphaël Lévesque, font irruption au Bar-Coop l’AgitéE, un lieu de rencontre de la gauche à Québec, et l’un d’eux, Yan Barras, poignarde six personnes avec un exacto. Légitime Violence fait d’ailleurs référence à cette agression sauvage dans les paroles de leur chanson éponyme : « Ces petits gauchistes efféminés, qui se permettent de nous critiquer, ils n’oseront jamais nous affronter, on va tous les poignarder![vi] »

Raphaël Lévesque, Yan Barras et Étienne Mailhot-Bruneau.

Raphaël Lévesque, Yan Barras et Étienne Mailhot-Bruneau, des Québec Stompers.

En 2008, Mathieu Bergeron et un complice, Julien-Alexandre Leclerc, sont arrêtés pour avoir poignardé deux jeunes Arabes et agressé un chauffeur de taxi d’origine haïtienne. Bergeron restera pendant plusieurs années une figure importante de la scène néonazie montréalaise, en tant que membre du crew StrikeForce, chanteur du groupe RAC Section St-Laurent et fondateur de Faction Nationaliste. Bergeron fait aujourd’hui partie de la garde rapprochée d’Atalante et a participé à plusieurs actions du groupe. Francis Hamelin, un autre associé occasionnel d’Atalante à Montréal, est un ami de longue date de Mathieu Bergeron.

Mathieu Bergeron, avec la chemise rouge, au début des années 2010.

Mathieu Bergeron, avec la chemise rouge, au début des années 2010.

Mathieu Bergeron dans une action d'Atalante à Montréal, le 20 janvier 2018.

Mathieu Bergeron dans une action d’Atalante à Montréal, le 20 janvier 2018.

Francis Hamelin (à gauche) et Mathieu Bergeron avec des militant-e-s de 3e Voie Québec, lors d'une manifestation antisémite dans la municipalité d'Hampstead, en 2011. Au centre (avec le chien) le Major Serge Provost, de la défunte Milice patriotique du Québec. Tout au fond, avec la chemise noire, Maxime Taverna, de La Bannière Noire.

Francis Hamelin (à gauche) et Mathieu Bergeron avec des militant-e-s de 3e Voie Québec, lors d’une manifestation antisémite dans la municipalité d’Hampstead, en 2011. Au centre (avec le chien) le Major Serge Provost, de la défunte Milice patriotique du Québec. Tout au fond, avec la chemise noire, Maxime Taverna, de La Bannière Noire.

Boires et déboires de Légitime Violence

Les chansons de Légitime Violence sont bourrées de propos racistes et homophobes (l’une d’elles, une reprise du groupe Evil Skins, comporte notamment ce passage pro-Shoah : « Déroulons les barbelés, préparons le Zyklon B![vii] »). Leur influence à l’extérieur du milieu bonehead demeurait toutefois relativement limitée avant la constitution du groupe Atalante en 2016.

L’information entourant les concerts de Légitime Violence au Québec tend à être divulguée de manière très parcimonieuse, voire à être dissimulée pour éviter des représailles des groupes antifascistes. Leur succès est beaucoup plus important en Europe, où ils parviennent à faire des tournées et à vendre du matériel promotionnel pour le groupe.

Légitime Violence: Raphaël Lévesque, Jhan Mecteau, Benjamin Bastien et Jean-Seb.

Légitime Violence: Raphaël Lévesque, Jhan Mecteau, Benjamin Bastien et Jean-Seb. (Absent de la photo, Félix Latraverse)

En 2011, le groupe se fait couper l’herbe sous le pied lorsque, sous la pression populaire, le festival Envol et macadam de Québec retire leur concert de sa programmation.

En 2013, le groupe fait une tournée européenne qui lui permet de tisser des liens avec d’autres groupes néonazis et lui donne l’occasion d’assumer clairement ses positions politiques. Deux ans plus tard, leur 2e tournée européenne les amène à créer un groupe politique néofasciste sur le modèle de CasaPound (Italie), Hogar Social (Espagne) ou Bastion Social (France). Ce sera Atalante, officiellement créée en 2016.

Légitime Violence entretient aussi des liens étroits avec la scène RAC et bonehead de New York, dont le groupe Offensive Weapon (aujourd’hui inactif) et le label United Riot, qui a distribué un split des deux groupes en 2013. Les membres d’Offensive Weapon ont participé à des actions d’Atalante à Québec, dont la parade dans les rues de Québec à l’été 2016. Cette filiation s’étend aussi au 211 Bootboys Crew, un gang de boneheads de New York, dont des membres ont été reconnus coupables d’agression armée et d’autres sont actuellement visés par des accusations pour avoir participé à une bastonnade de militants antifascistes en marge de la récente allocution du fondateur des Proud Boys, Gavin McInnes, au Metropolitan Republican Club de Manhattan.

Lee Rocco, du groupe Offensive Weapon. Notons le foulard orné d'un totenkopf, l'insigne des SS.

Lee Rocco, du groupe Offensive Weapon. Notons le foulard orné d’un totenkopf, l’insigne des SS.

Photos des membres de Légitime Violence et d'Offensive Weapon, avec leur entourage respectif.

Photos des membres de Légitime Violence et d’Offensive Weapon, avec leur entourage respectif.

John Young (à gauche), des 211 Boot Boys et de l'entourage d'Offensive Weapon, a plaidé coupable pour voies de fait en juillet 2017, à New York. Ici en compagnie de Raphaël Lévesque.

John Young (à gauche), des 211 Boot Boys et de l’entourage d’Offensive Weapon, a plaidé coupable pour voies de fait en juillet 2017, à New York. Ici en compagnie de Raphaël Lévesque.

Aussi récemment qu’en novembre 2018, les membres de Légitime Violence se sont rendus en France pour rendre hommage à Sergei Ventura, un vieux déchet bonehead de l’entourage de Serge Ayoub et 3e Voie.

Photo de groupe de 3e Voie, avant sa dissolution. Au centre Sergei Ventura avec Serge Ayoub et Esteban Morillo, le tueur de Clément Méric.

Photo de groupe de 3e Voie, avant sa dissolution. Au centre Sergei Ventura avec Serge Ayoub et Esteban Morillo, le tueur de Clément Méric.

Romain, ancien militant de 3e Voie, et Raphaël Lévesque. Notons le t-shirt Skrewdriver.

Romain, ancien militant de 3e Voie, et Raphaël Lévesque. Notons le t-shirt Skrewdriver.

L’album de Légitime Violence lancé en 2017, Défends, se veut une espèce d’hommage autoréférentiel… à Atalante.

Légitime Violence en France, 2018.

Légitime Violence en France, automne 2018.

La filiation idéologique d’Atalante

Porté sur la propagande et l’action de rue, Atalante se propose de « participer à la renaissance identitaire ». La description du groupe disponible sur sa page Facebook – qui compte quelque 6 000 abonné-e-s – correspond aux thèses « déclinistes » qui caractérisent une partie importante de l’extrême droite contemporaine :

« En cette époque sombre, où mondialisme et consumérisme règnent, nous sommes étouffés par la tyrannie du politiquement correct et de la négation identitaire. L’Occident décadent est miné de l’intérieur par l’effondrement de ses valeurs et repères historiques. »

Le slogan d’Atalante, « Exister, c’est combattre ce qui me nie », est emprunté à Dominique Venner, une figure mythique de l’extrême droite française et maître à penser des identitaires dont se réclame en partie Atalante. D’abord membre de l’OAS (Organisation Armée Secrète, groupe paramilitaire d’extrême droite luttant contre l’indépendance de l’Algérie), puis historien partisan de la théorie du « choc des civilisations », Venner s’est suicidé en 2013 dans la Cathédrale Notre-Dame de Paris pour marquer son opposition au mariage entre personnes de même sexe.

Affiche d'Atalante rendant hommage à Dominique Venner.

Affiche d’Atalante rendant hommage à Dominique Venner.

Le groupe Atalante est agressivement ultranationaliste, s’identifiant à la culture, l’histoire et la nation canadiennes-françaises ou, comme ils le disent eux-mêmes, la Nouvelle France[viii]. Le nom Atalante fait référence à la frégate française Atalante, qui s’est échouée lors d’une bataille contre l’armée britannique en 1760. Son logo est un gouvernail traversé d’un éclair.

Il est indéniable que la vision du monde d’Atalante repose en très grande partie sur une conception de l’histoire du Québec (ou du Canada français) comme nation conquise et opprimée. Décodant principalement cette histoire dans une perspective culturelle et démographique, Atalante prétend que les Canadiens français sont l’objet d’une entreprise de génocide menée contre eux depuis plusieurs siècles. Cette analyse s’inspire d’éléments précis de l’histoire du Québec, et dans le passé, notamment dans les années 1960, c’est une logique analogue qui a mené un grand nombre de Canadien français à développer une forme de nationalisme de gauche identifiée de près aux mouvements tier-mondistes et décolonialistes. En 2018, cependant, cette approche retrouve davantage son extension logique dans différentes théories du complot issues de l’extrême droite concernant un « génocide blanc », un « grand remplacement » ou un « plan Kalergi », lesquelles théories sont d’ailleurs autant de points de repère pour l’extrême droite québécoise contemporaine, dont Atalante est aujourd’hui la pointe la plus saillante. Le fait que la très grande majorité des Québécois et Québécoises rejette carrément ce genre de racisme extrême est expliqué par les idéologues d’Atalante comme le résultat d’une « dégénérescence » et d’un « lavage de cerveau ». Cette vision tordue de l’histoire du Québec est ainsi résumée par Antoine Mailhot-Bruneau dans une entrevue accordée au site web néofasciste Zentropa Serbia à l’été 2017 :

« (…) le point tournant dans la création de cette nation artificielle (le Canada) est arrivée avec l’introduction d’un nouveau moyen pour nous détruire, l’immigration, dans le Rapport sur les affaires de l’Amérique du Nord Britannique, du Lord Durham, en 1839, pour qui les Français devaient tout simplement disparaître. C’est arrivé bien avant la création officielle du pays en 1967 (sic). L’année 2017 est particulière, car elle marque le 150e anniversaire de cette tromperie. Ils ont d’abord échoué dans cette tentative, car les Irlandais, Italiens, Grecs et Polonais catholiques qu’ils ont fait venir ici, et d’autres Européens catholiques, ont en fait adopté notre culture et on renforcé notre caractère européen particulier. Après cette tentative ratée, ils se sont rendu compte qu’il fallait faire venir une culture d’étrangers complètement opposée pour la mélanger à la nôtre, ou réduire encore davantage notre minorité au Canada. Pour dissimuler leurs réelles intentions et pour rendre leur plan plus acceptable aux « nationalistes » de gauche, Marxistes et autres attardés libéraux, ils ont décidé de faire venir des immigrants francophones, comme des Haïtiens et des magrébins. L’aspect le plus ironique de leur plan est qu’ils ont en fait davantage nui à la culture britannique du Canada qu’à la nôtre – par exemple, si vous visitez une ville comme Toronto, c’est pire qu’a Montréal. Cela dit, nous acceptons actuellement plus d’immigrants que la France! Imaginez notre avenir! Toutes ces politiques d’immigration sont en fait un plan pour exterminer notre peuple. »

Atalante se décrit elle-même comme une organisation « nationaliste révolutionnaire »[ix], comme l’explique un militant dans une entrevue accordée au site Internet Breizh.info :

« Le terme révolutionnaire étonne beaucoup les gens quand nous l’utilisons, mais il vient effectivement du fait que nous ne voulons rien conserver de ce monde moderne décadent et malade. Ce que nous voulons c’est créer la nouvelle aristocratie guerrière de demain en encourageant nos militants à pratiquer des sports extrêmes comme le combat ou la musculation et à lire de la littérature de toute sorte.

« Nous ne voulons pas conserver cette hiérarchie du plus riche au sommet et du plus pauvre au bas, mais amener celle du mérite, en prônant les valeurs originelles de l’occident. Par valeur originelle nous ne parlons en aucun cas de ce monde pré décadent qui est encore proche de nous, mais bien de valeurs mémorielles comme l’héroïsme, l’aventure, le sens du sacrifice, l’honneur et le goût du risque (il y en a bien d’autres encore). »

Les membres d’Atalante s’inspirent principalement de CasaPound, un mouvement néofasciste italien dont ils empruntent à la fois des éléments de discours (une rhétorique liant l’anti-immigration à l’anticapitalisme, etc.) et des tactiques de mobilisation (l’action caritative à l’intention exclusive des personnes de « souche », etc.).

En août 2016, en collaboration avec la Fédération des Québécois de souche, ils ont organisé un séminaire à Québec où ils ont invité Gabriele Adinolfi, un pionnier intellectuel du mouvement troisième position en Italie et un influent supporteur de CasaPound. À nouveau en 2017, des membres d’Atalante, dont Antoine et Étienne Mailhot-Bruneau, se sont rendus à Rome pour rencontrer des militants fascistes.

Affiche promotionnelle de la conférence de Gabriele Adinolfi, organisée par Atalante et la Fédération des Québécois de souche en août 2016.

Affiche promotionnelle de la conférence de Gabriele Adinolfi, organisée par Atalante et la Fédération des Québécois de souche en août 2016.

Conférence de Gabriele Adinolfi, de CasaPound, en août 2016, à Québec.

Conférence de Gabriele Adinolfi, de CasaPound, en août 2016, à Québec.

Raphaël Lévesque et Gianluca Inannone, président national de CasaPound.

Raphaël Lévesque et Gianluca Inannone, président national de CasaPound.

Jean-Sébastien, Raphaël et Benjamin, de Légitime Violence, avec Sébastien De Boëldieu et Gianluca Iannone, respectivement porte-parole international et président national de CasaPound.

Jean-Sébastien, Raphaël et Benjamin, de Légitime Violence, avec Sébastien De Boëldieu et Gianluca Iannone, respectivement porte-parole international et président national de CasaPound.

Raphaël Lévesque dans une manifestation de CasaPound contre une mosquée de quartier, à Rome, en octobre 2017.

Raphaël Lévesque dans une manifestation de CasaPound contre une mosquée de quartier, à Rome, en octobre 2017.

Banderole d'Atalante en soutien à CasaPound devant le consulat général d'Italie à Montréal, le 30 octobre 2018.

Banderole d’Atalante en soutien à CasaPound devant le consulat général d’Italie à Montréal, le 30 octobre 2018.

Banderole d'Atalante en soutien à CasaPound, le 30 octobre 2018.

Banderole d’Atalante en soutien à CasaPound, le 30 octobre 2018.

Atalante ne cache pas son admiration pour des figures intellectuelles fascistes. À côté du portrait de Dominique Venner peint sur un mur de leur gymnase figure celui de Julius Evola, un illuminé reconnu par plusieurs comme le penseur le plus important de la renaissance fasciste de la seconde moitié du 20e siècle. En mars 2018, Atalante affichait sur sa page Facebook un hommage au « martyr » François Duprat, un théoricien du nationalisme révolutionnaire et grand défenseur du fascisme historique.

Portraits de Friedrich Nietzsche, Julius Evola et Dominique Venner sur le mur de la salle d'entraînement d'Atalante, à Québec.

Portraits de Friedrich Nietzsche, Julius Evola et Dominique Venner sur le mur de la salle d’entraînement d’Atalante, à Québec.

Hommage à François Duprat, fasciste et théoricien du nationalisme révolutionnaire.

Hommage à François Duprat, fasciste et théoricien du nationalisme révolutionnaire.

En tant que formation nationaliste révolutionnaire, Atalante récupère ainsi des thèmes anticapitalistes, notamment l’opposition à la bourgeoisie internationale (incarnée dans leur rhétorique par le spectre des « globalistes » et la figure mythifiée de Georges Soros)[x], en prétendant que cette dernière mène une guerre contre les classes ouvrières blanches par l’entremise d’une « main-d’œuvre bon marché de l’étranger », laquelle viendrait saper les acquis des « Québécois-e-s de souche ».

Tract d'Atalante contre George Soros et les "globalistes".

Tract d’Atalante contre George Soros et les “globalistes”.

Paradoxalement, ces nationalistes révolutionnaires, qui détestent viscéralement les communistes et les anarchistes au point de souhaiter leur mort, ne se contentent pas de récupérer des éléments théoriques de la gauche, mais plusieurs de leurs tactiques sont souvent directement copiées de pratiques d’abord adoptées et éprouvées par la gauche anticapitaliste. L’intervention dans les bureaux de VICE, par exemple, est un type d’action repris d’organisations sœurs d’Atalante en Europe, qui elles-mêmes les avaient piquées au mouvement d’extrême gauche à qui elles vouent une haine mortelle! Même chose pour la distribution de vêtements et de nourriture aux démunis (de « souche »), qui constitue l’essentiel de l’activité publique d’Atalante à Québec et Montréal. Pour ne rien dire du banner dropping (déploiement de banderoles), qui est une autre tactique éprouvée de l’extrême gauche. On pourrait croire que les militant-e-s de l’extrême droite contemporaine sont incapables d’une idée originale…

À l’instar des transformations cosmétiques qu’opèrent les milieux d’extrême droite identitaire des deux côtés de l’Atlantique (les « identitaires » en Europe et l’Alt-Right aux États-Unis), le changement graduel d’image, la transformation du bonehead néonazi bête et méchant en nipster propret et bien discipliné, procède d’une volonté d’être mieux perçus et éventuellement acceptés par les nationalistes modérés, dans un premier temps, puis par des secteurs toujours plus larges de la société. Comme l’explique Antoine Mailhot-Bruneau dans l’entrevue citée ci-dessus: « [ils se sont] rendu compte que pour amener plus de gens à se joindre, il fallait prendre une allure plus normale et nous rendre plus accessibles. » Ce face-lift participe donc d’une stratégie visant à promouvoir un type particulier d’ultranationalisme identitaire, profondément raciste et en dernière analyse reposant sur le culte de la violence.

Une cohabitation ambiguë avec les groupes national-populistes

Les positions politiques d’Atalante l’ont parfois menée à adopter une posture critique vis-à-vis d’autres tendances de l’extrême droite, notamment l’actuel mouvement national-populiste. Par exemple, même si leurs membres se sont pointés à la manifestation anti-islam du 4 mars 2017, à Québec, ils sont restés en retrait et, dans un communiqué affiché plus tard sur Facebook, ont déploré la vision des groupes populistes trop étroitement axée sur l’islam, alors qu’à leur avis, les vrais ennemis sont le multiculturalisme, « l’immigration de masse » et le système des « banksters ».

Dans ce même ordre d’esprit « tercériste », la bannière qu’ils ont déployée ce jour-là était marquée d’une citation modifiée de Karl Marx : « Immigration : Armée de réserve du Capital ». (En 2017, des membres d’Atalante avaient par ailleurs distribué des tracts prônant une approche plus radicale et anti-systémique en marge du lancement d’un livre de Mathieu Bock-Côté, un chroniqueur conservateur et islamophobe.)

Bannière portée par Atalante le 4 mars 2017, à Québec.

Bannière portée par Atalante le 4 mars 2017, à Québec.

Antoine Mailhot-Bruneau élabore cette perspective dans l’entrevue susmentionnée :

« Il y a des groupes, comme les Soldiers of Odin, et un groupe Internet appelé La Meute, qui s’opposent principalement à  l’islamisation du Canada tout en défendant la démocratie, mais ça n’est pas du tout notre manière de voir les choses. Nous sommes bien sûr contre l’immigration non européenne, mais nous sommes avant tout contre un régime qui emploie l’immigration pour nous exterminer. Ce régime utilise des immigrants du tiers-monde dans ses industries, appliquant de la pression sur les travailleurs locaux, et nous ne pouvons pas défendre quelque chose d’aussi indéfendable que la démocratie. Nous croyons que la démocratie est le pire régime que le monde ait jamais connu, un régime conçu et dirigé par la bourgeoisie, et qui n’a jamais servi que l’establishment et ses intérêts. »

Cela étant dit, 2017-2018 a été l’occasion d’un rapprochement certain entre, d’un côté, les milieux national-populistes islamophobes et anti-immigration et, de l’autre, le petit courant néofasciste auquel Atalante appartient. Au fur et à mesure que les membres respectifs de ces différents groupes se sont mis à « liker » les mêmes idées racistes sur les médias sociaux, à devenir « amis » et à participer aux mêmes manifestations – voire dans certains cas, à se trouver du même côté de face-à-face tendus avec les antifascistes – les néofascistes ont commencé à recevoir des bons mots et des encouragements des droitistes réformistes ou non engagés/alignés.

L’expression la plus visible et la plus tangible de ce rapprochement a eu lieu le 25 novembre 2017, à Québec, lorsque des membres d’Atalante et des Soldiers of Odin sont descendu-e-s de leur position en retrait sur l’esplanade pour se joindre à la manifestation de La Meute et de Storm Alliance « en soutien à la GRC » (!) devant l’Assemblée nationale. Les membres de ces derniers groupes ont chaudement applaudi les fascistes et les ont accueillis à bras ouverts. (Peu après cette sidérante convergence, opérée grâce à l’action répressive de la police de Québec contre les antiracistes, deux néonazis bien connus de Montréal, Shawn Beauvais-Macdonald et Philippe Gendron des Soldiers of Odin, essaient de former une « branche montréalaise » d’Atalante.)

Ça n’était toutefois pas la première fois que des membres d’Atalante participaient à une manifestation de la droite plus large aux côtés de nationalistes populistes. Dans un reportage de VICE qui date d’avant que Dave Tregget ne quitte les Soldiers of Odin pour créer Storm Alliance, en décembre 2016, on voit celui-ci parler au téléphone avec Raphaël Lévesque, qui l’assure que des membres d’Atalante sont sur le point de rejoindre leur manifestation anti-immigration. Katy Latulippe, la présidente des Soldiers of Odin Québec, a d’ailleurs elle aussi témoigné publiquement un grand respect pour Atalante, expliquant que les deux groupes avaient mené des patrouilles conjointes (essentiellement, des actes d’intimidation dirigés contre les immigrant-e-s) à Québec.

Manifestation conjointe d'Atalante et des Soldiers of Odin, à Québec, le 1er avril 2018, pour commémorer le centenaire des émeutes de la conscription, à Québec.

Manifestation conjointe d’Atalante et des Soldiers of Odin, à Québec, le 1er avril 2018, pour commémorer le centenaire des émeutes de la conscription, à Québec.

Rappelons que Katy Latulippe avait remplacé Dave Tregget à la tête des Soldiers of Odin au début de 2017; elle a plus tard réitéré son admiration pour Atalante :

« Sur beaucoup de points, on se rejoint, dit la présidente du chapitre québécois des Soldats d’Odin, Katy Latulippe, à propos d’Atalante. Il y a un très grand respect entre les deux groupes. Ils distribuent de la bouffe dans les rues et nous aussi. Pourquoi ne pas se donner un coup de main et joindre l’utile à l’agréable? On a une bonne chimie ensemble. Nos itinérants et nos vétérans crèvent de faim dans les rues. Comment peux-tu amener du monde d’autres pays quand tu n’es pas capable de t’occuper de ton propre peuple? »

Liens étroits entre Atalante et la Fédération des Québécois de souche

Bien que la connexion avec les Soldiers of Odin ne soit pas anodine, la Fédération des Québécois de souche constitue une influence idéologique beaucoup plus importante. La FQS a été créée en 2007 en tant qu’organisation explicitement suprémaciste blanche (white power) par Maxime Fiset (aujourd’hui nazi repenti et converti en soi-disant spécialiste de l’extrême droite). Sa revue, Le Harfang, a été l’une des premières publications francophones à promouvoir des éléments de l’Alt-Right, et ses éditeurs, qui adoptent collectivement le pseudonyme « Rémi Tremblay », ont fréquemment collaboré à des publications de l’Alt-Right aux États-Unis. La mission de la FQS peut être définie comme une volonté de regrouper diverses tendances d’extrême droite au Québec, du traditionalisme catholique à l’identitarisme, tout en réduisant l’écart entre la génération qui était active dans les années 1980 ou avant et les militant-e-s d’extrême droite actifs aujourd’hui.

C’est vraisemblablement par l’entremise de la FQS qu’Atalante a pu organiser une prière publique le 1er mai 2016 sur les Plaines d’Abraham avec un prêtre de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX)[xi], une société de catholiques traditionalistes d’extrême droite. La connexion avec le traditionalisme catholique est à nouveau ressortie en mai 2017, quand Atalante a dit assurer la sécurité d’une conférence montréalaise organisée par l’Association des parents catholiques du Québec, une autre organisation d’extrême droite, avec Marion Sigault (une sympathisante d’Alain Soral) et Jean-Claude Dupuis (de la FSSPX, auparavant du Cercle Jeune nation[xii]).

Messe officiée par un prêtre de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, le 1er mai 2016, à Québec, à l'intention des militant-e-s d'Atalante et de la Fédération des Québécois de souche.

Messe officiée par un prêtre de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, le 1er mai 2016, à Québec, à l’intention des militant-e-s d’Atalante et de la Fédération des Québécois de souche.

Affiche annoncant une conférence de Jean-Claude Dupuis, proche de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, dont Atalante aurait assuré la sécurité.

Affiche annonçant une conférence de Jean-Claude Dupuis, proche de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, dont Atalante aurait assuré la sécurité.

En mai 2017, FQS et Atalante joignaient à nouveau leurs forces pour organiser la visite d’un militant du Groupe Union Défense (GUD), une organisation étudiante française d’extrême droite, précurseur direct de Bastion Social. En février et en novembre 2018, dans le cadre de « fins de semaine militantes » réservées à ses « militants et sympathisants », Atalante tendait chaque fois le microphone à un « Rémy Tremblay » de la FQS…

Affiche annonçant la tenue d’une conférence d’un militant du Groupe Union Défense, organisée par Atalante et la FQS, en mai 2017. Affiche annonçant un séminaire de formation à l’intention des militant-e-s et sympathisant-e-s d’Atalante, en février 2018, avec un conférencier de la Fédération des Québécois de souche. Affiche annonçant un séminaire de formation à l’intention des militant-e-s et sympathisant-e-s d’Atalante, en novembre 2018, avec un conférencier de la Fédération des Québécois de souche.

Tigres (et banderoles) de papier

Comme mentionné ci-dessus, l’essentiel de l’activité publique d’Atalante consiste à distribuer des lunchs aux personnes (de « souche ») en situation d’itinérance, à rendre symboliquement hommage à divers « héros » intellectuels (Jeanne D’Arc, Dominique Venner, le navigateur français Jean Vauquelin, etc.) et à poser des banderoles de papier portant des inscriptions à caractère politique lors d’incursions nocturnes rapides et furtives.

Un aperçu des différents slogans marqués sur leurs banderoles devrait suffire à donner une idée claire de leur projet politique : « REMIGRATION », « IMMIGRATION : ARMÉE DE RÉSERVE DU CAPITAL », « JUSTICE SOCIALE; PRÉFÉRENCE NATIONALE », « TERRORISTES DEHORS; ISLAM DEHORS », « SAMURAI D’OCCIDENT » (!), etc.

Dans l’une de leurs premières sorties publiques à Montréal, en août 2017, des membres d’Atalante ont accroché des banderoles réclamant la #remigration, notamment au pied du Stade olympique, où des réfugié-e-s en provenance d’Haïti étaient temporairement hébergé-e-s.

Atalante assimile les personnes de confession musulmane et les personnes racisées à des envahisseurs et terroristes en puissance qu’il faudrait expulser. Face à ce qu’ils et elles désignent comme « notre extermination tranquille », à l’instar de mouvements d’extrême droite européens comme Génération Identitaire, Atalante prône « une inversion du flux migratoire, une remigration à grande échelle accompagnée d’une politique de natalité efficace ».

Banderole raciste d'Atalante déployée au Stade olympique en août 2017.

Banderole raciste d’Atalante déployée au Stade olympique en août 2017.

La « remigration », un terme qui est devenu en vogue dans les mouvements identitaires des deux côtés de l’Atlantique au cours des dernières années, désigne essentiellement un programme de nettoyage ethnique.

Des membres d’Atalante ont visité Montréal à plusieurs reprises pour poser des collants, affiches et banderoles. Ils ont été aidé-e-s par des membres de leur « section montréalaise » anémique, comme Vincent Cyr et Shawn Beauvais-Macdonald (cet ancien membre anglophone de la Meute qui est devenu une célébrité nazie locale suite à son voyage à Charlottesville en août 2017 et sa participation active au salon de discussion néonazi « Montreal Storm »  sous le pseudonyme « FriendlyFash »). Comme nous l’avons dit ailleurs, la multiplication de ces incursions rapides et sans risque a permis à Atalante d’obtenir une certaine visibilité dans les médias de masse et les médias sociaux.

En janvier 2018, ils ont posé de grandes banderoles à Montréal dénonçant une liste de personnalités associées à la gauche (définie très largement…) et au mouvement antiraciste de Montréal. Celles qui sont blanches étaient taxées de « traîtres », et les personnes de couleur étaient traitées de « parasites ». (Shawn Beauvais-Macdonald, Véronique Stewart, David Leblanc et Martin Minna, par l’ineptie de ce dernier, ont été identifié-e-s comme ayant participé à cette action.)

Shawn Beauvais MacDonald, Véronique Stewart, David Leblanc et Martin Minna, suite à une action d'affichage de banderoles racistes à Montréal, en janvier 2018.

Shawn Beauvais MacDonald, Véronique Stewart, David Leblanc et Martin Minna, suite à une action d’affichage de banderoles racistes à Montréal, en janvier 2018.

En août 2018, dans une autre campagne d’affichage, Atalante faisait sienne une théorie du complot en vogue dans les milieux suprémacistes voulant que les fermiers blancs d’Afrique du Sud soient victimes d’un « génocide » fomenté par la majorité noire du pays. Cette théorie du complot a bien sûr été réfutée de toutes parts, ce qui n’a pas empêché des membres d’Atalante (dont Beauvais-MacDonald, encore lui) de se rendre jusqu’au Haut-commisariat d’Afrique du Sud à Ottawa pour y déployer une ridicule banderole dénonçant le « massacre des Boers ».

Banderole d'Atalante déployée devant le Haut-commisariat d'Afrique du Sud à Ottawa, mars 2018. À gauche, Shawn Beauvais-MacDonald.

Banderole d’Atalante déployée devant le Haut-commisariat d’Afrique du Sud à Ottawa, mars 2018. À gauche, Shawn Beauvais-MacDonald.

En août 2018, à Montréal, des militant-e-s d’Atalante ont attaqué un couple de passants qui s’objectait au contenu des collants qu’ils posaient, en proférant des menaces et en criant à une femme « de retourner dans son pays ».En septembre 2018, pendant la campagne électorale provinciale, Atalante a posé des affiches sur des bureaux d’élection de candidats des quatre principaux partis, dénonçant les élections comme une farce. Sur sa page Facebook, Atalante dit avoir mené cette action parce qu’il n’y a « aucune différence majeure entre les programmes des partis, sinon un excès de ridicule. Aucun projet national inspirant et capable de servir le bien commun ». Encore une fois, une minuscule action d’Atalante qui aurait été complètement ignorée par les médias si elle avait été menée par la gauche a fait les manchettes. Comme le dit lui-même un militant d’Atalante: « Avec tous les gens qui nous écrivent pour nous encourager, les journalistes font un très bon travail de nous faire de la publicité ».

Banderole d'Atalante à Montréal. Vincent Cyr et Shawn Beauvais-MacDonald.

Banderole d’Atalante à Montréal. Vincent Cyr et Shawn Beauvais-MacDonald.

Même si ces petites actions à Montréal ont su attirer l’attention, le groupe est bien plus actif à Québec, où les membres et sympathisant-e-s se mettent régulièrement en scène sillonnant les rues de la ville pour distribuer des sacs à lunch, posant le visage couvert d’un masque fleurdelysé (une pratique directement reprise de CasaPound) ou nettoyant des graffitis jugés « antinationaux », pour ensuite publier sur Facebook des albums photos de leurs actions.

Atalante devant le siège de Radio-Canada à Québec, le 1er juillet 2017.

Atalante devant le siège de Radio-Canada à Québec, le 1er juillet 2017.

Militant-e-s de CasaPound masqué-e-s.

Militant-e-s de CasaPound masqué-e-s.

Des membres d'Atalante s'astiquent le canon, septembre 2016.

Des membres d’Atalante s’astiquent le canon, septembre 2016.

Parmi les autres projets notables d’Atalante à Québec figure la création d’un « club de combat identitaire » (ouvert depuis, semble-t-il, juin 2017) nommé La Phalange, qui se voudrait à la fois un espace de socialisation et d’entraînement pour les militant-e-s d’extrême droite.

Membres de l'entourage d'Atalante s'entraînant à leur salle de boxe privée surnommée La Phalange.

Membres de l’entourage d’Atalante s’entraînant à leur salle de boxe privée surnommée La Phalange.

Notons pour finir que les événements privés organisés par Atalante semblent servir d’occasion pour entraîner ses militant-e-s dans des campagnes d’affichage nocturnes. Radio-Canada rapportait en février dernier que la première « fin de semaine militante » mentionnée ci-dessus avait été organisée au Domaine Maizerets de Québec, une institution financée publiquement :

« Le prospectus de l’événement précise la tenue d’un atelier sur le survivalisme, d’une conférence du porte-parole de la Fédération des Québécois de souche, ainsi qu’une autre formation sur le nationalisme révolutionnaire.

« Les militants masqués du groupe ont profité de cette réunion pour apposer dans divers lieux de Québec, en pleine nuit, de larges banderoles portant l’inscription « Québec bastion nationaliste ». Les images de ces affichages ont été publiées sur Facebook. »

Banderole d'Atalante devant l'Assemblée nationale, février 2018.

Banderole d’Atalante devant l’Assemblée nationale, février 2018.

En guise de conclusion : devoir de vigilance et d’organisation

Le succès relatif d’Atalante est sans doute dû à un ensemble de facteurs complexes, dont l’actuelle résurgence historique de la droite identitaire, l’utilité des médias sociaux pour réseauter différentes personnes et tendances, et le goût des médias sensationnalistes pour les bad boys et les affaires scabreuses. Ce serait toutefois une erreur pour la gauche radicale de ne pas également prendre en compte certains éléments tactiques d’Atalante qui reflètent une réelle acuité politique : un petit groupe de militant-e-s dévoué-e-s menant des actions simples et ciblées peuvent toucher l’imagination et avoir un impact.

Il nous faut aussi reconnaître qu’Atalante aspire à développer un cadre théorique révolutionnaire cohérent, ce qui n’est pas le cas d’organisations de la droite national-populiste comme La Meute. Tant qu’ils adhéreront efficacement à un tel cadre théorique, les militant-e-s d’Atalante auront une longueur d’avance sur les national-populistes et sur les critiques des milieux libéraux. Une idéologie aux prémisses aussi rebutantes limite nécessairement le potentiel de recrutement de l’organisation, mais une éventuelle situation critique pourrait lui donner l’occasion d’intervenir efficacement et de devenir un véritable mouvement. L’effet le plus dommageable d’un tel développement serait qu’un groupe fasciste parvienne à occuper un espace politique qui aurait dû être saisi par la gauche révolutionnaire.

N’attendons donc pas qu’Atalante devienne aussi importante en nombre et en influence que des groupes comme CasaPound ou Génération Identitaire pour nous organiser contre son expansion. Mobilisons-nous maintenant pour les exposer, déconstruire leur projet politique et leur substituer un projet de société à la fois révolutionnaire, anticapitaliste, égalitaire et radicalement antiraciste.Ne perdons pas de vue que, même en l’absence d’une situation critique sur laquelle elle pourrait capitaliser, Atalante représente une réelle menace pour les segments de la population que son discours cible directement, ainsi que pour les camarades qui tentent de s’organiser dans les espaces où elle est présente. De plus, un groupe comme Atalante, comme nous le répétons souvent, constitue une espèce de pôle d’attraction offrant des points de repère politiques et des connexions aux membres de la droite national-populiste plus large.

Par conséquent, il est nécessaire de prendre Atalante au sérieux, même si le groupe ne compte que quelques douzaines de membres dont l’activité consiste surtout à poser des banderoles et nettoyer des graffiti.On ne saurait trop encourager les lecteurs et lectrices à s’informer assidûment, à partager des renseignements avec les collectifs antifascistes locaux et à former de tels collectifs là où il n’y en a pas.Ce n’est qu’en nous organisant mieux et plus largement que les fascistes, que nous parviendrons à leur bloquer le chemin.

No pasarán!

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Qui sont les militant-e-s d’Atalante?

Voici une galerie de portraits de personnes que nous avons réussi à identifier dans les actions et réseaux sociaux d’Atalante, de Légitime Violence et des Québec Stompers.N’oubliez pas que par leur appartenance à Atalante et à ses groupes satellites, ces individus adhèrent tous et toutes fièrement à des idées et à un projet néofascistes. Si vous avez des renseignements sur ces individus qui seraient utiles aux efforts antifascistes, n’hésitez pas à nous les communiquer à renseignements @ riseup.net.

QUÉBEC :

Raphaël Lévesque, alias Raf Stomper [Québec Stomper/Légitime Violence/Atalante]
Chanteur de Légitime Violence, fondateur d’Atalante. Après avoir livré du Pad Thaï pendant quelques années, il s’est recyclé dans le camionnage chez Transport Morneau. Devant un juge, il se décrit néanmoins comme un« musicien professionnel ». Il a fait quelques voyages en Europe dans les dernières années, notamment pour visiter les militants néofascistes de Bastion Social et de CasaPound.
Antoine Mailhot-Bruneau – alias Tony Stomper, alias Antoine Pellerin, « Tony Quechault » sur Facebook [Québec Stomper/Atalante]
Après avoir grandi à Mont-Laurier, comme son frère cadet Étienne, Antoine amorce des études collégiales à Lionel-Groulx et participe au mouvement étudiant durant la grève de 2007. Il déménage par la suite à Québec, où il rejoint les Québec Stompers. Il amorce plus tard des études de matelot à Rimouski, où il recrute Yannick Vézina, puis passe à l’Université Laval, au programme d’enseignement de l’histoire, qu’il abandone rapidement. Son frère Étienne le rejoint lui aussi dans les Stompers, avec quelques-uns de ses amis proches de Mont-Laurier, comme Dominic Brazeau. Antoine Mailhot-Bruneau est vraisemblablement l’un des principaux militant-e-s du projet Atalante, voire son véritable leader idéologique. Celui qui disait n’avoir rien a caché dans une entrevue accordée au site fasciste Zentropa Serbia en 2017 a pourtant pris grand soin jusqu’ici de garder le secret sur son rôle dans Atalante, en n’apparaissant que rarement dans les actions publiques du groupe, en floutant sont visage dans les rares vidéos où il apparaît furtivement et en opérant sous différents pseudonymes.
Jonathan Payeur, alias Jo Stomper [Québec Stomper/Atalante]
Ancien skinhead antiraciste, Jonathan Payeur est devenu le chien de poche de Raphaël Lévesque dans les dernières années. Comme moyen de s’amender aux yeux de ses nouveaux amis suprémacistes, il est devenu très actif à Québec chez Atalante et dans le crew plus restreint des Québec Stompers. Il est en couple avec Roxanne Baron. Il a notamment comme « lourde responsabilité » de peindre l’ensemble des banderoles poches qu’ils accrochent sur des panneaux publicitaires le temps d’une photo trop floue et mal cadrée garrochée le soir même sur Facebook.
Benjamin Bastien, alias Ben Stomper [Québec Stomper/Légitime Violence/Atalante]
Guitariste du groupe Légitime Violence et membre central des Québec Stompers, Benjamin Bastien milite activement dans Atalante depuis sa formation. Originaire d’Amos, Benjamin aurait d’abord été brièvement antiraciste avant de devenir « apolitique », et finalement ultranationaliste au contact de boneheads.
Yannick Vézina, alias Yan Sailor [Québec Stomper /Atalante]
Recruté par Antoine Mailhot-Bruneau lors de ses études de marin à Rimouski, Yannick Vézina (alias Yan Sailor) est actif dans Atalante depuis la formation du groupe. Il a été identifié sur des photos de l’action dans les bureaux de VICE à Montréal.
Roxanne Baron, alias Rox Stomper [Québec Stomper/Atalante]
Militante d’Atalante active à Québec et présente à plusieurs sorties d’affichage et de distribution. Partenaire de Jonathan Payeur.
Étienne Mailhot-Bruneau [Québec Stomper/Atalante]
Originaire de Mont-Laurier. Frère cadet d’Antoine Mailhot-Bruneau. Illustrateur et animateur d’Atalante (sous le pseudonyme Sam Ox), Étienne est dans l’entourage des Stompers depuis plusieurs années et en est vraisemblablement membre en règle depuis quelque temps. Tout porte à croire qu’Étienne est un membre central d’Atalante.
Yan Barras [Québec Stomper/Atalante]
Actif avec les Québec Stompers depuis longtemps, il fut notamment au centre de l’attaque au couteau à l’AgitéE le soir du 31 décembre 2006.
Olivier Gadoury [Québec Stomper/Atalante]
Présent dans Atalante à sa fondation et à pluieurs événements par la suite.
Sven Côté [Québec Stomper/Atalante]
« Svein Krampus » sur Facebook. Dans Atalante depuis l’hiver 2016, après une radicalisation vers le fascisme amorcée virtuellement en 2013. Il a grandi et vit toujours à Québec. Côté est fortement soupçonné d’être parmi les auteurs de l’attaque contre la librairie La Page Noire à Québec dans la nuit du 8 au 9 décembre 2018.
Valéry Lévesque [Atalante]
Frère de Raphaël Lévesque, Valéry fait partie de l’entourage de Légitime Violence et des Québec Stompers depuis des années.
Gabriel Bolduc-Hamel [Atalante]
Actif pendant un an dans les affichages et distributions à Québec. Il semble s’être retiré des actions, mais est toujours actif virtuellement. Il est tatoueur.
Renaud Lafontaine [Atalante]
Bien présent dans les actions d’Atalante à Québec, Lafontaine a aussi participé à l’action d’Atalante dans les locaux de VICE à Montréal.
 
Dominic Brazeau [Atalante]
Originaire de Mont-Laurier, où il allait à l’école avec Étienne Mailhot-Bruneau, Brazeau a participé à de nombreuses actions d’Atalante depuis la fondation du groupe.
Simon Gaudreau
A participé à de nombreuses actions d’Atalante au cours de l’année 2018.
Nicolas Bergeron
Le sujet d’une récente enquête de VICE, Bergeron dirige une entreprise de « reconstitution Viking », Vinland Productions, engagée pour animer des reconstitutions historiques à l’intention d’élèves du primaire et du secondaire au Québec. Bergeron admet être proche d’Atalante, qu’il décrit comme un groupe qui souhaite soutenir la communauté, et s’entraîne au gymnase du groupe, mais nie en être membre. Pourtant, VICE a publié des photos de lui posant avec Raphaël Lévesque et participant à des manifestations d’Atalante. Il porte aussi plusieurs tatouages racistes et néonazis, comme le « soleil noir ». Notons que « Vinland » (le nom donné par les explorateurs vikings au territoire aujourd’hui appelé Terre-Neuve) est un terme employé à maintes reprises par des néonazis au Québec au cours des 30 dernières années.
Benjamin Peelman [Atalante]
« Peel Bastion » sur Facebook. Expatrié français originaire de la région de Lille. Sympathisant d’Atalante depuis sa création.
 
Mathieu Beaudin [Atalante]
Jeune sympathisant d’Atalante aperçu dans quelques actions, dont la marche au flambeau en août 2016.
Jhan Mectau [Légitime Violence]
Bassiste de Légitime Violence et tatoueur sous le nom de Jhan Art. Adepte de « grandeur nature » (GN).
Félix Latraverse [Légitime Violence]
Pelage Delatravars sur Facebook. C’est le nouveau guitariste de Légitime Violence. Il a également participé à certaines actions d’Atalante. Il fait notamment partie du groupe Folk You! qui entretient des liens avec les mouvances néonazies, mais est également un amateur de NSBM (Black Métal National Socialiste). Il a tourné avec plusieurs groupes de musique, notamment Dèche-Charge, Neurasthène, Délétère, Haeres et plusieurs autres.  Il travaille également au Studio Sonum, la seule salle où Légitime Violence réussit encore à se produire en public à Québec.
Gérôme Tymchuk-Leblanc
Sympathisant d’Atalante, il participe également au club de boxe La Phalange.
Alexandre Normand
Sympathisant d’Atalante. Membre actif des Forces armées canadiennes, Normand a fait l’objet de quelques articles en 2015 exposant ses sympathies racistes et ses liens avec l’extrême droite.

MONTRÉAL :

Vincent Cyr [très actif]
Issu de la scène punk hardcore de la rive sud de Montréal (il réside à Longueuil), il est maintenant au centre de la chancelante initiative Atalante Montréal. Vincent Cyr est boucher, métier qu’il se plaît à exhiber. Très présent dans les séances d’affichage à Montréal et prolifique colleux de collants, il est un des principaux propagandistes d’Atalante sur l’île de Montréal. Avec très peu de capacité de communication, il ne fait que reprendre les campagnes développées par les (très petits) cerveaux de Québec. Vincent Cyr a plaidé coupable d’agression armée en 2012.
Shawn Beauvais-Macdonald [très actif]
D’abord membre « anglophone » de La Meute (aperçu une première fois à la manif contre le projet de Loi 103, le 4 mars 2017, où il traite les antiracistes de « traîtres à la race » et se retrouve vite au centre d’une foire d’empoigne), Beauvais-Macdonald se fait surtout remarquer par sa participation au rassemblement « Unite the Right » à Charlottesville, en août 2017. Très présent dans les milieux Alt-Right montréalais, notamment par sa participation au salon de discussion néonazi « Montreal Storm » sous le pseudonyme « FriendlyFash » et son activité sur les médias sociaux, il se rapproche d’Atalante Québec en rencontrant Raphaël Lévesque et en s’entraînant au club de boxe La Phalange, à Québec. Avec le bonehead Philippe Gendron, il tente alors de réunir quelques personnes pour créer la branche montréalaise d’Atalante, avec un insuccès remarquable. Il participe à la plupart des actions furtives du groupe à Montréal et tente vraisemblablement de rapprocher la frange Alt-Right québécoise de l’organisation fasciste Atalante. Il a participé à l’action d’Atalante dans les bureaux de VICE.

Philippe Gendron [désactivé]
Philippe Gendron est un bonehead de la région de Joliette qui à commencé à milité à Montréal en 2017 avec les Soldiers of Odin. Il aurait voulu créer une « branche montréalaise » d’Atalante avec Shawn Beauvais-MacDonald. Après un accrochage avec des antifascistes de la métropole à l’été 2018, Gendron a fini par crisser son camp se réfugier à Québec dans les bras stéroïdés des Québec Stompers. Il semble aujourd’hui s’être rassis sur le banc, certainement après que ses petits camarades se soient rendu compte qu’il n’est pas le plus fiable des militants, ni l’ampoule la plus allumée de la guirlande. En plus d’avoir collaboré avec la police… oups.
Mathieu Bergeron [actif]
Reconnu coupable d’une agression à main armée à caractère raciste en 2008, alors qu’il était encore mineur, Bergeron restera pendant plusieurs années une figure importante de la scène ultranationaliste et néonazie Montréalaise, notamment en tant que membre du crew StrikeForce, chanteur du groupe Section St-Laurent et fondateur du groupuscule Faction Nationaliste. Bergeron a participé à plusieurs actions d’affichages du groupe à Montréal.
Jean « Brunaldo » [Français, actif]
Présent dans certaines sorties et séances d’affichage à Montréal et Québec et sur les photos d’une récente randonnée en montagne. Brunaldo (nom Facebook; non confirmé) était précédemment dans le milieu des jeunes boneheads de Paris, dans le cercle rapproché de Serge Ayoub, de 3e Voie et des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR). Jean était proche de Samuel Dufour, un des boneheads néonazis qui, avec Esteban Morrilo, ont été inculpés pour l’assassinat de Clément Méric, le 5 juin 2013, à Paris. Il semble être aujourd’hui dans le cercle rapproché d’Atalante. En couple avec Chloé Fleury.

Chloé Fleury, alias Lucy Mergnac [Française, peu active]
Présente sur les photos d’une randonnée en montagne avec d’autres militants d’Atalante, et participe à des affichages à Montréal. En couple avec Jean Brunaldo.

Francis Hamelin [peu actif]
Bonehead catholique intégriste et néonazi furieux. Ancien militant de Troisième Voie Québec, il a été aperçu dans des actions montréalaises d’Atalante.
Rémi Chabot [peu actif]
Vieux bonehead qui a agressé un travailleur haïtien en 2002 et fait encore aujourd’hui partie du milieu ultranationaliste et de l’entourage d’Atalante. Il était membre du groupe néofasciste La Bannière Noire.

 

AUTRES SYMPATHISANT-E-S :

Félix-Olivier Beauchamp
Originaire de Mont-Laurier, il a participé à de nombreuses actions d’Atalante depuis la fondation du collectif, autant à Montréal qu’à Québec.
Éric Gervais
Réside à St-Eustache, père de deux enfants. Il a commencé sa carrière de bonehead avec Coup de Masse et continue encore aujourd’hui d’être présent à la plupart des concerts de Légitime Violence.
Jonathan Côté
Vieux bonehead, ancien membre des Berzerker Boot Boys. Il traîne depuis longtemps dans l’entourage de Légitime Violence. C’est d’ailleurs à son contact ainsi que celui de quelques uns de ses vieux amis néonazis que les Québec Stompers se sont rapprochés de l’extrême droite.Julie Laurier
Elle traîne dans l’entourage de Légitime Violence depuis belle lurette, c’est également la partenaire de Jonathan Côté.
Mickaël Delaunay
Un employé de Vinland Productions, Delauney nie être membre d’Atalante, mais un récent reportage de VICE le montre participant à diverses activités du groupe.
Yannick Gasser
Réside à Terrebonne. Peu actif politiquement, c’est surtout un amateur de Légitime Violence qui a été tiré vers la droite par l’entourage du groupe. Il a participé à la commémoration pour Jeanne-D’arc organisée par Atalante le 7 mai 2018.

Ian Alarie [alias Ian Enforme]
Néonazi adepte du NSBM, proche des Soldiers of Odin, il vit dans la région de Montréal, vraisemblablement à Varennes. Il participe à quelques actions d’Atalante à Montréal ainsi qu’à la parade dans les rues de Québec à l’été 2016.
Martin Léger
Autrefois connu sous le sobriquet « Cad Stomper », Léger n’est pas un militant d’Atalante. En fait, l’empressement avec lequel il s’est distancé des Stompers lui a valu une chanson dédicacée de Légitime Violence intitulée Sale traître. Cela dit, nous croyons qu’il est important de mentionner Léger ici, car il gère une armurerie et un champ de tir dans la région de Québec et a fait les manchettes en 2017 lorsqu’il s’est associé à une manifestation pro armes à feu devant avoir lieu sur le site du massacre antiféministe de Polytechnique et a publié une vidéo misogyne lorsque la manifestation a été vivement critiquée.
Steve Lavallée
Vieux bonehead, ancien membre des Berzerker Boot Boys. Il traîne depuis longtemps dans l’entourage de Légitime Violence. Il s’est depuis découvert une passion pour les grandeurs natures, participant, aux côtés d’autres néonazis, aux activités des vikings du Vinland.
Dominic Gendron
Membre de longue date des Québec Stompers, il s’est exilé en Abitibi depuis quelques années. Il continue néanmoins à soutenir sa bande comme il le peut et a notamment participé à certaines actions d’Atalante à Québec lorsqu’il était de passage.

Jonathan Croteau
Amateur de Légitime Violence qui traîne dans l’entourage des Québec Stompers depuis très longtemps. Il aurait entre autres participé à l’attaque du bar l’AgitéE lors de la nuit du nouvel an 2007.
Sébastien Théberge [proche de Légitime Violence]
Très près de Légitime Violence et supporteur d’Atalante. Vivrait à Montmagny. Ancien des Soldiers of Odin, il était présent au rassemblement d’Atalante en avril 2018 commémorant les 100 ans de la conscription.
Evymay Lacroix
Amatrice de Légitime Violence et de powerlifting. Elle est également friande de NSBM et se dit ouvertement néonazie.

 

Québec Stompers: Raphaël Lévesque, Jonathan Payeur, Olivier Gadoury, Benjamin Bastien, Yan Barras et Antoine Pellerin.

Québec Stompers: Raphaël Lévesque, Jonathan Payeur, Olivier Gadoury, Benjamin Bastien, Yan Barras et Antoine Mailhot-Bruneau.

Québec Stompers: Roxane Baron, Jonathan Payeur, Étienne Mailhot-Breuneau, Benjamin Bastien, Antoine Pellerin et Raphaël Lévesquel. En bas, à gauche, Jonathan Côté.

Québec Stompers: Roxane Baron, Jonathan Payeur, Étienne Mailhot-Breuneau, Benjamin Bastien, Antoine Mailhot-Bruneau et Raphaël Lévesque. En bas, à gauche, Jonathan Côté.

Québec Stompers: Valéry Lévesque, Roxanne Baron, Yannick Vézina, Antoine Pellerin et Jonathan Payeur.

Québec Stompers: Valéry Lévesque, Roxane Baron, Yannick Vézina, Antoine Mailhot-Bruneau et Jonathan Payeur.


[i]

Des militant-e-s d’Atalante avaient déjà employé la même tactique théâtrale en 2017 pour intimider une journaliste de CBC News et Ian Bussières du Soleil. Lire aussi à ce sujet : Atalante et le harcèlement des médias. Ils ont aussi fait plusieurs cacas nerveux contre le journaliste Philippe Tesceira-Lessard, de La Presse, qui a fait paraître une série d’articles depuis 2013 portant sur Légitime Violence et mettant en lumière le passé criminel des petits copains ainsi que les liens actifs de certains sympathisants avec l’armée canadienne.

[ii]

Le oï est un sous-genre de la musique punk issue d’une volonté originale de rapprocher les différentes sous-cultures de la classe ouvrière britannique au sein d’un mouvement unifié, mais qui a plus tard été détournée par les éléments racistes de la scène dans un but de recrutement des jeunes prolétaires désabusés dans des mouvements politiques fascistes comme le National Front et le British National Party.

[iii]

RAC, ou « Rock Against Communism », désigne un mouvement néofasciste créé dans les années 1980 en réaction au mouvement « Rock Against Racism » formé par des artistes et musiciens de gauche pour combattre l’infiltration d’éléments racistes dans les scènes contre-culturelles, en particulier la scène skinhead. Le groupe phare du mouvement RAC est Skrewdriver et son leader spirituel est Ian Stuart, le chanteur de Skrewdriver et le fondateur de la fédération white power Blood & Honour.

[iv]

Le terme boneheads désigne les skinheads racistes et suprémacistes, par opposition au terme générique « skinhead », qui désigne quant à lui la contre-culture skinhead traditionnelle, historiquement multiculturelle, inclusive et antiraciste.

[v]

Lire plus à ce sujet : Xavier Camus, Québec et l’extrême droite italienne

[vi]

Légitime Violence, sur le single éponyme, 2010

[vii]

Un amour perdu, sur l’album « Nouvelle France Skinhead », 2011

[viii]

Le tatouage et l’inscription NFSH que portent les membres et fans de Légitime Violence signifient « Nouvelle France SkinHead ». C’est aussi le titre du premier album de Légitime Violence, paru en 2011.

[ix]

La tendance « nationaliste révolutionnaire » est elle-même tributaire du courant de pensée « troisième position ». Le nationalisme révolutionnaire et l’idéologie « troisième position » correspondent à une tendance politique qui existe au moins depuis les années 1960, avec de nombreux points de référence dans le mouvement fasciste remontant jusqu’au courant « strasserite » du parti nazi. Le terme « troisième voie », ou tercérisme, désigne différents courants d’extrême droite et néofascistes caractérisés par un rejet à la fois du capitalisme et du communisme, au profit d’un ultranationalisme identitaire fondé sur un mélange confus de théories issues de l’extrême gauche (socialisme) et de l’extrême droite (nationalisme). Au niveau international, le tercérisme est présentement le courant dominant au sein de l’extrême droite fasciste et révolutionnaire;son anticapitalisme, pour la plupart des nationalistes révolutionnaires, s’articule généralement dans un cadre conceptuel antisémite.

[x]

Le terme « globalistes », tout comme la référence récurrente à l’influence occulte de George Soros, est largement reconnu comme un euphémisme codé désignant un supposé complot juif mondial, lequel fait écho à différentes théories de complots antisémites qui se perpétuent depuis le 19e siècle.

[xi]

Opposant de premier plan aux réformes du concile Vatican II, Mgr Marcel Lefebvre fonde la Fraternité Saint-Pie-X (FSSPX) en 1970 et implante un séminaire dans le village d’Écône, en Suisse. En 1975, Lefebvre reçoit l’ordre du Vatican de dissoudre la société, mais il ignore cette injonction. En 1988, en dépit de l’interdiction expresse du pape Jean-Paul II, il consacre quatre évêques et les habilite à poursuivre l’œuvre de la  FSSPX, ce qui lui vaut d’être immédiatement excommunié de l’Église avec tous les évêques ayant participé à la cérémonie. Lefebvre refuse de reconnaître son excommunication jusqu’à sa mort trois ans plus tard.

 

Lefebvre était soutenu par les mouvements d’extrême droite de partout dans le monde, y compris le parti Fuerza Nueva de Blas Piñar, en Espagne, le Movimiento sociale italiano, et le Front national, en France. Il donnait régulièrement dans le vitriol raciste, s’en prenant aux juifs et aux musulmans, et dénonçait violemment le dialogue œcuménique que le pape souhaitait entreprendre avec ces autres traditions. Au Québec, les lefebvristes accusaient le gouvernement d’être contrôlé par les communistes.

La FSSPX accueille à bras ouverts les catholiques qui s’opposent au multiculturalisme, à la démocratie et à la liberté de conscience, et se scandalise que l’Église abandonne son combat séculaire contre ces différents fléaux. Dans les mots de Lefebvre : « (…) cette union voulue par les catholiques libéraux entre l’Église et la Révolution est une union adultère! De cette union adultère ne peut venir que des bâtards. (…) Il en est de même avec les francs-maçons. (…) On ne dialogue pas avec les communistes. (…) Nous ne pouvons pas admettre ce dialogue! On ne dialogue pas avec le diable. »Au Québec, la FSSPX a servi de refuge spirituel à l’extrême droite au moins depuis les années 1980, lorsque différents membres du Cercle Jeune nation étaient actifs au sein de la secte.

[xii]

Dupuis a récemment été inclus à un reportage de Radio-Canada sur l’école Sainte-Famille, administrée par la FSSPX.

Demain c’est loin : Intervention anarchiste en solidarité avec les migrant.e.s

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Déc 172018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

La citoyenneté ne peut avoir de valeur que si la catégorie des autres, celles et ceux qui ne possèdent pas ce statut, existe aussi. Afin que règne cette distinction, elle doit être renforcée et l’État détient plusieurs outils pour y arriver. La déportation est l’un d’entre eux.

La déportation est un processus violent par lequel l’État prend la décision d’enlever à une personne son autonomie et sa capacité d’action pour l’exclure du territoire où il exerce son autorité. Pour accomplir cette tâche, il fait usage de différents dispositifs. L’un d’entre eux est le centre de détention pour migrants, communément appelé la prison pour migrants, qui sert à détenir les sans-papiers avant de les déporter. Les personnes sans statut peuvent être arrêtées et y être enfermées dans l’attente qu’on les mette dans un avion pour les envoyer vers un autre pays, parfois vers des terres lointaines étrangères où ielles n’ont aucune relation. 

L’État expulse de plus en plus de gens et souhaite accroître ses capacités à le faire. Les instruments qu’il met en place pour y arriver sont entre autres : engager plus de personnel du service frontalier (ASFC), développer différents moyens de faire des contrôles de sans-papiers, adopter des méthodes de surveillance alternatives comme le bracelet électronique et construire un nouveau centre de détention. À Laval, une ville sur la Rive-Nord de Montréal, le gouvernement veut construire un nouveau centre de détention, soi-disant plus ‘humain’, adjacent au centre qui existe déjà. Mais nous savons tous qu’une cage dorée reste une cage. C’est de la provocation, un acte de confrontation, une atteinte aux personnes sans-papiers, une attaque contre nos communautés, une attaque contre nous tous. La crise migratoire actuelle ne peut que s’accentuer, compte tenu des changements climatiques, des sécheresses, des guerres et de la militarisation répandue dans plusieurs pays du sud. Les migrants risquent de faire face au rejet brutal de l’occident qui se presse de renforcer ses frontières contre les autres, l’ennemi barbare qui l’envahit. Les médias ont d’ailleurs rapporté récemment que le gouvernement fédéral actuel souhaite accroître de 30% le nombre de déportations par année. La construction de cette nouvelle prison contribue à la concrétisation de la mission coloniale de l’État canadien en l’amenant plus près de ses buts de contrôler tous les aspects de la vie des gens, de choisir qui peut habiter ce territoire qu’il s’est approprié et de renforcer la catégorie des autres. Ainsi, en invisibilisant le fait qu’il est lui-même étranger sur un territoire qu’il a colonisé et dont il a exterminé une grande partie de la population, il rend son autorité légitime et s’approche d’un idéal de ‘pureté’ fasciste.

Il nous est important de souligner que les auteur.es de ce texte sont des personnes blanches, né.es au Canada. Nous ne sommes pas directement affecté.es par la menace de la déportation ou de l’enfermement dans un centre de détention pour migrants. Nous choisissons tout de même de lutter contre la construction de cette nouvelle prison en solidarité avec tout.es celleux qui mettent leur vie en danger en prenant la route à la recherche d’un avenir meilleur. Nous n’en avons pas que contre les contrôles de sans-papiers et les centres de détention, notre objectif est de constamment détruire la domination dans tous ses aspects ; cela inclut entre autre tout État et ses frontières.  Même si nous avons le privilège d’avoir des papiers, nous ne sommes pas fièr.e.s d’être Canadien.ne.s. Nous ne ressentons aucun lien d’appartenance à l’identité nationale. Nous voulons construire une lutte qui n’espère aucunement l’approbation ou la reconnaissance de l’État ni de quiconque. Plutôt que de prendre des mesures ‘citoyennes’ en demandant au gouvernement d’arrêter de déporter, nous choisissons de subvertir nos privilèges et de saboter l’engrenage de la machine à expulser. Les responsables de l’enfermement ne doivent plus dormir paisiblement.

Intervention

Nous voulons tenter de coordonner nos énergies de manière informelle et décentralisée pour focaliser sur l’objectif de faire stopper la construction de cette nouvelle prison pour migrants. Si nous nous concentrons sur cette lutte spécifique, c’est avant tout pour obtenir des résultats effectifs, mais c’est aussi pour y diffuser des idées et des pratiques anarchistes et anti-autoritaires. Le dispositif de la prison pour migrants est une composante de l’architecture complexe du pouvoir, une armature importante de l’État et de ses frontières. Ceci dit, nous nous opposons à toutes les prisons, à l’enfermement et à toute forme de domination; mais cette fois-ci, nous tenterons d’empêcher réellement la continuation de ce projet, qui n’est qu’un élément dans un système complexe. Nous souhaitons que d’autres compagnon.nes contribuent aussi à multiplier les offenses, afin que l’hostilité augmente. Nous refusons toutefois de miser sur des attentes quantitatives pour agir. Le contexte est déjà bien trop mûr.

Lutter contre l’État et contre ses projets, ça peut avoir l’air de quoi? Il n’y a pas qu’une façon de répondre à cette question et il n’existe pas non plus de formule magique pour que ça réussisse. Il y a toutefois certains principes qui nous aident à faire des choix cohérents et qui préviendront une récupération éventuelle par les politiciens de la Gauche. Pour nous, ces principes peuvent s’appliquer dans toutes les luttes. Certains sont plus évidents que d’autres, comme le fait de ne pas dénoncer celleux qui s’organisent à la police ou aux autorités. Mais allons un peu plus loin.

Un premier élément est de ne pas demander quoi que ce soit à l’État. Ceux qui luttent contre des projets spécifiques ont souvent le réflexe de formuler des revendications. Quand on revendique, on envoie le message qu’il n’y a que les gens exerçant du pouvoir sur d’autres – des gens en position d’autorité – qui peuvent changer les choses. Ce réflexe est une autonégation de notre liberté et de notre capacité d’agir sur le monde qui nous entoure en laissant les politiciens et à les patrons choisir à notre place. Nous souhaitons nous éloigner de cette façon de nous organiser pour aller vers une lutte qui peut subvertir ces dynamiques de pouvoir et entreprendre des choses sans demander la permission. Nous cherchons à détruire l’État plutôt que de renforcer sa légitimité.

La négociation peut aussi être tentante lorsqu’on croit qu’il est impossible d’accomplir nos objectifs par nous-mêmes. La démocratie nous amène à penser qu’il nous faut toujours faire des concessions, céder un peu. Néanmoins, dans une telle situation, aucune alternative n’est acceptable. Aucune prison plus confortable, aucun agent de l’ASFC plus sympathique et aucun contrôle de sans-papiers ne doivent être tolérés. 

Dans le but d’atteindre certains objectifs, plutôt que de revendiquer et de négocier, nous choisissons la confrontation directe. Nous sommes d’avis que, pour empêcher la construction de cette prison pour migrants, différentes formes d’attaques dirigées envers ceux qui veulent la construire, ceux qui en dessinent les plans, ceux qui versent le ciment, ceux qui ont l’intention d’y enfermer les gens, ceux qui en bénéficient… sont indispensables. La forme des attaques peut varier en fonction de la capacité des gens, de la confiance, etc.

La confrontation directe n’a pas besoin de hiérarchie ou d’être centralisée. En fait, nous croyons que c’est nécessaire de nous organiser de façon décentralisée et informelle. Cela signifie que nous ne voulons pas créer d’entité formelle avec des membres et des plates-formes. Nous désirons nous organiser auprès d’individus avec qui il y a un partage d’affinités, c’est à dire des idées, des pratiques et de la confiance réciproque.

Nous voyons en ces méthodes une meilleure capacité de nous adapter au contexte qui est entretenue par la vivacité organique des liens entre les compagnon.nes. L’organisation informelle veut donner plus d’importance au contenu qu’au contenant. Le fait que nous n’attendons pas l’approbation d’un parti, d’un comité ou d’un groupe rend nos interventions plus efficaces. Néanmoins, pour qu’il y ait une confiance réciproque entre les compagnon.nes et qu’une lutte expansive s’engendre, un certain engagement est essentiel. Il y a une différence entre engagement personelle et organisation formelle. Dans le premier, le contenu prime sur le contenant alors que dans le second, l’organisation comme telle devient plus importante que les relations et les analyses des individus. Se rassembler périodiquement en groupe plus large afin de partager nos perspectives nous semble une bonne option, sans qu’il soit nécessaire de prendre des décisions centralisées. Il est vrai que certains compagnon.nes ont tendance à disperser leurs interventions, sans continuité, et par des actes qui restent souvent symboliques vu l’impact minimale qu’elles produisent sur leurs cibles. Cela ne permet pas qu’une conflictualité plus expansive s’engendre. Il est donc effectivement important de bien penser à ce qu’on fait, d’identifier et de cibler les responsables et les collaborateurs de la domination et de l’enfermement, de partager nos analyses et d’entrevoir une perspective de lutte à moyen ou long terme. Par contre, toutes ces énergies doivent rester en mouvement et ne pas être enfermées dans des organisations formelles, sous prétexte d’obtenir une meilleure continuité. 

Ceci dit, dans l’objectif de créer un contexte de lutte plus large, plusieurs personnes, s’identifiant en tant qu’anarchistes, révolutionnaires ou autonomes, ont tendance à tomber dans le piège quantitatif de la masse et de l’opinion publique en s’organisant conjointement à la Gauche et en faisant appel aux médias de masse. Mais à quel prix ? Il est déjà évident que tout pouvoir, tout socialisant qu’il soit, contribue à entretenir les chaînes qui nous en rendent dépendants. Nous devons utiliser nos propres moyens (journaux, zines, sites de médias indépendants, affiches, infrastructures qui supportent les personnes sans-papiers) et construire les bases de nos luttes selon des principes qui nous sont propres ; des principes anarchistes en rupture avec les institutions.  Pour arriver à subvertir les rapports sociaux et à détruire la domination, nous devons développer des bases anarchistes solides en cessant d’être à la remorque des mouvements de Gauche et trouver la force de lutter en nous-mêmes.

En réalité, l’État ne cessera de déporter, d’enfermer, de construire de nouvelles prisons, de dominer, d’exploiter, d’appuyer juridiquement les pires horreurs ou de propager ses idéologies autoritaires, racistes et coloniales, que s’il est détruit et confronté par l’insurrection, le sabotage de ses rouages et la révolte permanente. Il y a toujours des failles; trouvons les.

Appel aux actions autonomes contre la prison pour migrant.e.s à Laval

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Nov 242018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Entre le 23 novembre et le 7 décembre, nous lançons un appel à l’organisation d’actions autonomes pour arrêter la construction de la nouvelle prison pour migrant.e.s à Laval.

Sous prétexte d’améliorer les conditions de détention des migrant.e.s, l’ASFC (Agence des services frontaliers du Canada) a reçu un énorme budget gouvernemental pour développer des « alternatives » à la détention and pour construire deux nouvelles prisons pour migrant.e.s. Alors que l’état décrit son projet avec des mots comme « plus humain » et « alternatives », nous savons que tout cela est simplement une expansion de la prison et des systèmes frontaliers. Les soi-disant « alternatives » et les nouvelles prisons visent le même objectif : accroître la capacité de contrôle frontalier et de surveillance de l’immigration de l’ASFC, d’emprisonner et de déporter des migrant.e.s et d’arracher des personnes à leurs familles et à leurs communautés. L’une de ces prisons sera construite à Laval sur le terrain appartenant au Service correctionnel du Canada et remplacera apparemment le centre de détention pour migrant.e.s existant. Deux firmes d’architecture ont été engagées pour réaliser ce projet : Lemay (à St-Henri, Montréal) et Groupe A (à Québec). Les travaux ont déjà commencé sur le site de la future prison.

Nous savons que les frontières sont des zones de conflits. La montée globale de mouvements d’extrême droite fasciste ouvre la voie à une violence et une répression intense à l’égard des migrant.e.s. En ce moment, une caravane de migrant.e.s qui compte entre 5 000 et 7 000 personnes est en train de faire son chemin à travers les Amériques. Des personnes faisant face à des conditions désastreuses n’ont eu d’autre choix que de quitter leur maison pour affronter l’incertitude d’ailleurs. Ce mouvement de gens a suscité l’imaginaire réactionnaire des nationalistes blancs et de l’extrême droite. Trump a déployé des troupes à la frontière entre les États-Unis et le Mexique et a promis d’utiliser la force militaire si un.e seul.e migrant.e jette ne serait-ce qu’une roche au personnel militaire. Pendant ce temps, le Canada continue à emprisonner des migrant.e.s indéfiniment, tout en prétendant construire des centres de détention plus « humains ». Beaucoup sont mort.e.s dans les prisons canadiennes pour migrant.e.s et le Canada prévoit augmenter son taux de déportations de 25% à 30%.

La nouvelle prison pour migrant.e.s ne peut être dissociée du rôle des pénitenciers canadiens dans l’emprisonnement des peuples autochtones résistant à la colonisation depuis des siècles. La nouvelle prison pour migrant.e.s ne peut être dissociée des premières prisons qui enfermaient les personnes noir.e.s résistant à l’esclavage, et de celles qui continuent de les emprisonner à des taux élevés aujourd’hui. Nous pensons à toutes les personnes qui sont mort.e.s en prison et qui continuent de mourir et à toutes les personnes qui résistent aux prisons du monde entier. Inspiré.e.s par les gens qui traversent les frontières dans la caravane de migrant.e.s, par la grève de la faim menée par des migrant.e.s à Lindsey en Ontario pour résister au Cadre national en matière de détention liée à l’immigration (CNDI), par les émeutes des prisonnier.e.s contre les conditions horribles au Centre correctionnel de Baffin, par la récente grève des prisonnier.e.s de 2018 et par la solidarité que cela a suscité à travers le continent, nous lançons un appel à l’organisation d’actions autonomes, du 23 novembre au 7 décembre, pour arrêter la construction de cette prison pour migrant.e.s.

Petite nuisance pour les Gardas

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Nov 122018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Voici un moyen simple de compliquer la vie aux Gardas et autres gardien.ne.s de sécurité de vos établissements.

Durant les rondes de nuit, les gardien.ne.s de sécurité sont muni.e.s de scanneur servant à s’assurer qu’ils et elles effectuent un certain nombre de tâches. Ils et elles doivent donc scanner des code-barres, codes QR et pastilles magnétiques pour prouver à leur supérieur.e qu’ils et elles ont bien fait leur ronde.

Vous trouverez ces codes sur les portes de sortie, dans les toilettes, certaines salles de classe, fin de couloirs et autres recoins du genre.

Les images proviennent de l’UQAM, mais certainement il y en a dans vos établissements, scolaires ou pas!

Vous pouvez donc vous aussi faire des rondes, pour compliquer les leurs!

Tract : Quand la police attaque

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Nov 012018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

La police est dans notre chemin. Elle est dans notre chemin vers la suite de la manifestation : vers le prochain coin de rue, vers les vitrines de banque du centre-ville, le poste de police et les bureaux du gouvernement. Elle est aussi dans notre chemin vers autre chose : vers un monde sans patrons, ni flics, ni prisons, comme le dit le bon vieux slogan. Mais avant d’être dans notre chemin, elle est d’abord et avant tout… la police, c’est-à-dire une institution basée sur la colonisation, le racisme et le monopole étatique de la violence. Nous n’aurons d’autre choix que de l’affronter comme adversaire dans chacune de nos luttes.

Bien que la manifestation ne soit pas le seul moment où l’on fait face aux flics, elle constitue un contexte incontournable. Dans la manifestation, la police met tout à sa disposition afin de semer la peur parmi les contestataires du pouvoir, afin de contrôler nos actions, de nous blesser et de nous arrêter. En somme, elle se déploie en force dans l’objectif de nous dissuader de poursuivre la lutte et de faire réellement bouger les choses.

Il faut qu’on se donne collectivement les moyens de se défendre. Selon nous, quelques anarchistes montréalais, il s’agit de propager des connaissances et des pratiques de confrontation et de soin, ainsi que de faire un effort pour que les groupes et individus, participant de différentes manières à la manifestation, collaborent les un.es avec les autres. En nous basant sur quelques manifestations récentes à Montréal, voyons un petit aperçu de quelques tactiques qui peuvent être utilisées de manière cohérente contre les flics. Il y a de la place pour tout le monde !

  • Feux d’artifice!
  • Équipe de la bannière renforcée : Une bannière renforcée a de multiples usages : elle porte un message, elle offre un endroit où se dissimuler (ex.: pour se changer), elle protège au moins les bras des personnes qui la tiennent, grâce aux morceaux de bois et de plastiques ajoutés à l’arrière. Les personnes qui tiennent la bannière sont dans une position vulnérable, puisqu’ils et elles se retrouvent souvent sur la ligne de front. Il est donc important de porter des casques et des protège-dents. De plus, chacun.e d’eux et elles est jumelé.e, pour sa protection, avec une autre personne, celle-là plus mobile, qui se tient juste derrière, avec un drapeau pouvant servir de bâton.
  • Distribution de masques : Porter un masque ne permet pas seulement de protéger sa propre identité : plus il y a de personnes masquées, plus cette tactique devient efficace pour l’ensemble des gens. Si toute la foule est masquée, la police éprouve beaucoup plus de difficultés à déterminer qui a lancé la roche. Même si on ne prévoit pas enfreindre la loi, porter un masque est une excellente façon de démontrer de la solidarité avec ceux et celles qui prendront ce risque.
  • Graffeurs.ses
  • Médics
  • Collecteur.ses de projectiles : Il y a plusieurs façon de supporter indirectemment la confrontation avec la police ! Que ce soit d’amasser des piles de briques ou de roches près de l’affrontement, ou bien d’encourager les gens à demeurer groupés et à ne pas s’éloigner lorsque la manif devient chaotique.
  • Équipe anti-médias : Peu importe les intentions des journalistes, les photos ou les vidéos captés lors de manifs peuvent être utilisés comme éléments de preuve afin de condamner nos ami.es. Il est donc essentiel que les caméras soient repoussées des manifs mouvementées.
  • Équipe de l’arrière de la manif : Si une manif bouge trop vite, elle peut abandonner des gens qui ne peuvent pas se déplacer aussi rapidement. Une équipe à l’arrière de la manif peut communiquer avec des gens à avant, pour essayer de trouver une vitesse qui permet à tout le monde de rester ensemble aussi longtemps que souhaité. De plus, les flics n’entrent pas dans la manif uniquement par l’avant ou par les côtés : une équipe de l’arrière aurait le potentiel d’améliorer la sécurité de toute la manif.
  • Barricade fonctionnelle : Une barricade entrave les mouvements de la police, tout en nous procurant un élément de protection derrière lequel se cacher durant l’affrontement.

[PDF (fr)]

[PDF (en)]

Découvrez Westmount : une nouvelle plaque tournante d’activité anarchiste

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Oct 282018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Quand vous entendez “Westmount”, la première chose qui vous vient à l’esprit ce n’est certainement pas zone autonome temporaire, ou barricade de poubelles ou effigies de Trudeau en feu. On imagine souvent ce quartier en surplomb de St-Henri comme un purgatoire où les plus ridiculement riches vivent sans heurt entre un mariage sans amour, des enfants pleins de ressentiment et un emploi qui ronge l’âme… Mais ce n’est plus le cas!

Westmont se revitalise!

Des anarchistes transforment le quartier en espace d’attaques mixtes, offrant ainsi des opportunités d’action diversifiées pour les camarades de toutes les tendances. Dans le Westmount désolé, on trouve des activités pour les anarchistes de toutes les couleurs – que votre drapeau soit noir, rayé rouge ou orné de glitters mauves.

Buzfeed publie la liste des 5 Faits Charmants que Vous Ignoriez à Propos de Westmount (ou Nouvelle-Exarchia, comme nous aimons l’appeler)

1) De nombreuses maisons sont vides.

Alors que la majorité des locataires au sud de Maisonneuve sont incapables de payer les augmentations de loyer – et pourraient encore moins s’acheter une maison – les trillionnaires tyraniques de Westmount peuvent posséder 2, 3 et même jusqu’à 4 propriétés! Notez qu’ils sont peut-être des propriétaires, mais ça ne fait pas d’eux des résidents. Des maisons en parfait état, avec des chambres vides – et des réfrigérateurs remplis! Ce sont les AirBnb les plus abordables en ville – déjeuner inclus! Pensez-y bien : Deuxième maison ou… Centre Social Squatté?

2) Les flics de Westmount sont littéralement les mêmes que les flics de Montréal.

La Société de Protection des Vieux Millionnaires n’est pas assez bien pour les connards influents de Westmount – ces milliardaires merdeux ont – écoutez-bien – établi leur propre corps policier. On les distingue par l’absence de protection au corps – leur peau douce et souple est vulnérable aux divers éléments (et projectiles). Rappelez-vous bien : un molotov, deux flics!

3) Westmount est remplie de matériaux pour barricades artisanales.

Avez-vous déjà participé à un party de rue pendant lequel la police n’avait pas compris les nombreux sous-entendus visant à lui laisser savoir que leur invitation n’avait pas simplement été “égarée par la poste”? Alors que vous courrez pour vous saisir d’une boîte de journaux, vous réalisez qu’elle est fixée au sol! Vous regardez autour de vous, mais il n’y a aucun matériel qui pourrait servir à monter une barricade! Cette situation ne se produirait jamais dans le Westmount Révolutionnaire!™ Ici, les rues sont garnies de matériaux de choix pour barricades qui ne demandent qu’à être utilisés. Boîtes à Journaux, Poubelles, fournitures de patio – Ah!

4) Les murs sont des canevas de choix.

Saviez-vous que ces riches pleurnicheurs n’ont pas encore entendu parler d’art public? C’est bien vrai! Les nombreux murs blancs soignés de ce territoire d’abris fiscaux présente une opportunité de développement fort désirable. Dans cet arrondissement beige, vous ne vous trouverez jamais confronté au problème de vous être préparé à “tagger” un “ACAB” mais de réaliser qu’un autre “taggeur” a déjà foutu un “1312” sur votre “spot” de choix. Les murs n’attendent qu’à se faire “Banksy-er” par vous!

5) Le dernier mais non le moindre : les banques, et beaucoup de banques!

Assez dit. (On a déjà fait une bonne blague de banque en #4.)

Blague à part, par une belle soirée d’automne, on a lacéré les pneus de deux voitures stationnées au 3140 rue Jean-Girard à Westmount. C’est l’adresse de Brandon Shiller. Brandon Shiller est un grand propriétaire d’appartements délabrés qui achète des propriétés dans des quartiers pauvre pour expulser les locataires et augmenter les loyers. La société immobilière de son père, Shiller Lavy, est aussi lourdement impliquée dans la gentrification de plusieurs quartiers à Montréal.

Nous encourageons tous.tes ceux.elles qui éprouvent de l’inquiétude face à l’augmentation du prix des loyers et des attaques contre les pauvres à faire savoir ce qu’ils.elles pensent à ces ordures qui se cachent dans un des quartiers les plus riches de Montréal.

Flics homophobes du Québec

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Oct 262018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

La suivante est une liste de flics qui ont, de près ou de loin, participé à l’élaboration d’opérations policières ayant le but d’harceler des hommes queers draguant dans certains lieux publics de la soi-disante province du Québec. Cette liste n’est pas exhaustive.

Sébastien CHARRON agent │PDQ 15 │SPVM │ Opération Sentier

Geneviève PÉPIN agente │PDQ 15 │SPVM │ Opération Sentier

Jean-Ernest CÉLESTIN chef │PDQ 15 │SPVM │ Opération Sentier

Stéphane BROSSEAU agent│SPVM │ Opération Sentier

Stéphane BÉLANGER commandant │PDQ 38 │SPVM│ Opération Nirvana

Suzie PAQUETTE agente sociocommunautaire│ PDQ 38│ SPVM │ Opération Nirvana

Christine DOUCET agente sociocommunautaire │SPVM │ Opération Nirvana

Josée BELLEMARE agente sociocommunautaire │SPVM │ Opération Nirvana

Nathalie LEGROS agente sociocommunautaire │SPVM │ Opération Nirvana

Caroline BERNIER agente sociocommunautaire │SPVM │ Opération Nirvana

Jean-Guy TRUDEL sergent │PDQ 38 │SPVM │ Opération Nirvana

Mélanie POTVIN agente │PDQ 38 │ SPVM │ Opération Nirvana

Giovanni CIARLO agent provocateur/agent double│ SPVM │ Opération Nirvana

Sylvain JOYAL agent provocateur/agent double│SPVM │ Opération Nirvana

Martin BRIÈRE agent provocateur/agent double│SPVM │ Opération Nirvana

Josée MIREAULT agente sociocommunautaire │ PDQ 44 │SPVM │ Opération Narcisse

Alexandre CLÉMENT mat. 11721 │agent provocateur/agent double│SPAL

Pierre QUINTAL porte-parole │SPAL

Gaétan DUROCHER porte-parole │SPAL

Jacques CÔTÉ ancien capitaine│SPAL

Réjan PLEAU responsable des programmes de prévention │ SPVQ

François BOUCHARD agent/relationniste │SPVQ

Sandra DION agente│SPVQ │ Opération Rendez-Vous

Catherine VIEL agente aux communications│SPVQ │ Opération Buisson

Marie-Ève PAINCHAUD agente │SPVQ

Nancy ROUSSEL agente │SPVQ

Christine LEBRASSEUR porte-parole │SPVQ

André MAGNY directeur de poste │ Shawinigan │ SQ

La suivante est une liste de politicien.ne.s et d’acteur.e.s communautaires qui ont, de près ou de loin, participé à l’élaboration d’opérations policières ayant le but d’harceler des hommes queers draguant dans certains lieux publics de la soi-disant province du Québec. Cette liste n’est pas exhaustive.

Isabelle BOISVERT coordonatrice│ table en sécurité urbaine du Plateau-Mont-Royal │Centre des Femmes │ Opération Nirvana

Vivianne LAVOIE directrice générale │ table en sécurité urbaine du Plateau-Mont-Royal │Centre des Femmes │ Opération Nirvana

Marc PETTERSEN conseiller municipal │Ville de Sauguenay

Robert MILOT maire │Ville de Sainte-Adèle

Huguette ROY conseillère municipal │Saint-Paul-Émard │membre de la table de sécurité urbaine du Sud-Ouest │ Opération Sentier

Michel ANGERS maire │Ville de Shawinigan

Action Anti-homophobe au Parc Maisonneuve

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Oct 242018
 

Soumission Anonyme à MTL Contre-info

Le soir du 15, nous avons redécorer quelques installations situées au Parc Maisonneuve. En 2013, ce parc avait été le site de l’Opération Narcisse, une opération policière durant laquelle des flics en civil ont porté des accusations criminelles d’«indécence» contre des hommes, et ce, après les avoir séduits. Des pancartes contre l’«indécence»—qui ont, pour la plupart, été volées ou vandalisées—ont été installées dans le contexte de cette opération dans le but de nous intimider. Par l’entremise de nos gestes, nous tenons à dénoncer le role que jouent les agents provocateurs dans la production absurde et inutile de «crimes» impliquant des personnes queer. Nous tenons également à dénoncer l’installation récente d’une caméra à l’entrée des toilettes situées dans le sous-sol du chalet du Parc Maisonneuve. Tôt ou tard, elle subira un triste sort.

Dormir aux gazs : Retour et notes sur le Grand Banquet contre les élections

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Oct 192018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

À la fin de la soirée électorale, des douzaines de drapeaux noirs ont défilé dans les rues au sud du parc Lafontaine. Ils sont restés là, éparpillés sur la chaussée, après notre court passage, après que l’anti-émeute nous ait dispersé.es, brisant notre unité à coups de gazs lacrymogènes. Un peu partout, ils témoignaient d’une promenade qui nous a laissé avec un sentiment d’amertume.

La manif a commencé vers 22h. La lumière rose d’un fumigène a marqué le début de ce qui allait être une démonstration de force brève, mais furieuse. Des feux d’artifice se sont mis à exploser, s’éteignant parmis les arbres du parc. Les flics nous surveillaient déjà depuis des heures, se cachant parfois derrière leurs voitures banalisées, mais surtout en nous observant de loin, comme s’ils essayaient de détecter la transgression, l’infraction ou le crime qui servirait de prétexte à l’utilisation des armes chimiques qu’ils étaient déjà entrain de préparer.

Alors que nous descendions vers le sud, une femme qui quittait l’Hôpital Notre-Dame a trébuché et est tombée. Presque immédiatement, une douzaine de camarades se sont arrêté.es pour lui offrir un coup de main. Illes ne savaient pas comment l’aider, sachant très bien qu’une ligne de flics était en train de les charger de derrière. Une fraction de seconde de présence malaisante, puis rien. Les capsules de lacrymo brûlantes remplissaient la rue Plessis et le stationnement de l’hôpital. Certain.es d’entre nous ont couru direction sud-est, coupant à travers ce stationnement, comme pour éviter la colère de Dieu. C’était trop tard. Nos roches avaient déjà atteint leur cible. Leurs précieuses voiture de patrouille étaient cabossées et leur virilisme agressif irrémédiablement déclenché. D’autres ont continué sur Plessis, ont fracassé la vitrine d’une caisse Desjadins, et une poignée de camarades se sont retrouvé.es devant la soirée électorale du PQ à l’Usine C, où illes ont livré quelques doigts d’honneur aux bourgeois assemblés, avant de devoir filer à travers les ruelles, les parcs et les allées, suivi.es par des charges policières de plus en plus affirmées.

Les marques de destruction et les drapeaux que nous avons dû laisser derrière nous après seulement quelques minutes font office de signature : votre monde sera détruit. Nos cabossures, nos tissus noirs déployés dans votre ville calme comme la mort portent un monde diamètralement opposé au vôtre– un monde qui attend impatiamment le moment de son déclenchement révolutionnaire, un monde qu’aucun flic d’anti-émeute, qu’aucune arme chimique ne pourra contenir. Un monde qui sera insulté par l’idée même d’avoir à élire des dirigeants.

Un monde dans lequel les élu.es seront remplacé.es par des tâches temporaires, révocables et ouvertes à tou.te.s. Un monde dans lequel nous répugnerons à abandonner notre pouvoir décisionnel aux mains de riches ‘socialistes’, de bourgeois-vedettes des classes dominantes qui adorent voir leurs visages sur des affiches à chaque coin de rue. Un monde dans lequel nous voudrons plutôt préserver notre puissance d’agir collectivement contre ceux et celles qui, sous le couvert du progrès et du développement — toujours le progrès et le développement — sont ô-combien prêt.es à agir «au nom du peuple» pour nous priver de ce qui est nôtre. Ces riches élites, ceux qui se retrouvent sur toutes les affiches, passeront les quatre prochaines années à s’abreuver à même le sein du Capital assoifé de sang, alors que nous nous ferons tranquillement gazer par les flics.

Dès maintenant et pour les 4 prochaines annnées, le gouvernement caquiste va continuer à accentuer les tensions raciales, à travers des politiques s’attaquant aux migrant.e.s et aux personnes racisées. En l’absence de mécanismes de redevabilité pour les élu.es, nous allons devoir mettre en application des tactiques qui ont d’ores et déjà fait leurs preuves dans nos communautés et en inventer des nouvelles — en prenant acte de la surveillance de plus en plus présente, mais pas toute puissante. Les violents mécanismes bureaucratiques par lesquels l’État renforce son caractère et ses politiques supprématistes devront être bloqués, contrecarrés, ou tout simplement détruits.

Un appel aux actions autonomes contre la Conférence de l’Association internationale des établissements correctionnels et pénitentiaires à Montréal

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Oct 092018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Du 21 au 26 Octobre, Montréal accueillera la conférence de l’Association ICPA et c’est le Service correctionnel du Canada (SCC) qui sera l’organisation hôte. Le thème de cette année s’intitule “Au delà des prisons: les voies à suivre”. Parmi les sujets abordés figurent les conversations suivantes: faire en sorte que l’emprisonnement et la surveillance dans la communauté soient à la fois plus humains et plus efficaces, l’utilisation de la technologie pour humaniser les services correctionnels et améliorer l’engagement de la communauté.

La conférence s’adresse aux membres du personnel pénitencier et correctionnel en leur proposant une programmation décousue comprenant des recherches académiques, des présentations et des visites guidées dans les prisons, afin de renforcer l’idée selon laquelle les prisons peuvent être humaines et leurs professions autre chose que déplorables. Aussi, parmi les invités figurent des entreprises qui font affaire avec des prisons que ce soit en fabriquant des menottes électroniques ou en préparant la nourriture malsaine qui est servie en prison. La conférence va aussi inclure des “visites aux institutions” à une maison de transition à Saint-Henri, deux prisons fédérales à Laval et la prison provinciale à Rivières des Prairies. (Pour plus de renseignements sur la conférence: icpa.ca/montreal2018/)

De nombreuses raisons existent pour s’opposer à cette conférence, mais nous avons choisi de souligner les points suivants:

Sous prétexte de créer des conditions de détention plus “humaines” pour les migrant.e.s, le gouvernement à alloué d’énormes budgets à l’AFSC (Agence des services frontaliers du Canada) afin de développer de nouvelles mesures de contrôle créatives spécifiques aux migrant.e.s. Les travaux ont été entrepris dans l’objectif de construire une nouvelle prison soi-disant “plus humaine” pour migrant.e.s à Laval. Cette prison “à la pointe de la technologie” qui s’installerait sur un terrain appartenant au Service correctionnel du Canada, est destinée à remplacer la prison pour migrant.e.s actuelle située à proximité et à “ressembler moins à une prison”. Cependant, dans le contexte actuel de la montée du fascisme et du sentiment anti-migrant au Québec, et au Canada plus généralement, il semble très plausible que le nombre de places disponibles dans les centres de détentions soit doublé dans les années à venir, si par exemple, la prison actuelle restait ouverte et que la nouvelle était construite avec succès. Quoi qu’il en soit, une nouvelle prison pour migrant.e.s “plus humaine”, ou des “alternatives à la détention” telles que les bracelets de surveillance ou l’équivalent d’agents de libération conditionnelle pour migrant.e.s que le gouvernement propose, ne doivent pas être célébrées sous prétexte qu’elles ressemblent moins à des prisons traditionnelles. Toutes ces mesures ont le même objectif: accroître les capacités de l’ASFC de renforcer les politiques d’immigration en vue d’emprisonner et de déporter des migrant.e.s et d’arracher des personnes à leurs familles et à leurs communautés.
Pour plus d’information: stopponslaprison.info

Alors que les responsables des services correctionnels se réunissent pour discuter de la manière dont la technologie peut rendre les prisons “plus humaines”, nous pensons aux nouveaux protocoles en vigueur dans les prisons de Pennsylvanie, qui utilisent la technologie pour stériliser les communications et empêcher les personnes d’envoyer des livres et du courrier postal à des personnes se trouvant à l’intérieur.
Pour plus d’informations: booksthroughbars.org/takeaction/

Alors que le Service Correctionnel du Canada est l’organisation hôte de cette conférence, nous pensons aux critiques récentes contre l’isolement cellulaire et aux évaluations des risques psychologiques des prisonnières et prisonniers autochtones. Nous pensons au rôle des pénitenciers canadiens depuis des siècles dans l’emprisonnement des peuples autochtones qui résistent à la colonisation. Nous pensons aux premières prisons qui enfermaient des Noir.e.s résistant à l’esclavage, et qui continuent de les emprisonner à des taux surélevés aujourd’hui. Nous pensons à tou.t.es ceux et celles qui sont mort.e.s en prison et qui continuent de mourir et à ceux et celles qui résistent dans les prisons du monde entier.

Nous sommes inspiré.e.s par la récente grève des prisonnier.e.s dans de nombreux pénitenciers aux États-Unis et au Canada, qui a attiré l’attention sur leurs conditions de vie terribles, mais a aussi mis en lumière les fondements du système carcéral dans l’esclavage et le colonialisme. La mort d’un homme incarcéré en détention provisoire à la prison de Burnside à Halifax, juste après la grève, nous rappelle les ravages de l’emprisonnement sous quelque forme que ce soit. La force de la résistance à la fois à l’intérieur et à l’extérieur des murs des prisons pendant la grêve, nous incite à nous opposer à ce que l’ICPA présente l’emprisonnement comme normal et acceptable. Nous dénonçons la tentative de blanchiment de la réalité de l’emprisonnement et appelons à l’opposition à cette conférence.

Dimanche le 21 octobre à 15h00—exactement deux mois après le début de la grève des prisonnier.e.s de 2018—il y aura un rassemblement contre toutes les prisons devant la conférence d’ICPA à l’hôtel Marriott Château Champlain de Montréal, 1050 rue de la Gauchetière Ouest (métro Bonaventure). Amenez des bannières, des pancartes et des objets pour faire du bruit!

Contre toutes les prisons, même les “moins pires”.
La seule voie à suivre est d’en finir avec la prison!

pour plus de renseignements: https://montrealcontrelesprisons.wordpress.com/

Monument raciste et colonial à John A. Macdonald défiguré encore une fois à Montréal

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Oct 072018
 

De No Borders Media (page Facebook)

MONTRÉAL, 7 octobre 2018 — À la veille d’une manifestation contre le racisme à Montréal, un groupe local et anonyme de militant.e.s anticoloniaux, antiracistes, et anticapitalistes ont réussi à vandaliser le monument historique au premier des premiers ministres du Canada, John A. Macdonald, situé au centre ville sur la Place du Canada.

Selon Art Public Montréal: « Parmi les monuments érigés à la mémoire de Macdonald, celui de Montréal est le plus imposant et le plus élaboré. » Le monument, construit en 1895, est encore une fois recouvert de peinture rouge.

– Une vidéo du vandalisme sur la statue est disponible ici:
www.facebook.com/NoBordersMediaNetwork/videos/400435100491036
https://twitter.com/NoBordersMedia/status/1048916233163354113
(posté par No Borders Media à titre informatif seulement)

Les individus responsables de cette action ne sont pas affiliés avec la manifestation antiraciste d’aujourd’hui (www.manifcontreleracisme.org) mais ont décidé de cibler la statue de John A. Macdonald comme clair symbole du colonialisme, du racisme, et de la suprématie blanche.

L’action d’aujourd’hui est inspirée en partie des mouvements aux États-Unis qui visent à faire enlever les symboles publics de la suprématie blanche, tels que les statues de la confédération. Elle est aussi motivée par les revendications décoloniales, telles que le mouvement « Rhodes doit tomber » en Afrique du Sud. De plus, nous sommes directement inspiré.e.s par les revendications de militant.e.s anticolonialistes — à la fois autochtones et non-autochtones — contre John. A. Macdonald, en particulier à Kingston en Ontario, la ville natale de Macdonald. Nous notons également les efforts ailleurs dans l’état Canadien pour changer le nom des écoles nommées d’après Macdonald, incluant une résolution de la Fédération des enseignants d’école primaire d’Ontario qui dénoncent Macdonald comme « Architecte du génocide des peuples autochtones ».

John A. Macdonald était un suprémaciste blanc. Il a contribué directement au génocide des peuples autochtones par la création du système brutal des écoles résidentielles, ainsi que par d’autres mesures visant à détruire les cultures et traditions indigènes. Il était raciste et hostile envers les groupes minoritaires non-blancs au Canada, appuyant ouvertement la préservation d’un Canada soit-disant « Aryen ». Il a passé des lois dans le but d’exclure les personnes d’origine chinoise. Il a été responsable de la pendaison du martyr Métis Louis Riel. La statue de Macdonald a sa place dans un musée, et non pas comme monument occupant l’espace public à Montréal.

Le vidéos et le communiqué de cette action ont été partagés anonymement avec des médias autonomes de la région de Montréal. Nous exprimons également notre support et notre solidarité la plus sincère envers les manifestants qui prennent les rues aujourd’hui en opposition au racisme.

Ni patrie, ni état, ni Québec, ni Canada!
— Une poignée d’antiracistes anticoloniaux.

Action anti-homophobe au Parc Lafontaine

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Sep 282018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le 25 septembre 2018, nous avons détruit trois caméras dans les toilettes pour hommes du sous-sol du bâtiment Calixa Lavallée, au parc Lafontaine. Nous y avons aussi pété un oeil-de-boeuf. Ces caméras ont été installées dans le cadre de l’opération Nirvana. Cette opération a pour but de criminaliser et d’arrêter les hommes qui se rencontrent dans ces toilettes. Des policiers en civil s’y rendent pour séduire les hommes et les pousser à la soi-disant «indécence». Là où les flics se tiennent pour séduire les hommes, nous avons taggé «Rip Nirvana». Ces provocations s’inscrivent dans une longue histoire de morale policière visant à purger les espaces publics de toute visibilité des désirs queer. Nous affirmons donc que la libération de nos désirs est incompatible avec l’existence de la police.

Les urnes, la rue, la grève

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Sep 252018
 

De Dissident.es

[Éditorial du CUTE magazine, Automne 2018]

La période électorale amène son lot de complications pour quiconque désire prendre directement part à une campagne comme celle pour la rémunération des stages et la reconnaissance des études en tant que travail. Depuis plusieurs mois déjà, des interventions fusent de toutes parts pour, volontairement ou non, récupérer, détourner ou neutraliser à des fins partisanes ou corporatistes les capacités d’organisations des stagiaires en lutte. Ces initiatives, qui s’ajoutent aux manœuvres du gouvernement, proviennent autant des comités partisans que d’associations étudiantes nationales.

Premier exemple. Fin mars, le ministre des Finances dépose le budget provincial, dans lequel est annoncé l’octroi de 15 millions de dollars par année, destinés à la mise en place d’une compensation financière durant le stage final en enseignement. Après des années de compression dans les services publics[1], personne n’est dupe : il s’agit bien d’un budget électoral dans lequel sont distribués les cadeaux. La compensation financière pour les stages finaux en enseignement était revendiquée depuis plus d’une dizaine d’années par des associations nationales et locales, dont l’implication avait été en dents de scie et ne semblait mener à aucun gain concret. Pourquoi le gouvernement décide-t-il de bouger maintenant? La grève! Un peu plus d’une année de lutte soutenue pour la rémunération de l’ensemble des stages et la menace sérieuse d’un débrayage des cours et des stages dans plusieurs programmes et plusieurs régions ont suffi pour que le pouvoir croie bon de réagir. En s’appuyant sur la revendication de la CRAIES[2], et en toute conscience que les éléments les plus combatifs de la lutte se trouvent en grande partie dans les programmes d’éducation, les mesures annoncées servent ni plus ni moins à diviser le mouvement et à l’amputer de ses capacités d’organisation. Il faut dire que les jours de grève commencent à s’accumuler et que des administrations comme celle de l’UQAM et du Cégep de Sherbrooke affichent une certaine ouverture à la rémunération des stages dans tous les programmes. La ministre de l’Enseignement supérieur elle-même a annoncé publiquement, suite à une action de visibilité du CUTE UQAM dans le cadre des États généraux sur l’enseignement supérieur, qu’un grand chantier pour explorer la possibilité de rémunérer les stages de plusieurs programmes serait mis en place. Bref, si l’affaiblissement du mouvement peut sembler réel à la suite du budget, c’est cependant un couteau à double tranchant : cette concession indique aussi que la tenue de quelques jours de débrayage donne des résultats concrets et il est envisageable qu’une grève générale illimitée puisse mener à l’obtention d’un salaire pour l’ensemble des stagiaires. Il faut toutefois éviter de diviser le mouvement et d’offrir d’autres portes de sortie du même acabit au gouvernement.

C’est ce qui nous mène au second exemple. À la suite de cette «victoire» revendiquée tièdement par la CRAIES et l’UEQ[3], il a été tentant de vouloir reproduire la recette. C’est l’idée qu’a eue l’Association des étudiantes sages-femmes du Québec (AESFQ), qui a entrepris d’imiter en accéléré la campagne de la CRAIES dans un contexte électoral, pensant pouvoir ainsi obtenir la rémunération de leur internat. Commence donc les discours et photos avec des politiciens, comme Gabriel Nadeau-Dubois et Jean-François Lisée, les conférences de presse à l’Assemblée nationale, les memes sur les réseaux sociaux, le tout pour ne revendiquer que la rémunération du stage final en pratique sage-femme. Même son de cloche du côté de la FAÉCUM, qui encourage l’exécutif de l’Association étudiante de service social de l’Université de Montréal (AESSUM), programme où la lutte pour la rémunération de tous les stages est bien ancrée, à organiser une campagne pour leur discipline seulement, tout en lui faisant part de ses inquiétudes à voir participer cette association étudiante au mouvement de grève. Or, de tels replis corporatistes auraient pour conséquence d’affaiblir bien davantage le mouvement d’ensemble et de faire stagner toutes les campagnes organisées par programme ou domaine d’études. Le mouvement pour la rémunération de tous les stages a contribué à redynamiser la campagne pour la rémunération du stage final en enseignement et celle pour la rémunération des stages en pratique sage-femme, en les inscrivant dans un mouvement général et ancré dans la reconnaissance du travail des stagiaires et, encore plus largement, du travail des femmes, tant au niveau local qu’à l’échelle mondiale. La dernière chose à faire à l’heure actuelle est de segmenter le mouvement en luttes particulières.

Troisième et dernier exemple. À l’hiver et au printemps dernier, des militant.e.s de Québec solidaire (QS) d’un peu partout entreprennent de faire circuler sur les campus une pétition en faveur de la rémunération des stages obligatoires à l’obtention d’un diplôme. C’est notamment le cas de l’Association de campus de QS à l’Université de Montréal et du Regroupement des sympathisants de QS de l’Université de Sherbrooke. Plutôt que d’être destinée à être déposée à l’Assemblée nationale, cette pétition s’inscrit dans la nouvelle stratégie de QS permettant au parti de collecter les données des électeur.trices en vue de les impliquer dans la campagne électorale[4]. Au lieu de profiter de la période (pré)électorale pour inviter les étudiant.es à se mobiliser pour la rémunération des stages sur leur campus, on profite de cette lutte pour les recruter et les inciter à voter pour un parti. Or, l’équation “un vote pour QS = un vote pour la rémunération des stages” est trompeuse. D’abord parce que les comités campus de QS ne sont pas impliqués dans la lutte pour des stages payés et ne participent pas aux activités et rencontres dans les établissements d’enseignement ni au sein des coalitions régionales pour la rémunération des stages, alors qu’ils y sont tout à fait les bienvenus. Mais c’est surtout parce que, même si la position de QS indique que le parti est en faveur de la rémunération de l’ensemble des stages, son programme électoral, lui, n’a de concret sur ce thème que la compensation du stage final en éducation[5]. Il serait donc bien mieux avisé pour les militant.es de QS dans les campus de se rallier au mouvement et d’organiser la grève plutôt que de détourner le mouvement de la rue vers les urnes; une stratégie qui ne s’est jamais avérée efficace.

La ministre David a mis en place une table de discussion avec les associations étudiantes nationales pour éteindre les feux que nous avons allumés. Il importe maintenant de répondre de manière avisée. Peu importe le parti qui prendra le pouvoir, nous organiserons la grève et la mènerons jusqu’au bout. C’est le mot d’ordre que se sont donné les groupes et associations étudiantes réunies au sein des coalitions montréalaise et outaouaise pour la rémunération des stages, qui entendent bien ne pas se laisser distraire par les élections.

C’est seulement de cette façon que le gouvernement flanchera.


  1. Selon IRIS, il y aurait eu plus de 4 milliards $ de coupures dans les services publics entre 2014 et 2016. Observatoire des conséquences des mesures d’austérité au Québec : https://austerite.iris-recherche.qc.ca/.
  2. Campagne de revendications et d’actions interuniversitaires pour les étudiants et étudiantes d’éducation en stage
  3. Union étudiante du Québec
  4. Cette stratégie avouée de Québec solidaire est également utilisée par la Coalition avenir Québec : http://www.journaldequebec.com/2018/02/15/quebec-solidaire-lance-une-petition-pour-demettre-barrette.
  5. Tract de QS à ce sujet : https://quebecsolidaire.net/nouvelle/tract-remunerer-les-stages-ca-presse.

Avis public à Saint-Henri : risque d’incendie de voiture de luxe

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Sep 182018
 

De Journal corporatiste, détournement non requis

Des dépliants anti-embourgeoisement suggèrent aux propriétaires de voitures de luxe du quartier Saint-Henri, à Montréal, de déménager dans des lieux plus «accueillants envers les gens aisés» afin d’éviter que leur véhicule ne soit abimé.

Les pamphlets frauduleux ont été déposés sur des pare-brise dans les derniers jours. Ils prennent la forme d’un avis public intitulé «Risque d’incendie de voiture de luxe dans ce secteur» qui aurait été émis par l’arrondissement du Sud-Ouest.

«Ceci a pour objectif de vous aviser d’un phénomène inquiétant dans notre quartier, peut-on lire en première page du dépliant bilingue. Dans les derniers mois, les militants “anti-gentrification” prennent pour cible les voitures de nouveaux résidents plus fortunés de Saint-Henri. Plusieurs actes de vandalisme ont été recensés, allant jusqu’à l’incendie de deux voitures de luxe l’été dernier.»

Le texte se poursuit en précisant que le Service de police de Montréal (SPVM) n’a toujours pas mis la main sur les coupables et qu’il y a donc risque de récidive. Les autorités policières n’ont pas été en mesure de nous confirmer ces informations au moment de publier cet article.

Les dépliants ont été retrouvés près du Square Sir-George-Étienne-Cartier, à quelques pas de l’endroit où quatre voitures avaient été incendiées le 14 juillet 2017, à l’angle des rues Léa-Roback et Beaudoin.

«La triste réalité est que les autorités publiques ne peuvent plus assurer votre sécurité», prévient le document, avant d’encourager les personnes qui se sentiraient concernées à «déménager dans un quartier qui est plus accueillant envers les gens plus aisés». Une carte indiquant les villes de Beaconsfield et de Westmount suit cette recommandation.

Citoyens inquiets

L’arrondissement du Sud-Ouest s’est dissocié du document dans une publication parue mardi sur sa page Facebook et a annoncé avoir remis le «message menaçant» au SPVM, qui fera enquête.

«Ce genre de fausse communication sème le doute et l’incompréhension, en plus de stigmatiser un groupe de citoyens en particulier».

Chantale Laforest, qui travaille dans le quartier et qui était présente sur la rue du Square Sir George Étienne Cartier lors du passage du «24 Heures», s’est dite inquiète en voyant les pamphlets.

«Je trouve ça étrange que des gens fassent ça ici. Des voitures de luxe brulées, on en a vues en 2017 et on ne souhaite pas que ça revienne. On voit que les gens pourraient facilement penser que ça vient vraiment de la ville et que c’est sérieux comme pamphlet parce que c’est bien fait», a-t-elle confié.

Même son de cloche du côté d’Annie Guay qui vient tout juste d’emménager dans le coin avec sa famille.

«Je comprends qu’il y a un problème d’embourgeoisement dans Saint-Henri et que les dépliants partent de là. Mais mettre le feu aux voitures, c’est dangereux pour tout le monde. C’est risqué, il y a plein de jeunes et beaucoup de passants dans le coin», a affirmé la jeune maman de jumeaux.

 

Source: « De faux dépliants menaçants distribués dans Saint-Henri », Journal de Montréal, 11 septembre 2018

Se faire pogner: Appel à textes sur les moments où on n’a pas pu s’échapper

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Sep 172018
 

Soumission anonyme à North Shore Counter-Info

Ça se passe. Quand tu pousses les limites, à la recherche de nouvelles façons de se battre, tôt ou tard tu risques de te faire pogner. Et ce n’est pas la fin du monde.

La première fois qu’il y a eu une perquisition chez moi, il était 3h du matin. J’étais vétue de noir avec un sac marin sur mon épaule remplis de pieds de biche, de coupe-boulons et des gants. J’étais au point de sortir. Mais par la fenêtre j’ai vu les gyrophares et puis les silhouettes de flics qui promenaient des chiens sur la pelouse. Ils avaient bouclé la rue.

Certes, se faire pincer, c’est de la merde, alors continuons à trouver les moyens de l’éviter. Mais il y a de valeur à rester avec ces moments où on se rend compte qu’on ne va pas pouvoir s’échapper cette fois-ci. Y réfléchir peut nous donner le courage et la détermination de continuer, d’essayer encore pour mieux se planter la prochaine fois.

J’avais 19 ans. J’ai cherché mes collocs encore éveillés-es et, pendant que commencaient les coups sur la porte, on essayait de décider quoi faire. Ils envoyaient la lumière de leurs torches par la fenêtre. On s’est mis-es d’accord que j’allais sortir pour leur parler et que ma colloc allait fermer la porte à clé derrière moi.

“Se faire pogner” se veut un espace où raconter ces histoires. Envoyez-nous vos histoires très courtes (300 mots en anglais maxi, un peu plus long en français) sur ces moments où vous n’avez pas pu vous en sortir. On les recueillera et les publiera en brochure sur risograph, en pdf et peut-être sur un site web. Vous pourriez envoyer vos textes par mail à nothing-stops@riseup.net Clé PGP ici ou bien vous pourriez les laisser en commentaire sur cette page de North Shore Counter-Info. Si c’est clairement marqué comme une soumission, les modos ont accepté de nous le transmettre. Les textes seront anonymisés même si vous indiquez qui vous êtes. La date limite des soumissions est le 31 octobre, 2018, et la brochure sera prête par le jour de l’an.

Les flics m’ont dit qu’ils cherchaient les types qui venaient de braquer la station-service d’en face. Si on les laissait entrer, ils ne remarqueraient rien apart ces types. Ils me l’ont promis. “Mais si tu nous fais chercher un mandat…” J’ai tappé pour rentrer discuter avec mes amis-es. La maison était entourée. Les coups sur la porte ont repris immédiatement une fois que je l’ai fermée derrière moi.

Dans l’attente de vous lire. Prenez soin. N’arrêtez jamais.

(Pour le moment, nous projetons de ne sortir le recueil qu’en anglais, mais il nous est possible de traduire vos textes, alors allez-y et écrivez-le!)

Les bureaux de l’ASFC fermés par des militant-es pour la justice migratoire en hommage à M. Bolante Idowu Alo, et à nos ami-es et voisin-es déporté-es

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Sep 022018
 

De Solidarité sans frontières

Les bureaux de l’ASFC à Montréal ont été fermés le 30 août en hommage à M. Bolante Idowu Alo, ainsi qu’à nos ami-es, membres de la famille et voisin-es expulsé-es. Les militant-es ont bloqué et enchaîné toutes les portes du bâtiment et les employé-es n’ont pas pu entrer dans le bâtiment pour continuer leur travail pendant deux heures.

Nous voulons nous assurer que les affaires ne puissent pas continuer comme d’habitude. M. Bolante Idowu Alo est mort violemment entre les mains de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) : nous ne pouvons pas les laisser continuer comme si de rien n’était. Nous voulons que nos communautés non seulement condamnent cette violence scandaleuse, mais qu’elles agissent pour l’empêcher de se reproduire.

M. Alo a vécu au Canada pendant 13 ans. Il a répété à plusieurs reprises aux responsables canadiens que sa vie était en danger au Nigeria. L’ASFC a néanmoins procédé à son expulsion le 7 août; M. Alo est décédé peu de temps après qu’il ait été retiré de l’avion qui était censé le déporter.

Nous avons mené cette action parce que nous voulons protester contre la normalisation de la violence de l’ASFC, contre les déportations et les détentions de migrant-es et de réfugié-es. Nous voulons que l’ASFC soit tenue responsable. M. Alo n’est pas la première personne à mourir alors qu’il était détenu par l’ASFC. Et il n’aurait jamais dû être menacé d’expulsion en premier lieu.

Nous nous rappelons également d’autres ami-es, membres de nos familles et nos voisin-es qui ont été détenu-es et déporté-es du Canada par l’ASFC dans le passé, comme Lucy Francineth Granados, qui a été expulsée le 13 avril 2018, laissant un grand vide dans nos vies et nos communautés.

En 2016, le Canada a émis 11 733 mesures de renvoi : certain-es sont parti-es «volontairement», d’autres ont été expulsé-es, d’autres sont resté-es et sont devenu-es des migrant-es sans papiers. Parmi les migrant-es qui ont traversé la frontière de façon irrégulière au Canada pour fuir le régime de Trump, et dont les cas ont été entendus, moins de 50% ont été acceptés comme réfugiés. Ce chiffre tombe à 10% dans le cas des Haïtien-nes. Les personnes dont la demande de statut de réfugié est refusée sont condamnées à retourner dans leur pays de citoyenneté, y compris en Haïti, bien que le Canada ait émis un avertissement concernant les voyages en Haïti.

En appui à cette fermeture, des personnes se sont rassemblées devant les bureaux de l’ASFC pour un deuil public de M. Alo et de nos ami-es et voisin-es déporté-es. Un cercueil a été placé devant le bâtiment. Des personnes avaient aussi des silhouettes noires avec les noms d’ami-es déporté-es. Le rassemblement demande l’abolition du nouveau Ministère de la sécurité frontalière, un moratoire sur les déportations vers Haïti et la fin des expulsions de réfugié-es et migrant-es.

#StopDeportations
#shutdownCBSA
#PortesClosesASFC

Résister à l’esclavage : De Marie-Joseph Angélique (1734) à la Grève des prisonniers (2018)

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Août 292018
 

De It’s Going Down

Le 23 août, des anarchistes se sont réuni.es afin de placarder, partout dans le Vieux-Port de Montréal, des affiches sur lesquelles on pouvait lire en français et en anglais :

Résistance à l’esclavage : de Marie-Joseph Angélique-1734 à la grève des prisons de 2018.

Du 21 août au 9 septembre.

Plus d’info : twitter.com/JailLawSpeak

Nous avons affiché sur le chemin où Angélique a été transportée, quelques moments avant d’être pendue et brûlée. Angélique, nous nous souvenons. L’esclavage, le vol des terres et les génoocides dessinent les contours des projets coloniaux inachevés de l’Île de la Tortue (Amérique du Nord). En solidarité avec les prisonniers et les prisonnières qui se battent contre l’esclavage dans toutes les prisons des États-Unis, nous tenions à (re)raconter l’histoire de Marie-Joseph Angélique. Angélique était une femme noire mise en esclavage à Montréal au 18e siècle et qui a été condamnée à la torture et à mort pour avoir supposément mis le feu à la maison de ses maîtres, causant ainsi un incendie qui a ravagé la majorité de la ville de Montréal. Nous proposons l’histoire d’Angélique comme exemple pour rappeler que le Québec et le Canada on pratiqué l’esclavage pendant plus de 200 ans. Nous avons choisi son histoire car elle permet de lier notre ville à la lutte en cours pour abolir l’esclavage sur le continent.

Les prisonniers étatsuniens et les prisonnières étatsuniennes ont organisé cette grève en l’inscrivant dans la longue histoire de résistance à l’esclavage. Le 21 août 1831 a marqué le début de la rébellion de Nat Turner, un moment significatif de la résistance des personnes mises en esclavage. Le 21 août 1971 marque aussi le jour où l’État a tué George Jackson, un révolutionnaire Noir emprisonné très impliqué dans les luttes de libération des peuples Noirs. La mort de Jackson a déclenché une période d’organisation dans les prisons. Le 9 septembre 1971 marque le début de la mutinerie de la prison d’Attica, une des moments les plus significatifs de la résistance dans les prisons aux États-Unis. Les prisonniers d’Attica ont fait paraître une liste de demandes raisonnables pour améliorer leurs conditions de vie. Ces demandes n’ont jamais été acceptées, mais elles ont une influence claire sur les grèves des prisonniers et prisonnières aujourd’hui. La résistance à l’esclavage est une lutte ininterrompue pour ceux et celles qui font face à l’incarceration aux États-Unis. Le 13e amendement de la constitution des États-Unis cite :

« Ni esclavage ni servitude involontaire, si ce n’est en punition d’un crime dont le coupable aura été dûment condamné, n’existeront aux États-Unis ni dans aucun des lieux soumis à leur juridiction. »

L’esclavage se poursuit aujourd’hui dans les prisons des États-Unis. Le 13e amendement justifie légalement la violence et les conditions brutales qui définissent le système carcéral. Ces conditions sont la raison de la grève menée par les prisonniers et prisonnières un peu partout à travers le pays et qui s’étendra sur les deux prochaines semaines. Même si le Canada n’a pas d’amendement constitutionnel similaire, nous voyons les prisons comme un symbole de la domination, mais aussi de l’extension du projet colonial canadien. Le but pemier du colonialisme de peuplement consiste dans la spoliation des terres pour l’établissement des colons et pour l’extraction des ressources naturelles. C’est à travers ces relations coloniales aux territoires que le système assure sa reproduction et l’accumulation des richesses. Les Premières Nations et les nations Inuits et Métis sont vues par les élites économiques et politiques comme un obstacle à la futurité coloniale. L’État et la société coloniale ont utilisé des tactiques et des stratégies telles que la surveillance, la disciplinarisation, la répression, et l’incarcération sur la base de la race et de la classe. Le contrôle et le confinement ne sont pas seulement centraux au projet colonial, mais les prisons et l’incarceration sont aussi des éléments stratégiques pour arracher les populations autochtones à leurs territoires, où elles contestent le pouvoir étatique.

L’esclavage, le vol des terres et les génocides continus sont les histoires fondatrices des États coloniaux qui occupent ce continent et elles sont au fondement des systèmes que nous cherchons à abolir. Nous lions les événements historiques mentionnés plus haut pour illustrer qu’ils appartiennent à un contexte global et prolongé d’expension coloniale, d’exploitation pour le profit et d’enrichissement de quelques humains au dépends de multiples formes de vie.

Solidarité avec les prisonniers en grève, en mémoire d’Angélique.

Contre les prisons, contre l’esclavage, contre le colonialisme!

Liens URL aux fichiers pdf des affiches : https://archive.org/details/PrisonStrike2018posters

Bon matin les racistes !

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Août 272018
 

Du Collectif Emma Goldman

Le 25 août dernier, le groupe raciste La Meute organisait dans tous ses clans une « action de visibilité ». Sans doute tanné de manifester enfermé dans des stationnements à étages, le Clan 02 a choisi cette fois de miser sur sa force : les autos, et d’organiser un défilé de chars allégoriques. De Chicoutimi à Saint-Félicien en passant par Jonquière, Saint-Bruno et Roberval, les louveteaux se sont déplacés en convoi dans le confort de leurs bolides peinturés à la canette et décorés avec du tape à peinture.

Elle et ils avaient pour plan de s’arrêter un peu moins d’une trentaine de minutes devant les bureaux des députés afin de scander « fuck Couillard » et distribuer quelques tracts réclamant au nouveau gouvernement d’avantage de mesures discriminatoires. Alex Maltais nous a même montré son petit côté artistique en nous offrant un petit graffiti de patte de loup sur le trottoir.

À Chicoutimi en matinée, ils et elles étaient 10. Il ne s’agit pas d’une mobilisation monstre, mais l’info ayant été coulé, un groupe de militantEs antiracistes étaient présentEs pour leur souhaiter un bon matin. Une action concertée d’un groupe raciste ne doit pas pouvoir se déployer dans nos rues sans une présence antiraciste. La présence affichée d’un groupe qui se rassemble autour de la haine et la peur de l’étranger comme le fait La Meute ne doit pas être toléré, aussi risible puisse être leur action. Que ce serait-il passé si, samedi matin, une personne appartenant aux communautés culturelles qu’ils haïssent avait dû passer par la rue Racine ?

Le groupe de militants antiracistes s’en ai donc donné à cœur joie à enlever plusieurs affiches et drapeaux que les racistes avaient savamment tapés sur leur char. Un militant s’est même risqué à attraper le drapeau installé sur la voiture de Marie-José Dufour (alias Marie Louve), chef du Clan 02, alors qu’elle était à l’intérieur, s’attirant ainsi ses foudres. Fachée, Dufour a contacté les forces de l’ordre afin de se plaindre officiellement de dommage matériel.

Il n’est rien resté du passage de La Meute à Chicoutimi et c’est tant mieux. Il n’y a pas de place pour le racisme dans nos quartiers. Poser des actions concrètes à chaque manifestation de groupes haineux et intolérants est la seule chose à faire.

Le groupe de militants sont revenus après que les louveteaux soient partis afin de nettoyer le logo que Alex Maltais avait laissé sur le trottoir. À leur grande surprise, le graffiti avait déjà disparu laissant derrière lui une flaque d’eau! Que s’est-il passé? Alex, sachant que les policiers arrivaient, a choisi d’effacer son œuvre ? Ou alors les policiers l’ont obligé à le faire? Peut-être qu’entre temps d’autres citoyens ont choisi d’effacer le logo du groupe raciste? Le mystère demeure entier.

Déclaration des prisonniers en lutte à la prison Burnside en Nouvelle-Écosse

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Août 252018
 

Re-publié à partir de IWOC

Nous, les prisonniers de Burnside, avons décidé de lutter pour le changement. Nous nous sommes unis à travers la prison dans une protestation non-violente, pacifique.

Nous en appelons au soutien extérieur en solidarité avec notre lutte. Nous croyons que c’est seulement à travers l’action collective que des changements se produiront.

Nous reconnaissons que les employé.es de la prison sont aussi des travailleurs et travailleuses qui sont face à des injustices. Nous demandons un environnement de réhabilitation efficace, qui supporte le bien-être de tout le monde au sein du système. C’est changements seront aussi positifs pour les conditions des travailleuses et des travailleurs.

Nos voix devraient être entendues dans les décisions concernant les règlements et la planification de la prison. Les changements que nous revendiquons sont raisonnables et sont nécessaire au respect de nos droits humains.

Les organisateurs de cette protestation affirment qu’en tant que prisonniers, nous sommes entreposés ici et non traité comme des êtres humains. Nous avons essayé d’autres moyens officiels et non-officiels pour améliorer nos conditions, tels que la discussion, les plaintes, la négociation et les pétitions. Nous demandons à nos allié.e.s de l’extérieur de ces murs de manifester avec nous contre les traitements qui nous sont infligés.

Nous montrons ainsi notre solidarité avec nos frères emprisonnés aux États-Unis qui appellent à une grève des prisonniers, du 21 août au 9 septembre. Nous supportons les demandes de nos camarades aux États-Unis, et nous nous joignons à leur lutte pour la justice.

En Nouvelle-Écosse, nos demandes sont différentes, et nous remarquons qu’elles sont plus modestes en comparaison. Nous faisons parti d’une mobilisation internationale pour la justice et nous reconnaissons que notre combat prend racine dans une histoire commune de lutte et de libération.

Nous ne sommes pas les premiers et nous ne serons pas les derniers.

Nous reconnaissons que les injustices que nous vivons en prison sont enracinées dans le colonialisme, le racisme et le capitalisme. Le mois d’août est riche de l’histoire des luttes des Noirs dans les Amériques.

En 1619, le premier bateau transportant des Africains mis en esclavage est arrivé à Jamestown, en Virginie. Il y a plus de deux cents ans, la première révolte d’esclaves réussie a donné naissance à Haïti, la première Nation Noire indépendante. Au début du dix-neuvième siècle, Gabriel Prosser et Nat Turner ont lancé leurs rébellions, et en 1850, après l’adoption du Fugitive Slave Act, Hariett Tubman a commencé le réseau Underground Railroad vers le Canada. Un siècle plus tard, la Marche sur Washington, les émeutes de Watts et l’explosion d’une bombe de la police contre MOVE ont marqué août comme un temps de grandes possibilités, mais aussi de grandes souffrances.

Au Canada, nous reconnaissons le 10 août, la Journée de la justice pour les prisonniers, comme un moment privilégié pour se souvenir de tous ceux et toutes celles qui sont mort.es en détention au Canada.

Nous reconnaissons aussi les sacrifices de nos prédecesseur.es, ceux et celles qui se sont battu.es pour en finir avec les traitements racistes et inhumains réservés aux prisonniers et aux prisonnières. Georges Jackson, un des grands militants prisonnier aux États-Unis a été assassiné à San Quentin en août 1971 et son nom a été rejoint par d’autres – Jonathan Jackson, William Christmas, James McClain, WL Nolen…

En août 1978, à San Quentin, l’activiste Khatari Gaulden est décédé par manque de soins appropriés suite à une blessure infligée dans des circonstaces mystérieuses. Pour lui rendre hommage et pour se battre pour plus de justice, une coalition de militant.es, en dehors et à l’intérieur de la prison on formé le Black August Organizing Committee. À partir des «camps de concentration» de la Californie, les grèves du Black August ont déférlé sur tous les États-Unis.

Dans le même esprit et avec ceux et celles emprisonné.es au sud de la frontière, nous, les prisonniers de Burnside, reprennons cette tradition. Nous ne sommes pas violents, nous nous levons pour des enjeux humains de base.

Nous nous organisons car il doit y avoir du changement. Nos revendications sont les suivantes:

1. De meilleurs soins de santé

La province a comme responsabilité d’offrir à tous et à toutes des soins de santés adéquats et éthiques. Pourtant, plusieurs d’entre nous rencontrons régulièrement des problématiques liées aux soins de santé pour les prisonniers : notre médication est coupée, ou alors il y a des «délais» anormaux dans la livraison de ceux-ci, comme une attente élevée pour passer des rayons-x. Il y a également un manque flagrant d’encadrement pour les personnes souffrants de maladies chroniques ou graves, l’obtention de rendez-vous avec des médecins spécialistes est quasiment impossible et les plaintes sont ignorées par les responsables. Les soins sont accordés de manière insouciante.

Plusieurs prisonniers souffrent également de sérieux problèmes de santé mentale, de dépendances, et d’autres maladies chroniques causées par la pauvreté et par l’environnement hostile qu’est celui de la prison. L’obtention de soins médicaux est un droit et en être privé ne fait pas partie de nos sentances.

2. Programmes de réhabilitation

On dit que le but de la prison est nous réhabiliter. Nous demandons : comment peut-on s’attendre à ce que nous soyons réhabiltiés si il n’existe aucun programme pour nous aider à trouver du travail, à nous éduquer et à nous donner des outils pour devenir des citoyens productifs?

Il faut des programmes qui prennent en charge la question des problèmes de santé mentale et des dépendances ; qui nous enseignent des choses dont nous pourrons nous servir dans nos emplois futurs ; qui nous apprennent comment gérer nos finances personnelles et d’autres choses de la vie quotidienne; qui nous aident à bâtir des relations saines avec nos familles; qui nous aident à réintégrer la société.

Quel est le but de la prison si nous en sortons dans un pire état que lorsque nous sommes entrés ?

3. Équipement sportif

L’exercice physique est nécesssaire pour notre santé physique et mentale. Nous voulons rappeler à la province que nous aussi devons vivre avec un hiver froid. Nous avons donc besoin d’équipements d’entraînement intérieur pour reduire notre stress, nous occuper d’une manière saine et nous aider à survivre dans l’environnement carcéral.

Par ailleurs, nous dénonçons également les irrégularités dans l’attribution du temps auquel nous avons accès à la cour de la prison, et ce en violation de nos droits et de la loi sur le système correctionnel. Nous exigeons un accès à la cours selon les normes en vigueur afin de pouvoir bénéficier de l’air frais, du temps d’exercice et de la lumière du jour.

4. Les contacts lors des visites

À chaque visite d’un membre de la famille ou d’un.e ami.e, nous subissons une fouille complète pour prévenir le traffic de drogue et d’autres marchandises de contrebandes, ce qui nous fait poser la question suivante : si les fouilles corporelles éliminent complètement l’entrée de contrebande dans la prison, alors pourquoi sommes-nous privés de contact physique avec les membres de nos familles lors des visites ?

Plusieurs d’entre nous sont des parents. Nous demandons des visites qui nous permettent d’avoir des contacts humains et de permettre à nos enfants de nous voir autrement que derrière une vitre.

5. Vêtements et souliers personnels.

Comme nous subissons déjà un rigoureux dispositif de fouille afin d’éviter la surveillance, nous devrions avoir le droit de porter nos propres vêtements et souliers à l’intérieur de la prison.

Les vêtements et souliers fournis par la prison sont souvent inadéquats. Nous recevons des souliers qui sont parfois trop petits, parfois trop grands, et ne recevons pas de vêtements appropriés pour l’hiver et qui nous permettraient d’aller à l’extérieur.

Porter nos propres vêtements nous aide à se prévenir de l’internement et nous permet de nous sentir comme des êtres humains.

6. Une alimentation égale à celle des autres prisons.

Nous exigeons une alimentation saine, et égale à celle des autres établissements d’incarcération, en respect avec les croyances et pratiques culturelles de tous les prisonniers. Nous ne comprenons pas pourquoi certaines choses inscrites au menu peuvent être présente dans un établissement de la province, mais pas dans un autre.

Nous exigeons du gouvernement le respect des diètes des prisonniers des différents cultures. Nous avons luttés pour obtenir un menu pour les prisonniers religieux. Le non respect de ceci constitue une violation de nos droits en lien à la liberté de religion. Des prisonniers sont devenus malades, incluant des déficites alimentaires sérieux et des dommages permanents à la santé.

7. Qualité de l’air.

Nous exigeons des autorités qu’ils améliorent la circulation de l’air dans la prison. Durant la plus récente vague des chaleur, la santé des prisonniers était compromise, surtout pour ceux souffrant de maladies chroniques.

8. Une cafétéria plus saine. 

Nous exigeons que le menu de la cafétéria soit revu et qu’une offre plus saine soit offerte. Les prisonniers remplacent les menus offerts par la prison en utilisant leur propre argent ou l’argent founie par les familles dans le but de pouvoir améliorer leur alimentation. Nous ne croyons pas que de nous permettre d’acheter que des produits sucrés et chimiques aident à promouvoir une alimentation saine. Si la malbouffe est éliminée des écoles, hopitaux et autres institutions alors pourquoi les prisonniers sont-ils limités à ces options malsaines?

9. Fin de la limitation des  visites.

Le contact avec nos familles et ami.es est primordial pour faciliter notre retour dans la société et nous permet de rester connectés avec ceux et celles qui nous soutiennent dans le monde exétrieur. C’est sur nos familles que repose le fardeau de devoir déposer de l’argent pour que nous puissions avoir accès à la cafétéria et au téléphone. Si la prison profite des familles, pourquoi rencontrons-nous des difficultées pour les voir comme nous le voulons ?

10. Accès à la bibliothèque.

Nous exigeons un accès immédiat à la bibliothèque. L’accès à cette dernière est essentielle pour nous permettre de nous défendre en cour et de connaître nos droits.

Il ne devrait pas y avoir de limite quant à nos désirs de s’éduquer à la bibliothèque.

***

Pour reformuler : toutes nos demandes sont raisonnables et promeuvent l’amélioration de nos conditions de vies. Nous reconnaissons que le complexe carcéral-industriel tente de nous ségréger. Nous sommes unis dans nos demandes. Ils ne peuvent pas tous nous séparer.

Nous appelons les gens en dehors des barreaux de la prison à partager cette déclaration, en écrivant au Ministre de la Justice, en contactant leur député et le département de la justice pour supporter nos demandes. Nous vous invitons également à en apprendre plus sur les conditions de détention dans la province, et à participer aux actions de solidarité qui se préparent en lien avec notre lutte.

Nous envoyons un message d’espoir à nos camarades en prison partout dans le pays et dans le monde.

«Personne ne peut prétendre connaître vraiment une nation, à moins d’avoir vu l’intérieur de ses prisons. Une nation ne doit pas être jugée selon la manière dont elle traite ses citoyens les plus éminents, mais ses citoyens les plus faibles.»
-Nelson Mandela

Le monument de John A. Macdonald (encore) vandalisé à Montréal

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Août 182018
 

De No Borders Media

Une action anticoloniale en appui au retrait de la statue de John A. Macdonald à Victoria, C.-B.

Plus tôt ce matin, un groupe de vandales anticoloniaux anonymes a ciblé le monument de John A. Macdonald à Montréal. La statue, située à la place du Canada, a été aspergée de peinture rouge. Une affiche avec un texte explicatif apparait sur la zone autour de la statue.

Nous revendiquons cette action en appui au retrait récent de la statue de John A. Macdonald dans la ville de Victoria en Colombie-Britannique et en opposition continue aux groupes d’extrême droite ainsi qu’aux politicien.nes qui défendent activement l’héritage de la suprématie blanche et du racisme. Cette action est également entreprise en solidarité avec les actions précédentes contre la statue de John A. Macdonald à Montréal et ailleurs au Canada. Nous exigeons que les autorités de la ville de Montréal prennent des mesures, tout comme la ville de Victoria, pour retirer le monument de Macdonald. Montréal entreprend déjà le processus longtemps attendu de renommer la rue Amherst (qui porte le nom d’un autre raciste colonial qui préconisait l’extermination des peuples autochtones).

Voici le texte de l’affiche qui accompagne le vandalisme récent. Cette dernière fournie un contexte concis sur les raisons pour lesquelles les statues et les monuments de Macdonald devraient être enlevés de l’espace public:

John A. Macdonald était un colon raciste!
Prenez ses statues à travers le Canada et mettez-les dans les musées.

John A. Macdonald était un suprémaciste blanc. Il a directement contribué au génocide des peuples autochtones par la création du système brutal des écoles résidentielles, ainsi que par d’autres mesures visant à détruire les cultures et les traditions autochtones. Il était raciste et hostile envers les groupes minoritaires non-blancs au Canada, appuyant ouvertement la préservation d’un Canada soit-disant « Aryen ». Il a passé des lois dans le but d’exclure les personnes d’origine chinoise. Il a été responsable de la pendaison du martyr Métis Louis Riel.

Les statues de Macdonald devraient être retirées de l’espace public. En tant qu’artefacts historiques, elles devraient être entreposées là où elles appartiennent soit dans les archives ou les musées. L’espace public devrait plutôt célébrer les luttes collectives pour la justice et la libération et non pas la suprématie blanche et le génocide.

– Certain.es vandales anticoloniaux-ales à Montréal.

info: johnamacdonaldmontreal@protonmail.com

(NOTE: No Borders Media a reçu le vidéo et les photos de façon anonyme. Nous ne sommes pas responsable pour l’action contre le monument de Macdonald.)

Des résident.es de Parc-Extension et des militant.es pour le droit au logement bravent la violence aux mains du Groupe BSR pour lutter contre la gentrification

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Août 102018
 

De Parc-Ex Contre la Gentrification (page Facebook)

Plus de 60 personnes se sont rassemblées en face du métro Parc hier après-midi pour une manif-action contre la spéculation immobilière et la gentrification. L’action avait pour but de rassembler des membres de Parc-Ex contre la gentrification, du POPIR, du Comité B.A.I.L.S., du Comité d’Action de Parc-Extension, du Comité Logement de Rosemont et du Comité logement du Plateau Mont-Royal pour maintenir la pression sur les développeurs immobiliers et envoyer un message clair que le développement de condos et d’appartements luxueux ne passeront pas dans nos quartiers.

Nous sommes ensuite allé.es au bureau du Groupe BSR – la compagnie de développement immobilier qui est derrière les scandaleuses évictions de la Plaza Hutchison – pour remettre une lettre et perturber leur journée de travail. Pendant les trente dernières années, la Plaza Hutchison a servi de lieu de rencontre pour Parc-Extension, abritant des groupes communautaires, des associations culturelles, des écoles de langue, des lieux de culte et des petits commerces locaux. Depuis que le Groupe BSR a acheté l’immeuble, ils ont intimidé sans relâche, menacé de multiples manières et évincé sans préavis ces locataires, les uns après les autres. Nous nous sommes rendu.es aujourd’hui à la Place Décarie pour apporter nos revendications à Ron Basal et ses collègues truands – notamment que les locataires puissent revenir dans leurs locaux et que l’immeuble soit remis dans les mains de la communauté.

Aussitôt entré.es dans les bureaux, nous nous sommes fait donner des coups de pieds à plusieurs reprises et avons été frappé.es au visage par Ron Basal et des employé.es du Groupe BSR. Des personnes ont été étranglées et plusieurs se sont fait arracher et briser leurs lunettes. Des employé.es ont fait des menaces de mort et plusieurs personnes ont subi du harcèlement sexuel quand un membre haut placé du Groupe BSR a menacé de se déculotter devant elles. Quand les manifestant.es ont essayé de quitter l’immeuble, les employé.es du Groupe BSR ont fait arrêter les ascenseurs, ont physiquement bloqué les escaliers, ont séquestré les gens sur l’étage et ont essayé de lancer violemment une personne dans la cage d’escaliers d’urgence. C’était fucking intense. Plusieurs d’entre nous, voisin.es et activistes confondus, ont visité des bureaux de développeurs immobiliers auparavant, pour apporter des revendications pour le droit au logement et pour s’opposer à la gentrification. Personne ne se souvient d’avoir rencontré autant de violence.

Nous voulons aussi réagir à certaines allégations faites dans la couverture média de l’action, notamment TVA qui récupère des photos de BSR Groupe, montant des images stagées de “grabuge”, et Radio Canada qui avance que nous avons “forcé la porte”. Ça vaut la peine de mentionner que le journaliste de Radio Canada Benoît Chapdelaine est entré dans les bureaux avec nous en ouvrant la porte débarrée des bureaux publics des promoteurs, a dû aussi éviter les coups et a été témoin de l’extrême violence du Groupe BSR, mais n’en fait aucune mention. Aussi, bien que trois personnes aient été brièvement détenues, elles ont été relâchées immédiatement sur place et il n’y a eu aucune arrestation.

Bien que dégoûté.es par les actions de ces gentrificateurs, nous demeurons inébranlables dans notre détermination à perturber le business as usual, à se mettre en travers des projets gentrificateurs où qu’ils se trouvent et à combattre la destruction de Parc-Ex. Nous refusons de supporter par notre silence le déplacement de personnes racisées de notre quartier au profit de nouveaux résidents plus riches, plus yuppies ou plus blancs.

Vous aurez de nos nouvelles, on ne bouge pas d’ici.

Appel à rejoindre le Camp de la Rivière

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Juil 222018
 

Des Comités de défense et de décolonisation des territoires [page Facebook]

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L’été dernier, une barricade a mis un frein à l’extraction pétrolière de la compagnie Junex sur le site Galt près de Gaspé. Depuis, le Camp de la Rivière, établi non loin de ce blocage, persiste et veille sur les territoires. Nous appelons à le rejoindre et le faire vivre. La mainmise des pétrolières sur la région et le saccage qui s’ensuivra ne sont pas des fatalités. Seule une présence soutenue pourra arrêter la destruction des rivières, des forêts et de tout ce qui y vit. Il est possible de mettre en échec la dépossession des habitant.es et la spoliation du territoire Mi’kmaq non-cédé et invaincu.

Le Camp de la Rivière s’est maintenu pendant tout l’automne et l’hiver. En plus d’être un lieu de résistance, le campement est devenu un monde de rencontres, d’échanges et d’éducation populaire pour signaler la prédation des pétrolières sur le territoire Mi’kmaq du Gespegawagi.

Depuis la fin mai, le gouvernement du Québec fait savoir son intention d’expulser le camp installé sur des terres publiques. Cette menace ne nous fait pas peur, elle ne fait que mettre en lumière la volonté de Junex de reprendre ses forages. Toutes les personnes soucieuses de la protection des territoires et de la création de nouvelles solidarités entre allochtones et autochtones sont appelées à nous rejoindre pour continuer de bâtir la résistance contre les industries extractives.

La défense et la décolonisation des territoires nécessitent plus qu’une posture individuelle, morale ou théorique; elle implique la présence physique et la confrontation avec les forces destructrices du capital et de l’État. Toutes les critiques décoloniales ou écologistes qui animent nos mobilisations ne valent rien si elles ne peuvent se déployer dans des moments politiques significatifs. Ces moments sont l’occasion parfaite pour créer de nouvelles pratiques de lutte et inventer de nouveaux liens.

Devant l’imminence de la reprise du forage, la poursuite de notre solidarité avec les différents mondes et les courants qui les traversent pose la question de nos capacités à mener des luttes à la hauteur de la catastrophe en cours. Le fantasme des alliances entre tendances politiques, comme celles entre colons et autochtones, doit faire place à un engagement concret et continu sur le terrain. La machine coloniale ravageant les mondes se déploie comme économie extractive par un processus sans cesse renouvelé d’accumulation primitive. La lutte contre ce désastre, en solidarité avec les gardien.nes historique de l’eau et de la terre, permet de constituer une opposition significative à une dépossession qui dure depuis 500 ans. La mise en échec du projet moderne/colonial ne sera possible qu’au travers de gestes concrets menant à une transformation radicale de l’usage des territoires.

Le Camp de la Rivière en est un avant-goût.

L’appel est lancé ! Afin de persister et de construire une force réellement destituante dans la région, le Camp de la Rivière aura besoin d’énergies vives au cours des prochains mois. À celles et ceux qui voudraient y passer quelques jours ou y vivre pendant des mois, voire des années, la porte vous est ouverte. Toutes les contributions sont les bienvenues.

LE CAMP EST SITUÉ SUR LA ROUTE 198 À 20 KILOMÈTRES AU NORD DE GASPÉ ET 60 AU SUD DE MURDOCHVILLE

Apportez vos tentes, vos hamacs, vos ami.es et tout le nécessaire au maintien et à l’expansion du camp : nourriture, matériel et outils de construction ou de mobilisation ainsi que tout ce qui permet la reproduction quotidienne de votre forme-de-vie.

Pour nous joindre, vous pouvez nous écrire à l’adresse suivante: campdelariviere@gmail.com ou sur notre page Facebook (Camp de la Rivière)

Pour de l’aide pour former des comités de défense ou de décolonisation dans votre quartier, votre réserve, votre ville, ou votre région vous pouvez nous rejoindre à l’adresse suivante : CDDT@riseup.net ou sur notre page Facebook (Comités de défense et de décolonisation des territoires).

Contre les frontières, contre les prisons. Stoppons la construction de la prison pour migrant-es de Laval !

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Juil 122018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Lancement d’un nouveau site web pour contribuer à la campagne contre la construction de la nouvelle prison pour migrant-es à Laval

Cette prison, qui devrait enfermer jusqu’à 158 personnes sans-papiers, devrait être construite sur les terrains du Service correctionnel du Canada, juste à côté de la prison Leclerc, et devrait ouvrir ses portes en 2021. Alors que le gouvernement libéral argumente que cette nouvelle construction serait une façon plus humaine de détenir des migrant-es, nous appelons cela ce que c’est – une prison, en sachant que ceci est simplement une façade plus belle sur un système violent d’emprisonnement et de déportation, qui maintient les gens enfermés dans des cages en déchirant des familles et des communautés. Nous voulons un monde sans prisons et frontières coloniales, un monde où les gens, pas les États, peuvent décider comment ils peuvent se déplacer et où ils peuvent rester. L’arrêt de la construction du centre de détention de l’immigration de Laval est qu’une étape dans la lutte pour détruire les prisons des migrant-es partout dans le monde.

Bloquons la construction de nouvelles prisons et fermons les anciennes!

Ce site est un centre d’information pour partager; nouvelles, analyse et documents liés à la lutte contre le Centre de détention pour les immigrants de Laval.

stopponslaprison.info

Bill C-75 selon une criminelle: Comprendre la réforme du code pénal des Libéraux (2ème partie)

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Juil 072018
 

De North Shore Counter-Info

Ceci est la conclusion d’une série à deux parties. Cliquez ici pour commencer au début.

Dans la première partie de cette série, on a vu en survol ce que tente de faire la réforme du code pénal des Libéraux, le projet de loi C-75. On a également considéré un des tâches d’ampleur qu’il se donne: façonner une réponse législative à certaines décisions récentes de la Cour suprême. Bien que celle-là soit peut-être l’aspect le plus important de cette loi, les autres sections auront aussi des conséquences importantes pour ceux et celles qui auront besoin de faire face à la justice. Alors ici on discutera de comment Bill C-75 donne davantage de pouvoir aux procureurs pour décider de comment poursuivre des gens, comment il change le traitement des jeunes et finalement la réponse qu’il fait aux mouvements sociaux, dont celui pour Colton Boushie et #MeToo.

Une des mesures les plus controversées de ce projet de loi est la discrétion qu’il donne aux procureurs sur comment poursuivre des accusations. C-75 changera un grand nombre de crimes désignés actes criminels en infractions hybrides, ce qui donne plus de pouvoir au procureur pour décider de comment poursuivre l’affaire.

Il y a deux classes de crimes au Canada: les actes criminelles sont les plus sérieux et les infractions sommaires sont les moins sérieux. Certains crimes sont classés comme hybrides ou mixtes, ce qui laisse au procureur le choix de les poursuivre par voie sommaire ou criminelle selon le contexte, ou même de changer d’avis pour arriver à un plaidoyer négocié.

Avec ce projet de loi, la plupart des actes criminelles passables d’une peine de moins de 10 ans de prison ferme deviendront des infractions hybrides, ce qui veut dire que le procureur pourrait choisir de les poursuivre par voie sommaire. Cependant, il augmente également la peine maximale pour les infractions sommaires de six mois à deux ans (ce qui est aussi la peine la plus longue qu’on purge dans une prison provinciale). Bizarrement, cela fait que les crimes plus sérieux pourrait devenir moins sérieux tandis que les moins sérieux risquent d’être punis de manière plus sévère.

Comme on a vu dans la première partie sur la tentative de sortir des tribunaux le non-respect de conditions de caution, il parait que cette mesure veut donner aux procs plus de liberté pour chercher des plaidoyers négociés en offrant de changer des actes criminels en infractions sommaires. Comme les tribunaux sont des machines à plaidoyer, ceci ne fait qu’augmenter la pression sur l’inculpé-e de se dire coupable.

Normalement, les gens se battent plus fort contre les actes criminaux: les conséquences si on en a un sur notre casier judiciaire sont beaucoup pires, peu importe l’accusation. Les gens pauvres accusés d’un acte criminel ont plus de chances de qualifier pour l’aide juridique et de recevoir plus de soutien financier pour faire face à des affaires considérées comme plus complexes. Cependant, cette mesure augmente également la peine maximale pour des délits mineurs par un facteur de quatre. Si le procureur peut chercher une peine de 18 mois par voie sommaire au lieu de par la voie plus sérieuse, il peut ainsi réduire les ressources de l’inculpé-e et rendre moins probable que cette personne cherche à se défendre, même si la peine et les faits sont les mêmes. Pour autant que les Conservateurs se plaignent que cette mesure cherche à accélérer la justice par moyen de laxisme, de mon avis il a plutôt l’air d’une manière de contraindre les inculpés-es pour les pousser vers une condamnation plus rapidement.

En plus, la possibilité de procéder par voie sommaire augmente les chances que la police et les procureurs vont se servir d’accusations rares pour cibler des mouvements sociaux. Un exemple d’actualité, et un que les Conservateurs ne se lassent jamais de mentionner, c’est Attroupement illégal masqué (AIM), un crime inventée en 2014 qui vient d’être utilisé pour la première fois contre des anarchistes à Hamilton et à d’autres villes. Jusqu’à maintenant, les flics ont préféré des accusations conventionnelles pour les manifestants-es masqués-es, liées aux actions dont ils-elles sont accusés-es, car la constitutionnalité de AIM est douteuse, car elle cherche à rendre criminel le simple fait de participer à une manif sans commettre d’autre délit.

Il est probable que AIM soit en violation de la Charte des droits et libertés, car il criminalise la simple présence à une manifestation. Comme il est un acte criminel sérieux avec une peine maximale de dix ans fermes, il est fort probable que les gens ainsi inculpés feraient leur possible pour se défendre et il est également probable que les flics et les procs auraient du mal à dépasser les contestations fondées sur la Charte. Mais s’ils peuvent réduire la peine et rendre l’accusation moins sérieuse en la poursuivant par voie sommaire, le risque d’une telle contestation s’amenuise et la loi est donc plus utilisable. Comme en essence AIM rend légales les arrestations de masse, qui ne le sont pas d’habitude au Canada, rendre cette loi plus facile à appliquer est extrêmement dangereux.

Le gouvernement libéral puise sa légitimité de la perception d’être responsif aux mouvements sociaux progressistes. Cela leur permet de déactiver ces mouvements et ainsi les maintenir dans le domaine de protestation au lieu de risquer qu’ils deviennent des forces capables d’imposer leur volonté à l’État. Une des vagues de colère populaire la plus importante dans cette dernière année est arrivée suite à l’acquittement de l’homme qui a tué le jeune autochtone Colton Boushie.

Bien que le racisme soit omniprésent chez la justice, ici la colère s’est focalisée sur le fait que le meurtrier ait été un homme blanc et que la décision ait été rendue par un jury entièrement composé de personnes blanches. Ce problème ne date pas de hier: la commission Iaccobucci était lancée en 2011 pour examiner l’absence de personnes autochtones sur les jurys en Ontario. Mais les Libéraux n’ont pas regardé honnêtement la manière dont La Loi sur les Indiens a exclu les personnes autochtones de trucs basiques, comme la franchise, jusqu’aux deux dernières générations. Ou comment avoir sa résidence sur une réserve fait qu’on n’est pas présent sur la liste des jurés. Ou à quel point il coûte cher de se trouver sur un jury. Non, les Libéraux ont choisi plutôt un instrument grossier. L’avocat de la défense dans l’affaire Colton Boushie s’est servi d’un outil appelé la récusation péremptoire pour exclure les jurés qui avaient une tête d’indien, ce qui a énervé des gens, alors ils vont éliminer la récusation péremptoire.

Le problème c’est que cet outil ne sert pas qu’à ça, car à la base il n’est qu’un moyen d’exclure un juré sans se reposer sur une des raisons établies. Il pourrait, par exemple, servir à exclure un supremaciste blanc d’un jury, ou d’exclure quelqu’un comme moi, qui ne prononcerait jamais quelqu’un coupable. Il pourrait faire que les avocats auront plus de mal à exclure des jurés sur une base raciale (parce qu’ils auraient des “sympathies” dans une direction ou une autre), mais il ne fait rien pour faire face aux injustices structurelles de la société canadienne qui ne font que se dévoiler dans les jurys. Mais si le but n’est que d’offrir un appât aux manifestants-es antiracistes pour empêcher l’émergence d’un mouvement contre la justice, peut-être qu’il sera suffisant.

Plusieurs mesures dans le projet de loi C-75 endurcissent les conditions pour les personnes accusées d’agressions sexuelles et violences domestiques. Ceci répond surtout à la campagne #MeToo, mais il cible plus largement les mouvements féministes contre la violence sexuelle. Quelques provisions notables: l’augmentation de peines et l’inversion de la charge lors des audiences de caution pour les récidivistes (ce qui veut dire que l’inculpé doit fournir des preuves pour être relâché au lieu du procureur pour le garder). Ces mesures vont dans l’autre sens des autres aspects de C-75 (des cautions moins sévères, fournir des options pour réduire les peines) et ont évidemment le but de montrer que l’État considère qu’il y a trop eu de laxisme envers ces crimes par rapport à d’autres. C’est “durcir le ton face au crime” pour des gauchistes du genre qui acceptent la prison.

Aussi, la nécessité de protéger les survivantes est invoquée comme encore une raison d’éliminer les enquêtes préliminaires (comme on en a discuté dans la première partie) car avoir à témoigner deux fois est très traumatisant. Semblable à la question de la composition des jurys ci-dessus, l’incapacité total de l’État de prendre au sérieux les violences intimes et sexuelles pendant tant de décennies a fait que les mouvements contre le patriarcat ne pouvaient pas en bonne conscience conseiller aux survivantes d’aller vers la justice (comme son racisme veut dire que les personnes autochtones ou racisées ont aussi besoin d’en garder leurs distances). Ceci menace la légitimité de la justice alors le gouvernement cherche à s’en occuper le plus étroitement possible.

Aucun surprise que les politiciens, des gens qui aiment bien le pouvoir, choisiraient d’écouter aux féministes qui croient que la prison et la justice pourraient en quelque sorte contribuer à nous débarrasser du patriarcat. Individualiser ces problèmes et croire que foutre un connard ou un autre en taule pour plus longtemps puisse faire quoi que ce soit pour faire face à la question des violences faites aux femmes est tragiquement simpliste. La justice ne devient ni plus légitime ni plus féministe avec ce projet de loi. De plus, instrumentaliser les traumatismes des survivantes pour enlever des droits à tous-tes les prévenus-es est fourbe et mérite notre opposition.

Comme la séparation des enfants de leurs parents est d’actualité aux États-Unis, il vaut la peine d’examiner comment les Libéraux proposent de changer le système d’incarcération de jeunes au Canada. Une grosse tranche du projet de loi C-75 cherche à changer La Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents. Sur un jour moyen, il y a environ 900 jeunes en prison, avec entre six et sept mille autres dans des programmes qui n’arrivent pas au niveau de prison. Environ la moitié est autochtone. Les jeunes qui sont incarcérés-es ou placés-es dans une institution soumis-es à des conditions restreignantes ont beaucoup plus de chances que d’autres jeunes de se trouver de nouveau en prison comme adultes. Alors comment la justice traite ses plus jeunes victimes a un immense impacte sur leur avenir et leur communauté.

L’orientation générale de Bill C-75 est de réduire le nombre de jeunes en prison par une augmentation de programmes restrictifs qui ne sont techniquement pas des prisons. Plus même que les adultes, les jeunes passent beaucoup de temps devant la justice pour le non-respect de conditions imposées en tribunal et, comme chez les adultes, C-75 cherche à changer cela en réduisant le nombre de conditions et en les traitant hors du tribunal.

Bien que je sois assez sceptique sur les courants qui ont comme projet d’étendre le contrôle et la violence de la prison à l’extérieur de ses murs en forme de conditions, la liberté sous supervision, les institutions gérées par travailleurs sociaux (comme les foyers de réinsertion) et ainsi de suite, c’est mieux que de voir les jeunes rester dans des cages. Cependant, ces réformes ne s’appliquent que si les jeunes sont jugés-es comme des mineurs, mais C-75 rend plus facile le processus pour les condamner comme adultes. Pour le moment, avant qu’un procureur puisse chercher à faire condamner un mineur comme adulte, il doit demander la permission du Procureur général, ce qui encadre un peu la décision et le rend plus difficile. Dans l’avenir, le bureau du procureur local peut décider pour lui-même, ce qui veut dire qu’encore plus de jeunes n’auront pas accès aux protections de La Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents ni aux changements apportés par C-75.

Ce texte a été très long, mais je suis contente que vous l’avez fini. Le projet de loi C-75, tout comme la Loi omnibus sur la criminalité des Conservateurs avant lui, est par exprès long et tordue pour nous empêcher de comprendre ce qui se passe. Ce n’est pas facile d’avoir une vue d’ensemble sur un tel projet de loi, alors la plupart des commentaires là-dessus n’ont regardé que certains aspects. Mais avoir une opinion sur l’élimination des enquêtes préliminaires ou sur le jugement de jeunes comme adultes ou sur le changement de certains actes criminels en infractions hybrides manquera dans sa compréhension – il faut considérer la vision globale d’une loi pareille. C’est une loi progressiste, mais étroitement: elle s’occupe de certaines parties du Code criminel et des textes législatifs connexes où des problèmes ont été identifiés, mais de manière très limitée. Elle se concerne surtout de l’efficacité du système, ce qui masque de grandes questions, comme la pression exercée pour que les gens plaident coupables. Et certaines mesures importantes, tels la réforme du système des cautions, ont peu de chances d’être mises en pratique, car ils restent dans le pouvoir arbitraire des juges et des juges de la paix, qui peuvent vraiment faire ce qu’ils veulent.

Il y a encore d’autres aspect à cette loi (on n’a même pas discuté de toutes les lois bizarres qu’ils vont supprimer: la sodomie et “induire une fausse couche” ne seront plus techniquement illégales), mais j’espère que ce texte peut servir de résumé utile sur ce que C-75 veut faire. Ceci n’est que le début d’une conversation. Ce projet de loi est un des changements les plus importants à la justice des dernières décennies. Même si la politique canadienne est moins passionnante que le spectacle permanent au sud de la frontière, il vaut au moins la peine d’en développer une analyse, car on aura besoin de faire face à ces changements lors de chaque moment de lutte dans les années qui viennent.

On leur avait promis l’enfer, ils ont gouté à l’enfer : Rapport d’action

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Juil 062018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Avant la fin de semaine d’action

Le 23 juin les adresses d’une militante de La Meute et d’une autre de Storm Alliance vivant dans le quartier Hochelaga ont été dévoilées et une petite visite leur a été rendue.

Le 27 juin le CRAM a partagé la revendication du peinturage des monuments de Maisonneuve et de Macdonald.

La fin de semaine d’action en images

Plusieurs distributions de tracts et affichages pour la manifestation antiraciste ont eu lieu, ainsi qu’une tournée du Quartier Latin et du centre-ville.
« de 16 »

 

Une belle victoire, on leur avait promis l’enfer, ils ont gouté à l’enfer.

Continuons le combat, le fascisme ne passera pas! Un autre appel à l’action sera publié plus tard dans l’été, restez à l’affut !

De multiples lieux de traversée marqués pour aider les migrant-es à traverser des États-Unis vers le Canada

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Juil 062018
 

De Solidarité sans frontières

Caravane de Bienvenue aux Réfugié-s conclût après 3 jours de route le long de la frontière de Coaticook à Huntington

Action le jour de la fête du Canada

Des panneaux sur lesquels on peut lire «LIEU DE TRAVERSÉE en raison de l’entente sur les pays tiers (non) sûrs – toujours sur des territoires autochtones non cédés» ont été érigés sur cinq sites différents à la frontière canado-américaine tôt le matin de la fête du Canada.

Photos : https://bit.ly/2tZJR2I [album Facebook]

Il y a une multitude de sites similaires au Chemin Roxham séparés par quelques kilomètres les uns des autres le long de la frontière du Québec et des États-Unis. En plus d’envoyer un message de soutien aux réfugié-es et aux migrant.es qui traversent irrégulièrement à partir des États-Unis, cette action visait à encourager les gens qui vivent dans la région à les supporter activement – à ouvrir leurs esprits et leurs coeurs, et, dans un sens très littéral, à Ouvrir les Frontières.

Les panneaux attirent l’attention sur la raison pour laquelle les gens traversent de cette façon: la soi-disant Entente sur les tiers pays sûrs, qui empêche les migrant.es d’appliquer pour le statut de réfugié s’ils vont à un poste régulier. Il y a aussi la question de la légitimité de la frontière et de l’État canadien, établit par les pouvoirs coloniaux européens pour consolider le contrôle sur des terres volées et des ressources.

La Caravane

Cette action conclût la «Caravane de Bienvenue aux Réfugié-s» qui a été sur la route du 29 juin au 1er juillet, voyageant le long de la frontière entre le Canada et les États-Unis de Coaticook à Huntington pour enraciner le soutien envers les migrant-es dans la région de la frontière. Dans des évènements publics tels que l’exposition de voitures antiques à Venise-en-Québec et un marché public à Frelighsburg, des stationnements de centres d’achats et des centre-villes, la caravane a attiré l’attention avec une procession musicale, de la jonglerie et des numéros de feu, tout en passant son message à l’aide d’affiches, de tracts, de discours et de théâtre de rue. Sur trois jours, plus de 60 personnes – de Montréal et de la région – ont participé dans la caravane de 10 voitures, qui a passé les deux nuits dans une église et dans une ferme.

Photos: https://bit.ly/2u3ylDu [album Facebook]

La vaste majorité des gens rencontré par la Caravane supportaient le message de bienvenue. Les participant-es de la caravane ont saisi l’opportunité d’échanger avec les personnes rencontrée qui étaient aveuglés par le racisme et croyaient la propagande alarmiste de l’extrême-droite et des politicien-nes populistes dans l’espoir de déplacer leur perspective vers le point de vue des opprimé-es.

Malgré l’attention publique actuelle portée à la violence du système d’immigration américain, le Canada continue à fermer ses frontières aux migrant-es arrivant des États-Unis comme réfugié.es. Quand les gens parviennent à traverser irrégulièrement, le système canadien de traitement des réfugié-es est la prochaine barrière à laquelle ils font face: moins de 50% des gens dont les dossiers ont été entendus (en date de mars 2018) ont été acceptés. Celles et ceux qui ont été rejetés seront déportés ou contraintes à la précarité comme sans papiers.

Il n’est pas surprenant que le Canada continue à collaborer avec l’administration Trump, malgré l’indignation publique contre les politiques de Trump, étant donné que le Canada pratique plusieurs des mêmes abus: séparer les familles, détenir les enfants, etc.

Solidarité sans frontières rejette le cas-par-cas et appele à un statut pour tout le monde qui traverse la frontière. Même si le Canada n’est certainement pas le paradis, les gens viennent parce qu’ils pensent que c’est la meilleure option pour eux. Personne ne devrait avoir à vivre le stress, la précarité et l’humiliation d’essayer de prouver qu’ils sont un réfugié, et la raison pour laquelle ils méritent de rester ici. Personne ne devrait être menacé de déportation. Personne ne devrait se voir retirer son statut et être forcé à vivre dans l’ombre, proie à l’exploitation et craignant d’être découvert.

#NoBordersCaravan
#NoCrossingisIllegal
#Statusforall

Bill C-75 selon une criminelle: Comprendre la réforme du code pénal des Libéraux (1ère partie)

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Juil 032018
 

De North Shore Counter-Info

Cet article est en deux parties…

C’est la loi Colton Boushie et la loi #MeToo. C’est la loi qui veut accélérer les procès et changer le fonctionnement de la liberté sous caution entretemps. C’est une loi qui veut donner à l’État la discrétion de considérer comme plus sérieux les petits délits et les crimes majeurs comme plus légers. C’est une loi qui prétend vouloir moins de jeunes dans le système, mais qui facilite le procédure pour les juger comme des adultes. C’est la loi qui permet aux flics d’éviter le contre-interrogatoire, qui t’envoie devant le juge par vidéo et qui décriminalise officiellement la sodomie. C’est un projet de loi omnibus de 300 pages par le parti qui a passé des années à promettre de ne jamais se servir d’omnibus.

Le projet de loi C-75 est en comité au niveau fédéral en ce moment et il cherche à effectuer des changements majeurs au système judiciaire à travers le Canada. Pour une loi d’une telle ampleur, il n’y en a pas eu beaucoup de discussion en dehors des cercles politiques et légaux. Cependant, le système judiciaire, et les flics et les prisons qui viennent avec, est l’arrière-plan de beaucoup de nos choix dans le quotidien et il structure de manières subtiles et explicites nos idées de ce qui est possible. Ce bill nous touche toutes et tous. Et si comme moi tu te trouves de temps à autre à passer en procès et peut-être finir en taule, il y a des tas de trucs dans cette loi qui te concernent matériellement.

Ce projet de loi est bien trop vaste pour pouvoir en discuter comme il faut dans un texte de longueur lisible. J’espère que ce texte servira de point de départ pour d’autres conversations critiques sur ce bill qui puissent aller plus loin que les provisions misent en avant par les Libéraux pour apaiser certains groupes. Le cynisme ordurier du gouvernement (Il protège les victimes de violence domestique! C’est un bill féministe!) ne devrait pas limiter notre analyse. Divulgation complète, je suis anarchiste et je considère que le système judiciaire soit illégitime, peu importe les lois qu’ils mettent en place, et je le trouve honteux d’être un juge. Mais je trouve qu’une critique aussi large ne nous sort pas de la nécessité de bien comprendre les changements apportés par le projet de loi C-75, d’en former une opinion et de nous préparer à les résister ou à les subir.

En large, il y a trois catégories de provisions dans Bill C-75 dont je veux discuter. J’entrerai dans plus de détails sur chacun plus bas et j’ai essayé de mettre en caractères gras les idées importantes si vous ne voulez lire que certains bouts. Je les divise en catégories selon la motivation derrière les provisions et non par leur contenu, car il est intéressant de voir ce que le gouvernement pense être leur job.

  • Répondre aux décisions de la Cour Suprême qui imposent un délai maximal sur le temps que prennent les affaires à aboutir et qui cherchent à réformer le système de remise en liberté provisoire pour réduire la détention préventive et l’emploi de conditions de remise en liberté très dures. Ces buts passent pour progressistes parmi ceux et celle qui s’en occupent, mais comment le Chambre des communes les interprètent nous laisse avec beaucoup de questions.
  • Répondre aux mouvements sociaux, surtout ceux qui militent autour du meurtre de Colton Boushie and ceux qui appellent à l’élimination de la violence sexuelle. Ces parties du projet de loi se détachent par leur manque de profondeur et leur cynisme en se limitant à la sélection du jury pour le premier et à plus de dureté envers les accusés pour le dernier.
  • Donner plus de latitude aux procureurs pour décider à quel point les crimes sont sérieux, ce qui leur donne plus de pouvoir pour négocier des arrangements, qui facilite l’application de certaines lois et qui leur permet de punir plus sévèrement les crimes mineurs.

Tout d’abord, Bill C-75 répond à deux décisions de la Cour suprême connues sous les noms de Jordan et de Antic. La Maison de communes est responsable de s’assurer que le code criminel et la législation connexe (C-75 modifie 12 textes différents, ce qui est énorme) soient en harmonie avec les décisions des cours canadiennes. Cependant, le caractère politique de leur réponse est important, car les Libéraux cherchent à se présenter en qualité de réformateurs bienveillants tout en ne pas trop diverger du consensus canadien sur le crime (que celles et ceux accusés-es de crimes méritent tout ce qui leur arrive).

La décision Jordan aborde la question de la durée des poursuites. La Cour suprême a trouvé insuffisants les provisions en œuvre pour décider quand les droits de l’accusé ont été violés par la longueur du délai avant que leur affaire n’aboutisse. Les juges ont imposé désormais une limite maximale au délai : 18 mois pour des affaires jugées en cour provinciale et 30 mois si elles passent à la cour supérieure et il a eu lieu un enquête préliminaire.

Jordan a entrainé l’abandon de nombreuses poursuites partout au pays à cause de retards. D’habitude, laisser trainer les affaires aide à l’avocat de la couronne, car beaucoup de gens attendent leur procès en prison ou sont soumis à des conditions de caution rigoureuses, comme est normal au Canada (on va en rediscuter). Pour la plupart, la procédure est la punition. Le plus long le délai avant le procès, le plus les gens plaident coupable.

Être au niveau du défi posé par Jordan sera le but principal de C-75 et la plupart de ses provisions cherchent à éliminer des étapes et à accélérer les choses pour respecter les nouvelles limites. Je ne vais pas dresser la liste de tous les mesures, mais voici quelques-uns qui me semblent importants :

Le bill C-75 va se débarrasser des enquêtes préliminaires. Ces enquêtes sont des procès-avant-le-procès où le procureur est finalement obligé de défendre les accusations et faire face à des questions. C’est également le moment pour la défense de découvrir les contours de ce que va dire le procureur pour pouvoir mieux se préparer pour le procès ou bien de décider si ça vaut la peine. Les enquêtes préliminaires représentent environ 3 % des procès.

Ceux qui défendent l’élimination de ces enquêtes disent que depuis 1991 le procureur est obligé de révéler les détails de l’évidence avant le procès en tout cas ; ceux qui veulent les garder disent qu’ils permettent à la cour de focaliser sur l’essentiel et gagnent du temps lors du procès. Gain de temps brillant ou fausse économie ? Ça dépend de qui on écoute.

Les défenseurs de la terre et tous ceux et celles qui résistent, prenez gaffe : les accusations contre la personne inculpée en lien avec l’occupation anti-fracking Junex au Québec ont été abandonnées après l’enquête préliminaire à cause de leur nature politisées et exagérées. Cela a permis au défenseur de la terre de ne pas avoir à passer encore un an et demi avec des conditions de caution de merde. Lors de l’affaire du G20 Main Conspiracy (Conspiration Principal), la pression lors de l’enquête préliminaire a permis aux prévenus-es d’arriver à un arrangement qu’ils-elles trouvaient acceptable, au lieu de passer encore un an à attendre leur procès.

Le projet de loi C-75 cherche à économiser du temps en laissant les flics éviter le contre-interrogatoire, car il leur permet de donner leur évidence en forme écrite au lieu d’avoir à se présenter au tribunal. Ce qui veut dire que la présomption n’est plus que ton avocat puisse poser des questions sur ce que dit la flicaille, alors si un flic raconte n’importe quoi à ton sujet, ton avocat n’aura pas automatiquement la possibilité de le contester. Il faudra que tu demandes au juge de faire venir le policier et l’affaire sera remise à un autre jour, à des semaines de loin d’habitude. Si t’es en détention, aller au tribunal veut dire se soumettre à de nombreuses soi-disant fouilles humiliantes et passer la journée avec des menottes aux chevilles, en plus de comment chaque retard fait que tu passes encore plus de temps en taule. Et comme les tribunaux croient toujours à ce que disent les flics, c’est plus facile de dire que ça ne vaut pas la peine.

Il n’est pas encore clair comment ils vont le faire, mais bill C-75 cherche à augmenter le nombre d’audiences par vidéo pour les personnes incarcérées, peut-être même ça sera obligatoire dans certains cas. Quand moi je suis en détention préventive, je cherche absolument à me rendre en personne à mes audiences, bien que l’expérience d’y aller soit affreuse. La possibilité de parler à ton avocat ou même d’intervenir directement si t’en as besoin est important si on ne veut pas se trouver poussés-es vers une condamnation sans même s’en rendre compte. L’expérience d’aller au tribunal quand on est prisonnier-ère est vraiment horrible, mais c’est mieux que de juste se laisser faire.

Les Libéraux présentent pleines d’autres parties de ce projet de loi comme des réponses aux obligations de Jordan, mais ces trois mesures qu’on vient de voir en sont le fondement et ils vont faire une différence importante pour tous ceux et celles qui passent par le système.

La deuxième décision de la Cour suprême, Antic, aborde un problème dont personne peut ignorer qui a déjà été inculpé ou qui a assisté à l’audience d’un proche : comment marche le système des cautions. Le moment où tu te trouves accusé-e d’un délit au Canada, tu risques d’aller immédiatement en prison pendant des mois ou des années. Et si tu as la chance de te voir relâcher en attendant ton procès, tu auras à subir des conditions souvent très dures à suivre et qui servent de piège pour garder les gens dans le système.

À un moment quelconque, environ 60 % des prisonniers et des prisonnières au Canada sont en détention préventive (si on ne regardait que les taules provinciales ce chiffre serait bien plus élevé). J’ai pleines de choses à dire sur cela et sur comment ça s’est produit : les décisions sur la caution sont la responsabilité des juges de la paix (JP) [à noter : au Québec, ce rôle est joué par un juge comme les autres] qui ne sont pas de vrais juges, ne sont pas responsables de leurs décisions et ne sont même pas obligés de connaître les lois en question ; le fait que faire appel à une décision sur la caution va coûter des milliers de dollars et peut prendre des mois ; et comment la plupart du mal que fait l’incarcération a lieu dans les premiers jours, car tu perds ton boulot et ton logement et tu vis des expériences traumatisantes. Mais je vais mettre de côté la colère que j’ai contre les JPs et les audiences de caution pour regarder le projet de loi.

Bill C-75 cherche à faire entrer dans le code criminel certains des principes de Antic qui pourraient théoriquement empêcher les JPs de remplir toutes les prisons du pays. Ils sont « le principe de l’échelle » et « le principe de mesure ». Pour citer Bill Blair, ancien chef de police sadique devenu politicien : « Le principe de mesure prend comme point de départ que l’accusé sera remis en liberté dans le plus bref délai raisonnable et sous les conditions les moins pénibles adaptées aux circonstances. » Ce qui étonne là c’est que cela n’était pas déjà le cas. Le principe de l’échelle offre un outil pour satisfaire le principe de mesure : si le procureur va chercher à faire imposer une condition plus stricte (disons l’assignation à résidence), il devrait démontrer pourquoi une condition moins restreignante (un couvre-feu ou une condition précisant le lieu de résidence) ne serait pas capable de satisfaire aux objectifs d’unecaution, en bref faire que l’inculpé soit présent pour ses audiences and assurer la sécurité publique.

Encore un élément de C-75 précise que les JPs et les juges devraient prendre en considération l’appartenance de l’inculpé à des groupes marginalisés et en particulier que les personnes autochtones ont droit à des audiences Gladue avant la décision sur la caution. Ceci est en reconnaissance du fait que les personnes autochtones ne sont que 4 % de la population canadienne mais représentent un quart de tous les prisonniers et que d’autres groupes subissent aussi des taux d’incarcération hors de proportion.

La raison principale pour laquelle les gens se voient refusés la remise en liberté sous caution la manque de garant [à noter : au Québec, l’exigence d’un garant est moins courante]. Le garant, c’est comme un co-signataire pour un prêt financier, mais qui engage une partie importante de leurs biens auprès du tribunal au cas de non-respect des conditions. L’oppression intergénérationnelle se fait voir aujourd’hui (et pas que comme ça) dans le fait que les personnes noires ou autochtones sont beaucoup plus pauvres que la moyenne, et surtout que les personnes blanches. Et si on ajoute la criminalisation de longue date de ces communautés et qu’en conséquence beaucoup de gens ont un casier judiciaire, l’obligation de trouver un garant est un des facteurs principaux dans la surincarcération de ces groupes.

Environ 20 % des poursuites en justice concernent le non-respect des conditions. Bill C-75 cherche à réduire le nombre d’affaires devant la cour et alors il invente une procédure de revue judiciaire comme alternatif à des poursuites criminelles si quelqu’un est accusé d’avoir violé leurs conditions. Normalement une violation de conditions lance une nouvelle poursuite pénale qui reste en vigueur même si t’es innocenté-e de l’accusation originelle et comme les JPs peuvent imposer ce qu’ils veulent comme condition, les violations arrivent tout le temps. Cela bloque les gens dans un cycle de récidivisme et le projet de loi C-75 prétend rendre cela un peu moins commun en réduisant le nombre de condamnations criminelles pour non-respect.

En général, tout ce qui fait qu’il y ait moins de personnes en prison me paraît bien. Non parce que je ne pense pas qu’il soit nécessaire de faire face à des comportements inacceptables, mais parce qu’enfermer quelqu’un dans une cage ne résout rien du tout. Cela dit, même avec ces réformes, le pouvoir reste entre les mains des JPs qui, jusqu’ici en Ontario, s’en foutent des règles d’Antic et continue de distribuer des cautions parmi les plus sévères du pays. Qui a déjà vu un de ces connards en robe et en écharpes passer un jugement sur quelqu’un sans même faire semblant de réfléchir ne peut pas trop espérer que ces nouvelles règles fassent une différence. En plus, les flics adorent les conditions de caution, ils adorent le pouvoir supplémentaire que ça leur donne sur la vie des autres au delà de ce que la loi autorise d’habitude ; ok, il est possible qu’ils utilisent leur nouvelle discrétion de ne pas déposer des accusations en certains cas, mais le pouvoir est toujours le leur.

Jusqu’ici on a vu en gros plan ce que le projet de loi C-75 cherche à accomplir et on est entrés en plus de détails dans comment il propose répondre à deux défis législatifs d’ampleur, les décisions de la Cour suprême dans Jordan et Antic. Dans ces deux situations, l’État s’intéresse moins à limiter les dégâts infligés aux personnes accusées d’un crime que de s’assurer que la machine roule fluidement et de protéger la légitimité du système. Dans la deuxième partie, on verra comment les Libéraux veulent donner l’impression d’écouter les mouvements sociaux féministes et antiracistes sans faire de changements de fond et comment ce que certains traitent de « laxisme » pourrait en effet voir plus de gens condamnés à des peines plus longues.

La deuxième partie suivra sous peu…

Les monuments de Maisonneuve et de Macdonald vandalisés : Des militants et des artistes anticoloniaux dénoncent le colonialisme ainsi que le génocide

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Juin 272018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Six photos des statues vandalisées sont disponibles ici:

Montréal le 27 juin 2018 – Nous sommes des militant.es et des artistes anticoloniaux qui avons décidé de vandaliser deux monuments qui célèbrent le colonialisme français et anglais à Montréal. Le monument de Maisonneuve qui se situe sur la Place d’Armes dans le Vieux-Port ainsi que le monument de Macdonald de la Place du Canada ont tous deux, été couverts de peinture rouge la nuit dernière. Ces monuments sont des icônes publiques qui représentent de façon impénitente le génocide des nations autochtones de l’île de la Tortue et du racisme en général.

Nous avons décidé de défigurer ces monuments dans l’intervalle de deux fêtes nationales (la Saint-Jean-Baptiste et la fête du Canada) pour marquer clairement notre rejet de toutes les formes de nationalisme-colonialiste. Nous saluons le slogan de rue des anarchistes montréalais : Ni patrie, ni état; ni Québec, ni Canada! Nous résistons également aux groupes d’extrême-droites qu’ils soient nationalistes ou fédéralistes, francophones ou anglophones. Nous dénonçons la présence de ces groupes qui expriment sans gêne leur nostalgie d’un passé empreint par le racisme, le génocide et la suprématie blanche. Notre vandalisme est également dirigé contre eux.

Le monument de Macdonald, érigé en 1895, célèbre directement la suprématie blanche. Le Premier Ministre John A. Macdonald était directement impliqué dans le génocide des peuples autochtones à travers différentes mesures telles que les pensionnats qui cherchaient à détruire et à éliminer les cultures des premières nations. Il était ouvertement raciste, hostile à l’endroit des migrants chinois et indiens au Canada et il faisait sans gêne la promotion d’un Canada “Aryen”. Macdonald est aussi responsable de la pendaison du métis Louis Riel.

Le monument de Maisonneuve, également érigé en 1895, commémore le colon « fondateur » de Montréal, Paul de Chomedey de Maisonneuve. Ce monument outrageant célèbre le massacre et la conversion forcée des peuples autochtones. Une des citations qui se retrouve sur le monument et qui est attribuée à Maisonneuve fait directement l’apologie de l’agression coloniale contre la Confédération Haudenosaunee : « Il est de mon honneur d’accomplir ma mission; tous les arbres de l’île de Montréal devraient-ils se changer en autant d’Iroquois. » Ces deux statues devraient être constamment vandalisées jusqu’à temps qu’elles soient retirées de l’espace public. En tant qu’artefacts historiques, elles devraient être entreposées là où elles appartiennent soit dans les archives ou les musées. L’espace public devrait plutôt célébrer les luttes collectives pour la justice et la libération et non pas la suprématie blanche et le génocide.

— Des militant.e.s, artistes et vandal.e.s anticoloniaux-ales.

Contexte :

– Amherst, Maisonneuve et notre mémoire trouée (septembre 2017): www.lapresse.ca/debats/chroniques/rima-elkouri/201709/17/01-5134211-amherst-maisonneuve-et-notre-memoire-trouee.php

– Monument raciste et colonial à John A. Macdonald défiguré à Montréal (novembre 2017) https://montreal-antifasciste.info/fr/2017/11/12/monument-raciste-et-colonial-a-john-a-macdonald-defigure-a-montreal-avec-video-et-photos/

– Deux statues de la reine Victoria vandalisées à Montréal (mars 2018) www.lapresse.ca/actualites/justice-et-faits-divers/faits-divers/201803/15/01-5157416-deux-statues-de-la-reine-victoria-vandalisees-a-montreal.php

– Deux statues de la reine Victoria sont vandalisées à Montréal (mai 2018) https://sub.media/video/deux-statues-de-la-reine-victoria-sont-vandalisees-a-montreal/

– Montreal’s Monuments to Colonialism (September 2017) https://ricochet.media/en/1949/montreals-monuments-to-colonialism

– Colonial and Racist John A. Macdonald Monument Defaced in Montreal (November 2017) https://montreal-antifasciste.info/en/2017/11/12/colonial-racist-john-a-macdonald-monument-defaced-in-montreal-with-video-and-photos/

– Two Queen Victoria Statues Defaced in Downtown Montreal (March 2018) https://thelinknewspaper.ca/article/two-queen-victoria-statues-defaced-in-downtown-montreal

– Queen Victoria Statues Vandalized in Montreal (May 2018) https://sub.media/video/queen-victoria-statues-vandalized-in-montreal/

Un cadeau pour le G7 – S’tait ben ça k’s’tait

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Juin 252018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Alors que la police et son armement para-militaire envahissaient les rues de la vieille ville à la recherche d’une obscure menace; des ombres se sont glissées hors de leurs tanières à l’assaut du réseau de télécommunication récemment mis à jour dans Charlevoix par de généreux toutEs-puissantEs. Le désir d’une bonne connection qualité fibre-optique pour le festival du G7 repose sur quelques milliers de poteaux et de gros filages noirs. Et non, ce n’est pas le genre de truc qui s’enflamme tout seul… On lève également notre chapeau au castor qui avait causé une panne du réseau optique en 2013, ainsi qu’à la glace qui a fait de même en avril dernier. On espère qu’en testant la solidité de votre fibreux joujou optique, on vous a fait manquer quelques tweets…

Nous refusons de nous laisser ligoter par vos réseaux tentaculaires. Pour nous, chaque avancée dans le domaine technologique se paie d’un recul de notre liberté.

Sabotage pendant le sommet du G7

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Juin 232018
 

De Sans Attendre Demain

Le dernier G7 s’est tenu à La Malbaie, au Québec, les 8 et 9 juin 2018 dans le château de Charlevoix. Si toute la zone était ultra-sécurisée comme on s’en doute, le pouvoir avait aussi pris soin de renforcer ses infrastructures critiques, à savoir la couverture du réseau cellulaire sans fil (avec un contrat de 15 M$ attribué à Bell pour l’installation de 13 relais de téléphonie mobile), mais aussi l’installation de la fibre optique dans cette zone dépeuplée et un peu préservée de la Malbaie (avec un contrat de 6 M$ à Bell), pour que les chefs d’État bénéficient de l’internet haut débit durant le sommet.

Bref, tout devait se dérouler sans anicroche de ce côté-là, et pourtant… et pourtant un incendie est survenu en plein G7 contre un câble à fibre optique, « rendant impossibles certaines communications sur la route 138 menant dans Charlevoix », selon un journal local. « La panne a affecté le service sans fil de Telus Mobilité et Bell Mobilité entre Beauport et Baie-Saint-Paul à la suite d’une coupure de fibre. Il y a 12 sites sans fil qui ont été affectés par cette panne ». Le Réseau intégré de télécommunication multimédia du gouvernement du Québec (RITM), qui permet le partage de services, d’informations et de données entre les organismes publics partout au Québec, a aussi été affecté à Baie-Saint-Paul, ainsi que le ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports. Les dégâts ont été tels qu’un plan B a du être activé pendant ce G7 : une solution de contournement, par le déploiement d’une nouvelle fibre.

Bien sûr, comme il ne faut pas le clamer trop fort, et montrer la vulnérabilité de dispositifs toujours à portée de mains audacieuses, l’État a parlé d’accident. Il est tout de même de ces hasards incroyables, du genre une fibre optique cruciale qui s’enflamme toute seule en plein G7 dans la zone rouge, une fibre optique en verre ou en plastique, dont les propriétés ne sont pas vraiment propices à la combustion spontanée. Alors quoi qu’ils en disent, hypothèse pour hypothèse, nous préférons penser que c’est soi le feu divin, soit une main anonyme contrariée par ce sommet des puissants qui a été l’origine de cet incendie. Et comme Dieu n’existe pas…

Pas de quartier pour les racistes, pas de racistes dans notre quartier. Hochelaga résiste.

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Juin 232018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Depuis que les derniers boneheads (des skinheads néo-nazis) ont été crissé dehors du quartier à coup de pied au cul vers 2008, le quartier Hochelaga etait redevenu un ptit paradis pour les bums comme nous, pour les punks, bref pour la contre-culture. C’est un quartier multiculturel ou on se sent bien, ou le monde se jase facilement et ou il y a beaucoup de solidarité…

Depuis le retour et la multiplication des groupes racistes au Québec depuis 2016, notre quartier n’est pas épargné mais il continue de résister et de tenir bon !

On a été heureux-ses d’apprendre que le duo de youtubeurs fachos (ils ne s’en cachent même pas) DMS aka Maxime Morin et Guillaume Beauchamp se sont fait crisser dehors du quartier par des antifascistes. On était pu capable de les endurer, jusqu’au Chic Resto Pop ou ils venaient parfois manger… les tabarnaks, ils manquaient pas d’humour de venir manger là, eux qui méprisent les plus démunis!

On s’est fait dire aussi qu’à la dernière visite des Soldiers of Odin pour venir faire chier des punks dans le quartier cet hiver, les SOO sont repartis en courant comme des lapins !

On est peut-être antifasciste mais on est pas des sauvages. Quand on croise au bar l’Espace Public deux anciens dudes du groupe de viking-nazis les Wolves Of Odin, bin on leur laisse boire leur bière sure tranquille, parce que ça à l’air que les deux dudes s’impliquent plus dans un groupe raciste. C’est ça qu’on veut, alors on vous watch, mais on fait rien tant que vous faite pas de bétises…

La fin de semaine prochaine, le dimanche 1er juillet, deux groupes racistes viennent manifester dans notre ville. Il s’agit de La Meute et de Storm Alliance. Ces groupes sont pas implantés encore à Montréal mais il faut rester vigilant. Certain.e.s de leurs membres vivent dans notre quartier !

C’est le cas de Chantal Graton militante de La Meute qui vit sur la rue Leclaire, proche du coin Ontario. On donnera pas son adresse pour le moment car elle a sa fille qui est encore au CEGEP et les enfants ne sont pas responsables du racisme de leur parents. Chantal est une addicte de facebook, elle partage des fausses nouvelles à longueur de journée et elle s’est persuadée que les musulmans nous envahissent, que le «sang» musulman pousse au crime, au viol et à la pédophilie. Hey coudonc Chantal, tu leur dit quoi à tes voisin.e.s musulman.e.s quand tu les croises dans l’est d’Hochelaga ou tu vis ? C’est qui le danger pour la sécurité des autres selon toi?

 

 

Il y a aussi Patricia «La Rebelle» Ramez militante de Storm Alliance qui vit au 2660 de la rue Théodore (à deux pas du métro Viau). Fière militante nationaliste (ce n’est pas un crime) depuis des années, elle est une grande fan du groupe de néo-nazis les Soldiers of Odin et elle déteste les «antifas» . Dernièrement elle offrait son aide aux SOO quand ils ont promis 1000$ à qui leur fournirait des informations pour retrouver les personnes qui les ont attaqué. Quand elle parle des «Fan-fans» c’est les antifas, et les «cellules» c’est comme ça que Storm Alliance appelle les antifascistes… Coudonc c’est quoi ton osti de problème quand tu préfères aider le crime organisé plutôt que des personnes qui luttent contre le fascisme ?

Ces deux là sont supposées participer à la manifestation du 1er juillet de La Meute et Sorm Alliance à Montréal . On a éssayé d’entrer en communication avec elles, on a laissé de la documentation anti-raciste devant leurs portes mais ça ne les intéresse pas, elles préfèrent s’enfermer dans le racisme, l’islamophobie, la haine de l’autre… alors que le vrai grand problème du Québec aujourd’hui, les fauteurs de troubles, c’est vous et vos groupes de racistes pathétiques!

On dévoile vos adresses pour que vous vous rendez compte que les actes ont des conséquences.

On en dévoilera prochainement d’autres dans le quartier.

Hochelaga déteste les racistes, Montréal déteste les racistes, le Québec déteste les racistes.

Signé : des habitant.e.s du quartier Hochelaga

Bienvenue en enfer : Appel à l’action le 30 juin et 1er juillet

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Juin 192018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le 1er juillet des groupes haineux comme La Meute et Storm Alliance annoncent une manifestation à Montréal contre l’immigration illégale. Ça tombe mal pour eux car nous n’aimons pas les racistes et nous n’aimons par le 1er juillet, la fête du Canada colonial.

Les racistes oublient où ils s’apprêtent à foutre les pieds… Montréal est contre les racistes et nous allons le leur rappeler. Il faudra plus que des dizaines de policier anti-émeutes pour leur permettre de manifester.

Nous appelons TOUTES les personnes qui se sentent interpellées par la présence de ces racistes à réagir par des actions concrètes, partout dans la province :

– la fin de semaine du 30 juin – 1er juillet, multiplions les actions directes ou symboliques, contre le racisme et le colonialisme.

– jusqu’au 1er juillet, redécorons la ville avec des stickers, graffitis, posters, etc… afin que partout on ne lise qu’un seul message sur les murs de la ville : «Fuck La Meute»

Un mur gris proche de chez vous? Des tracts à distribuer? Une adresse que vous gardiez pour une bonne occasion? Quelques affiches à poser dans votre quartier? C’est le moment :)

Frappons partout. C’est une responsabilité collective.

Envoyez nous vos photos et rapports d’actions à welcometohell@riseup.net

Affiche

Nuit chaude

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Juin 172018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Par une récente nuit de juin, un bâtiment de Ciment McInnis crame aux abords de l’abominable cimenterie de Port-Daniel, ne laissant derrière lui qu’un squelette calciné. Ce feu brule pour nos coeurs humiliés. Que les cendres retournent à ces terres qu’illes ont dévastées impunément et les arbres reprendront le reste.

Endossement et appel au contingent antifasciste: “Manifestation Un statut pour toutes et tous” (16/06/2018)

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Juin 152018
 

De Montréal-Antifasciste

Depuis 2004, nos camarades de Solidarité sans frontières ont organisé annuellement une marche “Un statut pour toutes et tous” pour revendiquer un arrêt aux déportations et aux détentions d’immigrant-es, et pour appuyer l’ouverture des frontières et la régularisation pour tous-tes immigrant-es et réfugié-es. La marche vise également à revendiquer la création d’une vraie “ville sanctuaire” à Montréal.

En tant qu’antifascistes, nous appuyons de tout coeur ces revendications – nous rejetons toutes frontières coloniales et impérialistes, et voulons que tous-tes migrant-es qui les traversent soient traité-es avec respect et dignité. La cause de la justice migrante nous tient à coeur, spécialement dans le climat politique actuel, où l’on constate une montée de l’extrême droite et une normalisation croissante d’une rhétorique anti-immigrante et islamophobe au sein des partis politiques et des médias de masse. Dans ce contexte, il est plus important que jamais d’assurer une forte présence d’antifascistes au sein de la lutte pour la justice migrante, à Montréal comme ailleurs.

Montréal Antifasciste endosse la manifestation “Un statut pour toutes et tous,” et souhaite participer concrètement en appellant à un contingent antifasciste. Comme d’habitude, nous invitons tous-tes camarades à nous rejoindre derrière la bannière de Montréal Antifasciste!

Infos événement:

“Ouvrons les frontières! Un statut pour toutes et tous!”
Manifestation festive
Le samedi 16 juin à 14h
Place de la Gare Jean-Talon (métro Parc)
Coin de Hutchison/Ogilvy.

Cet événement est familial.

Événement Facebook: https://www.facebook.com/events/1804751619671476/
Site Web: www.solidarityacrossborders.org

Déclaration de la zone d’expression populaire

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Juin 112018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

8 juin 2018, soit disant québec

Face à l’abonimable déploiement du dispositif sécuritaire mis sur place pendant le G7, nous avons décidé de nous organiser entre amiEs et de bloquer l’autoroute Dufrin-Momorency nous-même. On avait bien vu que les rendez-vous et autres actions appelées par le RAG7, par la CLAC et cie n’avaient aucune chance de nous permettre de vivre quelque chose de sérieusement amusant et pour tout dire, on n’avait pas envie de rester découragéEs à rien faire pendant que nos quartiers étaient pris d’assault par les flics.

Euphoriques, nous avons installé sur l’intersection des divans et meublé l’espace avec des bannières, des rires et des chansons. Des camarades ont mis leurs corps entre l’espace nommé pour l’occasion Zone d’expression populaire et l’anti-émeute pour nous permettre de s’amuser encore un peu pis on a fini par mettre le feu au salon et partir en manif dans la ville.

La vie, ou rien…

Les médias, omnubilés par les divans en flammes, n’ont pas cru bon de relayer le communiqué de la Brigade Espace Public (BEP). Nous avons donc choisi de le difuser ici :

Brigade espace public : pas de panique, tout est sous contrôle

C’est bien le problème.

Même la possibilité de critiquer l’État est encadré par la police et les clôtures. Des zones de libre expression emmurées, des manifestations permises à conditions de ne déranger personne. On s’est fait voler le monde jusqu’à la possibilité de le remettre en question. Et tranquillement le monde reste à sa place, devant son téléviseur, accroché à la radio, suspendu aux écrans.

Chaque année, c’est la même pièce de théâtre qui se rejoue : tout le monde est là, à son poste. La dictature des ordres atteint son paroxysme et les peuples tentent tant bien que mal de montrer une opposition organisée à ce spectacle.

Alors qu’on nous gave de messages de peur face aux possibles montées de tension entre police et manifestant.es, ceux qui discutent sécurité et répression, extraction pétrolière et colonisation, guerre et haine des migrant-e-s, exploitation des travailleuses et déréglementation ont le beau jeu. La question de la violence doit être posée sur un autre plan.

Cette zone d’expression populaire est à l’opposé de cette bouffonnerie, de ce désert que vous appelez G7. C’est la réappropriation par le bas, par la rue, de nos vie, de nos corps, le réapprentissage du territoire et de la liberté de se mettre en action contre la misère de ce système pourri.

Ici, on arrête le vieux monde. Ici, on creuse le nôtre dans les failles de son pouvoir en déclin. Ici est maintenant, c’est la vie.

Le 8 juin, stoppons le G7 !

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Juin 052018
 

Du RRAG7

Vendredi, juin 8, 2018 – 07:30
Coin des boulevards François-de-Laval et Sainte-Anne

Pour le début du sommet du G7, les élites de ce monde seront à La Malbaie, isolées dans une tour d’ivoire protégée par plus d’un demi-milliard en coûts de sécurité. Eh bien ! qu’elles y restent ! Les populations du monde s’en porteront bien mieux et c’est pourquoi nous entendons couper les ponts avec ceux et celles qui causent notre misère. Joignez-vous à nous !

Rendez-vous à 7h30 PILE le matin dans le stationnement du Normandin, au coin des boulevards François-De Laval et Sainte-Anne, dans l’arrondissement de Beauport, à 5km au nord-est du centre-ville.

Manifestation du 7 juin : populaire et unitaire contre le G7 et pour l’ouverture des frontières !

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Juin 052018
 

Du RRAG7

  • 7 juin 2018 à 18h au Parc des Braves (750, ch. Sainte-Foy, Québec)
  • Manifestation populaire et unitaire contre le G7 et pour l’ouverture des frontières !
  • À bas l’exploitation capitaliste, le colonialisme et les politiques racistes et sexistes !

Les chefs d’État des sept principales puissances impérialistes et coloniales de la planète se réuniront les 8 et 9 juin prochains, dans le cadre du Sommet du G7 qui se tiendra au Manoir Richelieu à La Malbaie. C’est le moment privilégié par l’élite mondiale pour célébrer en grande pompe sa position dominante au sein de l’économie capitaliste. Alors qu’ils disent vouloir s’entretenir de croissance économique, de création d’emplois, d’égalité des genres et de changements climatiques, nous savons qu’en réalité les rencontres du G7 sont déterminantes pour l’organisation mondiale de l’économie en fonction des intérêts des banques, des industries pétrolières, agroalimentaires, pharmaceutiques, technologiques et de l’armement.

Ainsi, pendant que l’Occident exploite la force de travail et les richesses dans les pays du Sud, causant misère, destruction environnementale, guerres et déplacements forcés, les pays du G7 feignent de s’étonner de la « crise migratoire » qui fait rage. Après avoir complètement détruit les conditions de vies des peuples pour permettre l’enrichissement d’une infime minorité, ils ferment les frontières des « forteresses » occidentales. Pour gagner l’appui de l’opinion publique à ces politiques, ils entretiennent la peur de l’autre par des discours, repris par les médias, qui encouragent la montée du racisme et de l’extrême droite. Pendant ce temps, les gouvernements des pays du G7 appliquent des mesures d’austérité qui entraînent la dégradation des conditions de travail des travailleurs et travailleuses et contraignent les sans-emploi à vendre leur force de travail pour répondre aux « besoins du marché ».

Démontrons-leur notre volonté de combattre ce système injuste tant qu’il le faudra ! Le Canada colonial et patriarcal érige ses clôtures de la honte sur des terres autochtones non cédées pour permettre aux dirigeants du G7 de se réunir à La Malbaie, tout comme il impose aux communautés autochtones ses frontières et son découpage territorial depuis plus de 500 ans. Ne les laissons pas faire ! À la peur et à l’imposition de ce système, répondons par la lutte, la dignité et la solidarité entre les peuples !

Le 7 juin prochain, joignez-vous à nous pour une grande manifestation festive, populaire et unitaire contre le G7, le capitalisme, le patriarcat, le colonialisme, le racisme et les frontières ! Dénonçons la destruction écologique par l’exploitation illimitée des ressources naturelles ! Parce que le monde dans lequel nous vivons peut et doit être meilleur, pour tous et toutes et pour les générations à venir !

Les groupes qui veulent endosser l’appel doivent écrire à: repac@repac.org

Organisé par :

Page Facebook de l’événement : https://fr-ca.facebook.com/events/372541903233181/

Itinéraire de la manifestation du 7 juin :

Groupes qui endossent la manifestation :

  1. AmiEs de la Terre de Québec
  2. Association étudiante des cycles supérieurs de science politique de l’UQAM (AECSSP)
  3. Association of McGill University Support Employees (AMUSE) / Syndicat des employé-e-s occasionnel-le-s de l’Université McGill
  4. Association pour la défense des droits sociaux Québec métropolitain (ADDS QM)
  5. Centre d’entraide Émotions
  6. Centre-Femme aux Plurielles
  7. Centre-Femmes La Jardilec
  8. Centre femmes d’aujourd’hui
  9. CKUT Radio-McGill
  10. Collectif anarchiste Emma Goldman
  11. Collectif opposé à la brutalité policière (COBP)
  12. Collectif d’éducation et de diffusion anarcho-syndicaliste // Anarcho-syndicalist collective for education and diffusion
  13. Comité des citoyens et des citoyennes du quartier Saint-Sauveur
  14. Comité B.A.I.L.S de Hochelaga-Maisonneuve
  15. Comité logement du Plateau Mont-Royal
  16. Comité populaire Saint-Jean-Baptiste
  17. Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL)
  18. Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC-Montréal)
  19. Corporation pour la défense des droits sociaux (CDDS) de Lotbinière
  20. Droit de parole
  21. Eau Secours
  22. Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU)
  23. Hoodstock
  24. IWW/SITT Québec
  25. L’R des centres de femmes du Québec
  26. Les Alter Citoyens
  27. Les AmiEs de la Terre de Québe
  28. Ligue internationale de la lutte des peuples
  29. Maison des Femmes de Québec
  30. Mandragore
  31. Midnight Kitchen Collective
  32. Montreal-antifasciste
  33. Montréal-Nord Républik (M-NR)
  34. Mouvement d’éducation populaire autonome de Lanaudière (MÉPAL)
  35. Mouvement d’éducation populaire et d’action communautaire du Québec (MÉPACQ)
  36. Ni Québec, ni Canada: projet anticolonial
  37. POPIR-Comité logement
  38. Projet Accompagnement et Solidarité Colombie (PASC)
  39. Regroupement d’éducation populaire de l’Abitibi-Témiscamingue (RÉPAT)
  40. Regroupement d’éducation populaire en action communautaire des régions de Québec et Chaudière-Appalaches (RÉPAC 03-12)
  41. Regroupement des femmes sans emploi du nord de Québec (ROSE du Nord)
  42. Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale (Québec-Portneuf-Charlevoix)
  43. Regroupement des organismes communautaires de la région de Québec (ROC 03)
  44. Regroupement intersectoriel des organismes communautaires de Montréal
  45. Réseau de résistance anti-G7 (RRAG7)
  46. Réseau du Forum Social Québec-Chaudière-Appalaches
  47. Regroupement des organismes d’éducation populaire autonome de la Mauricie (ROÉPAM)
  48. Solidarité Sans Frontières
  49. Table régionale des organismes volontaires d’éducation populaire (TROVEP) de Montréal
  50. Table ronde des organismes volontaires d’éducation populaire autonome de l’Estrie (TROVEP)
  51. Tadamon
  52. Union des Africains du Québec et amis solidaires de l’Afrique

Soldiers of Odin à Montréal: la police protège (encore) les nazis!

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Mai 272018
 

De Montréal-Antifasciste

Le samedi 12 mai avait lieu à Montréal une manifestation dans le quartier Rosemont-La Petite-Patrie pour dénoncer publiquement la présence de Gabriel Sohier Chaput, un idéologue néonazi étroitement lié au Daily Stormer, un site de propagande néonazie considéré comme l’un des plus influents au monde en ce moment. Des antifascistes de Montréal ont révélé que Sohier Chaput, dont le principal pseudonyme est « Zeiger », habitait jusqu’à tout récemment au 6308, rue Fabre. Zeiger était par ailleurs l’un des principaux animateurs de ce qu’ils appellent un « Stormer Book Club » à Montréal, un genre de club social pour jeunes hommes s’identifiant à l’Alt-Right néonazie.

Depuis plusieurs mois, des antifascistes de Montréal savaient qu’un autre sympathisant nazi, Philippe Gendron, dont il a été question à quelques reprises sur ce site, habitait lui aussi sur cette même rue. Philippe Gendron est l’un des petits chefs de la section québécoise des Soldiers of Odin, une organisation anti-immigration fondée en Finlande en 2015 par Mika Ranta, un suprémaciste blanc notoire lié au Mouvement de résistance nordique. On se souvient notamment de Gendron comme l’un des cabochons qui avaient essayé d’organiser une manifestation contre l’arrivée de réfugié.e.s haïtien.ne.s au Stade olympique en août 2017, une action qui s’est avérée un fiasco complet lorsque tous les principaux groupes d’extrême droite ont retiré leur appui à l’événement un à un par crainte d’être associés à un nazi.

Jusqu’à tous récemment, les Soldats d’Odin se défendaient encore d’être racistes ou opposés à l’immigration. Le 21 mars dernier, lors d’une pitoyable intervention au Cégep Édouard-Montpetit visant à chahuter une conférence portant sur l’extrême droite au Québec, Katy Latulippe (« présidente provinciale » et « porte-parole pour le Canada ») niait que Mika Ranta soit encore associé à l’organisation, et suggérait sarcastiquement qu’il était absurde de croire que les SoO puissent être considérés comme néonazis. Pourtant, en mai 2018, Mika Ranta pose encore publiquement avec l’emblème des SoO, et est encore très proche de l’actuel leader suprême de l’organisation, Kimmo Pekkarinen.

« Je ne saurais que dire de plus », a-t-elle bégayé lorsque les conférenciers lui ont demandé de préciser exactement quels éléments de leur allocution étaient erronés selon elle. C’est cela, oui.

Le fondateur des Soldiers of Odin, le néonazi Mika Ranta, porte toujours les couleurs de l’organisation en date du 20 mai 2018.

Philippe Gendron est ami avec Kimmo Pekkarinen, leader international du réseau d’extrême droite anti-immigration Soldiers of Odin. Notons le commentaire “White Pride 1488” ; 14 88 fait référence aux “14 words”, un code nazi universellement reconnu, et à “Heil Hitler”, la lettre “h” étant la huitième lettre de l’alphabet. Le motif en filigrane de la photo de profil de Gendron est un “Soleil noir”, un autre symbole nazi.

Or, toute prétention de SoO Québec à se défaire de l’image d’ordures racistes que le crew traîne depuis sa création s’est envolée en fumée le 12 mai 2018, lorsqu’une vingtaine d’individus liés aux différents groupes d’extrême droite du Québec (dont certains n’ont aucun scrupule à s’afficher eux-mêmes ouvertement comme néonazis) se sont rendus au domicile de Philippe Gendron pour le protéger « contre les antifas » qui, dans leurs esprits engourdis par la peur, s’en venaient en horde détruire sa maison! (Un délire d’ailleurs gobé tout entier par les brillants fantassins du SPVM, selon une résidente du quartier qui s’est fait dire que l’anti-émeute s’était déployée massivement dans le secteur pour empêcher la manifestation antiraciste de « détruire un appartement ».)

Quiconque a aperçu, dans les médias ou ailleurs, des photos de ladite manif a pu se rendre compte qu’elle était composée d’un peu plus d’une centaine de personnes, dont la très grande majorité de familles, de jeunes et de personnes âgées avançant à visage découvert pour s’adresser directement aux résident.e.s du quartier. Pas exactement la menace terroriste dont les fachos et la police agitent le spectre…

Manifestation antiraciste devant le domicile du propagandiste néonazi Gabriel Sohier Chaput, alias Zeiger, au 6308 rue Fabre, à Montréal, le 12 mai 2018. Photo: Document Everything

Après un bref passage devant le domicile de Sohier Chaput, la manif antiraciste a repris la rue Fabre vers le nord pour se diriger vers celui de Gendron, à peine deux blocs plus loin. À l’intersection de Fabre et Saint-Zotique, le SPVM avait déployé un dispositif de sécurité imposant, avec un fourgon stationné au milieu de la rue pour bloquer la circulation, et des pelotons d’anti-émeute de chaque côté du fourgon pour bloquer le passage sur les trottoirs.

Manifestation antiraciste au coin des rues Fabre et Saint-Zotique à Montréal, à quelques mètres du domicile de Philippe Gendron, un militant néonazi des Soldiers of Odin Québec, le 12 mai 2018. Photo: Document Everything

À moins d’une centaine de mètres, l’on pouvait apercevoir un groupe d’individus qui faisaient nerveusement le pied de grue sur le trottoir face au 6735, rue Fabre, où Gendron habite.

Groupe d’individus mobilisés devant le domicile du néonazi Philippe Gendron, au 6735 rue Fabre à Montréal, le 12 mai 2018.

Groupe d’individus mobilisés devant le domicile du néonazi Philippe Gendron, au 6735 rue Fabre à Montréal, le 12 mai 2018.

Dans une série de vidéos mise en ligne par Robin « le prophète » Simon, on entend celui-ci répéter à quatre ou cinq reprises que son groupe de fachos n’a rien à craindre, puisque la police les protège…

Après une dizaine de minutes à cette intersection, à expliquer aux résident.e.s et aux passant.e.s la raison de la manifestation, le cortège a repris son chemin pour se rendre au métro Fabre et se disperser calmement. Des affiches et des tracts informatifs sur Gabriel Sohier Chaput et Philippe Gendron ont aussi été distribués. Fin de l’événement. Sauf que…

Manifestation antiraciste à Rosemont-La Petite-patrie, le 12 mai 2018. Photo: Document Everything

Quelque notes sur le bonehead Philippe Gendron…

Revenons un instant en images sur ce personnage. Juste pour que tout le monde comprenne bien que Philippe Gendron des SoO est bel et bien un néonazi, y compris les gens qui le défendent encore. À cet égard : si vous le défendez encore après avoir constaté ces preuves de son alignement idéologique, vous n’êtes pas mieux que lui et ses petits camarades nazis.

Philippe Gendron, des Soldiers of Odin

Philippe Gendron des Soldiers of Odin, fait le salut nazi en compagnie de Benoit Asselin, un proche du Québec Stomper Crew.

Philippe Gendron, des Soldiers of Odin, portant fièrement un drapeau fait sur commande combinant la fleur de lys au Soleil noir, un symbole occulte nazi.

Philippe Gendron, des Soldiers of Odin, portant une boucle de ceinture à l’effigie du Totenkopf, l’emblème universellement reconnu de la Waffen-SS, les troupes de choc nazies.

Philippe Gendron, des Soldiers of Odin, jouant au tough dans une manifestation du Front patriotique du Québec, le 23 avril 2017.

Philippe Gendron, des Soldiers of Odin, en 2017. Notons l’autocollant de la Fédération des Québécois de souche.

Prenons tout le même le temps de féliciter Katy et Philippe pour avoir trouvé l’amour dans ce monde cruel. En espérant que votre idylle soit plus solide et dure plus longtemps que les dernières relations foireuses de Philippe. Ça serait dommage que votre groupe de boneheads implose à cause d’une amourette déçue…

Notons aussi que Gendron travaille encore aujourd’hui à la Pizzeria Villeray, sur la rue Villeray, au coin de Saint-Denis.

 

Sur l’attention particulière portée aux SoO par les antifascistes de Montréal…

Le 13 mai dernier, Norm SoO publiait sur la page publique des Soldiers Of Odin un billet à l’effet que son groupe de boneheads racistes était victime « d’acharnement de la part des antifas ces derniers temps ». Il est vrai que plusieurs membres des SoO semblent avoir été visés récemment par des représailles. Un article anonyme publié sur Montréal Contre-info en mars dernier laisse entendre que les véhicules de Katy Latulippe, Stéphane Blouin et Simon Arcand ont été vandalisés, ce que confirme le billet de Norm SoO. De plus, Philippe Gendron se plaint dans un article du Vice d’avoir été attaqué devant son domicile.

Ce que Norm SoO omet de préciser dans son appel aux snitches, c’est que son groupe provoque ouvertement les antifascistes depuis plusieurs mois, non seulement en patrouillant les rues du centre-ville et de La Petite-Patrie full patchés, comme nous l’avons déjà documenté, mais en arrachant des affiches, en volant des bannières ou en plantant leur drapeau sur des bastions de l’extrême gauche à Montréal, et en se vantant par la suite sur Facebook de « faire le ménage » et du fait que les antifascistes ne font rien pour les arrêter.

Il va sans dire que ce genre de comportement appelle des représailles. À moins d’être complètement abruti, on ne joue pas avec le feu sans s’attendre à se brûler les doigts un moment donné…

Sur le groupe d’individus mobilisés le 12 mai à la défense de Gendron…

Mais revenons au contingent de racistes réunis devant le 6735 rue Fabre, le 12 mai dernier. Voici en galerie le groupe d’individus qui se sont rendus chez Philippe Gendron pour protéger cette ordure nazie.

Ian Alarie (SoO)
(Note: l’acronyme NSBM sur son t-shirt fait référence au National-Socialist black metal, et spécifiquement à Misanthropic Division Vinland.)

David Leblanc (SoO)
Danny Bédard (SoO)
Burn SoO
Pascal Giroux (SoO)
Katy Latulippe (SoO)

William Dou (Storm Alliance)
Daniel Fortin (Storm Alliance)
Sylvain Lacroix (Front patriotique du Québec)
André Lavigueur
Robin « le prophète » Simon (caméraman poche avec le shake en estie)
Robert Proulx (III%)
Shawn Roy (III%)
Éric Vachon (III%)
(III%)
(SoO)
 
Mario Dallaire
 
 
 

Et les recoupements entre les différents groupes d’extrême droite se confirment…

Soulignons pour conclure que plusieurs des individus ci-dessus ont aussi été aperçus à la manifestation anti-immigration de Storm Alliance à la frontière, le 19 mai. Ce recoupement confirme ce que nous disons depuis plus d’un an, à savoir que les membres de ces différents groupes se connaissent et se fréquentent régulièrement, selon un continuum allant des « monon’c racistes » de La Meute jusqu’aux néofascistes d’Atalante et aux néonazis de l’alt-right comme Shawn Beauvais-MacDonald, en passant par les miliciens de pacotille des Three Percenters.

Une nouvelle journée, un nouveau doxx.

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Mai 202018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Récemment, depuis la sortie de l’information que le bloggeur ‘Zeiger’ de Daily Stormer et le forum privé ‘Montreal Stormer Book Club’ étaient actifs en ville, des centaines d’affiches sont apparues dans les rues de Montréal pour exposer l’identité d’autres ordures nazies. Certaines de ces affiches contiennent les adresses, inconnues jusqu’avant, de Vincent Bélanger Mercure (4350 avenue Melrose) et de Philippe Gendron (6735 rue Fabre).

Voici les fichiers que vous pouvez imprimer et coller vous-mêmes. Soyez prudent-e-s, et attention aux fachos – certains auraient été vu en panique, devant leur propre visage placardé dans leur quartier, tentant de les arracher.

Shawn Beavais-Macdonald en anglais et en français Vincent Bélanger Mercure en anglais et en français. Adresse : 4350 avenue Melrose Gabriel Sohier Chaput en français. Adresse : 6308 rue Fabre Phillipe Gendron en français. Adresse : 6735 rue Fabre Quelques autres losers (noms inconnus), en anglais et en français.

Prison pour migrant-e-s : une bande anti-construction libère des milliers de criquets dans les bureaux d’architectes

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Mai 192018
 

Le siège social de Lemay, 3500 rue Saint-Jacques

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Tôt un matin d’avril 2018, notre équipe de construction amateur a relâché des milliers de criquets dans les nouveaux quartiers généraux de la compagnie d’architecture montréalaise Lemay. Nous avons arraché un mur de plywood d’un côté du bâtiment et avons laissé entrer les criquets dans leurs tout nouveaux locaux. En effet, la compagnie Lemay et le Groupe A (situé à Québec) ont obtenu un contrat pour construire un nouveau centre de détention de migrant-e-s à Laval, en banlieue de Montréal. Son ouverture est prévue pour 2020. Nous sommes opposé-e-s aux frontières, aux prisons et aux centres de détention de migrant-e-s. Nous luttons pour un monde où toutes et tous sont libres de se déplacer et de s’établir; un monde libre de la suprématie blanche, du capitalisme, du colonialisme et du patriarcat.

Nous voyons cette action comme le début d’un effort concerté pour empêcher la construction de ce nouveau centre de détention de migrant-e-s. Les criquets sont reputés pour se reproduire rapidement et sont particulièrement difficiles à exterminer; leur bruit constant et leur prolifération rapide dans n’importe quel espace font de ces derniers bien plus qu’une simple nuisance. Ils se multiplieront dans les murs du bâtiment greenwashé de Lemay, dans Saint-Henri, un quartier en gentrification, et ce, même après que le mur que nous avons enlevé ne soit remplacé. Pendant ce temps, notre résistance s’organisera face au centre de détention des migrant-e-s et à tout ce qu’il représente.

Ce nouveau centre de détention pour migrant-e-s à Laval a été proposé dans le cadre d’un «ajustement» du système d’immigration proposé par le gouvernement canadien. La plus grande partie de cet ajustement est dirigé vers les infrastructures : des 138 millions accordés, 122 seront dépensés dans la construction de deux nouveaux centres de détention (à Laval et à Surrey, en Colombie-Britannique) ainsi que dans l’amélioration du centre de détention en fonction à Toronto. Le gouvernement justifie ces mesures en prétendant que les «centres» (pour ne pas dire prisons) ne respectent pas les standards internationaux. Il y a d’ailleurs quelque chose d’ironique à voir que tout en investissant dans de nouvelles prisons pour migrant-e-s, il prétend vouloir trouver des alternatives à la détention.

Ces nouvelles installations sont présentées comme des “meilleures” prisons. Elles sont supposément issues d’un design “non-institutionnel” et ont des espaces extérieurs et un accès facile aux familles ainsi qu’aux représentant-e-s d’ONG, mais priorisent tout de même la “sécurité publique” par l’incarcération. Les compagnies mandatés pour la construction du centre à Laval sont connues pour concevoir des palais de justice et des prisons “LEED”, ainsi que des bibliothèques et des pavillons universitaires. Il est difficile d’imaginer que cette nouvelle prison ne donnera pas une impression “institutionnelle”. La tentative du gouvernement Trudeau rappelle celle par le gouverment fédéral dans le système carcéral pour femmes des années 90 et la tentative du gouvernement ontarien d’assouplir son système carcéral. Les réformes dans les centres de détention visent à redécorer des bâtiments d’où il est interdit de sortir pour prétendre qu’il est acceptable d’y enfermer des personnes.

La nouvelle prison de Laval semble avoir une capacité semblable ou légèrement supérieure à celle du centre présentement en fonction (de 109 à 144 personnes, la nouvelle aurait une capacité d’enfermer 121 personnes). Alors que les dernières années enregistrent un taux plus bas d’incarcération de migrant-e-s et que les gouvernements prétendent vouloir le réduire davantage, ce projet laisse penser qu’il ne s’agit que de mensonges. Étonnant. Comme il a été dit, “construisez les, et ils se rempliront”. Il est peu probable d’assister à une réduction du nombre de détenu-e-s.

Voyons cela de plus près. En tant qu’acteur de l’”ajustement” du système d’immigration, le ministre de la sécurité publique Ralph Goodale a annoncé l’intention du gouvernement d’explorer des “alternatives à l’incarcération”. Dans le rapport qui a été écrit sur la réforme, le gouvernement affirme que les alternatives à l’incarcération incluent “la possibilité de s’identifier par téléphone pour ne pas avoir besoin de se rendre en personne aux services frontaliers, l’augmentation de la liberté de mouvement, la facilitation des critères et l’optimisation de l’efficacité”. C’est-à-dire rendre le travail des flics des frontières plus facile et sauver de l’argent.

Les alternatives les plus connues de l’incarceration des migrant-e-s incluent les maisons de transition et le port de bracelets électroniques ainsi que la probation à travers des ONG qui sont prêtes à agir comme gardiens de prison. Ces mesures sont préférables à l’enfermement. Alors que la prison est le bâton qui menace de frapper, elles représentent la carotte qui discipline. Dans tous les cas, elles servent de légitimation à l’usage de l’emprisonnement (“nous vous avons donné le choix d’utiliser la reconnaissance vocale même si vous ne pouviez pas régulariser votre statut car vous alliez être déporté-e, mais vous avez disparu, il faut donc vous jetter en prison”). Les alternatives à la détention sont des formes plus sophistiquées de contrôle de migrant-e-s qui permettent à l’État de paraître charitable tout en déportant et en emprisonnant des personnes qui ne les respectent pas.

La stratégie d’implanter des alternatives à la détention ne ferait qu’accentuer la collaboration entre les ONGs et le gouvernement pour la détention des migrant-e-s, en échange du financement pour payer les salaires des employé-e-s. En 2017, le gouvernement a signé un nouveau contrat avec la Croix Rouge pour évaluer les conditions dans les centres de détention des migrant-e-s. Par contre, la Croix Rouge surveille techniquement ces conditions depuis 1999, il s’agit seulement de la première fois qu’ils reçoivent un “financement de base” de la part du gouvernement. Avec 1.14 million en deux ans, la Croix Rouge continuera à “évaluer” les centres de détention et à dire au gouvernement que tout va pour le mieux, légitimant la continuation de l’emprisonnement des migrant-e-s. N’est-ce pas merveilleux, quand les ONGs font bien paraître la répression du gouvernement?

Qu’est-ce qui ressort de cet ajustement au final? Plus d’argent pour les prisons répressives, un peu d’argent pour des formes moins violentes de contrôle des mouvements et un peu pour la Croix Rouge. Dans le contexte des migrations à la frontière américaine de ceux et celles qui fuient le régime de Trump, un contexte où la plupart de ces personnes n’obtiendront jamais de statut de réfugié et pourraient bien se retrouver dans un centre de détention, nous voulons empêcher la construction de ce nouveau centre de détention des migrant-e-s. Selon nous, c’est un moment opportun, c’est même le seul moment, pour intervenir pour arrêter le cours des choses. Nous nous mobilisons contre cette nouvelle prison en gardant en tête que nous voulons aussi faire fermer l’ancienne. Nous voyons la prévention de la construction de cette prison uniquement comme une partie d’un combat bien plus grand pour détruire celles qui existent déjà.

En plus de placer cette lutte dans le contexte d’une “crise migratoire” globale, nous comprenons aussi que celle-ci s’inscrit aussi dans le contexte de la montée de l’extrême droite. Storm Alliance, un groupe d’extrême droite raciste et anti-immigration a organisé une poignée de maniestations à la frontière, souvent rejoint par La Meute, un groupe populiste spécifiquement québécois. Influencé par les rhétoriques anti-immigrante et d’extrême droite sur internet, Alexandre Bissonnette a fusillé et tué six personnes dans une mosquée de Québec il y a un an et demi. TVA et le Journal de Montréal ont aussi publié une fausse nouvelle islamophobe pour faire mousser la haine.

Avec tout cela en tête, nous comprenons que la lutte contre la construction de ce nouveau centre de détention est une lutte anti-fasciste, qui est elle-même une lutte contre la suprémacie blanche. Nous souhaitons lier nos actions avec celles d’autres personnes dans nos communautés, proches et éloignées, qui se battent également contre la suprémacie blanche et la montée de l’extrême droite. Même si nous combattons le libéralisme et sont gouvernement actuel au Canada, nous nous battons aussi contre l’extrême droite et leurs désirs d’un avenir plus violent.

Nous sommes inspiré-e-s par l’action récente pour empêcher la déportation de Lucy Granados. Nous sommes inspiré-e-s par le courage quotidien des personnes sans statut et par ceux et celles qui s’organisent et se rassemblent pour protéger nos communautés. Nous sommes inspiré-e-s par toutes les personnes qui se lèvent contre les frontières, les prisons et les autres formes de domination. Nous sommes inspiré-e-s à lutter pour leur liberté de s’installer et de se déplacer, et vous appelons à lutter avec nous.

Lemay n’est pas la seule entreprise impliquée dans la conception et la construction de la prison, et n’est donc pas le seul point de pression possible. Des plans architecturaux de Lemay, aux contributions du Groupe A, aux matériaux et aux équipes de constructions, il faut des ressources multiples pour bâtir une prison. Ceci est un appel pour plus de recherche, de discussions, et d’actions autour de Lemay spécifiquement, mais aussi de toutes les autres firmes et groupes qui sont impliquées dans le projet. Nous espérons voir d’autres bandes anti-construction agir dans le futur et nous espérons que ce projet devienne l’objet d’une campagne soutenue, capable de rassembler plusieurs personnes et groupes vers un futur sans prisons ni frontières.

Nous espérons que la résistance à cette prison continuera de proliférer, plus vite et plus loin que ces milliers de criquets.

12 au 19 mai : Appel international à une semaine d’actions contre les infrastructures pétrolières et gazières

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Mai 062018
 

De It’s Going Down

Bloquez les flux des capitaux et des énergies fossiles. Construisez de nouvelles relations et de nouveaux mondes à travers la lutte. Combattez où vous le pouvez. Rencontrez-vous. Du 12 au 19 mai et à chaque jour.

Dans notre vie quotidienne, dans les écosystèmes que nous habitons, dans les conditions météorologiques toujours plus étranges et violentes auxquelles nous sommes sujet.te.s, et même dans les médias capitalistes les plus mainstream, nous sommes bombardé.e.s par la preuve terrible d’une certitude que nous avions depuis longtemps : les changements climatiques catastrophiques n’iront qu’en s’aggravant à mesure que plus de combustibles fossiles sont extraits et brûlés. Parallèlement, une multitude d’autres crises, écologiques et humaines, nous affectent. Face à cette situation, on prétend qu’il n’existe que trois options: le déni, le désespoir et la délégation à des ‘experts’, à ceux qui sont ’employés’ à régler ces problèmes – par les moyens mêmes qui nous ont mené.e.s. ici.

Cependant, autour du monde, des esprits braves et compatissants ont montré qu’il est aussi possible de choisir la résistance. De l’opposition à la défiguration minière des Appalaches à la rébellion contre Shell Oil dans le delta du Niger, des blocages d’oléoducs à travers l’Île de la Tortue (‘l’Amérique du Nord’), à toutes les personnes qui ont tenu tête à ceux qui menacent leurs terres, contre le pillage et la dévastation, nous avons des milliers d’exemples de communautés qui se mobilisent sans l’État et contre lui pour défendre et prendre soin de ce qu’elles aiment et ce dont elles dépendent.

À travers la résistance, nous renforçons les liens humains et non-humains qui nous tiennent vivant.e.s et puissant.e.s. Aux soi-disant ‘États-Unis’, nous avons vu une génération ressurgir à travers l’opposition au Dakota Access Pipeline à Standing Rock. Au ‘Québec’, le blocage du point d’extraction Galt de Junex quelques mois plus tard a créé l’enthousiasme et a développé de nouvelles relations aux territoires. L’État cherchera toujours à nous diviser et à nous affaiblir par la peur et la cooptation – pour déjouer leurs stratégies, nous devons nous rappeler nos forces : l’attention et le soin que nous nous portons, le courage de nos actions.

Ceci est un appel à une multitude d’actions contre les infrastructures de l’économie des énergies fossiles. Le projet capitaliste de destruction et de dépossession apparaît souvent comme tout-puissant. Il revient à nous de montrer la vulnérabilité des connexions du système. Ceci est donc une invitation à agir de la manière la plus sensée en regard des expériences et situations des communautés et des individus. Il n’existe aucune limite quant aux possibilités de résistance.

Quelques idées pour s’orienter :

-Quelles infrastructures d’énergie fossile sont actives dans votre région? Oléoducs, mines, raffineries, puits, machinerie, matériel, chaîne d’approvisionnement, capital…

-Quels sont les points critiques et les zones vulnérables? Dans un rapport avantageux entre perturbation et risques : qu’est-ce qui peut être fait?

-Quel est le contexte social dans lequel vous vivez? Qu’est-ce qui affecte directement la vie de la communauté, qu’est-ce qui fait sens pour elle? Quel est votre rapport au territoire et aux gens qui l’habitent?

-Toute lutte nécessite une large variété de tâches pour survivre, s’amplifier, se généraliser. L’organisation, la publication, la cuisine, l’écriture, l’art, le réseautage, la réflexion, l’action directe clandestine ou ouverte de plusieurs natures, la fête, le soutien technique… Quels sont les luttes actives et leurs besoins dans votre région? Qu’êtes vous capables de faire et qu’est-ce qui vous attire?

-Quelles sont les formes de vie et de résistances autochtones autour de vous présentement et historiquement?

Contre leur monde, renforçons-nous en inventant les nôtres et en s’inventant nous-même.

Montréal… fais la connaissance de tes ordures néonazies

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Mai 052018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Au cours de la dernière année, des antifascistes de Montréal ont réussi à identifier un certain nombre d’individus, et finalement un petit groupe plutôt pitoyable d’hommes dans la vingtaine et la trentaine, surtout actifs en ligne mais s’efforçant d’établir une réaction néonazie « en personne » dans notre ville. Évoluant parfois sous la bannière « Alt-Right Montreal », ou ARM, ou ARM & Hammer, ces individus sont également liés à Generation Identity (qui a depuis changé son image de marque et pris le nom de ID Canada), le groupe fantôme Northern Order, et d’autres groupes d’extrême droite actifs à Montréal.

Cet article est le premier d’une série portant sur ce milieu de la « droite alternative » néonazie à Montréal. Il comporte des captures d’écran tirées d’un forum de discussion privé. Plusieurs éléments de ces discussions sont traumatisants.

Ceci est un avertissement que de nombreux éléments de racisme, d’antisémitisme et de misogynie extrêmes inclus dans cet article pourraient (re)déclencher des traumatismes.

Vous pouvez lire l’intégralité du contenu du forum de discussion
« Montreal Storm » en visitant montrealnazileaks.net

Vous pouvez aussi télécharger l’archive ici pour consultation hors-ligne


Gabriel Sohier-Chaput, aka Zeiger

À l’automne 2016, plusieurs trolls d’extrême droite de la région de Montréal ont convergé sur un forum de discussion hébergé par l’application Discord dans le but explicite d’organiser des rencontres en personnes et de consolider un réseau Alt-Right néonazi local pour éventuellement planifier des actions directes à Montréal. Ce forum Discord s’appelait « Montreal Storm », et une récente fuite des discussions privées de ses membres révèle le caractère absolument antisémite, raciste, misogyne, homophobe et transphobe de ces ordures nazies, mais aussi, dans certains cas, plusieurs indices permettant d’identifier quelques uns des personnages les plus influents de ce milieu, dont un important propagandiste néonazi du nom de Gabriel Sohier-Chaput, lequel n’était jusqu’à présent connu du monde que sous le pseudonyme Zeiger.

« Partys de piscine » et « clubs de lecture » pour les nazis d’à côté

Le Daily Stormer (DS) et The Right Stuff (TRS) sont deux des principaux sites Internet lié à la résurgence actuelle du néonazisme au sein de l’extrême droite nord-américaine. Le fondateur, premier administrateur et principal rédacteur du Daily Stormer, Andrew Anglin, est d’ailleurs particulièrement fier de la rhétorique violente qui a fait de sa plateforme haineuse « le site Internet le plus censuré au monde ». Les deux sites comportent un forum de discussion où toutes sortes de troll Alt-Right convergent (souvent à partir d’autres forums, comme 4Chan, 8Chan et Reddit) pour partager des mèmes racistes, antisémites et misogynes, commenter l’actualité politique, échanger des conseils misogynes sur la manière de traiter leurs copines, et répandre des commentaires haineux depuis le confort de leur sous-sol.

En 2016, des leaders de facto ou autoproclamés de ce mouvement, jusque là essentiellement virtuel, ont commencé à promouvoir l’idée d’organiser des rencontres en personne (IRL – In Real Life) localement afin de bâtir un réseau décentralisé de noyaux néonazis un peu partout sur la planète (quoique principalement répartis aux États-Unis). Les réunions de TRS étaient appelées « Standards Pool Party » (ou partys de piscine) et ceux du Daily Stormer, « Stormer Book Clubs » (ou clubs de lecture). Depuis les forums de DS et TRS, les plus motivés des utilisateurs ont migré vers une multitude de forums distincts sur le serveur Discord. (Discord a originellement été conçu pour servir d’application de clavardage et de système vocal sur Internet à l’intention des amateurs de jeux vidéos, mais ses fonctionnalités particulières en ont fait une plateforme attrayante pour les organisations suprémacistes blanches cherchant à s’organiser discrètement à très grande échelle. Notons d’ailleurs au passage qu’une grande partie de la base de l’Alt-Right provient justement des milieux gamers.)

En surveillant de près les forums du Daily Stormer et d’autres discussions privées, il est vite devenu apparent qu’un certain nombre de « Stormer Book Clubs » ont été implantés au Canada au cours de la dernières année. (Note : la section « Book Clubs » des forums DS a récemment été fermée par prétexte de sécurité). Le forum de discussion « Montreal Storm » a été l’un des premiers à y apparaître. En passant en revue l’archive de ces discussions, il est immédiatement évident que l’une des principales figures de ce projet est l’individu qui se cache derrière le pseudonyme Zeiger.

Mais qui est donc ce schmuck de Zeiger?

De son propre aveu, Zeiger a été initié à l’extrême droite par les idées de William Pierce, la tête dirigeante de l’organisation néonazie National Alliance, aux É.-U., de 1974 jusqu’à sa mort en 2002. Zeiger allait par la suite mettre en place ou soutenir activement un certain nombre de projets médiatiques néonazis, contribuant ainsi à reconsolider une réaction néonazie révolutionnaire au sein de l’extrême droite qui correspond davantage à la culture politique des trolls de 4chan et du « Gamergate » qu’à celle des skinheads racistes et du KKK des générations précédentes. À cet égard, Zeiger est au cœur de la sous-culture qui deviendrait le volet explicitement néonazi du mouvement que l’on classe aujourd’hui sous la bannière Alt-Right (droite alternative).

Zeiger s’est avéré un propagandiste extrêmement actif et prolifique pour le Daily Stormer au cours des dernières années, en écrivant des centaines d’articles pour le site. Il semble par ailleurs être l’un des principaux administrateur du site ainsi qu’un important idéologue, tout juste derrière Anglin et le principal technicien du projet, Andrew « Weev » Auernheimer, dans cette hiérarchie étroitement contrôlée.

Zeiger était également l’un des principaux collaborateurs et administrateurs du site Internet et du forum IronMarch.org (aujourd’hui fermée), aux côtés du fasciste russe Alexander Slavros. IronMarch a réussi à fédérer des néonazis de partout sur la planète, mais principalement des États-Unis, sous la bannière « Gas the Kikes! Race War Now! 1488! Boots on the Ground! » (Gazons les Juifs! Guerre raciale maintenant! 1488! Passons à l’action!) IronMarch s’est arrogé une position révolutionnaire au sein de l’extrême droite, une position fortement inspirée du néonazi James Mason et de sa publication Siege, un appel à la guerre raciale propagé dans les années 1980.

Un certain nombre de participants au forum IronMarch ont formé l’AtomWaffen Division, un réseau néonazi révolutionnaire dont plusieurs membres ont plus tard été impliqués dans des meurtres et un attentat à la bombe raté. (Dans un récent reportage de ProPublica on apprend que des documents internes dont les journalistes ont obtenu copie indiquent qu’Attomwaffen « compte des membres répartis dans 23 états américains ainsi qu’au Canada »). Selon le Southern Poverty Law Centre, une organisation antiraciste libérale américaine qui collabore étroitement avec la police :

« Ironmarch a servi d’incubateur pour divers groupes haineux aux États-unis, dont American Vanguard, créé en 2015, qui est devenu Vanguard America en 2017. James Fileds, avant de tuer Heather Heyer et de blesser plusieurs autres personnes, a été aperçu avec un bouclier marqué du logo de Vanguard America, à Charlottesville. »

L’avatar de Zeiger sur plusieurs forums et plateformes de médias sociaux est un totenkopf rouge, l’emblème universellement reconnu des Waffen SS, marqué d’un Z. Le totenkofp est aussi adopté par les membres d’Atomwaffen.

Zeiger est aussi lié à un magazine en ligne intitulé Noose, hébergé sur RopeCulture.org et décrit comme « faisant partie du réseau IRONPRIDE des projets virtuels d’IRONMARCH ». Le projet se décrit ainsi :

« Nos cœurs demandent l’aventure et notre sang exige le châtiment. Que le Jour de la Corde arrive le plus tôt possible, mais d’ici là, #tiethenoose (préparez le nœud coulant) et amusez-vous. Participez à promouvoir le mode de vie fasciste avec #ropeculture. »

Le Jour de la Corde est une référence au roman de William Pierce, The Turner Diaries, où les « traîtres à la race », en particulier les femmes ayant eu des relations sexuelles avec des Juifs ou des personnes de couleur, sont pendu.e.s par les insurgés fascistes.

Sous le nom de plume Charles Chapel, Zeiger a aussi cosigné avec Alexander Slavros un livre intitulé A Squire’s Trial (Le procès de l’écuyer), qui est une espèce de variation fasciste sur la dialectique entre Don Quichotte et Sancho Panza. Zeiger est l’auteur d’un autre livre, Hammer of the Patriots, dont l’objectif avoué est d’entraîner les fascistes à gagner des débats contre les gauchistes et les libéraux en se passant d’arguments rationnels.

« Il ne suffit pas de l’emporter sur nos ennemis, il faut les humilier totalement pour les empêcher d’employer la même rhétorique ailleurs. Le gagnant n’est pas celui qui met de l’avant les meilleurs arguments, parce que nous sommes des ennemis, quoi qu’il en soit. Le gagnant est celui qui domine. Ton but est de convaincre le public que tu es son défenseur et que le marxiste est faible et stupide. La stratégie du marteau a été élaborée autour de cet objectif et repose entièrement sur une simplification des enjeux : simplifier jusqu’à ce que le public soit forcé d’être d’accord avec ce que tu dis. »

De fait, outre ses efforts de réseautage en ligne, Zeiger s’est principalement consacré à réfléchir à l’utilisation efficace de la propagande.

La stratégie médiatique de Zeiger consiste notamment à provoquer une réponse exagérée de la gauche de manière à désensibiliser le public et la société aux dangers que pose l’extrême droite. À cet égard, il est cité dans un récent article du Rolling Stone :

« Si nous causons une tempête médiatique chaque fois que nous apposons quelques collants, nous sommes en contrôle du discours. » « [Et] s’ils arrêtent de relayer notre propagande, nous gagnons quand même, car ça signifie que le système est maintenant désensibilisé au nazisme pur et dur. »

L’archive des discussions sur le forum « Montreal Storm » montre que Zeiger a mis cette idée en pratique lorsque les stratèges du Daily Stormer ont fait circulé l’idée d’utiliser Pokemon pour recruter des enfants. Les administrateurs du site se sont évidemment réjouis que certains médias grand public reprennent cette histoire fabriquée de toutes pièces.

Zeiger n’a pas seulement été prolifique sous la forme écrite. Il a sa propre chaîne Youtube, sous le nom Hammercast, et a fait de nombreuses interventions sur d’autres podcasts néonazi, comme This Hour Has 88 Minutes, Late Night Alt-Right et Mysterium Fasces, ainsi que sur le Krypto Report, le podcast de Robert Warren Ray (alias Azzmador), un associé particulièrement disjoncté du Daily Stormer. En septembre 2016, Zeiger a aussi donné une longue entrevue (fort instructive) à un podcast français au sujet de sa collaboration avec le site fasciste Blanche Europe. Il a aussi un compte Twitter , qui est tombé silencieux à peu près au moment où le site Medium a publié un article sur lui, au début de décembre 2017.

Le forum « Montreal Storm » sur Discord était la première étape de la mise en place d’un groupe « dans la vraie vie». Plus tard, à l’été 2017, Zeiger a été l’un des principaux organisateurs d’un rassemblement Alt-Right pancanadien dans la campagne québécoise sous le nom de « Leafensraum » (un jeu de mots combinant la feuille d’érable et le concept hitlérien de Lebensraum). Il a organisé cet événement avec deux autres membres du groupe Alt-Right Montreal, connus sous les pseudonymes « Passport » et « Date/Late of Dies ». Leafensraum a attiré des néonazis de partout au Canada, dont un certain « professeur » anonyme qui a donné une conférence aux participants, suivi d’une longue séance de questions et réponses « sur l’avenir du Canada et de notre mouvement, ainsi que sur son expérience du monde universitaire ». (Des chercheurs.euses antifascistes croient que ce professeur est probablement Ricardo Duchesne, l’homme derrière le Council of European Canadians, qui enseigne la sociologie et l’histoire à l’Université du Nouveau-Brunswick à Saint-John, et qui est devenu au cours des dernières années l’un des plus influents universitaires fascistes au Canada. Des membres de ce même groupe ont d’ailleurs organisé une conférence privée de Ricardo Duchesne à Montréal en juin 2017, dans un dans un lieu gardé secret.)

À partir de ses nombreuses apparitions sur les podcasts, il est manifeste que Zeiger est un Canadien-Français vivant à Montréal. Il nous est alors apparu important de débusquer ce trou-du-cul qui se cache à la vue de tous dans notre propre ville.

C’est alors qu’est survenu la débâcle de Charlottesville.

Mettre un visage sur le pseudonyme…

Nous savons qu’une vingtaine d’individus d’extrême droite de la région de Montréal et d’ailleurs au Canada ont fait le voyage jusqu’à Charlottesville, en août 2007, pour participer au festival suprémaciste blanc « Unite the Right ». Cet événement de deux jours se voulait une démonstration de force par l’extrême droite dans cette ville universitaire de Virginie. Mais le 12 août, des douzaines de personnes ont été blessées et une femme, Heather Heyer, a été tuée lorsqu’un suprémaciste blanc a lancé sa voiture à grande vitesse dans une foule de contremanifestant.e.s. Ceux des braves guerriers du milieu Alt-Right local qui n’avaient pas pu faire le voyage en Virginie se sont empressés de célébrer l’attentat en publiant des mèmes répugnants sur le forum « Montreal Storm ».

 

Zeiger avait été très actif dans la promotion de l’événement de Charlottesville, et son coadministrateur du forum « Montreal Storm », Late of Dies (ou Date, de son vrai nom Athan Zafirof, sur qui l’on se penchera plus tard…) avait organisé le transport à partir du Canada. Le reportage réalisé par Vice dans la foulée de « Unite the Right », mettant en vedette Christopher Cantwell (lequel allait bientôt passer à la postérité comme le Nazi pleurnichard, et plus tard comme le Nazi-qui-collabore-avec-les-flics) a déclenché une réponse antifasciste immédiate sur les réseaux sociaux, lorsque des camarades ont cherché à identifier les montréalais aperçus dans le reportage. Shawn Beauvais-MacDonald et Vincent Bélanger-Mercure (deux autres membres actifs du forum de discussion « Montreal Storm ») ont vite été identifiés par les administrateurs de la page Facebook Anti-Pegida Québec.

De gauche à droite : Shawn Beauvais-MacDonald, alias FriendlyFash, Gabriel Sohier-Chaput, alias Zeiger, (inconnu), (inconnu), Vincent Bélanger-Mercure, alias, Le Carouge à épaulettes

Le seul personnage qui s’entretient avec Cantwell à la caméra, cependant, n’a été que plus tard identifié comme Zeiger, lorsqu’Azzmador a publié sa couverture complète de la débandade de Charlottesville sur sa chaîne Youtube. À un certain point de sa diffusion en direct, Azzmador présente Zeiger par son nom, après quoi ce dernier prononce un mauvais discours sur la « force et l’unité de l’extrême droite », tellement pitoyable qu’Azzmador lui-même l’interrompt finalement pour reprendre ses propres simagrées antisémites (considérablement plus spectaculaires).

De gauche à droite : “Lee Rogers”, Gabriel Sohier-Chaput, alias Zeiger, Robert Warren Ray, alias Azzmador, (inconnu), tous du Daily Stormer

Le projet de découvrir qui est notre néonazi local devenait soudainement d’autant plus intéressant. Non pas que Zeiger se soit particulièrement caché… Malgré sa participation de haut niveau à certains des plus abominables projets de propagande néonazie déployés au cours des dernières années, on pouvait facilement trouver au moins une vidéo de lui en ligne, et il maintenait un certain nombre de comptes de médias sociaux. Il est d’ailleurs étonnant de constater que sa liste d’amis Facebook est toujours publique .

Lorsque les antifascistes ont finalement mis la main sur les archives du forum de discussion « Montreal Storm », tout est vite devenu plus clair. Ça n’était alors qu’une question de temps avant que nous puissions mettre un nom sur ce visage…

Mettre un vrai nom sur le visage…

Avec l’adresse que Zeiger avait lui-même affichée sur le forum de discussion pour inviter ses petits camarades à regarder le débat Trump/Clinton, en septembre 2016, nous avons vite déterminé que la personne qui habite à cette adresse (à ce jour) est un professeur de guitare de 30 ans répondant au nom de Laurent Chaput. Sur le compte Instagram de Chaput, nous avons trouvé quelques images d’un autre jeune homme dont nous avons conclu qu’il devait être son frère ou une proche connaissance. En menant d’autres recherches, nous avons trouvé que son nom de famille complet est en fait Sohier-Chaput. À partir du profil d’utilisateur de Zeiger sur IronMarch, nous savions que son compte Skype était gabriel_zeiger. Une simple recherche sur Google pour « Gabriel Sohier-Chaput » a révélé un compte Soundcloud et un compte Google+ à son nom, lesquels comportaient la même image de profil. Cette image avait exactement le même décor en arrière-plan que dans l’entrevue que Zeiger avait donnée en septembre 2016 pour Blanche Europe.

La recherche Google a aussi permis de trouver une vidéo d’une « prestation » (vraiment mauvaise, disons-le) que Sohier-Chaput avait donnée en 2011 dans le cadre d’un concours oratoire. En comparant la voix et la prestance physique des deux, à partir du discours de Zeiger à Charlottesville, il est évident que Zeiger et Gabriel Sohier-Chaput sont une seule et même personne. En comparant l’image de profil de Sohier-Chaput avec les photos de l’étranger dans le compte Instagram de Laurent Chaput, il est aussi évident que Gabriel et Laurent sont probablement frères.

Ok.

Mais qu’est-ce que ces ordures mijotent?

En lisant ces discussions il est devenu clair que les membres de ce petit groupe était derrière l’apparition d’affiches et d’autocollants racistes près de l’Université McGill en 2016, qu’ils avaient collaboré avec les Soldats d’Odin dans la tentative ratée de perturber une conférence antiraciste en 2017, et que certains étaient aussi présent à la manifestation organisée par Georges Hallak le 4 mars 2017 devant l’Hôtel de Ville de Montréal, à laquelle différents groupes d’extrême droite avaient aussi participé.

Même si l’ancien modérateur anglophone de La Meute, Shawn Beauvais-MacDonald, était actif dans le forum de discussion sous le pseudonyme FriendlyFash (anciennement “Bubonic”), il est évident que ces néonazis n’ont rien d’autre que du mépris pour des groupes comme La Meute et Storm Alliance, qu’ils perçoivent comme des dupes (« cucks ») souhaitant réformer un système qui selon eux doit être complètement abattu. Des deux côtés du fossé idéologique, des tensions surviennent lorsque les militant.e.s qui aspirent à la révolution doivent composer avec une majorité de personnes, perçues comme réformistes, qui ne reconnaissent pas la gravité du problème. Ici, par exemple, MacDonald déplore l’annulation d’une manifestation anti-immigration prévue devant le Stade olympique en août 2017, suite à l’annonce par les dirigeants de La Meute qu’ils retiraient leur soutien à l’événement :

Dans le même ordre d’idée, deux autres membres du forum « Montreal Storm » discutent ici de Storm Alliance :

Au cours de la dernière année, les groupes comme La Meute et Storm Alliance ont été décrits par les antifascistes québécois comme des projets d’extrême droite « nationalistes-populistes »; ils sont racistes, mais s’en défendent publiquement; prétendent être en faveur de la démocratie, mais tolèrent pourtant la présence de fascistes dans leurs rangs. Ce que nous avons constaté au cours de la dernière année, est une augmentation en popularité des tendances fascistes au sein même de ce milieu « nationaliste-populiste ». Quoi qu’en disent les porte-parole de La Meute, de Storm Alliance et d’autres groupes de la même farine, de nombreux membres du milieu Alt-Right Montréal ont été aperçus dans leurs manifestations en 2017.

Shawn Beauvais-MacDonald (au centre) et ses acolytes de ARM & Hammer, lors d’une manifestation du Front patriotique du Québec (FPQ), le 23 avril 2017

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Shawn Beauvais-MacDonald lors du rassemblement de La Meute à Québec, le 20 août 2017

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Shawn Beauvais-MacDonald à la manifestation de Storm Alliance à la frontière Canada/É.-U., le 30 septembre 2017

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Vincent Bélanger-Mercure à la manifestation de Storm Alliance à la frontière Canada/É.-U., le 30 septembre 2017

Mais les fascistes ne se contentent pas de réseauter dans ce milieu plus populaire, ils s’organisent également au sein de leurs propres groupes. Depuis que sa présence à Charlottesville a été révélée publiquement, Beauvais-MacDonald a quitté La Meute et s’est publiquement rallié à Atalante , un groupe néofasciste basé à Québec. D’autres membres du groupe Discord « Montreal Storm » sont clairement impliqués dans la création de Generation Identity Canada (maintenant ID Canada).

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Les membres de ce groupe sont tous des hommes dans la vingtaine ou la trentaine, et semblent tous obsédés par la sorte de racisme et de misogynie assumée dont les groupes nationalistes-populistes disent vouloir se distancer. Ils parlent ouvertement de créer des « camps de viol » et de mettre en vigueur la « charia blanche » pour réduire les femmes à l’esclavage.

(Avertissement : ces captures d’écran sont extrêmement racistes et misogynes: 1, 2, 3, 4, 5; d’autres captures d’écran misogynes, dans l’ordre: 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8;  et celle-ci évoquent le viol de féministes et celle-ci la mise en vigueur de la « charia blanche » — le terme Alt-Right « thot » signifie for « that ho over there » – « cette pute-là »).

Ils se moquent ouvertement du génocide et du meurtre de Musulmans, de Juifs et de personnes de couleur. Après le massacre perpétré par Alexandre Bissonnette à Québec, un participant dit que cette ville s’en voit « culturellement enrichie ».

bissonnette

fagbashing

vinigambini

omar

whiteguilt

ethnostate

It doesn’t take a genius to see that they’re likely involved with the Northern Order Charles Manson Nazi posters that have been turning up across Canada.

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L’archive du forum « Montreal Storm » sur Discord révèle toutefois que ce groupe est encore petit et désorganisé. Mêmes leurs plans les plus modestes semblent dépasser leurs capacités réelles. En même temps, la plupart de ces hommes en sont encore à leurs premiers pas en politique militante; ils pourraient tout à fait renforcer leurs capacités si nous leurs laissons la chance d’apprendre et de grossir.

Compte tenu des fantasmes violents auxquels s’abandonnent les membres de l’Alt-Right de Montréal, et leurs désirs avoués de violer et de tuer celles et ceux qu’ils considèrent comme des traîtres et des ennemis, les risques que ces individus posent ne se limitent pas nécessairement à leur capacité de s’organiser efficacement. Des jeunes hommes blancs avec des fantasmes violents sont responsables de pratiquement tous les événements de violence de masse en Amérique du Nord. Comme le montre la récente tuerie de masse perpétrée à Toronto par Alek Minassian, qui semble être directement influencé par la sous-culture « Incel »,  en soit un milieu misogyne étroitement lié à l’Alt-Right, les risques que posent ces jeunes hommes sont bien réels et concrets. (À cet égard, il n’est pas fortuit que Shawn Beauvais MacDonald, sur son compte Facebook actuel, « Hans Grosse » désigne l’école Colombine comme son école secondaire, ou qu’il considère comme un gag désopilant le fait de coller le visage d’Adolf Hitler par-dessus le visage d’une copine…)

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Le Stormer Book Club de Montréal n’est qu’une section locale d’un réseau amorphe (et dont nous ne savons encore que peu de choses) de jeunes néonazis convertis relativement récemment partout en Amérique du Nord. Ce réseau est principalement situé aux États-Unis, et il semble que le groupe de Montréal soit la section locale la plus grosse au Canada.

Cela étant dit, il est tout de même déstabilisant d’apprendre que l’un des personnages ayant joué un rôle central dans la construction de ce nouveau réseau néonazi international, et ayant été un pionnier de son approche propagandiste, est un hipster de Montréal qui a pu vivre paisiblement dans cette ville jusqu’à aujourd’hui.

Il était grand temps que cela change.

Vous pouvez lire l’archive complète du forum Montreal Storm sur montrealnazileaks.net

Si vous avez des renseignements qui pourraient nous permettre d’identifier un ou plusieurs membres de ce groupe, ou n’importe quel de leurs associés, veuillez écrire à doxxlesnazis@riseup.net.

 

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Appel à l’action : Ouvrez les frontières

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Avr 302018
 

De Solidarité sans frontières

L’année dernière, plusieurs dizaines de milliers de personnes sont arrivées à pied au Canada à partir des États-Unis, cherchant un refuge sécuritaire, et chaque jours plus de personnes arrivent. Ce phénomène est souvent attribué à Trump, mais il faut le comprendre dans un contexte global: à travers le monde, plus de 21 millions de personnes ont été obligées de quitter leurs foyers en raison de guerres, d’oppression politique, de violence militaire, de l’extractivisme, des changements climatiques, etc. – conditions créées par l’impérialisme d’États tels que le Canada et les États-Unis. Alors qu’il est directement impliqué dans la dévastation économique et sociale de pays du Moyen Orient, d’Amérique Latine, des Caraïbes, d’Afrique et d’Asie, le gouvernement canadien cherche à limiter qui peut entrer et qui peut rester légalement.

Rejetant le discours raciste et islamophobe ainsi que la couverture médiatique grand-public concernant les migrant-e-s, Solidarité sans frontières appelle à l’ouverture des frontières; une solidarité radicale avec et l’aide mutuelle entre migrant-e-s; des “cités sans frontières”; la fin des déportations, des détentions des migrant-e-s et de la double peine ; la régularisation des sans-statuts (un statut pour tou-te-s maintenant!).

Apartheid Global

Les frontières jouent un rôle crucial pour le système capitaliste et sa « crise des migrants ». Le Canada et les États-Unis sont fondés sur le vol des terres autochtones, ainsi que sur le génocide en cours et le déplacement des peuples autochtones. Ces frontières, établies à l’origine par des guerres coloniales au bénéfice des colons européens, sont également un moyen de contrôle migratoire. Elles empêchent les personnes de sortir de la violence, de la pauvreté et de l’exploitation. Elles poussent des familles de pays en pays, les forçant à monter à bord de bateaux dangereux, ou à faire de longs voyages à travers la neige ou le désert. Les frontières poussent les personnes à vivre dans une précarité sans statut légal, ce qui mène à leur criminalisation. Les frontières maintiennent le système d’apartheid global en place.

Plus de Cas par Cas

Les réfugié-e-s traversant des États-Unis vers le Québec et le Canada n’ont pas d’autre choix que de traverser de manière irrégulière à Roxham Road ou à d’autres points d’entrée depuis que l’entente sur les tiers pays sûrs a été implémentée en 2004. Cette entente entre le Canada et les États-Unis empêche les migrant-e-s de faire une demande de statut de réfugié aux postes frontaliers réguliers canadiens lorsqu’illes arrivent des États-Unis (et vice-versa). C’est-à-dire que les migrant-e-s traversant des États-Unis vers le Canada ne peuvent faire une demande de statut de réfugié que s’illes traversent de manière “irrégulière”. Cette politique a déjà coûté la vie à des migrant-e-s – nous rendons hommage à Mavis Otuteye qui est décédée en juin 2017 – et elle est responsable de la perte de statut légal et de la déportation de plusieurs autres.

Celles et ceux qui arrivent au Canada sont encouragé-e-s à mettre leurs efforts et leurs espoirs sur leur cas individuel, en tentant de prouver qu’illes sont de « véritables réfugié-e-s » ou de « bons migrant-e-s ». Cette longue lutte bureaucratique isole et épuise l’énergie de la lutte collective. De plus, depuis quelques années, environ 40 % des demandes de réfugié (faites à partir du Canada) ont été refusées. Il se peut que le taux de refus soit encore plus élevé pour les migrant-e-s traversant de manière irrégulière puisque plusieurs d’entre elleux ont peu ou aucun soutien pour faire leur demande, ou encore parce qu’illes ont quitté leur pays d’origine depuis de nombreuses années. Bientôt, plusieurs seront refusé-e-s comme réfugié-e-s et devront faire un choix : rester au Canada sans statut ou être déporté-e-s vers leur pays de citoyenneté. Le système de réfugié canadien gérera donc en catimini ce « problème », loin des projecteurs médiatiques : juger les personnes individuellement, et ensuite, un.e à un.e. et discrètement, les déporter ou les criminaliser par milliers.

Rejetons les Divisions Racistes

Le discours public et la couverture médiatique génèrent des divisions au sein de groupes sociaux qui devraient être des alliés contre une distribution injuste de la richesse et du pouvoir. En présentant, au mieux, la situation comme étant d’ordre humanitaire plutôt que politique, le discours dominant cache le rôle que jouent les frontières dans le maintien de cette distribution inégale. La façon dont le Canada a contribué à pousser les gens à quitter leur foyer initialement n’est que rarement mentionnée.

Les discours des groupes d’extrême-droite, tels que La Meute et Storm Alliance, sont encouragés par la normalisation d’attitudes islamophobes et racistes relayés par les médias corporatistes, les politiciens et l’État. En déclarant qu’illes ne sont opposés qu’aux “immigrant-e-s illégaux” ces groupes d’extrême-droite tentent de convaincre l’opinion que les migrant-e-s qui traversent de manière irrégulière sont des “criminel.les”. En jouant sur la vieille peur européenne, raciste et islamophobe, envers les hommes de couleur, les groupes d’extrême-droite à travers l’Europe, les États-Unis, le Canada et le Québec propagent la confusion et la peur à l’égard de l’ ”invasion” et du “terrorisme”, tout en encourageant l’État à augmenter la surveillance aux frontières et le profilage des migrant-e-s.

De toutes ces façons, au lieu de définir le conflit par une division entre les riches/puissants et les pauvres/opprimées à l’intérieur et à l’extérieur de Canada, le conflit est défini par une division entre des personnes à l’intérieur des frontières du Québec ou du Canada (luttant pour la sauvegarde de programmes sociaux, mais réservés à « nous » ; pour la défense de “nos” valeurs etc.) et des personnes arrivant au Québec ou au Canada (perçues comme concurrent.es pour des ressources limitées ; des gens qui coupent les files d’attentes ; des menaces à la sécurité, etc.)

Appel à l’Action!

NOUS SOUTENONS LA LIBERTÉ DE TOU.TES LES MIGRANT-E-S DE RESTER, DE CIRCULER ET DE REVENIR. SPÉCIFIQUEMENT, NOUS SOUTENONS LES MIGRANT-E-S AUX ÉTATS-UNIS, QU’ILLES DÉCIDENT DE LUTTER POUR RESTER AUX ÉTATS-UNIS, OU DE TRAVERSER VERS LE CANADA DE QUELQUE MANIÈRE QUE CE SOIT.

FACE AU TRAITEMENT AU CAS PAR CAS IMPOSÉ PAR L’ÉTAT, NOUS DEVONS AGIR COLLECTIVEMENT ET SE SOUTENIR MUTUELLEMENT.

TOUT EN NOUS OPPOSANT À LA PROPAGANDE ANTI-MIGRANT-E-S ET À CES DIVISIONS FABRIQUÉES DE TOUTE PIÈCE, NOUS DEVONS CONSTRUIRE UNE SOLIDARITÉ CONCRÈTE.

Voici quelques actions que nous pouvons entreprendre dans nos communautés

Partout au Canada:-Organiser ou se joindre aux mobilisations demandant au Canada d’abandonner sa politique du cas par cas et, au contraire, d’implémenter immédiatement un programme de régularisation pour celleux ayant traversé la frontière ET tout-e-s les personnes sans statut qui sont déjà au Canada (pour plus d’informations, contacter Solidarité sans frontières);

-Défier le gouvernement à propos de sa politique des Tiers Pays Sûrs à l’aide de campagnes de mobilisations, forums, dans les médias, etc..

-Si votre organisme offre des services: joignez-vous à votre campagne locale de ville sanctuaire/cité sans frontières pour que les services soient offerts à tou.tes, quelque soit leur statut, sans jamais que les services frontaliers n’y aient accès (à Montréal, signez la déclaration de Solidarité sans frontières pour une cité sans frontières ici.

Pour ceux et celles habitant près des frontières:

-Organisez-vous avec vos voisin-e-s (des deux côtés de la frontière); posez des affiches démontrant votre appui et votre solidarité (“bienvenue aux réfugié-e-s”, etc.); si vous voyez des personnes traverser, offrez-leur du soutien de la manière qui leur convient et n’appelez PAS la GRC, à moins que les personnes ne vous le demandent!

-Explorer les chemins aux alentours de la frontière et mettre en place l’infrastructure pour aider les gens à traverser en toute sécurité et librement

Au Québec:

-Joindre les mobilisations contre la manifestation raciste et anti migrant-e-s du 19 mai au Chemin Roxham, à l’appel des groupes d’extrême-droite (contactez les groupes locaux antiracistes ou antifas, ou attendez pour plus de détails prochainement);

-Appuyer les mobilisations pour l’obtention automatique d’un permis de travail pour tou.tes les migrant-e-s ET pour tou.tes les sans statut au Québec (à Montréal, contacter le Centre de travailleurs et travailleuses immigrantes);

-Joindre les activités contre le sommet du G7, y compris le Contingent Anti-Frontières lors de la marche principale du 7 Juin (les détails concernant le contingent seront postés sur la page facebook et la page web de Solidarités sans frontières);

-Joindre la Caravane Anti-Frontières organisée par Solidarité sans frontières du 29 Juin au 1er Juillet (les détails seront postés sur la page facebook et la page web de Solidarités sans frontières);

Pour les Montréalais.es:

-Offrez votre temps aux groupes qui offrent du soutien de première ligne aux migrant-e-s traversant les frontières et assurez vous que ces groupes respectent la dignité humaine des migrant-e-s. et leur offrent tout le soutien légal et quotidien dont illes ont besoin.

-Soutenez les mobilisations autour de la création d’une Cité Sans Frontières, y compris pour l’accès aux soins de santé, au logement, au refuge, à l’éducation, à la nourriture (communiquer avec Solidarité sans frontières pour plus d’information); joignez-vous aux revendications demandant à la mairesse Plante de donner suite aux promesses non tenues de Coderre de faire de Montréal une ville sanctuaire, en cessant toute coopération entre le SPVM et les agents des services frontaliers du Canada.

-Joignez / soutenez la mobilisation pour ramener au Canada Lucy Granados, Montréalaise, organisatrice communautaire sans-papiers, déportée le 13 avril (les détails seront postés sur les pages facebook et les page web de Solidarités sans frontières et du Centre des Travailleurs et Travailleuses Migrants), et soutenez plus généralement le courageux Collectif des femmes sans statuts ((fb: Collectif des femmes sans statuts / Non-Status Women’s Collective)

– Soutenez la mobilisation pour la marche Ouvrez les frontières ! Un statut pour tou-te-s ! le 16 juin.

En général, nous appelons à l’organisation de manière effective, non-hiérarchique, inclusive et initiée par les membres de la communauté, basée sur l’aide mutuelle et la solidarité radicale, l’emploi d’une diversité des tactiques et l’action directe, pour renforcer la résistance des communautés contre les contrôles frontaliers dans nos villes, combattre les déportations et les détentions, vaincre le mouvement fasciste et soutenir activement les luttes anti-coloniales et la souveraineté des peuples autochtones.

À ce jour : l’arrestation de Cedar

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Avr 232018
 

Du Hamilton Anarchist Support

Cliquez ici pour faire un don au Fond de Défense de la Communauté d’Hamilton

Le dernier mois a été chargé à Hamilton. Pour mettre en contexte l’arrestation de Cedar, on peut commencer par souligner le Salon du livre anarchiste qui s’est tenu au début du mois de mars, le premier salon du livre à s’être tenu en 7 ans. L’événement a eu un succès retentissant et a rassemblé des gens venu-es de tout le continent pour explorer des possibilités de changement radical, pour dessiner une vision d’un monde sans hiérarchies ni domination, pour simplement se rencontrer et apprendre les un-es des autres. La fin de semaine a été particulièrement marquée par une petite émeute ayant eu lieu à travers un des quartiers les plus aisés d’Hamilton sur une des rues les plus commercialement toxique. L’ « Émeute de Locke Street » était une expression collective de rage, non seulement contre la gentrification accélérée d’Hamilton, mais contre le capitalisme et le monde violent d’aliénation qu’il nourrit. Elle a mené à beaucoup de conversations productives par rapport à l’inévitable inconfort que produit la lutte pour de nouveaux mondes, et l’importance de clarifier et d’articuler nos politiques. Un nuage toxique de sédiments a aussi été brassé par l’émeute à Hamilton, on a pu voir un déversement massif de chaudes larmes pour les petits commerces, les conseiller-ères municipaux-ales ont crié au « terrorisme », et une ferveur anti-anarchiste des trolls locaux de l’alt-right ont vu là une opportunité pour prendre place sous les feux des projecteurs.

Dans les semaines qui ont suivi, plusieurs de ces réactions ont été dirigées contre le seul espace social anarchiste d’Hamilton, The Tower, qui est defacto devenu une cible avant même d’avoir eu la chance de se positionner pour appuyer l’émeute. Premièrement, ses fenêtres ont été fracassées, ensuite la porte a été défoncée et la librairie saccagée, puis les serrures ont été collées, et plus récemment sommes témoins d’une vague de graffitis amateurs incluant le mot « gay » écrit en colle de farine émiettée sur les fenêtres de plexiglas. À la fin mars, alors que les supporters du Tower étaient occupé-es à nettoyer l’espace aux suites du saccage, une coalition de trolls nationalistes blancs, misogynes et homophobes a organisé un rally en soutien aux commerces de la rue Locke. Leur triste rally a été largement confronté et déjoué, mais pas avant que certain-es d’entre eux n’aient eu la chance de se mêler aux propriétaires des commerces de la rue Locke et de discuter autour de beignes citron-pistache. Une fuite d’information a révélé que les Soldats d’Odin et les Proud Boys espéraient se rendre à The Tower après le rally pour confronter les « mâles beta de 120 lbs » qu’ils espéraient y croiser. La première fois qu’ils s’y sont pointé ils ont trouvé 40 anarchistes prêt-es à défendre l’espace. Ils ont crié leurs droits démocratiques et ont fini par utiliser une escorte policière pour se rendre de l’autre côté de la rue. Quelques heures plus tard, un plus petit groupe d’entre eux ayant l’air saoul s’est pointé en cherchant la bagarre et malgré nos nobles efforts pour désescalader la situation nous avons fini par les renvoyer chez eux ce jour-là avec des nez cassés et sanglants.

Pendant ce temps la pression publique s’est accru pour retrouver les responsables de l’action émeutière sur la rue Locke. La police a été incapable d’appréhender quiconque la soirée de l’action et a répondu aux lamentations publiques avec des promesses de justice et des appels désespérés invitant la coopération du public. Finalement, le 6 avril, un mois après l’émeute, la police a monté un spectacle pour satisfaire un public assoiffé de sang. Mandats en main, ils ont défoncé la porte d’une maison collective à l’aube et ont lancé une grenade assourdissante dans le salon. Avec des fusils d’assaut en main ils ont envahi la maison et menotté les gens, et ont arrêté Cedar (Peter) Hopperton avec des charges de complot visant à commettre un acte criminel (rassemblement illégal et port de masque). Les autres ont été relâché-es et ont dû passer quelques heures dans l’allée de la maison pendant que les flics mettaient la maison sans dessus dessous en cherchant quoi que ce soit pouvant être utile à leur enquête. Ils ont saisi les ordinateurs, les téléphones, des papiers, des zines et des livres, qu’on mettra des années à pouvoir récupérer de leurs pattes graisseuses.

L’audition pour la remise en liberté sous caution de Cedar, qui n’a eu lieu que cinq jours après son arrestation et après que la Cour ait manoeuvré de manière particulièrement sournoise pour la retarder, était un supplice méticuleux. Quatre heures de déblatérations d’imbécilités ont rendu évident que non seulement Cedar était jugé, mais bien aussi l’anarchisme au grand complet. Au final, Cedar s’est vu refusé une libération sous caution et a été renvoyé-e dans l’enfer de la prison Barton où des hordes de personnes kidnappées attendent leur procès dans des conditions misérables. Iel pourrait demeurer à Barton pour un an ou plus tandis que l’État traîne des pieds à monter un dossier contre eulle.

À Hamilton, nous avons organisé une solide équipe de soutien pour nous assurer que Cedar ait une défense légale fiable et autant de conseils et de communication que possible. Nous souhaitons poursuivre les projets auxquels iel tient, et soutenir toute forme d’organisation qu’iel pourraient mener en prison. Nous avons commencé ce blog à titre d’espace où fournir des nouvelles par rapport à la situation de Cedar, leur situation légale, et comment iel se porte. S’il y a plus d’arrestations par rapport à l’émeute de Locke Street, ce site offrira un espace similaire pour ces mesures de soutien. La prison n’est pas la ligne d’arrivée pour les anarchistes, ce n’est qu’une des dimensions du monde contre le quel nous nous battons. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour résister à l’isolement qu’ils essayent d’imposer à ceuzes qu’ils capturent, et continueront notre bataille ensemble contre ce monde de police, de tribunaux et de prisons.

Perturbation de la réunion d’En Marche Montréal

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Avr 132018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info.

Bande de bouffons, vous pensiez vraiment qu’on allait laisser votre petite clique faire son événement, pendant que vous essayer de détruire tout ce qu’on construit?

PortéEs par la force de l’appel intergallactique de soutient à la ZAD, nous avons décidé d’intervenir lors d’un 5 à 7 d’En Marche (et oui, ils viennent nous faire chier jusqu’à Montréal) pour rappeler aux macronistes que l’odeur nauséabonde de la marde qu’ils sèment finira toujours par revenir à leurs narines

Tandis que partout en France le gouvernement macron tente lamentablement de mater les grévistes et d’évacuer nos amiEs sur la ZAD et dans les universités, c’était au tour des crapules d’En Marche de se faire expulser.

Alors que notre arrivée festive et nos chants enjoués ont semblés un temps les réjouir, nous avons été surprisEs de leur froideur lorsqu’ils reçurent bombes puantes, pétards et insultes. Nous les aurions cru plus favorables à l’emploi de la violence à voir comment leur monarque déploie ses chiens contre le mouvement.

Nos vie sont belles et elles méritent qu’on les défende.
La résistance est en marche: parce que c’est notre projet!

[N.D.L.R. Nous jugeons bon de partager également quelques textes sur des événements des derniers mois sur la ZAD qui devraient faire l’objet de discussions dans nos espaces de lutte.]

Vendredi – Rassemblement de solidarité avec la ZAD

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Avr 122018
 

Des Comités de défense et de décolonisation des territoires (CDDT) [événement Facebook]

[N.D.L.R. Nous jugeons bon de partager également quelques textes sur des événements des derniers mois sur la ZAD qui devraient faire l’objet de discussions dans nos espaces de lutte:

Prise de position de la légal team sur les actions de milice à la ZAD

Quand Lama faché, lama cracher

Le mouvement est mort, vive… la réforme !]

En réponse à l’appel lancé par les zadistes à se mobiliser où nous nous trouvons contre les expulsions en cours (pour suivre l’actualité : https://zad.nadir.org/).

Rendez-vous vendredi le 13 avril à 19h, métro Mont-Royal.

La ZAD, déjà, est partout. Les territoires que nous habitons, que nous aimons et dont nous vivons sont menacés par le mouvement de la modernité coloniale, par ses logiques de contrôle et de marchandisation qui rendent la vie impossible. La création de zones autonomes en réponse à la tentative d’imposition par l’État et les entreprises des projets de développement est une réponse qui menace l’unité de la souveraineté du pouvoir et qui montre ce qu’elle a de mythique. Elles permettent également de repenser nos manières de nous lier aux territoires et aux différentes formes de vie qui les habitent. La pratique du blocage des projets extractifs, et de l’affirmation de l’autonomie, dans le contexte des résurgences autochtones, est vouée à se multiplier. Les appels devront être entendus.

Qu’est-ce que la ZAD?

La ZAD, c’est pour les aménageurs la Zone d’Aménagement Différé ; pour nous une Zone À Défendre : un bout de campagne à quelques kilomètres de Nantes (Bretagne) qui devrait, pour les décideurs, laisser place à un aéroport international.

Leur projet est de construire une plate-forme économique « Grand Ouest » d’envergure internationale allant de Nantes à Saint-Nazaire, qui ne formeraient plus qu’une seule et grande métropole. La réalisation de cette plate-forme demande de maîtriser tant le ciel, la mer, que la terre à travers le remplacement de l’actuel aéroport de Nantes par un nouveau à Notre-Dame-des-Landes, mais aussi l’agrandissement du port de Saint-Nazaire, la construction de nouvelles routes et autoroutes…

Nos désirs, en venant habiter sur l’emplacement prévu de l’aéroport, sont multiples : habiter sur un territoire en lutte, ce qui permet d’être proches des personnes qui s’y opposent depuis 40 ans et de pouvoir agir en temps de travaux ; profiter d’espaces laissés à l’abandon pour apprendre à vivre ensemble, à cultiver la terre, à être plus autonomes vis à vis du système capitaliste.

Remplir un extincteur de peinture : guide d’instruction

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Avr 042018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info
Cette vidéo est à des fins éducatives seulement et n’encourage aucune activité illégale. Cliquez sur CC sur l’application vidéo pour voir les sous-titres en français.

Les extincteurs de feu remplis de peinture ont été utiles aux anarchistes de Montréal dans leurs luttes contre la gentrification, la surveillance et, plus récemment, les symboles coloniaux.

1. Voler l’extincteur

Trouvez un extincteur à pression hydraulique. Ils sont en métal argenté et existent en deux formats différents.

Les deux formats sont fermés avec un écrou et peuvent être ouverts sur le dessus.

Le plus grand format est de 9L et a une valve semblable à celle d’un pneu de vélo, ils peuvent donc être facilement re-pressurisés. Ils se trouvent souvent dans les universités, les cégeps et dans les immeubles d’appartements ou de bureaux.

Le plus petit format est de 6L et nécessite un compresseur d’air pour réajuster la pression. Ils se trouvent seulement dans les restaurants et sont souvent placés près des sorties arrières. Pratique!

2. Vider l’extincteur

Portez des gants de coton pour éviter de laisser vos empreintes digitales sur l’extincteur. Videz le liquide de l’extincteur en vous assurant que l’indicateur de pression atteigne 0 psi. Vous pouvez le faire dans une ruelle ou dans votre bain.

3. Remplir avec de la peinture

Enlevez l’écrou et la section du dessus.

Remplissez l’extincteur à moitié avec un mélange moitié eau, moitié peinture de latex.

4. Re-pressuriser

Ré-attachez la section du dessus en vous assurant que le tout soit étanche.

Pour le format de 9L, utilisez une pompe à vélo et faites monter la pressions jusqu’à 100 psi.

Pour le format de 6L, il n’y a pas de valve. Vous devez donc utiliser un compresseur à air, que vous pouvez trouver dans une quincaillerie ou dans la plupart des pawnshops. Retirez la hose et connectez le tube du compresseur en utilisant un adaptateur mâle de 3/8”.

Réglez le compresseur à 115 psi. Vous n’aurez peut-être même pas besoin d’actionner le détenteur de l’extincteur pour que la pression monte lentement à 100 psi. Si vous le faites, levez l’épingle de sûreté et actionnez le graduellement. Arrêtez dès que la l’indicateur montre 100psi, pour éviter que de la peinture n’entre dans le tube.

Remettez l’épingle de sûreté et fixez-la en utilisant du duct-tape.

5. Nettoyer

Frottez l’extincteur avec un tissu imbibé d’alcool à friction pour enlever toutes les empreintes qui pourraient s’y trouver.

Consultez la page des guides sur Montréal Counter-info pour plus d’idées pour des actions directes : blocages de trains ou d’oléoducs, manifestations, émeutes et plus!

“« La seule raison pour laquelle nous devrions rejoindre la classe supérieure, c’est pour provoquer du désordre, mais certainement pas pour corrompre le graffiti comme certain-e-s le font. Mon but est d’instaurer l’insolence et la violence du graffiti où il ne devrait pas se trouver. Le graffiti est un tout, on ne peut pas seulement prendre les parties qui nous intéressent. Dans ce cas là, vous trouverez ce qui en reste sur les façades de vos magasins »

Nique les fachos partout

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Mar 312018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le soir du 18 mars, après que les Soldiers of Odin aient fait une sortie a l’occasion du défile de la St-Patrick, nous avons détruit le véhicule de Kathy Latulipe, présidente provinciale des S.O.O., dans une rue du quartier Villeray. Toutes les vitres de son chevrolet HHR gris (W69 K2M) ont été cassées, les pneus crevés et nous avons peint “Fuck S.O.O.” sur le côté.

Ensuite, nous avons détruit le véhicule de Stéphane Blouin, directeur de Montréal des S.O.O., devant chez lui au 2553 rue Fletcher, dans l’est de Montreal. Son Mazda CX5 bleu (G54 HTB) s’est fait cassé les fenetres.

Quelques jours plus tard, nous avons réservé le même sort au véhicule de Simon Arcand, vidéaste amateur des S.O.O., devant sa maison située au 4965 rue Laurentien à Drummondville.

Soldiers of Odin est un groupuscule raciste et fasciste qui n’a sa place nulle part dans ce monde. Nous leur barrerons la route par tous les moyens nécessaires.

Nique les fachos partout.

[Photo de gauche à droite : Stéphane Blouin, Kathy Latulipe, Simon Arcand]

1er mai anticapitaliste 2018 – coin Sherbrooke/Amherst, 18h

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Mar 292018
 

De la Convergence des luttes anti-capitalistes (CLAC)

Hier comme aujourd’hui, ils sont riches parce qu’on est pauvres.

Les maîtres financiers de l’Occident et sept de leurs pantins politiques se rencontrent cette année à la Malbaie. Ils vont se battre pour continuer l’exploitation des pays du Sud et le pillage des ressources naturelles. Le G7 sera un beau cirque, financé à même notre exploitation. Financé par ceux et celles qui s’échinent au travail, par les coupes dans nos programmes sociaux, dans l’éducation, dans la santé, dans la dignité humaine. Un cirque qui encouragera le travail gratuit fourni par nos stages non rémunérés, qui supportera les profits faramineux des promoteurs immobiliers qui nous chassent de nos quartiers, qui fera la promotion d’un statu quo immoral. Impérialisme et colonialisme seront célébrés, aux dépens de ceux et celles qui produisent la majorité de la richesse.

Mais il n’est pas trop tard pour les faire reculer. On ne peut cesser de rêver à un monde meilleur. Il y aura de l’espoir tant qu’il y aura des personnes qui rêvent de solidarité entre tous les peuples. Notre devoir est d’étouffer les flammes de la haine, et de porter ce rêve à toutes et à tous. Car face au désespoir, il peut être facile de se tourner les uns et les unes, contre les autres. Après tout, nos voisines et voisins sont plus faciles à atteindre que nos exploiteurs.

Cette facilité est exploitée par des « cheufs » sans scrupules qui profitent des divisions créées entre nous touTEs pour s’enfuir avec le magot. On publie des fake news pour se faire du capital politique sur le dos des personnes migrantes, en cachant l’exploitation éhontée qui se fait à l’étranger par les compagnies québécoises et canadiennes. On fait des déclarations ronflantes pour les droits des peuples autochtones, mais personne ne s’offusque quand ceux-ci se font assassiner en plein jour par des racistes notoires. On déchire sa chemise pour la liberté d’expression lorsque des gens tentent de dénoncer ce qui sont essentiellement des appels au génocide. On relaie des ramassis de mensonges écrits par une extrême droite qui se présente avec un sourire, mais cache son fusil d’assaut.

Ils sont riches parce qu’on est pauvres. Il y a deux ans, 130 personnes possédaient autant que la moitié la plus pauvre de la population mondiale. L’année dernière, cette richesse était entre les mains de 85 personnes. Cette année, ils ne sont plus que cinquante. Cinquante misanthropes, isolés, qui essaient de nous rentrer leur vision du monde dans la gorge. Cinquante contre l’ensemble du monde. Nous sommes peut-être pauvres, mais nous le sommes ensemble.

Après 132 ans, il y aura, encore et toujours un 1er mai anticapitaliste, car la justice n’est pas encore de ce monde. Mais à la différence de ses dirigeants pourris, il sera solidaire.

Le mardi 1er mai 2018, on se rencontre à 18h au coin Sherbrooke et Amherst !

Date et heure: 
Mardi, 1 mai, 2018 – 18:00

Affiche et tract: 
PDF icon affiche_v3.pdf
PDF icon tract.pdf

Manifestation contre la police à Maniwaki

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Mar 282018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Dans le cadre de la semaine contre la brutalité policière, la région de l’Outaouais s’est mobilisé, comme chaque année, pour créer une série d’événements qui dénoncent la violence du service de police de Gatineau et de la SQ. Cette année, les organismes communautaires de la région et les militant.es ont aussi décidé.es de louer un autobus pour se rendre à Maniwaki en soutien aux deux familles qui ont subis les violences des agents de la SQ. En 2015, Brandon Maurice est décédé, abattu par un flic de la SQ, en 2018, un ami de la famille Maurice, Steven Bertrand, se fait tirer dans la tête par un constat du Palais de Justice qui refuse que Steven sorte fumer sa clope.

Nous tenions à crier haut et fort que la police n’est rien d’autre qu’un instrument de l’État qui abuse de son pouvoir, tout en protégeant les riches et les fascistes.

À Maniwaki, comme dans plusieurs régions patrouillées par les porcs de la SQ, ce sont des jeunes sortant fraichement de leur TP qui se ramassent avec ces runs dont ils ne veulent pas. Ces petits trous du cul arrivent dans ces régions, connaissant rien de leur réalité et en ne s’y intéressant pas. Résultat, à Maniwaki comme ailleurs, les policier.es baignent dans l’impunité alors qu’illes assassinent, intimident, profilent systématiquement les plus opprimé.es. On refuse cette attitude colonialiste des cops tout comme on refuse le silence sur les disparitions et agressions des femmes autochtones.

Tout ce qui nous reste, c’est de nous défendre nous-meme contre la police. On a ni confiance en eux, ni le systeme judiciaire ni leur déontologie fraternaliste.

Fuck l’état policier qui réprime les personnes pauvres, marginalisé.es et les militant.es politiques. Fuck ces porcs armés qui font regné un climat d’insécurité social. Fuck les chiens de garde de l’état, de la bourgeoisie et du système capitaliste, Antifa tant qui le faudra,et jusqu’a leur disparition absolue : NO JUSTICE NO PEACE, FUCK THE POLICE!

Urgent – Arrêtons la déportation de Lucy!

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Mar 232018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

À 6 h le 20 mars, l’Agence des Services Frontaliers du Canada (ASFC) est rentrée chez Lucy Francineth Granados, une membre du Collectif des femmes sans statut de Montréal et de l’ATTAP (Association de travailleurs et travailleuses temporaires). L’ASFC a procédé à une arrestation violente, blessant Lucy au bras, et l’ont emmenée avant que des militantes pour la justice migrante puissent arriver sur les lieux.

Le 22 mars le CISR a refusé libéré Lucy. Elle reste au Centre de détention de Laval et fait face à une déportation vers le Guatemala le 27 mars. Nous devons redoubler nos efforts!

Manif vendredi 23 mars à l’Hotel de ville: Plante il faut parler!
https://www.facebook.com/events/349480625555973/

LE CONTEXTE

Lucy est le seul soutien financier pour ses trois enfants, qui vivent au Guatemala avec leur grand-mère. Ils vivent au Guatemala avec leur grand-mère et ils dépendent entièrement des revenus que leur mère envoie pour tous leurs besoins de base (nourriture, logement, frais d’éducation, etc.). Si Lucy était expulsée, ses enfants perdraient immédiatement leur seule ressource financière de subsistance.

Menacée par les Maras, Lucy a traversé le Mexique seule par le tristement fameux train La Bestia jusqu’aux États-Unis, puis jusqu’au Canada, son mari étant mort. Sa demande de statut de réfugié a été refusée, mais elle est restée au Canada, sans papiers, afin de pouvoir continuer à soutenir ses enfants. Elle a vécu à Montréal pendant 9 ans.

L’été dernier, Lucy a déposé une demande de résidence permanente pour motifs humanitaires dans le but de régulariser son statut. En janvier, un agent de l’ASFC a appelé son avocate et l’a menacée de ne pas étudier son dossier à moins qu’elle ne se présente pour être déportée. Mais, la Loi canadienne sur l’immigration stipule que le ministre doit étudier toutes demandes humanitaires au Canada; cette déclaration de l’agent de l’AFSC était donc fausse et illégale (1). Ni Immigration Canada, ni l’ASFC n’ont répondu à la demande de son avocate d’obtenir des clarifications quant à sa situation.

Selon Immigration Canada le dossier de Lucy serait en cours d’évaluation et une réponse devrait être normalement attendue bientôt, si elle est autorisée à rester au Canada. A moins que le ministre de la Sécurité publique Ralph Goodale intervienne pour suspendre l’expulsion, que le ministre de l’Immigration Ahmed Hussen accélère le traitement de son dossier, ou que la Ville de Montréal prenne sérieusement ses responsabilités, Lucy sera probablement déportée avant même que son dossier ne soit évalué.

Source: Solidarité sans frontière et le Centre des travailleurs et travailleuses immigrant.e.s

Contact: solidaritesansfrontieres -at- gmail com

Background: www.solidarityacrossborders.org

De #HoMa à #HamOnt : le secret c’est de rassembler ses ami.es losers

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Mar 182018
 


Soumission anonyme à MTL Contre-info. Pour faire un don au fond de rénovation de The Tower, cliquez ici.

Ces bums-là ne sont pas mieux que les anarchistes.

Est-ce qu’ils ne sont pas au courant du fardeau financier que leur vandalisme va occasionner au propriétaire de The Tower ?

Est-ce qu’ils ne comprennent pas que les fenêtres placardées vont faire chuter la valeur des propriétés dans le quartier autour de The Tower ?

Se livrer à ce genre de violence ne mène qu’à une atmosphère de non-respect de la loi et légitimise la destruction de la propriété privée.

Quand nous avons entendu que The Tower avait été attaquée, il allait de soi qu’il fallait leur démontrer notre amour. Pas seulement parce que nous aimons les espaces sociaux anarchistes, mais parce que nous vivons aussi dans une ville où (pour autant qu’on le sache) les propriétaires de petites entreprises à la mode n’existent que dans le but de nous voler nos salaires, frayer avec les flics et nous vendre trop chers des sandwiches de merde. Fuck les traîtres de classe, fuck les gentrificateurs, fuck la police, mais on en n’a toujours rien à foutre des fenêtres brisées.

Imaginez être tellement en colère à propos d’un autre espace social anarchiste se faisant attaquer, que vous rassemblez vos ami.es losers, vous vous masquez et vous prenez une siiiiick photo en solidarité.

Hamilton: Retours sur la balade ingouvernable du 3 mars dernier à travers l’un des quartiers les plus riches de la ville

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Mar 182018
 

De North-Shore.info. Traduit par Sans Attendre Demain.

[Voici deux textes au sujet de la nuit émeutière du 3 mars dernier dans un quartier riche d’Hamilton.]

Hamilton : Ingouvernables et pleurs de bobos : un samedi soir à Locke Street.

Chaque jour, que ce soit les propriétaires qui touchent de plus en plus de loyers pour des apparts toujours plus merdiques, des patrons qui vous poussent à travailler toujours plus ardemment, des associations de commerçants qui militent pour davantage de flics, ou juste l’Audi qui vous coupe aux heures de pointe… Les riches nous pourrissent la vie. Chaque jour, nous devons faire face à leurs attaques mais de temps en temps, nous pouvons trouver un moyen pour rendre les coups.

Samedi soir, j’ai retrouvé un groupe de gens dans le quartier ‘Durand’ : nous avons flâné le long ‘d’Aberdeen’ et dans certaines rues du secteur, en attaquant des véhicules de luxe et des hôtels particuliers qui étaient sur notre chemin, en faisant du bruit avec un sound system portable des feux d’artifice. La balade s’est ensuite rabattue sur ‘Locke’ en attaquant le maximum de commerces de bobos que nous pouvions avant de prendre la décision de se disperser. La police a dit que nous avions fui, mais je n’ai pas vu un seul flic après qu’ils ont été chassés ‘d’Aberdeen’.

Pour tous les anti-capitalistes indubitablement sincères qui, sur Internet, se demandent pourquoi les Starbucks n’ont pas été détruits, contrairement aux petites entreprises et commerces locaux, c’est seulement parce que ceux-ci étaient situés juste un peu trop au nord. Mon seul regret de la soirée.

Comme le camarade Kirk Burgess [1] l’a expliqué sur twitter :

« Imaginez que vous êtes si fâchés vis-à-vis de la gentrification, que vous vous rassemblez avec quelques potes en galère, que vous vous masquez le visage, et que vous déchaînez dans l’un des quartiers les plus riches de la ville. En jetant des pierres sur les maisons et les entreprises. Vous êtes répugnants. »

C’est plus ou moins ça Kirk, moi et mes ami.e.s galériens.

Tous mes pires patrons ont été propriétaires de petites entreprises. Le problème ne réside pas dans la taille de l’entreprise, mais bien dans la relation d’exploitation. Quand une personne décide d’être capitaliste, de faire de l’argent par le biais de ses investissements plutôt que par son travail, sa position par rapport aux changements dans la ville devient fondamentalement différente. La gentrification, par exemple: lorsque les loyers augmentent, cela signifie qu’ils gagnent plus d’argent (plutôt que de perdre leur maison); quand les prix montent et que les riches emménagent, cela signifie une chance de vendre des produits de luxe (alors que nous travaillons au salaire minimum); quand davantage de police et de surveillance arrivent, cela sécurise votre investissement (pendant que nous sommes harcelés et expulsés). Ils deviennent riches parce que nos vies se détériorent.

Bien sûr, les propriétaires de petites entreprises peuvent travailler de longues heures, mais même si je mets 12 heures à côté de mon patron, et que nous nettoyons les toilettes, le fait qu’ils possèdent et que je travaille signifie que notre relation au travail est totalement différente. Quand les affaires sont bonnes (ou quand ils réussissent à faire du financement collectif), ils entérinent un nouveau bail sur une voiture ou signent une hypothèque sur une propriété d’investissement alors que mon chèque est mangé par le loyer, les factures et le magasin d’alimentation. Je n’ai pas d’autre choix que de me présenter demain alors que leur capacité à s’enrichir augmente.

Fuck les riches. Fuck les capitalistes (même ceux qui vendent des produits de boulangerie haut de gamme). Et à tous ceux qui veulent se plaindre de la violence, souvenez-vous que la seule raison pour laquelle ces parasites parviennent à garder leurs mains propres est que, le plus souvent, leurs attaques ressemblent à des affaires des plus banales.

Devrions-nous continuer à écrire des lettres en espérant que Jason Farr [2] « Je-veux-un-magasin-Apple » fasse quelque chose? Ou croire que d’une façon ou d’une autre, Andrea Horwath [3] arrêtera de lécher le cul du BIA de Locke Street [4] ? Ou nous pourrions nous perdre dans le fait que la solution à l’oppression économique résiderait dans des start-up plus innovantes, ou bien dans la charité? Est-ce que je devrais garder le sourire face au connard de riche en espérant qu’il me donne un pourboire plus important?

La rue Locke a été la première rue embourgeoisée du centre-ville, sa « success story », comme pourrait le dire le maire Fred, les quartiers environnants étant les premiers à voir les hausses de loyers qui finissent par dominer tant de nos vies. Retourner des tables et finir par contre-attaquer samedi soir m’a aidé à me débarrasser de la peur et de la frustration qui s’accumulent lorsque vous êtes embourbés dans une situation désespérée. Que les riches se rappellent qu’ils sont toujours à la portée de toutes les personnes qu’ils écrasent.

NdT:

[1] Il parait que Kirk Burgess est un quidam qui a posté ce commentaire marrant sur twitter que l’auteur du texte a décidé de résumer parfaitement la nature de l’action.

[2] Jason Farr c’est un membre du conseil municipal, un vrai opportuniste qui ne fait que courir après les riches pour les attirer dans notre quartier (y compris le apple store).

[3] Andrea Horwath c’est la cheffe du parti de gauche au niveau provincial, qui est venue poser des messages de solidarité sur les façades fracassées.

[4] Un BIA c’est un « Business Improvement Area », une association appuyée par le gouvernement municipal qui réunit les propriétaires et les petits patrons pour coordonner les affaires des quartiers. Assez dégueu.


Après la balade émeutière de Locke Street de samedi 3 mars, le Centre Social Anarchiste The Tower à Hamilton (Ontario, Canada) a eu sa vitrine défoncée dans la nuit de dimanche et la porte pétée la nuit de mardi.

Communiqué de The Tower sur les événements récents

Nous avons attendu jusqu’à maintenant pour écrire un communiqué public, car ce n’est vraiment pas notre volonté d’avoir des conversations sur internet, un endroit si toxique et aliénant. Mais puisque notre local a été attaqué deux fois dans les derniers jours, nous pensons qu’il est important de partager quelques réflexions et d’être clairs sur notre position.

Tout d’abord, non, les actions qui ont eu lieu samedi soir sur les rues Locke et Aberdeen n’ont pas étés organisés par The Tower, mais oui, nous soutenons ce qui s’est passé et nous sommes solidaires de ceux/celles qui l’ont fait. La guerre de classe se poursuit chaque jour dans cette ville, avec des attaques constantes contre les pauvres et les travailleurs. C’est consternant de voir que de si nombreuses personnes se fassent du souci seulement lors de rares occasions où un peu de rage se retourne contre la domination. Les effets permanents de la gentrification dans cette ville sont déchirants : vagues de déplacements, violence croissante et pauvreté grandissante. On ne peut pas simplement s’attendre à que tout ça reste caché sous le tapis des mots. Nous n’avons aucune larme à déverser pour Locke Street.

Nous ressentons qu’à chaque famille qui se fait expulser de sa maison c’est bien pire que tout ce qui s’est passé sur Locke Street, même si on croit que tenir des boutiques de luxe est un acte neutre. Et le niveau d’indignation est particulièrement odieux, considérant que ces dernières jours il y a également eu deux femmes lambda qui ont étés poignardées. C’est plus que dégoûtant de voir que les discussions sur les pâtisseries artisanales dégradées ont la priorité sur les discussions à propos de la violence sur les femmes.

Ce n’est pas simplement du jemenfoutisme, cela veut dire choisir son camp. Quand les choses tournent mal, nous ne sommes pas du côté des riches et de la classe des affaires. Nous sommes solidaires de tous ceux qui résistent aux pouvoirs dominants dans cette ville et si nous avons des critiques sur la tactique nous les faisons en privé. Nous nous opposons à toute répression et à toute collaboration avec la police.

Ces derniers jours, nous avons reçu plusieurs menaces de la part de groupes d’extrême droite, présageant les attaques contre notre espace. Sans surprise, la classe commerçante locale et les suprématistes blancs qui ont organisé des manifestations anti-immigrés en ville l’année dernière se sont retrouvés du même côté.

Tout le théâtre à propos de Locke Street montre qu’ils ne s’attendent pas seulement à se faire de l’argent en suivant leurs intérêts et en ignorant leurs impacts sur d’autres, mais qu’ils s’attendent aussi bien à être aimés pour cela. Nous ne sommes pas « choqués et horrifiés » d’être attaqués, puisque nous n’avons jamais pensé que les puissants de cette ville et leurs larbins pouvaient nous remercier de s’opposer à eux.

Nous savons que ce ne sont pas les boutiques qui sont le principal facteur d’embourgeoisement et des souffrances qu’il entraîne: ce sont plutôt les investissements immobiliers, la spéculation et les politiques municipales qui les encouragent. Les petits magasins sont souvent sous le feu des projecteurs, mais ce ne sont pas eux qui réaménagent les blocs d’immeubles entiers ou mènent des expulsions massives. Cependant, ce qu’ils ont fait, cela a été de se mettre du côté des spéculateurs et des proprios, se positionnant de manière à profiter des forces qui portent préjudice à la plupart de leurs voisins. Nous avons choisi de les critiquer et de nous y opposer par le passé, à cause de leur alliance aux riches et aux gros capitalistes, et même s’ils ne sont pas les plus responsables, leurs actions ont des conséquences réelles.

Pour être clairs, nous ne remplirons pas des formulaires de police en lien à ces événements, mais nous les gérerons plutôt de façon autonome, en nous appuyant sur des réseaux d’entraide. The Tower continuera à héberger le même type d’événements et de groupes qu’il a toujours fait, en mettant des ressources en commun et en partageant des idées. Les événements des derniers jours ne changent rien pour notre projet ou nos choix et nous faisons appel à tous/toutes ceux/celles avec qui nous avons partagé des moments par le passé à prendre le temps de souffler et à considérer que même si les choses sont plus intenses en ce moment, rien n’a changé au fond.

Deux statues de la reine Victoria vandalisées avec de la peinture verte

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Mar 152018
 

Du Collectif de résistance antiraciste de Montréal (CRAM)

[Tôt ce matin, le Collectif de résistance antiraciste de Montréal (CRAM) a reçu un lien vers une vidéo et un communiqué anonyme qui est copié-collé et partagé ci-dessous. Nous vous encourageons à partager largement dans vos réseaux.]

Vidéo: https://vimeo.com/260188932
Photo: i66.tinypic.com/9se2k7.png

Le 15 mars 2018, Montréal – Deux statues emblématiques de la reine Victoria à Montréal ont été vandalisées la nuit dernière, quelques jours avant le jour de la Saint-Patrick. Le monument commémoratif Victoria au centre-ville de Montréal ainsi que la statue de bronze sur la rue Sherbrooke à l’Université McGill étaient tous deux couverts de peinture verte. Les statues ont été dévoilées en 1872 et 1900 respectivement, il y a plus d’un siècle.

La présence de ces statues racistes à Montréal est une insulte aux luttes d’autodétermination et de résistance des peuples opprimés dans le monde entier, y compris les nations autochtones en Amérique du Nord (l’Île de Tortue) et en Océanie, ainsi que les peuples d’Afrique, du Moyen-Orient, des Caraïbes, du sous-continent indien, et partout où l’Empire britannique a commis ses atrocités.

Les statues sont également une insulte à l’héritage de la révolte par les combattant.e.s de la liberté irlandaise, et les mutin.e.s anti-coloniaux d’origine britannique. Les statues ne méritent particulièrement aucun espace public au Québec, où les Québécois.e.s étaient dénigré.e.s et marginalisé.e.s par des racistes britanniques agissant au nom de la monarchie putride représentée par la reine Victoria.

Le règne de la reine Victoria représente une expansion massive de l’Empire britannique barbare. Collectivement, son règne représente un héritage criminel de génocide, de meurtres de masse, de torture, de massacres, de terrorisme, de famines forcées, de camps de concentration, de vols, de dénigrement culturel, de racisme et de suprématie blanche. Cet héritage devrait être dénoncé et attaqué.

Nous sommes motivé.e.s et inspiré.e.s par des mouvements à travers le monde qui ont fait tomber et ont autrement ciblé des monuments par actes anticoloniaux et antiracistes: Cornwallis à Halifax, John A. Macdonald à Kingston, le mouvement Rhodes Must Fall en Afrique du Sud, la résistance aux monuments racistes de la Confédération aux États-Unis, et plus. Nous sommes également inspiré.e.s par la récente action à Montréal, en novembre 2017, contre le Monument John A. Macdonald (contexte : http://bit.ly/2DtJgcd; vidéo: http://bit.ly/2pdPA2s).

Notre action est une simple expression de la solidarité anti-coloniale et anti-impérialiste, et nous encourageons d’autres à entreprendre des actions similaires contre les monuments racistes et les symboles qui devraient être dans les musées, et non prendre de l’espace dans nos lieux publics.

Communiqué par la Brigade de Solidarité Anti-Coloniale Dublin-Delhi, partagé anonymement.

Vigile et journée d’action mercredi 28 février 2018 en solidarité avec l’accusé Freddy Stoneypoint, la souveraineté mi’kmaq et la lutte contre les hydrocarbures

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Fév 242018
 

De Ni Québec, ni Canada

Le 28 février 2018 aura lieu la prochaine comparution de Freddy Stoneypoint au palais d’(in)justice de Percé. Les clowns juridiques du génocide perpétué évalueront si les preuves accumulées par le bras armé de l’État québécois au service de Junex sont suffisantes pour que le cirque commence, autrement dit qu’un procès ait lieu. Ces partisans de l’économie de la mort agissent en complète illégitimité sur le territoire souverain mi’kmaq, plus précisément sur le territoire souverain non cédé du 7e district du territoire mi’kmaq comme le stipule la clause protectrice des terres indiennes de la Proclamation royale de 1763.

Le chef traditionnel du 7e district de Mi’kma’ki, territoire souverain du peuple mi’kmaq, Gary Metallic sr., a servi une notice d’entrée par infraction à la compagnie Junex qui ne fait pas l’objet de procès, seul un camarade du peuple mi’kmaq supposément présent dans un blocage historique qui défendait le territoire et qui fut fait à l’invitation de l’autorité traditionnelle est présentement persécuté par la Cour(onne). Gary Metallic a plusieurs fois réaffirmé le refus de son peuple de l’extraction des hydrocarbures. Malgré la souveraineté jamais abandonnée des Mi’kmaq, l’État québécois continue de réprimer les différent.e.s camarades arrêté.e.s en lien avec la lutte contre les hydrocarbures en Gespe’gawa’gi et pour la reconnaissance de la souveraineté mi’kmaq.

En tant que camarades de Freddy Stoneypoint et du peuple mi’kmaq, nous appelons à faire du 28 février une journée de solidarité et d’action pour la pleine et entière libération des accusé.e.s de la cour coloniale, en reconnaissance et résistance pour la souveraineté de Mi’kmaki et des autres territoires autochtones et contre l’extraction des hydrocarbures.

Nous appelons aussi à souligner par cette journée notre pleine solidarité en action avec le Camp de la rivière et le Treaty Truck House against Alton Gas.

Que nous soyons en Gespe’gewa’gi ou ailleurs, continuons à agir en esprit de totale résistance pour la décolonisation, la souveraineté des peuples autochtones et la vie.

Déclaration de Freddy Stoneypoint (traduction française):

En tant qu’homme souverain autochtone de l’Île de la Tortue, mes droits et responsabilités incluent pratiquer des cérémonies et marcher sur la terre avec amour et respect. Je ne suis pas un activiste. Je suis simplement un homme anishnaabe préoccupé par ceux et celles qui sont à naître et la protection des terres et des eaux dont ils/elles dépendent. Je suis très reconnaissant envers les gens de tous les horizons qui ont supporté la bienveillance et la relationnalité que j’entretiens avec le sacré. Miigwetch.

Pour plus d’informations :

Fonds légal pour Freddy Stoneypoint

7th District Tribal Council of Gespegawagi

Camp de la rivière

Stop Alton Gas

MANIF CONTRE LA POLICE DE MANIWAKI (ET TOUTES LES AUTRES)

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Fév 012018
 


Soumission anonyme à MTL Contre-info

Rdv à la Place Émilie-Gamelin
CE SOIR (1er février)
à 19h

Chaque balle tirée nous rappelle que les policiers sont des meurtriers. Hier, ils ont une fois de plus ouvert le feu sur une personne de 18 ans – qui demeure anonyme jusqu’a présent– qui se comportait avec hostilité au palais de (l’in)justice de Maniwaki. L’été dernier Pierre Coriolan était assassiné par la police alors qu’il était en crise de santé mentale. À l’hiver 2016, c’est Bony Jean-Pierre que la police a tué. Tant que cet ordre mortifère s’impose à nous, nous n’oublions pas, nous ne pardonnons pas.

À cette heure, nous ne savons pas si le jeune homme atteint d’une balle à la tête survivra à sa blessure, et si c’est le cas, dans quel état. Une vie de plus arrachée. L’horreur crue se refait un nid au creux de l’hiver. Mais ce n’est bien là que la face visible et spectaculaire du harcèlement policier auxquels nombreux-ses font face au quotidien, à la brutalité policière toujours impunie et inscrite dans ses fondements, et de la violence de l’ordre colonial, capitaliste et étatique que la police soutient et qui ne pourrait se maintenir sans elle.

Cette attaque est une goutte d’eau dans l’océan de la violence policière. Mais nous refusons qu’elle ne soit qu’une statistique de plus, qu’un moment passager d’outrage qui nourrit notre cynisme.

On appelle à une manif pour arrêter le mouvement automatique du quotidien et honorer la vie qui se dresse contre l’ordre policier de mille et unes façons.

On appelle à une manif dans l’espoir qu’elle ne sera pas qu’une image de protestation contre la violence et l’absurdité de ce monde, pour que la peur change de camp­.

Qu’on brave l’hiver glacé (y’annonce 3degrés en fait – viens-donc!!!) et qu’on sorte pour se tenir ensemble et agir contre ce terrible événement.

Fuck tous les policiers, leurs ami-es, leurs sympathisants et tous-tes ceux et celles qui refusent de prendre parti!

Les rues ne seront jamais paisibles tant que la police y sera.

 

 

Communiqué après le dernier article de La Presse sur Montréal Contre-Information

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Jan 292018
 

De MTL Contre-Info

Montréal Contre-Information est une plateforme de diffusion autonome qui reçoit plusieurs soumissions anonymes ainsi que des textes diffusant les idées anarchistes de différentes tendances. Nous ne condamnons en aucun cas ce qui est publié sur ce site. Nous ne sommes pas les auteurs des soumissions envoyés à ce site.

Hier soir un article dans le journal La Presse nous apprenait que le SPVM enquêtait sur le site web afin de tenter de remonter aux auteurs de différentes actions qui ont ensuite été communiqués sur Montréal Contre-Information. Il s’agit du deuxième en l’espace de quelques mois. Tout ce cirque, qu’il soit médiatique ou policier tente d’isoler les idées qui sont derrière Montréal Contre-Information, on cherche  à instiguer la peur chez les gens qui consultent le site web pour ainsi rendre la diffusion d’informations subversives plus difficile à travers internet ou les réseaux sociaux.

Plusieurs craintes ont été émises par rapport à la page Facebook : « le SPVM a demandé l’ensemble des données de connexion (adresses IP) depuis la création du profil Facebook associé au site afin de maximiser ses chances d’identifier le ou les internautes qui le gèrent ». Ce n’est pas parce que le SPVM lance une campagne de peur que nous allons céder à la pression et fermer la page. Nous pensons que plus il y a de gens qui consultent la page plus le risque de répression sera diffus. En utlisant Facebook le but est de justement pouvoir aller atteindre plus de gens qui ne sont pas nécessairement dans les sphères militantes. Ne cédons pas à la panique, ce serait jouer le jeu de la répression.

N’oublions pas non plus que ce sont les grands médias qui contribuent grandement à cette campagne de peur qui vise à démoniser le site web. Et bien certainement les journalistes s’abreuvent des campagnes policières et continuent à demander des arrestations pour pouvoir remplir leurs chroniques.

Solidairement,

Montréal Contre-Information

 

Quelques notes sur la campagne d’affichage d’Atalante à Montréal

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Jan 262018
 

De Montréal-Antifasciste

Grand cas a été fait le weekend dernier (20-21 janvier 2018) d’une campagne d’affichage sauvage à Montréal ciblant différentes personnalités politiques et militantes. Sans minimiser l’importance de cette action, nous croyons qu’il est nécessaire d’en relativiser la gravité et surtout, d’en nommer les auteurs.

Une intox circule depuis quelque temps à l’effet que le groupuscule d’extrême droite Atalante, implanté depuis plusieurs années à Québec, souhaite ouvrir une « nouvelle » branche à Montréal. Le coup d’éclat foireux de la nuit du 20 au 21 janvier serait le baptême de feu de cette fameuse branche.

Or, nous savons  pertinemment que la soi-disant branche montréalaise d’Atalante est constituée autour des mêmes cabochons qui sévissent dans la métropole depuis un certain temps, principalement au sein des Soldats d’Odin. Parmi eux, quelques individus qui ont déjà été présentés sur ce site, dont Philippe Gendron et David Leblanc (SOO), et Shawn Beauvais-MacDonald, un suprémaciste blanc inspiré par l’alt-right qui est maintenant un habitué de nos pages.

Voyons d’abord qui était de la partie, ce fameux soir de janvier. Sur la page Facebook d’Atalante, les fachos ont eux-mêmes publié un album photo de leur forfait.

///

Cet individu a la même carrure, le même manteau de cuir (image du centre), la même posture et le même style vestimentaire distinctif que Shawn Beauvais-MacDonald, dont nous avons déjà parlé à plusieurs reprises sur ce site.

Comme l’a déjà rapporté le site On Jase, l’utilisateur Facebook Alan Kovak (faux nom; de son vrai nom Martin Minna; alias Boris Popovich; ses trois comptes sont aujourd’hui désactivés) a imprudemment publié sur son compte une série de photos et une vidéo où il se vantait d’avoir participé à la campagne d’affichage avec une poignée de comparses… qu’il a eu la bonne idée d’identifier.

Beauvais-MacDonald est assez facilement identifiable, non seulement par son gabarit et ses vêtements, mais par sa participation bien documentée à de nombreuses manifestations d’extrême droite au cours de l’années 2017 :

Shawn Beauvais-MacDonald à la manifestation de La Meute à Montréal, le 4 mars 2017. Notez la tuque “Venus”.

 

Shawn Beauvais-MacDonald à une manifestation «patriotique» à Montréal, le 23 avril 2017. Accompagné de quelques acolytes.

 

Shawn Beauvais-MacDonald à la manifestation suprémaciste Unite the Right, à Charlottesville, Virginie, le 12 août 2017.

 

Shawn Beauvais-MacDonald à la «manifestation dans le garage» de La Meute, à Québec, le 20 août 2017.

Nous savons également que Shawn Beauvais-MacDonald est proche d’Atalante et des Soldats d’Odin, comme en fait foi cette photo de famille avec Raphaël Lévesque (alias Raf Stomper, leader d’Atalante) et sa présence facilement reconnaissable dans le contingent d’Atalante/SOO à la manif du 25 novembre, à Québec :

Raphaël Lévesque (alias Raf Stomper) et Shawn Beauvais-MacDonald. Notez le t-shirt.

 

Le contingent d’Atalante sur le rempart de l’Esplanade de Québec, le 25 novembre 2017.

 

Shawn Beauvais-MacDonald dans le contingent d’Atalante/SOO à la manifestation d’extrême droite à Québec le 25 novembre 2017. Notez le manteau de cuir, la tuque “Venus” et le t-shirt…

Parlant d’Atalante Québec, quelques membres ou sympathisants du groupe ayant participé à la campagne d’affichage du 20 janvier sont aussi facilement identifiables en recoupant des photos de diverses sources.

Cet individu a exactement la même tenue que Mathieu Bergeron, un proche d’Atalante, facilement reconnu sur le rempart de l’Esplanade et dans la manifestation d’extrême droite à Québec le 25 novembre 2017 :

Mathieu Bergeron dans le contingent d’Atalante/SOO de la manif d’extrême droite à Québec, le 25 novembre 2017. Notez la casquette du groupe Légitime Violence. La même que sur les deux photos précédentes.

 

Mathieu Bergeron

 

Mathieu Bergeron

Le membre le plus connu d’Atalante est sans doute Raphaël «Raf Stomper» Lévesque, qui était aussi manifestement de la virée à Montréal le 20 janvier :

Raphaël Lévesque, leader d’Atalante, en campagne d’affichage à Montréal le 20 janvier 2018. Notez le blouson The North Face et les espadrilles New Balance.

 

Atalante sur le rempart de l’Esplanade à Québec. Raphaël Lévesque au centre.

 

Raphaël Lévesque motive ses sturmtruppen dans la manifestation d’extrême droite devant l’Assemblée nationale, le 25 novembre 2017.

 

Raphaël Lévesque en joyeuse compagnie; à droite, le stomper «Yannick Sailor».

De nombreuses photos du Québec Stomper Crew et de l’entourage de Légitime Violence se trouvent sur le site Montréal Contre-Information, dont la plupart représentent Raphaël Lévesque.

Un troisième complice d’Atalante a aussi été reconnu dans l’album photo de la campagne d’affichage du 20 janvier, soit Vincent Cyr, de Varennes :

Vincent Cyr, sympathisant d’Atalante, à Montréal le 20 janvier 2018. Notez les tatouages sur les mains et l’écusson sur le blouson aviateur.

 

Vincent Cyr. Notez les tatouages, l’écusson, le blouson et le pantalon camo.

 

Vincent Cyr, sympathisant d’Atalante. Notez l’écusson Rock Against Communism.

 

Vincent Cyr avec Atalante sur le rempart de l’Esplanade, à Québec, le 25 novembre 2017.

 

Vincent Cyr avec Atalante et les Soldats d’Odin dans la manifestation d’extrême droite à Québec, le 25 novembre 2017.

Pour rester dans l’entourage immédiat d’Atalante, il semblerait qu’un autre nazillon des Québec Stompers, Jonathan Payeur, soit au moins en partie responsable de la production des bannières du groupe, dont l’allure distinctive est due à la police de caractère utilisée. Voici un échange révélateur à ce propos sur la page Facebook de Raf Stomper :

Jonathan Payeur, proche d’Atalante et du Québec Stomper Crew.

 

Jonathan Payeur, proche d’Atalante et du Québec Stomper Crew.

 

On s’en voudrait d’oublier notre bon ami David Leblanc, le nazi-pas-raciste et homme à tout foirer des Soldats d’Odin, qui s’est lui aussi fait avoir par l’ineptie de son complice Martin Minna, alias Alan Kovak :

David Leblanc, des Soldats d’Odin, à gauche.

 

David Leblanc, des Soldats d’Odin Montréal, qui montre à quelle hauteur il vole. Avec lui, Guillaume Levesque et Ian Alarie, de Varennes.

 

David Leblanc, avec le contingent des Soldats d’Odin, à Québec, le 25 novembre.

 

Weekend occupé, pour Dave Leblanc, qui était à Sherbrooke le 21 janvier pour participer à la «Journée du drapeau» avec Les Insoumis. En arrière plan, Philippe Gendron et Katy Latulippe.

 

///

Plutôt que de succomber à la peur ou de contribuer par mégarde à leur propagande en partageant sans donner de contexte les photos de leurs exploits racistes, nous croyons qu’il faut démasquer et exposer ces fascistes qui se donnent de plus en plus de latitude dans nos villes.

Si vous avez d’autres informations au sujet des individus mentionnés dans cet article ou d’autres fascistes, communiquez avec alerta-mtl@riseup.net.

Manifestation contre la brutalité policière 2018

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Jan 212018
 

Du Collectif Opposé à la Brutalité Policière

Depuis plus d’une vingtaine d’années, le C.O.B.P. invite les citoyens-ennes de Montréal à une manifestation afin d’exprimer une colère face à la police du Québec qui se nourrit de la répression, du profilage et de la brutalité de ce corps policier. Chaque année, nous émettons de multiples revendications et critiques par rapport aux méthodes d’intervention, aux abus et à l’impunité policière. Cette année ne fait pas exception : Le Collectif Opposé à la Brutalité Policière vous invite à prendre la rue le 15 mars 2018 et à exprimer par tous les moyens nécessaires le refus de se soumettre à l’autorité coloniale et capitaliste qu’exerce la police. Il est important d’exprimer d’emblée que cette manifestation se déroule sur un territoire autochtone non cédé dont la classe politique du Québec s’accorde le droit d’imposer son autorité.

Les comportements policiers qui nous exaspèrent sont particulièrement nombreux. Cependant, cette année, nous trouvons primordial de dénoncer la complicité dont font preuve les policiers-ères du Québec face aux groupes d’extrême-droite, anti-immigration ou islamophobe. C’est à cause de cette complicité que les rassemblements de groupes racistes ont pu avoir lieu sans être perturbés par les contre-manifestations. En effet, la répression policière s’est exercée face aux contre-manifestations, au profit des rassemblements d’extrême-droite et néo-nazi. Le résultat est que des groupes anti-immigration, violents et pro-armes peuvent exprimer leurs propagandes sans trop de gêne.

Nous devons souligner aussi qu’une part de responsabilité de la montée des groupes d’extrême-droite doit être attribuée à plusieurs médias du Québec, qui s’efforcent de discréditer les idées et le travail des groupes antifascistes. Ils-elles osent même faire des comparaisons douteuses entre les moyens de pression des groupes d’extrême-gauche et les attentats très violents de l’extrême-droite. Comme si le triste attentat de la mosquée de St-Foy, ayant couté la vie de plusieurs innocents-es, n’avait jamais existé. Certains médias continuent de nourrir l’extrême-droite notamment en inventant de toutes pièces une histoire canalisant la colère raciste de groupes islamophobe contre une mosquée de Montréal.

Cette année, le C.O.B.P. veut exprimer ces sentiments de révolte face aux médias, à la montée de l’extrême-droite et face aux corps policiers du Québec. Nous appelons donc les citoyens-ennes du Québec à nuire par tous les moyens nécessaires à la montée de l’extrême-droite. Nous crions depuis des années que la police est au service des riches et des fascistes et cette année, le corps policier justifie plus que jamais cette affirmation.

C’est pourquoi, nous nous joignons à la lutte antifasciste et vous invitons à un 5 à 7 avec nourriture et prises de parole le 15 mars 2018 au Parc Lafontaine organisé par SOS itinérance, suivi à 19h30 de la manifestation annuelle contre la brutalité policière et sa police, dont le départ sera également au parc Lafontaine.

TOUT LE MONDE DÉTESTE LA POLICE… ET LES FASCISTES!

Le Collectif Opposé à la Brutalité Policière

Manif de solidarité devant les prisons de Laval pour la nouvelle année!

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Jan 032018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le soir du 31 décembre, pour la sixième année consécutive, une manifestation de bruit s’est tenue devant les pénitenciers de Laval. Malgré le froid glacial, cette année fut marquée par la plus grande participation depuis les débuts de cette tradition. Plus d’une centaine de personnes ont marché au son des « Tout le monde déteste la police! », « Pour un monde sans prisons, ni centres de détention! » le tout accompagné de percutions, bannières, sifflets et feux d’artifices en grande quantité.

Le groupe s’est d’abord présenté devant l’Établissement Montée Saint-François (B-16), où la sécurité minimale permet d’entrer en contact plus direct avec les détenus, grâce aux fenêtres desquelles ils peuvent nous envoyer la main, voir les bannières et nous entendre. Le second établissement visité fut celui de Leclerc, l’ancienne prison fédérale désuète transformée en prison provinciale pour femmes en 2016 et qui était mixte jusqu’à cet été. La prison se trouvant très loin de la route, l’accès y est normalement empêché par la police, mais le grand nombre de personnes présentes a permis de déjouer avec joie les lignes policières, tout le monde se livrant à une course poursuite plutôt rigolote dans la neige, durant laquelle plusieurs policiers ont pu apprécier la fraîcheur de la poudreuse. Nous étions donc tout proche de la prison pour lancer une belle quantité de feux d’artifice. Simultanément, un autre groupe de personnes s’était glissé du côté opposé de la prison pour envoyer des feux d’artifice tout près des bâtiments où sont logées les prisonnières.

Le tout a continué devant le Centre de Détention pour personnes migrantes, rappelant l’importance de s’opposer au projet du Gouvernement Fédéral de construire un nouveau Centre de Détention pour personnes migrantes à Laval. Ce projet s’inscrivant dans un effort général d’augmenter la capacité d’emprisonnement et de déportation des personnes migrantes par l’Agence des Services Frontaliers du Canada (ASFA). Nous souhaitons un monde sans frontières, où tout le monde peut vivre dans la dignité. Emprisonner les personnes migrantes, leur refuser un endroit où vivre et les déporter dans des situations dangereuses sont des choses inacceptables contre lesquelles nous devons continuer à nous battre. Nous nous battons dans un contexte où l’extrême droite et les groupes fascistes s’organisent et prennent de plus en plus de place au Québec; un contexte où celleux qui résistent aux efforts de l’extrême droite sont arrêtéEs et criminaliséEs.

Le grand charivari a pris fin devant le Centre Fédéral de Formation, la prison à sécurité maximale. Le groupe s’est finalement scindé en deux pour le retour, moment où la police a profité du nombre réduit de gens pour faire une arrestation. La personne arrêtée a heureusement été relâchée le soir même, mais avec des charges.

Les prisons ont été créées pour isoler les gens de leurs communautés. Les manifestations de bruit devant les prisons sont un moyen concret de lutter contre la répression et l’isolement. Nous voulons transmettre un message de solidarité aux gens à l’intérieur et leur souhaiter une bonne année, même si une nouvelle année réellement heureuse en serait une sans les prisons et le système dépendant d’elles!

La fausse nouvelle de TVA et la panique islamophobe à l’extrême droite

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Déc 152017
 

De Montréal-Antifasciste

Le mardi 12 décembre, TVA Nouvelles rapportait que des travailleuses de la construction embauchées sur un chantier routier devant la mosquée Ahl-Ill Bait à Côtes-des-Neiges avaient été réassignées à distance de la mosquée en réponse à une requête formulée par la direction de la mosquée. TVA a initialement affirmé avoir obtenu copie du contrat de travail stipulant cette clause qui, si elle s’avérait, serait sexiste et illégale.

En moins de quelques heures de la diffusion de ce reportage, une vague d’indignation s’est répandue dans les médias sociaux. En moins de temps qu’il ne faut pour crier « fake news », plusieurs personnalités islamophobes et d’extrême droite ont dénoncé agressivement, non seulement la mosquée Ahl-Ill Bait, mais l’ensemble des musulmans ainsi que divers politiciens qui apparemment ne prenaient pas position assez rapidement, sans parler de la Fédération des femmes du Québec, qui a été accusée de garder le silence parce que sa nouvelle présidente, Gabrielle Bouchard, est une femme trans (et donc, veut-on nous faire croire, indifférente au sexisme).

Avant la fin de la journée, des faits contredisant le récit de TVA ont commencé à sortir. Le conseil exécutif de la mosquée ont expliqué qu’ils n’avaient jamais formulé une quelconque requête pour retiré les travailleuses du site. «Nous avions effectivement demandé l’accès au stationnement, sur l’heure du midi les vendredis, mais n’avons jamais demandé l’exclusion de personne. Cette requête, si elle existe, ne provient pas de notre organisation», a affirmé le porte-parole Moayed Altalibi par communiqué. Ceci a été confirmé par Serge Boileau, le président de la Commission des services électriques de Montréal (CSEM), qui gère le chantier, qui a d’ailleurs indiqué que la personne qui surveille le chantier pour la CSEM est une femme. «Elle est là depuis trois ou quatre semaines, et n’a pas été informée de quelque demande que ce soit, ni été importunée par quiconque.»

Malgré ces faits contredisant clairement les mensonges de TVA, les réseaux sociaux liés à l’extrême droite ont continué à répandre l’information fausse voulant que des femmes avaient été retirées du chantier à la demande de musulmans. En fait, le fait que le porte-parole de la mosquée insiste pour dire que la mosquée n’a aucun problème avec la présence des femmes a été cité comme preuve que les musulmans sont des menteurs à qui l’on ne peut faire confiance.

Ça n’est pas la première fois qu’un reportage malhonnête à propos des musulmans au Québec devient viral. Ça n’est pas la première fois que l’extrême droite se mobilise sur la base de fausses informations. Et ça n’est pas la première fois non plus qu’une nouvelle semble découler directement de la désinformation de l’extrême droite : les captures d’écran de Mark-Alexandre Perreault (qui semble être la source initiale de cette histoire) montrent que cet individu n’est pas un intervenant neutre et désintéressé dans cette histoire :

 

Suite au reportage de TVA, la madone d’extrême droite sur les médias sociaux, Josée Rivard, s’est dépêchée à mettre en ligne une vidéo où elle fustige la présidente de la FFQ, Gabrielle Bouchard, dans une invective transphobe, avant de tourner son fiel vers les musulmans qui seraient responsable d’avoir fait perdre une journée de travail à une travailleuse de la construction. À partir d’une vision faussée des relations ethniques au Québec, elle vocifère : « On a toujours reçu tout le monde, on n’a jamais eu de problèmes tout d’un coup il y a un gang de morons qui s’en viennent défaire toutes les affaires. »

Peu de temps après, deux femmes proches de La Meute, « Sue Elle » (aka Sue Charbonneau) et « Kat Baws » (aka « Kat Akaia »), ont lancé un appel à manifester devant la mosquée Ahl-Ill Bait dans l’intention explicite de perturber la prière du vendredi le 15 décembre. Sue Elle a été impliquée dans de nombreuses mobilisations racistes en 2017, participant à des manifestations organisées par CCCC, le Front patriotique du Québec, Storm Alliance et La Meute. En étroite collaboration avec des boneheads néonazis proche des Soldats d’Odin et d’Atalante, elle a aussi essayé d’organiser une manifestation contre les réfugié-e-e haïtien-e-s au Stade olympique le 6 août dernier, un événement que les organisateurs ont été forcés d’annuler en raison de la contre-mobilisation antiraciste.

Kat Baws est elle aussi proche de La Meute (son partenaire « Pat Wolf » occupe un poste officiel dans le Klan 16 – Montérégie) et de Storm Alliance, et étaient l’une des organisatrices de l’événement « Tous unis pour les démunis », une opération (ratée) de relations publiques menée à Montréal le 9 décembre dernier.

En plus de La Meute et de Storm Alliance, Baws est sympathisante de Atalante, l’organisation néofasciste basée à Québec, comme en fait foi son appréciation de nombreuses pages spécialisées dans l’identification et les attaques contre des antifascistes :

Storm Alliance que La Meute se sont dépêchées d’endosser l’appel à manifester devant la mosquée le 15 décembre. Pendant ce temps, sur la page Facebook de l’événement, l’idée a été poussée par Isabelle Roy (aka Seana Lee Roy), l’ancienne cheffe de Storm Alliance Montréal et coorganisatrice du flop Unis contre les démunis, et de nombreux autres se sont mis à proposer de chanter des hymnes de noël pour perturber la prière du vendredi, de distribuer du bacon ou des sandwiches au jambon, etc.

En même temps, mais parallèlement, l’Association des Travailleurs en Signalisation Routière du Québec a annoncé qu’elle aussi participerait à une manifestation vendredi devant la mosquée Ahl-Ill Bait. S’organisant par Twitter, l’ATSRQ a demandé à ses membres de quitter les lieux avant la manifestation de 13 h 30 (qui, selon eux, pourrait mal tourner). Plus tard, alors que de plus en plus de nouvelles et de reportages sortaient mercredi jetant un sérieux doute sur les allégations islamophobes de TVA, l’ATSRQ a finalement annulé ses plans jeudi matin. Cela dit, tout en insistant qu’elle agit seule et non en tant que membre d’un groupe, Marie-Josée Chevrier avait déjà lancé un appel public à soutenir la manifestation du syndicat, un appel endossé par de nombreux individus de divers réseaux, dont certains proches du Front patriotique du Québec. Au moment d’écrire ceci, tout indique que des gens vont se pointer sur place vendredi matin avant la plus grande manifestation raciste prévue en après-midi. il est utile de souligne que Chevrier, malgré son désaveu, est membre de certains groupes Facebook fort intéressants :

Il appert que La Meute, Storm Alliance et le Front patriotique du Québec organiseront la « sécurité » pour la manifestation de vendredi:

En même temps, de nombreux appels ont été lancés sur Facebook pour des actions plus sordides. Isabelle Lavigne (membre du groupe Facebook de Storm) a publié une vidéo où, tout en insistant qu’elle ne lance pas un appel à la violence, avertit l’exécutif de la mosquée qu’elle a obtenu leur adresse sur un site gouvernemental. Sébastien Cormier, dont les problèmes d’immigration de sa famille ont été exploités par Storm Alliance lors de la manifestation du 25 novembre à Québec, a lui aussi publié une vidéo pour se plaindre du fait que les Québécois ont été endoctrinés à l’islamophobie par le gouvernement, tout en mettant les musulmans en garde que s’ils continuent à faire des demandes « d’accommodements déraisonnables », les choses pourraient exploser. (On a l’impression que « Seb » ne sait pas vraiment dans quoi il s’est embarqué en acceptant l’appui de personnes qu’il semble lui-même percevoir comme des racistes.) La membre de La Meute, Patricia Celtique Gagnon a publiée une vidéo où elle lance un appel à manifester devant les mosquées à la grandeur du Québec ce vendredi, une proposition accueillie favorablement et relayée par d’autres individus dans les réseaux sociaux.

On a observé de nombreux appels à vandaliser et attaquer les mosquées, parmi un miasme de memes et de commentaires racistes :

Et tout cela n’est bien sûr que la pointe de l’iceberg.

La mobilisation d’extrême droite autour de cette histoire, même si elle est clairement appuyée sur de la désinformation, n’est pas complètement étonnante. Au Québec, un élément clé de l’organisation raciste au cours des dix dernières années a été le cadre des droits des femmes. Cela peut prendre une forme à la fois raciste et antisexiste, ou une forme carrément paternaliste sur le thème de « la protection de NOS femmes » et « au Québec, les femmes, c’est sacré ». Cela fait partie d’un phénomène plus large où, après des années d’agitation raciste par certains médias et politiciens, la grogne populaire (même autour de vrais enjeux) s’exprime de plus en plus fréquemment par des personnes blanches dans un discours islamophobe.

À propos de ces féministes instantané-e-s de l’extrême droite, on ne peut s’empêcher de constater le caractère sélectif de leur indignation. Qu’une femme perde une journée de travail en raison de contraintes sexistes, c’est effectivement quelque chose qui ne devrait jamais se produire. Mais une grande mobilisation contre un incident isolé, dans une société où une femme gagne encore en moyenne 88 cents pour chaque dollar que rapporte un homme (ce qui se traduit par 28 jours de travail non payé par année), ne porte clairement pas vraiment sur l’égalité de sexes.

L’exclusion des femmes de quelque domaine que ce soit est par définition une forme d’oppression et de sexisme à laquelle nous nous opposons fermement. Nous sommes toutefois bien trop familiers avec la manière par laquelle des nouvelles fabriquées de toutes pièces ou montées en épingles par des médias comme TVA deviennent soudainement quelque chose que « tout le monde sait bien » et qui tombent sous le « sens commun », même lorsque la nouvelle est contredite par les faits. Dans ce cas-ci comme dans de nombreux autres cas, ce sont des mensonges qui alimentent la panique antimusulmane.

Nous allons faire un suivi de cette histoire dans les prochains jours.

 

Les assauts de l’extrême gauche se multiplient au Québec: Philippe Teisceira-Lessard serait-il à blâmer?

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Déc 062017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Des details croustillants révélés en primeur sur les modus operandi de l’extreme gauche, un usage abondant d’une grammaire simpliste, mots sortis tout droit du dictionnaire: il semblerait y avoir eu une forte recrudescence des articles signés Philippe Teisceira-Lessard dans la Presse au cours des derniers mois.

En date du 23 novembre 2017, Philippe Teisceira-Lessard aurait supposément publié un article décrivant des actions alléguées de « l’extrême-gauche » au soi-disant « Quebec ». Grâce a des interviews de nazis repentis (Maxime Fiset) et d’enquêteurs a la retraite du SCRS, le journaliste explore les bas-fonds de la mouvance « anarchiste » et nous gratifie d’une analyse pénétrante des motivations profondes présidant aux actions criminelles de la gauche.

Perplexes devant les conclusions subtiles et raffinées sur les idées des différents acteurs publiant des communiqués sur Montréal Contre-Information auxquelles est parvenu Philippe Teisceira-Lessard, nous avons décidé de mener notre propre enquête. Une source ayant requis l’anonymat nous a ainsi déclaré : « Philippe Teisceira-Lessard dispose visiblement d’informations privilégiées. Autrement, je ne vois vraiment pas comment il pourrait être à ce point au fait de leurs tactiques et de leurs intentions. Par exemple, comment a-t-il fait pour savoir qu’une source majeure d’inspiration pour eux se trouve dans les sites web djihadistes? »

Il y a eu une forte recrudescence des contributions journalistiques de M. Teisceira-Lessard. En 2017, plus de 54 articles auraient été signes de sa plume. En comparaison, en 2015, seulement 13 articles auraient été l’oeuvre du journaliste d’enquête. En épluchant attentivement ses articles de la période 2016-2017, nous avons démontré une frappante ressemblance entre leur style et celui des communiqués anonymes présentés sur Montréal Contre-info.

« Similaire à un blogue anarchiste »

Au cours de notre enquête, nous avons fait appel à différents experts en technologie oeuvrant avec des algorithmes dernier cri pouvant comparer la syntaxe et les schémas linguistiques des articles de Teisceira-Lessard et ceux de plusieurs posts sur Montréal Contre-info. Les résultats ont été pour le moins inquiétants.

Dans 99,2 % des comparaisons, autant Teisceira-Lessard et les contributeurs anonymes ont utilisé abondamment les structures de phrase suivantes : simple, composée et complexe. Tous les deux ont employé des verbes s’accordant avec des sujets, parfois liés par les conjonctions « et » ainsi que « ou ». Le plus étonnant, c’est qu’une clause indépendante était parfois liée à une clause dépendante par l’usage de la conjonction « parce que ».

Après des triangulations linguistiques répétées entre les contributions de Teisceira-Lessard à la Presse et les communiqués soumis à Montréal Contre-info, l’éminent chercheur en symbologie de l’extrême-gauche, Ian Lafrenière, a noté avec inquiétude que « ses articles sont nettement similaires au contenu d’un blogue anarchiste ». Nous soulignons ci-bas quelques exemples des similarités entre l’écriture de Teisceira-Lessard et ces communiqués anonymes :

« Un site baptisé Montréal Contre-information est devenu une plaque tournante de la mouvance et diffuse les communiqués de revendication de plusieurs attaques contre des personnes ou des biens. »

« Une vidéo diffusée sur la plateforme montre deux individus s’approchant de la voie ferrée et activant des extincteurs remplis de peinture. »

« Plusieurs yuppies décident de démontrer leur richesse autrement que par des BMW et des Mercedes. »

Ndlr : Dans les faits, les sites faisaient l’usage plus fréquent des formats composés–complexes que Teisceira-Lessard, qui semble ne pas vouloir obscurcir son oeuvre ou semer la confusion dans son public avec plus que deux clauses.

L’internet comme moyen de communication

Lapresse.com, mtlcounter-info.org, ISIS.net/recruitment. Tous les trois sont des sites web. Ils publient et distribuent des articles et des opinions éditoriales à un public large, qui ont accès à ces informations par l’internet.

De son propre aveu, la Presse utilise l’internet pour diffuser sa propagande depuis 1999, et tout récemment en 2015 s’est convertit à une modèle de distribution presqu’entièrement basée sur l’internet. On ne peut pas voir comme simple fruit du hasard que Montréal Contre-info choisit aussi de diffuser l’information principalement sur le Web, en conservant une petite base de distribution format papier.

Le ou les gestionnaires du site de la Presse n’ont pas répondu à nos courriels. Leur hébergeur, l’entreprise canadienne Namespro Solutions, n’a pas voulu révéler leur identité à notre expert en science de l’informatique, Daniel Lecavalier.

Un passé criminel

Teisceira-Lessard n’est pas étranger aux actes violentes de l’extrême gauche. En avril 2012 il a lui-même été arrêté et accusé d’entrée par effraction et de méfaits pour son « rôle essentiel » dans l’occupation et le saccage du bureau du ministre Line Beauchamp à Montréal.

En entrevue après les événements, Teisceira-Lessard a avoué sa participation. « Quand le policier a parlé de méfaits, de vols et d’entrée par effraction, j’étais sous le choc par ces mots-là qui sonnent fort [sic]. Ce n’est pas de petits chefs d’accusation », a-t-il dit, avec une pointe de fierté. Depuis, il semble que Teisceira-Lessard s’est fait discret en se repliant dans l’underground sombre de la blogosphère extrémiste.

Des victimes sans défense

Bien qu’il est techniquement vrai que l’idéologie de l’extrême droite a directement mené à l’assassinat de huit hommes musulmans, des attaques racistes constantes contre des mosquées, et une hausse des agressions contre les personnes racisées, nul ne peut ignorer l’impact des actions de l’extrême gauche. « On est aux prises avec une situation où l’extrême gauche fait autant partie du problème que l’extrême droite », indique Michel Juneau-Katsuya, expert en sécurité nationale et ex-agent de la SCRS.

Nous nous sommes entretenus avec plusieurs chargeuses frontales et caméras de surveillance, qui ont accepté de nous parler seulement sous couvert de l’anonymat. Dans un de leurs témoignages percutants, une vitrine de commerce a raconté la suivante :

« Ces gestes violents sont totalement inacceptables et n’ont pas leur place dans une société de droit… d’aucune façon je ne peux accepter que l’on s’attaque à ma famille, à leur sécurité et à leur sérénité. »

Notre enquête et notre analyse minutieuse mènent à une conclusion incontournable : si l’on ignore l’idéologie et le contenu, il y a beaucoup trop de similarités entre les articles signés Teisceira-Lessard et ceux qui apparaissent sur Montréal Contre-info pour accepter qu’ils auraient été écrit par différents auteurs. Nous avons contacté le SPVM pour demander un appui supplémentaire de 524 937,50 $ afin de poursuivre notre enquête, mais leur petite caisse a récemment été épuisé.

Nous avons essayé de contacter Teisceira-Lessard pour faire la lumière sur ces nouvelles allégations inquiétantes, mais il nous a répondu seulement « aucun commentaire », une expression qu’il a sans doute appris lorsqu’il était en prison.

Visite nocturne chez Jean-Yves Lavoie, président de Junex

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Nov 272017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

La nuit du 16 novembre, nous sommes allé.es visiter la banlieue de Québec, plus exactement le 1205 rue Impériale, afin de laisser un message à l’intention de M. Jean-Yves Lavoie. Pour ceux et celles qui ne seraient pas familier.es avec lui, M. Lavoie est le président de Junex, une compagnie qui génère son profit (ou, à tout le moins, qui essaie) en exploitant le territoire du soit-disant “Québec”, entre autres à travers des projets de fracturation en “Gaspésie”.

Nous avons décidé de joindre nos efforts à la puissante lutte en cours, laquelle se mène sur plusieurs fronts, souhaitant rendre le rêve de M. Lavoie impossible. En d’autres mots, plutôt que de laisser l’industrie extractiviste coloniale et des compagnies comme Junex continuer à menacer la terre et l’eau de la Gaspésie ou de n’importe quelle région de l’Île de la Tortue, nous avons choisi d’entendre l’appel des Mi’kmaq et des autres protecteur.rices de l’eau et de la terre. Nous ferons ce qui est nécessaire afin d’empêcher les compagnies comme Junex de mener à terme leurs plans destructeurs.

C’est dans cet esprit, et avec notre propre objectif de démantèlement de l’industrie pétrolière et gazière au “Québec”, que nous avons brisé les fenêtre de ses voitures, sans oublier d’en percer les pneus. Nous avons aussi recouvert sa maison de peinture.

Nous lui avons également laisser un message vocal, que vous pouvez écouter ici. Son rêve de devenir riche en détruisant le territoire ne réalisera pas. Les efforts collectifs de protection de la terre – les blocages, camps de support, manifestations, campagnes d’éducation – ainsi que toutes les initiatives autonomes menées par une multitude de groupes autochtones et allochtones seront bien plus puissantes que le travail que M. Lavoie et Junex peuvent accomplir en une vie.

Québécois contre le Québec!

Comité de défense et de décolonisation des territoires

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Nov 162017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

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Une brèche a été ouverte par une bande d’anonymes maintenant notoire. Leur mouvement autonome de réoccupation du territoire a révélé l’intimité des perspectives écologistes et décoloniales. En bloquant le projet pétrolier de Junex et en affirmant la légitimité des souverainetés traditionnelles Mi’kmaqs sur le territoire, leur action a donné lieu à des nouvelles possibilités de luttes victorieuses. Après le démantèlement des premières barricades, cet appel à l’organisation s’inscrit dans la continuité de leur audace.

À partir du démantèlement, le Camp de la rivière devint un ancrage central de la lutte contre les hydrocarbures et la fracturation en Gaspésie. En plus d’être le lieu d’une quotidienneté emplie de sens, le camp multiplia les efforts visant à bâtir une force qui saurait s’opposer à l’économie de la mort, au travail concerté d’un État extractiviste et des entreprises pétrolières qu’il finance. En ralliant des habitant.es de partout, de la Gaspésie, du reste du Québec et des Maritimes, il a prouvé que ses potentiels de rencontres et d’alliances sont d’une grande puissance.

Dans leur déclaration au banquet Junexit, deux chef.fes traditionnel.les Mi’kmaqs écrivent qu’« après le démantèlement de la barricade, la lutte ne fait que commencer, et des coalitions se forment entre les Chefs des Districts Mi’kmaqs, ainsi que les protecteurs de l’eau et de la terre allochtones. Nous appelons tous les groupes et individus qui se sentent concernés par la protection de l’eau et de la terre sur le territoire de Gespegawagi à faire entendre leur appui, à agir et à rejoindre la lutte sur place. »

L’appel à la semaine d’actions a été un succès dans plusieurs régions, multipliant déploiements de bannières et organisant occupations, manifestations et blocage de trains. La cause, reprise par des écologistes autant que par des militant.es décoloniaux s’est posée comme symbole de la défense du territoire, de la nécessité de protéger les régions et les milieux de vie auxquels nous appartenons. « Tout à perdre, rien à gagner » : plus qu’une opposition aux projets extractivistes, nous voulons exprimer notre attachement au territoire et la menace qu’est le pétrole pour ce à quoi nous tenons.

Pour penser la suite de la lutte et son extension, pour voir comment nous pouvons contribuer à multiplier les conflits, nous proposons aux ami.es, aux camarades, aux allié.es, aux complices, de se regrouper localement dans des formes favorisant à la fois l’autonomie et l’élargissement de la lutte. Nous proposons une forme, celle des comités ouverts pouvant accueillir des individus, des membres d’autres groupes et se multiplier selon les nécessités. C’est à travers ceux-ci que nous pourrons adresser les questions brûlantes que la lutte soulève. Il nous faudra penser ensemble pour agir ensemble, mais c’est aussi dans la pratique que ces questions pourront trouver leurs réponses.

Vaincre la catastrophe

Écologie et Décolonisation

Pas une journée ne passe sans qu’un épiphénomène du réchauffement climatique ne vienne ravager une partie du globe ou qu’on nous rappelle comment la diversité animale chute drastiquement chaque année. Sous l’effet de l’extraction massive des énergies fossiles, la catastrophe fait irruption dans notre quotidien et nous peint un futur sombre. Le déraillement d’un train chargé de pétrole fait exploser un village entier. Le changement soudain du climat paralyse toute une région. Ce qu’on nomme catastrophe n’est que le fonctionnement normal d’une économie fondée sur l’accélération et la croissance.

Les énergies fossiles, censées nous libérer de la dépendance au soleil, nous ont rendu.es dépendant.es aux institutions et infrastructures qui les produisent. Au delà de l’alternative infernale, entre ceux désirant retenir ou accélérer la fin du monde, un parti de la vie se dessine en prenant sur lui de combattre les projets de l’économie de la mort et de réhabiter le monde.

Dépossédé.es, l’on voudrait nous voir vivre déconnecté.es des autres, chaque individu dans sa petite case personnelle, aveugle à la violence qu’exige cet ordre pour se maintenir en place.Défendre les territoires, c’est briser cette bulle. C’est réapprendre à vivre avec ce qui nous entoure et composer avec ce qui nous constitue. Briser le temps normal de l’économie, se retrouver.

Le blocage des projets de Junex en Gaspésie et le Camp ayant suivi sont de ces espaces qui nous permettent de nous rassembler et de nous organiser contre ce qui ravage le monde. Ils se lient aux territoires et y tissent de nouveaux sentiers.

Là est le premier point de contact possible. Les mouvements écologistes, en proposant quelque chose de nouveau pour les allochtones, ont rejoint des idées très anciennes pour les Autochtones. C’est en refusant de penser la terre comme une simple marchandise, de vouloir son exploitation pour le profit et en reconnaissant que c’est elle qui nous nourrit, que des possibles se sont ouverts. En défendant la terre contre le intérêts propres d’un État ou bien d’une entreprise, des ponts ont commencé à s’établir entre des mondes qui semblaient jusque-là irréconciliables.

Mais si le désastre qu’est l’économie du pétrole nous apparaît comme évident, le rapport à celui-ci se conçoit différemment du point de vue des peuples autochtones. Pour eux, cette catastrophe est une réalité se réactualisant depuis 500 ans. La destruction de l’environnement va de pair avec la dépossession qui la précède. Leur perspective nous éclaire sur le caractère colonial de l’histoire moderne. Elle nous permet de comprendre que le développement de l’économie n’a été possible que par la dépossession et l’exploitation. Que ce système fonctionne encore aujourd’hui sous cette même logique et que Junex en est l’ultime représentant.

Poser la question de la défense des territoires en «Amérique» implique donc inévitablement de penser le processus par lequel l’économie extractiviste et ses institutions ont pu y croître. Ce processus, c’est la colonisation, c’est-à-dire le pillage, le saccage et l’occupation des terres autochtones.

Du point de vue autochtone, défendre les territoires est donc inséparable de la lutte de décolonisation. Dans ce processus, les souverainetés ancestrales bafouées par 500 ans de conquêtes doivent être revalorisées et mises de l’avant. Pour les écologistes, cela implique d’assumer la production de mondes allochtones capables d’habiter sans déposséder. À travers une lutte commune contre ce qui nous menace et pour la survie des traditions nouvelles et anciennes, des mondes jusqu’ici incompatibles peuvent se rencontrer. Cette rencontre devra penser l’ordre colonial pour sa destruction. Par là, nous pouvons nous adresser des problèmes communs.

La construction des « Amériques » n’aura été qu’un long processus violent pour s’accaparer territoires et ressources. Les fourrures hier et le pétrole aujourd’hui. Le point de vue décolonial offre à penser cette tragédie. Pour interrompre l’Histoire, il faut bloquer ce qui la construit, c’est-à-dire l’infrastructure de l’économie extractiviste.

La force mobilisatrice qui pourrait émerger d’alliances concrètes entre perspectives écologiste et décoloniale, entre allochtones et Autochtones serait annonciatrice de luttes victorieuses. Cette possibilité de gagner contre ce monde et d’en ouvrir d’autres est entre nos mains. À nous de la saisir !

Comment faire?

« Avancer en questionnant »

La forme proposée, celle des comités, vise à favoriser l’autonomie et l’initiative locale. S’il est nécessaire de soutenir le Camp de la Rivière, nous croyons en l’importance de reterritorialiser les luttes. L’idée de croiser défense et décolonisation est de nous donner un sens commun sans fonctionner de manière programmatique. Chaque lieu, chaque réalité amène des situations différentes sans solution universelle. C’est pourquoi nous proposons le sentier de l’humilité : «avancer en questionnant». Il est nécéssaire de partir des conditions vécues et de construire à partir de là, d’agir directement tout en s’organisant sur le long terme. Pour ce faire, nous suggérons des pistes pour les mois à venir.

I – Enquêter sur les territoires

Il est tout d’abord nécessaire de faire enquête. Pratiquer l’enquête, c’est apprendre à désigner l’ennemi en le faisant apparaître concrètement, dans ses plans et ses politiques. Tout autant, c’est suivre à la trace ce qui déborde de cette logique et tente d’y mettre fin. Cette étape déjà en cours, consiste donc à repérer, à identifier, à comprendre, partout sur le territoire, les projets de l’économie extractiviste et leurs articulations avec le programme colonial. On retrouve cette articulation dans l’aménagement même du territoire et dans l’omniprésence des infrastructures d’extraction. L’espace y est fracturé d’inégalités et réunifié par tout un réseau de communication et de circulation. Il faut en saisir le fonctionnement, les méthodes et plus particulièrement, comprendre comment cette politique extractiviste mène au sous-développement et à la perte de souveraineté pour les habitant.es des régions périphériques. Dans un même geste, il nous faut se lier aux résistances et comprendre l’ennemi à partir de comment elles le désignent. Il s’agit de se lier aux personnes qui habitent le territoire et qui luttent pour le défendre. Cela implique d’apprendre à tenir à ce qu’elles aiment et à mépriser ce qui le menace, de partager la vie.

II- Construire l’autonomie

Les réseaux extractivistes de dépendance font circuler les ressources des périphéries vers le centre. Pour briser cette logique, nos réseaux doivent nous permettre de circuler et de se rejoindre dans l’action pour répondre aux appels lancés. Construire l’autonomie c’est d’abord viser à réunir les forces pour combattre ce qui saccage les territoires. Il s’agit d’insuffler une force nouvelle aux mouvements contestaires et de les réinventer à travers les traditions anciennes et nouvelles : ces formes de vie qui nous permettent de vivre à même le territoire nous apprennent nécessairement à lutter contre ce qui le menace. L’effort est donc multiple : bâtir un mouvement combatif dans l’écologisme, appuyer les formes traditionnelles de souveraineté autochtone et reprendre le pouvoir sur nos vies. Pour cela, il faut déjà rendre notre monde habitable, c’est-à-dire se re-donner les moyens matériels, les connaissances, l’imaginaire et le sens existentiel pour tenir dans la désertion et la confrontation.

III- Bloquer les flux

À celles et ceux qui vivent en ville et pour qui le monde semble impossible à ressaisir, le rôle revient de faire apparaître la confrontation en s’attaquant aux symboles, aux infrastructures, aux ennemis qui menacent les formes de vie auxquelles nous tenons. Il faut compromettre, en métropole comme ailleurs, la modernisation et le développement de l’économie capitaliste extractiviste jusqu’à les rendre intenables. La continuation de cette économie dépend de sa capacité (1) à extraire des ressources et (2) à les faire circuler. Nos considérations tactiques doivent découler de cette simple constatation. Notre mode d’organisation doit nous permettre de soutenir efficacement les luttes qui ont cours sur les territoires par-delà les frontières coloniales, d’aider à leur extension et d’acheminer des ressources qui permettent leur durée.

Nous proposons ces étapes en vue de voir se multiplier les blocages et actions sur le territoire au cours des prochains mois. Le succès des actions entreprises dépendra de notre capacité à bâtir des relations solides sur le long terme, des liens de confiance qui permettent la complicité, et des réciprocités qui nous lient. Le mouvement que nous nous proposons de développer implique une déconstruction profonde des rapports de pouvoirs présents entre nous, insufflés dans nos esprits par l’idéologie coloniale. Penser la décolonisation implique de se projeter dans une temporalité plus large qu’une campagne ou qu’un seul campement. Au final, nous désirons rendre inséparables le moment de la vie et celui de la lutte.

Approfondir les idées, développer la lutte

La formation d’un comité vise à réunir ceux et celles désirant articuler écologie et décolonisation dans la lutte pour la défense des territoires. Les comités permettent une plus large participation et une coordination des efforts. Ils peuvent à la fois soutenir le Camp de la Rivière et s’organiser sur leur propre territoire.

Pour construire les comités et se préparer à la reprise des hostilités avec les pétrolières, nous proposons quelques pistes d’activités et d’actions pour les prochains mois. Nous prévoyons organiser une fin de semaine de formation et une rencontre entre les comités dans les prochains mois. D’ici là, il s’agit de maintenir la tension, d’enquêter sur les projets en cours et de bâtir des liens solides.

Propositions concrètes

Organiser le soutien au Camp de la Rivière : Assurer une présence physique, fournir du matériel et de l’argent. Des personnes vivant au camp ont décidé d’y passer l’hiver. Il faut donc rester à l’affut des besoins qui seront exprimés dans les prochaines semaines relativement à ce défi.

Enquêter et construire la solidarité : Aller à la rencontre des personnes en lutte.Il est fondamental d’apprendre à connaître les luttes de défense des territoires et de se lier avec ceux et celles qui les mènent.

Organiser des actions autonomes : Les cibles et formes d’actions sont multiples, les adresses faciles à trouver du moment que les ennemis sont identifiés. L’organisation d’action est à la fois un moyen de se lier entre nous en incluant de nouvelles personnes et de faire monter le ton face aux projets de l’économie extractiviste.

Organiser des discussion autour de livres : Penser l’envers obscur de la modernité, Pour une histoire amérindienne de l’Amérique, Carbon democracy. Le pouvoir politique à l’ère du pétrole, Red Skins White Masks, Colonialité du Pouvoir et démocratie en Amerique Latine, 1492, l’occultation de l’autre,Wasáse indigenous pathways of action and freedom, Decolonization is not a metaphor

Mettre en place des activités de financement : Il faut financer la suite du campement, les luttes en cours et la défense des arrêté.es du blocage et de la semaine d’actions.

Organiser des projections : Kanehsatake, 270 ans de résistances, Les évènements de Restigouche, La Couronne cherche-t-elle à nous faire la guerre?, Pour la survie de nos enfants, Our nationhood-Kouchibouguac (Liste de films proposés disponible sur le site de l’ONF)

Produire du matériel d’agitation et d’information : Il est nécessaire de faire connaître les activités des comités à travers des affiches, des tracts et autres outils de diffusion.Ainsi que de sensibiliser la population aux questions écologiques et décoloniales.

Organiser des formations à l’action : Lorsque le temps vient de mettre en place des actions ou d’intervenir dans celles déjà en cours, il est fondamental de savoir le faire en minimisant le danger que nous courrons et maximiser celui que nous représentons : ABC d’une occupation, préparation d’équipes médicales, entraînement aux tactiques de rue et de survie en forêt, apprentissage du fonctionnement des technologies ennemies et de celles qui peuvent nous être utiles.

Participer à l’organisation de la tournée de conférences : Au courant du mois de novembre, il serait intéressant de circuler dans les régions qui ont signifié un appui au Camp de la Rivière. Nous proposons de mettre en place une tournée de conférence.

Adopter des positions d’appui en Assemblée générale

Pour organiser des discussions sur les événements du Camp de la Rivière avec des personnes ayant participé à la lutte : campdelariviere@gmail.com
Pour contribuer aux prochaines publications du journal et bâtir le réseau des comités : cddt@riseup.net

12 novembre, contre la haine ou juste le racisme?

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Nov 152017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le 12 novembre 2017, une manif de près de 5000 personnes a marché à travers Montréal sous la bannière « grande manifestation contre la haine et le racisme ». Dans un contexte où l’extrême-droite a été capable d’accoter ou même de mobiliser plus que les anti-racistes à plusieurs reprises dans les derniers mois, cette manifestation aura été une bonne démonstration de force en plus d’être une étape importante au niveau tactique de la part des organisateurs. Clairement, la manifestation a été organisée selon un modèle de coalition de gauche, ce qui a résulté en l’utilisation de discours populistes questionnables dans leur appel à la mobilisation. Alors, certain.es d’entre nous nous sommes inquiété.es d’une dérive potentielle qui mènerait à décontextualiser et une déligitimiser le concept de « haine », ce qui aurait vraisemblablement pu se retourner contre les anarchistes et d’autres radicaux à l’avenir.

Certain.es d’entre nous avons participé à la manif par solidarité, tout en restant critiques. Ci-dessous, vous retrouverez le texte que nous avons distribué aux participant.es à la manifestation et aux passants.

(certain.es reconnaîtrons ici une section du texte Contre la Logique de Soumission par Wolfi Lanstreicher)

La haine

Beaucoup sont furieux.ses face aux dérives fascistes et autoritaires du contexte politique actuel. Il y a toutefois un souci pratique lié à la tension constante pour rester consistant.es avec ses valeurs et son éthique personnelles et ce, particulièrement dans des temps d’anxiété de masse. En ayant cela en tête, en tant qu’anarchistes, nous pouvons offrir une perspective critique sur le discours «contre la haine».

Puisque nous avons pris la décision de refuser de vivre tel que l’entend la société, de nous soumettre à l’existence qu’elle nous impose, nous sommes rentrés en conflit permanent avec l’ordre social. Ce conflit sera visible dans plein de situations différentes, réveillant les passions intenses de ceux qui ont une forte volonté. Exactement comme avec nos amours et nos amitiés que nous exigeons pleines et intenses, nous voulons entrer tout entier.e dans nos conflits également, et en particulier dans le conflit qui nous oppose à cette société pour sa destruction. Nous luttons donc avec toute la force nécessaire pour atteindre ce but. C’est sous cet angle que nous, les anarchistes, pourront le mieux comprendre la place de la haine.

L’ordre social actuel cherche à tout rationaliser. Pour lui, la passion est dangereuse et destructrice puisqu’une telle intensité de sentiment est, après tout, en opposition à la froide logique du pouvoir et du profit. Il n’y a pas de place dans cette société pour une raison passionnée ou la concentration raisonnable de la passion. Lorsque la valeur sociale la plus importante est le bon fonctionnement de la machine, alors la passion et la vie quotidienne ainsi que la raison humaine portent atteinte à la société. Il faut une rationalité froide construite sur une vision mécanique de la réalité pour soutenir ce genre de valeur.

C’est ainsi que les campagnes contre la « haine » conduites non seulement par tous les progressistes et réformistes, mais aussi par les institutions du pouvoir à la base des inégalités sociales (sans nous référer à «l’égalité des droits» qui n’est qu’une abstraction légale, mais plutôt aux différences concrètes concernant l’accès aux choses nécessaires pour qu’une personne puisse déterminer elle-même ses conditions de vie.) qui introduisent la bigoterie dans le tissu de cette société, font sens à plusieurs niveaux. En se concentrant sur les tentatives pour combattre la bigoterie dans les passions des individus, les structures de domination rendent aveugles plein de gens de bonne volonté à la bigoterie qui a été insérée dans les institutions de cette société, cette bigoterie qui est un aspect nécessaire à sa méthode d’exploitation. Ainsi, la méthode pour combattre la bigoterie suit un chemin double : essayer de changer les coeurs des individus racistes, sexistes et homophobes et promouvoir des lois contre les passions indésirables. En conséquence, la nécessité d’une révolution qui détruit l’ordre social construit sur la bigoterie institutionnelle et l’inégalité structurelle est oubliée, et l’Etat ainsi que les différentes institutions à travers lesquelles il exerce son pouvoir sont renforcées, leur permettant de supprimer « haine ». De plus, la bigoterie rationalisée est utile au bon fonctionnement de la machine sociale. Une passion individuelle trop intense, même lorsqu’elle est canalisée par la bigoterie, représente une menace au bon fonctionnement de l’ordre social. Cette passion est imprévisible et c’est un maillon faible dans la chaîne du contrôle. Elle doit donc être supprimée et ne doit s’exprimer qu’à l’intérieur des cadres qui ont été minutieusement mis en place par les dirigeants de cette société. Mais un aspect de l’accent qui est mis sur « haine » (une passion individuelle) plutôt que sur les inégalités institutionnelles qui servent si bien l’Etat est que cela permet à ceux au pouvoir (et les médias à leurs bottes) d’arriver au même niveau de haine irrationnelle et bigote que les suprémacistes blancs et que les tabasseurs d’homos avec la haine raisonnable que ressentent les exploités qui se sont révoltés vis-à-vis des maîtres de cette société et de leurs laquais. C’est ainsi que la suppression de la haine se fait dans l’intérêt du contrôle social, soutient les institutions du pouvoir et, in fine, soutient l’inégalité institutionnelle nécessaire au fonctionnement du pouvoir.

Ceux parmi nous qui souhaitent la destruction du pouvoir, la fin de l’exploitation et de la domination, ne peuvent pas succomber aux logiques rationalisantes des progressistes, qui ne sont là que pour servir les intérêts des dirigeants du présent. Etant donné que nous avons choisi de refuser l’exploitation et la domination, de nous saisir de nos vies dans la lutte contre la réalité misérable qui nous a été imposée, nous nous confrontons inévitablement à toutes sortes d’individus, d’institutions et de structures qui sont sur notre route et s’opposent activement à nous (l’Etat, le capital, les dirigeants de cet ordre et leurs loyaux chiens de garde, les différents systèmes et institutions de contrôle et d’exploitation). Tous ceux là sont nos ennemis et il est raisonnable de les haïr. Il s’agit de la haine de l’esclave pour son maître, ou plus précisément, de la haine de l’esclave qui s’est échappé.e pour les lois, la police, les « bons citoyens », les palais de justice et les institutions qui cherchent à le/la rattraper pour le/la rendre à son maître. Et comme pour les passions de nos amours et amitiés, nous devons également cultiver cette haine passionnée et nous l’approprier, son énergie dirigée toute entière vers le développement de nos projets de révolte et de destruction.

Puisque nous désirons être les créateurs de nos vies et de nos relations, que nous désirons vivre dans un monde où tout ce qui emprisonne nos désirs et étouffe nos rêves aurait disparu, une tâche immense nous attend : la destruction de l’ordre social actuel. La haine de l’ennemi (de la caste de dirigeant et de tous ceux qui la soutiennent) est une passion orageuse qui peut fournir l’énergie nécessaire à cette tâche que nous ferions bien d’embrasser. Les anarchistes insurrectionalistes voient la vie d’une certaine manière et envisagent un projet révolutionnaire de façon à concentrer cette énergie pour pouvoir viser avec intelligence et force. La logique de soumission requiert la suppression de toute les passions, et qu’elles soient transformées en consumérisme sentimental ou en idéologies rationalisées de bigoterie. L’intelligence de la révolte embrasse toutes les passions, voyant en elles non seulement de puissantes armes pour la bataille contre cet ordre, mais également les bases de l’émerveillement et de la joie d’une vie vécue pleinement.

Que vous vous identifiez à l’anarchisme ou pas, vous accrocher à cet impitoyable système politique à un moment où, aux yeux de la plupart des gens, sa légitimité décline sévèrement, c’est placer entièrement la balle dans le camp de réactionnaires comme Trump, La Meute et Storm Alliance, ou alternativement, de progressistes comme Trudeau, Zuckerberg et le NPD. Les nationalistes-blancs, aux politiques ouvertes et directes, et les progressistes libéraux ne sont que les deux côtés d’une même médaille, basée sur le progrès de la même civilisation occidentale. Ils tiennent le même discours autour de la loi, de l’ordre, de la civilité et des droits.

Alors que la droite prends les erreurs du mouvement anti-globalisation et les transforme en « rébellion » raciste contre le néolibéralisme, vers le nationalisme économique, il est de notre devoir de commencer à articuler notre propre rébellion contre cette société. Une rébellion qui se conçoive comme la lutte de la vie contre la mort, qui reconnaisse une rupture complète avec l’ordre présent comme seule solution réaliste à nos problèmes. Nous devons non seulement nous organiser pour nous défendre contre les racistes et répondre aux attaques des puissants contre les pauvres et les marginalisés, mais nous devons aussi nous organiser pour créer nos propres pouvoirs et ressources pour nous-mêmes, construire des relations qui ébrèchent la suprématie blanche et le patriarcat, et lancer des attaques contre les institutions de la société canadienne coloniale et suprémaciste blanche.

Pour une haine saine de la suprématie, du capitalisme, de l’autorité et de toutes les hiérarchies sociales!

Des anarchistes

 

Monument raciste et colonial à John A. Macdonald défiguré

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Nov 122017
 

Du Collectif de résistance antiraciste de Montréal (CRAM)

(Le Collectif de résistance antiraciste de Montréal (CRAM) a reçu le lien suivant, par une source anonyme, ce matin: https://vimeo.com/242431388 … Le lien a inclu le texte ci-dessous. Nous partageons cet info avec le publique, mais nous ne sommes pas responsable pour l’action.)

MONTRÉAL, Le 12 Novembre 2017 — À la veille d’une manifestation importante contre la haine et le racisme à Montréal, un groupe local et anonyme de militant.e.s anticoloniaux, antiracistes, et anticapitalistes ont réussi à vandaliser le monument historique au premier des premiers ministres du Canada, John A. Macdonald, situé au centre ville sur la Place du Canada.

Selon Art Public Montréal: « Parmi les monuments érigés à la mémoire de Macdonald, celui de Montréal est le plus imposant et le plus élaboré. » Le monument, construit en 1895, est maintenant recouvert de peinture rouge.

– Une vidéo de l’action est disponible ici (postée anonymement sur Vimeo):

– Des photos du monument recouvert de peinture sont disponibles ici:
http://i64.tinypic.com/63ubfa.jpg
http://i68.tinypic.com/2jdffac.jpg

– Une photo du monument original est disponible ici:
https://tinyurl.com/yctxbyuk

Les individus responsables de cette action ne sont pas affiliés avec la manifestation antiraciste d’aujourd’hui (www.manif12novembre.com) mais ont décidé de cibler la statue de John A. Macdonald comme clair symbole du colonialisme, du racisme, et de la suprématie blanche.

L’action d’aujourd’hui est inspirée en partie des mouvements aux États-Unis qui visent à faire enlever les symboles publics de la suprématie blanche, tels que les statues de la confédération. Elle est aussi motivée par les revendications décoloniales, telles que le mouvement « Rhodes doit tomber » en Afrique du Sud. De plus, nous sommes directement inspiré.e.s par les revendications de militant.e.s anticolonialistes — à la fois autochtones et non-autochtones — contre John. A. Macdonald, en particulier à Kingston en Ontario, la ville natale de Macdonald. Nous notons également les efforts ailleurs dans l’état Canadien pour changer le nom des écoles nommées d’après Macdonald, incluant une résolution de la Fédération des enseignants d’école primaire d’Ontario qui dénoncent Macdonald comme « Architecte du génocide des peuples autochtones ». Le détournement du Monument Macdonald est aussi approprié dans le contexte du révisionisme de l’histoire Canadienne cette année durant les célébrations de « Canada 150 », et de plusieurs appels à l’action, tels que les graffitis « 375 + 150 = Bullshit » de cet été à Montréal.

Au milieu de toute cette activité anticoloniale et antiraciste ciblant les statues et autres symboles, nous avons décidé d’offrir une petite contribution de la part Montréal.

John A. Macdonald était un suprémaciste blanc. Il a contribué directement au génocide des peuples autochtones par la création du système brutal des écoles résidentielles, ainsi que par d’autres mesures visant à détruire les cultures et traditions indigènes. Il était raciste et hostile envers les groupes minoritaires non-blancs au Canada, appuyant ouvertement la préservation d’un Canada soit-disant « Aryen ». Il a passé des lois dans le but d’exclure les personnes d’origine chinoise. Il a été responsable de la pendaison du martyr Métis Louis Riel. La statue de Macdonald a sa place dans un musée, et non pas comme monument occupant l’espace public à Montréal.

Les vidéos, photos, et textes de cette action ont été partagés anonymement avec des antiracistes de la région de Montréal, afin de les distribuer le plus largement possible, et d’inspirer plus d’actions anticoloniales dans les rues locales.

Nous exprimons également notre support et notre solidarité la plus sincère envers les manifestants qui prennent les rues aujourd’hui en opposition à la haine et au racisme, ansi qu’envers la mobilisation antifasciste pour contronter les groupes racistes, Islamophobes, et antiimmigrants La Meute et Storm Alliance à la ville de Québec le 25 Septembre.

Ni patrie, ni état, ni Québec, ni Canada!
— Une poignée d’antiracistes anticoloniaux.

Anti-raciste, anti-police

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Nov 112017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le 7 novembre dernier, aux petites heures du matin, nous avons fracassé la vitrine du magasin PSP Corp., un fabricant et distributeur d’équipements de police et de sécurité qui fournit les forces policières de la région de Montréal. Nous avons ensuite aspergé leur marchandise de peinture bleu à l’aide d’un extincteur. Cette action était à la fois anti-raciste, contre la police, et contre les entreprises de sécurité privé qui sont complices de l’infrastructure policière dans nos quartiers. La police et leurs assistants sont en première ligne du maintien violent de l’ordre social suprémaciste blanc et de l’autorité coloniale de l’état et du capitalisme. Suite à la montée de l’extrême droite au Québec, la police a défendu les racistes tout en leur permettant de répandre leur haine. L’extrême droite supporte et encourage le maintien et l’expansion de l’état policier et des mesures de surveillance qui visent systématiquement les gens racisé.e.s et de classe ouvière. De défoncer la fenêtre de PSP Corp. et de détruire leur marchandise est une façon de nuire à la surveillance et aux infrastructures policières dans nos quartiers.

Cette action a été faite dans le cadre de la grande manifestation contre le racisme et la haine du 12 novembre. Le racisme existe au quebec. Les technologies de sécurité et de surveillance et les industries qui en découlent appartiennent à un état et une société bâtis par l’exploitation, la suprématie blanche, le patriarcat, et le tout sur des terres volés.

Il faut bien commencer quelque part

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Nov 092017
 

De Liaisons

À lire aussi : Expériences de l’émeute du 20 août

Dans les derniers jours, semaines et mois, de nouvelles affiches et autres tags ont fait leurs apparitions sur le territoire de la ville de Québec, des signes visibles de gens qui on fait le pari de se lier au monde en laissant leurs marques sur les murs de la ville.

Que l’on connaisse leur identité ne nous fait aucune importance. Liaisons est le masque par lequel illes deviennent anonymes au pouvoir et ouverts sur le monde ; la partie visible, réflexive et informative de l’iceberg. Ce qui nous importe vraiment ce sont les liaisons qui se crées dans les failles du pouvoir et les actions pour les élargir.

C’est pourquoi nous faisons un appel

Nous faisons un appel simple : multiplions notre présence partout sur le territoire. Partout, décuplons les failles. Il n’y a pas, à ce titre, de limite à notre imagination praxéologique. Et pourquoi ne pas commencer par les murs ? Lançons un concours de poésie murale dans la ville de soi-disant Québec! Les photographies reçues par courriel seront publiées directement sur le site web de Liaisons (liaisons.resist.ca).

Profitons de cette occasion pour reprendre l’habitude et l’expérience d’agir ensemble, à la lueur de la lune. Faisons briller la nuit de mille feux!

Mais attention aux flics! Il faut agir vite, surveiller les alentours, contrôler tous les « citoyen.ne.s » qui souhaiterait jouer les héros de la propriété privés [bien que cela arrive assez rarement]. Nous ne sommes jamais trop prévoyant.e.s ou prudent.e.s. Si vous voulez un conseil ou deux, de par notre expérience :

  • Les taxis sont les pires snitchs, il faut les éviter comme on évite la police.
  • Si vous prenez-vous même les photos de vos oeuvres, utilisez des outils comme exiftool, qui vont permettre de supprimer des données comme la localisation de l’appareil et son modèle.
  • Parfois, si nous sommes attendus la nuit, le meilleur moment est peut-être tôt le matin, ou même, avec les bons équipements (stencil et sac pour le cacher), ou tout dépendant de l’endroit, en plein jour.

Allons-y!

Tu n’iras pas plus loin, Canada!

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Oct 262017
 

Soumission anonyme à MTL Counter-info

11 octobre 1869 : Il y a cent quarante ans, des experts du territoire envoyés par la nouvelle confédération canadienne fut confrontée par un groupe de Métis mené par Louis Riel. Les experts avaient été envoyés pour délimiter le nouveau tracé de propriété du Canada, une première étape dans la prise de contrôle du Canada sur les territoires de la Rivière Rouge. Ce groupe de Métis a physiquement arrêté leur travail alors que Riel leur annonçait : « vous n’irez pas plus loin ». Ainsi débuta la rébellion de la Rivière Rouge, un moment inspirant de la longue histoire non-achevée des luttes autochtones pour survivre et combattre le colonialisme et sa violence génocidaire à travers le continent.

Nous sommes des anarchistes non-autochtones et nous avons choisi de commémorer cette importante journée dans l’histoire de la résistance anti-coloniale en vandalisant le monument à la mémoire de John A. MacDonald à la Place du Canada à Montréal. Nous avons peint Ⓐ FUCK 150 DÉCOLONISONS.

2017 est une année marquée par les tentatives du canada pour célébrer ses 150 années d’existence. À travers elles, l’État tente d’accorder aux peuples autochtones une place dans un narratif déformé sur la construction d’une nation bâtie sur des terres volées, une tentative de génocide et l’assimilation. Face au cauchemar colonial en cours, nous ne voyons qu’une avenue possible : décoloniser et en finir avec le canada.

Vivent les peuples autochtones de l’Île Tortue!

Ni frontière, ni état, ni québec, ni canada!

Personne ne sera libre tant que tous.tes ne seront pas libres!

Le magasin du raciste Robert Proulx ciblé une deuxième fois

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Oct 242017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Salut Robert Proulx,

Nous avons brisé les vitrines de ton magasin. Au moins, tu n’auras plus à nettoyer les affiches et la peinture qui y sont régulièrement appliquées. Nous t’avons détesté, toi et ton engagement dans «La Meute» depuis un certain temps déja. Grace au communiqué envoyé quand ton magasin a été attaqué le 30 septembre, nous avons enfin ton adresse.

Le 16 octobre, nous avons visité ton magasin au 6117 rue Bélanger et y avons défoncé la vitre. Nous avons eu la bonne surprise de voir qu’on nous avait précédé et que quelqu’un avait peint «RACISTE» en rouge sur le trottoir devant ton magasin. Visiblement, beaucoup de gens te détestent, Robert.

Comme nous voulions nous assurer que le voisinage comprenne qu’il ne s’agissait pas seulement de «vandalisme gratuit», nous avons distribué 40 tracts dans les alentours, explicitant ton racisme et ta xénophobie crasse.

En solidarité avec les réfugié.e.s et tous.tes ceux et celles ciblé.e.s par « La Meute ».

En solidarité avec quiconque combat les fachos, dans la rue, chez eux ou à leurs jobs.

Y’a pas de place pour les porcs racistes comme toi. À la prochaine Robert.

-Le comité Fuck Robert Proulx

Le fascisme c’est la répression impériale qui se renverse vers l’intérieur

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Oct 122017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le fascisme c’est la répression impériale qui se renverse vers l’intérieur.
-Cope (2015), cité dans Kesīqnaeh

Suite à la manifestation qui s’est déroulée samedi à la frontière de Lacolle et qui s’intitulait « Ouvrez les frontières! », un graffiti signifiant ‘’DECOLONIZE’’ est apparu sur les berges d’un canal dans un quartier du sud-ouest de Montréal. Ce message nous permet d’expliciter certains liens entre la lutte de décolonisation en cours sur Turtle Island et les actions antifascistes. Dans Fascism & Anti-Fascism : A Decolonial Perspective, Kesīqnaeh dresse certains parallèles éclairants à propos de ces luttes tout en interrogeant la signification du fascisme pour les peuples autochtones qui combattent déjà la violence coloniale. Question d’être laconiques, quelques citations directement tirées du texte vous sont présentées ici même :

Kesīqnaeh soutient que :

« Le fascisme est atteint lorsque la violence des nations impérialistes a fait le tour du monde dans le cadre du développement du système capitaliste, moderne et parasitaire mondial puis revient visiter son berceau. »

[…]

« Dans le contexte d’une occupation coloniale, cette violence ne fait qu’un avec l’état d’exception visant à repousser les frontières, avec la liquidation et l’entreprise de civilisation des peuples autochtones qui vise l’obtention de terres pour établir la colonisation ainsi qu’avec le continuum du système carcéral qui a marqué l’existence noire sur ce territoire depuis l’esclavage domestique jusqu’à l’hyperghetthoisation. »

[…]

« Pour citer le Parti socialiste du peuple d’Afrique : “notre libération – et c’est ce que nous devons gagner – ne viendra que d’une lutte entièrement dédiée à renverser la relation coloniale dans laquelle nous sommes avec le pouvoir blanc“[1. African People’s Socialist Party. 2015. “Colonialism Trumps Fascism in U.S. Elections.” The Burning Spear, September 8. (Traduction libre par Montréal Contre Information)] ».

[…]

« La menace principale du fascisme envers les peuples colonisés n’en est pas une qui nous permettrait d’effectuer une translation entre un état où nous n’aurions pas été sujets à la violence généralisée à un état où nous lui ferions face. Il s’agit plutôt d’une menace qui stimule et accélère la logique éliminatoire et accumulative à la base du colonialisme exécuté par les colons. »

[…]

Contrairement à la perspective du « bon citoyen – bon patriote » construite dans les médias traditionnels et les médias sociaux par les groupes d’extrême droite québécois – par exemple, faire des signes de paix ou imiter des chants antifascistes dans une manifestation « Tout le monde déteste les racistes » – ces groupes sont bel et bien racistes, chauvins, anti-immigration et ultranationalistes. Ils sont organisés de façon hiérarchique, leurs membres et leurs meneurs se targuent de valeurs suprématistes blanches et se scandalisent à l’égard du gouvernement Trudeau. Cela étant, s’ils veulent réellement se confronter aux libéraux pourquoi mobiliser à la frontière de Lacolle? L’inconsistance de leur message trahit leur véritable croyance. Nous devons porter attention à la manière dont ils construisent leur discours (Qu’est-ce qu’il implique? Comment se construit-il? Quand et en relation avec quelles autres idées le prononcent-ils? Dans quel contexte une déclaration survient-elle?) Ce n’est pas seulement digne d’intérêt que de soulever certains arguments de l’extrême droite afin de montrer qu’elle s’appuie sur des informations fautives et une analyse politique extrêmement pauvre. Il faut plutôt penser aux effets qui sont recherchés et impliqués par ces perspectives sur le réel.

« Ils sont tous assoiffés de nouvelle frontière, de coloniser à nouveau, de territoires, de patrie blanche. En d’autres mots, ils sont assoiffés en vertu de l’accomplissement du rêve colon. » (Kesīqnaeh, 2017).

Aussi loin que ce graffiti sur un mur du canal dans le sud-ouest de Montréal puisse sembler de la teneur du propos ici exposé, il y a de réels rapports à établir. « DECOLONIZE » a été réalisé par des camarades impliqués au sein d’organisation et d’action antifascistes. Kesīqnaeh soutient que « si vous voulez vous battre contre le fascisme, vous devez décoloniser. » Les camarades tapis derrière ce message aposé sur la paroi du canal souhaitent que cette analyse politique s’inscrive dans la tête de tous ceux et toutes celles pour qui il importe de se soulever contre les groupes d’extrême droite actifs sur Turtle Island.

« DECOLONIZE » représente une présence esthétique qui ébranle l’infrastructure qui invisibilise le processus violent de colonisation qui a permis l’érection de condos et de commerces y étant liés d’émerger tout en apportant avec eux leur lot de résident.es et de patron.es qui ont peu de considération pour les structures et agencements violents dans lesquels ils s’enracinent. Ces infrastructures organisent la société en fonction d’aspirations qui déploient des récits anti-autochtones et anti-noir.es. Alors que le fascisme ne semble pas nécessairement en appeler à l’élite blanche et fortunée, ses valeurs idéologiques soutiennent le privilège et l’impunité de ceux qui compétitionnent pour accéder au pouvoir dans le climat socio-politique et économique actuel. Ces groupes de droite voient l’État, ses autorités policières (oui, ils ont applaudi lorsque les unités antiémeutes se sont présentées à Lacolle), ses frontières comme des formes de légitimation du pouvoir. Cependant, les frontières sont l’appareil d’un état colonial établi sur des territoires volés, l’esclavagisme et des politiques génocidaires. Ainsi, la frontière est illégitime et ceci constitue un appel à agir en correspondance avec cette dernière position.

Montréal contre Junex : une manifestation bloque un chemin de fer

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Oct 112017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le dimanche 10 septembre, nous nous sommes mobilisé.es en solidarité avec ceux et celles qui résistent actuellement contre l’industrie pétrolière en Gaspésie, particulièrement contre Junex et ses investisseurs. Les corporations comme Junex travaillent main dans la main avec les gouvernements provincial et fédéral. Ces collaborations sont des exemples de la manière dont le capitalisme néolibéral fonctionne pour soutenir l’état colonial du Canada. La législation, annoncée récemment, qui permet la fracturation et le forage dans les rivières et les lacs du soi-disant « Québec » démontre une telle complicité ainsi que son absurdité. L’État ne se soucie même plus de faire semblant qu’il joue un rôle neutre lorsqu’il s’agit de paver la voie à l’empoisonnement de l’eau et de la terre pour le profit capitaliste.

La manifestation s’est rassemblée au Square Cabot. Le nom du Square a été dénoncé : un drapeau Mi’gmak a été accroché à la statue coloniale représentant Cabot, de même qu’une bannière sur laquelle on pouvait lire « Colonisateur ≠ explorateur ». La manif a d’abord marché à travers le centre-ville avant de se retrouver à St-Henri. On a pu entendre la foule crier « Les pétrolières nous font la guerre, guerre aux pétrolières ». Quelques individus parmi les manifestant.es avaient pour objectif d’atteindre les chemins de fer de la rue Courcelle, au nord de St-Jacques, pour y ériger une barricade temporaire. À quelques reprises, la police a tenté de contrôler nos mouvements et de nous forcer à marcher dans le sens du trafic. Toutefois, nous avons échappé à leurs tentatives de manière créative et festive. Il y a peu de choses qui se comparent à la joie intense et à l’espièglerie que certain.es d’entre nous ont ressenti alors qu’on déjouait les policiers, qu’ils soient à vélo, dans leurs vans ou à pied.

À la surprise des policiers à vélo, la manifestation a quitté St-Antoine à un moment critique pour se diriger vers les chemins de fer. À ce moment de la manif, les gens ont sprinté victorieusement vers les tracks, où on a rapidement pris possession de l’espace, mis en place les paramètres de notre blocage, puis commencé à servir de la nourriture. Après peu de temps, un train de passager Via Rail a été repéré. Nombreux.ses ont été ceux et celles inquiété.es par cette vision, car il y a peu de trains qui sont capables de freiner aussi rapidement. Il y avait un risque réel que les gens se fassent frapper par le train. Les trains de marchandises ne peuvent pas faire de tels arrêts, puisqu’ils doivent ralentir sur de longues distances avant de parvenir à s’arrêter totalement. Nous avons rapidement dégagé la section des rails sur laquelle le train aurait poursuivi sa course, mais heureusement pour nous il s’est arrêté et personne n’a été blessé. Nous avons réussi à bloquer les tracks pendant plus d’une heure. La police a essayé de parler à « nos leaders », ce à quoi elle a reçu des réponses moqueuses ou hostiles – la police protège et sert le génocide colonial en cours, génocide dont le « Canada » dépend. Nous avons décidé de quitter les lieux collectivement, selon nos propres termes, afin de minimiser la probabilité d’arrestation. Trois personnes font présentement face à des poursuites pour avoir prétendument participé à cette manifestation.

La manif et le blocage des rails constituent une victoire. Nous avons atteint nos objectifs de manière créative, en étant capables d’improviser face à l’adversité. Nous avons mis nos corps en jeu pour montrer notre solidarité avec ceux et celles qui confrontent Junex et résistent contre leur projet de fracturation dans la région gaspésienne. Chanter des chansons et signer des pétitions n’est pas suffisant. Nous devons exercer une réelle pression contre les infrastructures et les personnes qui donnent à l’État colonial et à la société les moyens de continuer le saccage des terres et des corps autochtones. Nous avons du respect pour la diversité des tactiques : voilà pourquoi la manif a été un succès de manière générale. Les gens présents au Square Cabot s’inscrivaient dans un large spectre d’idéologies de gauche et d’idées par rapport à l’activisme. Ceci a permis à d’autres actions de se dérouler dans l’espace de la manifestation. Au final, nous avons quitté la manif et le blocage en sentant que même un petit groupe de personnes motivées peut être puissant contre l’État, la police et les corporations.

Le texte suivant a été lu à voix haute avant que la manifestation débute :

Nous organisons cette manifestation en réponse à l’appel du Camp de la Rivière pour la tenu d’une semaine d’actions contre les projets de l’économie extractiviste en Gaspésie, territoire mi’kmaq. Faisant suite à l’occupation des bureaux de Junex à Québec, cette manifestation populaire vise à faire connaître les luttes sur l’ensemble des territoires. L’économie extractiviste par ses forages pétroliers menacent eau et forêt et par là, déclare la guerre à toutes les formes-de-vie qui habitent le territoire. Prenant parti pour d’autres mondes possibles, nous entravons les rues de la métropole pour ramener en son sein les conflits territoriaux qu’elle génère par le pillage des ressources dont elle dépend.

Nous inscrivons notre marche en solidarité avec le peuple mi’kmaq qui subit à travers les projets pétroliers de Junex et de Pétrolia, la suite de 500 ans de colonialisme brutal. Il est impossible de séparer la question des territoires de la lutte décoloniale puisque l’existence même des institutions politiques et économiques du Dominium canadien est le fruit du colonialisme. Tout comme les mi’kmaqs du camp Treaty Truck House de Shunbenacadie en Nouvelle-Écosse qui luttent contre le projet destructeur d’Alton Gaz , le Camp de la Rivière vise à briser l’emprise coloniale sur les territoires. Nous désirons revaloriser des appartenances aux territoires et des formes de souveraineté ancestrales qui viennent saper l’exploitation et le pillage. En ce sens, nous appuyons le conseil traditionnel Mi’kmaq et la société des Warriors Mi’kmaqs qui luttent avec acharnement depuis 500 ans contre les institutions imposées par le colonisateur.

Tout comme nous appuyons les luttes des warriors de kahnawake et de kanehsatake, et reconnaissons que l’île de Montréal est leur territoire. Que cette île fut par le passé, avant l’arrivée des colons, un espace de rencontres entre les peuples autochtones, Anishnaabe, Mi’kmaqs et Wendats.

Par la défense de la terre et des rivières, nous pensons la décolonisation et l’appui aux luttes en cours. Si aujourd’hui nous marchons, c’est qu’il y a un mois, un groupe d’autochtones et d’allochtones a pris sur lui de bloquer concrètement les projets de Junex en érigeant une barricade. La centralité du pétrole dans l’économie canadienne est alors apparue évidente par l’étendue des moyens déployés par les forces de l’ordre pour mettre fin au blocage. Après une semaine, la swat, appuyée par un tank de la SQ a repris le territoire libéré par les protecteurs.trices de la terre et a arrêté le Water Protector anishnaabe Freddy Stoneypoint. Nous marchons aujourd’hui pour dénoncer cette répression politique.

C’est avec acharnement que les institutions canadiennes et québécoises font la défense et la promotion de l’économie extractiviste. Cette situation rend nécessaire que nous trouvions d’autres manières pour nous organiser et pour penser nos relations. Il n’est plus possible d’entreprendre des dialogues avec ce qui dépend entièrement de ce qui tue les territoires. C’est pourquoi le Camp de la Rivière désire vous inviter le 30 et premier octobre prochain à une rencontre des résistances.

La solidarité que nous élaborons n’aura d’autre choix que d’être offensive. Ce que à quoi nous tenons et la gravité de la situation rendent nécessaire le sérieux des moyens. L’économie extractiviste est vulnérable car ses infrastructures sont partout sur le territoire. En bloquant cette économie, nous nous donnons les moyens élémentaires pour vivre et décoloniser l’Île de la Tortue.

Pour dégager les solidarités entre les territoires, il faut rendre à l’Histoire ses vérités horribles et cachées. C’est pourquoi nous débutons notre marche au Square Cabot à Montréal où la ville et l’État ont tenu bon de célébrer le soi-disant explorateur John Cabot. Ce serviteur de l’impérialisme anglais n’a été, comme Cartier pour les français, que le point de départ du plus grand génocide de l’Histoire. L’existence même de cette statue est un affront à tous les peuples qui luttent pour se dégager des chaînes coloniales.

Dans les tranchées: Sabotage d’un oléoduc de Enbridge à Hamilton

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Oct 102017
 

Du Hamilton Institute

Les oléoducs sont une guerre menée par l’insatiable avarice des corporations contre la terre et les vivants. Dans cette lutte, notre détermination s’intensifie à chaque fois que Enbridge lance audacieusement un nouvel assaut; à chaque fois qu’ils font fi des préoccupations et des requêtes des peuples autochtones. À chaque audience en justice. À chaque acte d’intimidation. À chaque mensonge ou prétention fallacieuse à la sécurité et la nécessité. Nous en avons assez.

Alors quand Enbridge a commencé à livrer de nouvelles sections d’oléoduc pour son expansion de la ligne 10, nous avons entrepris de les saboter.

L’Île de la Tortue est traversée de vastes réseaux d’infrastructure pétrolière. Ils sont indéfendables: des opportunités parfaites pour des actions directes effectives, qui ne font de mal à personne sauf aux lignes de fond d’une compagnie pétrolière. C’est dans cet esprit que nous nous sommes retrouvés à faire de longues ballades au clair de lune dans les trenchées d’une emprise fraîchement défrichée pour la ligne 10. À notre gré, nous avons percé des trous de grosseurs diverses dans certaines sections de l’oléoduc, alors que d’autres se voyaient remplies de produits corrosifs.

Ce geste a été mené en solidarité avec les peuples autochtones de la région. Des peuples qui ont été déplacés, menacés et massacrés depuis le débarquement des premiers colons – et qui font toujours face à cette violence, souffrant des conséquences de cette société capitaliste coloniale et des industries qui la font vivre.

Alors – à Enbridge: Vous devrez remplacer toutes les dernières sections de la ligne 10 que vous avez posées jusqu’à maintenant. Nous vous en faisons part car l’environnement nous importe, et que vous ne nous importez pas du tout – tenez vous le pour dit. Pour chaque dollar que vous raflez des mains des peuples autochtones et des gens qui défendeur leurs territoires, nous allons vous en faire payer dix.. #sorrynotsorry

Au public: Il n’en tient qu’à vous de rendre Enbridge imputable de chacun de ses gestes. Ne les laissez pas mettre vos vies en jeu en installant des pipelines, alors même qu’ils savent désormais qu’ils sont compromis. Ne les laissez pas mettre vos vies en jeu avec des pipelines, point.

Et enfin, mais non le moindre, à nos camarades et co-conspirateurs:

Un mémo venant du coeur

Vous aurez besoin 1) d’une bonne perçeuse sans fil, 2) un embout de petite taille en cobalt ou en titante – préférablement avec un point de guidage, et 3) d’huile à coupe (oh l’ironie!)

Avec un certain sens de l’aventure et des responsabilités, mettez vos talents de ninjas furtifs à l’oeuvre en vous installant dans l’emprise. Une fois rendus là, vous serez plus ou moins invisibles de la rue si vous n’avez pas de vêtements fluorescents, parsemés de glitters ou si vous ne déconnez pas trop avec votre lampe frontale. Prenez une respiration, regardez aux alentours, puis faites vous un chemin vers un pipeline vide et percez! Allez-y lentement (pour faire moins de bruit, de réverbération et de friction) et appliquez suffisamment de pression pour voir sortir des copeaux – et poursuivez pour un bon 10 ou 15 minutes. L’huile de coupe vous aidera à refroidir l’embout de la perceuse, la rendant plus efficace.

Amusez-vous, et restez prudents.

Vandalisme sur le magasin de Robert Proulx, membre de La Meute

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Oct 092017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le petit matin du 30 septembre, à l’aide d’un extincteur rempli de peinture, nous avons repeint en brun la façade du magasin JS RP Tech Informatique, appartenant à Robert Proulx, situe au 6117 Bélanger. Robert Proulx est un membre actif de La Meute, impliqué dans la sécurité.

Contrairement à ce qu’ils scandent dans les medias, La Meute est un groupe raciste et islamophobe, utilisant une strategie médiatique afin de propager des ideologies de droite, anti-immigration, conservatrices et qui promouvoient la suprémacie blanche. La quasi-totalité des personalités publiques de droite au Québec en sont membre. Ayant pour idoles des politicien.ne.s telles que Marine Le Pen ou Donald Trump, La Meute réussi par des discours populistes revendicants démocratiquement la « liberté d’expression », à raviver les courants d’extrême-droite de façon apeurante. Certains membres s’inspirent de figures prônant le meurtre raciste et le retour de l’esclavage telles le KKK ou Adolf Hitler.

Contre la réémergeance de l’extrême-droite, il n’y a aucune pitié. Nous ferons tout pour les décourager. Nous sommes extrêmements conscient.e.s que ces idées peuvent faire des ravages, surtout dans le contexte actuelle, alors qu’à tous les jours, les médias font de la propagande anti-islam, éveille le patriotisme occidentale qui justifie la guerre contre l’État Islamique et l’occupation militaire du moyen-orient. La propagation d’idées racistes contribue à renforcer l’identité nationale et à maintenir une classe d’exploités blancs fiers.

Nous avons choisi de vandaliser ce commerce à la veille d’une manifestation de droite anti-immigration au poste frontalier de Lacolle, organisée par Storm Aliance, un autre groupe d’extrême-droite. Comme de fait, Robert Proulx y était présent. Paraîterait-il que sur Facebook, il accuse Jaggi Singh d’être l’auteur de ces méfaits. Et bien, nous ne connaissons pas Jaggi Singh. Nous nous organisons de façon autonome et informelle. Tout le monde déteste les racistes et Robert Proulx.

Nous ne laisserons pas les discours racistes prendrent plus d’espace. Nous esperons que le message est assez clair.

Bienvenus à tous les immigrant.e.s, réfugié.e.s, sans papiers. Fuck les frontières. Fuck Québec, Fuck Canada, Fuck la suprématie blanche. Solidarité avec les peuples autochtones en lutte pour leur autonomie et leur dignité.

Voici une affiche a poser sur les murs.

Des anarchistes

Squatexit

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Sep 102017
 


Soumission anonyme à MTL Contre-info

Dans la nuit du 13 au 14 juillet 2017, les Forces Écosocialistes sont passées à l’action en incendiant les structures pétrolières de l’entreprise Squatex, située dans le Bas-St-Laurent. Un article décrivant le geste fut d’abord publié par Radio-Canada, ensuite repris par Mtlcounter-info et finalement par Earthfirst. Les événements étaient décrits comme “suspects”, pour reprendre les mots exacts de la police et du journaliste.

Deux mois se sont donc écoulés depuis cette attaque contre l’entreprise pétrolière. Et c’est dans le contexte actuel d’une résistance accrue contre l’exploitation d’hydrocarbures en sol québécois que nous jugeons bon d’affirmer le caractère volontaire et réfléchis de l’action. Notre revendication survient donc après l’occupation du site Galt de l’entreprise Junex et les nombreux “drops” de bannières sur les campus universitaires. De louables individus s’élèvent pour affirmer leur volonté d’expulser ces ordures pétrolières du territoire et nous tenons à saluer leur courage et leur détermination. Nous désirons aussi insister sur un point : aux côtés de Junex s’activent d’autres entreprises tout aussi destructrices.

Le site d’exploitation de Squatex comportait quatre principales structures. Une seule fut épargnée des flammes, ne contenant seulement que certains appareils métalliques comme des tuyaux et autres objets ininflammables. Les autres structures étaient : un chariot-élévateur (un “lift”); le conteneur à forage; et une remorque liée à un réservoir d’eau. Elles furent toutes aspergées d’essence et allumées par le feu. Les photos disponibles sur l’article de Radio-Canada témoignent de la réussite de notre action. La structure épargnée nous a en outre permis d’inscrire à la peinture noire le nom de notre groupe : Forces Écosocialistes (élément gardé invisible dans l’article). Trois structures éloignées brûlant simultanément et un tag bien à la vue : c’est effectivement “suspect”.

N’est-il pas ironique de détruire l’entreprise pétrolière à même la matière qu’elle souhaite marchandiser? Disons au moins que si cette sale énergie n’était pas disponible, nous n’aurions pas eu à la détruire. Comme le capitalisme, elle oeuvre à créer les armes qui provoqueront son renversement.

Plusieurs projets sont actuellement en cours dans le Bas-St-Laurent et la Gaspésie. Le plus populaire d’entre eux est sans doute celui de Junex près de Gaspé. Toutefois, d’autres projets plus méconnus existent et méritent une attention tout aussi particulière. Celui de Squatex — les structures n’ont pas encore été réparées, mais l’entreprise possède encore les permis — dans la MRC de la Mitis ou celui de Petrolympic qui convoite la ZEC BSL.

Des estimations transmises à Radio-Canada par Mario Lévesque, lobbyiste et porc en chef de Squatex, suggéraient qu’il existe potentiellement 52 millions de barils de pétrole enfouis dans le Bas-St-Laurent. Il y a de quoi faire saliver les capitalistes et de quoi préparer la résistance.

Certaines voix s’étaient élevées contre le projet de Petrolympic. D’abord, le CA de la ZEC s’était farouchement opposé à la présence de la pétrolière. Suivant cela, certains groupes autochtones ont aussi fait entendre leur mot. Les maires et mairesses des municipalités de la MRC se sont aussi positionné.e.s en défaveur du projet. Depuis, aucune nouvelle n’est disponible et les intentions de Petrolympic restent sous silence. Nous devons garder l’œil ouvert.

Nous, militantes et militants, croyons à la diversité des tactiques. De fait, nous accordons une valeur égale aux occupations, aux drop de bannières et à l’action directe comme celle que nous avons fièrement réalisée. Pour ce que cela vaudra, nous souhaitons insister sur notre appui inconditionnel au mouvement anti-pétrole et pro-environnement que nous contribuons toutes et tous à créer.

Alors Junexit et crions aussi Squatexit! À Petrolympic, crions décalisse. Les Forces Écosocialistes œuvreront à préserver l’environnement et persisteront à affirmer que le capitalisme vert, ou encore le développement durable axé sur la croissance économique, sont des oxymores et de surcroît irréalistes, un mensonge de la classe dirigeante. Un franc respect de la biodiversité, la protection du climat, des milieux naturels et la lutte contre les divers enjeux environnementaux ne pourra se réaliser qu’avec la sortie du capitalisme. Et contre le pétrole, nous devrons cibler tous nos ennemis.

FES

Incendie de 2 chars de luxe dans St-Henri

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Sep 082017
 


Soumission anonyme à MTL Counter-info

Dans la nuit du 13 juillet, inspiré.es par les émeutes de Hambourg, nous avons brûlé 2 chars de luxe, juste à côté d’un condo de St-Henri. Dans un quartier où les gens doivent choisir entre acheter de la bouffe ou payer le loyer, ne soyez pas surpris qu’on mette le feu à vos démonstrations de privilège éhontées.

On a utilisé une méthode assez simple : des bâtonnets allume-feu demi-couvert d’une pâte allume-feu. Tout le matériel a pu être trouvé dans un magasin de camping. Nous avons enflammé l’extrémité du bâtonnet couvert de la pâte et ensuite nous l’avons placé dans le coin de la grille de la voiture, entre les deux lumières. Nous avons utilisé deux bâtonnets par véhicule. Le feu commence seulement à être visible quand le plastique ou l’huile à moteur commence à brûler, ce qui laisse assez de temps pour partir sans être remarqué. Il faut faire attention : le feu peut facilement s’étendre aux chars stationnées à côté de la cible.

La police, qui participe violemment au processus de gentrification, a tenu ces propos d’encouragement :
“[Montreal police Cmdr. Sylvain Parent] said police have increased their visibility in the neighbourhood in response to the attacks, but it’s hard to stop people who want to commit crimes. “If there’s someone who wants to do something and they see a police officer pass, they’ll wait until we pass by,” he said. “If they really want to do something, they’ll do it anyway.”

À la prochaine,
Black Masked Winners (BMW) / Anarchistes Uni.es Dans l’Insurrection (AUDI)

Comment fabriquer des cocktails molotovs

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Sep 072017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info
Avertissement : Ce vidéo a uniquement des visées informatives et n’encourage ni ne condamne de nulle façon toute activité illégale.

Langues : English | українська

Nous croyons qu’il est important que des connaissances liées à des tactiques de confrontation se diffusent largement pour les temps de révolte à venir.

Des tactiques confrontationnelles peuvent augmenter notre sécurité puisqu’elles permettent de faire peur à la police.

Nous devons demeurer prudent-es en jouant avec le feu, mais en étant prudent-es, les molotovs peuvent significativement augmenter notre pouvoir dans les rues.

Ingrédients:

– Bouteilles de bière vides de 500ml
– Gants
– Essence
– Huile à moteur
– Entonnoir
– Gaze ou lanières de t-shirt
– Duct-tape

Ne touchez jamais vos matériaux sans les gants pour éviter d’y laisser des empreintes.

Premièrement, remplissez à moitié les bouteilles de bière avec une mixture composée de 2/3 d’essence et de 1/3 d’huile à moteur. Ajouter de l’huile à moteur permet de nourrir un feu plus grand et qui dure plus longtemps. Laisser un espace vide dans la bouteille fait en sorte qu’elle se remplit de vapeurs d’essence, et ce qui rend les molotovs plus explosifs.

Pour la mèche (t-shirt ou gaze), faites un noeud qui pourra tenir à l’entrée de la bouteille, à 1 pouce du haut. La mèche devrait être assez longue pour toucher à l’essence. Si vous retournez la bouteille à l’envers, le noeud devrait tenir. Puisque l’essence s’évapore, utilisez du duck-tape pour rendre le goulot plus hermétique.

Pour faire des plus gros cocktails molotovs, vous pouvez utiliser une bouteille de vin avec un bouchon qui se visse, que vous n’aurez qu’à revisser. Les bouteilles de Perrier fonctionnent aussi.

Les molotovs faits avec des bouteilles de bière peuvent être transportés dans leur boîte. Scellez-les dans un sac poubelle afin de réduire l’odeur de gasolinne, et pour éviter d’y mettre des empreintes digitales.

Il est plus sécuritaire d’attendre un maximum de 30 secondes avant de lancer un molotov une fois qu’il est allumé.

Restez safe! Restez féroces!

Pas de visage, pas de dossier : une défense des attaques contre les caméras des grands médias

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Sep 062017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Durant la mobilisation anti-fasciste contre l’extrême-droite raciste à Québec Dimanche, une caméra de Global News a été détruite par des participant.es du black bloc[1. Vous n’êtes pas familier.ères avec la tactique du black bloc? Allez voir ‘What is a black bloc?’.]. Par la suite, un anti-raciste de la foule a été entendu demandant à son ami « Je comprends pourquoi attaquer les fascistes, et même la police qui les protège, mais les journalistes? »

Nous aimerions expliquer ce qui s’est passé, et les raisons qui en rendent la continuité nécessaire durant des manifestations où les gens enfreignent la loi.

Parfois, il est nécessaire d’aller contre ce que les gens « normaux » considèrent « acceptable », de briser la loi pour agir éthiquement. Ceuzes qui se masquent pour combattre la droite ont décidé, en prenant de grands risques personnels, d’utiliser tous les moyens nécessaires pour mettre un terme à l’organisation fasciste. Plusieurs d’entre nous croyons que l’entièreté du système doit être abolit, que les lois sont oppressives, ou que ceuzes qui font les lois sont responsables d’un problème sérieux et urgent, que ça soit la destruction de notre planète, les centaines de milliers de maisons saisies, l’impunité des meurtres commis par la police, etc.

Chaque photo prise de gens qui portent des masques ou qui commettent des gestes illégaux peut devenir une preuve pour la répression. La police utilise quotidiennement les vidéos des manifs trouvés sur les médias indépendants pour accuser des gens et les mettre en cage. Pour rendre les manifs plus sûres pour ceuzes qui se mettent à risque, nous devons faire en sorte que les manifs deviennent des zones sans caméra (au moins dans les sections de la manif où il y a des manifestant.es masqué.es).

D’abord, décourageons les gens de filmer ou de prendre des photos durant une manif, et expliquons pourquoi c’est problématique. Souvent, les gens prennent des photos sans y penser, et plus tard eux-mêmes et leurs ami.es se retrouvent à avoir des problèmes. D’autres gens qui filment sont des journalistes de grands médias ou des « bons citoyens » qui iront donner leur information à la police plus tard.

Le médias appartenant au mouvement sont l’exception de ces « zones sans caméras », puisqu’ils ont construit une relation de confiance avec les participant.es du black bloc en flouant les visages des personnes masquées et en ne filmant aucune action qui puisse être criminalisée.

L’existence des grands médias, elle, vise à de propager et de légitimer la vision du monde capitaliste. Ils donnent régulièrement leurs images à la police sans même attendre un ordre de la cour. Dimanche dernier, à Québec, un journaliste de CTV s’est vu demander de ne pas filmer les gens masqués, ce a quoi il a répondu qu’il avait le droit de le faire (et effectivement, selon les lois de l’État, il a le droit). Lorsqu’il a reçu un avertissement final que s’il continuait sa caméra allait être détruite, il s’est approché de la police pour nous pointer du doigt et a plus tard arraché le masque d’un.e camarade (ce qu’il a payé de quelques douleurs au visage).

Les grands médias ont toujours fait la promotion des intérêts de la classe qui la finance. Quiconque ayant déjà été soumis à leur couverture sait à quel point elle est biaisée. La stratégie qui vise à obtenir une attention positive de la part des médias de masse manque de vision – ces institutions ne seront jamais nos alliées, aussi longtemps que nous aurons le désir de challenger réellement les structures de pouvoir. Tout message que nous essayerons de communiquer à travers les médias de masse seront toujours reformulés pour assurer le maintient du libéralisme.

Ceuzes qui décident que nous devons nous battre le font déjà contre les fascistes et la police armée qui les protège – nous n’avons pas besoin d’un autre ennemi qui nous mets en danger. Même si les médias de masse se font avertir de ne pas filmer les gens masqués, ils continuent souvent à les filmer subtilement à distance, parce qu’ils n’ont aucun respect pour nos luttes. Dimanche dernier, plusieurs anti-fascistes sont venus équipés avec des fusils à eau remplis de peinture noire pour asperger les visages des fascistes. Ça pourrait être utile dans le futur d’utiliser des tactiques similaires pour obscurcir les lentilles des caméras des grands médias, ou même des bonnes vieilles cannettes de peinture.

Les manifs ont besoin d’être participatives. Chaque personne ayant une caméra en main devient un spectateur aliéné. Les gens sortent dans la rue pour changer les monde précisément parce qu’ils sont écoeuré.es de regarder le monde à la TV et de regarder à quel point les gens puissant le changent constamment pour pire.

Les manifestations de rue doivent être des espaces de participation, de création et de destruction, non pas des endroits pour les médias et des pièges à surveillance policière.

Trucs pour des blocs plus sûrs

La police de Québec a annoncé qu’elle fera des arrestations basée sur la vidéo surveillance. Même si nous ne voulons pas renforcer la paranoïa, parce qu’il s’agit peut-être d’une menace vide, on veut tout de même saisir l’opportunité pour rappeler quelques trucs importants lorsqu’on porte des masques.

Pourquoi porter un masque? Pour d’agir sans être immédiatement reconnu. Plus des gens portent des masques, plus il est difficile pour les autorités d’identifier ou d’isoler une partie de la foule. Vous pouvez porter un masque pour protéger votre identité, ou simplement pour protester contre la surveillance constante. Porter un masque lors de manifestations permet d’ouvrir un espace pour que des gens qui ne pourraient pas participer autrement à cause de leur statut légal ou d’immigration ou à cause de leur emploi puissent le faire. Il est mieux d’y aller avec des ami.es qui pourront surveiller vos arrières, être vigileant.es quant au positionnement de la police, et être attentif.ves aux environs pour trouver le meilleur moment pour se masquer et se démasquer.

Ne retirez pas votre masque avec négligence et évitez d’ouvrir partiellement votre déguisement. Assurez-vous de décider du bon moment pour devenir anonyme et quand ce sera le bon moment (et lieu) pour sortir de l’anonymat. Ne faites pas les choses à moitié. Si les flics peuvent trouver une photo de vous avec exactement les mêmes vêtements et souliers, avec un masque et sans masque, votre précieux déguisement n’aura servi à rien.

Même si nous réussissons à nous échapper, la police peut utiliser des photos et des vidéos pour nous poursuivre plus tard. Il est mieux de couvrir vos cheveux, votre visage, vos bras, vos tatous et vos mains. Assurez-vous qu’il n’y ait pas de marques qui permettent d’identifier vos vêtements, vos souliers ou votre sac à dos. C’est une bonne idée de changer plusieurs morceaux de votre couche extérieure ou même vos souliers (par exemple, apportez un chandail léger, des pantalons ou un manteau de pluie que vous pouvez jeter). N’oubliez pas de couvrir, déguiser, ou jeter tout sac à dos ou sac que vous pourriez avoir amené. Les souliers peuvent être recouverts de chaussettes noires. Les gants en tissu sont préférables aux gants en plastique parce qu’ils ne transfèrent pas les empreintes. Si nous amenons tout matériel avec nous, nous le nettoyons à l’avance avec de l’alcool à friction pour enlever les empreintes. Et plus important encore, assurez-vous de ne as être filmé.es lorsque vous vous masquez et démasquez!

Pour lire plus à propos des enjeux de sécurité en manifestation, allez voir la page Guides Pratiques de MTL Contre-information.

Consignes pour les médias du mouvement

Être en solidarité :

  • ne commencez pas à filmer la manifestation avant qu’elle n’ait commencé à marcher pour au moins 20 minutes, pour laisser à tout le monde la chance de pouvoir se masquer.
  • ne filmez pas des gens qui sont en train de faire des actes criminalisés (comme briser des fenêtres, faire des graffitis, lancer des projectiles, construire des barricades, etc.) Ne filmez pas ceuzes qui attaquent eux-mêmes, mais plutôt leurs cibles.
  • si quelqu’un porte un masque, ne les filmez pas. Ils portent un masque pour une raison et vos films peuvent les identifier grâce aux autres vêtements qu’ils portent ou avec leurs caractéristiques faciales. La seule exception à cela concerne les gens avec qui vous avez construit une relation de confiance et qui vous demandent d’être présent.es parce qu’ils savent que vous êtes à leurs côtés.
  • Avant de publier des vidéos et des photos, flouez les visages. Allez voir ce tutoriel si vous ne savez pas comment faire.
  • Ne faites pas du live-stream. La police est capable d’enregistrer immédiatement votre matériel pour constituer des preuves. Si vous filmez quelque chose d’incriminant, vous ne pourrez pas le retirer au montage.

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Caught in the Web of Deception: Anarchists and the Media
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The Reasons for a Hostility – About the Mass Media

Bande de Gaza: le Canada a du sang sur les mains

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Mar 062024
 

Du Collectif Emma Goldman

6 mars 2024. Saguenay sur le Nitassinan.

Des membres du Collectif anarchiste Emma Goldman ont accroché une bannière « Non au génocide, Canada complice. Gaza libre » sur un symbole militaire trônant dans un parc d’Arvida. Quatre mois après que les Israéliens aient totalement bouclé la bande de Gaza,(action en contravention avec le droit international) et après que Tsahal ait ouvert le feu et tué une centaine de civils lors d’une distribution d’aide humanitaire, le gouvernement canadien annonce qu’il fera parachuter des vivres sur la Bande de Gaza par l’entremise de l’armée jordanienne. Cette action est une autre insulte pour les  millions d’humains qui s’entassent aujourd’hui à Rafah. Ces derniers souffrent d’une grave pénurie d’eau, sont à risque de famine et d’éclosions d’épidémies de toutes sortes. Quand leurs familles ne sont pas tout simplement décimées par les bombes larguées sans relâche sur la bande de Gaza par les avions de chasse de fabrication américaine en service dans l’armée de l’air israélienne. Est-ce que nous allons laisser un autre génocide se commettre au vu et su de tous? Les postes de contrôle terrestres doivent être ouverts pour acheminer l’aide humanitaire! 

Le Canada doit mettre fin à sa politique des deux poids, deux mesures (la Russie et l’invasion de l’Ukraine) et dénoncer les crimes de guerre commis par l’armée israélienne et prendre action contre le gouvernement israélien. De plus, le gouvernement canadien doit cesser l’envoi de matériel militaire à Israël. Dans les deux premiers mois de l’agression israélienne sur la bande de Gaza, le gouvernement fédéral a autorisé pour 28,5 millions de dollars de nouveaux permis d’exportation de matériel militaire vers Israël, soit plus que les exportations militaires de 2022 (1). 

Une pression maximale doit être exercée sur le gouvernement du Premier ministre Netanyahu pour faire taire le bruit des armes. Le gouvernement canadien doit œuvrer à trouver une solution permanente et durable au conflit israélo-palestinien en faisant respecter le droit au retour des réfugiés palestiniens, en exigeant la fin de l’apartheid israélien et de la colonisation illégale de la Cisjordanie. Une colonisation maintes fois condamnée par l’assemblée générale des Nations unies depuis 1967. 

Il est temps d’agir, l’histoire nous regarde! 

1. 21 millions pour 2022 et 26 millions de dollars en 2021.

Une nuit d’experimentation

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Fév 232024
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Pour fonctionner, le capitalisme et l’industrie verte a besoin d’infrastructure un peu partout et souvent facile d’accès. En fin décembre 2023, on a mis feu à une borne de recharge pour auto-électrique dans le Mile End. Parce que ces petites boitiés ne s’ouvrent pas aussi facilement qu’ils en ont l’air, on a décidé d’utiliser un mixe de gazoline et d’huile à moteur qu’on a versé sur les cables de branchement en caoutchouc et on a allumé. Malheureusement, quand on est retourné voir les dégats quelques jours plus tard, la borne était toujours ou à nouveau en fonction. Peut-etre que notre méthode n’était pas la bonne. C’était dans tout les cas, une nuit excitante entre amix que l’on compte comme une joyeuse nuit d’expérimentation.

On se reprendra!

Des anarchistes